12/01/2017
Flottaison
Ils errent dans l'espace et le temps ces quelques grains de matière et nous rappellent notre émergence d'un monde d'assemblage où chaque grain occupe une place définie et indispensable.

07:30 Publié dans 22. Créations numériques | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : dessin numérique, op'art, art cinétique, peinture |
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11/01/2017
Retrait
Il s’est retiré du monde en un instant
Une respiration, une plongée en soi
Et le voilà parti en d’autres cieux
Dans son ballon de lumière invisible
Qui claironne son absence à tous
La frontière est variable selon l’heure
La nuit est plus propice à cette évasion
Un trou dans la gorge et l’air revisité
Qui ouvre une brèche béante
Dans un moi qui ne s’avoue pas
C’est imperceptible et tendre
Comme une coulée de neige
Sans bruit, il se tourne au-dedans
Et s’ouvre à l’invisible palpable
Cela ne dure pas, mais quel bonheur
Comme un gant de velours
Enfilé sur une paume rugueuse
Il marche les mains en avant
Et glisse entre les objets et le passé
Sans rien faire tomber, en silence
Une glissade effrénée et contrôlée
Qui coule le long du dos
Et le remplit d’extase brûlant
Cela peut vite le ramener sur terre
Un instant d’inadvertance
Fait revenir les flots de la présence
Mais cela peut également se prolonger
Et le faire monter plus haut
Là où rien ne rappelle l’impact
De l’éveil et de la déception
Alors il flotte entre ces deux mondes
Ne sachant où se poser
En lévitation de l’esprit
Hors du temps et de l’espace
Là où rien n’existe que lui
Qui devient autre
Mais qui ?
© Loup Francart
07:07 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, écriture, poésie, littérature |
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10/01/2017
Un yogi
https://www.youtube.com/watch?v=fOYEOj9mEfs
A-t-il réellement 102 ans ? Peu importe. Quel que soit son âge, n’est-ce pas extraordinaire de voir cet homme élastique, plus souple qu’un enfant de 2 ans.
Mais la sagesse tient-elle à des postures physiques ?
07:35 Publié dans 12. Trouvailles diverses | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : yoga, inde, sagesse, longévité |
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09/01/2017
Harmonie
Chercher l’harmonie du monde à travers les dissonances que nous percevons.
Nous sommes sensibles à certaines harmonies. D’autres nous échappent.
Sans doute manquons-nous d’ouverture des sens,
ou peut-être nous fermons-nous à nos perceptions.
Ne pas refuser ce que le monde nous offre.
07:10 Publié dans 45. Maximes | Lien permanent | Commentaires (0) |
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08/01/2017
Palimpseste, de Siméon ten Holt
https://www.youtube.com/watch?v=OSX-TK_8Y90
Décédé en 2012 à l'âge de 89 ans, Simeon ten Holt est un compositeur néerlandais très connu dans son pays. Lié au mouvement De Stijl, il a étudié pendant cinq années à Paris sous la direction d’Arthur Honegger et Darius Milhaud. Un moment tenté par l'atonalité, le sérialisme, il élabore un procédé qu'il appelle "dialogisme", Le dialogisme désigne l'art du dialogue, de la conversation, l'art de savoir mener une discussion. Selon Mikhail Bakhtine, qui a mis en place les bases du dialogisme, il s'agirait d'une interaction entre le discours du narrateur principal et ceux émis par les autres personnages. Le dialogisme compris par Simeon ten Holt se caractérise par l’utilisation des tritons (quarte augmentée ou quinte diminuée, soit un intervalle de trois tons).
« Souvent rattaché au courant minimaliste pour son écriture fondée sur des structures rythmiques répétitives, il conçoit des œuvres mouvantes, dont la durée n'est pas fixée, chaque interprétation permettant aux instrumentistes d'opérer des choix propres. De fait, chaque pièce devient une forme organique en perpétuelle évolution, travaillée par des boucles serrées variées. Je le comparerais volontiers à un Morton Feldman en raison de leur goût pour les longues tapisseries sonores. Mais autant l'américain crée un climat de quiétude par la juxtaposition de rares raréfiées, surtout à la fin de sa vie, autant le néerlandais (en tout cas ici) virevolte, caracole, donne à sa musique un caractère virtuose lié à une rythmique volontiers endiablée, infatigable...Deux compositeurs aux extrêmes de la constellation minimaliste, dans des marges très personnelles. » (http://inactuelles.over-blog.com/simeon-ten-holt-solo-pia...)
Musique répétitive, mais tellement endiablée...
07:04 Publié dans 51. Impressions musicales | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : minimalisme, dialogisme, musique répétitive |
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07/01/2017
Labyrinthe, d’Henri Michaux
Les choses sont une façade, une croûte, Dieu seul est. Mais dans les livres il y a quelque chose de divin.
Henri Michaux, Lointain intérieur (1938)
« Labyrinthe, la vie, labyrinthe, la mort »
L’éclair zèbre la pensée qui dérive, altière
Dans la vague insatiable du souvenir
Labyrinthe sans fin, dit le maître de Ho

Seul l’infini n’a pas de fin
Mais on ne peut le toucher
Ni même l’entrapercevoir
On l’éprouve dans l’obscurité du soi
Alors chaque jour fouiller au fond du moi
Pour retrouver sa fragrance
Et se retourner de bonheur
Car le divin est partout et nulle part
Mais il faut quitter ce moi
Pour adhérer à l’autre,
Ce soi qui déambule dans le puits
Et obscurcit la sortie du labyrinthe
Alors naît l’envol de la joie
Dans la chute du personnage
L’espace et le temps s’enrayent
Il débouche enfin à l’air libre
Et pourtant écrit Henri Michaux :
Rien ne débouche nulle part,
Les siècles aussi vivent sous terre
Dit le maître de Ho
Oui, dans les livres il y a quelque chose de divin…
© Loup Francart
07:47 Publié dans 41. Impressions littéraires | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, poème, écriture, peinture infini, moi, soi |
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06/01/2017
Anesthésie
Parfois me prend une tentation folle
Un trou noir et l’évanouissement de l’être
Plus rien qu’un vide immense
Comme un ballon qui se crève
Mon corps et mes pensées se rétractent
Il n’y a pas d’oppression
Tout juste un pincement
L’avertissement d’un autre monde
Encore inaccessible, tentant
Comme un fil d’araignée
Suspendu à la branche de l’avenir
Concentration des cellules projetées
Et passage dans le trou de l’aiguille
Où cela mène-t-il ?
Cet instant dérisoire et doucereux
Est une cicatrice que l'on aime gratter
Une seconde de bonheur suspendue
A des minutes d’angoisse
Et la paix au bout du tunnel
Derrière je pressens la lumière
La respiration translucide
L’évasion attendue de la pesanteur
L’entrée dans le liquide amniotique
Qui anesthésie le toucher de la vie
Approche, approche, me dit-on
Mais ne franchis pas la ligne
Car tu ne reviendras plus !
© Loup Francart
06:55 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, écriture, poésie, littérature |
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05/01/2017
Le marais
Derrière le bâtiment du moulin, il y avait un espace mystérieux que l'on appelait le marais. Empli de joncs et de petits arbustes rabougris, il laissait se couler dans ses flancs l'eau qui débordait de la rivière principale et formait des canaux insidieux. C'était l'Amazonie ou Venise selon l'imagination du moment. Il fallait s'équiper pour s'y rendre, c'est-à-dire revêtir un pantalon, car les culottes courtes ne protégeaient pas des petites coupures qui s'infectent ensuite à force de séjourner dans l'eau.
A la fin d'une des vacances d'été, leur mère ramena de chez leurs grands parents un canoë, vaste embarcation à fond plat, très instable, qui prenait plaisir à se renverser au milieu de la rivière, en hiver plus particulièrement. Jérôme se souvient encore d’une messe de minuit pendant les vacances de Noël où il ne portait qu’une culotte courte, ses deux pantalons étant trempés par des explorations brutales du fond de la rivière en crue, dans une Amazonie inhospitalière. Ils partaient à deux sur cette périssoire, l’un tenant son arme vers l’avant, prêt à frapper quelque ennemi qui se présenterait, l’autre pagayant sans bruit, faisant glisser l’embarcation entre les branches d’arbres, remontant ainsi le canal clôturant l’île, étroite de deux mètres maximum et encombré de racines de saules, d’aulnes ou de frênes qui s’enchevêtraient pour ne laisser qu’un étroit passage au canot. Il suffisait d’une mauvaise manœuvre de l’embarcation pour que celle-ci, déséquilibrée, laisse tomber leurs voyageurs dans une eau boueuse et froide.
De façon à pouvoir jouer à leurs jeux dans lesquels il y a toujours un personnage ou un groupe contre un autre, ils avaient découvert une grande planche de quatre mètres de long sur trente centimètres de large, qui, grâce à son épaisseur tenait sur l’eau. Un enfant tenait debout au milieu et pouvait ainsi naviguer plus ou moins à son gré. Mais quelle instabilité ! Au moindre faux mouvement, c’était la chute assurée et redoutée. Mais cette embarcation improvisée, extraordinaire de délicatesse d’utilisation, permettait de conduire de véritables batailles navales en aval du moulin, là où les flots se font plus calmes et la profondeur moindre. Ceux qui tombaient ne se mouillaient que jusqu’à la taille, donc de manière insignifiante, sauf s’ils devaient empêcher la pirogue (c’était un terme plus authentique que planche) de partir avec le courant vers l’entrée dans les marais. Alors, ils devaient courir dans l’eau pour la rattraper et remonter dessus. Il arrivait malgré tout qu’ils passaient des après-midi entiers sans avoir besoin de se changer. Miracle du sens de l’équilibre ou miracle du jeu qui, malgré un bain forcé, continuait comme si de rien n’était. Ils s’amusèrent des années avec ces deux engins jusqu’au jour où une crue plus importante les emporta. Leurs recherches restèrent vaines. Ils partirent avec leurs jeunes années, au moment de l’adolescence où les préoccupations prennent des orientations différentes. Mais Jérôme, en fermant les yeux, conserve dans sa mémoire trouée, l’odeur de marais qui imprégnait leurs vêtements en fin de journée, le bruit sourd de la pagaie contre la coque de bois du canoë, les gouttes de rosée qui coulaient dans son cou au passage d’un arbre dont il fallait soulever les branches pour poursuivre leur chemin, les battements de son cœur à l’approche de l’ennemi qui lui-même les cherchait dans leur canot pour une bataille finale et définitive. Quelle journée de cris, de fureur, de courage et d’amertume lorsqu’ils étaient perdants. Le soir, le repas se faisait en silence et aussitôt ils allaient se coucher pour s’endormir en s’imaginant toujours pirates, explorateurs ou guerriers. Une des belles images que Jérôme garde dans sa mémoire défaillante est celle d’un nid de poules d’eau déniché près d’une racine, dans lequel reposait quatre petits œufs dorés, à ne toucher sous aucun prétexte. C’était l’écologie de l’époque, qui valait bien celle de maintenant : respecter la nature et non la restaurer, comme le disent les écologistes des villes qui la détruisent pour la reconstruire à leur vision.
07:53 Publié dans 11. Considérations diverses | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : souvenir, exploration, enfance, imagination |
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04/01/2017
Ne pas vivre de certitudes
Il est à la fois plus simple et plus difficile de vivre de certitudes.
Plus simple parce que cela soutient devant le vide.
Plus difficile parce qu’il faut perpétuellement les rebâtir.
La seule certitude est l’amour.
La connaissance n’apporte pas de certitudes, elle aide à ne pas en avoir.
Comme il est difficile de n’être sûr de rien, sauf de l’amour.
Garder l’espérance devant toutes les incertitudes.
07:38 Publié dans 45. Maximes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : certitude, connaissance, amour, espérance |
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03/01/2017
La course de chevaux
J’avais quatre ou cinq ans, l’âge de la curiosité. Je ne sais pour quelle raison, je couchais dans la salle à manger, l’appartement ne disposant pas de suffisamment de chambres pour loger tous les enfants. Non, ce n’était pas ainsi. Les quatre enfants dormaient dans cette pièce, dans de petits lits à barreaux et nous nous chauffions en hiver autour du poêle en faïence verte dans lequel les bûches pétillaient.
Cette antiquité nous échauffait l'imagination et se transformait en voiture lorsque nous mettions quatre chaises devant, alignées par deux. L’ainée était le conducteur, ouvrant sa porte avec sérieux, faisant monter notre jeune sœur qui tenait le rôle d’une femme bien éduquée et sévère avec ses enfants. Nous étions deux enfants, assis derrière et nous chamaillant. Alors elle se retournait et faisait mine de nous donner une paire de claques, nous avertissant qu’ils allaient nous laisser sur le bord de la route. Alors nous nous tenions tranquilles deux minutes avant de reprendre nos agacements jusqu’à ce que l’un de nous pleure réellement. Pendant ce temps, notre père (en réalité l’ainé des enfants) partait en voyage en faisant exploser dans sa bouche fermée milles bruits de moteur et cent coups de frein, pris dans un embouteillage, râlant de ne pouvoir avancer à la vitesse maximum de la voiture. Notre jeune sœur nous reprochait d’avoir oublié notre valise, il fallait revenir à la maison, monter l’escalier, prendre la valise en carton, redescendre quatre à quatre et plonger le tout dans le coffre imaginaire situé derrière les deux chaises que nous occupions. Ce simulacre de la vie quotidienne pouvait durer des heures, jusqu’à ce que notre mère, la vraie, crie : « A table ! » Aussitôt les quatre enfants se précipitaient et s’asseyaient autour de la table, impatients d’avoir quelque chose à se mettre sous la dent.
Le soir notre mère nous couchait dans nos petits lits et nous permettait de lire quelques instants avant d’éteindre. Nous adorions ce moment de calme dans lequel nous laissions aller notre imagination. Elle venait alors fermer la lumière, laissant allumée la lampe dans le couloir qui nous permettait encore apercevoir les formes et objets insolites de notre chambre. La lueur éclairait particulièrement le plafond et la rosace d’où partait le lustre. C’était une belle rosace arrondie qui se terminait par des feuilles ou des branches qui avaient la forme d’un cheval, donnant l’impression d’un manège tournant autour de l’axe du lustre. Avant de m’endormir, je jouais à la course de chevaux (c’était prémonitoire !) ou au manège selon les jours. Les chevaux se courraient après, galopant à qui mieux mieux. J’entendais le bruit de leurs sabots sue le sol, sentais l’odeur de leur transpiration, les frappant d’une cravache pour qu’ils finissent épuisés, mais heureux d’être vainqueurs dans cet hippodrome merveilleux. La nuit, je rêvais alors de courses de chevaux, courbé sur l’épaule d’un pur-sang, franchissant le premier la ligne d’arrivée. Ce furent mes premiers contacts avec l’équitation, purement imaginaires.
07:24 Publié dans 11. Considérations diverses | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : souvenir, enfance, imagination, jeux |
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02/01/2017
Voyager, pour le poète
Voyager, c’est sortir de l’habitude :
Recherche du dépouillement par le déplacement.
Le poète sait voyager sans bouger.
Il est maître de l’espace.
© Loup Francart
07:34 Publié dans 45. Maximes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : maxime, poésie, voyage, enchantement |
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01/01/2017
Premier de l'an
Premier de l’an, mais lequel ?
Il en a tellement vécu qu’il ne sait plus
Pourquoi marquer d’un trait au calendrier
Ce jour délicat d’hiver blanchi
Contente-toi de frôler le verre
Pour percevoir le froid qui vient
Et qui dépasse ce que tu connais
Il te prend aux tripes par son brio
Et la blancheur du gel sur les branches
Te délaisse de tes espoirs insensés
Pause… retour aux quatre coins
Lequel de vous deux est pris
La main dans le sac à puces
Et l’oreille collée à la porte verte
De l’espoir d’un jour nouveau
Et d’une nuit fidèle à l’orage
Qui gronde au loin, près du buisson
Des cloches de verre, rompant
La série de flatulences inédites
Quel jour de nouveau jour
D’une nouvelle année, encore ?
Demain tu seras un homme neuf
Fraîchement éclos de cette année
L’œil vif, le poil lustré, le verbe haut
Pourquoi ?
Rien ne saurait te donner
Ce qui est en toi
Fouille ! Fouille encore !
Et naît de cet espoir insensé
Celui d’être à tout jamais celui que tu es
Chéris-le, il ne durera pas
Alors presse-le contre ton cœur
Et dis-lui ton amour de la vie
En ce jour nouveau d’une nouvelle année
© Loup Francart
07:09 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poészie, écriture, poème, littérature |
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31/12/2016
Se voir
Écrire pour se voir et non pour se montrer,
c’est le début de mon crédo en poésie.
(Luc Bérimont, poète)
Jaillissant du cœur, la poésie tombe en pluie
Et lessive la mémoire de ses odeurs de suie
Elle envahie l’homme jusqu’à le faire femme
Et l’emmener au plus profond de l’âme
Alors, dressé sur la pointe des pieds
Il reconnaît sa déshérence et cherche un équipier
Il trouve son regard dans le miroir
Et se dit qu’il est digne d’un tel homme
Il ouvre son cœur au plus offrant
Et rien ne l’empêche de devenir celui
Qui se presse et se hâte auprès de lui-même
Pour se contempler, hilare, en face à face
Et sourire dans l’adversité du destin
© Loup Francart
07:25 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, écriture, poème, littérature |
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30/12/2016
Situation poétique
Vivre avec un poète n’est pas une chose aisée,
Car on sait que toute situation est observée.
Qu’elle soit ordinaire, drôle ou insolite,
Elle est bonne à devenir objet de poésie.
Cela germe dans la tête du poète subitement
Et la litanie des vers sans fin se dévide.
D’où sortent-ils ? Nul ne le sait.
Ils montent dans la gorge en foule,
Se heurtent au portail de la parole,
Se transforment en écriture arrondie
Jusqu’à n’être plus qu’un peu d’encre sur le papier
Qui danse sous les yeux des non avertis.
Il s’isole donc pour écrire ses vers
Qui grouillent dans sa tête jusqu’à la sortie.
Il est délivré, heureux, et peut enfin se détendre.
© Loup Francart
07:42 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, écriture, poème, littérature |
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29/12/2016
Mémorandum
Étonnant que je puisse oublier (...) le principe à partir duquel seulement l'on peut écrire des œuvres intéressantes, et les écrire bien. [...]
Il faut d’abord se décider en faveur de son esprit et de son propre goût. Il faut ensuite prendre le temps, et le courage, d’exprimer toute sa pensée à propos du sujet choisi (et non pas seulement retenir les expressions qui vous semblent brillantes ou caractéristiques). Il faut enfin tout dire simplement, en se fixant pour but non les charmes, mais la conviction. »
Francis Ponge, Le parti pris des choses, suivi de proèmes, NRF Gallimard, collection Poésie, p. 109
Ponge invente le « proème » (Proêmes, 1948), mot forgé par contamination de PRO(se) et de (po)ÈME, mais qui reprend en réalité à la poésie grecque le terme de prooimon (« ce qui vient avant le chant » : oimè), qui désigne le prélude des joueurs de lyre (Dictionnaire mondial des littératures, entrée : “Francis Ponge”, Larousse). De manière plus simple, on peut dire qu’un proème est la partie introductive d'une œuvre, d'un poème, d'une prière ou d'un discours.
Ce mémorandum, c’est ainsi que l’appelle Francis Ponge, est justement l’introduction de son recueil Proèmes, c’est-à-dire ce qui ne doit pas être oublié avant de lire le reste. C’est bien en cela que l’auteur avance « le principe à partir duquel seulement l’on peut écrire des œuvres intéressantes et les écrire bien ». Il exprime sa conception de l’écriture qui est avant tout la conviction et non la recherche du style. Ce que les éditeurs appellent style est une manière d’écrire dans la mode du moment. Ils pensent que si vous n’avez pas de style, c’est que vos écrits ne valent rien. Ce fut et c’est vrai pour de nombreux auteurs, tels, par exemple, Proust, refusé aux éditions Gallimard par André Gide et Jean Schlumberger en 1912. Il faut attendre l’évolution progressive de la pensée de l’élite pour que le nouveau style instauré par l’auteur devienne Le Style.
Francis Ponge nous livre ici le fond de sa pensée : peu importe le style, c’est-à-dire la brillance ou les caractéristiques de l’écriture, seule compte la conviction de l’écrit et donc de l’auteur. Cette conviction s’acquiert d’abord par le choix, libre de toute mode et de toute influence, de ce que l’on veut écrire. On ne peut bien écrire que sur un sujet qui passionne et sur lequel on a réfléchi longuement. Ce n’est pas le sujet du jour, c’est vrai, mais peu importe, c’est un sujet qui vous intéresse, sur lequel vous vous êtes penché et que vous avez approfondi en vous questionnant en vous-même sans chercher à dire ce qu’en pensent les autres ou, peut-être même, en dépassant la pensée des autres. Dans Proèmes, Francis Ponge nous livre sa pensée avec sa conviction : « comment écrire pour exprimer quelque chose, c’est-à-dire soi-même, sa propre volonté de vivre par exemple, de vivre tout entier, avec les sentiments nobles et purs qui existent en vous » (Ibid p. 191). L’écriture est donc un engagement hors des conventions pour que l’auteur en exprimant sa vérité intérieure puisse trouver sa liberté et son épanouissement (même si elles sont difficiles à faire éclore).
Ponge ajoute qu’il faut « tout dire simplement, en se fixant pour but non les charmes, mais la conviction ». Dire simplement, tel est le mot d’ordre, et non chercher à briller ou être dans le goût du jour. Simplement ne veut pas dire, je le suppose, de manière simple, comme tout un chacun. Mais avec ses propres mots, sa propre manière de voir, et non déguiser sa pensée dans le moule des pensées du moment. C’est sans doute ce qu’il y a de plus difficile à faire : garder sa ligne de conduite, c’est-à-dire sa propre façon de voir plutôt que de la diluer dans le verbiage des autres. Beaucoup objecteront, avec juste raison, que nombreux sont les auteurs qui ne réussissent pas parce qu’ils ne sont pas capables de produire un style agréable qui sied au lecteur du moment. C’est vrai. Mais le plus souvent, c’est plutôt par manque de réflexion et d’approfondissement que se produit ce dysfonctionnement entre l’auteur et le lecteur. L’auteur ne va pas au fond des choses. Le lecteur non plus. C’est l’échec. Le succès peut d’ailleurs ne venir que tard, même après la mort de l’auteur. On découvre ainsi des manuscrits qui se révèlent bons parce que le temps est passé sur les modes du moment.
Mais rassurons-nous, n’en est-il pas de même pour toute idée nouvelle, d’abord rejetée par sa nouveauté, puis adopter par quelques-uns, puis par tous, en oubliant d’ailleurs qui l’avait exprimé le premier ?
07:35 Publié dans 11. Considérations diverses | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : écriture, littérature, cration, conviction, épanouissement |
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28/12/2016
Maxime
Seuls les sages et les innocents peuvent imaginer le monde sans eux. La plupart des humains ne voient le monde qu’à travers la distance de leur regard d’abord, puis de leur vision. C’est pourquoi l’objectivité est une qualité inusitée.
07:05 Publié dans 45. Maximes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : humanité, société, morale, jugement |
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27/12/2016
Clone
Semblable à lui-même et pourtant différent, c'est bien le même dessin que celui du 22 décembre, vu sous un autre angle et sous d'autres couleurs, enrobé de nués.

07:05 Publié dans 22. Créations numériques | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art cinétique, op'art, peinture, dessin, géométrie |
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26/12/2016
Bamboo dream, d'Arvo Part
https://www.youtube.com/watch?v=_6JzOjJAWhw
Une chorégraphie sur une musique minimaliste : des êtres irréels dansant sur une surface d’eau striée de bambous. Sont-ils vrais ? Ils errent dans un monde sans fin, semblant chercher ils ne savent quoi dans une certaine sérénité. Et la musique vous obsède. On passe du masculin au féminin, avec souplesse, dans une danse virevoltante (en 14 :30), puis au couple, jusqu’au groupe.
C’est envoûtant, mystérieux, étonnant, choquant parfois. Une beauté qui ne veut pas se donner…
07:15 Publié dans 51. Impressions musicales | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : musique minimaliste, danse, orient, rêve |
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25/12/2016
Noël
L’enfance, ce privilège ignoré
Donné à tous sans qu’ils le sachent
Et vécu différemment selon le cas
Vite oubliée par les soucis de la vie
Elle resurgit plus tard, vivace
Dans un souvenir pur de désir
D’un retour au monde perdu
Il faut s’en extraire, résolument
Pour ne pas tomber immanquablement
Et continuer à voir l’avenir
Pour vivre encore et toujours
Aujourd’hui, Noël nous rappelle
Ces jours heureux que l’on ignore
Lorsqu’on les vit et que l’on revit
Sans vouloir vraiment croire
Qu’ils furent et nous ont formés
Pour que l’on devienne
Ce que nous ne savions pas être
© Loup Francart
07:30 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, écriture, poésie, littérature, noël, enfance |
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24/12/2016
La barque
Faire un tour en barque, quelle aventure !
Quand on a une dizaine d’années derrière soi
Ce moyen de transport devient un mythe
Et elle est là, attachée par une chaîne au mur
Derrière la porte en fer forgé, flottant
Au gré des vents sous son auvent de pierre
Ah, monter dedans et s’en aller pour oublier
Le poids des ans et l’incertitude de l’avenir
Se laisser glisser sous le vieux pont grisâtre
Et partir au loin, quelques dizaines de mètres
Des mesures de géant pour de si petites jambes
L’envie les démange, leur corps est déjà assis
Sur le petit banc, tendu vers l’exaltation
D’un voyage merveilleux sur l’étendue liquide
Et se contempler dans ce miroir mobile
Sans pouvoir respirer pour ne pas le voiler
D’un souffle d’apaisement et de bonheur
Seules les rames ont ce pouvoir de l’onde
De marquer leur avancée sur la surface
Ils rament sans cadence tout au plaisir
D’agiter leurs bras et de pousser, en extase
Pour sentir sous leur être l’avancée du rêve
Mais la barque a sa volonté, elle va ou vient
Dans un sens, puis dans l’autre, en crabe
Ou comme une grenouille asymétrique
Ils sont passés sous une arche du pont
Criant leur joie qui résonne sur la voûte
Emmenée par le courant, la barque tressaille
S’agite, se rétracte, s’amuse de tant de naïveté
Elle sourit de cette turbulence sereine
Et se laisse porter, indifférente et polie
Sous l’injonction de petites mains sur les rames
Que d’émotion, de cris, d’effroi et de bonheur
Ont été ressenti cette après-midi-là
Dans ce petit bateau vert flottant sur l’eau
Pour exprimer ce qui deviendra un souvenir
Dont ils se rappelleront quelques années plus tard
En regardant le pont du haut de la terre ferme :
« Tu te souviens, la barque… C’est loin… »
© Loup Francart
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23/12/2016
The hours , de Philip Glass
https://www.youtube.com/watch?v=DrXyMywvHF0
On parle de musique répétitive et c'est une caractéristique de la musique minimaliste, mais ce n'est pas la seule. La musique répétitive se choisit un thème musical qu'elle répète à l'infini en faisant des changements infimes dans les tonalités. On pourrait aussi l'appeler musique de Mobius du nom de l'inventeur du ruban. Cela a un certain charme hypnotique comme l'utilisation d'une seule couleur en peinture ou d'un motif de répétition en deux ou trois dimensions. Si l'on se plonge dedans, on constate qu'il y a une infinité de possibilités de faire varier le thème, beaucoup plus que l'on ne le pense au départ. Alors l'esprit commence à entrapercevoir la notion d'infini ou même d'éternité.
07:31 Publié dans 51. Impressions musicales | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : musique minimaliste, infini, modulation, éternité |
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22/12/2016
Noël froid
Quel glaçon, inerte, transparent, désolé. Il erre dans la tête et bloque la circulation jusqu’au moment où il sort de l’imagination. Il peut se développer à l’infini ou se réduire jusqu’à plus voir. C’est la marque de Noël : du plus petit sortira le plus grand !

07:01 Publié dans 22. Créations numériques | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art cinétique, op'art, peinture, dessin, géométrie |
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21/12/2016
L’espoir, au contraire d’E.M. Cioran
Moments philosophiques :
Dans ce café du Quartier latin, j’observe mon jeune voisin. Le voilà étaler une feuille blanche, plus grande que de coutume ; il serre son stylo comme un poignard. Des minutes et des minutes passent : il prend sa tête entre les mains : on dirait une pièce détachée d’un monument funéraire. Mais bientôt il se redresse, béat de [lui]-même, et laisse glisser sa plume. Et je lis : « La Vie, quel mystère, quel problème insoluble !…» C’est tout. Mais qu’importe ! Il vient d’avoir son moment philosophique…
(E.M. Cioran, Exercices négatifs, en marge du Précis de décomposition, Ed. Gallimard, 2005, Vers les syllogismes de l’amertume, p.124 )
La vie est bien un mystère parce qu’elle est un problème insoluble. La philosophie s’arrête à sa porte. Elle ne peut aller plus loin. Cette réflexion va dans le sens de cet autre aphorisme d’une jeune paralytique qui assure à Cioran en réponse à ses discours les plus noirs : « Pourtant la vie est belle » (ibid. p. 122).
C’est le propre du mystère, l’incompréhension. Cioran rit de cette philosophie bon marché. C’est peut-être pour cela qu’il est condamné à errer sans raison dans un univers vide de sens. Et pourtant, que n’a-t-il été encensé pour son pessimisme et son cynisme !
La vie est belle parce qu’elle est incompréhensible, n’en déplaise à tous les philosophes de courte vue. C’est le propre du mystère. Et ce mystère est ce qui nous fait supporter la vie et la rend belle. Accepter l’inconnaissance pour vivre et apprécier la vie. Cela revient à sortir du monde des chiffres pour regarder soit vers le bas, le zéro, soit vers le haut, l’infini. Et dans les deux cas, nous sommes terrassés par cette incompréhension qui nous rend plus forts que la connaissance.
07:13 Publié dans 11. Considérations diverses | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : désespoir ou espoir, optimisme ou pessimisme, amertume ou reconnaissance |
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20/12/2016
Maxime
L’araignée tisse sa toile de prudence.
Elle travaille avec un filet,
Archaïsme des jeux du cirque.
Ainsi l’orateur de ses notes,
Filet de l’émotion.
07:53 Publié dans 45. Maximes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : maxime, sentence, méditation, paradoxe |
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19/12/2016
Aspirations
A la fin de la vie, seules vous maintiennent vos aspirations. Alors vous réalisez que ce sont elles qui sont la vie. Qu’elles aient échouées ou soient advenues, vous n’êtes fort intérieurement que de vos rêves.
07:07 Publié dans 45. Maximes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : vie, destinée, avenir, intimité |
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18/12/2016
L'infini
Contrairement à ce que beaucoup pensent
L’infini peut être moins grand qu’on l’imagine
Il n’est pas ce Tout nébuleux contenant tout
Il n’est pas ce qui ne contient rien d’extérieur
Il est l’inverse de ce que l’on imagine, dit Aristote
Car ce qui n’a rien d’extérieur est un tout
Et un tout complet parce que fini
Non, à l’infini il manque quelque chose
L’infini est incomplet et imparfait
On peut toujours le diviser ou le multiplier
En cela il n’est pas le contraire du zéro
Il procède du Un qui n’a pas de limite
Tout chiffre est divisible infiniment
Ou multipliable par un autre chiffre
Y compris par un Un qui, lui, ne multiplie pas
Et qui ne divise, hélas, pas non plus
N’est infini que ce à quoi il manque quelque chose
Et à qui il manquera toujours quelque chose
L’infini est donc un intérieur remplissable
Et non un plein parfait sans extérieur
Il ne sera jamais rempli, jamais complet
Il n’englobe pas tout, car il peut encore plus
Ou encore moins, si l’on part à reculons
Mais en chacun de nous se développe
Cette infinité qui ne peut compter jusqu’au bout
Mais qui peut tout concevoir au-delà
Dans le brouillard d’un tout devenu Un
L’infini est en toi, contemple-le
Mais ne te laisse pas prendre dans ses filets
Tu ne reviendras pas et ne sera pas délivré
La délivrance vient de l’ignorance
Qui t’envahit et te glace d’effroi
Ce n’est pas non plus le rien
Peut-être le Un, plein et entier
Mais innommable parce qu’inconcevable
Ce chiffre est le contraire du zéro
Il n’est pas infini, il est le plein
Et le plein est plus que l’infini
Il n’est pas mathématique
Il n’est ni divisible, ni multipliable
Il est lui et lui seul, plein et entier
Couvrant l’univers de son voile
Créant la transparence pure
Que sont la transcendance et l’immanence
© Loup Francart
07:02 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, écriture, poésie, littérature, infini, zéro, un tout, rien |
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17/12/2016
Une porte
Une porte est un passage entre deux mondes, celui que l’on connaît et un autre, inconnu avant de la franchir. Elle peut n’être faite que de brindilles séchées ou de chêne épais, ou même renforcée de ferrures, la porte reste un mystère, car elle cache ce deuxième monde, que l’on ne voit que lorsque la porte est ouverte.
Les grands se cachent derrière leur porte et la font garder. Nul ne sait ce qu’ils font et ce qu’ils vivent derrière. Les rois n’ouvrent jamais une porte. Elle leur est ouverte. Ils peuvent parfois saluer d’un signe de tête l’homme qui tourna la poignée et fit faire un quart de tour à la cloison. Mais le plus souvent ils passent sans s’en rendre compte d’un monde à l’autre sans qu’ils y trouvent le changement. C’est pourquoi les rois disposent d’une continuité de pouvoir que les autres humains n’ont pas. Pour eux, il n’y a pas de mystère. Notons qu’il en est de même des malheureux qui n’ont, eux, pas de porte. Ils errent dans le monde sans pouvoir en trouver d’autres, ils portent leur misère sur le dos et restent à leurs côtés, car elle est leur seule richesse.
Les autres humains, ces hommes et femmes normaux, sachant se servir de leur poigne pour faire faire un quart de tour à un rond de porcelaine ou à un levier rigide, usent et abusent de cette faculté notoire : passer d’un monde à l’autre sans savoir ce qui se trouve de l’autre côté. Il peut leur arriver d’étranges choses : trouver un cadavre fraîchement expédié, ouvrir sur une femme faisant sa toilette, surprendre un enfant les doigts pleins de confiture. C’est toujours un choc que cette rencontre avec l’inconnu.
Alors certains n’osent ouvrir, ils entrebâillent. Ils jettent un œil sur la partie visible de l’inconnu, croît connaître l’autre partie, entrent d’un pas assuré pour tomber dans un inconnu qui les surprend. Les plus malins n’entrent pas, ils ne passent que la tête. Certaines finissent au panier, guillotinées de surprise, les yeux ouverts sur l’inconnu pour toujours. D’autres enfin ne mettent que le pied dans cet entrebâillement, n’osant tirer plus en arrière la cloison, mais n’ayant pas non plus la force de la refermer, par faiblesse sans nul doute.
La mémoire reste un argument essentiel pour ce passage. La plupart connaissent ce qui se trouve au-delà de la ligne de la porte lorsqu’elle est fermée. Ils ne regardent même pas, ils poursuivent leur rêve ou leur dialogue mental et ne vivent ainsi qu’une vie, bien triste parce que toujours la même. Seuls quelques curieux, distraits, innocents ou éclairés, savourent cet instant où, la clenche cédant, l’inconnu se dévoile auréolé de sa splendeur occulte, voilée aux yeux des passants peu curieux qui restent du côté de la vie, refusant de plonger dans l’inconnu. À peine ouverte, la porte crée l’aspiration. Ils sont projetés de l’autre côté de la frontière, muets d’étonnement, sourds aux injonctions du passé encore présent, les bras tendus vers l’inconnu, aveuglés de déraison qui leur chatouille les idées. Nombreux sont ceux qui ne s’en remettent pas. Certains se figent sur la ligne, n’osant aller plus avant ; d’autres tombent de saisissement, les deux pieds dans le même sabot, peu entrent en majesté ou alors les yeux fermés. Ils retardent l’instant où l’inconnu se dévoile. Les écaillent tombent des globes oculaires, un jour nouveau apparaît, la vie nouvelle s’offre à eux, ils sont légers, neufs et nus devant le spectacle de la nouveauté.
Alfred de Musset, ce grand voyant devant l’éternel, avait raison de proclamer qu’il faut qu’une porte soit ouverte ou fermée. Quand on est chez soi, on est dans la rue, dit la marquise. Oui, seuls les rois et les indigents n’ont pas de chez eux !
07:54 Publié dans 11. Considérations diverses | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : passage, deux mondes, univers, impression |
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16/12/2016
Ce que nous sommes
Même dans l'amour le plus authentique, on ne peut se confondre avec l'autre. Chacun reste ce qu'il est.
Il y a toujours en soi-même une partie de l'âme qu'on ne peut communiquer.
07:20 Publié dans 45. Maximes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : personne, individu, personnalité, moi, soi, âme |
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15/12/2016
Reproche
On reproche aux autres ce qu’on n’ose reprocher à soi-même.
07:35 Publié dans 45. Maximes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : maxime, sentence, méditation, paradoxe |
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14/12/2016
Dés
A nouveau l’être maléfique et blanchi
Qui courre sans vergogne dans la montagne
A-t-il toute sa tête ce spectre jauni ?
Mérite-t-il vraiment ce retour du bagne ?
Sait-on ce qui vient ensuite, derrière l’ombre
De ce grand chacal enfiévré de douceur ?
Aurais-tu perdu au jeu des dés sans nombre
Ou donc serais-tu passé sans ta demi-sœur ?
Et cet autre monde sans corne ni fureur
Se prête aisément à l’échange d’imposteurs
Dieu soit loué, il se refuse à l’entrée
Quel rêve étincelant et maléfique
Tourne dans la tête du pasteur séraphique
Et l’entraîne vers une innocence feutrée ?
© Loup Francart
07:29 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, écriture arabe, poème, littérature |
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