19/02/2017
Abstraction
L’aurore est abstraction.
Tout d’abord, noir et blanc.
Un point tout court, faible,
Grandit dans l’espoir du jour,
Puis dessine une à une les formes
À grands traits d’obscurité,
Diffusant la lueur entre elles
Plutôt que sur elles, si frêles.
Enfin se distingue chaque ensemble,
L’arrondi des buis dans leur bac,
L’aplat de la pelouse qui s’échappe
Hors de la vue palpable,
Le miroir de l’eau qui s’étire
En fils d’argent revêches.
Plus loin encore, hors du tangible,
La goutte de conscience s’élargit,
Se manifeste avec une étonnante douceur
Pour s’emparer, avide, du paysage
Qui apparaît alors, nu et neuf,
En ce nouveau jour, comme un poussin
Qui casse sa coquille et découvre
La splendeur renouvelée de la création.
© Loup Francart
09:32 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, écriture, poème, littérature | Imprimer
18/02/2017
Bach, le géant de la musique
Oui, c'est bien un géant, la preuve !
https://www.youtube.com/watch?v=JKaM3_8Hx0s
On aura tout vu !
07:31 Publié dans 51. Impressions musicales | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : piano, bach, toccata | Imprimer
17/02/2017
Le ney, flûte sacrée des soufis turcs
https://www.youtube.com/watch?v=qsqcmRNODwQ
Des sons venus de l’absence du moi, dans ce vide indéfini que l’on peut également qualifier d’éternité. L’absence devient le tout, supérieur à la somme des parties. Résonnant d’abord à l’extérieur de soi, les vibrations entrent dans l’être intérieur, le purifient et le font accéder au soi, cette partie de nous-même, supérieure au moi qui entre en contact avec le divin.
" l’homme est un miroir
qui, une fois poli, réfléchit Dieu ".
07:21 Publié dans 51. Impressions musicales | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : musique sacrée, mystique, islam, méditation | Imprimer
16/02/2017
Prendre ce qui vient
Chercher l’harmonie du monde à travers les dissonances que nous percevons.
Nous sommes sensibles à certaines harmonies.
D’autres nous échappent.
Sans doute manquons-nous d’ouverture des sens
ou, peut-être, nous fermons-nous à nos perceptions.
Ne pas refuser ce le monde nous offre.
07:25 Publié dans 45. Maximes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : maxime, sentence, méditation, paradoxe | Imprimer
15/02/2017
L’essence de Pierre Heurtebise de Praguilande (6)
Le lendemain, la lune était encore suffisamment pleine pour permettre à son ombre de le guider, vers quoi, il l’ignorait ; mais il excellait dans cet art de ne pas dire ou provoquer les choses pour qu’elles adviennent inexorablement, dans une simplicité qui les rendait justes et bienvenues. Sur le seuil de sa maison, il ne put contempler l’astre de la nuit et dut faire quelques pas pour le laisser envahir sa personne et l’auréoler de lumière blanche, crue comme un légume fraîchement coupé prêt à être versé dans une marmite bouillante. Guidé par la lueur, il ne s’attachait qu’à l’inclinaison de son ombre, suivant celle-ci dans ses moindres frémissements, attendant même le souffle court qu’elle s’offre à lui par quelques mouvements qui lui faisaient dire qu’elle s’était emparée de lui corps et âme. Il se rendit compte qu’il y avait quelque chose de changé en lui. Quoi ? Il ne savait pas exactement, mais il se sentait plus libre, moins prisonnier de cette carcasse déglinguée que son corps était devenu. Il peinait toujours à marcher, mais cette gêne s’était atténuée au point de le laisser libre d’aller et venir sans contrainte. Serait-ce le début d’une guérison ? Cela ne lui était pas venu à l’idée et ne l’intéressait nullement. Il se sentait libre et cela lui suffisait. Il pouvait laisser aller sa pensée à des considérations plus hautes, s’interroger sur cette essence qu’il avait devinée derrière cette ombre lumineuse qui lui disait où il devait aller.
Tiens, que se passe-t-il ? L’ombre, ou la lumière dévie dans sa course. Elle le guide vers les bois de Saint-Roch, profonds et ténébreux. Connaissant son infirmité, il ne s’était jamais aventuré vers cette immensité ombragée d’où il ne pourrait sortir seul s’il lui advenait quelque chose. Dans le même temps, lui vint à l’esprit un mot, prononcé clairement dans sa tête : numen. Il lui vint de manière impromptue, comme un enroulement sur elle-même de sa pensée, une échappée brutale et prodigieuse du cerveau, tel un pet dans un salon que l’on ne peut retenir et que l’on cache d’une toux feinte. Que signifie ce mot ? Pourquoi lui est-il venu à l’esprit brusquement et pourquoi ne peut-il s’en débarrasser ?
07:11 Publié dans 43. Récits et nouvelles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : nouvelle, récit, fiction | Imprimer
14/02/2017
Inversion
Un autre monde, mais toujours aussi sauvage !
07:53 Publié dans 24. Créations dessins | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : dessin, imagination, animaux carpette | Imprimer
13/02/2017
Collection
La jeunesse adore les collections. Pourquoi ? Peut-être la nostalgie d’une vie passée où l’on a accumulé de nombreuses richesses ou encore l’envie de posséder quelque chose à soi seul. La collection fait de l’enfant un personnage de rêve, un roi sans royaume, un homme plus riche de lui-même. Aucun n’y échappe : collection de gommes, de buvards, de bons points et, pour certains, de mauvais, mais pas intentionnellement. Les commerçants et industriels ont bien compris cette passion dévorante des enfants. Ils en imaginent sans cesse de nouvelles, pas chères, mais qui peuvent rapporter gros comme les Pokémons ou les soldats de plomb en plastique. Certaines collections finissent dans des musées imaginaires.
Un jour, enfant, je trouvai par terre, dans un champ, une pierre magnifique, une sorte de gros galet cassé qui renfermait une pierre bleuâtre et formée de cristaux, un monde en soi, mystérieux et attirant. Frères, sœur, cousins et cousines décidèrent de faire un musée dans une des chambres du moulin encombré machines, de roues, d'engrenages, de courroies de godets et de toutes sortes d’instruments mystérieux. Il nous fallut un mois pour atteindre une collection d’une quinzaine de pièces. Chaque découverte nous faisait pousser des cris d’extase. Nous les passions sous l’eau, les lavions avec une brosse, les séchions avec nos serviettes de toilette et même, pour certains, les cirions ou les enduisions d’une pommade luisante propre à leur donner un aspect brillant. Des pierres rutilantes, aux formes insolites ou au contraire parfaites, ou d’autres encore, cassées et recelant en leur intérieur un cristal pauvre, mais qui attirait le regard et en faisait un chef d’œuvre de la nature. Chacun fut chargé d’une tâche précise à exécuter dans un délai prescrit : trouver des étagères de présentation, balayer la chambre, décorer ses murs de photos de pierres merveilleuses arrachées de magazines au papier glacé, préparer le comptoir d’accueil des visiteurs et la tirelire devant recevoir le prix d’entrée. L’un de nous devait trouver un uniforme de gardien de musée et se tenir prêt à patrouiller au sein de la pièce pour surveiller les collections. Oui, elles étaient passées d’une collection à des collections, ces quinze pierres. Que d’effort pour arriver au jour J, celui de l’inauguration du musée. L’un de nous devait faire un discours devant les officiels représentés par les parents. Ce fut long et laborieux, plein de mots savants cherchés dans le dictionnaire et un livre consacré aux pierres du Sahara. Dans le regard de chacun des enfants on pouvait voir les espaces pierreux des déserts, le lit caillouteux de rivières, les plages douloureuses imposant un matelas pour s’y étendre ; et, au centre, dans l’œil embué, le caillou adoré, cajolé, caressé, lustré, celui des rêves les plus fous et des explorations les plus épuisantes.
C’est vrai, l’enfant a une autre vision du monde. Tout lui paraît merveilleux. Le moindre petit caillou est un mystère sans nom qui permet l’évasion d’un réel qui est pourtant à découvrir. Mais n’est-ce pas passionnant de s’inventer un monde que les parents ne peuvent comprendre, mais qu’ils doivent approuver à grands cris d’extase simulée.
Pendant longtemps, à certaines périodes, je me suis promené avec ma collection dans la poche ; une pierre parfaite, en ellipse, choisie longuement sur une plage de la Méditerranée ou de l’Atlantique. Elle me donnait confiance et sa douceur dans la main se laissait caresser chaque fois que j’allais chercher quelque chose dans les profondeurs secrètes que sont les poches pour un homme ou le sac pour une femme.
07:33 Publié dans 11. Considérations diverses | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : enfance, collection, musée, enchantement | Imprimer
12/02/2017
Fin
Je n’ai plus l’éternité devant moi
La fin approche à grands pas
Elle ouvre sa gueule béante
Et fait ses yeux enjôleurs
Je ne veux pas me laisser faire !
Mais comment lutter sérieusement
Contre le lot de tout un chacun
Certes, il me reste de nombreux jours
Et autant de nuits solitaires
Où je pourrai encore dire
Tout ce qui me vient à l’esprit
Mais je sens la mélasse venir
Ma course se ralentit
Elle tourne autour du pot
Et souvent ma pensée
S’ouvre à d’autres horizons
Là où il n’y a plus de différences
Entre le réel et l’imaginaire
Et ce vide immense, sans fin
Couvre de son ombre velue
Les désirs qui s’échappent
Partez au loin, je vous rattraperai
Mes petits moineaux chauds
Et nous irons nous perdre
Dans l’obscurité et la froideur
D’une nouvelle vie, inconnue
Dont on ne sait rien
Mais dont on espère tout
Oui, l’éternité est morte
Il faut se dépêcher de remplir
Ce pour quoi nous avons été créés
Différent pour chaque homme
Maintenant que j’ai découvert
L’absolue solitude, tranchante
Qu’entraîne cette exigence
Je couvre d’écritures et d’interjections
Les pages blanches et vierges
Qui sont devenues
Ma robe de marié
Pour l’éternité
© Loup Francart
07:01 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, écriture, poésie, littérature | Imprimer
11/02/2017
Féminin
Toute femme est un mystère fragile
Qu’il convient de découvrir et choyer
Modeste, elle s’annonce faite d’argile
Mais pour la vie ne cesse de guerroyer
Serais-tu la beauté profonde et tendre
Ou l’innocence invaincue et pudique ?
Peux-tu te laisser couvrir de cendres
Ou te vêtir de pouvoirs encyclopédiques ?
Toi, toujours présente et impitoyable
Dans mes rêves devenue impalpable
Nuage hypothétique poussé par les vents
Comment t’octroyer une réelle consistance
Alors que nos corps pleins d’inconstance
Ne rêvent que de solides adjuvants
© Loup Francart
07:09 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, écriture, poème, littérature | Imprimer
10/02/2017
L’essence de Pierre Heurtebise de Praguilande (5)
Rentré chez lui, épuisé, il ne put trouver le sommeil. Est-il possible qu’une droite quelconque devant une source lumineuse crée une ombre dont la direction varie sans que la source change de place ? Quel fait étrange et surtout impossible. Et pourtant ? C’est bien ce qu’il avait vu de ses propres yeux par deux fois. Est-ce possible ? Possédant une importante bibliothèque accumulée au fil des ans d’infirmité, il se plongea dans les livres d’astronomie. Il ne trouva rien qui donne une explication raisonnable à ce phénomène. Il aborda les quelques livres de cosmologie qu’il possédait sans trouver d’autres explications intéressantes. La mécanique restait la mécanique et ne pouvait envisager des événements qui n’étaient pas conformes aux lois de la nature et plus particulièrement aux lois de la physique. Il se plongea alors dans un livre d’ontologie, c’est-à-dire la science de l’être. Aristote, constata-t-il, définissait l’ontologie comme « une science qui étudie l'être en tant qu'être, et les attributs qui lui appartiennent essentiellement. Elle ne se confond avec aucune de ces sciences particulières, car aucune de ces autres sciences dites particulières ne considère en général l'Être en tant qu'être, mais découpant une certaine partie de l'Être c'est seulement de cette partie qu'elles étudient l'attribut ». Il en conclut qu’il ne pourra trouver de réponse à son interrogation qu’en intégrant ensemble toutes les sciences traitant de la matière et celles traitant de l’être, c’est-à-dire la philosophie, la morale, la spiritualité et même la psychologie, un terme nouveau formé par le savant croate Marko Marulic, un humaniste quasi contemporain qui écrivit le traité Psichiologia de ratione animae humanae[1]. Comment joindre ensemble ces différentes visions du monde s’avéra la question cruciale pour trouver l’explication à l’événement. La seule valable, mais invraisemblable, pensa-t-il soudain, était que la matière contient en elle-même une pensée ou une volonté indépendante qui lui permet en certaines occasions induites par un événement particulier, de se manifester à l’encontre des lois naturelles.
Il s’endormit sur ces pensées ayant l’ impression d’avoir survolé la structure du monde sans toutefois pouvoir en tirer des conclusions intéressantes. Il rêva d’un jeu compliqué dans lequel des billes s’enroulaient autour d’autres billes et, parfois, s’entrechoquaient avec des éclatements secs et impressionnants. Il ne vit pas le joueur, mais aperçut un doigt qui semblait guider certaines de ces billes vers des lieux où elles n’auraient pu aller autrement.
[1] Livre de la fin du XVe siècle dont les quelques exemplaires ont été perdus.
03:10 Publié dans 43. Récits et nouvelles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : nouvelle, récit, fiction | Imprimer
09/02/2017
H. Craig Hanna - “Peintures et Dessins”
https://vimeo.com/200863231
La peinture, c'est comme la musique.
Mon job, c'est de rendre harmonieux le chaos.
07:54 Publié dans 21. Impressions picturales | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : peinture, dessin, portrait, couleurs, hamonie | Imprimer
08/02/2017
Trompe l'oeil
un trompe l’œil qui ne trompe personne et qui ne mène nulle part !
07:22 Publié dans 22. Créations numériques | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : optique art, trompe-l'oeil, géométrie | Imprimer
07/02/2017
Un joli coup tordu, de Jean Pailler
Ce pourrait être un polar, un roman psychologique ou, plus réalistement, un conte racontant la vie d’un simple qui se laisse berner par les paillettes d’une gloire posthume. Ismaïl, bon élève et bien élevé, doit, à la mort de son père, trouver du travail. Il décide de s’expatrier. Commence alors une prise en main très efficace de la communauté musulmane qui, dans son nouveau pays, le conduit à devenir un terroriste. Ce qu’il ne sait pas, par contre, c’est que sa mission est organisée par les services américains dans des buts politiques qui le dépassent.
Bien monté, le livre commence à sa montée dans le train où il doit commettre son massacre. Quelques minutes avant de se lever pour tirer sur les passagers, il revit sa misérable vie. Il va devenir quelqu’un. « Dans quelques minutes, il va enfin réaliser son rêve – ou plutôt son destin. Dieu l’a choisi pour porter la terreur dans le camp des infidèles. » (p.141)
Possédant une bonne connaissance de l'Islam, Jean Pailler décrit avec simplicité et une vraisemblance presque nostalgique, cette vie volée par l’idéologie qui n’apparaît jamais clairement, mais qui conduit inexorablement le garçon au "martyr" sans que celui-ci en soit conscient. On en vient à aimer le jeune homme par la description très humaine de sa solitude et on se laisse entraîner imperceptiblement dans la pente du Jihad sans envie de protester.
07:10 Publié dans 41. Impressions littéraires | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : djihad, terrorisme, attentat, manipulation, services secrets | Imprimer
06/02/2017
Massacres
Dans la densité de l’herbe et des pierres
Ils marchaient sans un souffle
Silencieux, éperdus, mais tenaces
Tendus vers leur mission osée :
Où se cache l’adversaire inconnu ?
Tout à coup, au cœur de la nuit
Retentirent les coups de feu
L’agitation de batteries de cuisine
Dans l’arrière pièce sans fenêtres
Les lueurs secouaient l’horizon
Éclats de terreur fragilisée
Explosions éperdues et prolongées
Cris des blessés, femmes et enfants
Rage des hommes sur fond de haine
L’éclair des lames sorties du fourreau
Les émanations fumantes de la peur
Encombraient la vision d’un voile noir
Et tout ceci paraissait à mille lieux
Des pensées silencieuses de ces hommes
Derrière les jumelles fixant cette folie
Partis rechercher les démons odieux
Ils revinrent le visage gris
Sans un mot ni un soupir
Blêmes, l’horreur plein la bouche
L’œil hagard, les mains tremblantes
Ils vomirent plus qu’ils ne pouvaient
La tête résonnant de bestialité
Les pas scandant le rejet du vécu
Cherchant en vain la consolation
Et ne trouvant que la mémoire
Brute, sèche, rougie du sang
De victimes innocentes et inconnues
Qui moururent ce jour-là, seules
Face au déchaînement de l’exécration
Des hommes entre eux, contre eux
Pour eux, avec eux, ou même sans eux
Seules contre la marée humaine
D’une malédiction millénaire
Sans un regard pour l’être humain
Qu’ils assassinent sciemment
Et Dieu, pendant ce temps,
Se cache derrière le rideau du temps
Pour pleurer les innocents
Quand donc cesseront ces massacres ?
© Loup Francart
07:43 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, écriture, poésie, littérature | Imprimer
05/02/2017
L’essence de Pierre Heurtebise de Praguilande (4)
Quelques semaines plus tard, Pierre Heurtebise sortit à la tombée de la nuit, évidemment un jour de pleine lune. Comme d’habitude, il partit le dos à l’éclairage lunaire. Très vite, il constata des changements dans la lumière de son ombre lumineuse. L’éclat se modifiait, elle apparaissait tantôt éclatante, tantôt amoindrie à un point tel qu’il devait prendre soin de conserver sa direction. Elle devint également floue. Ce n’était plus l’ombre aux contours bien nets, mais une sorte de halo brouillé qui se confondait parfois avec la végétation. Il se frotta les yeux, mais rien n’y fit. Une sorte de voile blanc s’interfaçait entre le monde et lui. Ce n’était qu’intermittent, mais suffisamment dérangeant pour qu’il s’interrogeât sur ces transformations. Deviendrais-je aveugle ? se demanda-t-il. En fait, il ne commença à réellement s’inquiéter que lorsque ces sortes de nuages dans la vue lui arrivèrent pendant la journée. Il avait pris l’habitude de dormir à la lumière du jour pour être totalement disponible pendant les nuits et particulièrement pendant les nuits de pleine lune.
Mais la vie extérieure continuait et certaines obligations le contraignaient à être actif le jour. C’était le cas les jours de marché de la petite ville voisine où il devait se ravitailler pour une semaine. Il partait alors avec un garçon d’une douzaine d’années traînant sa brouette et quelques légumes qu’il cultivait espérant les vendre et ramenait tout ce qu’il ne pouvait produire lui-même. Lorsque le soleil tapait fortement sur ses yeux, le voile blanc apparaissait par moments. Il continuait à voir ce qu’il regardait, mais le paysage prenait une blancheur inaccoutumée qui l’obligeait à mettre sa main en visière pour maintenir ses yeux à l’ombre. Alors le voile s’estompait et il retrouvait une vue normale, transparente pourrait-on dire. Cela l’inquiéta. Son mal à la jambe le gênait déjà considérablement. Si de plus il devenait aveugle, comment ferait-il pour continuer à vivre normalement ?
Bref, ce jour-là ce ne fut pas un voile blanc qui apparut, mais un changement de direction de cette ombre lumineuse alors qu’il ne changeait lui-même aucunement de sa direction initiale. Ce fut d’abord léger. L’ombre partit vers la droite. Il s’arrêta, la regarda, se retourna pour constater que la lune n’avait pas changé de place et qu’elle accomplissait sa révolution dans le ciel de manière tout à fait ordinaire, comme une mécanique bien réglée et sans initiative. Comment l’ombre lumineuse qu’elle projetait grâce à son corps pouvait-elle changer de direction alors que sa source de lumière ne bougeait pas ? Quelques instants plus tard, en une seconde, tout redevint normal. Il reprit ses pas sans qu’aucune modification de la direction de son ombre ne se remarque. Au retour, alors qu’il avait son ombre derrière lui, il se retourna plusieurs fois pour vérifier sa direction. A un moment donné, il perçut à nouveau un angle suffisamment différencié de sa direction normale pour qu’il en soit parfaitement conscient. Mais qu’est-ce donc que cette anomalie ? se demanda-t-il.
07:52 Publié dans 43. Récits et nouvelles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : nouvelle, récit, fiction | Imprimer
04/02/2017
My heart's in the highlands, d’ Arvo Pärt
https://www.youtube.com/watch?v=x3Y77YHGakQ
« Hors des Highlands, je ne suis plus », semble nous dire le poème. C’est le regret des grands espaces, de ce vide immense où l’œil se perd dans les monts et les vallées et cherche toujours à aller plus loin. Puis, progressivement, ces espaces deviennent plus larges. Le regard passe des montagnes à l’horizon et, enfin, au ciel noyé de gris.
Une pièce typique du style d’Arvo Pärt : simple, répétitive, dans ce qu’il appelle le tintinnabulisme, de la musique pure, sans fioriture, qui s’adresse à l’émotion, aux sensations, sans appui sur la raison.
La pièce est un poème écrit par l’écossais Robert Burns ((1759-1796) qui explique que ce poème a résonné en lui tout au long de sa vie.
07:17 Publié dans 51. Impressions musicales | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : musique minimaliste, tintinnabulisme, mystique | Imprimer
03/02/2017
Présence
Dieu est un vide qui emplit tout
Où le trouver ?
Si tu n'es rien, il vient
07:17 Publié dans 45. Maximes, 61. Considérations spirituelles | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer
02/02/2017
L’essence de Pierre Heurtebise de Praguilande (3)
Alors il se souvint qu’il réfléchissait à l’essence de l’être qui, disaient certains philosophes, était l’être réel et non celui d’une existence qui aurait pu être autre ou qui pourrait devenir autre. Il avait devant lui son essence alors que son corps ne représentait que son existence. Mais pourtant… Cette ombre lumineuse ne pouvait être décrite plus avant. Ce n’était qu’une ombre, certes lumineuse, mais qui ne représentait qu’une image de lui-même. Ou… peut-être était-elle à l’origine de sa silhouette, laquelle n’était elle-même qu’un contour de son être ou de ce qu’il croyait être son être ? Quelle chose extraordinaire, pensa-t-il. Je suis maintenant pourvu d’une essence que je ne connaissais pas et qui, d’après ce qu’en disent les savants, est la source de l’être. Il s’assit sur un talus et resta là, réfléchissant sans savoir exactement à quoi.
La fin de la nuit était proche lorsqu’il se rendit compte que son ombre lumineuse avait tourné, suivant les rayons de la lune, et qu’elle disparaissait. Plus rien ! Il ne lui restait plus que son existence, faible et infirme. Il se tâta. Il était semblable à ce qu’il était d’ordinaire. En rentrant péniblement, s’aidant de ses béquilles, il se sentit las, avait la tête embrouillée et le cœur malheureux. Il finit par penser en arrivant chez lui qu’il avait rêvé, que ce rêve était absurde et que l’existence continuait comme auparavant, ni très gaie, ni très triste, à l’image du paysage qu’il avait contemplé durant la nuit.
Il se coucha et commença donc son existence nouvelle : dormir le jour, être la nuit ; exister dans le sommeil, vivre dans l’éveil de son essence. En réalité, il ne vivait pas toutes les nuits. En effet, ce n’était possible que lorsque la pleine lune se déplaçait dans le ciel. Les lunes non pleines n’étaient pas suffisamment puissantes pour éveiller son essence qui continuait à sommeiller malgré tous ses efforts. Ces jours-là, les moments de découragement se succédaient. Il ne vivait qu’avec la moitié de lui-même et se sentait vide. Parfois, pour se remplir, il mangeait plus que de raison. Il descendait dans la cuisine, y préparait deux œufs sur une tranche de lard grillé, l’accompagnait d’un peu de fromage cuit et lapait jusqu’à la dernière trace de ce mélange jaune-orange dans le fond de l’assiette. Mais rien n’y faisait : coupé en deux sur le fil du rasoir, il errait dans sa maison sans avoir le courage de sortir au grand jour. Le retour de la pleine lune le rendait gaillard. Il se faisait beau, changeait de vêtements, soignait la raie de sa chevelure, se mettait un peu de rouge sur les joues. Puis, il sortait avec ses béquilles, au lever de la lune. Sur le pas de sa porte, il la contemplait, bien ronde, dodue, tachetée d’ombres et de lumière comme un visage humain. Il savait précisément à quel endroit elle se levait ; entre deux grands arbres. Elle se laissait glisser derrière le second comme un fantôme jusqu’à apparaître entière, dédaigneuse et splendide. Oui, elle mérite bien ce surnom de reine des ombres qui sera utilisé plus tard par Lamartine en périphrase pour la désigner. Mais ce dernier ne connut jamais l’aventure de Pierre Heurtebise : voir l’essence dans une ombre lumineuse lorsque la pleine lune est levée. Ce dernier n’eut jamais, d’ailleurs, une impression de privilège. Cela lui sembla naturel, comme la naissance d’une fleur au printemps.
07:45 Publié dans 43. Récits et nouvelles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : nouvelle, récit, fiction | Imprimer
01/02/2017
Espace
Les bords froissés de la fenêtre
Tracent leurs courbes dans l’espace
Ils réveillent en chacun le parfum
Des matins d’automne endoloris
Quand l’haleine glacée de l’océan
Se glisse sous votre dos et chante
La fin de l’extase dans la nuit
Dorénavant, l’ombre des caresses
Accompagne le héros qui sort
Vêtu de gris, sans entrain
Pour se laisser mourir gentiment
Dans l’air diaphane de l’aube
Quand apparaissent les premiers rayons
La nuit n’est pas le jour
Le matin n’est pas le soir
La lumière n’est pas l’obscurité
Il y a une ambiance délétère
Sans pouvoir sur l’artiste
Qui se noie dans la brume
Et s’estompe le jour
Mais pendant ce temps
Se déploie la rencontre
Sur le fil de la volonté
Entre l’existence et l’essence
Là où rien ne vient maquiller
La franchise de l’être
Nous ne sommes plus
Seul vit en moi et en toi
Ce gouffre inimaginable
Qui nous fait plonger
Dans l’inconnu chaleureux
D’absence d’être…
© Loup Francart
07:20 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, écriture, poème, littérature | Imprimer
31/01/2017
La bienveillance
Qu’est-ce que la bienveillance. Pour le dictionnaire Larousse, c’est la disposition d'esprit inclinant à la compréhension, à l'indulgence envers autrui. Pour le Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales, la bienveillance est une disposition généreuse à l'égard de l'humanité (la bienveillance comme vertu ou comme comportement général) ou une disposition particulièrement favorable à l’égard de quelqu’un (la bienveillance comme attitude concrète dans les relations d’une personne avec une autre).
En ce temps compulsif de critique de l’autre (le candidat à la présidence) et des autres (ceux qui ne pensent pas comme soi), il est bon de réfléchir au sens de ce mot sympathique, mais oublié. Alors penchons-nous sur son étymologie, bene volens : avoir le désir du bien, souhaiter le bien. On remarque tout de suite que l’étymologie ne parle pas d’autrui, n’est pas tournée vers quelqu’un. La bienveillance ne veut qu’une chose : le bien. Qu’est-ce que le bien ? Ce qui s’oppose au mal. C’est un choix purement humain qui signifie que chacun est libre et peut refuser un comportement déterminé qui s’impose à l’extérieur de lui. Le bien est l’acte par lequel l’homme fabrique le bien dans son quotidien. Quelle responsabilité !
Ainsi la bienveillance est au-delà de la simple sympathie ou empathie envers quelqu’un. Par l’attitude qu’elle incarne, elle fabrique le bien, le protège, veille sur lui. C’est cela son sens réel : veiller au bien. La "bien-veillance" ne s’applique pas seulement à une personne. Elle s’applique également à la société en général, aux êtres vivants en général, à la nature, à l’environnement, etc.
La bienveillance commence donc par l’adoption d’un nouveau regard : tenter de comprendre plutôt que de critiquer, accueillir avec bienveillance plutôt que de rejeter. Ah, là, c’est dur ! C’est un véritable apprentissage ! Il ne s’agit plus de veiller sur quelqu’un que nous connaissons, avec lequel nous avons des affinités, mais de veiller sur un autre, inconnu, et également sur soi-même, les autres, l’humanité, les êtres vivants, la nature, et, mieux encore, de veiller au bien en général, c’est-à-dire à une aspiration vers une autre vision des choses qui ne vise qu’un but, l’association du bon, du beau, de la vérité grâce au bien.
07:58 Publié dans 11. Considérations diverses | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bien, bienveillance, autre, humanité | Imprimer
30/01/2017
Aspiration
L’homme se voit toujours sur les hauteurs
Mais il a besoin de la fange pour y respirer
Telle est sa nature et il n’y peut pas grand-chose
Sinon se laisser porter par son aspiration
© Loup Francart
07:40 Publié dans 45. Maximes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : maxime, humanité, trancendance, aspiration | Imprimer
29/01/2017
L’essence de Pierre Heurtebise de Praguilande (2)
Cette nuit-là, il était sorti avec ses béquilles, gêné par l’odeur fade et quotidienne de son bureau essentiellement due à sa blessure qui ne se refermait pas. Envahi par une torpeur habituelle à cette époque, cette sourde chaleur moite du milieu du printemps, il errait près du cimetière de son village natal. La pleine lune brillait de tout son éclat. Il marchait avec difficulté, utilisant ses béquilles en alternance avec sa jambe valide, laissant l’autre traîner derrière lui, inerte. Il n’avait jusqu’à présent cheminé que face à la lune qui, d’ailleurs, l’aveuglait quelque peu. Mais las de tirer son poids mort, il décida de faire demi-tour et de rentrer se coucher. S’appuyant sur un de ses soutiens, il sauta légèrement de côté pour retomber sur l’autre après avoir effectué un demi-tour. Un éclair le frappa alors, une sorte d’illumination intense qui lui fit perdre conscience. Il lâcha ses béquilles et se tint debout, sans contrainte. La lune, derrière lui, illuminait le chemin de campagne, quelque peu boueux, avec des ornières de-ci de-là. Le paysage était terne, plein d’ombres, avec certaines taches plus claires en raison de leurs textures ou de leurs formes. Il était aveuglé par son ombre qui se détachait, lumineuse, du reste du panorama, comme un trou dans sa vision. Au début, il ne voulut pas croire qu’il s’agissait de son ombre. Il se pencha pour palper cet éclat insolite sur le sol et il vit la forme se rapetisser, suivant les mouvements de son corps. Quel drôle d’objet, pensa-t-il. D’ailleurs, est-ce un objet ? Il s’agenouilla à même la terre et tâta la poussière mêlée de boue. Rien d’anormal, lui sembla-t-il. Il se releva avec difficulté et la chose reprit sa forme normale, quatre jambes dont deux malingres, un buste large dont les bras étaient liés indissolublement au poitrail, une tête fluette revêtue d’un chapeau orné de plumes, le tout dans un équilibre instable. Diantre, se dit-il, quel est donc ce bazar qui semble vivant sans l’être ? Il se déplaça péniblement d’un pas et compris aussitôt. C’était son ombre ! Mais quelle était curieuse. Normalement, l’ombre est sombre, discrète, sans prétention. Là, elle semblait son être réel, illuminant le chemin sur lequel il se tenait. Lui, son être réel, était fondu dans le paysage, sans grande différence avec les arbustes poussant sur les côtés. Dieu, est-ce possible ? Il doutait de ce qu’il constatait. Mais que faire face à l’insolite qui s’avère plus réel que la réalité ?
07:33 Publié dans 43. Récits et nouvelles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : nouvelle, récit, fiction | Imprimer
28/01/2017
Usine
Usine, le même geste,
la même cadence, répétée mille fois.
N’être plus qu’un bras de levier,
que le prolongement d’une machine.
Le temps est déchiqueté...
07:30 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, écriture, poème, littérature | Imprimer
27/01/2017
L’essence de Pierre Heurtebise de Praguilande (1)
Pierre Heurtebise de Praguilande, qui vécut au XVe siècle en terre poitevine, passa plus de la moitié de sa vie dans l’obscurité. Il naquit et grandit cependant comme chacun, au soleil, heureux et fier de se montrer à tous. Mais un jour de décembre, alors que la pleine lune répandait sa lueur dans les arbres de la forêt, il croisa son ombre, une ombre si différente de celle des autres qu’il se demanda un moment s’il n’était pas déjà mort. Il se trouvait en pleine réflexion sur son existence, ne sachant s’il possédait ou non une essence d’une substance différente de ce qu’il connaissait jusqu’à présent, c’est-à-dire un corps pourvu d’une intelligence et de sentiments.
Il avait vécu la guerre et l’épopée de Jeanne d’Arc et s’était retiré sur ses terres pour soigner sa blessure, une vilaine plaie à la jambe qui ne se refermait pas et d’où coulait un jus incolore et malodorant qui le gênait dans ses amitiés. On devait l’approcher muni d’un mouchoir parfumé à la lavande, toutes fenêtres ouvertes pendant qu’il s’efforçait de paraître enjoué et déterminé. Cette infirmité le contraignit à la réflexion, puisqu’il ne pouvait plus « faire » au sens habituel du mot, c’est-à-dire agir pour modifier l’équilibre du monde, apporter sa pierre à l’édification d’un contexte plus juste et agréable. L’existence lui paraissait fade, sans intérêt, et il avait découvert dans les livres un moyen de se passionner malgré son incapacité à s’employer par le corps. Ses réflexions le conduisirent aux confins de l’imagination, là où plus rien ne s’oppose à la libre pensée qui avait alors un sens différent : construction de l’esprit sans contraintes liées à la matérialité ou à des dogmes imposés. C’est alors qu’un de ces amis lui parla de cette idée intéressante de l’essence à l’origine de l’existence. Formé au métier des armes, il ignorait que ces concepts avaient occupé de nombreux philosophes, tel Aristote qui dénommait substance ce terme d’essence mis en valeur par Saint Thomas d’Aquin deux siècles auparavant.
07:30 Publié dans 43. Récits et nouvelles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : nouvelle, récit, fiction | Imprimer
26/01/2017
Notre Soleil vu par la Nasa
https://youtu.be/GSVv40M2aks
La vidéo a été tournée en partie quand Vénus est passée entre le Soleil et la Terre.
Quand on voit des grands bras de matière qui s'échappent du soleil, il s'agit de photos prises à une longueur d'onde unique, donc du suivi de matière qui rayonne à cette couleur depuis le "disque" jusque dans lespace avec retour un peu plus loin, des sortes de ponts à 20 millions de degrés.
Quand on voit le disque seul avec des taches, il s'agit de photos prises dans un domaine de longueur d'onde très large, donc de la matière qui rayonne dans toutes ces couleurs. Elle constitue le "disque", à la température la plus froide, 6 000 degrés. On ne voit pas les bras cités plus haut, car ils sont moins lumineux que le fond d'image.
Les autres images du Soleil sont prises à d'autres longueurs d'onde, rayons X notamment, d'où cette allure crevassée.
aloccasiondes5ansdesonsatellitesolardynamicsobservatorysdolanasaadévoiléunevidéodusoleilexceptionnelleàvoirabsolument
07:16 Publié dans 12. Trouvailles diverses | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cosmologie, physique, soleil, photographie spatiale | Imprimer
25/01/2017
Un silence étonnant
Ils tendent leurs bras vers le ciel,
Tels des prisonniers revêtus de chaînes,
Leur taille n’impressionne plus.
Seul le silence étouffé par le gel
Crie leur souffrance.
Rien ne bouge.
Ce n'est qu'avec leurs ailes déployées
Qu'ils tiennent encore debout !
© Loup Francart
07:16 Publié dans 27. Création photos | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : photo, photographie, froid, silence, solitude | Imprimer
24/01/2017
Sec
Il chercha longuement sa première phrase
Il fouilla dans les plis de sa mémoire
Mais rien ne vint. Sec. Il était sec.
Où sont donc passés ces transports
Qui vibrent dans la chair délaissée
Le lit de l’inspiration est désert
Quelques cailloux encore se dressent
Et suintent des mots sans consistance
Quelques grains de sable s’en vont
Entre les pierres entassées et muettes
Perdus à jamais dans l’océan bavard
Ils deviennent limon et couche
Au poète disparu qui se lamente
De la perte cruelle de son art
Revenir aux prémisses, à cet instant
Où le vide se remplit de douceur
De la phrase souhaitée, ronde
Qui lentement fond dans la bouche
Tel un bonbon amer et familier
Elle chatouille le palais rugueux
S’enfonce dans les souvenirs heureux
Et resurgit en gloire pour s’effilocher
En phrases hagardes et orphelines
Comme un pneu qui se dégonfle
Puis meurt à plat, à jamais, en pantoufles
Aujourd’hui encore il est sec
De vertus, d’inspiration, de délices verbeux
Meurs à toi-même et renais au plus haut
Dans les nuages de l’inconscience
Et de la dégringolade hurlante
© Loup Francart
07:06 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer
23/01/2017
Musique zen
https://www.youtube.com/watch?v=eX445QJ0fwE
07:54 Publié dans 51. Impressions musicales | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : méditation | Imprimer
22/01/2017
Frontière
Entre la résignation et la révolte.
Une frontière à rebâtir chaque jour,
Un équilibre à trouver.
Peut-être est-ce cela la richesse :
Ne tomber ni dans l’un, ni dans l’autre.
Etre pauvre, c’est sans doute ne plus pouvoir choisir.
Et pourtant, Job ?
07:40 Publié dans 45. Maximes | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer
21/01/2017
Féérie d'hiver
07:22 Publié dans 27. Création photos | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : photo, givre, hiver, glace, beauté, nature | Imprimer