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11/02/2021

Blanc et noir

Nuit envahissante
Mais pas un bruit
Il ne se passe rien
Excepté le coton
Tombant sur l’herbe
Qui devient blanche

La ferveur des femmes
Se dévoile peu à peu
Elles ôtent leur corsage
Et roucoulent d’aise
La fraicheur les glisse 
Entre deux pages écrites
De leurs plaintes douces

Caresse-moi, toi
Ami de toujours
Qui rafraichit le corps
Et nettoie l’esprit
Fond sur mon cou
Emplis ma chevelure
Étonne mes longues jambes
Ouvre mon cœur 
Et prends mon âme

Rien ne m’appartient plus
Je suis la neige immaculée
J’ai perdu ma consistance
Et mes couleurs troubles
Tu ne peux me prendre
Car si tu me touches
Je fonds et m’évanouis 

Je suis la passagère
D’un jour, d’un matin
Au réveil ébloui
Entre deux draps

Oui, je suis…

10/02/2021

Les systèmes dans la musique de la Grèce antique

Les systèmes

Le tétracorde est le système simple qui sert d'unité fondamentale pour la formation des autres systèmes.

 On distingue :

  • Le système disjoint ("diazeuxis") : les modes

En les reliant deux à deux, par l’intermédiaire d’un ton, ces tétracordes donnent les modes complets suivants :

cérémonie, peuple, science musicale, son

Les deux tétracordes sont séparés par un ton. On retrouve ici aussi le même phénomène du genre diatonique, mais inversé (mi-fa-sol-la = si-do-ré-mi), ce qui forme la même gamme sous forme d'octacorde.

  • Le système conjoint ("synaphé")

Il est construit par conjonction de deux tétracordes (une note commune). On note que, dans le genre diatonique, selon la conjonction par le haut ou le bas, on obtient un tétracorde semblable (la-sol-fa-mi = mi-ré-do-si) et un autre qu'il faut altérer. L'ensemble du système forme un heptacorde.

cérémonie, peuple, science musicale, son

  • Le système réduit ou petit système parfait ("systema teleïon elasson")

Il réunit trois tétracordes en conjonction (tétracordes des conjointes, des moyennes et des hypates), avec l'ajout d'une note au grave, dite   proslambanomène (note ajoutée). La gamme de Pythagore (ou gamme pythagoricienne) est une gamme chromatique dont les douze intervalles sont définis par le « cycle des quintes ». C'est la gamme toujours utilisée pour chanter, dans un mode majeur ou mineur.

cérémonie, peuple, science musicale, son

  • Le système complet ou grand système parfait ("systema teleïon meïzon")

Il réunit, en disjonction, deux systèmes conjoints (tétracordes des hyperbolées, des disjointes, des moyennes et des hypates), plus la proslambanomène au grave.

cérémonie, peuple, science musicale, son

Quand, dans ces systèmes, les tétracordes restent identiques, on les dit "ametabolon" (sans métabole). Les systèmes peuvent aussi être formés avec métabole, c'est à dire à partir de deux tétracordes différents.

 

NB. Pour approfondir, voir de Jacques Chailley, L'imbroglio des modes, Alphonse Leduc,1960.

09/02/2021

Les trois genres de base dans la musique de la Grèce antique

Bien qu'il semble qu'il y ait eu de nombreux genres, peu à peu, furent définis 3 genres de base :

 

  • le genre diatonique

Les notes mobiles y respectent le cycle des quintes, donc pratiquement la gamme pythagoricienne, avec le plus souvent attraction descendante vers le demi-ton final ;

 

  • le genre chromatique

où les mobiles définissent des intervalles d'un ton et demi et de deux demi-tons, généralement vers la note finale basse ;

 

  • le genre enharmonique

 avec un intervalle de 2 tons et deux intervalles de 1/4 de ton.

Tétracorde dorien.png

 

Un groupe de 3 notes serrées à 1/2 ton maximum, en chromatique et en harmonique, s'appelait "pycnon". On appelait nuances ("chroaï") la façon de varier à l'infini ces intervalles.

08/02/2021

Tendre hiver

Le tendre hiver s’en est venu
Le jardin ruisselle d’eau
Les arbres se penche sur leurs genoux
Et rêvent de jours meilleurs
Peu de bruits troublent ce silence
Le craquement d’une articulation
L’envol d’une poule d’eau
Les jappements d’un chien
Et toujours cette sensation de froid
Dans la pièce mal chauffée
Qui donne sur la rivière

Heureusement, ce matin
Comment ne pas courir dans la campagne
Se laisser aller dans une poursuite
Sans but ni dessein littéraire
Pour le seul plaisir enchanteur
De respirer l’air frais de l’aurore
Et ramener dans le lit encore chaud
Le blottissement des premiers rayons
Sur le corps glacé du dehors

07/02/2021

La musique de la Grèce antique (3)

LA THEORIE MUSICALE DE LA GRECE ANTIQUE

             Elle s'est formée progressivement. La synthèse présentée n'a jamais existée sous cette forme. Elle est très récente et a été en grande partie élaborée par le musicologue Jacques Chailley, professeur d'histoire de la musique à la Sorbonne.

             Il faut également noter que la théorie de la Grèce antique a toujours séduit les musicologues. Mais faute de documents et d'esprit critique historique, ils en ont tiré des conclusions erronées. Disons même que la plupart d'entre eux l'ont utilisée pour justifier leur propre idée sur la musique.

La théorie de la Grèce antique repose sur :

  • le tétracorde, avec trois modes extension des tétracordes ;
  • des genres, selon la hauteur des notes entre les extrêmes de quarte juste ;
  • des systèmes, formés par l'agencement de plusieurs tétracordes ;
  • des harmonies, mot chargé de sens, désignant des formules musicales ;
  • des aspects, c'est à dire la définition des intervalles compris à l'intérieur de l'octave, de la quarte ou de la quinte ;
  • des tons ou tropes, destinés à fixer la hauteur réelle des aspects.

C'est la confusion entre harmonies, aspects et tons qui a conduit aux traditions erronées des modes.

 Les tétracordes de base  

Le tétracorde (du grec tetra : quatre et khordê : corde) est la succession mélodique de 4 sons (quatre cordes, ce qui correspond au nombre de cordes de la phorminx, la version la plus ancienne de la lyre).dont les extrêmes sont en rapport de quarte juste, soit 2 notes extrêmes fixes ou bornes (oroï) et 2 notes intérieures mobiles.

Cette structure en 4 notes date de l'époque classique. A l'origine il n'y eu probablement qu'un seul son mobile entre les deux bornes. En fonction de la place du demi-ton, il existe trois tétracordes différents, le lydien, le phrygien et le dorien, le premier commençant au fa, le second au sol et le troisième au la sur la gamme. Pour mieux mettre en évidence les écarts de ton ou demi-ton, la seconde portée pose le tétracorde avec la même hauteur de son.

 

Musique grecque antique.jpg

 

06/02/2021

La musique de la Grèce antique (2)

LES INSTRUMENTS

             Les percussions sont nombreuses et se rattachent surtout au tambourin et à la cymbale. Elles soutiennent, surtout pour la danse, les instruments proprement dits, flûtes, aulos et lyres (ou cithares).

  • La flûte : Accessoire pastoral, elle est peu employée en musique savante. Elle est droite comme le pipeau ou à tuyaux juxtaposés (syrinx).
  • L'aulos : C'est l'instrument à vent essentiel, à hanche double, de sonorité perçante. Le type le plus fréquent est l'aulos double, formé de deux tuyaux séparés tenus chacun avec une main, les doigts bouchant les trous, ce qui suppose une certaine hétérophonie.
  • La lyre : Elle est l'instrument symbolique du culte d’Apollon et de la poésie chantée. Elle est formée d'une carapace de tortue recouverte de peau tendue et prolongée par deux bras incurvés en travers desquels sont tendues les cordes. Sa sonorité est mince et grêle. Elle a été rapidement supplantée par la cithare à caisse de bois, de sonorité plus forte et à cordes de plus en plus nombreuses.

05/02/2021

La musique de la Grèce antique (1)

             La musique a imprégné la vie individuelle ou sociale des grecs au point d'en devenir en quelque sorte le ciment, mais au même titre que pour les autres peuplades de l'époque.

             L'apport de la Grèce fut par contre exceptionnel dans sa manière de concevoir le rôle même de la musique dans la cité, puis de l'analyser scientifiquement en tant que discipline mathématique. De tous les peuples de l'antiquité, elle a été la seule à réfléchir sur cet art. Elle sut l'analyser, le situer, le décrire. Elle lui donna finalement une valeur en soi qui en fit l'une des composantes essentielles de la civilisation hellénique.

MUSIQUE ET CIVILISATION(1)

Le temps des dieux

L'histoire grecque nous présente la synthèse tardive et harmonieuse des deux protagonistes habituels de toute civilisation ancienne : le sédentaire et le nomade. Chacun d'eux a son cortège de modes de vie, de pensée et d'action. Exprimée sous forme de rites, de fêtes, de dieux, de coutumes, la culture est véhiculée par la musique.

             Au VII° siècle avant Jésus-Christ s'implante à Eleusis le culte de Demeter (notre mère la terre). Célébré sous forme de mystères, il inclut une doctrine de survie au delà de la mort. Les initiés apprennent les gestes et les formules qui doivent guider l'âme du défunt au long des méandres du voyage outre-tombe et la communication s'établit au moyen de chants et de danses.

             Au musiciens primitifs, sédentaires jouant de l'aulos, flûte double à anche, et pasteurs jouant de la lyre et de la cythare, succèdent les prêtres-chanteurs des grandes célébrations. Autour de ces célébrations réservées aux initiés, s'organisent un ensemble de fêtes publiques, les Eleusinia, assorties de concours de gymnastique et de musique. Peu à peu apparaissent les grandes dionysies, fêtes de quinze jours en l'honneur de Dionysios : sacrifices, processions, exécutions chorales et représentations sacrées.

             Puis apparaît le théâtre antique, avec ses chants et ses danses et le musicien devient professionnel. Des associations dionysiennes se créent à Athènes, puis en Asie mineure, en Egypte. Les schèmes obligatoires des mélodies traditionnelles qui devaient leur puissance magique à leur immuabilité, s'altèrent et la notion de progrès remplace celle de fidélité.

Le temps des philosophes

Aux alentours du VII° siècle, pour Homère, la musique est encore le langage des dieux, et le poète qui chante n'est que l'interprète dont ils empruntent la voix. Au VI°, Pythagore entend les cieux chanter et converse avec les arbres et les rivières, mais il expérimente en même temps les rapports des intervalles ente les sons. Il reprend à son compte l'idée du son créateur chère aux Égyptiens et aux Perses. Puisque l'univers découle du son, du Verbe, il est lui-même vibrations. En étudiant la structure de la musique, on peut découvrir la structure du monde. Pour Pythagore, dit Aristide Quintilien, ce qu'il y a de plus haut dans la musique peut être mieux saisi par l'intelligence à travers les nombres que par les sens à travers les oreilles. Pythagore découvre ainsi l'octave, la quarte et la quinte.

             Platon hérite de la conception pythagoricienne. La musique devient un sujet de science raisonnée, susceptible, par analogie, de faire concevoir et d'expliquer la nature même de la divinité. C'est aussi un moyen d'atteindre la révélation des principes ayant la "force de mouvoir et d'émouvoir l'âme" (E. Moutsopoulos). En analysant les éléments techniques de la musique et en en dégageant le caractère éducatif, Platon fait participer la musique à la grande entreprise du transfert religieux des légendes dogmatiques aux idées métaphysiques.

             La musique, base de l'éducation de l'âme, devient un élément essentiel de l'éducation et de la vie de la Cité, contrepoids à la gymnastique, éducation du corps. Le musicien est un inspiré et un gardien des lois. La musique est définie par l'éthos social et moral de ses diverses harmonies. Ces harmonies sont vraisemblablement des échelles caractéristiques par lesquelles se différencient les mélodies de tel ou tel type. Platon en connaît quatre : le dorien, le phrygien, le lydien et le mixolydien. Il prescrit le dorien, incitant à la modération, et le phrygien, transmetteur de courage. Il proscrit le lydien portant vers les passions. L'hostilité à l'encontre de l'aulos, qui se distingue de la lyre par son origine étrangère, son étendue et son pouvoir émotionnel, est issue de cette doctrine. "Une perturbation dans les styles musicaux s'accompagne toujours de changements correspondants dans les institutions politiques." C'est en vertu de ce principe fondamental que Platon recommande un contrôle et une censure de la musique dans sa République idéale.

             Pour Aristote, disciple de Platon, la musique inclut également le "mélos" ou poésie, combinaison de trois éléments : la mélodie, les paroles et le rythme. Elle complète symétriquement les arts de la vue, peinture et sculpture. Avec lui, un degré de plus est franchi. Il ne retient que l'aspect positif et pragmatique de la musique, nécessaire à l'éducation de l'âme et à l'édification de la cité. Il laisse de côté ce qui reliait encore la musique au monde imaginatif des dieux.

Le temps des techniciens

Jadis souffle des dieux, la musique n'est plus qu'un art des hommes qu'Aristoxène, élève d'Aristote, va analyser dans son traité des "Éléments harmoniques". C'est un technicien de la musique et non un philosophe. "Les harmoniciens, mesureurs d'intervalles, ne sont que des sophistes. La musique est l'art de l'ouïe. C'est l'ouïe seule qui doit juger".

             Aristoxène cherche à définir la place du second degré descendant dans un tétracorde et à trouver la distance exacte des tons entre eux. Les anciennes harmonies disparaissent. Il ne subsistera plus qu'un seul et uniforme système.

             Approfondissant la notion de "mélos", il distingue une mélodie du verbe différente de la mélodie musicale. A sa suite, introduit une sorte de style récitatif, le "parakatalogé", dans l'accompagnement musical. C'est un retour au chant, considéré comme base de la musique, supérieur à la musique instrumentale et savante.

 

[1] D’après Jacques Chailley, Grèce antique, musique, Encyclopaedia Universalis, V10.

04/02/2021

Haïku

 

Avait-il rêvé
Était-elle innocente ?
Mourir sans savoir

 

03/02/2021

La mue (18 et fin)

Je repense à nos premiers jours et aussitôt je suis entraîné à cette même date et ce même lieu qu’il y a trois ans. Je lui caresse les mains et je vais l’embrasser. Il me semble que je suis pourvu d’une nouvelle faculté : je vis ce que je pense. Je peux me transporter dans l’espace et le temps instantanément selon ma pensée. Mieux même ! Dès que je cesse de penser, je suis transporté ailleurs.

Pourtant, un instant plus tard, sans y avoir pensé, je me trouve entouré de sages, en robe blanche également, qui me regardent. Leurs yeux me sondent jusqu’à l’âme.

– Approche Imer. C’est le jour de ton initiation. Désormais, tu n’auras ni souvenirs ni projets. Il est temps que tu montes dans la hiérarchie. Tu ne vivras plus que d’amour spirituel. L’amour humain est une impulsion qui vient d’en bas, de la matière et indirectement de l’énergie divine contenue en toutes choses. Cette énergie s’adresse à l’homme matériel. Elle peut parfois l’amener à se surpasser lui-même, puisqu’elle retourne à Dieu par l’homme. Cet amour est une énergie incontrôlable qui transforme, mais nous n’en sommes pas maîtres. En revanche, l’amour spirituel n’exclut personne. Il s’adresse à tous sans distinction d’affinité. L’homme empli de l’Esprit dilate son cœur et y inclut le monde. Toute chose, toute personne, est en lui individuellement comme le plus bel objet, le plus bel être. Cet homme ne possède rien, et dispose de tout. Il déborde d’amour pour son ennemi et voudrait lui venir en aide, lui donner la joie débordante qui l’habite. Devenu transparent, n’ayant plus d’être propre, il est le monde et plus que le monde. Il apporte à chacun sa part de lumière.

Un ange s’avance, s’arrête, puis dit solennellement, prenant les autres à témoin tout en me regardant intensément :

– Tu es désormais un ange. Tu as fini ton cycle humain et tu as franchi la porte de la sagesse. Tu n’es plus, car tu es plus. Tu es maintenant le messager du divin. Porte la nouvelle aux hommes et toujours aide-les en toutes circonstances.

C’est ainsi que moi, anciennement Rémi, devenu Imer, j’ai quitté le monde des hommes pour rejoindre un autre monde que j’avais longtemps ignoré.

 

01/02/2021

Peurs

La beauté de ton environnement
t’est-elle, un jour, venue à l’esprit

Tu erres sans cesse entre tes idées
Et ne vois plus la punaise cachée
Tu retournes une page blanche 
Et n’aperçois pas la fuite d’un cafard

À une plus grande échelle
Tu glisses ta main dans le mur
Et sens les fourmis grouiller

La prison de tes sens exacerbés
T’empêche d’apprécier la chatouille
Des pas de tendres mille-pattes
Et la symphonie ailée des moustiques

Alors, fais l’expérience un jour dans ta vie
Enferme-toi dans la prison
Ferme tes écoutilles, serre tes poings
Et laisse-toi aller dans tes peurs enfantines
Jusqu’à verser quelques larmes
Avant d’ouvrir la porte sur le monde
Et de rire de tes frayeurs inavouées

 

30/01/2021

La mue (17)

Nous sommes le 3 septembre. Cela fait un peu plus d’un an que j’ai rencontré la colombe. Je n’ai pas de toit, je n’ai qu’un sac vide, je ne transporte pas de pierre pour reposer ma tête lorsque le soir tombe. Qu’ai-je fait ? Je ne peux vous le dire, c’est une affaire entre le ciel et moi. Je n’ai pas eu un instant de libre, mais je suis le plus libre des hommes. C’est un jour nouveau, mais particulier. Ce matin, j’ai reçu mon attestation. C’est la saison de la mue pour les oiseaux. Je ne suis pas inquiet. Je l’attends avec impatience, sans chercher à imaginer ce qu’elle sera. Ma vie continuera sous une autre forme et je serai toujours Imer.

5 septembre, je ressens les premières transformations. J’ai l’impression de retrouver mes jambes d’humain et je perds pas mal de plumes. C’est véritablement une mue. Qu’est-ce qui va les remplacer ? Mon bec devient mou, je ne peux plus casser une graine. Pourtant j’ai bien encore mes ailes et elles me soutiennent en l’air sans aucune difficulté. Elles semblent même plus agiles que d’habitude.

6 septembre. Je ne me sens pas bien. Reste sous ton arbre et attends, me disent mes compagnons. Je voudrai bien, mais je suis tiraillé sous ma peau. J’ai perdu presque toutes mes plumes, sauf sur les ailes, mais elles ont blanchi et deviennent plus lisses d’heure en heure. J’ai presque retrouvé mes jambes. Elles sont alertes, beaucoup plus qu’auparavant.

7 septembre. J’ai mué. Je suis un homme muni d’une paire d’ailes. Je n’ai pas la même tête qu’avant la première mue. Je ne me décrirai pas. J’ai trouvé une robe blanche au pied de l’arbre sur lequel je m’étais réfugié. Elle me va parfaitement. Si Joséphine me voyait ! Et en un instant, je me trouve aux côtés de Joséphine. Comment cela se fait-il ? Je n’ai fait que penser à elle et je suis auprès d’elle.

– Bonjour Joséphine. Alors, es-tu heureuse avec ton nouvel homme ?

Joséphine est étonnée. Elle se demande qui je suis. Je la regarde, resplendissante, mais elle est maintenant sans attrait pour moi. Elle n’est plus qu’un être humain avec ses instants de bonheur et de malheur, entraînée par les circonstances, tentant de comprendre ce qui lui arrive et dérivant entre ses interlocuteurs.

29/01/2021

Vivre dans le présent

Tous nos problèmes et nos maux viennent de ce que nous ne vivons pas dans le présent.

En fait, nous vivons plus dans le passé et l’avenir que dans l’instant présent. Presque toutes nos pensées sont des résurgences du passé ou des projections dans l’avenir. Nous ne vivons dans le présent que lorsque nous sommes concentrés soit sur une pense, soit sur un désir, soit sur une action. Le reste du temps, notre pensée se partage entre l’avenir et le passé. Elle rêve, nous ne sommes pas réellement éveillés.

Le rappel de soi de Gurdjieff n’est au fond qu’une méthode pour vivre le présent, méthode qui nécessite une concentration intense, donc permet un développement accru du mental.

Plutôt que de se dire « je dois vivre dans le présent et vivre chaque instant avec intensité », il est peut-être préférable au début de bannir toute pensée venant du passé ou orientée vers l’avenir. Ainsi nous sommes tournés vers le présent, ce qui ne veut pas dire que nous n’avons que des pensées matérielles, au contraire, cars alors dans l’action nous agirons vraiment avec concentration, concentration qui pourra être volontaire si nous avons besoin du mental pour agir ou automatique dans les actions quotidiennes ou le corps agit par habitude. Dans le cas des actions automatiques, le mental libéré peut alors se reporter sur des pensées plus hautes et pratiquer la méditation permanente en choisissant un thème ou encore en faisant le vide. Ainsi, l’action vécue gagnera en profondeur et en vérité puisqu’elle sera effectuée avec concentration.

28/01/2021

Conclusion sur la musique sacrée

NOTE MELODIE CONTREPOINT HARMONIE
l'intemporalité

la temporalité

la relativité du temps l'éternité
l'instant dans la durée la durée dans la succession des instants la durée dans la juxtaposition des instants l"union de l'instant et de la durée
DECREATION RECREATION PURIFICATION

UNIFICATION

neume de 3 ou 4 notes

Utilisation d'une formule mélodique

juxtaposition des formules avec accord de 2 notes : tierce, quarte, quinte, octave harmonisation avec accord de 3, 4 5 notes
le neume redonne de la force à la note et purifie le lieu de son émission la formule mélodie ouvre les lieux de l'être la juxtaposition purifie les lieux de l'être l'harmonisation unifie l'être au monde et à Dieu

 

la musique sacrée crée un changement de l'écoulement du temps :

Le présent intensément vécu,

hors du dialogue mental,

devient éternité

25/01/2021

Méditation

Travailler d'abord l'expire 
(inspiration : faire sortir de soi l'agitation)
puis percevoir le moment entre l'expire et l'inspire : temps mort
(mort de soi, vide en soi)
enfin travailler l'inspire jusqu'à l'inspiration
(moment où une présence s'empare du moi)

expiration : lâcher prise, don de soi, abandon
inspiration : ouverture, visitation, plénitude

24/01/2021

Et avant ?

Qu’y avait-il avant treize virgule sept milliards d’années ?
On ne connaît qu’un mur de photons, une lumière fossile
Appelé fonds diffus cosmologique. Rien de visible au-delà !
La science cherche, inventorie, fait preuve d’imagination
Planck décrit ce mur conceptuel, né d’une singularité initiale
Qui ne dure pas ou si peu, entre l’instant zéro de l’univers
Et 10-43 seconde, le temps de Planck ou l’ère de Planck

On se demande même à quoi rime cet instant zéro
Puisque les lois de la physique s’arrêtent devant le mur

Derrière : une énigme sans temps, sans espace, sans matière ?

Y a-t-il eu un instant zéro, nul ne le sait, et pourtant
Planck a bien identifié ou conceptualisé cet instant unique
Pendant lequel les quatre interactions fondamentales
S’appliquaient simultanément dans un bang so big

Avant le bang, il n’y avait rien de matériel
Cela veut-il dire qu’il n’y avait rien ?
Que signifie rien ? N’est-ce qu’une absence ?
L’absence est liée au manque de présence
Et la présence ne serait qu’un signe matériel,
Il y a quelque chose ou il n’y a rien

Mais imaginer ce rien, n’est-ce rien ?
Imaginer ce rien est-il interdit ?
Ce rien est sans consistance, sans temps ni espace
Et pourtant il est et nous pouvons en parler
Nous pouvons même concevoir différents rien(s)
Les comparer, les analyser et imaginer
Leur impact sur la réalité. L’imaginaire existe
Mais qu’est-il ? A-t-il une existence propre ?
Le monde imaginaire ou plutôt les mondes imaginaires
Sont, mais n’existent pas au sens matériel
Ces bulles sans existence physique sont et faits
D’une matière non consistante mais réelle
Puisque je peux les utiliser et progresser
Dans ma vision du monde, même matérielle
Elles font preuve d’une réalité différente
D’un monde d’idées qui se cherchent, se battent
Gagnent ou perdent sur une échelle de différenciations
Réelle, mais sans consistance, vide de matérialité

La bouillie des idées est un autre monde
Différent, réel, mais imaginaire
Où Dieu se conçoit et se construit sans fin
Et ce n’est pas encore le monde divin !

23/01/2021

Verte

Le décor n’a guère changé
Le vert en compose la toile de fond
Vert de la fièvre de l’enfance
Vert des délires verbaux
Vert des fumeries d’opium
Vert d’un mal de tête
Et pourtant tu trônes hors de toi-même
Dans l’obscurité de tes maux
Et la blancheur de tes pouvoirs
Le décor se meut hors de toi-même
Tu marches léger, en chaussettes
Un brin d’herbe entre les dents
Tu regardes défiler ta vie
Un va et vient d’automne
Une immobilité bienvenue
Une queue de rat comme main courante
Qui parfois s’immobilise
Pour mieux te piéger et tromper
Ton sens aigu de l’écoulement du temps
As-tu vu passer ces années ensoleillées
Ta jeunesse dans ses craintes
Tes désirs ambigus et vertueux
La caresse troublante et passionnée
De celles que tu convoitais
Jusqu’au jour où tu la rencontras
Verte de vertus esseulées
Parapluie contre l’adversité
Immortalisée et tremblante
Sous la pluie de sa beauté
Que toujours tu contemples
Encore maintenant et à jamais
Le regard fixe et émerveillé
Seul point fixe dans ton rêve
D’une vie de jeune homme
Toujours à fleur de peau
Oui, le vert te va bien
Même lorsqu’il jaunit

22/01/2021

La mue (16)

– Mais il faut du temps pour arriver à une telle chose, objecta quelqu’un.

– Non, il faut que vous soyez possédé par le sentiment de l’urgence : urgence à vivre la vraie vie, urgence à aider les autres à découvrir ce que j’avais découvert, urgence à transformer le monde par l’amour qui peut tout. Savoir qu’au bout du chemin existe la mort et ne rien faire jusque-là, c’est gâcher sa vie et celle des autres par absence d’attention. Néanmoins, je concède que le temps est indispensable pour parvenir au but.

– C’est quoi ce but ? dit un autre en équilibre sur un fil téléphonique.

– C’est le bonheur, quoi qu’il arrive dans notre vie. Cette compréhension demande du temps, certes, mais la transformation peut venir en un instant.

Je m’interroge. Comment cette colombe a-t-elle pu rallier tous ces oiseaux alors qu’hier j’étais pratiquement seul avec elle ? Serait-ce tout simplement qu’elle possède la conviction et que celle-ci entraîne les autres, qu’elle possède la pureté et que celle-ci convainc les autres. Et moi, et moi, que deviens-je dans tout cela ? C’est alors qu’il m’apparaît clairement que je suis directement concerné par ce que proclame la colombe. Je me tiens immobile et médite cette nouvelle vie qui s’ouvre devant moi. Je me sens le cœur léger, l’esprit aventurier. Mes réflexes d’homme moderne ne m’ont pas sauvé du désastre ; inversement, je suis encouragé par cette colombe qui me dit de tout abandonner, ce que je vais faire à partir d’aujourd’hui. Voilà, c’est fait, j’ai oublié mon passé et me tourne vers le présent et l’avenir. Non, je me tourne vers le néant et celui-ci est aimable et grand. Quelle idée ! Et pourtant, c’est vrai, ce vide m’attire et me donne la chair de poule. Adieu ma vie, en route pour la vraie vie.

La colombe prend son envol, tournoie autour de moi, plane et se pose à mes côtés. Elle me regarde avec tendresse, mais fermeté et dit :

– Toi, Rémi, je connais les événements qui t’ont conduit ici. Je vois tes efforts et ton cheminement intérieur. Tu as, par expérience, compris ce qu’est la vie, la vraie, celle qui est au-delà de ce que nous percevons et ressentons. Dorénavant tu ne t’appelleras plus Rémi, mais Imer. Tu te consolideras toi-même, tu flotteras pour aider les autres et tu connaîtras une nouvelle vie, la vraie, bientôt.

La colombe me caresse de son aile, me regarde une dernière fois et dit :

– Je ne te verrai plus. Tu en sais suffisamment pour voler de tes propres ailes. Sois fort, ta prochaine mue est pour bientôt.

Sur ces paroles que je ne comprends pas réellement, elle s’envole, fait un rond au-dessus de ma tête et s’éloigne. Je suis seul, mais je suis habité d’une nouvelle force qui me guide et me donne détermination et certitude. Je prends mon envol et pars, loin de mon appartement et de Joséphine. Le cordon est coupé, en avant !

21/01/2021

Les formes de musique sacrée

Alain  Danielou  distingue  plusieurs  formes  de  musique  religieuse  et  de  danses  sacrées. Dans ces formes, la musique modale tient une place essentielle. 

Les formes de musique religieuse
* les bruits ou complexes sonores, qui servent à créer un climat de terreur sacrée ; 
* les formes à prédominance rythmique qui servent de base aux danses sacrées ; 
* les  musiques  royales  et  guerrières  destinées  à  donner  de  la  grandeur  aux  cérémonies civiles et religieuses ; . 
* les psalmodies des textes sacrées, avec trois grands courants : 
    la psalmodie védique (2° millénaire avant Jésus-Christ) ; 
    la psalmodie du monde méditerranéen, d'origine juive ; 
    la psalmodie bouddhique, beaucoup plus récente ; 
* les   musiques   modales   savantes,   employées   comme   moyen   de   concentration   intérieure ; .
*  les hymnes chantés, dérivés des formes savantes et populaires ; 
* la  musique  savante  de  style  profane  créées  pour  donner  plus  de  grandeur  aux  cérémonies religieuses. 

Les danses sacrées
Elles comprennent : 
. les  danses  extatiques  et  prophétiques,  dont  les  plus  fondamentales  sont  d'origine  africaine, hindoue et turques (derviches tourneurs) ; 
. les danses à signification cosmologique (cérémonie chinoise et japonaise) ; 
. la  danse  théâtrale,  conception  spécifiquement  hindoue,  mais  qui  s'est  également  manifestée dans la célébration des mystères du moyen-âge. 

La musique modale
La musique sacrée est partout spécifiquement modale, car c'est cette forme de musique qui exerce l'action psychologique la plus efficace. 
Les raisons tiennent à l’existence : 
. d'une tonique, son de référence autour duquel tourne les notes de la mélodie ; 
. d'intervalles répétitifs agencés en formules ou groupes de notes semblables ; 
. d'une finale dont l'arrivée procure un temps de silence et de plénitude ; 
. d'un rythme qui divise le temps dans la durée et non dans l'instant. Ce rythme n'a rien à voir avec le rythme tel qu'il est compris actuellement : ainsi la valse adopte non pas un rythme à trois temps, mais un rythme à 24 temps (3 fois 8), car ce sont les groupes de 8 mesures qui exercent une action psychologique sur les danseurs. 

20/01/2021

Fil d'Ariane

Vous arrive-t-il d’être muet
Et de n’avoir aucune pensée 
Rien qu’un vague écœurement 
Qui vous fait rejeter l’environnement
Et vous contraint à vous lover
Sur un délicat et discret secret ?

Le monde vous délaisse
Eh bien laissez-le tomber
Prenez votre tête en main
Et courez la mettre au coffre-fort
Puis sortez en toute liberté
Aux vues de tous et toutes

Montrer vos faiblesses
Faites entendre vos plaintes
Transformer votre solitude
Jusqu’à ce point unique 
Où tout ne rime à rien
Et rien devient le tout

Alors se dévoilera l’absence
Ce tendre matelas de laine
Où s’enfonce ce moi
Et d’où émerge le soi
La légèreté faite autre
Hors de toute connaissance

Flottez au-dessus du quotidien
Mêlez-vous à l’inconsistant
Aux nuages sans image
Jusqu’à n’être plus qu’un filament
Encore attaché au pouvoir
D’être homme sans devenir

A… Dieu…
Ne rompez pas le fil…

19/01/2021

Parution "Les voyages intérieurs"

Les voyages intérieurs

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« Deux jours plus tard, ils entrèrent sans coup férir dans la place, soigneusement déguisés en paysans rustres et avinés, ayant caché leurs armes dans les tonneaux emplis de vin. Réfugiés dans une auberge à cent sous, ils partirent en reconnaissance, dispersés, se mêlant au bon peuple qui n’avait pas l’air si réjoui de la présence anglaise. Le plan fut mis au point pour la prochaine sortie de Jeanne de sa prison, quel que soit le moment, avant ou après le jugement. »

 

Le livre contient 4 nouvelles :
. L’essence de Pierre Heurtebise de Praguilande,
. L’homme sans ombre,
. Ephistole Tecque,
.La fin de l’histoire

Date de parution : 15 janvier 2021
Prix public : 19,90 €
Page : 232
ISBN : 978-2-7547-4426-3

https://www.amazon.fr/voyages-int%C3%A9rieurs-R%C3%A9cits-insolites/dp/2754744266/ref=sr_1_1?__mk_fr_FR=%C3%85M%C3%85%C5%BD%C3%95%C3%91&dchild=1&keywords=Les+voyages+int%C3%A9rieurs+loup+francart&qid=1609752597&s=books&sr=1-1
https://www.editions-pantheon.fr/catalogue/les-voyages-interieurs/
https://livre.fnac.com/a15593144/Loup-Francart-Les-voyages-interieurs?oref=00000000-0000-0000-0000-000000000000&Origin=SEA_GOOGLE_PLA_BOOKS&esl-k=sem-google%7cng%7cc294196405911%7cm%7ckpla374773846696%7cp%7ct%7cdc%7ca58200328279%7cg1553156614&gclid=EAIaIQobChMIz4j4hY727QIVWunmCh26zgM3EAQYASABEgKQ3fD_BwE&gclsrc=aw.ds
https://www.furet.com/livres

Entrer en soi-même pour y faire la découverte de l'extraordinaire et du paradoxal dépassement de soi. Cette plongée éminemment personnelle est la condition sine qua non à ce que les personnages de ces nouvelles vont vivre comme une libération. Pierre, Mathis, Éphistole et Nicéphore tâtonnent, trébuchent, avant de faire l'expérience de la vacuité de soi et de cette liberté chèrement acquise. Car relever la tête a un prix. Lequel êtes-vous prêt à payer ?

Loup Francart imagine avec humour et une lucidité aiguë les remises en cause intimes de quatre hommes. Méditation, philosophie et tendre ironie font bon ménage sous sa plume si caractéristique.

Auparavant expert en stratégie et gestion de crise, l'auteur se consacre aujourd'hui à ses passions artistiques, la peinture, la musique, la littérature. Il tient également un blog dans lequel il fait part de ses réflexions sociétales et personnelles.

AVIS DE L'ÉDITEUR : Dans ces nouvelles extra-ordinaires, Loup Francart démontre la puissance de deux incontournables du développement personnel : l’introspection et la méditation.

 

18/01/2021

La mue (15)

Je me dirige vers mon appartement. Où irai-je autrement ? Elle est là, je vois son ombre dans la cuisine. Je m’approche de la fenêtre. Ah, elle n’est pas seule. Ça y est, il est adopté. Ça n’a pas duré longtemps. Mais, ayant maintenant un peu de recul, je constate que j’ai fait de même plusieurs mois auparavant. Alors, pourquoi reprocher à cet homme ce que j’ai fait moi-même ? Sur le rebord de la fenêtre, je médite : j’ai reçu Joséphine en cadeau du ciel, il l’a reçoit en cadeau, quoi de plus normal. Est-elle coupable ? Non, ce sont les circonstances qui l’ont conduite à cette attitude. Ma disparition de sa vie est logique et correspond à ce que recherchent les autorités. Alors, laissons-les, éloignons-nous et parcourons le monde pour y trouver la paix. Hum, plus facile à dire qu’à faire. Je m’installe non loin de là. Je ne suis pas encore suffisamment libre pour m’éloigner sans un regard.

Ce matin, je m’installe tôt sur le toit de l’église. Je ne veux pas rater la venue de la colombe. Elle n’est pas encore là. Mais je remarque plusieurs races d’oiseaux qui sont là. D’ordinaire, ils ne se côtoient pas. Aujourd’hui cela ne les gêne pas, chacun pépie dans son propre langage, le front haut, la plume légère. Tous semblent attendre. Attendraient-ils la colombe ?

Celle-ci apparaît, un brin d’olivier dans le bec, semblable à son image. Elle la dépose à ses pattes, regarde les oiseaux présents, les salue de la tête et leur parle dans leur cœur :

– Chers amis, je suis heureuse de vous retrouver. Cela prouve que vous avez médité mes paroles et que vous avez commencé à vous transformer. Je ne vous demande pas une métamorphose. Non, une simple mue. Restez ce que le créateur a fait de vous, chacun unique et possédant sa vocation propre. Mais transformez votre cœur, réveillez votre intelligence, ouvrez votre âme à la vie et celle-ci deviendra enrichissante et multiple. Ne vous souciez pas de ce que vous allez devenir, vivez que diable, sans aucune arrière-pensée. Soyez dans l’instant, là où vous êtes, sans penser à un autre temps ou un autre lieu. Faites le vide en vous et l’univers vous pénètrera. Vous vous unirez à lui ; vous ne serez plus, vous vivrez.

17/01/2021

Le monde caché

 

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Derrière la grandeur et la beauté de l'univers

se cache la lumière divine, tremblotante

mais sûre d'elle

qui jamais ne se confond

avec la consistance de la matière

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L'infini derrière le moi

qui apparaît avec modestie

dans l'émerveillement du Soi

16/01/2021

La musique sacrée : voie de purification (10)

L'harmonie

Le but ultime recherché dans la musique est alors atteint. L'âme devient réceptacle, vase transparent où les vibrations s'harmonisent et se complètent. L'invisible s'unifie au visible dans l'âme devenue vierge, le visible laisse entendre les sons de l'invisible. Chaque chose, chaque être exprime totalement l'amour divin avec lequel il a été créé.

Ainsi parle l'apôtre divin : "depuis la création du monde, les choses invisibles sont contemplées à travers les créatures". Si à travers les choses visibles les invisibles sont contemplées, dans une bien plus grande mesure les choses visibles sont approfondies à travers les invisibles par ceux qui s'adonnent à la contemplation. Car la contemplation symbolique des choses spirituelles à travers les visibles n'est autre que la compréhension dans l'Esprit des choses visibles à travers les invisibles. Maxime le Confesseur

En celui qui atteint cette harmonie inexprimable faite d'amour brûlant pour tous et tout, les deux aspects qui semblent parfois s'opposer dans la musique se réunissent. Celui qui écoute avec l'ouïe de l'âme rejoint pleinement celui qui joue ou qui chante. Le musicien entre dans la magie divine de la création, il devient créateur non dans l'effort et le travail, mais dans la co-naissance et le vécu. Il est unifié intérieurement et uni à l'univers et à Dieu.

Dans la connaissance, l'esprit offre les essences spirituelles de l'univers, comme autant de dons qu'il fait à Dieu. Dans l'existence, l'esprit reçoit des dons en explicitant par la vie toute la splendeur de la sagesse divine déposée invisiblement dans les êtres. Maxime le Confesseur

Le musicien, le chanteur, se laisse enivrer par l'Esprit qui s'exprime à travers son art. Ce n'est plus lui qui joue avec sa vision personnelle du monde, avec sa culture et ses connaissances musicales. Quelque chose, quelqu'un de plus grand que lui, joue en lui, chante en lui avec des gémissements ineffables, avec des cris de joie, avec la tendresse de l'amour, avec les larmes de la compassion.

La musique trouve alors sa véritable finalité. Elle dévoile l'harmonie qui existe entre le créé et l'incréé, le visible et l'invisible, le son et le silence. Elle conduit celui qui la pratique à s'harmoniser lui-même avec le visible et l'invisible. Elle participe à l'acte créateur, elle devient voie d'expression du Verbe.

Le but de la foi, c'est la vraie révélation de son objet. Et la vraie révélation de l'objet de la foi, c'est la communion indicible avec lui... Et cette communion est le retour des croyants à leur principe comme à leur fin... et donc le rassasiement du désir. Et le rassasiement du désir, c'est la stabilité éternellement en mouvement des désirants autour de l'objet désiré... et donc l'éternelle jouissance sans séparation... la participation aux choses divines. Et cette participation aux choses divines est la similitude du participé et des participants. Et cette similitude, c'est, selon l'énergie, l'identité des participants avec le participé... Cette identité, c'est la déification. Maxime le Confesseur

15/01/2021

La vie

Le vers de terre est un drôle d’être
Comment ne pas lui donner raison ?
Il lui arrive d’être prisonnier
Mais il se délivre sans difficulté
En se lovant sur lui-même 

L’oiseau moqueur a une grande gueule
Et un petit bec prétentieux
Il ne sait pourtant pas protester
Face aux attaques des petits
Qui l’accablent et rient de son inconséquence

L’homme dans sa naïveté frêle
Court après la vie sans pouvoir la doubler
Il lui tend même des embuscades
Sans toutefois pouvoir la piéger
Il ne sait pas feinter le dernier jour

14/01/2021

Peinture

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En préparation

formes apparaissant

la clarté en jeu

13/01/2021

Rêve d'automne

 

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Fumée du diable,

c'est mieux que l'herbe viable,

de Castaneda.

 

11/01/2021

La mue (14)

Je sais bien que je ne me parle pas à moi-même. Alors, qui est-ce ? Je regarde autour de moi. A côté, sur le même toit, je vois une colombe qui me regarde. Elle est arrivée sans bruit et s’est posée là, comme pour converser avec moi. Elle parle comme vous et moi alors que je ne comprends rien aux pépiements des autres oiseaux. Mieux même, elle me parle directement dans ma tête sans avoir besoin de la voix, organe naturel de la parole.

– Croyez-vous ma situation enviable ?

– Ce ne sont pas les situations qui comptent, mais la façon dont on les vit.

– …

– D’ici tu vois toute la ville, tu devines les peines et les joies selon les circonstances, mais tu sais intimement que ce n’est pas ça l’important. Ce qui compte, c’est ce que l’on fait de ce qui nous arrive. Fabrique-t-on du miel ou du fiel ? Et tu sais qu’il n’appartient qu’à toi de choisir, même si tu ne penses qu’à toi pour l’instant.

– Mais qui êtes-vous, vous qui me parlez ?

– Je ne suis qu’un simple pigeon. Ma seule liberté tient à l’amour. Celui-ci est tout puissant et universel. Je vole sur le monde sans m’attacher à ce qui se passe, mais à ce qui est vécu. Je ne connais que l’intérieur de l’homme et le laisse se saisir des situations. Il apprend dans l’expérience, il saisit dans la science, il comprend dans la conscience et enseigne l’obédience aux intuitions de l’âme.

Que répondre à cette déclaration ? L’ai-je d’ailleurs bien comprise ? Cette colombe est assurément plus qu’un simple pigeon ou une vulgaire tourterelle. Alors je m’efforce de la voir sous un autre jour. Mes yeux s’ouvrent, mon cœur éclate, ma rationalité cède et je découvre l’amour. Cette simple créature devient un être à part entière, plus qu’un humain, au-delà de son apparence physique au demeurant charmante.

– Va mon frère. Tu en as assez appris aujourd’hui. Médite ces paroles et reviens demain.

J’obéis et plonge dans le vide céleste apparu devant moi et qui me porte d’espérance. Je suis léger, détendu et plein d’énergie. La vie s’ouvre et devient nouvelle. Je la découvre et le monde devient autre.

10/01/2021

La musique sacrée : voie de purification (9)

Purification et unification

La musique sacrée méditative donne à l'homme un moyen de concentration. Cette concentration le purifie. La purification conduit à l'unification de l'être.

La première qualité de ce type de musique doit être de permettre la concentration, c'est à dire de calmer le mental, d'évacuer peu à peu le dialogue intérieur qui sans cesse s'impose à nous, malgré nous. C'est l'attention sur la mélodie qui mène à la concentration en en faisant le fil conducteur des pensées. Le but de l'harmonie, lorsqu'elle est jointe à la mélodie, est de créer l'ambiance intérieure sans distraire la concentration. La musique modale où le rythme et le rappel de formules mélodiques créent un univers sonore particulier, est plus appropriée à cette recherche que la musique dite classique, c'est à dire formée à partir de gammes mineures ou majeures.

Lorsque l'esprit a atteint un certain calme, le corps va pouvoir s'éveiller aux sons. La musique n'est plus entendue par l'intermédiaire de l'ouïe. L'ensemble du corps, devenu perméable aux vibrations, se laisse pénétrer par la mélodie qui l'enveloppe et le fait vibrer. Les sens s'éveillent, libérés de la tyrannie du mental. Le corps apprend à co-naître par lui-même. Ce n'est plus la mémoire des sensations qui s'impose, mais la sensation elle-même, pure, dans l'instant. C'est ici et maintenant que je suis, et non hier ou demain, là ou là-bas. L'instant saisi dans toute sa plénitude ouvre alors à l'éternité.

Le mental et le corps purifiés vont permettre au cœur de s'ouvrir. Pour les Pères de l’Eglise, le cœur est le lieu de l'esprit purifié, le centre de l'homme, l'endroit d'où tout doit venir. Il faut d'abord le débarrasser de ce qui l'opacifie, séparer les émotions des sentiments et les sentiments de l'amour, sentiment ultime, vie du cœur. La musique sacrée fait fondre les cœurs de pierre, les purifie et les transforme en calice pur, coupe offerte au monde et à Dieu.

L'être unifié, purifié d'un moi dominateur, devient prêtre dans toute la plénitude du mot, c'est à dire intermédiaire actif entre Dieu et l'univers. Offert en totalité à la vie divine, il fait monter vers Dieu le cri du monde et renvoie au monde la réponse divine de l'amour, la plénitude de l'Esprit. Temple du Saint Esprit, l'être se transfigure et se divinise.

C'est ainsi qu'en réalité cela devrait être, la grâce divine habitant au plus profond de nous, dans notre cœur. Le Seigneur a dit : "Le royaume des cieux est au-dedans de vous". Par le royaume des cieux, il entend la grâce du Saint-Esprit. Ce royaume de Dieu est en nous maintenant. Le Saint-Esprit nous illumine et nous réchauffe. Il emplit l'air ambiant de parfums variés, réjouit nos sens et abreuve nos cœurs d'une joie indicible. Staretz Séraphim de Sarov

09/01/2021

Jeu de miroirs

 

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Mystère et rêve

La nature se regarde

Et toi, où es-tu ?

 

08/01/2021

Perception

Lorsque la conscience s'abandonne, c'est-à-dire lorsque la perception de soi se résume à un voile transparent entre le naturel et le surnaturel, l'univers se dévoile : la distance et la durée, l'espace et le temps s'abolissent, chaque chose, chaque être peuvent être perçus intérieurement.