Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

25/07/2020

L'étrange bataille de San Pedro de Atacama (31)

En réalité, ils étaient effroyablement inquiets. Sans même en avoir encore parlé, aucun des deux ne voyait ce qu’ils pourraient faire pour contrer cette machination. Emma s’alarmait pour ses filles qui n’avaient pas vraiment semblé comprendre l’enjeu de ce qu’avait avancé le chilien. Elles partageaient un certain sentiment pour cet homme qui les troublait, voire les envoûtait. Mais de là à se jeter dans ses bras sans réfléchir, elle n’y croyait pas. En réalité, elle se refusait à croire qu’une de ses filles était prête à quitter le cocon familial pour une aventure, car ce ne pouvait être autre chose, avec un homme qu’elle n’avait jamais vu il y a encore huit jours et qu’elles ne connaissaient nullement de vive voix. Emma n’envisageait pas un instant ce projet d’un mariage qui lui paraissait un cauchemar heureusement irréalisable. Elle n’envisageait pas non plus l’autre possibilité, à savoir le passage au fil de l’épée des habitants du village. Un cauchemar encore plus difficile à concevoir. Et pourtant, entre ces deux possibilités, le blanc, le vide, le désespoir. Quant au capitaine, il était plus inquiet encore, car il portait la responsabilité de la défense du village et ne pouvait concevoir un instant de l’abandonner, de la même manière qu’il ne pouvait examiner avec sérieux un mariage tel que le concevait les Chiliens. Quelle solution lui restait-il ? Certes, il pouvait estimer les chances de la garnison d’assumer sa défense seule. Il était prêt à se battre jusqu’au bout et à mourir pour protéger sa famille et les villageois. Mais, cela suffirait-il ? Il lui semblait bien que non. Il pouvait également tenter une sortie avec l’ensemble de la garnison pour chercher du secours, laissant les villageois ouvrir les portes et accueillir les Chiliens en leur offrant ce qu’ils possédaient. Mais il n’était pas sûr que ceux-ci leur laisseraient la vie sauve. Il avait du mal à approfondir un tel plan, en raison de ce que sa femme et ses filles deviendraient si les Chiliens entraient dans la place. L’homme avait bien dit qu’il s’agissait d’un marché. Il était évident que si la partie bolivienne contrevenait à une des règles du marché ce serait un massacre. Cependant, l’homme avait également énoncé, en premier lieu, que les troupes chiliennes passeraient au fil de l’épée tous ceux qui s’opposeraient à leur assaut. Peut-être accepteraient-ils que les villageois leur ouvrent les portes sans opposition ? Mais pouvait-il courir le risque d’une mauvaise interprétation du marché ? Et, dans tous les cas, il aurait failli à sa mission : tenir la place forte de San Pedro qui appartiendrait alors aux Chiliens. Il avait beau essayer depuis le moment où l’homme avait énoncé son marché, de trouver une solution, il ne voyait pas ce qu’il pouvait faire. Alexandro et Emma se couchèrent sans avoir prononcé un seul mot, se tenant fortement serrés dans les bras de l’autre, s’embrassant sur la bouche pour éviter d’avoir à se parler, essuyant de leurs lèvres les larmes qui coulaient de leurs yeux.

24/07/2020

Accomplissement de l'homme

Développer en soi l’image divine de la Trinité qui correspond à ces trois centres : l’intellect ou le mental, le cœur ou les sentiments et le corps ou le centre vital.

Faire en sorte que les trois moyens d’expression de l’existence soient en harmonie avec la volonté divine :

* la connaissance pour le mental,

* l’amour pour les sentiments,

* l’action pour le corps.

Quel voyage pour une vie !

22/07/2020

L'envol

20-07-22 (13-04-09 Symétries) Mouvement2.jpg

Où es-tu, toi, l’inconnu ?
Ce pincement au cœur
Est celui de toujours
Aux moments de détresse
Un arrêt du cœur
Un bruissement de la pensée
Le noir de l’absence
Le rouge de l’épouvante
Le jaune de la désolation
Le vert de la quiétude
Le bleu des regrets
Le pourpre de l’affolement
L’incolore du néant
Tout ce que j’ai aimé
Est perdu jusqu'à cette douleur
Qui me berce les entrailles
Et m’empêche de prendre mon élan
En sautant la barrière
Pour plonger dans l’après
Qui n’est probablement qu’un avant
En absence de présent
J’ai percé l’espace
J’achève le temps
L’envol devient mon mode d’existence
Jusqu’au dernier atome

Je travaille sur le prochain livre qui parle de la quête de Dieu. Mais c'est une longue histoire. Il ne se laisse pas ligoter au pilori de l'information.

©  Loup Francart

21/07/2020

Tout ou Rien ou Tout et Rien

Rien et ce rien engendre le Tout
Mais ce rien est-il le néant ?
Donner un nom à ce qui n’est pas
C’est livrer une chimère sans logique
Ce néant est-il le non-être ?
Qui peut dire non-être
S’il n’est pas lui-même
Il y a donc de l’existence dans l’absence d’être
Tout est lié au Tout
Même parler d’absence de tout
Implique la présence d’être
Dieu seul dans sa lunette
Voit l’homme devenir être
Dans un monde d’irréalité

©  Loup Francart

20/07/2020

L'étrange bataille de San Pedro de Atacama (30)

– Je vous propose un marché. Le capitaine Barruez, en charge de la défense de votre village, possède trois filles, toutes jolies et bien faites. Qu’il nous en offre une, celle qui le désire, pour convoler avec moi ! Aucun coup de feu ne sera échangé, les habitants auront tous la vie sauve, la garnison sera faite prisonnière et l’hospitalité est offerte à la famille du capitaine par le Chili. Vous avez une semaine pour vous décider. Je reviendrai dans huit jours exactement et vous devrez me donner une réponse. Cette proposition ne peut se discuter. Elle est à prendre ou à laisser !

Là-dessus, l’homme regarda en direction des trois jeunes filles, leur sourit aimablement, salua et repartit paisiblement. Une des sentinelles le tenait en joue, mais le capitaine leva la main pour lui faire comprendre qu’il ne devait pas tirer. Ses filles n’avaient pas réagi au discours Elles ne semblaient pas l’entendre ou ne comprenaient pas que le marché parlait bien d’elles. Mais la convergence des regards des personnes présentes les troubla. Elles rougirent légèrement, puis regardèrent leur père, semblant l’interroger sur l’attitude à prendre. Celui-ci, d’un geste discret, fit signe à sa femme qu’il était temps de partir avant que les conversations, voire les interrogations, ne commencent à fuser. La famille quitta la porte sous les regards interrogatifs de la population sans que celle-ci, cependant, n’ose poser une question. Et pourtant, les interrogations ne manquaient pas. Pourquoi la famille du capitaine était-elle visée ? Que comptait faire le capitaine ? Pourrait-il imposer quelque chose à ses filles ? Ne va-t-il pas entrer en conflit avec sa femme ? Comment se sortir de ce conflit digne des tragédies grecques sans y laisser des plumes ? D’ailleurs, très vite après leur départ, ces questions devinrent le sujet de conversation de toute l’assemblée près de la porte du village. Aucun n’avait une idée de ce qui allait se passer, mais tous avaient quelque chose à dire. Les villageois rentrèrent plus tard que d’habitude chez eux, emplis de curiosité.

Le retour à la maison du capitaine se fit sans difficulté, les filles papotant entre elles, les parents devisant de choses et d’autres sans une seule fois évoquer ce qu’avait dit le chilien. Ils leur dirent bonsoir, peut-être en les serrant un peu plus cette fois-ci. Puis ils se retirèrent dans leur chambre.

19/07/2020

Sens cosmique

Se laisser enlever par le sentiment d’un abandon, de l’absence de présence humaine, de soutien de l’habitude et de l’appréciation de l’autre.

Un maelstrom qui t’enserre le cœur, le comprime et t’extrait de toi-même pour te projeter dans le vide cosmique et la violence de ton inefficacité. Tu imagines ce monde grandiose sans la profondeur de la pensée, sans la prise en compte de cette aspiration  vers un autre toi-même, plus intense, plus aspirant, une tension permanente qui t’enserre et t’oblige à aller au-delà de ton petit moi enveloppé de douceur baveuse.

Plonge dans l’absence, ouvre-toi à un autre toi-même et erre dans l’immensité du cosmos.

18/07/2020

Entre en toi-même

 

Avoir la foi, croire, est-ce un trompe-l’œil ou une réalité ?
Le monde intérieur peut-il n’être que le produit du monde extérieur ?
Qu’est-ce que le réel ? Que signifie l’imaginaire ?
Le spirituel peut-il n’être que l'invention de nos sens ?

Je crie vers toi…
Y a-t-il quelqu’un au bout du fil ?
Le silence du vide… ou le vide du silence ?
Suis-je réellement lorsque je ne suis plus ?

L’homme crée-t-il la réalité
Ou celle-ci crée-t-elle l’humanité ?
La cause première est-elle la fin ultime ?
Quelle énigme que la vie !

Entre en toi-même et tu vivras !

©  Loup Francart

17/07/2020

Lui

Au commencement
Il n’y avait que l’amour
Et l’homme était seul

Face à lui-même
Il se sentit créateur :
A lui le monde

Il erra longtemps
Chercha sa place
Enfin s’oublia

Sans soutien du moi
Il découvrit l’absence
Et partit sans lui

Il trouva le soi
Revêtit la transparence
Plongea dans l’amour

Seul il devint deux
Fut la sagesse du soi
Sans renier le moi

©  Loup Francart

16/07/2020

L'étrange bataille de San Pedro de Atacama (29)

Quelques jours plus tard, peut-être une dizaine, l’homme revint. Le repas du soir était achevé, les villageois étaient sortis prendre l’air toujours chargé de moiteur, en attendant qu’il se rafraîchisse avec la tombée de la nuit. De longues trainées de nuages barraient l’horizon laissant l’impression d’un jour inachevé. La famille du capitaine Alexandro Barruez, comme les autres, se promenait tranquillement dans les rues du village, saluant au passage les personnalités lorsqu’un cri s’éleva du côté de la porte du village : « Le revoilà ! Le revoilà ! ». Avec toute la dignité possible que sa fonction le contraignait à prendre, le capitaine et sa famille se dirigèrent promptement vers le lieu des cris. Déjà une partie du village s’était massée autour de la grande porte, contemplant l’être qui avançait, un bâton à la main, revêtu d’une peau de bête, marchant souplement, comme soulevé de terre, le regard haut, perdu dans les étoiles dont certaines commençaient à pointer dans le ciel. Oui, il était beau. Jeune encore, entre vingt et vingt-cinq ans, blond, grand, mais sans plus, bien taillé, sans une once de graisse. Mais ce qui retenait l’attention était sa manière de se mouvoir. Il se déplaçait avec grâce, comme si le sol était fait d’ondes qui portaient ses membres au pas suivant, sans effort. Ses déplacements semblaient venir avant l’effort physique, peut-être même avant que le cerveau ne dise à ses muscles de se mouvoir. Aussi il était impressionnant de le voir avancer vers le village, en pleine possession de ses moyens, pas du tout impressionné, comme pour une promenade à l’égal de celle des villageois ce soir de chaleur. S’arrêtant à quinze mètres de la porte, il ne bougeait pas, attendant que la population continue de se masser autour de la porte et fasse silence. Le calme s’installa, la nuit tombait doucement. C’était le moment de proclamer quelque chose.

– Oyez, braves gens, ma proposition ! Les troupes chiliennes vous encerclent. Elles n’attendent qu’un ordre pour donner l’assaut. L’issue de celui-ci ne fait aucun doute, elles vaincront et passeront au fil de l’épée tous ceux qui s’y opposeront, femmes et enfants compris.

L’homme s’arrêta, pour marquer son effet. Un brouhaha monta de la foule qui s’arrêta aussitôt qu’il ouvrit à nouveau la bouche :

15/07/2020

Nouvelle humanité

C’est la fin de la nuit, le calme campagnard
Règne sur l’espace et emprisonne le temps
Seules les particules coulent sur leurs trajectoires
Sans détermination, avec roucoulement

Perdu entre le nom et de plus la fonction
Un homme s’interroge, la terre dans l’ombre
Chaque matin je suis, chaque soir création
Chaque nuit j’engendre, mort dans la pénombre

Ainsi va le destin, entre être et néant
Au cours d’une soirée, aux prises à la folie
L’œil ouvert sur le monde, océan bienveillant

Marche encore et toujours, jusqu’au bout du chemin
Sans regard derrière et sans mélancolie
Jusqu’à la naissance d’un monde plus humain

©  Loup Francart

14/07/2020

Indécision

 

19-09-24 Equinoxe.jpg

Sur la bascule

tu rêves le temps et l'espace

sans pouvoir choisir !

©  Loup Francart

 

 

13/07/2020

L'observatoin de soi

Faire taire en soi celui qui s’observe. Il est toujours là à dire : « Je n’arrive pas à me quitter et à ne plus me voir pour être. » C’est le moi existentiel  qui ne veut pas céder, la matière qui ne veut pas lâcher, toute cette partie de nous-même qu’il faut abandonner pour être. Lutter contre le moi, s’abandonner au soi, c’est-à-dire à l’âme qui cherche à s’abandonner au divin.

Alors survient la nouvelle naissance, celle de l’esprit. Elle est perceptible et consciente comme une séparation qui se fait en nous, à la fois montée et descente vertigineuse, descente du matériel, montée vers le spirituel, sans rupture de l’être propre. C’est la perception  du monde spirituel, véritable univers immatériel, aux lois différentes de notre monde.

12/07/2020

L'étrange bataille de San Pedro de Atacama (28)

Pendant ce temps, sa femme et ses filles vaquaient à leurs occupations. Les filles suivaient des cours par correspondance avec le passage d’un professeur un jour par semaine. Le reste du temps, elles travaillaient chacune dans leur chambre, avec beaucoup d’assiduité, il faut le dire. Mais depuis quelques temps, en fait depuis l’apparition de l’individu devant la grande porte, cette assiduité connaissait des trous de mémoire. Elles rêvassaient devant leurs mathématiques, écrivaient des dissertations insolites, parlant d’émotions amoureuses, rappelant les sentiments exacerbés de jeunes filles en passe de devenir femmes. Tout cela, chacune à leur manière. L’ainée était raisonnable. Elle se savait belle. Aussi s’interdisait-elle tout sentiment pouvant la conduire à des décisions irréfléchies. La seconde était plus indépendante et plus intellectuelle. Elle disséquait ses émotions, les rapprochait de celles de ses héros littéraires et pouvait ainsi se comparer avec tel ou tel personnage extravagant qui décide de sa vie sans tenir compte de l’avis des autres. La dernière avait un cœur sensible, pure, celui d’une toute jeune fille, presque encore une enfant. Elle s’enflammait, rêvait, pleurait, riait selon le jour et les émotions qui la soulevaient. Elle observait ses sœurs, copiait sa mère dont l’avis lui importait plus que tout au monde. Son cœur était sensible, ouvert, bon à prendre. Par moments, le matin, alors que l’heure de l’éducation n’avait pas encore sonné, il lui semblait qu’en tapant du pied sur le sol, elle pourrait s’élever loin dans le ciel et contempler le monde d’en haut, détaché, mais pleine de sollicitude pour tous. On ne pouvait dire qu’elle était belle au sens d’une beauté tumultueuse de jeunes filles qui s’engouffrent dans la vie la tête haute, sûres de leur séduction. Mais elle avait le charme de l’innocence, la fragilité de l’incertitude, la gentillesse naturelle.

En réalité, toutes les trois pensaient à l’inconnu, chacune à sa manière. L’ainée y pensait avec son cerveau comme une femme de tête. Ferait-il un bon mari, attentionné et capable de devenir riche ? La seconde tentait de le comparer à un héros de roman, Julien Sorel, bien qu’elle se demanda pourquoi lui et pas tel autre amant de nombreux romans du début du siècle. Elle s’était en effet entichée des romans français, et tout particulièrement de la période romantique. Elle l’exaltait comme ces héros ou ces amants d’un jour qui laisse au cœur un manque permanent. La dernière découvre pour la première fois l’attrait de l’homme sans prendre conscience qu’il ne s’agit que d’une attirance physique. Bien sûr tout ceci est déguisé dans son esprit en une épopée amoureuse  qu’elle cache à tous. Les parents, quant à eux, ont bien noté quelques dérangements des habitudes, quelques rêveries à table, quelques veillées tardives sans parole. Mais pouvaient-ils se douter d’une telle poussée chez leurs trois filles en même temps ?

11/07/2020

Particule

 

Éclatement d’une goutte

Fuyant vers l'infini

Perdue dans l’espace

Rassemblée dans le temps

Goutte isolée de matière

Sans réelle consistance

Un souvenir dans l’obscurité

Surgissant du néant

Qu'est-on ?

poésie,écriture,poème littérature

©  Loup Francart

 

09/07/2020

Amour de soi

Rares sont ceux qui débordent d’amour
Au point de ne pouvoir vivre sans l’autre
Certes au commencement la passion emporte tout
Y compris les turbulences de la pensée
Mais celle-ci cache d’autres particularités
Venant imperceptiblement d’autres régions du soi
Et qu’une caresse de rappel ravive
Alors, reste tranquille vieil homme
Et ne cours plus de tes yeux hagards
Aux pieds d’hommes ou de femmes
Pour quêter une approbation ou un rejet
Laisse aller ton indifférence et ta pudeur
Et glisser sur tes lèvres la joie d’être
Sans commune mesure avec rien d’autre
Que toi-même, le rêveur et le poète
Qui courent sans cesse vers l’illumination
D’un ciel sans nuages ni même une ombre
Les bras tendus vers un absolu inatteignable
Vers ce désir permanent d’une nouveauté
Que tu ne connais que par intermittence
Et dans lequel tu plonges sans vergogne
Pour chuter jusqu’à l’infini et au-delà
Lieu de vie pure où le passé n’est plus
Où l’avenir n’a jamais existé ni même été imaginé
Où seul le présent devient l’absence
Jusqu’au vide suprême et solennel
D’une vie devenue le tout sans rien d’autre
Qu’une présence plus prenante que la mort

©  Loup Francart

08/07/2020

Vie animale

L’animal sans mental vit la parfaite union avec son essence dès lors que ses sens sont satisfaits.

La difficulté qu’a l’homme de pacifier et de stopper son mental n’existe pas chez l’animal. Dès lors que celui-ci a su pacifier les désirs de son corps ou même de son cœur (instinct maternel ou sexuel), il atteint la béatitude, c’est-à-dire l’union avec l’univers et il s’oublie lui-même. L’un et le tout sont alors confondus. Ce n’est que lorsque l’équilibre est rompu par l’apparition d’une sensation ou d’une émotion que l’animal redevient lui-même et agit en tant qu’individu face au monde. L'existence et l'essence sont souvent confondues et lui donne une communion intime avec le monde.

L’animal qui ne peut revenir dans son centre de communion avec l’univers se laisse peu à peu mourir.

07/07/2020

L'étrange bataille de San Pedro de Atacama (27)

La sentinelle se tenait à côté de l’homme. Elle tenait son fusil des deux mains, serré contre sa poitrine, et surveillait l’ensemble de la zone devant lui, méticuleusement. Le capitaine le héla :

–  Eh, l’ami ! Quelles sont tes consignes ?

Le soldat se retourna, salua le capitaine, gêné. Il répondit :

–  Je suis chargé d’empêcher toute intrusion en demandant un mot de passe lorsque la personne arrive à dix mètres de la porte. Je prononce le début et il doit me donner la fin de la phrase.

–   Et s’il ne vient pas jusqu’à dix mètres, que fais-tu ?

–  Ben, rien. Je n’ai pas de consignes là-dessus.

–  Si tu vois un groupe de cavaliers qui arrive au galop, que fais-tu ?

–  J’attends qu’ils soient à dix mètres et je leur demande le mot de passe.

–  Et s’il te tire dessus avant ?

–  Dans ce cas, je peux riposter et je donne l’alarme au poste de garde.

–  Donc si un groupe de cavaliers vient au galop te braver jusqu’à dix mètres, tu ne fais rien ?

–  Euh, non.

Le capitaine, perplexe, laissa le soldat et poursuivit sa route le long de la ligne de défense. De loin en loin, on distinguait des tourelles de bois qui abritaient une sentinelle. On montait à la tourelle par une échelle en bois et, de là, on distinguait l’au-delà du village, une campagne aride, sans végétation, en dehors de quelques cactus. Ce n’est que plus loin qu’une vallée s’ébauchait dans la terre sèche et s’ouvrait comme un sexe de femme pour laisser croître quelques légumes et arbres à fruits. Des avant-postes protégeaient cet emplacement devenu stratégique pour la vie du village. Sans ces plantations, il faudrait abandonner les habitations et fuir jusqu’au village voisin. En plus des avant-postes, des patrouilles à cheval circulaient sans cesse de part et d’autre de la vallée, jusqu’aux confins de la terre désolée, affleurement de pierres et de racines. Le capitaine regretta de ne pas avoir pris sa monture pour faire un tour dans ces jardins. Il poursuivit sa route en longeant l’enceinte. Après avoir interrogé quelques sentinelles, examiné les alentours, il décida de convoquer ses adjoints le soir même pour reprendre les plans de surveillance et de sauvegarde. Il était temps de remettre de l’ordre dans l’organisation de la protection du village. Ce qu’avait révélé le prisonnier chilien l’avait inquiété. Comment des villageois pouvaient-ils faire commerce avec les ennemis du pays ? Quelle honte. Il faut éclaircir cela et l’empêcher à tout prix.

06/07/2020

la vie : Qu’est-elle et pourquoi ?

Le chat de Schrödinger est-il mort pour rien
Ou a-t-il trouvé une échappatoire à son destin ?

Il y a deux façons d’envisager sa vie :
Qu’est-elle et pourquoi est-elle ?
La suite des questions découle de ces deux premières

L’actif s’interroge sur le quoi :
Que vais-je faire de cette vie offerte ?
Les uns répondent sans difficulté : « Je veux faire… »
D’autres s’interrogent : « Pour quoi faire… »
La première réponse est concrète
« Je veux être… » Une réponse qui évolue sans cesse
Qui change selon le temps et le lieu
Qui évolue selon l’être qui porte l’interrogation
Jusqu’au dernier ajout sans trouver de réponse

Le second, disons le passif ou le méditant
Se questionne sur le pourquoi :
Pourquoi cette vie m’est-elle offerte ?
Les réponses sont plus évasives
Mais tout aussi intéressantes
Et pleines d’interrogations cachées
Sans fin, ni même de commencement
Tout cela a-t-il un sens ?

Souviens-toi de la réponse d’Albert Einstein :
Il n’y a que deux façons de vivre sa vie
L’une en faisant comme si rien n’est un miracle
L’autre comme si tout est un miracle

Mais le miracle est-il une question ou une réponse ?

©  Loup Francart

05/07/2020

Tout ou rien

 

Veiller pour s'éveiller

S'éveiller pour évoluer

Évoluer pour se réaliser

Se réaliser pour être

Être qu'est-ce et pourquoi ?

 

04/07/2020

Trouver la liberté

L’homme est libre lorsqu’il ne cherche pas à se comparer aux autres ou à un autre. Ayant alors découvert son entière liberté, il découvre que chacun est différent et que c’est cette différence qui fait la liberté. Ne se comparant plus à l’autre, le sachant différent, il découvre sa grandeur comme il a découvert la sienne et peut alors se porter vers lui avec le cœur, en tout amour.

03/07/2020

L'étrange bataille de San Pedro de Atacama (26)

–  Eh bien, le seul moyen est d’obtenir du renseignement. Pour cela, vous pouvez tenter de le faire prisonnier, ou encore faire un autre prisonnier qui nous dévoilera son jeu, ou encore interroger un villageois qui pourrait leur vendre des vivres frais. Oui, cela existe. Un certain nombre de vos villageois se livrent à ce trafic quasi quotidiennement. Pour cela ils payent vos sentinelles et elles les laissent passer sans rien dire. Enfin, vous envoyer quelqu’un de confiance et qui connaît l’ennemi pour qu’il se renseigne au plus près de l’homme. S’il pouvait devenir ami avec lui, ce serait le comble. Sachant tout, ou au moins l’essentiel, on pourrait monter une contre-stratégie efficace.

–  Le faire prisonnier serait prendre le risque de faire échouer le seul contact que nous avons avec l’ennemi. Cela me semble irréaliste. Il faudrait sans doute faire plusieurs prisonniers pour savoir ce que veut l’individu, parce que nous ne sommes pas sûrs qu’ils sachent quelque chose. De plus comment faire des prisonniers alors qu’ils ne se montrent pas ? Quant à se fier aux villageois qui n’hésitent pas à tromper leur pays pour se faire quelques billets, cela semble également assez risqué.

–  Le problème, expliqua le capitaine, est que je ne connais personne qui soit suffisamment de confiance pour pouvoir se fier à lui. Quant à vous, je ne vois pas comment je pourrais vous faire confiance alors que vous apparteniez à ce pays il y a encore peu.

–  Peut-être est-ce un risque à courir de votre part ?

–  Surement pas. Je ne veux pas me créer moi-même des problèmes alors que nous en avons déjà suffisamment. Je vous remercie, mais c’est non.

Le soldat salua et sortit sans rien dire, laissant le capitaine songeur. Pour se changer les idées, il décida de faire le tour du village et constater par lui-même si les sentinelles connaissaient les consignes. Il commença par la grande porte, celle où l’individu s’était exhibé plusieurs fois. Depuis que l’individu avait fait son apparition, il y avait toujours quelques villageois auprès de la grande porte, prêts à avertir le reste du village d’un nouvel incident. Aujourd’hui, il remarqua une jeune paysanne, son chapeau sur la tête, ses larges jupes flottant autour d’elle. Elle avait un joli minois dû à sa jeunesse. Elle s’était assise sur un des piliers de la tour surmontant la porte et, les yeux dans le vague, ne semblait rien vouloir de concret. Son plaisir était d’être là, pour raconter par la suite ce qui pourrait se passer. Mais tout ceci n’était qu’hypothèse et la lasserait sans doute. Pour l’instant elle tenait sa place, derechef. Un peu plus loin, le capitaine vit une vieille femme, le regard encore vif. Elle observait les alentours, au-delà de la porte, comme si elle s’attendait à voir surgir l’homme pour s’exclamer et rameuter toutes ses comparses. Rien ne se passait. Enfin, un homme était là. Juché sur une poutre maîtresse de la tour, il regardait au loin, les yeux plissés comme s’il tentait de deviner ce qui pourrait se passer dans les minutes suivantes. Mais rien. Le vide de l’espace entre les cactus qui poussaient à environ trois cent mètres du village, plus exactement des remparts comme le disait avec élégance le capitaine.

02/07/2020

Rues d'été

La fenêtre est ouverte
L’air frais entre en catimini…
Le roulement des pneus
Sur la chaussée bruyante

Deux femmes, jeunes
Consultent leur agenda
Dans le noir de la rue
Elles passent sans le voir
Comme on passe devant un homme
Qui n’est plus de ce monde
Et marche avec certitude
Sans savoir qu’il en a

Les voitures roulent sur le boulevard
Émettant le fond sonore
Tel le bruissement des arbres
Un soir d’été ou de printemps
Elles sont parties dans le noir
Englouties par la tiédeur
Dans le frissonnement du vent
Il est trois heures…

Paris dort…

Les femmes sous la couette
Les hommes rêvant à leurs formes
Les enfants seuls au monde
Et lui, veillant sur la rue
La fenêtre ouverte
Pour le meilleur et pour le pire

©  Loup Francart

01/07/2020

Embaumement

 

20-07-01 Couchantjpg.jpg

Nu, mortellement

auréolé de gloire

il fut embaumé

 

30/06/2020

Poésie et mystique

 

La poésie, comme la mystique,

dévoile l’invisible derrière le visible.

Elle donne vie à l’être intérieur

en osmose avec le monde.

 

28/06/2020

L'étrange bataille de San Pedro de Atacama (25)

Le lendemain, le capitaine fit venir le soldat :

–  Peut-être pourriez-vous m’expliquer ce que veut cet homme ? lui demanda-t-il.

–  Je n’en sais malheureusement pas plus que l’autre jour. Il est bizarre. Il a semblé animé de mauvaises intentions au cours de ses deux premières apparitions, mais depuis il s’est assagi. Je pourrai émettre plusieurs hypothèses. La première est simple. C’est un de ces chiliens forts en gueule qui veut nous défier sans oser le faire ouvertement. Alors il improvise à chaque apparition, tantôt agressif, tantôt enjôleur. Il ne sait pas où il va et cherche à nous déstabiliser pour s’amuser un peu et se faire bien voir de ses chefs. Mais, en réfléchissant cela me paraît un peu simple, ou même simpliste, comme explication. Une deuxième hypothèse serait que, se lançant dans un défi, il n’ait remarqué vos filles et soit amoureux de l’une d’elle. Chacune d’entre elles peut être l’objet de ses désirs, mais laquelle ? Enfin, une troisième hypothèse serait un stratagème pour s’emparer du village sans avoir à combattre. Il séduit quelqu’un dans la population, y compris une de vos filles, et va utiliser cet attachement pour s’insinuer dans le village sans que vous le sachiez. Il profitera de la première occasion pour introduire des hommes, s’emparer de la porte et la livrer à son armée sans qu’elle ait besoin d’engager le combat. Pour l’instant, il est impossible de dire laquelle de ces hypothèses est la plus proche de la vérité. Ce qui est sûr, inversement, c’est que vos filles, ou au moins l’une d’entre elles, sont concernées par ce plan. Alors que faire ? Sans m’immiscer dans votre domaine, mais je vois que néanmoins vous me faites suffisamment confiance pour m’interroger sur les agissements de mon ancien pays et de mes condisciples, je pense qu’il vous est difficile de réagir immédiatement ne sachant qu’elle est l’hypothèse la plus probable. Cependant, il importe d’éclaircir au plus tôt ce qu’il veut faire.

–  Qu’est-ce que vous proposez ? lui demanda le capitaine de plus en plus enclin à lui faire un tant soit peu confiance.

27/06/2020

Zen

 

17-08-24 Lui.jpg

Au coeur de lui-même

au lieu de sa solitude

l'absence de conflits

26/06/2020

Respiration

Travailler d’abord l’expiration, c’est-à-dire sortir l’agitation de son corps et de son moi.
Puis percevoir le moment entre l’expir et l’inspir, c’est-à-dire le temps mort permettant de saisir la mort de soi et le vide en soi.
Enfin, travailler l’aspiration jusqu’à l’inspiration, c’est-à-dire le moment où une présence s’empare de l’être.

Expiration ; lâcher prise, don de soi, abandon.
Inspiration : ouverture, visitation, plénitude.

25/06/2020

Les forces de la vie

Tu te cherches dans le monde
Tu ne trouves que tes doubles
Tu te cherches hors du monde
Et t’enfermes dans ta bulle
Celle-ci n’est qu’un autre double
Que tu contemples, prisonnier
De toi-même et du monde
Fouille encore en toi, toujours
Et deviens l’oiseau en cage
En mal d’échappée cosmique
Qui laisse son moi au vestiaire
Et enfile le costume blanc
Du rien courant derrière lui-même
Entre en toi-même
Fuis le monde
Évacue passé et futur
Tu es parce que tu n’es plus
Et l’absence de ce moi
Deviens le soi sublime
Une vie… Un point
Qui s’évanouit…
Seul l’amour te rattache
Aux forces de la vie…

©  Loup Francart

24/06/2020

L'étrange bataille de San Pedro de Atacama (24)

Ce n’est que huit jours plus tard que l’homme se manifesta de nouveau. Arrivé à cheval, il mit pied à terre devant la porte principale du village, suffisamment loin pour ne pas risquer un coup de fusil malencontreux. Il s’assit sur un tronc d’arbre mort, attendit un quart d’heure que le haut des remparts se remplisse, puis, il commença à chanter, d’une voix rauque, étouffée, mais portant loin, claire comme un chanteur professionnel. Ce fut une histoire complète qui parlait d’un amour imaginaire entre un homme et une femme dont les pays s’opposaient dans une guerre fratricide. Il conta la beauté de la jeune fille, la force du jeune homme, l’amour qui les enflammait et les aventures extraordinaires qu’ils vécurent. Trop loin pour ceux qui se trouvaient sur le chemin de ronde, on ne voyait pas ses yeux, mais on devinait son ardeur à contempler les personnes présentes, comme s’il cherchait quelqu’un. Libertad était présente et se précipita comme ses compagnes lorsqu’elle sut que l’homme était à nouveau là. Appuyée contre un poteau de bois, elle avait les larmes aux yeux, sans trop analyser pourquoi. C’était plus fort qu’elle. Lorsqu’il eut fini, l’homme fit un large geste d’adieu, s’inclina, puis prit le chemin du retour, loin au-delà des collines. La plupart des gens ne comprenaient pas ce que voulait cet homme, pourquoi il revenait sans cesse et ce qu’il attendait. Ils commençaient à trouver amusant les démonstrations qu’il faisait, sans chercher autre chose. D’abord inquiets, ils se familiarisaient avec ce fantôme étrange qui surgissait de nulle part et s’évanouissait une fois sa prestation terminée.

Quel jeu jouait-il ? Qu’elle était celle qu’il entendait prendre dans son filet ? Une des trois sœurs, à coup sûr, mais laquelle ? Chacune d’entre elles espérait, sans savoir ! Cela n’avait pas échappé à leurs parents et le capitaine commençait à s’inquiéter de cette situation qu’il n’arrivait pas à qualifier. Il en parla le soir, dans leur chambre, avec son épouse.

–  Tu sais, j’avoue ne pas comprendre ce que veut cet homme. Ce que je pressens, sans encore en détenir la preuve, c’est que cela à voir avec nos filles. Que devons-nous faire ? Si nous leur interdisons de sortir lorsqu’il fait son apparition, elles s’interrogeront plus encore sur ses intentions. Je m’inquiète particulièrement pour Libertad. J’ai l’impression qu’elle est plus touchée que les deux autres. As-tu vu aujourd’hui les larmes qu’elle retenait sans pouvoir les cacher ?

–  Oui, moi aussi, je m’inquiète. Comment la famille du capitaine de la place peut-elle se laisser pervertir par un garçon inconnu de manière aussi flagrante ? A ce propos, as-tu interrogé le soldat de la section de prisonniers ?

–  Non, peut-être pourrai-je me servir de lui pour en savoir plus ?

23/06/2020

La faim

Elle ouvrit sa porte, hagarde
Elle cligna des yeux, dolente
Se pinça les mains par mégarde
Et cria dans sa robe moulante :
« Où donc est passé ma fille ? »
Seule une vieille femme répondit :
« Elle est partie au pain, sans béquille,
Se passant de son orthopédie. »
Elle perdit donc la vie
Pour goûter, les lèvres ouvertes
Ce qui est donné à tous
Et que seules les expertes
Prénomment la faim fourretout

©  Loup Francart