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16/10/2020

Equilibre

La vie est équilibre…
Mais de quoi ?
D’appétit et de patience…
Fais ta part et attend
Le résultat de ton travail

Mais jamais ne va au-delà
Ne cherche pas ton dû
Car il ne t’appartient pas

Lorsque le cahier sera rempli
Tu en feras des flammes de joie
Tu seras délivré de tes richesses
Tu courras nu et libre
Parmi le monde

Alors seulement tu pourras dire :
"J’ai rempli ma part
Et rendu à l'univers
Ce qu’il m’avait donné"

15/10/2020

Déité et humanité

 

Dieu est Dieu parce qu’il est créateur

L’homme ne devient homme que lorsqu’il est créatif

 

14/10/2020

Rien

Le vide n’est pas un néant insolite

Si le vide ne contient rien

Il est pourtant car on le nomme

Et on l’oppose à la matière

Qui, elle, est palpable

Un espace vide de matière

N’existe que grâce à la matière

Le vide seul ne peut être

Il a une structure, une dimension

Il n’est pas le néant

Il a extension et durée

 

Le néant existe-t-il ?

Se poser la question ne fait guère avancer

Puisque la pensée est pleine de quelque chose

Mais que ce quelque chose est vide

Même la pensée pèse

Bien qu’elle s’affirme parfois avec peine

 

Alors le rien existe-t-il ?

N’oublions pas qu’on ne peut comparer

Quelque chose avec rien

L’une est pleine de rien

Alors que le rien n’existe pas

Sans quelque chose à côté

On ne peut dire quelque chose

D’un rien qui n’existe pas

 

Ce quelque chose est-il né de rien 

Le rien peut-il se transformer en quelque chose ?

La création est-elle née ex-nihilo ?

Rien et toute la matière s’opposent-ils 

Ou constituent-ils un ménage indissociable ?

La matière est-elle première

Le vide n’existe que parce qu’il y du plein 

Ou le rien peut-il créer quelque chose

Qui le remplit et le transforme en autre chose                           

 

Respire et cesse de penser

Jusqu’au moment où tu rejoindras

L’au-delà de l’en-deçà

13/10/2020

Les Indes galantes

https://www.youtube.com/watch?v=r5hOyasj5Zo


12/10/2020

Le combat de la vie

La vie est bien un combat, mais c'est un combat contre soi.

En se combattant soi-même, la tension avec les autres s'élimine.

 

07:17 Publié dans 45. Maximes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : vie, moi, eux |  Imprimer

11/10/2020

Sentence

 

L’amour, c’est l’action dans le renoncement de soi.

Alors l’action ne peut être que juste.

 

10/10/2020

Pierre

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L’empreinte de l’homme sur la matière
se réduit-elle à un trésor fossilisé ?
La pierre est un ornement
destiné à faire rêver l’impatient
La substance brute ne suffit plus
à celui qui aspire à l’au-delà des maux.
Il lui faut décors et bavardages
pour se mesurer à l’autre
qui sait tout et ne dit mot.

09/10/2020

L'étrange bataille de San Pedro de Atacama (48)

Et Libertad, que devenait-elle ? Elle s’était toujours sentie un peu différente de ses deux sœurs, plus romantique, moins terre à terre. Elle rêvait d’espace, de temps, mais en pensant à l’être intérieur. Elle étouffait dans cette société où chacun doit être à sa place et s’y montrer au mieux de son avancée sociale. Elle était consciente de sa beauté naissante. Elle en usait pour obtenir ce qu’elle voulait, en particulier les sentiments favorables des gens qu’elle côtoyait. Depuis l’annonce de Don Rodrigo, elle ne tenait plus en place sans cependant savoir ce qu’elle pourrait faire. Elle avait d’abord rêvé aux bords du Pacifique, dans une anse abritée aux côtés de cet homme plus âgé, mais envoûtant. Elle aimait sa voix jamais impérative ni doucereuse, ses manières retenues mais pleines d’appétit de vivre, sa franchise avenante. Elle se voyait auprès de lui et sentait monter en elle des volutes de chaleur qui lui tiraient des larmes aux yeux. Elle n’osait parler à ses deux sœurs de ces émotions qui la prenaient et refrénait en elle toutes ces pensées qui lui semblaient impropres à être partagées. Mais le soir, lorsqu’elle se trouvait dans son lit, elle se laissait aller à rêver toujours de plages au sable chaud et de bras qui la serraient forts.

La nuit où elle disparut, elle ne put s’empêcher de penser à lui et elle acquit la certitude que c’était-elle qu’il voulait auprès de lui. Elle ne pouvait plus attendre, il lui fallait le rejoindre, même si elle ignorait comment tout cela pourrait se conclure. Alors, elle se leva, se prépara à partir, rassemblant quelques vêtements qu’elle mit dans un sac, ouvrit doucement la porte d’entrée et sortit sans bruit. Elle courut vers l’ouest, en direction du Rio San Pedro en se faufilant entre les feuillages. Il était tard ou plutôt trop tôt. Elle atteignit le bord de l’oued et le suivit vers le sud sur quelques kilomètres. Elle fatiguait et se sentit bientôt lasse. Mais il fallait continuer. Quand les premières lueurs du jour apparurent, elle se trouvait aux alentours de Cucuter. Elle se cacha dans un jardin, enfouie dans les feuillages et se fit une sorte de nid recouvert de branchages sous lesquels elle s’enfila et s’endormit aussitôt.

08/10/2020

Air du froid de Purcell

https://www.youtube.com/watch?v=Q8K8wFk-tn8


CRIS ET PLEURS !

Mais quelle douceur des cordes

Derrière la malédiction se cache

la terreur de l'enfance et la douceur de l'inconnu

Libère-toi du quotidien

et ouvre ton être au vide cosmique !

 

06/10/2020

La sainteté

Il y a trois sortes de saints.

Les saints d’un jour meurent en héros, sur l’impulsion du moment ou, parfois, en fonction des circonstances. Ils sont l’objet d’acharnement des autres, mais restent profondément enracinés dans leur foi, alors qu’ils auraient pu la renier et vivre. Ils sont le don à l’état pur, l'impulsion du moment.

Les saints de toujours ne savent pas ce qu’est la sainteté. Il leur paraît naturel de faire et d’être selon ce qui les incline à la transparence. Ils perçoivent la pureté comme étant le but de leur vie et celle-ci leur paraît naturelle. Leur seule volonté est de sentir la présence de Dieu à chaque instant de leur vie.

Les saints sans recours sont des êtres de foi qui agissent parce que la règle  est la règle et qu’elle ne peut être dérogée. Ne vous laissez pas prendre dans leurs filets. Ils meurent droits dans leurs bottes, mais n’ont jamais profité du regard déifiant de Dieu. Seuls les hommes les proclament saints.

05/10/2020

Être

jE NE PENSE PAS, DONC JE SUIS

JE NE SUIS PLUS, DONC JE SUIS

Ce n'est qu'au-delà de la pensée que se manifeste la perception de l'être, lorsque, en nous, est mort ce qui constitue le moi, que nous pouvons dire Je Suis. Alors la déité se manifeste, l'existence devient lumière et nous irradie de bonheur. Je suis parce qu'Il Est en moi.

04/10/2020

L'étrange bataille de San Pedro de Atacama (47)

– Si elle est partie avec ses habits cela m’étonnerait. Elle semblerait plutôt partie de son plein gré.

– Mais pour aller où ?

– C’est ce que nous devons découvrir. Allons voir le commissaire.

Par chance, le commissaire était à son bureau. Très vite, il fut inquiet. Il lui paraissait impossible qu’elle fut enlevée en pleine nuit sans que personne n’ait rien entendu, ni la famille, ni les sentinelles qui surveillaient le bourg. La maison était fermée de l’intérieur et Emma se souvint qu’elle était sortie sans déverrouiller la porte d’entrée. De plus, Libertad avait emmené quelques vêtements, ce à quoi n’auraient pas pensé des gens venus de l’extérieur qui n’auraient qu’une envie, fuir le plus vite possible et en silence.

– Voyez-vous une raison que pourrait avoir Libertad de quitter votre foyer ? demanda le commissaire.

– Eh bien, disons-le, il y a ce défi de Don Rodrigo Alcantera, le Chilien qui veut se marier avec une de nos filles. Depuis trois jours, elles ne parlent que de cela. Il est possible que cela lui ait monté à la tête et qu’elle ait imaginé sauver San Pedro en se mettant directement à la merci du Chilien. Il faut que nous interrogions les ainées. Peut-être savent-elles quelque chose.

Accompagnés du commissaire, Alexandro et Emma retournèrent chez eux. Ils trouvèrent les deux filles en pleurs, se serrant l’une contre l’autre, se reprochant de n’avoir rien entendu.

– Maman, Libertad ne nous a rien dit. Hier soir, nous avons discuté de Don Rodrigo comme d’habitude depuis son annonce. Mais jamais nous n’avons une seule fois suggérer que l’une d’entre nous pourrait devancer une échéance dont nous ne savons même pas l’issue.

– Alexandro, si elle est partie seule, peut-être peut-on chercher ses traces pour savoir la direction qu’elle a prise.

– Excellente idée Emma. Je vais rassembler une escouade qui va chercher des indices. Ce n’est pas garanti, mais on ne sait jamais. Cela pourrait nous donner une piste.

Alexandro convoqua son chef de section le plus ancien et lui expliqua ce qui s’était passé. Il s’agissait d’un jeune lieutenant sorti il y avait trois ans de l’école militaire de Bolivie. Celui-ci comprit vite la situation, rassembla sa section et, une demi-heure plus tard, commença les recherches après avoir donné ses ordres. Pendant ce temps, le commissaire réunit la population disponible et expliqua ce qu’il se passait. Tous maintenant savaient : la plus jeune fille du capitaine avait été enlevée ou était partie, il fallait découvrir où elle était allée. Très vite, la plupart des gens se doutèrent qu’elle s’était rendue chez les Chiliens dont le camp se trouvait à quelques cinq kilomètres du bourg. Mais encore fallait-il en être sûr.

03/10/2020

L'arpeggiata - Les Pajaros Perdidos

https://www.youtube.com/watch?v=jA_v-MHV_Cw&feature=emb_rel_pause


La plainte fuyante de l'humain

Qui monte vers les cieux

Pour connaître le fin mot de l'univers

Le monde est pour être

02/10/2020

L'art religieux

L’art a deux buts. L’un, d’ordre matériel, humain, naturel, qui est d’exprimer la beauté de l’univers. L’autre est plus mystérieux. L’art religieux est une prière de reconnaissance vers la déité, l’expression de la plénitude de la vie par la découverte de la magnificence du don divin. Il participe à la création divine en renvoyant l’homme à son être intérieur qui, lui-même, renvoie au monde divin la prière humaine. Le véritable résultat de la prière est cette symétrie cachée de l’action humaine envers le monde divin : l’homme est une parabole qui recevant le don de la vie, la renvoie au monde divin par la prière pour faire progresser l’avènement ultime de l’univers.

Ainsi une église, un tableau, une musique, un poème sont des prières l’état latent, en ce sens que l’homme entrant en harmonie avec elles les font monter ver Dieu. Le corps de l’homme devient ainsi un temple où l’objet religieux se transforme en prière par l’action de chaque personne qui entre en vibration avec l’œuvre. L’homme devient intermédiaire entre le monde matériel et le monde divin, une sorte de récepteur-émetteur qui aide à l’évolution cosmique. De même qu’il existe des lieux privilégiés où l’homme est plus enclin à la prière et devient l’intermédiaire, de même il existe, par exemple, un espace musical ou visuel que chaque homme peut transformer à tout moment en prière. Toute œuvre d’art n’est qu’une prière potentielle qui participe d’autant mieux à son but qu’elle pousse le commun des mortels à se tourner vers une rencontre avec le divin.

Il y a donc un double mouvement : l’homme devient temple spirituel en étant lui-même temple matériel de l’univers participant à la création et renvoyant au monde divin la participation à l’avènement final de la création, l’union de l’homme et de Dieu dans la parousie.

01/10/2020

Sentence

 

L’amour, c’est l’action dans le renoncement de soi.

Alors l’action est ne peut être que juste.

 

30/09/2020

L'étrange bataille de San Pedro de Atacama (46)

Le lendemain, Emma fit le tour des chambres pour réveiller les filles. Elle vit tout de suite que Libertad n’était pas dans son lit. Où était-elle ? Par acquis de conscience, des yeux, elle fit le tour de la chambre. Libertad n’était pas là. Elle appela les deux autres et les trois femmes fouillèrent la maison. Mais Libertad n’y était pas. Revenant dans sa chambre, elles constatèrent qu’elle avait pris plusieurs habits : deux autres robes dont celle du dimanche, une sorte de manteau à mettre la nuit pour se préserver du froid, ainsi qu’une trousse de toilettes. Elle était donc partie consciemment. Emma s’inquiétait et décida d’appeler Alexandro qui vérifiait le dispositif des sentinelles. Elle courut au poste de garde et demanda au chef de poste où se trouvait Alexandro.

– Le capitaine vérifie l’emplacement des sentinelles et leurs consignes.

– Pouvez-vous aller le chercher, il y a une urgence, demanda Emma.

Oui, Madame, tout de suite.

Emma attendit au moins vingt minutes, seule dans le poste de garde. Elle constata qu’il était bien rangé, les fusils alignés au râtelier d’armes, le cahier de consignes ouvert et rempli, les lits faits au carré. Cela sentait malgré tout l’homme, sans le moindre soupçon d’un parfum féminin. Enfin, elle entendit des pas pressés et Alexandro entra.

– Libertad a disparu ! lui dit-elle aussitôt.

–Comment cela ?

– Oui, elle n’est ni dans son lit, ni même dans la maison. Et, de plus, elle a emmené des habits comme si elle partait en voyage.

– Tu es bien sûre, lui redemanda Alexandro qui avait du mal à y croire.

– Oui, il faut savoir ce qui lui est arrivé. Elle a peut-être été enlevée.

29/09/2020

Amour de l’univers

 

Porter sa conscience au niveau de l’univers.

Je suis l’univers et l’univers c’est moi,
Car on ne peut connaître l’un sans connaître l’autre.
Mieux même, on ne pourra aimer l’un sans aimer l’autre

L’amour de soi, c’est l’amour de l’univers
Et, au-delà, de son créateur

Mais… Ne pas forcer l’amour des autres
C’est que l’on n’est pas prêt soi-même 

Et surtout, sache que le moi ne peut rien
Seul le Soi peut avoir conscience de l'univers
Et de ce qui nous unit

 

28/09/2020

Miroirs

 

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©  Loup Francart

Mille fenêtres
Un assemblage d'ouverture
Ouvre ton cœur
Enchante ton âme
Pars sans savoir
Où te mènes ta vision

27/09/2020

"El currucha" Arpeggiata

https://www.youtube.com/watch?v=t4p7s2atGE0


 

Les musiciens s’amusent et nous amusent.
Ont-ils bu ?
Pris au jeu, ils se laissent aller
Jusqu’à s’oublier eux-mêmes
La tête leur tourne
Seule la langue reste vive
Exprimant le désespoir
Ou la joie débridée
D’un monde en folie 

26/09/2020

L'étrange bataille de San Pedro de Atacama (45)

L’atmosphère devenait lourde à San Pedro. La population ne traînait pas dans les rues comme à l’accoutumée. Le prêtre incitait les jeunes gens et jeunes filles à plus de retenue dans leurs échanges, le maire s’enfermait dans son bureau plutôt que de recevoir ses administrés, le commissaire faisait des rondes, accompagnant les soldats et gardait auprès du commissariat les trois policiers qui constituaient son équipage. Seules, les trois filles du capitaine vivaient comme d’habitude, riant avec insouciance, restant calmes malgré l’étonnement de leurs camarades. Emma s’attendait à plus de réaction de leur part, voire à des humeurs ou même brouilles entre elles. Elles ne modifièrent pas leur habitude et semblaient sans soucis. Elles ne se quittaient plus et leur sujet de conversation favorite était bien sûr le chilien. Emma, ce soir-là, tenta de les sonder afin de connaitre non pas leurs sentiments, mais la façon dont elles voyaient le proche avenir.

– Mes enfants, nous sommes entre nous. Parlons de ce qui nous attend. N’avez-vous pas peur ? L’une de vous trois va peut-être partir au Chili, nous ne la reverrons probablement plus.

– Oui, mais c’est préférable au fait de tous mourir au fil de l’épée, répondit Abigail.

C’est vrai, mais ce n’est pas pour cela que ça devient réjouissant. 

– N’est-ce pas un sort enviable que de se marier avec un notable, fut-il chilien ?

– Certes, mais ce n’est pas l’avenir que nous envisagions pour vous. Et puis, j’ai peur de vos réactions entre vous, que ce soit par le fait de celle qui sera choisi ou des deux autres qui resteront. La jalousie ou le désespoir ne font jamais bon ménage.

– Maman,  nous nous sommes jurées que quoi qu’il arrive, nous resteront unies entre nous et avec vous nos parents. Il ne faut pas vous inquiéter.

– Je souhaite que tout se passe ainsi, mais que va-t-il advenir ? Notre sort est entre les mains de cet homme et nous ne le connaissons pas. Ce n’est guère rassurant.

– il semble droit et a réussi à convaincre le commandement, dit Ernestina.

– C’est possible, répliqua Emma. Mais rien ne nous l’assure. Il pourrait également être homme à s’amuser sans prendre en compte ce qui pourrait advenir. Quoi de plus drôle que de jouer ainsi avec les sentiments des gens tout en sachant qu’ils devront s’exécuter en raison des conséquences en cas de refus.

Maman, dit Abigail, croit-nous, nous sommes sûrs que nous nous en sortirons.

Emma les regarda, vit la  confiance dans les yeux de ses trois filles et se sentit rassurée.

– Aller, les filles. C’est l’heure de se coucher, leur dit-elle. A demain.

– A demain, répondirent-elles en l’embrassant.

24/09/2020

La balle

Dieu n’est pas manchot
D’une petite balle,
Perdu au milieu des étoiles
Il a su faire un refuge
Pour ceux qui ne savent où aller
Rire et s’amuser,
Et, dans le même temps
Pleurer et même penser

Certes, il leur a fallu un moment
Pour comprendre l’importance du fait
Pour prendre au sérieux leur situation
Et même s’intéresser à leur sort
Pour soulever le coin du tapis
Et tenter de comprendre
Comment la balle tourne et revient
Au même endroit chaque année
Ils eurent chaud, ils eurent froid
Pleurèrent l’eau, se noyèrent
Dans les fontaines de ce paradis
Sans jamais se plaindre
Ni même tenter de changer les choses

Non, ils se tenaient debout
Contre vent et marées
Essuyant les embruns
Asséchant les lacs jusqu’à la mer
Pour en faire des terres
Où ils firent pousser
Cailloux et légumes
Ils firent de drôles de machines
Ronronnant benoîtement
Pour nourrir les absents
Et régaler les faibles

Tout cela tournait rond
Jusqu’au jour où l’un d’eux
Sur une idée saugrenue
S’avisa de changer la trajectoire
La balle s’enfonça dans des régions lointaines
Et perdit son enthousiasme
Ils durent travailler dur
Rouler les cailloux et creuser la terre
Pour se nourrir et s’apitoyer

Ensemble, ils convinrent alors
Que la mécanicité d’antan
Seyait à leur tempérament
Et qu’il valait mieux chanter chaque jour
Le lever du soleil plutôt que la fin
Des jours heureux
Respirer l’odeur privilégiée
D’un Dieu qui les regarde
D’un œil attendri
Et caresse leurs longs poils

Depuis, la paix s’est instaurée
Elle règne, même lorsqu’il pleut
Ou fait soleil jusqu’à plus soif
Dieu que la terre est bonne
Le rêve est devenu réalité

 

23/09/2020

la foi

La foi est cette brise légère et tendre
Qui pousse chaque être humain
A s’alléger de ses soucis et peines
Et de vagabonder parmi les nuages
Pour accomplir ce qu’il ne ferait pas
S’il lui restait un peu de jugeote :
Peindre un chef d’œuvre,
Courir et vaincre l’immobilisme,
Aimer celle qui pleure d’inconséquence
Inventer l’inutile et rire de bonheur
Chanter la joie et pleurer avec l’innocent

La foi n’est ni un mouvement du cœur
Pour gagner l’estime des autres
Ni un effort intellectuel épuisant
Pour se pousser parmi les premiers
Ni une rodomontade pour briller
Et devenir plus fort et plus en vue
Ce n’est pas montrer à ses concitoyens
En quoi on est capable et meilleur

La foi te convainc malgré toi
Elle t’enchâsse au-delà de l’indifférence
Elle te propulse hors de toi
Dans l’eau trouble de l’inconnaissance
Là où rien n’est connu ni même visible
Elle laisse passer les trompettes
De la renommée et du contentement

Tu te regardes nu et vois l’autre
Toujours mieux vêtu que toi
Mais tu flottes à mille lieux
Au-dessus des eaux et de la terre
Le cœur léger, la tête vide,
Le corps inexistant, toi-même
Perdu dans l’immensité du monde
Et te sens bien parmi les autres
Bordé de leur indifférence
Mais éperdu de tendresse
Pour leur présent et avenir

Elle est là, dans ton dos, la foi
Et te pousse à chanter la joie
Sans jamais regarder une croix
Ou te perdre au fond des bois
Laisse te gagner l’immédiat
Ne crie qu’alléluia

Mais ne la perd pas, toutefois

Car sais-tu que la foi

est la découverte de l'union du Moi et du Toi

dans l'expérience du Soi

©  Loup Francart

22/09/2020

Libertango

https://www.youtube.com/watch?v=-uiG5jJavTU


Un tango si mobile et si humain

qu'il se confond avec la vie

la voix seule produit l'orchestre

L'étrange bataille de San Pedro de Atacama (44)

Deux jours passèrent. Alexandro cherchait désespérément ce qu’il pourrait faire pour éviter ce mariage. Mais il ne trouvait rien. Emma partageait son désespoir, elle n’avait, elle non plus, aucune idée de ce qu’ils pourraient faire. Ils n’osaient trop en parler avec leurs filles. Celles-ci semblaient totalement déconnectées de la réalité et ne faisaient que parler entre elles du chilien si désirable, comme avait osé le dire la seconde au cours de leurs conversations nocturnes dans la chambre la plus éloignée de celle des parents.

La troisième nuit, San Pedro subit une attaque. Des hommes s’étaient infiltrés par le lit du rio Salado, avaient réussi à passer inaperçus des guetteurs et s’étaient introduits dans le bourg. Ils n’avaient pas usés de violence et s’étaient contentés de crier et de faire feu en l’air pour terroriser la population. « Nous aurons bientôt ta peau San Pedro si tu ne te rends pas d’ici quatre jours. Habitants, prenez garde, ralliez-vous au Chili, sinon vous aurez la gorge tranchée. » Très vite, la garnison déploya sa section d’urgence, mais il était déjà trop tard. Les Chiliens étaient repartis, personne n’avait eu le temps de voir par où et il n’y eu donc pas de poursuite de la bande qui avait perpétrée cette intrusion.

Le lendemain, tout San Pedro ne parlait que de cela. Le capitaine Barruez était furieux. Il avait été réveillé par le lieutenant-major qui était de garde cette nuit-là, mais il était déjà trop tard. Où chercher, quoi chercher ? Rien, il ne savait rien. Il était vexé. Venir démontrer l’inefficacité de sa défense sous le nez des habitants de San Pedro lui  paraissait la pire injure qui puisse lui être faite. Il convoqua ses chefs de section et revit une fois de plus le plan de défense du bourg.  Mais cela suffirait-t-il ? Et d’abord, quel était ce groupe de Chiliens qui semblaient contrevenir au marché conclu par l’étranger ? La rigueur stratégique des Chiliens semblait remise en cause par cet incident, comme si quelque chose clochait dans l’intention clairement établie il y avait quatre jours. Le capitaine s’interrogeait : est-il possible qu’il y ait des divergences entre les responsables chiliens ? Ou encore, est-il possible que Don Rodrigo Alcantera, le Chilien auteur du défi, fasse bande à part ? Comment le savoir ?

21/09/2020

Les arts florissants

https://www.youtube.com/watch?v=wNmyYgkG2z8&pbjreload=101


Des pièces magnifiques chantées avec virtuosité et drôleries qui méritent toutes une place plus qu'honorables au panthéon de la musique.

Ensemble de chanteurs et d’instrumentistes voués à la musique baroque, fidèles à l’interprétation sur instruments anciens, Les Arts Florissants sont dans leur spécialité l’une des formations les plus réputées au monde. En 2019 Les Arts Florissants ont fêté leurs 40 ans.

( https://www.arts-florissants.org/les-arts-florissants.html )

20/09/2020

Les longs chevaliers blonds

Les longs chevaliers blonds, aux crinières débordées
Encourent de graves problèmes du haut de leurs remparts
Où donc ont-ils couru, qu’ont-ils pu modeler
Pour encourir l’opprobre juste avant le départ

Rien ne trouble l’oiseau qui picore leurs casques
Et la fleur au fusil, ils partent sans un pleur
Sans un regard pour elles, mignonnes portant masque
Les seins fermes et moulés, éprouvant la chaleur

Ainsi se forma l’ombre, et la moiteur lubrique
De ces messieurs hautains, au franc parlé disert
Partit un jour d’avril, comme proies ésotériques

Ils quittèrent leur pays, en vrais traîne-misère
Laissèrent femmes et enfants, les yeux clos sur leur rêve
Pour crier du plus loin leur satiété de trêve

©  Loup Francart

19/09/2020

Embrasement

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Le feu envahissait la colline
Et pourtant l’air n’était pas surchauffé
C’était une après-midi d’automne
Aux poussées de brise froide
Sous des nuées chargés de noir
Personne n’imaginait un soudain embrasement
Un tel cri vers l’azur surchargé
Une telle suffocation de la verdoyance
L’irréel atteignait l’inimaginable
Les portes de l’enfer ouvertes sur l’horizon
Transmettaient l’onde des fins dernières
Contemplant une fois encore, involontairement
La fraicheur exquise et fragile
Des bois ceinturant ces lieux perdus
La matière s’épuise dans son souffle puissant
L’espace se réduit à la suffocation
Le temps s’arrête, figé d’horreur

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S’écoulent cependant les secondes
Sans crépitements ni cris de sauve-qui-peut
Le calme règne encore sur la planète
Ce n’est que sa majesté le soleil
Qui se couche avec délectation
Faisant durer son plaisir
Avant de fermer ses paupières
Et de laisser aller ses vapeurs
Au loin derrière les bois et les eaux
Au delà, l’homme contemple l’illumination
Les yeux bordés de larmes et de tendresse
Remerciant le monde et son créateur
De ce coucher du jour et du mystère de la vie

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18/09/2020

L'étrange bataille de San Pedro de Atacama (43)

Alexandro mit du temps à s’endormir. Pendant son sommeil il gémit. Au matin, il constata qu’il n’était pas plus avancé dans ses réflexions que la veille. Emma l’avait entendu soupirer, mais elle avait fait semblant d’être sereine et de reposer tranquillement comme à son habitude. Ils se regardèrent, se sentirent vieillis, mais déterminés. Ils ne savaient où ils allaient, mais ils iraient ensemble et feraient de leur mieux. Ils se jurèrent de maintenir deux objectifs : ne pas livrer San Pedro aux Chiliens, sauvegarder l’honneur de leurs filles et tout faire pour les rendre heureuses.

Leurs filles arrivèrent. Elles avaient l’air au mieux de leur forme. Elles étaient souriantes et dire bonjour à leurs parents plus joyeusement qu’à l’accoutumée. Elles racontèrent qu’elles avaient discuté tard dans la nuit et s’étaient amusées comme des folles. Elles n’avaient d’ailleurs parlé que d’une chose, ou plutôt que d’un homme, le Chilien qui avait hier proposé le marché extravagant. Elles ne semblaient pas avoir prises conscience du défi qu’il imposait à leurs parents et à la communauté de San Pedro. Elles étaient enchantées d’être le point de mire de tous et en particulier de cet homme. Elles le trouvaient beau, racé, distingué, original. Elles s’étaient endormies en pensant à lui, sentant mille frissons dans leur corps de jeunes femmes. Alexandro dut leur expliquer les dangers d’un tel marché : les risques pour la garnison, pour le pays et pour elles-mêmes. Leurs yeux s’ouvrirent, elles versèrent quelques larmes, tant pour l’amère réalité que pour le rêve qui les avait parcourues.

– Papa, que vas-tu faire ? demanda la plus jeune.

– Pour l’instant je ne sais pas. Mais nous avons une semaine pour trouver. Alors, vous aussi, réfléchissez.

– Moi, je suis prête à me marier avec lui, dit Abigail.

– Moi aussi, dit Libertad.

– Et moi, de même, enchaîna Ernestina.

Alexandro et Emma ne purent s’empêcher de rire de bon cœur à cette déclaration de leurs filles.

17/09/2020

Naissance

dessin,pictoème,géométrie

Une apparition...
Images se succédant
Souvenirs de vie !

 

Après lecture du livre du Père François Brune, Les morts nous parlent, Livre de Poche, 2005

 

16/09/2020

Elle pense

 

Comme est beau l’homme pensant ! Que dit-il à lui-même ?
A-t-il donné sa vie à la faune et la flore ?
S’est-il épanoui ou est-ce un requiem
Qu’il joue en sourdine, se tournant vers bâbord ?

L’œil vif encore ouvert, la narine palpitant,
La main frêle et sûre d’elle, il s’échappe en pensée
Vers l’absence de malheur, tenant son front bouillant,
S’égarant dans l’impasse, ressortant nettoyé.

Et voici s’avançant, d’un pas souple et auguste,
La femme évanescente, de retour au foyer.
Elle brille de tous ses feux pour se faire pardonner.

Quelle idée l’échappée, ce départ injuste
Loin de toute caresse, sans un regard pour lui,
Qu’a-t-elle été faire, sans même un parapluie ?

©  Loup Francart