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19/10/2021

Sur le fil du rasoir (11)

Elle partit un jour vers de lointains pays
Là où rien n’est attendu, où rien ne survient
Bien qu’on l’ait espéré ou même envié
Rien ne vient et tout est là, sous tes fenêtres

Elle avance à pas menus, la tête penchée
Regardant l’ombre de mes suivants assoiffés
Tend la main décharnée et se plonge
Dans une méditation qui empoisonne l’avenir

Mais qu’est-elle, cette maniérée douce
Débordante de vitalité et d’énergie sauvage
Qui, d’un regard innocent, règle ses pouvoirs
Sur la façon dont elle te voit et te pèse.

Adieu petite, l’ombre de ton indétermination
Continue à frapper mes oreilles attentives
Tu erres en pirate sur tes rêves et cauchemars
Et va, de plus, les yeux fermés d’aise et d’espoir

Mai rien ne se passa comme prévu, immobile
Tu encensais tes déboires, les regrettant
 Jusqu’au jour où tu perçus la caresse
D’un jour nouveau si différent des autres jours

Ah, mourir sans savoir ce que tu caches dans ta main
Ouvrir patiemment tes doigts de rêve
Et voir ton sourire épanoui s’élargir de joie
Tu me donnes la vie et la mort en un même mouvement

 

18/10/2021

Sur le fil du rasoir (10)

Enfin, par hasard, vint le grand escogriffe
Il apparut un jour de marché, l’air fatigué
Errant de ci-delà jusqu’à ce que son regard
Fut attiré par l’insolite d’une jeune fille

Que diable, cette personne vaut l’or des Caraïbes
Regardez ce cou incurvé et cette main volante
Elle va et vient devant les gens innocents 
Et s’empare modestement des trésors enfouis

Un sourire de douceur vous prend le cœur
Et vous conduit à concéder l’innommable
Changement de mains et changement de pieds
Un ordre nouveau s’établit hors des apparences

Le galop n’est plus ce qu’il était, tranquille
Il devient un bouillonnement intérieur
Une cascade de rires et de baisers
Sur le marché des hommes affables

S’empare de tous la folie de la joie
Une danse incertaine et bredouillante
L’ombre d’un autre monde perdu
Qui jette un regard condescendant

Cours, cours au regard de la fille
Montre-lui ton apparence et ta réalité
Met dans des yeux une escarbille
Et enfouit tes lèvres dans son cou

Le monde n’est pas ce que tu crois
Un mystère plein de vide et d’odeur
Une cloche qui résonne d’aisance
Et va danser vivement au loin

C’est un puits discret et chaleureux
Caché au fond des cèdres, à l’ombre
Comme une lumière enchantée
Qui ne se montre qu’aux frileux

Sur le fil du rasoir (9)

Enfin, vint le jour où les hommes découvrirent
La faillite de leur pensée extrême : rien ne va plus
Un seul mal à cet étrange ballet : le trou attire
Et rien n’attire autant que l’aspiration indéfectible

Attirer par le rien, les croyants se mettaient à penser
Qu’une autre voie était probable et possible 
Ils erraient, incertains, au-delà du mal
Et rêvaient d’un ciel plus pur que le brouillard

Rien ne déviait les hommes d’un droit chemin
Allant au but ultime, comme une ligne à suivre
La voie du juste milieu, rompue à assumer
L’équilibre entre les maux incorrigibles 

Soit, tu tombes dans le vide inexistant
Et tu ne sais où tu vas et quel avenir t’habite
Soit, tu t’engages vers un mariage forcé
Sans savoir où tu vas et ce que tu deviens

Au milieu il y a le vrai, le fil du rasoir
Que tu ne vois pas et qui te prends
T’entrainant dans son sillage bouillonnant
Vers un pays inconnu, en des lieux inexistants

Plus rien n’y est comme avant, autrefois
Quand les poules avaient des dents
Et qu’on sautait à la corde avant de choir
Épanoui sur ordre du qu’en dira-t-on

Sur le fil du rasoir (8)

Toujours cet élan qui inspire et dilue
Et cette retenue automnale amaigrissante
Qui retient l’être dans son étroit rôle
Revenu aux temps anciens du blanc et noir

Où donc se situe cette ligne qui semble imaginaire
Que l’on enjambe à la va-vite et qui pousse
Les vivants à poursuivre un être de sens
Qui donne à chacun espoir et nouveauté

De quel côté es-tu, toi l’imagier perclus
Qui erre dans ce monde sans formes ni couleurs
Jusqu’à voir, au-delà de la vue ténue
L’ombre de la cavalcade déjantée

Il va, engoncé dans son arrogance 
Passant et repassant sans préparation
Au-dessus de la ligne d’or et de pourpre
Sans comprendre l’importance de son existence

Marche toujours, raide et entière
Sans la chaleur de ton inquiétude
Sans savoir où tu mets les pieds
Et avance dans l’ignorance de ton avenir

Adieu petite, rentre tes blancs manteaux
Et ton altière combinaison de rats
Va au-devant de ton obscure destinée
Et comble de bonheur tes augustes parents

17/10/2021

Sur le fil du rasoir (7)

Enfin, par hasard, vint le grand escogriffe
Il  apparut un jour de marché, l’air fatigué
Errant de ci-delà jusqu’à ce que son regard
Fut attiré par l’insolite d’une jeune fille

Que diable, cette personne vaut l’or des Caraïbes
Regardez ce cou incurvé et cette main volante
Elle va et vient devant les gens innocents 
Et s’empare modestement des trésors enfouis

Un sourire de douceur vous prend le cœur
Et vous conduit à concéder l’innommable
Changement de mains et changement de pieds
Un ordre nouveau s’établit hors des apparences

Le galop n’est plus ce qu’il était, tranquille
Il devient un bouillonnement intérieur
Une cascade de rires et de baisers
Sur le marché des hommes affables

S’empare de tous la folie de la joie
Une danse incertaine et bredouillante
L’ombre d’un autre monde perdu
Qui jette un regard condescendant

Cours, cours au regard de la fille
Montre-lui ton apparence et ta réalité
Met dans des yeux une escarbille
Et enfouit tes lèvres dans son cou

Le monde n’est pas ce que tu crois
Un mystère plein de vide et d’odeur
Une cloche qui résonne d’aisance
Et va danser vivement au loin

C’est un puits discret et chaleureux
Caché au fond des cèdres, à l’ombre
Comme une lumière enchantée
Qui ne se montre qu’aux frileux

16/10/2021

Sur le fil du rasoir (6)

Enfin, vint le jour où les hommes découvrirent
La faillite de leur pensée extrême : rien ne va plus
Un seul mal à cet étrange ballet : le trou attire
Et rien n’attire autant que l’aspiration indéfectible

Attirés par le rien, les croyants se mettaient à penser
Qu’une autre voie était probable et possible 
Ils erraient, incertains, au-delà du mal
Et rêvaient d’un ciel plus pur que le brouillard

Rien ne déviait les hommes d’un droit chemin
Allant au but ultime, comme une ligne à suivre
La voie du juste milieu, rompue à assumer
L’équilibre entre les maux incorrigibles 

Soit, tu tombes dans le vide inexistant
Et tu ne sais où tu vas et quel avenir t’habite
Soit, tu t’engages vers un mariage forcé
Sans savoir où tu vas et ce que tu deviens

Au milieu, il y a le vrai, le fil du rasoir
Que tu ne vois pas et qui te prends
T’entraînant dans son sillage bouillonnant
Vers un pays inconnu, en des lieux inexistants

Plus rien n’y est comme avant, autrefois
Quand les poules avaient des dents
Et qu’on sautait à la corde avant de choir
Épanoui sur ordre du qu’en-dira-t-on

 

15/10/2021

Sur le fil du rasoir (5)

Un autre jour, ils découvrirent qu’ils étaient trompés
Certes, ils tiraient la patte, mollement, doucettement
Mais celle-ci s’activait plus que l’autre et excellait
Dans l’art de découvrir le caché derrière l’apparent

Elle marchait sans vergogne, mais avec discernement
Entraînant l’autre à la suivre (bien obligée !)
Fouillant dans son passé et son présent difficile
Quant au futur, n’en parlons pas, il s’évanouit

Alors, il laissa aller ses revendications et médisances
Et tomba de Charybde en Scylla, les deux monstres
Qui gardaient le détroit, convaincus de leur efficacité
A préserver du danger les marins franchissant le fil

Ainsi va le monde qui s’égare et cille des yeux
Ne voyant que les voiles blanches courant sur l’eau
Tandis que sous les eaux s’activent les idées
Qui font courir le monde à leur perte fatale

13/10/2021

Sur le fil du rasoir (4)

Un jour, ils découvrirent qu’il y avait un fil
Sans même mettre le pied dessus, juste à côté 
Ils sentirent sa chaleur prenante et puissante
C’était comme une coupure sur la peau

Ils se retournèrent et regardèrent en arrière
Non, rien n’empêchait la marche, même lente
Ils ne virent aucun des deux esclaves de la vie
Ni l’espace déroulé, ni le temps galopant

Et pourtant, il y avait bien quelque chose
Comme une piqure d’insectes au bas du pied
Ou comme une main prenante qui vous tire
Et vous empêche d’avancer en toute quiétude

Que diable, je ne vais pas traîner sans cesse
Un tel bazar tout au long de ma vie, chaque jour
D’autant plus qu’il devient de plus en plus lourd
Au fil des jours qui se déroulent et passent !

Alors il se penchèrent sur le fil attentivement
Observant l’impossibilité de le couper ferme
Juste un peu, histoire de se croire fort
Et de savoir qu’on a raison tout de même
 
Après tout, sauter un peu n’est pas un effort
Qu’importe cette gymnastique époumonant
L’essentiel étant de vivre dans la bonne humeur
Sans se soucier d’obstacles qui encombrent

Alors, ils vécurent avec, tirant la patte
Portant parfois le paquet sous leurs bras
Se demandant pourquoi ils devaient le porter
Mais ils n’arrivaient pas s’en débarrasser

12/10/2021

Sur le fil du rasoir (3)

Le fil du rasoir n’est qu’un maigre fil
Il traîne par terre, invisible aux passants
Et, bien sûr, à tous les prétendants
D’une vie claire, droite et modeste

Il ne se tient ni en hauteur ni en profondeur
Il n’empêche nullement son franchissement
Il ne provoque ni lassitude ni rejet
Il dépend de la volonté de chacun

Il est sans exister et ne se remarque pas
Aussi certains le poudrent de craie rouge
Et s’en vont rayés à l’air libre, heureux
De montrer à tous leur singularité

Ce trait de coup de fouet est une libération
Ils sont délivrés de l’esclavage humain
Et avancent à droite ou à gauche
Sans se priver ni même le savoir

Laisse filer le fil sans tension
Ne tiens plus les rênes de la peur
Laisse aller ton cœur et ton âme
Au fil sans rasoir de ton humanité !

11/10/2021

Sur le fil du rasoir (2)

Bien pire cependant : peu savent qu’il y a un rasoir
Le fil pour eux n’existe pas, le paysage reste entier
Ils ne savent d’ailleurs pas où sont la droite et la gauche    
Ils errent le nez au vent, sans but dans l’espace

Peut-être connaissent le temps. Et encore !
Que viendrait faire le souffle d’un passé
Alors qu’ils ne regardent pas devant eux
Savent-ils même qu’il y a un avenir à vivre ?

Ils flottent dans la vie, mangeant leur guimauve
Mâchant, l’air dépité, d’une moue dédaigneuse
La pâtée quotidienne des avatars d’un jour
Sans savoir de quoi demain sera fait

Ainsi va la vie pour eux, déshérités
Partant sur une longue route sans bagage
Ne sachant où se trouve la droite de la gauche
Heurtant l’écoulement du temps et de l’espace

Parfois, l’un d’eux trébuche sur le gazon
Se prenant le pied dans une taupinière
Ils tirent la jambe quelque temps
Sans vraiment comprendre ce qui leur arrive 

Le plat de l’océan s’étend à perte de vue
Y a-t-il même un horizon sur cette étendue ?
Ils marchent à bout de force, les yeux baissés
Sans même voir leurs compagnons de route

Ils trouvent parfois une compagne de vie
Qui éclaire la nuit de leur lent voyage
Jusqu’au jour où ils expirent de lassitude :
À quoi sert donc ce vide immense ?

10/10/2021

Sur le fil du rasoir

Chacun de nous est toujours sur le fil du rasoir
Tantôt à gauche, tantôt à droite, jamais sur le fil
Jusqu'au moment où il franchit la frontière
Oh, misère, attention aux pieds : ça coupe !

Peu se rendent compte de ce passage
Ils n’ont pas conscience du changement
Ils avancent les yeux ouverts sur le monde
Sans savoir ni ce qu’ils sont ni où ils vont

Ils marchent comme les caméléons
En tenue camouflée, levant le menton
Regardant l’autre avec dédain et condescendance :
Qu’est-il cet autre qui me ressemble ?

Sous la torture de la pensée et des émotions
Ils regardent à leurs pieds, les mains tendues
Ouvertes sur le rien de ce qu’ils savent être
Qui partira un jour dans le vent de la défaite

Entre en toi-même, se disent-ils sérieusement
Mais ce toi-même, qu’est-il, où va-t-il ?
Ils errent en marchant sans pouvoir s’arrêter
Et regarder le désastre derrière eux et en eux

 

09/10/2021

Possession

L’inculture gagne du terrain
Qu’est-ce qu’un vers et une strophe
Au regard de ferrailles et de pierres
Rien qu’un amas fragile et sans consistance

La pensée n’est qu’un éclair dans la nuit
Bien vite perdue dans le toucher invisible
De souvenirs ou de sentiments
Ou encore de fureur et de dénégations

Que pensent les infirmes dépités
Les ensorcelés de l’amour
Les enivrés de notes claires
Les caressants aux mains fortes !

Seuls comptent le ferme et le décisif
Que l’on tient dans sa poigne acerbe
Tel l’avide qui serre autour de lui
Ses possessions emprisonnées

Quelques souvenirs hantent également
La mémoire de ceux-ci, parfois
Dans une résurgente recherche
D’aventures et d’inconnus rares

08/10/2021

L'étouffoir

Retour à l’intériorité ouverte…
La sincérité est une vertu
Elle conduit les hommes au franc-parler
Et garde les cœurs purs

Qui ose dire ce que tous pensent tout bas !
Seuls quelques êtres crient dans le désert
Mais où se trouvent la vérité ?
Ne rien dire ne sert à rien

Parler non plus, disent les autres
Respectons le politiquement correct !
Plus rien n’exprime la vérité
Qui se cache derrière le masque

Le groin du silence s’épanouit
Que rien ne bouge dans l’allée du pouvoir
Laissez les consciences à leur place
Ne bougez pas l’équilibre précaire

Muselez vos propos sans bruit
Que vos cœurs soient vierges
Plus tard, peut-être pourrons-nous dire
Ce que nous avons vécu : l’étouffoir

05/10/2021

Anniversaire

Toi, seule dans la foule des récipiendaires
Les yeux ouverts sur la vie et l’amour
La main sur le cœur et le cœur en bandoulière
Tu marches parmi tes souvenirs, heureuse

Lorsque nous nous sommes unis
Toi, belle comme une colonne d’airain
Moi, te contemplant, émerveillé
Notre dernière heure est apparue

Nous avons fait un vœu de longévité
Toujours près l’un de l’autre
Caressant notre rêve d’infini
Deux en un, un parmi les autres

Et la vie passe… Entre nous
Toi toujours présente, là et ailleurs
Près de la beauté des souvenirs
Jusqu’au bout du monde, un et deux à la fois

04/10/2021

L'écriture

Tous rêvent, l’écriture les prend…
Mais elle a plusieurs manières de chasser
Dont l’une des plus courantes :
S’installer dans le rêve de l’écrivain

D’autres s’essaient à quelques pas
Mais ils ont oublié leurs chaussures
Et les petits cailloux sont multiples
Ils ne peuvent les déplacer

Auparavant, la mémoire était essentielle
C’était une poche extensible et chère 
Gonflée de mots, puis de chiffres
Une mer troublée et prolifère  

L’imprimerie a tout bouleversé
Le doigt remplace l’oral défaillant
Sur un support non destructible
Et permet de conserver l’histoire

Mais pour écrire la vie
Rien de mieux qu’une machine
Qui trace sans distinction
L’imagination débridée et puérile

De nos jours, ce n’est qu’une petite boite
Que l’on transporte avec soi
Et que l’on chérit, car sans elle
Il ne reste rien que l’on puisse lire

Donc, écrivons sans vergogne
Salissons-nous les doigts
Essuyons-les dans nos mouchoirs
Et comme Pilate lavons-nous les mains

Mais quoi écrire ? La vie n’est pas 
Un long fleuve tranquille et rêvé
Elle s’écoule chaque jour petitement
Mais fini bien en fleuve déchaîné

Un jour, le fleuve devient mer
Après avoir franchi monts et collines
Ruisselé dans les vallées
Et pleurer dans les lacs

Ce peut devenir un livre merveilleux
Ou un torchon infâme et vénéneux
Cela ne dépend pas seulement de l’auteur
Mais aussi du lecteur attentif

Ainsi pour écrire il faut être deux
Un jour ou l’autre, être lu
Et poursuivi de pleurs et de rires
Malgré l'intention de l’auteur

03/10/2021

Méditation à la Flute indienne

 


L'homme se dresse

les sons s'égrainent

les sens s'éveillent

il devient autre

02/10/2021

Une galerie d'art en pleine campagne

Il se leva seul
Les écuries sanglantes
Luisaient de couleurs

Une délicieuse soirée
Le grand Meaulnes ne l’eût pas dédaigné
Un rêve au fond des bois touffus
Et l’art caché derrière les frondaisons 

01/10/2021

Somnolence

Assis, toujours, devant la même table
Il s’étonne de sa propre inconscience
Que fais-je ainsi debout à cette heure
Alors que les autres dorment sans penser

Et qu’est-ce que la pensée pâlotte et papillonnante
Qui, là encore, soulève un effort d’imagination
À côté du silence de la nuit et du froid du jour
Jusqu’à l’ensevelir et le confondre avec les spectres

Le cou ploie vers la terre, encombré de sommeil
Même les mains se laissent aller, vertes de bonheur
À l’idée des draps frais qui l’attendent
 Et de la blondeur des bras qui vont l’enserrer 

Merci, Seigneur, de m’arracher à cette torpeur
Dresse-moi, debout, devant toi, ouvert
Fleuris mes pensées de cieux sans pression
Qu’enfin je m’endorme, perdu dans le vide cosmique

 

30/09/2021

Neige, de Maxence Fermine, Edition Arléa, 2002

Neige, un petit de livre de maître 
Au nom court comme un haïku :
Yuko Akita avait deux passions
Le haïku… et la neige…

Le père de Yuko était shintoïste
Père, je veux devenir poète
La poésie n’est pas un métier
C’est un passe-temps
C’est ce que je veux faire
Apprendre à regarder
Passer le temps

La neige est un poème
Un poème d’une blancheur éclatante
Et il se laisse ensorceler par la femme
En partant trouver son maître
Maître apprenez-moi la couleur
Le Maître sourit et répondit
Apprends-moi d’abord la neige

Le livre est un haïku
Il raconte l’histoire de Neige
Qui rencontre la femme du Maître
Une funambule qui mourut tragiquement
Sa vie tenait un une seule ligne. Droite
Elle marchait dans les airs

La suite se lit dans la blancheur
Jusqu’à ce que les couleurs apparaissent

29/09/2021

Sommeil

Jeune, il se dédoublait
Il était le gentil garçon
Chaque jour à la tâche
Mais, dans la solitude
Il rêvait d’un monde 
Sans contrainte ni misère
Il montait sur les chevaux
Et chevauchait sans crainte
Les étoiles et galaxies
Sans jamais regarder en arrière
Un jour, il ne sait plus quand
Il fut en vue d’une galaxie 
Dont les planètes étaient bleues
Étrangères aux couleurs chaudes
Et au souffle des vents stellaires
Il se sentit en paix, assagi 
Rasséréné, bercé de bonheur
Sans en comprendre les raisons
Accompagné par sa vitalité
Il parcourut longuement
Les allées du pouvoir et la finalité
D’une vie réglée par le temps
Il se vit serviteur et maître 
Par la vitesse acquise
Jusqu’aux confins de l’infini
Là où rien ne dit où l’on va
Ni où l’on est, ni même qui est-on
Rien n’existait que cette envie
D’expérimenter l’inconnu
Sans contrainte ni misère
Il s’approcha des courants d’air
Huma les senteurs de l’inexploré
Et s’endormit benoîtement
Dans les rayons d’un soleil mou

Depuis il dort sans savoir
Ce qui lui manque
Sa vie est bien remplie,
Mais il ne sait de quoi !

28/09/2021

L'héritage

Une impression, c’est tout
Et encore, qu’est-elle ?
Il partit sans bagage
Il n’avait rien qui le guide
Ou le porte… Rien
Il sortit par la porte Nord
Franchit le pont de la Vistule
Et s’encouragea en chantant
Il marcha huit heures
Franc du collier
Et finit, épuisé
Il s’assit au pied d’un chêne
Regarda le paysage
Et conclut an changement
Le monde a-t-il bougé aujourd’hui ?
Plus attentivement intéressé
Il observa une jeune femme
Qui marchait devant lui
Bizarre, elle marchait penchée à droite
Comme portant un seau ou un paquet
Il s’avança en allongeant le pas
Pardon Mademoiselle
Puis-je vous aider à porter
Ce qui paraît bien lourd
Pour une jeune fille comme vous ?
Sûrement pas Monsieur
Je porte mes souvenirs
Et la mémoire de la famille
Et tout cela ne m’appartient pas
C’est un héritage désastreux
Mais que je n’ai pas le droit
De le laisser au bord du chemin
Peut-être un jour
Pourrais-je m’en débarrasser !
Qu’à cela ne tienne
Je peux m’en charger
C’est ainsi qu’il hérita de mille songes
Et oublia son passé
Probablement son présent
Et peut-être même un avenir prometteur
Parce qu’il avait croisé la femme
Qui le conduisit dans l’inconnu
Il ne le regretta pas
Elle riait de ses dents de verre
Et pensait toujours avant d’agir

 

27/09/2021

Boléro

Elle sortit par la porte de derrière
Elle ne voulait pas paraître vierge
Elle ne portait qu’un boléro
Laissant la peau nue et blanche
Elle se sentit prise par le bras
Qui donc voudrait la retenir
Dans l’enfer de la musique béante
Et lui forcer la main et les pieds
À danser sans cesse la polka
Derrière un bar louche et étroit
Il l’entraîna avec douceur
Lui caressant le bras dénudé
Elle fit un faux pas, riant
Et le regarda, gouailleuse
Remarquant son soudain intérêt
Et ses mains mobiles et moites
Elle avança encore d’un pas
Et tomba dans le piège grossier
Que sont doux ces bras velus
Forts comme un turc, dit-il
Oui, mais les Turcs n’ont plus
De domicile fixe et cherchent
La pièce où s’étend et dormir
Alors elle entrouvrit son corsage
Et lui montra l’ombre de ses seins
Qui flottaient entre le tissu
Elle lui prit la tête et le plaça
Comme un trophée
Entre les deux mamelons
Elle ria aux éclats, 
Puis se laissa prendre au jeu
Des plaisirs défendus
Rien pourtant ne la disposait
À devenir femme un soir d’automne

26/09/2021

Le renard et la belette

Le regard emporté du renard
Se porta sur la belette maligne
Qu’est donc cet animal si mouvant ?
Il haussa la tête, humant l’air 
Bien camouflé, avança prudemment 
Qu’est donc cet être mobile 
Qui danse de mille pattes 
Et chante à la lune sa gaité ?
Son œil prudent s’humecta 
La belette virevolte et s’amuse
Des mille précautions du renard
Qui ne voit qu’elle le voit
Elle disparut de la vue acerbe
Du tas de poils orangé et puant
Et se découvrit rayonnante
A quelques pas du curieux
« Qui donc, Monsieur, observez-vous
De cet œil plein d’appétit 
Ne serait-ce pas la conjoncture
De ma présence pleine et entière ? »
Retourné et surpris, le renard
N’osa saisir l’animal opportun
Alors celui-ci le prit par le cou
Lui passa la patte dans le dos
Et lui dit chaleureusement :
« C’est fini, amusons-nous
C’est plus qu’une opportunité
Cela devient une nécessité ! »
Depuis, dans plaine dénudée
Le renard et la belette
Égayent leurs amis, contant
Des faits inimaginables :
« La joie est le meilleur de l’être »

24/09/2021

Être

Je ne suis plus et je suis
Je ne suis plus ce que j’étais
Et je suis pleinement tout l’univers
Tu n’es plus et tu es, totalement
S’oublier pour être
Être pour fermer le cercle
L’existence est absence
L’absence est présence
Je suis parce que je ne suis plus

 

23/09/2021

Pourquoi travailler ?

Pourquoi travailler ?

Tout d’abord, ne pas dépendre des autres pour exister 
C’est-à-dire gagner sa vie pour s’assumer  
Et permettre aux proches de vivre autour de soi
En allant plus loin finalement faire vivre la société humaine
Plus encore, contribuer à une société meilleure

Mais dans le même temps, se réaliser
C’est-à-dire chercher en moi ce que je suis
Et trouver en moi le meilleur 
Pour moi-même et pour les autres

Se réaliser en aidant les autres à se réaliser
Directement ou indirectement

En fait, pour être heureux,
L’être humain doit concilier 
La vie en société et la vie personnelle

 

 

22/09/2021

MACARENA RAMÍREZ. Festival flamenco de León

Elle n'est plus femme, ni homme...

serait-elle la vie ?


 

Un frémissement

La femme devient furie

Eau bouillonnante

21/09/2021

xx (symphonie nippone : photos Gildas de La Monneraye)

 

© gildas de la monneraye - Symphonie Nippone - 0 - 4.jpeg

Derrière une apparente modernité 
Le Japon cultive ses traditions ancestrales
Tout d’abord, la terre nourricière
Qui encercle les immeubles citadins

Elle incite à la purification
Mais cernée par l’appel au changement
Elle perd son apaisant pouvoir
Malgré sa force naturelle et son humilité

L’homme penché sur la terre
Respirant la sagesse du temps
Contemple l’herbe et l’immensité
Purifié par l’eau et les ablutions

Puis, montant vers les cieux, la pierre ferme et solide
Érection de la volonté moderniste
Encerclant l’horizontal, envahissant
L’homme debout jusqu’à l’abaissement

Ainsi la lutte entre le Moi et le Soi
Règle la vie et la mort des Japonais
Une obsession : Comment trouver sa place
Dans un monde si mobile et si personnalisé ?

© gildas de la monneraye - Symphonie Nippone - 11.jpeg

20/09/2021

Voyage imaginaire

Nuit… Nue comme un courant d’air
Elle sortit du lit, fleur égarée
Et courut en tremblant
S’abriter sous les cris des enfants

Elle avait lu ces contes fantaisistes
Où l’âne devient roi et le roi maudit
Le noir lui avait porté conseil
Elle tentait une nouvelle approche

Comment se donner sans fard
Et dire aux sujets du royaume
Vous êtes le sel de la terre
Et les fleurs du ciel étoilé

Elle pleura longtemps son corps
Devenu solitaire et esseulé
Elle n’avait pas connu ce délabrement
Depuis les jours sans désir

Elle comprit alors l’engagement
Des consacrées dans l’absence
D’une vie sans poids ni mesure
Baignant dans la félicité

Où poursuit-elle maintenant et dans l’avenir
Le cœur transparent de lumière
Reposée, assagie et vierge
D’un bonheur d’infinitude 

19/09/2021

Equitation (poème)

Equitation camille_carier_bergeron_acoeur.jpg

Camille Carier Bergeron et Acoeur/crédit photo Claude Ménard
 

podcast

18/09/2021

Perdue

Le retour des petits pains sans levain
Qui prennent l’autoroute sans péage
Ils vont ensemble ou chacun de leur côté
Aboyer contre ceux qui sautent et courent
Lui, là, qu’est-il à vouloir pondre un œuf
Au pied de la porte du paradis perdu
Dorénavant, les ombres sont à la lumière
Et le chat attrape la neige qui tombe
D’un ciel blond, tenace et ambigu
Quelle histoire que cette fille sans fard
Qui plonge sans vergogne dans un bain
Et mord ses genoux verts et asséchés
Rien n’est plus vrai que l’oiseau voleur
Chantant à voix haute son malheur
Sans pleurer un instant dans sa manche
Va, cours après elle et rattrape-la
Elle peut t’échapper et te mordre
Sans jamais oublier de boire le sang