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09/08/2015

The Dentist Of Jaipur

https://www.youtube.com/watch?v=WR8tIjTykbE#t=28


C'est vrai, efficace et douloureux ! Seule la sécurité sociale applaudit des deux mains.

Mais regardez celui-ci, est-ce mieux !

https://www.youtube.com/watch?v=lW6R9kSGV2Q


30/07/2015

Mannequin

 

 Un simple mannequin de bois peint. Il regarde le vide du tableau qui se prépare dans la tête des apprentis peintres, l’air hautain, reposant sur sa chaise, les bras semblant pianoter d’impatience d’être mis en image.

Il est anonyme, de la fin du XVIIIème siècle ou du début du XIXème. Voici ce qu’il en est dit sur la note l’accompagnant :

« Ce mannequin d’artiste, grandeur nature et en bois peint, est vraisemblablement une commande de l’accademia Carrara à Bergame. Il servait de modèle aux étudiants qui s’initiaient à l’art de peindre et de sculpter.

Sa structure et son mode d’articulation correspondent à un modèle type que l’on retrouvait, avec quelques variantes, dans la plupart des écoles d’art européennes. En revanche, le bois peint au délicat ton de chair, la perfection des traits, les boucles de la chevelure ceinte d’un bandeau sont des ornements ajoutés par un artisan local. Parfaite incarnation de la beauté néoclassique, le mannequin de Bergame encourageait les étudiants à poursuivre l’idéal de l’Antique. »

28/07/2015

Porte (5)

 


 

 

 

Cette longue porte emmanchée d’un long cou au bout duquel on aperçoit un œil verdâtre regardant les voitures passer. S’y loge un vieillard acariâtre qui ausculte la rue avec sa paire de jumelles de théâtre.

 

Elle a l’élégance parisienne des femmes montées sur talons aiguilles, le pied pointu, le mollet galbé. Je n’en ai cependant pas vu sortir de cette porte étroite et même Gide ne les connait pas.

  

 

 

 

 

 

 

 

Plus classique, seigneuriale pourrait-on dire, celle-ci qui fait un clin d’œil avec ses panneaux centraux. Elle a la rigueur du XVIIème siècle et l’effronterie du XVIIIème.Française est-elle et bien née. Mais que cache-t-elle derrière son dos : une cour, un jardin, un hôtel particulier ? Nul ne le sait. Il faut montrer patte blanche pour entrer dans son intimité.

Celle-ci, petite sœur de la précédente, plus maquillée, plus riche de décors, mais moins élégante, plus bourgeoise enrichie. Son fronton se veut massif et saisissant. Mais ses fausses colonnes doriennes n’impressionnent que les gueux qui passent dans la rue. Certes elle a un rien de la french touch, mais à la manière des comédies du XIXème. C’est de la pacotille qui veut éprouver la clientèle.

27/07/2015

Portes (4)

 

Une porte insolite qui fait penser à l’intérieur d’un bateau du siècle dernier. Tout y est élégant, briqué, policé, ordonné. On ouvre la porte et on se trouve dans un havre de paix, rondouillard, mais stricte. La marine chez soi qui nous offre un voyage au bout du monde derrière cet arrondi concave. Embarquez, vous ne le regretterez pas : au regard de l’horizon légèrement convexe, vous laisserez vos yeux errer sur le bleu vert des mers du Sud et rêverez à ces mondes  si différents de celui que vous connaissez. Oui, c’est la porte des songes qui offre le voyage à qui veut entrer. 

La porte de l’inspiration, cachée dans les plis du cerveau, elle immerge dans l’instant et caresse la mémoire de quelques chatouillements verbaux : 

Il faut rentrer au labyrinthe
Des pas, des carrefours, des mœurs,
Où l'on sent une sombre crainte
Dans l'immensité des rumeurs.

Oui, c’est la porte de la maison de Victor Hugo, ouvrant sur la grotte  du rêve :

Je regarderai ma voisine,
Puisque je n'ai plus d'autre fleur,
Sa vitre vague où se dessine
Son profil, divin de pâleur,

Cet ange ignore que j'existe
Et, laissant errer son œil noir,
Sans le savoir, me rend très triste
Et très joyeux sans le vouloir.

Elle est propre, douce, fidèle,
Et tient de Dieu, qui la bénit,
Des simplicités d'hirondelle
Qui ne sait que bâtir son nid.

23/07/2015

Divertissement

https://www.youtube.com/watch?v=5411cS2P43E

Quelques minutes de rire devant l’habileté de ces deux hommes. Comment faire pour rendre rigide un morceau de tissu ? Beaucoup de contorsions, de l’humour et une dextérité sans faille.

22/07/2015

Portes (3)

 

 

Ce n’est pas une porte cochère, mais une porte toute simple, de bois et de métal. Mais sa grille laisse deviner des cachotteries et des mystères insoupçonnés.

On ne regarde pas de face, mais de côté, tendant l’oreille à celui ou celle qui se trouve de l’autre côté, dans ce noir absolu et qui épie la lumière du jour. Que murmure-t-il ?

Il faut s’approcher et admirer l’élégance du fer forgé, véritable chef d’œuvre, peut-être d’un compagnon du tour de France ? Un dessin majestueux et sobre, d’une symétrie parfaite. On peut juste regretter le manque de symétrie en face à face des deux frises verticales. N’aurait-on pas vu un décroché symétriquement inversé comme celui-ci :

 

 

 

 


 

 

 

 

 

Celle-ci, une porte imposante, mais qui a pris un air d’été. Elle est partie aux bains de mer ou à la campagne et elle bronze au soleil estival. Elle est sévère, mais sourit de toutes ses dents au visiteur. Ne nous y trompons pas, ce n’est qu’un sourire et non une invitation à entrer. Secret… Circulez, il n’y a rien à voir !

 

 

 

15/07/2015

Portes (2)

Comme un bonbon offert d’une main secourable, elle reluit de ses feux d’un bleu profond et lisse. On a envie de goûter ses parois acidulées, de sentir ses fleurs stylisées, de lécher son digicode doré. C’est un porche de cinéma, fait de carton-pâte, digne d’un Hollywood parisien. Heureux les habitants de cet immeuble, ils entrent chaque jour au paradis, les yeux exorbités, la main caressante, le corps parcouru d’une envie d’aimer.

Celle-ci a la tendresse de la Provence. C’est un coin rafraichissant, un havre de paix, rond de froideur dans lequel on fait une halte doucereuse qui lave le corps de ses gouttelettes de transpiration naissantes. Vous avez envie de rester… Là… tranquillement… Mais il faut bien repartir… Allons, un peu de courage… Vous êtes requinqué. Adieu, fraicheur… Êtes-vous allés voir derrière l’entrée ce rond de lumière débordant de promesse ?

Elle était belle et majestueuse, ornée de pierres sculptées, de femmes et d’enfants portant sur leurs épaules le poids de la société. La fenêtre veillait gentiment sur le sommeil de ses habitants, vigie aux commandes du navire lancé en pleine mer comme un aveugle dans l’éclairage du matin. Se réfugier là, ouvrir la porte, pénétrer dans l’obscurité du porche, et attendre que le soir vous prenne dans ses rêves. Vous êtes la marquise, le valet de pied, le facteur, le visiteur… Peu importe, vous êtes entré dans l’histoire, par cette porte qui pourtant mériterait bien un coup de peinture.

05/07/2015

Portes (1)

Lorsqu’on voit une porte en imagination, que voit-on en premier ? En ce qui me concerne, je vois son déplacement, cette bascule autour des gonds dans un mouvement lent, mais déterminé. Le cœur bat. Oserai-je pousser et entrer sans savoir ou bien dois-je rester en deçà dans un mystère insoluble par indécision ? Cet instant précis où le montant se met à tourner, volontairement ou involontairement, est chargé d’émotion. Il peut même être emprunt de sentiments, mais cela suppose que l’on ait une intention. Alors il n’y a plus la surprise de l’inconnu, mais celle de la motivation initiale.

Partir à la découverte des portes cochères de Paris c’est un peu partir vers l’inconnu. On en voit à chaque pas. On ne les remarque pas. On peine à les ouvrir. On s’intéresse à ce qu’il y a au-delà. Ne nous reste en tête que le bruit du battant qui, se refermant, émet un son creux, tonitruant ou doucereux. Le couperet d’une lame de guillotine qui se referme sur votre gorge.

En voici une, stricte, belle malgré tout, ornée, pleine de lauriers. Elle n’est pas grise, mais bleu gris ou gris bleu. Peu importe. On la sent solide sur ses pieds, volontairement fermée. La loi seule l’ouvrira et révèlera ce qui se cache derrière. Elle est symétrique. On ne sait quel côté s’ouvre. Seul le rectangle du bas est plus grand pour laisser passer les pieds du passant qui cherche à s’immiscer dans son intimité. La porte de justice… Titre d’un thriller haletant, mais réservé aux initiés.  

Celle-ci, avec ses grilles ouvragées, rappelle une prison ou tout au moins un lieu clos non ouvert à tous. Elle est solide, bien faite, avenante même. Que cache-t-elle, une cour des miracles, un lieu de retraite, l’isolement des perdus de ce siècle ? Dommage cependant qu’elle se soit laissée atteindre par la fièvre de la publicité, ces ex-voto de part et d’autre de son assise, disant à tous : « Oui, nous sommes là, entrez donc ! Montez dans les étages, c’est ouvert à tout vent ! » Mais la porte est fermée, puissamment, telle une tour de veille dans les rues où déambulent les passants.

Cette autre, majestueuse, protégeant les richesses d’un propriétaire soucieux de son aisance. Le grand siècle de Louis XIV, imposant, protecteur d’un monde précieux, fait de figurines posées sur des meubles cirés. Un rouge serein, lourd, chargé de secrets et d’escapades nocturnes que personne ne doit connaître. Ne laissez pas traîner vos pieds au bas de la porte, l’or qui s’y trouve vous contraint à les lever haut.

03/07/2015

Le mythe de la caverne

« Figure-toi, des hommes dans une demeure souterraine, en forme de caverne, ayant sur toute sa largeur une entrée ouverte à la lumière ; ces hommes sont là depuis leur enfance, les jambes et le cou enchaînés, de sorte qu’ils ne peuvent bouger ni voir ailleurs que devant eux, la chaîne les empêchant de tourner la tête ; la lumière leur vient d’un feu allumé sur une hauteur, au loin derrière eux ; entre le feu et les prisonniers passe une route élevée : imagine que le long de cette route est construit un petit mur, pareil aux cloisons que les montreurs de marionnettes dressent devant eux, et au-dessus desquelles ils font voir leurs merveilles. » (Platon, La République, livre VII)

Cette caverne est une épreuve. Mais elle mène à la vérité que l’on ne trouve que par soi-même en apprenant à répondre aux questions qui se posent à travers son existence.

Cette photo a été prise un après-midi où le soleil inscrivait en ombre chinoise sur une porte les objets posés sur un muret. Elle illustre bien ce mythe ou cette allégorie. Elle symbolise le passage du visible à l’invisible. A chacun de nous de trouver la porte ouvrant sur le réel inconnu des hommes. Qui est le plus réel : les objets, leur ombre, la porte (un mur) ou la serrure qui ouvre sur un autre monde, ou encore cet autre monde lui-même ?

29/06/2015

Les compagnons du devoir et du tour de France

Se former chez les Compagnons du Devoir, c’est avant tout apprendre un métier, en alternant un enseignement théorique et une formation pratique en entreprises, en voyageant grâce au Tour de France, en partageant des expériences et des moments de vie en communauté dans les maisons de Compagnons.

La formation s’achève par un chef d’œuvre. Celui-ci démontre non seulement la technique du compagnon, mais également son intelligence, sa sensibilité, son sens de l’observation et sa patience.  Et l’on constate ainsi que l’artisan peut-être un artiste bien meilleur que tous les soi-disant artistes contemporains dont seule la morgue surclasse les compagnons.

Mais la réforme de la taxe d’apprentissage risque de tout remettre en cause. Celle-ci sera désormais à la charge des régions et ne pourra être collectée directement par les organismes de formation. Et pourtant, le Compagnonnage du Devoir est sans doute le plus ancien organisme de formation professionnelle. Ses origines se situent vers le XIIème siècle et, jusqu’à aujourd’hui, il a toujours maintenu une tradition de transmission.

16/06/2015

Eglise de Looz (Belgique)

 Mais, est-ce une église ?

C'est une église qui selon le point de vue s'effacerait du paysage. Le projet du duo d'architectes belges, Pieterjan Gijs et Arnout Van Vaerenbergh, baptisé « Reading between the lines » -Lire entre les lignes- est plus esthétique que spirituel. Édifier une église dont les murs composés de lattes d'acier horizontales modifieraient la perception du bâtiment.

La collaboration entre les deux remonte à 2007, quand Gijs et Van Vaerenbergh décident de réaliser plusieurs projets dans l'espace public avec une portée architecturale et artistique.

Gijs Van Vaerenbergh ont dévoilé leur construction en milieu rural, reproduction exacte de l'église locale. Leur œuvre d'art est composée de 30 tonnes d'aciers et de 2000 colonnes construites sur une base en béton. À travers les lattes horizontales, le concept d'église traditionnelle laisse sa place à un objet presque transparent.

Selon la perspective de l'observateur, l'église peut être perçue comme une construction massive ou au contraire, se dissoudre, partiellement ou complètement, dans le paysage. Les curieux qui regarderont de l'intérieur de l'église vers l'extérieur seront les témoins d'un jeu de lignes jouant sur les abstractions et qui devraient modifier leur perception de l'environnement. L'église et le paysage font partie inhérente de l'œuvre.

From : http://www.huffingtonpost.fr/2012/12/03/photos-eglise-tro...

02/06/2015

Les villages Hakka et les Tulous

(Une création de Daniel S.)

Les maisons de terre désignent les bâtisses construites en terre et en bois. Les villages Hakka du sud-ouest de la province du Fujian située en Chine du Sud sont très réputés pour leurs bâtiments en terre et en bois. Ainsi appelle-t-on ces dernières « Maison de terre Hakka ».

Ces maisons traditionnelles se divisent en plusieurs catégories : les maisons rondes, carrées, rectangulaires, demi-circulaires, ovales, pentagonales, de forme des Huit Trigrammes, et autres formes irrégulières.

Les maisons hakka construites autour d’une grande cour de forme ronde n’ayant qu’une seule porte d’entrée ont ainsi été organisées dans le but de mieux se défendre et de résister aux agressions. Les murs de plus d’un mètre d’épaisseur faits en terre battue sont hauts d’un, deux ou trois étages. Ceux de deux étages sont les plus nombreux. Au centre des maisons, c’est à dire, au milieu de la cour ronde, on trouve dans la plupart des cas un puit. Le rez-de-chaussée sert de salle à manger ; les pièces au deuxième étage sont les chambres à coucher ; et les autres servent à déposer les réserves de grain et les outils agraires.

La construction des murs nécessite une technique très élaborée. La conception de l’ensemble de la maison est rationnelle et ingénieuse. Dans le tableau, cette construction est très représentative de la région.

29/05/2015

Le puits de Darvaza ou la porte de l'enfer

En plein désert de Karakoum (Turkménistan), près du village disparu de Darvaza, se trouve un cratère d’une centaine de mètres de diamètre et de plus de vingt de profondeur, baptisé la « porte de l’enfer ». A l’intérieur de ce puits un feu ardant brûle et l'incendie semble sans fin.

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Le puits de Darvaza n’est pas une œuvre de la nature, mais le résultat d’une malencontreuse prospection minière soviétique qui a commencé dans les années 50.

En 1971, un forage provoque l’effondrement du toit d’une cavité souterraine, laissant apparaître un trou béant d’où s’échappent de grandes quantités de gaz. De façon à éliminer ces gaz  toxiques, les géologues décidèrent d’incendier le puits. Les soviétiques sous estimèrent grossièrement les dimensions de la cavité : Les gaz qui auraient dû se consumer en quelques semaines continuent  de brûler sans discontinuer depuis 1971 ! On ignore combien de temps continuera de brûler la «  porte de l’enfer ». Même si le puits de Darvaza se situe dans une région difficile d’accès, de nombreuses personnes se rendent sur place pour observer ce phénomène fascinant.

23/05/2015

Le grille-pain

Il y a quelques jours, le grille-pain ne grillait plus les braves tranches de pain qu’elle introduisait dans ses fentes. Mettant la main au-dessus, elle constata que celui-ci ne chauffait que très faiblement. Elle l’avait pourtant acheté il y a peu, sur Internet bien sûr. Quelques mois suffirent pour qu’il rende l’âme, une face sur deux restant noire alors que l’autre émettait encore un rayonnement rouge brique chauffant légèrement un pain qui ne rosissait pas, devenait dur comme la pierre au bout de dix minutes et restait blanc comme un drap. Impossible de se régaler le matin au sortir d’une nuit sans problème. Elle mit du temps à se décider à en acheter un nouveau, surtout pas sur Internet. Renvoyer le carton, perdu bien sûr, lui demandait un effort surhumain et quasiment aussi coûteux qu’en acheter un neuf. 

Ils se mirent à rêver, elle et son mari, d’un appareil mirifique. Comment en une minute disposer de deux tranches de pain grillées et chaudes à souhait ? Ils se glissaient en pensée au cœur de ces deux tranches, se laissaient rôtir avec force grillotements, éprouvant l’égale chaleur à droite comme à gauche, dans un équilibre parfait, déclenchant subrepticement l’éjecteur automatique et se retrouvant dans une assiette chaude, enrobée d’une serviette blanche, offert à tous les regards et toutes les convoitises. Pendant ce temps, tous les matins, se succédaient les tranches d’un pain tiède, si peu bronzé qu’on eut dit qu’il sortait de l’antarctique et sur lesquelles le beurre sorti du frigidaire n’arrivait à former qu’un ramassis de boules dures environnées de miettes du plus mauvais effet.

Ce matin, elle partit à la recherche de l’idéal. Non, ils avaient déjà tenté Tarty qui n’avait que des usines monumentales et chères pour transformer de manière magistrale une mie limpide en peau de faisan doré cuit au bois. Dirigeons-nous vers le centre de Paris où converge la population pour trouver le magasin idoine, pensait-elle en marchant. Elle se rappela le magasin sur les grands boulevards qui vendait toutes sortes de marchandises à prix réduit. Deux grille-pains lui tendaient leurs fentes, larges comme une main qu’elle enfonça pour en éprouver la profondeur. Ils n’étaient pas branchés, cela va de soi. Elle appela son mari au téléphone pour lui dire qu’elle avait trouvé l’idéal, et même deux idéaux. Quelle profusion ! Il sauta sur son vélo, fut là dans les cinq minutes et l’aperçut errant dans les articles d’un regard concupiscent.

Elle l’entraîna dans le coin des accessoires électriques de cuisine, ces appareils miraculeux sur lesquels on appuie pour qu’ils déroulent un programme complexe destiné à vous livrer ce que vous obtenez en moins de temps avec un effort limité. L’un d’eux était noir comme du marbre, étincelant. Il se vit en le prenant en main, un sourire idiot et déformé sur un visage tordu. Pouah ! Quelle idée d’afficher une telle publicité, se dit-il sans avoir conscience qu’il s’agissait du reflet de son propre visage. L’autre était en métal brossé, d’un blanc mat somptueux, offrant ses lèvres amoureusement au regard des acheteurs potentiels. Côte à côte, leur ouverture chatoyante vous faisaient de l’œil. Il en vit même une qui se fermait pendant que l’autre souriait béatement. Prenez-moi, je ne suis pas cher et je chauffe bien ! Stupidement, il tomba amoureux de ce modèle, si l’on peut parler ainsi. De plus il était en réclame. Ils l’auscultèrent, le regardèrent dans tous les sens sans déjouer pièges ou tromperies, laissant leurs doigts glisser sur le métal qui ne reflétait rien, vierge tous les jours de ces attouchements sensuels et impatients de la délivrance de belles tranches dorées. C’est lui qu’il nous faut, pensaient-ils.

Deux minutes plus tard, ils sortaient du magasin avec un carton énorme dans lequel se promenait l’appareil devenu objet de fantasmes. Il le mit sur son porte-bagage et repartit vers leur appartement pédalant avec précaution. Dès l’ouverture de la porte, il le déballa, l’installa à la place de son prédécesseur, le brancha et sentit la chaleur fulgurante qui émanait de ses fentes rougeoyantes. Alors il coupa un petit morceau de pain, le coupa à nouveau en deux et l’introduisit dans la fournaise. En moins d’une minute, il commença à blondir, puis quasiment noircir. Il sortit le beurre qui fondit voluptueusement sur la tranche, se coulant dans les interstices jusqu’à pénétrer dans l’âme même du pain, là où l’équilibre des contraires, le mou du beurre liquéfié et le dur d’une mie grillé à souhait, devient l’extase à petit prix. Quelle journée réussie, pensa-t-il.

18/05/2015

Camouflage et tromperie

Nous n’appréhendons la réalité qu’à travers la connaissance que nous en avons et la compréhension que nous tirons de cette connaissance. Ainsi, « la réalité première » n’est en fait qu’un état de connaissance de la réalité, lié à l’information accumulée sur celle-ci par nos capacités de perception (sens et senseurs). On peut dire « Je sais que cette chose existe » parce qu’on peut la toucher ou, au moins, la voir. Il y a une autre réalité qu’on peut dire secondaire, qui est l’interprétation que nous faisons de cette connaissance. Cette dernière est une opération supplémentaire qui replace la connaissance dans notre propre cadre mental. Celui-ci est constitué par les filtres des différents champs du moi et du soi social. Il interprète la réalité et permet d’agir, mais il est également déformant. C’est pourquoi on peut savoir quelque chose, en connaître la réalité, mais ne pas comprendre ce qu’elle est, ce qu’elle va devenir, ce qu’elle a été.

L’art de la tromperie est vieux comme le monde. Au niveau le plus simple, il consiste simplement à dissimuler la réalité. Mais l’effet est bien plus trompeur lorsque la dissimulation est cachée derrière la simulation. Dissimuler en simulant une autre image, un autre son, une autre sensation, tel est l’art de la tromperie.

En voici un exemple ludique qui trompe son monde. Ce caméléon réserve des surprises :

https://www.youtube.com/watch?v=97vPNAUYJsc 


 

09/05/2015

Une cité chinoise

Cette cité, Shanxi, en Chine, est un site unique :

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Si vous souhaitez en savoir plus, Voir le site http://www.atlasobscura.com/places/hanging-temple-hengshan 

ou

http://en.wikipedia.org/wiki/Hanging_Temple

11/01/2015

Les mots parleurs

Une leçon : "traducteur et passeur, les Mots parleurs révèlent l’écriture, son rythme, son intensité pour nous restituer, en quelque sorte, la gourmandise de l’écrit. (…) Le corps et la voix pour passer l’énergie de l’écriture, représenter l’écrit, sa structure, ses signes, sa syntaxe, sa forme grammaticale, ses silences, sa ponctuation, sa typographie ; pour faire résonner le texte et en libérer le sens." (From : http://www.motsparleurs.org/)

Deux femmes emplies de souffle, le souffle de l’esprit, qui disent le livre pendant presqu’une heure. On entend la parole, le silence, les sourires parfois, et rien d’autre. Elles parlent comme une corde tendue sur la vie qu’elles caressent de leur archet  qui se promène tantôt rapidement, tantôt avec une douceur ineffable, tantôt en dansant sur les mots. Pas un bruit autre. Un calme absolu, une tension détendue, celle de l’esprit, pas du corps qui s’enfonce dans sa chaise et laisse en paix l’esprit qui s’envole et qui vous emporte au loin sur une autre terre, celle de l’enchantement.

Deux femmes : Valérie Delbore, comédienne, fondatrice et lectrice des Mots Parleurs, qui s’anime et plane au-dessus des mots, avec gentillesse ou rage, et Carole Bergen, plus jeune, aérienne, intérieure, à la voix enjôleuse. Un duo inséparable, qui se passe la parole comme un jeu de tennis ; mais la balle vagabonde, reste dans un camp plus longtemps que prévu, puis passe dans l’autre en un soupir. Et ce jeu vous enchante et vous sort de vous-même.

Hier soir, elles dirent le livre de France Billand, Dans le noir du paradis, aux éditions Tituli, 142 rue de Rennes. Un récit magnifiquement écrit qui mêle une histoire vécue aux souvenirs d’enfance. Une grand-mère extraordinaire, Madame Faglia, tient la main de sa petite fille qui se souvient de ces instants qu’elle ne comprenait pas, mais qu’elle vécut avec toute la fibre de son être.

"Il y avait dans sa vie une décennie incertaine, une sorte de lac dormant d’où émanait sa personnalité indéchiffrable et dont la surface lisse, avec la précision aiguë d’un miroir, ne reflétait jamais que l’instant présent. À ceci près que, parfois, ridant le miroir, une légère discontinuité du temps laissait entrevoir la véritable Anne Faglia, celle qui fut jeune et houleuse. Après sa mort, quand j’ai découvert le carnage qu’elle s’était acharnée à me taire, j’ai déclaré à tout va que, non, rien ne m’étonnait ; que je la comprenais et l’absolvais. La tenir pour un monstre, comme certains l’ont fait, c’eût été l’abandonner, même morte. Je ne pouvais m’y résoudre. Au début, je pensais écrire sa défense. Il n’y avait qu’à suivre le fil chronologique qui courait droit devant lui, d’une Grande guerre à l’autre, jusqu’aux années 80."

Prochaine lecture : le jeudi 15 janvier 2015 à 19h à l'Hôtel Pont Royal
Carole Bergen et Valérie Delbore liront Les Absents de Georgia Makhlouf, aux Editions Payot & Rivages, prix Leopold Sedar Senghor du premier roman francophone et francophile 2014.
Renseignements: motsparleurs@wanadoo.fr - 06 12 08 66 6
Adresse: Hôtel Pont Royal : 5-7 rue de Montalembert 75007 Paris

Allez-y, vous monterez sur le cheval ailé des mots et galoperez pendant un moment magique sans espace ni temps.

04/01/2015

Le téléphone

Un téléphone : vous venez de recevoir ce petit boitier plat que vous promenez maintenant avec vous, dans la poche de votre veston, comme une relique. Il repose sur le cœur, il bat au rythme des appels, alertes, avertissements, etc.

Il est vivant ! Si vivant que le monde entier vous parle sans cesse. C’est une sorte de cloche de résonance des ébats du monde : avion disparu, tremblement de terre, froid intense, cambriolage place Vendôme, chien du président, bref, le village à votre portée, sans effort, juste un petit coup de doigt et tout vient dans le désordre.

Il est beau, d’une beauté sévère, impeccable, comme le valet de pied d’un livre d’autrefois. Sa dignité n’en est que renforcée. Noir devant, en attente d’utilisation, acier brossé derrière. Une pomme croquée se pavane au milieu, plus foncée, sa virgule dressée, en pleine forme malgré son manque. Ne suis-je pas belle, semble-t-elle dire. Mais elle reste modeste, sans bouger de sa place de reine, semblant tenir en suspension, comme un vrai lévitant.

Qu’il est agréable de toucher le boitier… Une véritable sculpture. Il tient dans la main offerte, il se recroqueville au fond des doigts pour permettre au pouce de ronronner sur le clavier avec aisance. Mieux vaut dans cette posture des doigts de femme qui caressent voluptueusement chaque touche ronde, délicate, munie d’un chiffre qui donne tous les aspects de la vie : l’unité, le couple, la trinité, l’amitié, le groupe, l’harmonie, la singularité, la manipulation et l’altruisme. L’infini, le tout, règne en bas au centre comme un roi, au-dessus d’un point vert où l’on appuie avec délectation. Sonnerie… Silence… Allo : le bavardage reprend, s’amplifie, se décuple, s’entortille. Le sang vous monte à la tête. Le monde vous invite à sa fête. Vous pouvez danser avec les autres, hurler avec les loups, chanter la ronde de l’information et communiquer avec Toi, Qui que Tu Sois.

Il dort dans une pochette qui fut choisie couleur cuir de Cordoue, délice pour le cœur, enchantement pour les yeux. Posé n’importe où, on ne peut faire autrement que de le regarder. Il trône de sa couleur orange sucrée comme un phare en Méditerranée. Les eaux de la concupiscence se pressent autour de lui, les regards deviennent flous, les battements du cœur s’accélèrent, vous ne pouvez vous empêcher de le tripoter et de l’ouvrir. L’ouvre-t-on vraiment ? Non, on le sort de sa coque de cuir comme un enfant que l’on sort du berceau avec précaution en espérant qu’il ne va pas pleurer. Il ne dit rien. Il est obéissant. Ah, oui, il faut le mettre en route, allumer son cœur artificiel, appuyer avec détermination sur le bouton en haut à droite. Un tout petit bouton. On ne le voit pratiquement pas, mais on le sent, il est là sous le doigt, il émet un son  profond et doux et s’allume après une seconde de réflexion. Zut, il s’éteint. Il était pourtant beau, dévoilant sa photo, une constellation d’étoiles. Je sais quelle heure il est, à la minute près. C’est important de nos jours, le soleil étant caché par les immeubles plus hauts que nature. Ah, c’est vrai, notre monde est un monde pressé. Il s’est éteint. Ne pas oublier de mettre un doigt ou un pouce sur l’incurvation arrondie qui ausculte vos profondeurs et vous dit si vous êtes bien toujours vous-même. Oui, c’est bien moi ! Alors, lumière et sapin de Noël.

Une profusion de carrés aux angles arrondis, contenant des signes colorés, tous différents, d’une beauté éblouissante sur lesquels on a envie immédiatement de passer un doigt inquisiteur. Non ! Légèrement… Avec la délicatesse des princesses qui touche la joue de leur prince charmant. Effeuiller les fleurs de cette plaquette magique et vous serez récompensé hautement de votre curiosité. En voici un qui s’ouvre. Quoi ? Il calcule le nombre de pas que vous faites dans la journée. Ça donne de drôle de courbes, mais c’est la vie que l’on mange à pleines dents. Pas encore de prévision, mais cela ne saurait tarder, vous contraignant à effectuer le nombre de pas réglementaires qui montre votre soif de vivre, d’entreprendre, de réussir. Et il faut que vous l’emmeniez quand vous allez courir. On est moderne ou on ne l’est pas !

Vous appuyez sur un autre carré coloré. Tiens ! Il remplace vos yeux et vous montre ce que vous voyez. Comme c’est formidable ces appareils qui vous dédouble le corps. Ils voient à votre place et vous retransmettent l’information sagement en l’agrandissant. Cela peut même servir de rétroviseur. Vous voyez derrière vous sans bouger la tête, n’est-ce pas merveilleux ! Clic, vous effleurez une touche ; clic, clic, clic, clic, clic, etc. Quelle rafale, on dirait un orage. Mais il faut retirer son doigt, s’exclame mon maître en téléphone, un enfant de dix ans qui maîtrise la bête avec un sérieux imperturbable. Du coup, vous le prenez en photo, le visage déformé par la proximité, l’air anxieux, la bouche tordue d’inquiétude. Ah non ! Je ne suis pas beau ! Il l’efface d’un coup de doigt. L’enfance est susceptible quand à l’apparence et elle a raison. Communiquer, c’est paraître. Paraître, c’est être soi-même. Alors vous vous prenez également en photo, vous pouvez même vous éloigner du trésor pour paraître plus grand, plus avenant, plus communiquant. Bravo ! Belle prestation, vous dit-il. Mon Dieu ! Vous vous dédoublez des centaines de fois avec un sourire figé dans la glace. Vous vous regardez vous observez. Quel jeu bizarre !

Ce matin, je suis parti courir dans la campagne, bien sûr accompagné de mon téléphone. On m’a dit qu’il suffisait de le connecter et qu’il vous calculait tout : le nombre de foulées, le kilométrage parcouru, la vitesse, les pulsions cardiaques, à quel moment vous désirez marcher un peu, quand il faut repartir, bref tout. Les initiatives sont plutôt limitées. Certes, vous avez le droit d’éternuer, mais ce n’est pas bon si cela fait baisser la moyenne ! J’ai eu un moment de liberté quand la connexion a disparu. La courbe est devenue plate comme un élastique tendue. Cela m’a fait l’effet inverse : une détente doucereuse et maligne qui vous dit gentiment : « Ne te laisse pas faire par cette machine barbare. » Mais comme je n’avais pas arrêté de courir elle reprit sans difficulté ses mesures, donnant un maximum d’informations sur rien. Car lorsque vous courez, il ne se passe rien, si ce n’est l’expression heureuse de celui qui se laisse aller pour recharger sa batterie.

Un peu épuisé par ces nouveautés, vous désirez faire une pause. Sans même le lui dire, il s’endort gentiment après une brève période de semi-somnolence, les yeux à demi-fermés. Vous le remettez dans sa pochette toujours aussi belle, aguichante et réelle. Vous avez un téléphone et bien d’autres choses encore. C’est votre deuxième cervelle. Un coup de doigt et vous voilà connecté à vos neurones et au monde dans une gigantesque danse autour de vous, en vous.

Mais… Où suis-je dans tout cela ?

21/12/2014

Les HLM nous trompent

Ce sont des HLM rénovés à Champhol, près de Chartres : 4 immeubles, peints en 4 mois, par 4 femmes par immeuble.

Même les détails sont réussis :

Et les HLM sont devenus aériens. Ils font rêver les hommes et les femmes. Espérons que les habitants respirent la joie.

Quelle initiative intéressante !

 

15/12/2014

Equilibre

http://www.flixxy.com/the-incredible-power-of-concentrati...

Incroyable, l'équilibre oriental, synthèse du ying et du yang.

La fin rappelle l'interrogation du météorologue Edward Lorenz : le battement d'ailes d'un papillon au Brésil peut-il provoquer une tornade au Texas ?



13/12/2014

Les éphémérides d'Alcide

C'est un calendrier pas comme les autres qui vient du Canada et qui renferme une véritable encyclopédie : 

http://expressorion.com/ephemerides.htm

Intéressant... Mais sans abus.

12/10/2014

Une lettre à Tchékov

http://vivelamagie.com/actualite-titre-Une_belle_illusion_en_noir_et_blanc-nid-99-al-56bb18f95a613-rg-370195_3.html

Changer juste son regard et re-découvrir un tout autre univers grâce aux Gravity Sisters et la musique de Maria Bonzanigo. Étonnantes femmes aux capacités hors du commun (eh eh eh) à découvrir dans cette vidéo. Découvrez la Compagnie Finzi Pasca par le biais de cet extrait de pièce magique écrite et mise en scène par Daniele Finzi Pasca avec Bruno Lima, Felipe Arruda et Chicao da Katinha. 

Les deux comédiennes sont Veronica Melis et Béatriz Sayad. Ce petit morceau est extrait d'une pièce : "Donka, une lettre à Chekhov".

Quelle belle illusion, poétique et drôle, d’un naturel qui fait sourire les gens non guindés et que dédaignent les serre-fesses. Voilà un vrai spectacle !

Compagnia Finzi Pasca est une compagnie italienne qui tourne dans le monde entier avec des créations foisonnantes totalement magiques et féeriques. Cette compagnie se caractérise par une constante recherche d'esprit créatifs, imaginatifs avec toujours ce regard que nous aimons au Festival, ce petit pas de coté pour voir autrement cette réalité étonnante et magique sans oublier une petite pointe d'humour indispensable.

05/10/2014

Kagemu : ombre et lumière

Beaucoup de bruits, des effets de manches, mais, malgré tout, une belle prestation.

22/09/2014

Vide-grenier et l'opéra è mobile

Hier, dimanche, jour d’errements insolites dans Paris, vide-grenier du 2ème arrondissement, rue de la Banque. Une mairie rue de la Banque, n’est-ce pas rassurant ! Une multitude gens vendaient jusqu’à leur chemise, en mal de partage. Mais de nombreux objets se pressaient sur le trottoir, abandonnés ou présentés avec art, avec le sourire enjôleur du propriétaire ou la face rebutante du vendeur. La mine y fait beaucoup dans l’achat d’un objet. Etre vendeur est un métier, mais plus vraisemblablement une passion, un instinct ou même une vocation.

Au loin nous voyons un rassemblement devant la mairie. Que se passe-t-il ? Nous approchons. Les gens sont figés, presque la bouche ouverte, attentifs, le sourire aux lèvres, à l’écoute du chant qui monte dans la rue avec force.

Mozart… Un opéra… La flute enchantée… Pamina dans tous ses états… Une Reine de la Nuit asiatique, intimidée, mais divine… Un Papageno noir comme du cirage, mais chantant merveilleusement… Tamino, petit, pas rasé, avec une voix d’or et un charme naturel… Un présentateur, également d’origine asiatique, mais parlant un français impeccable, accompagnant au piano les chanteurs et présentant en quelques mots très drôles, vifs, légers, le déroulement de l’opéra.

Quel bonheur que cette troupe des rues qui chante merveilleusement, avec naturel, pour des gens qui ne connaissent pas ce style de musique et qui finissent par être scotchés à leur jeu. Oui, ils étaient nombreux ces spectateurs, de petites filles assises aux pieds de leurs mamans, des mères s’asseyant dans la rue et écoutant avec béatitude, des hommes et des femmes immobiles, regardant ces chanteurs de moins de trente ans, écoutant leurs voix puissants et agiles et applaudissant à tout rompre devant les vocalises.

Subjugués, nous avons tous eu du mal à repartir vers les objets étalés. En dehors des flûtes, rien ne semblaient nous intéresser. La tête encore pleine de sons, nous étions shootés et sous l’emprise de la drogue : l’opéra chez nous, dans la rue, avec la fine fleur de la jeunesse française, qui, pourtant, n’en avait pas l’air. Mais que les airs de la Flute enchantée étaient émouvants !

Lorsqu'ils renouvelleront leurs exploits, nous y seront !

https://fr-fr.facebook.com/operaemobile 

06/08/2014

Bains de mer

Retour en Méditerranée et ses plages chaudes après de nombreuses vacances en d’autres lieux.

Première impression : le bruit, un bruit confus fait d’abord, comme sur tous les bords de mer, du Fraooo…om, Fraaa…am des vagues venant faire leur dernière révérence à vos pieds. Il emplit vos oreilles de son bercement chaotique, incessant, fractionné. Vous ne l’entendez plus, mais il est là, permanent, comme du poil à gratter sous votre chemise. Il faut changer de lieu comme il faut changer de chemise pour s’en débarrasser.  Puis les cris aigus des enfants. Que disent-ils ? Peu importe. Ils crient, et comme le bruit alentour est constant, ils rajoutent quelques décibels à leur manière habituelle de s’exprimer. Cela signifie qu’ils s’amusent. Enfin, les conversations d’adultes, plus douces certes, réservées au cercle des proches dont vous profitez obligatoirement étant à très faible distance de tout un chacun. Madame qui raconte que l’autre jour son petit s’est fait piquer le pied en entrant dans l’eau. Monsieur qui explique qu’il a vu, également sous l’eau, un poisson d’au-moins soixante-dix centimètres. Il était énaurme ! Et ses proches le regardent, peu convaincus, mais n’osant pas le contredire. Le jeune homme qui raconte son ascension du Mont Blanc un jour d’orage et la fille qui lui demande s’il n’a pas eu peur. Le vieillard qui demande à tous ses voisins s’ils n’ont pas vu une petite fille au maillot vert. Tous ces bruits, conversations, manifestations de joie, vous font penser au métro. Pas celui de Paris où les gens ne parlent pas et remâchent leurs problèmes en eux-mêmes, le visage fermé ; mais celui de Rome, où les conversations vont bon train et vous laissent cois.

Deuxième impression : le mouvement qui envahit vos yeux comme le bruit agresse votre ouïe. Certes, le mouvement, faible, des vagues qui viennent arracher quelques grains de sable sous vos pieds, mais surtout cette impression de désordre indescriptible, chacun ne pensant et n’agissant que pour lui-même (mais y pense-t-il ?). Un tableau cubiste de jambes en perpétuel mouvement, de bras s’étendant, de pieds écrasant le sable, de cheveux volant sous la brise, de postérieurs s’enfuyant. Curieux que ces gens qui viennent chercher le repos en vacances, ne cessent de bouger, sauter, se retourner face au soleil comme le fait la saucisse posée sur la grille du barbecue.

Troisième impression : la couleur ou plutôt les couleurs, sans ordre, sans organisation, mêlées au mouvement. Un véritable caléidoscope. Elles sont exacerbées par les rayons du soleil, attirent l’œil droit comme l’œil gauche. Votre regard ne sait plus où aller pour se reposer : serviettes de bain étendues sur lesquelles les humains sont assis, couchés, debout parfois, accrochés à leur île minuscule qui les protègent de l’envahissement ; maillots unis, à fleurs, rayés en longueur ou en largeur, d’autres comportant des nœuds sur les seins, sur le nombril, dans le dos (comment fait-elle pour faire un nœud aussi artistique dans son dos ?) ; bleu de l’eau couverte de têtes ; jaune de la plage que vous distinguez difficilement étant trop encombrée de corps. Un vrai cimetière urbain ! Vous admirez le maillot de Madame qui lui permet de cacher un embonpoint certain, le short serré sur les cuisses de l’adolescent qui gonfle ses pectoraux, l’élégance de l’absence de tissu sur de nombreuses parties du corps de la jeune femme. Enfin ces bouches rouges, roses, violacées de femmes commentant les faits et gestes de leur enfant, riant ne sachant pas pourquoi ou ouvertes de surprise sans émettre un son.

Bref, vous êtes au bord de l’eau… Mais cette proximité de la mer n’est-elle pas également proche de l’atmosphère parisienne, du métro, du stade, du zoo de Vincennes, de l’opéra, des berges de la Seine où passent les bateaux emplis de monde qui regardent ceux qui les regardent. Quel jeu de cache-cache ! Vous courrez en province pour vous retrouver dans la capitale, vous regardez ces gens qui vous regardent et vous n’avez rien d’autres à voir, à entendre, à toucher.

Le soir, rentré dans votre location (vous n’avez pas les moyens de vous acheter une maison que vous n’utiliserez qu’une fois l’an), soulé de bruits, de mouvements et de couleurs, vous affirmez : « L’an prochain, j’irai en montagne ! ».

03/08/2014

La femme, pile ou… face

Vous ne me croirez pas. Ce matin, comme à l’accoutumée, je partis courir dans les rues, le nez au vent, l’haleine fraiche, le pied léger. Mais je n’ai pas les yeux dans ma poche comme ceux qui courent en se concentrant sur eux-mêmes, sans rien voir de ce Paris qui a toujours quelque chose à montrer, voire à dévoiler. Ce fut le cas ce matin. Je m’échauffais doucement, courant en petites foulées, musardant vers une vitrine, regardant pas les fenêtres ouvertes au quatrième étage (les rez-de-chaussée ne sont jamais ouvertes (ça doit cocoter !), observant les passants de dos avant de les considérer de côté, voire de les examiner de face. Une jeune femme marchait élégamment, décontractée, allant dans la vie la tête haute. Je me préparai à la doubler, quand, en m’approchant, je constatai une certaine dissymétrie dans sa démarche. Que se passe-t-il ? me demandai-je. Elle portait une petite robe légère, à mi-cuisse, noire bien sûr, volante et luisante. Tout d’un coup, en m’approchant, je n’en crus pas mes yeux. Si à gauche elle était bien mise et élégante, à droite, sa jambe montait, montait, si haut que l’on voyait non seulement sa cuisse, ferme et galbée, mais également, chose tout de même assez rare à Paris, sa fesse droite, dévoilée, que je ne décrirai pas. Elle allait sans souci, souriant intérieurement, se racontant probablement des histoires, peut-être pensant à ce jeune homme qu’elle avait rencontré la veille dans une de ces invitations à laquelle on se rend pour voir des gens avec qui l’on parle sans  savoir quoi dire. Du coup, je m’arrêtai, me demandant comment j’allais doubler une aussi charmante égérie. Etonnant même… J’arrêtai ma course, fasciné par cette vision insolite, extravagante et peu usitée. Elle poursuivait tranquillement, inconsciente de ses effets. Sa jambe longue comme un canon de fusil, blanche comme une baguette peu cuite, la chair au plus haut tremblante parfois sur un pas moins souple, me laissait béat. Ah, le feu du boulevard ! Dieu soit loué, il est au rouge. Elle n’eut pas à s’arrêter devant les autres passants. Elle traversa en toute dignité, comme si de rien n’était. Pendant ce temps, je me demandais ce que je devais faire. L’arrêter et lui dire discrètement ce qu’il en était. Continuer à courir après m’être amusé quelques instants. Rester derrière elle pour la protéger. Pendant que je m’interrogeais, elle avait traversé la rue et poursuivait sur le trottoir d’en face. Au moment où j’allais moi-même franchir l’asphalte où ne passaient que quelques rares voitures, je la vis poursuivre sa route, toujours digne, encore plus divine, car redevenue symétrique. Entretemps elle s’était aperçue de sa bévue et l’avait corrigée comme si de rien n’était.

Oui, Paris offre toujours quelque chose à voir d’insolite, de drôle, et même parfois d’extraordinaire. Ses femmes restent exemplaires, jamais troublées, l’œil sur l’horizon, jamais inquiétées par un dérangement involontaire qu’elles considèrent comme un épisode sans importance au regard de leur élégance.

25/07/2014

Hasard ou osmose

Lecture d’un livre impressionnant non pour sa littérature à qui se contente de raconter, mais pour les idées exprimées : Message des hommes vrais au monde mutant, de Mario Morgan, J’ai Lu ou Editions Albin Michel, 1995. Nous en reparlerons, mais pas tout de suite. Il faut le digérer.

Ici, j’étais dans une réalité d’hémisphère droit, peuplée de personnes qui n’utilisaient aucun de mes si importants concepts éducatifs et n’obéissaient pas à mes obligations civilisées. C’étaient des maîtres du cerveau droit, qui utilise la créativité, l’imagination, la connaissance intuitive et les concepts spirituels. Ils ne jugeaient pas nécessaire de s’exprimer verbalement : ils communiquaient par la pensée, la prière, la méditation, donnez à leur méthode le nom que vous voulez. Comme j’avais dû leur paraître ignorante. (…) Je demandai mentalement de l’aide : « JE peux apprendre, je ferai ce qu’il faut. Aidez-moi à trouver de l’eau. Je ne sais pas quoi faire, quoi chercher, quelle direction prendre. » (…) Une autre pensée vint alors : « Sois eau. Sois eau toi-même. Quand tu seras eau, tu trouveras de l’eau. » Je m’ouvris à l’intuition et, fermant les yeux, je m’efforçai de devenir eau. (…) Je crois vraiment que cette première gorgée d’eau tiède me rapprocha plus de notre créateur que toutes les communions à l’église…

Alors, comme j’aime expérimenter, je tentai une expérience. Je suis dans le midi, près du massif de l’Estérel. Tous les matins, je pars dans la montagne, courir et méditer (concentré) ou rêver (débridé). Je pensais à ce livre que j’avais lu la veille et je me dis : « Cherchons quelque chose qui ne se trouve pas vraiment facilement, mais qui, bien sûr, existe. » Et je pensai au thym. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, il n’est pas si facile à trouver sur ces étendues pierreuses sur lesquelles poussent plutôt les chênes lièges, l’Euphorbe, l’Osmonde royale, Cytise, Daphné garou, Salsepareille.

Je pensais : « Fais-toi thym. Fais-toi thym. » Je m’accrochais à la pierre éclatée au soleil, je descendis des canyons profonds, j’escaladais des escarpements, montais vers le ciel et descendais vers dans les vallons. Rien. Devenant thym, j’avais besoin d’humidité. Oui, il faut chercher dans les lieux où passe l’eau lorsqu’il pleut. Encore faut-il les trouver ! Je cherchais, je cherchais et ne trouvais rien. Je pris le chemin du retour. Sur ce chemin pierreux, je vis une rigole, pas vraiment un début de cours d’eau au flanc de la montagne. Je m’arrêtai, instinctivement. Il doit y en avoir ! Je descendis dans l’anfractuosité et ne trouvai rien. Toujours ces herbes assez ressemblantes, mais qui n’ont ni son odeur acidulée et aigre, ni ces petits bouquets de feuilles sur un rameau maigrichon qu’il faut égrainer pour nourrir votre plat de senteur délicieuse. Allons, pourquoi perdre du temps à tout ceci ! Et mes yeux tombent sur une petite pousse de thym rachitique et sans noblesse, mais si odorante. Un balai comme ceux des nettoyeurs de rue à Paris. Trois brins d’écorce sans consistance, mais si voluptueux dans ses effluves qu’on lui pardonne et même que l’on loue sa misère. Je cherchai autour et j’en trouvai quelques autres brins, à l’ombre de plus grandes plantes, poussant modestement, si peu visibles.

Oui, c’est vrai, je m’étais fait thym et j’avais trouvé inconsciemment. Quelle osmose ! Qu’en conclure : rien, c’est parce que l’on veut en tirer un concept qu’on dénature la vérité. Vivons et réjouissons-nous !

Deux jours plus tard je repassais au même endroit. J'y trouvai profusion de thym. Quel comique cet auteur. Qu'a-t-il été raconter !

12/07/2014

De quoi me parle-t-on ?

Ce matin, après avoir pris un bol de café, je m’installe devant mon ordinateur, l’esprit ailleurs (où, je ne sais !). J’ouvre le site fatidique « Regards sur une vis-sans-fin » afin d’inscrire quelques riens dans la page blanche. Quel ne fut pas ma surprise de voir que celle-ci n’était plus blanche. Un rectangle avec un dessin et une plage grise est apparu au cours de la nuit.  

– Je rêve, me dis-je. Je passe un voile gris avec la souris dévoreuse et clique sur Suppr. Rien ! L’image est toujours là, ineffaçable. Que signifie-t-elle ?

Le 21, je dévoile le bas

Tiens, cela me rappelle quelque chose. Alors, attendons avec impatience le 21 juillet. Que va-t-il se passer ? 

05/02/2014

Beauté de la rigueur


https://www.youtube.com/watch?v=jINuX_Hort8

Admirons ces Japonaises, charmantes et réglementaires, dans leurs démonstrations de rigueur collective qui leur réjouit le cœur au point de les amener à danser (mais comme toujours ensemble).

Ensemble jusqu'à n'être plus qu'une, répétée à l'infini.

26/01/2014

L'araignée (suite)

Comment l'araignée tisse-t-elle sa toile ? Avec dextérité et ordre, comme une machine. Des gestes coordonnés de manière intelligente dont la beauté n'est pas absente.

 

http://www.espace-sciences.org/sites/espace-sciences.org/files/documents/animations-en-ligne/animaux/spiderweb/spiderweb.swf

 
http://www.espace-sciences.org/sites/espace-sciences.org/files/documents/animations-en-ligne/animaux/spiderweb/spiderweb.swf

Cette araignée n'est-elle pas encore plus impressionnante que celle d'hier !