22/01/2019
Vivre dans le présent
Vivre dans le présent et la peine de chaque jour et savoir puiser au-delà de ces peines la joie.
Cela s'apprend comme on apprend à lire.
Ouvrir les yeux sur le présent,
c'est déjà accepter l'idée de la joie.
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21/01/2019
Sérotonine, de Michel Houellebecq
Quels éloges ! On ouvre internet et l'on est abreuvé des qualités du roman et de l’auteur. Mieux même, on publie un « dossier de lecture » pour mieux apprécier le livre qui ne se suffit plus à lui-même. Clair et pratique, ce dossier de lecture a été spécialement conçu à l’adresse des collégiens, lycéens, étudiants, journalistes, artistes, politiques et hommes d’affaires, ainsi que de tous les lecteurs désireux d’accéder rapidement au contenu de l’œuvre de Michel Houellebecq (https://www.amazon.fr/S%C3%A9rotonine-Michel-Houellebecq-... ).
Il a quarante-six ans, il s’appelle Florent-Claude Labrouste et déteste ses prénoms. Il est dépressif et l’histoire commence en Espagne où il rencontre deux filles qui tentent de regonfler les pneumatiques d’une Coccinelle. Il fantasme bien sûr, mais nous étions dans la réalité, de ce fait je suis rentré chez moi. J’étais atteint par une érection, ce qui n’était guère surprenant vu le déroulement de l’après-midi. Je la traitai par les moyens habituels. Plus tard, dans ses rêves, l’une d’entre elles revient sauver d’un seul mouvement sa bite, son être et son âme et dans sa maison, librement et hardiment, pénètre en maîtresse.
Mais dans l’immédiat, il va à l’aéroport chercher Yuzu dont il veut se débarrasser parce que cela fait des mois qu’il n’a pas couché avec elle. Là commence l’histoire, là finit ma curiosité pour Houellebecq. Le livre est une longue errance sans motivations autour de pensées sans queue ni tête, enfin, si, avec la première jusqu’au ras le bol en raison de l’absence du moindre sentiment vis-à-vis du corps des femmes, et avec la seconde en raison de l’absence de pensées sur leur sociabilité. Enfin, n’exagérons pas. Il y a quelques belles pages concernant ces êtres aux cheveux longs : les femmes comprennent mal ce qu’est l’amour chez les hommes, elles sont constamment déconcertées par leur attitude et leurs comportements et en arrivent quelquefois à cette conclusion erronée que les hommes sont incapables d’aimer(…) Peu à peu, l’immense plaisir donné par la femme modifie l’homme, il en conçoit reconnaissance et admiration, sa vision du monde s’en voit transformée, de manière à ses yeux imprévue il accède à la dimension kantienne du respect, et peu à peu, il en vient à envisager le monde d’une autre manière, la vie sans femme (et même, précisément, sans cette femme qui lui donne tant de plaisir devient véritablement impossible, et comme la caricature d’une vie ; à ce moment, l’homme se met véritablement à aimer. (…)
Bref, à force de bavardage on en arrive à la presque fin du livre (aux alentours de la page 230/347). C’est la partie qu’ont retenue les critiques et médias pour s’étendre en louanges sur le roman. Avant, dépression et misère sexuelle et maintenant désertification des campagnes et désespoir du monde rural face à la mondialisation. Michel Houellebecq se trouve à la pointe du combat des gilets jaunes et anticipe leur révolte grâce à un aristocrate agriculteur. Les médias en font des gorges chaudes. Le Point : Malgré les scènes pornographiques [...], le roman de Michel Houellebecq est éminemment romantique. On sort de sa lecture bouleversé. Le devoir : Récit implacable d’une déchéance programmée, Sérotonine apparaît surtout comme une nouvelle variation au cœur d’une œuvre à la cohérence exemplaire. Libération : Dans «Sérotonine», son septième roman qui paraît le 4 janvier, l’écrivain endosse un nouvel avatar du mâle occidental, homophobe à la libido en berne et sous antidépresseur. Une dérive émouvante autour de la perte du désir, sur fond de révolte des agriculteurs. Paris Match : Un vrai rêve dans la littérature française actuelle.
Ne poursuivons pas, c’est un livre désespérant. Si nous n’avions que ce genre de lecture, nous aussi, nous nous suiciderions.
07:22 Publié dans 41. Impressions littéraires | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, roman, société |
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20/01/2019
Japonaiserie

Blessure à la hache
souffrance sans réserve
Souffle fugitif
© Loup Francart
07:48 Publié dans 25. Création gravures | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : gravure, japon, impressionnisme |
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19/01/2019
Retournement
Ce n’est qu’un courant d’air
Fuir cette forteresse
Où l’on ne sait où aller
Enfermés dans nos contradictions
Cette nuit, en douceur
Nous nous sommes levés
Avons pris des chemins détournés
Nous n’avons pas posé de questions
Nous n’attendions pas de réponses
Le courant d’air nous a pris sous son aile
Et nous a mis en marche
Nous avons suivi sans savoir où aller
Même pas une intuition
Non, un simple courant d’air
Nous a mis en marche
Nous sommes sortis sur la terrasse
Délivrés du poids des pierres
Affranchis des habitudes
Il était moi et j’étais lui
Nous étions nous et lui et moi
Les pleurs nous étouffaient
Nous nous jetions dans les bras d’inconnus
Et pleurions ensemble de contritions
Délivrés de notre misère sociétale
Le cœur en tempête
Nous fûmes pris dans l’ouragan
Qui emporte tout sur son passage
Et ne laisse qu’un trou
Où il suffit de plonger
Pour baigner d’amour
Et pleurer de délivrance
© Loup Francart
07:00 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, écriture, poème, littérature, spiritualité |
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18/01/2019
Recherche
Vivre : une volonté recherche permanente
Sans cette volonté, la vie n'est que physiologique
Ne pas se contenter de cette vie d'endormis
10:23 Publié dans 45. Maximes | Lien permanent | Commentaires (0) |
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17/01/2019
Passions
Les passions sont cause de la frugalité du temps.
Sans passion, une heure pourrait être une minute ou une année.
Renoncer à s’attacher aux choses plutôt qu'à se rattacher au connu !
06:02 Publié dans 45. Maximes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : maxime, sentence, méditation, paradoxe |
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16/01/2019
Transparence
Feuille blanche
Le cerveau vide
Il s’enfuit
Où va-t-il ?
Il peut s’enfouir
La tête dans le sable
Il peut grimper
La tête dans les nuages
Il peut fantasmer
La tête dans le nombril
Où qu’il soit cependant
Il ne peut échapper
À un moment ou un autre
À la mort de son personnage
Que restera-t-il de l’homme ?
Tout ce qu’il n’a cessé de voir
Et n’a jamais connu
Une bulle de pensée
Et la transparence du vivant
© Loup Francart
07:14 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, écriture, poème, littérature |
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14/01/2019
Paradoxe
Voir et entendre : la vue et l'ouïe sont les sens de la contemplation.
Mais ils sont plus développés chez l'animal que chez l'homme.
Qu'en conclure ?
07:10 Publié dans 45. Maximes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : maxime, sentence, méditation, paradoxe |
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13/01/2019
Réveil
Encore une fois, tu échappes à l’absence
Et tu t’éveilles empli de toi-même
Au centre de ta bulle d’illusions
Ne laisse pas errer ton imagination
Va aux confins de la connaissance
Là où commence l’ignorance
Malgré ta détresse, conforte-toi
Résolument, force ton destin
Et reviens vide de toi et plein du monde !
© Loup Francart
07:55 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, écriture, poème, littérature |
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12/01/2019
Eblouissement
Éblouissement !
La matière se transforme
L'ordre apparaît

07:05 Publié dans 22. Créations numériques | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : dessin numérique, symétrie, impossible, ordre |
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11/01/2019
Le monde divin
Au niveau divin, il n'y a plus de logique. Tout devient inintelligible, car les affirmations sont en même temps des négations. Pour accéder dans la limites de ses possibilités à ce niveau, l'homme doit se nier lui-même (renoncement) pour s'affirmer en tant que personne. C'est pourquoi l'amour de Dieu commence par l'amour des autres.
De même, les actes de dieu nous paraissent incompréhensibles, car ils procèdent à la fois de l'affirmation de sa puissance et de sa gloire et de son renoncement à lui-même (la création atteste de la puissance divine, mais c'est un acte de renoncement à cette puissance). Ainsi s'explique aussi l'affirmation que Dieu est à la fois unité et pluralité. Cela ressemble aux alephs de Cantor où le nombre est plus grand que l'infini est pourtant égal à toutes ses parties. Il n'y a qu'un moyen de passer au-delà de l'aleph, c'est de l'élever à une puissance aleph. C'est sans doute ce qu'entend Teilhard de Chardin par l'aboutissement du point Oméga.
Le monde divin est peut-être régi selon une loi des contraires assimilés, où le positif est égal au négatif, la richesse à la pauvreté, la faiblesse à la puissance, l'unité à la pluralité.
07:05 Publié dans 61. Considérations spirituelles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : considérations spirituelles, compréhension, dépassement des logiques |
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10/01/2019
Rêve
Elle se leva, proclama son innocence
Pleura largement sur ses épreuves
Et nous conduisit au fond du jardin
Là, en paroles incompréhensibles
Elle tenta d’expliquer son malheur
Entourée savamment du noir de la nuit
« Pardon mes amies, j’œuvre à tord
Sur cette scène obscure et glissante
Et j’enrage de devoir subir cet affront
Mais rien ne m’engage à tout dire
Mon être se dissocie et ma voix s’éteint
Je suis perdue et m’en excuse
Ouvrez vos yeux et vos oreilles
Elle va apparaître et parler »
Alors on vit une lueur monter
Bleue, froide, grinçante et amère
Son buste raide et maladroit
S’agitant et proclamant :
« Ah, quel mal y a-t-il à rêver
Que le monde n’est qu’une mascarade
Sans existence réelle et palpable
Touchez-moi si vous l’osez
Et vous disparaîtrez sans savoir
Où les dieux vous envoient
C’est leur privilège unique
Ils vous déracinent en douceur
Vous ouvrent le nombril et vous fouillent
Jusqu’à sortir de votre être en attente
Celui qui ne sait pas qu’il est
Ils vous composent une destinée sans passion
Flottant dans les courants d’air
Naviguant entre les astres chauds
Passant de bouche à oreille
Entrant dans votre intimité
Jusqu’à extraire de votre personne
Cette étincelle si réelle et vivante
Que vous disparaissez sans le savoir »
Sur ce, le spectre poussa un râle
Tourbillonna sur lui-même
Et s’évanouit à nos yeux incrédules
Qui était-elle pour parler ainsi
Au-dessus des lois humaines ?
Elle nous regarda sans complaisance
Leva les yeux au ciel, tapa du pied
Grondant de l’intérieur
Elle écarta ses vêtements
Et s’ouvrit le nombril
Un long tunnel apparut
La lueur se montrait au loin
Comme un mirage délicat
Dans lequel il convenait de sauter
Ce que firent certains que l’on ne revit plus
Était-ce un rêve ou un cauchemar ?
© Loup Francart
07:37 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, écriture, poème, littérature |
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09/01/2019
Considération
La difficulté chez Teilhard de Chardin est de concilier le point Oméga avec Dieu. Il situe son analyse d’un point de vue strictement scientifique, c’est-à-dire du côté de l’homme en tant qu’associé à l’univers matériel en évolution.
Le point Oméga, ce n’est pas la déification de l’homme, mais son accession à l’esprit divin grâce à l’amour de Dieu.
07:04 Publié dans 61. Considérations spirituelles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : considération, spiritualité, humanité, point de vue |
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08/01/2019
Errance
Rien ne nous empêche d’être grands
Seul l’attendrissement pour nous-mêmes
Nous conduit à l’abandon...

Alors le cœur part à la dérive
Il flotte sur les eaux de l’incertitude
Du désespoir et de la solitude...
Pourtant nous nous maintenons encore
Droits et secs comme une branche morte
Regardant au loin vers l’horizon
Cet au-delà de nous-mêmes
Qui flotte sur les mers et court dans le vent
Et tous nos espoirs se portent sur lui...
Où va-t-il ? Que présage-t-il ?
Nous ne le savons, mais peu importe
Seul le regard franc des cœurs
Peut combattre l’errance de l’âme
© Loup Francart
Certains jours, l'envie vous prend de dessiner n'importe quoi, pour le seul plaisir de dessiner. On ne parle plus de beauté et d'harmonie, mais d'un trop plein de vitalité qui entraîne l'imagination, à la manière de ces personnages qui errent au petit matin, dans les rues sombres d'une ville.
07:01 Publié dans 31. Pictoème | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, pictoème, poésie, écriture, dessin, encre de chine |
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07/01/2019
Maxime
Dessèchement de la solitude lorsqu'elle n'est tournée que vers la connaissance. L'esprit en vient à ne plus se satisfaire que de mots, c'est-à-dire de rien.
07:48 Publié dans 45. Maximes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : maxime, sentence, méditation, paradoxe |
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06/01/2019
Bouquet
La rose traverse l’hiver
Laissant flétrir ses pétales
En tortillons affutés
Et pendre sa végétation assoiffée.
Le vase reste de marbre
Où l’eau déborde d’envie.
Ma vue ne porte pas plus loin.
C’est déjà beaucoup pour un scarabée !
© Loup Francart
07:11 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, écriture, poésie, littérature |
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05/01/2019
Blessure
Entre deux nuages
L’éclat parvient
Blessure de l’être
Tu vagabondes
L’arbre n’est plus
Il a froid
Devant cet embrasement
Que pense-t-il ?
07:15 Publié dans 31. Pictoème | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, écriture, poésie, pictoème, coucher de soleil |
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04/01/2019
Flashmob
https://www.youtube.com/watch?v=a23945btJYw
La joie,
C’est cet élan du cœur irrésistible
Qui jaillit de celui que l’on connaît peu
Et qui pourtant est bien nous-même.
Il sortit, un jour, de la boîte Pandore
Et, depuis, on le cherche sans cesse.
Il apparaît caché derrière un arbre
De la forêt humaine, se montre rarement
Mais quelle joie lorsqu’il est, par hasard, enfin là !
07:01 Publié dans 51. Impressions musicales | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : musique, joie, coeur, improvisation |
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03/01/2019
Mystère de l'incarnation
L'incarnation est l'association des extrêmes,
l'infini et le fini confondus,
l'éternel et le mortel,
comme une preuve de la non-ambiguïté de l'esprit et du corps
dans la notion de personne.
Tendre à l'union des incompatibilités apparentes.
07:20 Publié dans 45. Maximes, 61. Considérations spirituelles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : maxime, sentence, méditation, paradoxe |
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02/01/2019
Ephistole Tecque (29)
Depuis cette nuit, Ephistole craignait et attendait avec impatience les heures de sommeil. Retiré dans sa chambre, hors du bruit diurne, allongé sur son lit, pas tout à fait couché parce qu’encore habillé, il rêvait éveillé à des jours sans fin, aux courtes nuits de son enfance lorsque ses parents ouvraient la porte de séparation avec le salon et écoutaient une respiration qu’il s’efforçait de rendre la plus symétrique possible. Le déclic discret de la serrure lui indiquait le commencement d’une nuit indicible dans laquelle tout le séparait de la vie de chacun des jours vécus au bureau dans les chiffres et les statistiques. Autant dans la journée son univers était rationnel, fait de conjugaison subtile de logique, de causes et de conséquences, autant dans ces longues nuits dans une chambre noire, nue et exempte de bruits, il découvrait un autre monde, qui effleurait ses perceptions, donnait le jour à des sensations nouvelles jusqu’à ce qu’il ne puisse plus se contenter d’une image organisée d’un cosmos immuable de rigueur. Il découvrait aussi le pouvoir du corps à l’encontre de celui de l’esprit, un pouvoir subtil, car échappant aux vaines exigences de règles toujours plus difficiles à mettre en œuvre, aux colonnes de chiffres dont la rationnelle organisation permettait de projeter un avenir défini, inexorable, conduisant, malgré sa magnifique cohérence, à une vacuité impalpable.
FIN
07:10 Publié dans 43. Récits et nouvelles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : nouvelle, récit, vie, vacuité, mal-être |
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01/01/2019
Voeux 2019
Tu peux envoyer des vœux à tous, c’est une gageure !
Les vœux aux dieux, sont un engagement
A soi-même, c’est une résolution
Enfin aux êtres chers et ce devient un souhait
Mais le meilleur vœu que tu puisses faire
C’est un jour de découvrir et de chérir
Celui qui, en toi, existe, éternel et vivant
Puis, d’en faire ton ambassadeur
Tous les jours de l’année
Jusqu’à l’an prochain
Alors tu pourras recevoir
Les vœux de la terre entière
Bonne année 2019
00:05 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, écriture, poésie, littérature |
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31/12/2018
Le feu
– Et si nous faisions le feu ?
Aussitôt chacun se souvient de vacances antérieures le nez sur la braise, soufflant bravement sur quelques brindilles, regardant monter une fumée rare et odorante. Chaque membre de la famille y passa une journée ou deux, s’affairant dans le froid, se réchauffant les mains au-dessus des flammes et se laissant engourdir devant la magie du feu dansant dans le souffle d’un petit vent d’hiver.
Aujourd’hui, il fait froid. Un degré. Mais il fait beau. Quasiment pas un nuage.
– Sud-est, apparemment.
Une direction du vent assez rare, mais impérative pour nous lancer dans l’allumage d’un feu qui n’envahisse pas le village et ses habitants d’une fumée qui ferait pleurer les enfants et les vieillards et jurer les adultes mâles.
Alors on se rend au chevet du tas de feuilles et de branchages qui est caché derrière une haie au bord de la rivière. C'est l'aboutissement d'une année de ratissage. Il est bien là, énorme, trempé, encombré, ayant pris possession de toute la place qui lui est réservé. Chacun regarde, ausculte le ciel, met son doigt dans la bouche pour ensuite le lever en l’air et vérifier la direction du vent.
– Eh bien, cela me semble parfait pour entamer la destruction par le feu !
Sitôt dit, sitôt fait. L’un va chercher les allumettes, l’autre les cubes allume-feu qui soutiennent la flamme d’un feu débutant, le troisième la fourche, instrument indispensable au maintien d’un bon feu. Il faut dire que le sol est détrempé et que l’on patauge dans la boue. Mais il ne faut décourager personne. Après quelques timides essais, nécessitant bonne humeur et bonne volonté, le feu ne se montre guère coopérant.
– Va chercher le sèche-cheveux.
Cinq minutes plus tard, l’appareil et sa rallonge sont installés. Mise en route. Immédiatement la flamme hésitante monte dans le ciel encombrée de milliers d’étoiles. C’est la gloire, ça marche ! Et progressivement, un trou rouge creuse le tas de feuilles qui, malgré l’eau ruisselante, brûle et creuse un trou dans l’humidité ambiante.
– Ouais, c’est bien, mais on en a pour un mois à faire brûler le tas de feuilles. Va chercher un second sèche-cheveux !
Sitôt dit, sitôt fait. Il est vrai que cela fait de la fumée qui monte en tourbillon et, selon le vent, se plaque au sol ou s’évade dans tous les sens. Bientôt (une heure après tout de même), la nuit descend sur la rivière, emplissant de fraîcheur l’air ambiant. Le feu est bien parti, il creuse ses galeries sous les feuilles détrempées, ne laissant apparaître que de maigres fumerolles réparties sur l’ensemble du tas. Sous la surface, un volcan qui ronfle dès que l’on met en route les sèche-cheveux, au-dessus une légère brume qui roule au gré du vent. A demain, disons-nous au brasier. Chacun rentre à la maison, comme enivré par l’odeur des feuillages.
Durant la nuit, sans le révéler à quiconque, chacun rêva au feu : entrer dans la braise chaude, tendre les mains vers le foyer, sentir l’odeur curieusement délicieuse de bois brûlé et de pourriture de feuilles décomposées, attendre le claquement sec des marrons du plus gros arbre du jardin qui explosent, respirer la fumée exhalée par tous les pores du tas. Et de rêver, rêver, rêver… Jusqu’à s’endormir, épuisé.
Le lendemain, après un café but à la hâte, les trois protagonistes enfilent leurs bottes et courent au jardin dans le noir pour contempler, caché par la haie, les restes du feu. De lentes fumeroles continuent à sortir du tas. Mais celui-ci s’est considérablement affaissé et prend l’aspect d’un ballon dégonflé. Les apparences sont semblables, mais la bravoure qu’il avait maintenu jusqu’à maintenant s’est évaporée. C’est un animal mort, enfin… pas tout à fait. Il faut sauver l’âme du feu pensons-nous chacun de son côté.
Deux minutes plus tard, l’un d’entre nous surgit avec le souffleur de feuilles qui sert à entasser celles-ci dans un coin du jardin avant de les charger dans une brouette. Il le branche sur la prise, nous regarde hilare et met en route. Un ronronnement puissant nous percute les oreilles. Il rapproche le jet d’air du tas et, au bout d’une minute, de magnifiques braises rouges apparaissent, au bout de cinq minutes, le cratère sous la poussée du courant d’air se reforme, commence à ronfler et fait jaillir de petites flammèches. Un volcan miniature ouvrant sa bouche monstrueuse. Chacun alors s’active pour fournir de la matière à son appétit en utilisant la fourche ou même ses mains.
– Oui ! Nous avons vaincu la mort du brasier ! Vive le feu !
Au lendemain de Noël, la vie était repartie, toujours bruyante, exaltée, chatoyante, un mirage permanent annonçant la nouvelle année.
07:10 Publié dans 43. Récits et nouvelles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : récit, anecdote, feu, vacances, réunion de famille |
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30/12/2018
Nouvel an : épine ou bonheur
Encore une année
Et tu vois l’autre monter
Épine ou bonheur ?

07:28 Publié dans 31. Pictoème | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : pictoème, poésie, dessin, peinture, taleau |
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29/12/2018
Ephistole Tecque (28)
En fait, il n'avait même pas une idée très nette de ces questions qui se présentaient simultanément à son esprit de la même manière qu'un opérateur chargé du radar ne peut donner la position d'une infinité de points en mouvement sur son écran et produits malencontreusement par une brusque interférence d'ondes multiples. Il ressentait l'importance de ces questions, leur complexité, la difficulté de les résoudre, mais il n'aurait pu les énumérer une à une et les classer par ordre d'importance. Il était conscient d'avoir vécu un instant d'extraordinaire lucidité, d'une clairvoyance insoupçonnable, qu'il n'avait même pas imaginé, comme si brusquement son cerveau s'était libéré des voies habituelles de l'influx nerveux et qu'un autre système de connexion se fut établi, permettant des relations analogiques d'idées jusque-là séparées par un obstacle indestructible, celui de la matière cervicale. Il sentait bien cependant que cet état d'intensité suprême diminuait sensiblement, ayant de plus en plus de mal à voir clair dans cet enchevêtrement de révélations. En même temps qu'il reprenait conscience du crépitement de la pluie sur la verrière de la cour, du ronronnement des voitures qui passaient à intervalles réguliers dans la rue, trouant l'obscurité d'un faisceau jaunâtre qui venait se refléter sur la glace de l'armoire et était renvoyé vers un coin de la pièce où les objets entassés reprenaient quelques formes géométriques. La fenêtre était à nouveau fermée, sa poignée figée dans une position horizontale qui indiquait bien le verrouillage des deux battants, les rideaux de tulle légère reposaient le long des vitres soumis uniquement à la pesanteur et non plus soulevés de temps à autre par un courant d'air frais pénétrant par la jointure mal ajustée des deux battants. Il entendait à nouveau le léger gargouillis produit par la mauvaise fermeture d'un des robinets du lavabo, un chuintement imperceptible en plein jour, mais qui la nuit, dans le silence apparent de la ville, s'amplifiait démesurément jusqu'à parfois l'empêcher de dormir. Il sentait maintenant sur son corps étendu, relâché, la fine rugosité des draps maintenus contre lui par le poids des couvertures et du couvre-lit, de même qu'il entendait contre son oreille appuyée sur le polochon les battements rythmés de son cœur. Puis peu à peu, doucement, tous ces bruits, ces sensations s'estompèrent, faisant place au sommeil.
07:27 Publié dans 43. Récits et nouvelles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : nouvelle, récit, vie, vacuité, mal-être |
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28/12/2018
Enfants
Pourquoi est-on à la fois intrigué et émerveillé devant les enfants ?
Ils représentent le mystère de la vie humaine. On y retrouve l’homme à l’état originel, encore vierge des incidents de la vie.
07:17 Publié dans 45. Maximes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : maxime, sentence, méditation, paradoxe |
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27/12/2018
Amour
Je t’aime, car je n’ai pas besoin de toi.
Tu es pur don,
Au-delà de tout besoin.
C’est vrai, on t’attend,
On t’espère, on te cherche,
On agit sans te connaître.
On se passe de toi, enfermé en nous-même.
Mais un instant de ta présence
Suffit à remplir la vie.
Je deviens pleinement humain,
Au-delà même de l’humain,
Là où le baiser à l’inconnu
Me remplit de silence
Et m’envahit de bonheur.
Non, je n’ai pas besoin de toi,
Mais lorsque tu es là,
Je ne suis plus
Et j’erre, empli de vide,
Ouvert à tous vents,
Baignant d’absence,
Immergé dans l’Autre
Qui est Toi, en dehors du moi.
© Loup Francart
07:07 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, poème, écriture, littérature |
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26/12/2018
Ephistole Tecque (27)
Il y a six mois un ingénieur avait quitté l'usine pour travailler dans un centre de recherche. Il avait eu avec lui une conversation portant sur le pouvoir des chiffres et le monde des équations qui créent un espace imaginaire, rationnel, démontrable, mais que nos sens ne pouvaient atteindre. Ils avaient longuement discuté pour savoir si cet espace était ou non du néant et l'ingénieur lui avait exposé la conception tirée de la Kabbale selon laquelle existaient deux principes essentiels : l’Être et le Néant, dont le rapport fait naître des êtres contingents dans le temps. Le Néant possède l'impuissance, l'ignorance et la haine ; l’Être est muni de la puissance, la sagesse et l'amour. Tout être humain participerait de l’Être, dont les principes sont exposés dans l'arbre des Sephirot, et du Néant, fruit vide de l'arbre des Queliphoth. Ephistole sentit que ces paroles auxquelles il n'avait pas fait attention, auxquelles vous n'auriez pas pris garde non plus, si ce n'est peut-être pour noter l'érudition de l'ingénieur, venaient à l'instant de prendre une subtile explication, bien que les faits lui paraissaient encore suffisamment embrouillés. Sans doute ne vivait-il que dans une sorte de néant, attaché à des objets inutiles, enfermé dans une cloche sous vide où l'être se dessèche inexorablement, ne pouvant rien par lui-même, soumis au déroulement impitoyable du mécanisme céleste. Comment se faisait-il qu'il n'eût rien soupçonné auparavant, que sa vie se soit déroulée ainsi, uniformément, sans même avoir conscience de la possibilité de n'être rien ? Il se souvint des recherches qu'il avait faites récemment pour l'usine, pas tout à fait des recherches, mais plutôt un dossier d'information pour les cadres sur les ensembles de mesure nulle utilisés en physique mathématique. Il avait été particulièrement surpris et impressionné par ces mesures sur des univers inconcevables et pourtant réels où des êtres mathématiquement existants engendraient inlassablement d'autres êtres, d'autres chiffres, d'autres signes aux fins d'un élargissement toujours plus vaste de ces univers. Aurait-il trouvé par hasard la méthode qui manquait pour franchir cette frontière et concevoir en un éclair l'étendue des choses et des êtres ?
07:41 Publié dans 43. Récits et nouvelles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : nouvelle, récit, vie, vacuité, mal-être |
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25/12/2018
Noël : la vie
Quand enfants, nous vivions ce jour
Qui n’en était pas un
Parce que la nuit n’était pas une nuit
On se couchait, transis
Dans l’attente du réveil douloureux
Ouvrant sur l’église froide
Et les chants de magnificence
On se coulait, endormis
Sous le manteau d’un proche
Et attendions, vainement
Le vacarme des cloches
On adjurait l’enfant, si petit !
Quelle gageure de rester éveillés
Lorsque du sommeil tirés
S’échappait les larmes de froid
Enfin du clocher venait l’orage
D'un carillon époumoné...
Plongée dans la nuit noire
Dessinant des sourires ébahis...
Le rêve se précisait, pressant
Vainqueur des inclinaisons de tête
Et de l’absence de conscience
Les yeux ouverts sur l’espoir
Les enfants que nous étions,
Désormais éveillés et vivants
Ayant vécu l’enchantement de l’esprit
Attendaient courageusement à l’entrée
La libération de l’impatience
Et l’envol vers l’affairement
Du déballage des mystères empaquetés
Et bien que couchés tard
Et levés tôt d’excitation fervente
La journée s’écoulait
Portée par une ardeur sans fin
Aujourd’hui, dans le vide du souvenir
Renaît en nous l’enfant si nu
Qui s'étreint le cœur et l’élève
Dans le cri de l’humanité :
« Viens, toi qui es plus que moi-même
Emplis-moi de ta présence
Transparente et unique »
( © Loup Francart)
Il nous faut maintenant célébrer cette vie perpétuelle d'où procède toute vie, et par qui tout vivant, à la mesure de sa capacité, reçoit la vie...
Que tu parles de vie spirituelle, rationnelle ou sensible, de celle qui nourrit et fait croître, ou de quelque vie que ce puisse être, c'est grâce à la vie qui transcende toute vie qu'elle vit et qu'elle vivifie...
Car c'est trop peu de dire que cette vie est vivante.
Elle est principe de vie, source unique de vie.
C'est elle qui parfait et qui différencie toute vie, et c'est à partir de toute vie qu'il convient de célébrer sa louange...
Donatrice de vie et plus que vie, elle mérite d'être célébrée par tous les noms que les hommes peuvent appliquer à cette vie indicible.
Denys l'Aéropagite
07:00 Publié dans 42. Créations poèmes, 61. Considérations spirituelles | Lien permanent | Commentaires (0) |
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24/12/2018
Pensée et action
C’est le faible qui parle de la force. C’est l’’homme mou qui parle de la volonté. L’homme fort ne parle pas, il vit. D’où cette éternelle contradiction entre la pensée et l’action, car ceux qui, par la pensée, prône l’action, n’agissent pas et ceux qui, par l’action, recherche la pensée, n’en parle pas.
C’est dans l’action que tu trouveras la joie, mais tu ne trouveras cette dernière que grâce à la pensée.
07:00 Publié dans 11. Considérations diverses, 61. Considérations spirituelles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : pensée, action, équilibre, joie |
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23/12/2018
Les contraires
C’est par l’union des contraires
Le blanc et le noir
Le feu et la glace
La haine et l’amour
Que l’on vit sa vie
Et ces sautes d’humeur
Combat sur une mer déchaînée
Sont le lot de tous
Même du divin
Satan et l’ange Gabriel
Se côtoient en chacun de nous
Comme ils luttent dans les cieux

Loi universelle, avec modestie
Elle nous contraint
Nous enserre dans ses griffes
Pour que parfois s’envole
De nos corps étonnés
L’oiseau pudique
Qui se mêle aux nuages
Roucoule dans l’espace
Et enchante nos cœurs
Qui de pierre deviennent de chair
Oui… Les contraires
Nous conduisent à la tombe
Qui s'avère délivrance
Tel l’oiseau moqueur
© Loup Francart
07:48 Publié dans 31. Pictoème | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, écriture, pictoème, poème, dessin, tableau |
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