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19/09/2020

Embrasement

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Le feu envahissait la colline
Et pourtant l’air n’était pas surchauffé
C’était une après-midi d’automne
Aux poussées de brise froide
Sous des nuées chargés de noir
Personne n’imaginait un soudain embrasement
Un tel cri vers l’azur surchargé
Une telle suffocation de la verdoyance
L’irréel atteignait l’inimaginable
Les portes de l’enfer ouvertes sur l’horizon
Transmettaient l’onde des fins dernières
Contemplant une fois encore, involontairement
La fraicheur exquise et fragile
Des bois ceinturant ces lieux perdus
La matière s’épuise dans son souffle puissant
L’espace se réduit à la suffocation
Le temps s’arrête, figé d’horreur

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S’écoulent cependant les secondes
Sans crépitements ni cris de sauve-qui-peut
Le calme règne encore sur la planète
Ce n’est que sa majesté le soleil
Qui se couche avec délectation
Faisant durer son plaisir
Avant de fermer ses paupières
Et de laisser aller ses vapeurs
Au loin derrière les bois et les eaux
Au delà, l’homme contemple l’illumination
Les yeux bordés de larmes et de tendresse
Remerciant le monde et son créateur
De ce coucher du jour et du mystère de la vie

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31/12/2018

Le feu

– Et si nous faisions le feu ?

Aussitôt chacun se souvient de vacances antérieures le nez sur la braise, soufflant bravement sur quelques brindilles, regardant monter une fumée rare et odorante. Chaque membre de la famille y passa une journée ou deux, s’affairant dans le froid, se réchauffant les mains au-dessus des flammes et se laissant engourdir devant la magie du feu dansant dans le souffle d’un petit vent d’hiver.

Aujourd’hui, il fait froid. Un degré. Mais il fait beau. Quasiment pas un nuage.

– Sud-est, apparemment.

Une direction du vent assez rare, mais impérative pour nous lancer dans l’allumage d’un feu qui n’envahisse pas le village et ses habitants d’une fumée qui ferait pleurer les enfants et les vieillards et jurer les adultes mâles.

Alors on se rend au chevet du tas de feuilles et de branchages qui est caché derrière une haie au bord de la rivière. C'est l'aboutissement d'une année de ratissage. Il est bien là, énorme, trempé, encombré, ayant pris possession de toute la place qui lui est réservé. Chacun regarde, ausculte le ciel, met son doigt dans la bouche pour ensuite le lever en l’air et vérifier la direction du vent.

– Eh bien, cela me semble parfait pour entamer  la destruction par le feu !

Sitôt dit, sitôt fait. L’un va chercher les allumettes, l’autre les cubes allume-feu qui soutiennent la flamme d’un feu débutant, le troisième la fourche, instrument indispensable au maintien d’un bon feu. Il faut dire que le sol est détrempé et que l’on patauge dans la boue. Mais il ne faut décourager personne. Après quelques timides essais, nécessitant bonne humeur et bonne volonté, le feu ne se montre guère coopérant.

– Va chercher le sèche-cheveux.

Cinq minutes plus tard, l’appareil et sa rallonge sont installés. Mise en route. Immédiatement la flamme hésitante monte dans le ciel encombrée de milliers d’étoiles. C’est la gloire, ça marche ! Et progressivement, un trou rouge creuse le tas de feuilles qui, malgré l’eau ruisselante, brûle et creuse un trou dans l’humidité ambiante.

– Ouais, c’est bien, mais on en a pour un mois à faire brûler le tas de feuilles. Va chercher un second sèche-cheveux !

récit,anecdote,feu,vacances,réunion de familleSitôt dit, sitôt fait. Il est vrai que cela fait de la fumée qui monte en tourbillon et, selon le vent, se plaque au sol ou s’évade dans tous les sens. Bientôt (une heure après tout de même), la nuit descend sur la rivière, emplissant de fraîcheur l’air ambiant. Le feu est bien parti, il creuse ses galeries sous les feuilles détrempées, ne laissant apparaître que de maigres fumerolles réparties sur l’ensemble du tas. Sous la surface, un volcan qui ronfle dès que l’on met en route les sèche-cheveux, au-dessus une légère brume qui roule au gré du vent. A demain, disons-nous au brasier. Chacun rentre à la maison, comme enivré par l’odeur des feuillages.

Durant la nuit, sans le révéler à quiconque, chacun rêva au feu : entrer dans la braise chaude, tendre les mains vers le foyer, sentir l’odeur curieusement délicieuse de bois brûlé et de pourriture de feuilles décomposées, attendre le claquement sec des marrons du plus gros arbre du jardin qui explosent, respirer la fumée exhalée par tous les pores du tas. Et de rêver, rêver, rêver… Jusqu’à s’endormir, épuisé.

Le lendemain, après un café but à la hâte, les trois protagonistes enfilent leurs bottes et courent aurécit,anecdote,feu,vacances,réunion de famille jardin dans le noir pour contempler, caché par la haie, les restes du feu. De lentes fumeroles continuent à sortir  du tas. Mais celui-ci s’est considérablement affaissé et prend l’aspect d’un ballon dégonflé. Les apparences sont semblables, mais la bravoure qu’il avait maintenu jusqu’à maintenant s’est évaporée. C’est un animal mort, enfin… pas tout à fait. Il faut sauver l’âme du feu pensons-nous chacun de son côté.

Deux minutes plus tard, l’un d’entre nous surgit avec le souffleur de feuilles qui sert à entasser celles-ci dans un coin du jardin avant de les charger dans une brouette. Il le branche sur la prise, nous regarde hilare et met en route. Un ronronnement puissant nous percute les oreilles. Il rapproche le jet d’air du tas et, au bout d’une minute, de magnifiques braises rouges apparaissent, au bout de cinq minutes, le cratère sous la poussée du courant d’air se reforme, commence à ronfler et fait jaillir de petites flammèches. Un volcan miniature ouvrant sa bouche monstrueuse. Chacun alors s’active pour fournir de la matière à son appétit en utilisant la fourche ou même ses mains.

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Oui ! Nous avons vaincu la mort du brasier ! Vive le feu !

Au lendemain de Noël, la vie était repartie, toujours bruyante, exaltée, chatoyante, un mirage permanent annonçant la nouvelle année.