17/12/2018
Ephistole Tecque (25)
Il avait bien lu une fois, comme vous l'avez peut-être lu dans un de ces livres bon marché écrits par un explorateur de la Perse mystérieuse, que les derviches, par des danses rituelles difficiles à accomplir, pouvaient posséder certains pouvoirs que l'on ne peut imaginer dans le monde de cette grande ville que nous habitons où tout a une cause et sans doute une fin, parfois difficilement concevable, mais sûrement réelle. Vous vous souvenez par exemple de l'article de M. Gutbergen publié dans la revue des Pensées inconcevables, que vous avez lu un jour chez votre médecin attendant de vous faire ausculter le corps pour une toux chronique qui vous avait prise après plusieurs heures passées dans une gare à attendre un train qui avait du retard, de cet article qui précisait les recherches des écoles derviches dans l'ordonnance des mouvements du corps et du mécanisme de la pensée où on obligeait l'élève à bouger les bras et les jambes en cadence directe ou inversée en même temps qu'il devait réciter certaines phrases à l'endroit et à l'envers jusqu'à s'en pénétrer l'esprit et ne plus faire qu'un avec la phrase rituelle qui perdait alors toute signification rationnelle et prenait la densité d'une évocation magique au pouvoir surnaturel. Vous aviez d'ailleurs vu dans cette revue, des photos où les mouvements étaient présentés par un groupe de jeunes gens dans une atmosphère ordonnée et subtile se mouvant comme un seul corps, une seule âme, bien que chacun exécutait un mouvement différent.
07:24 Publié dans 43. Récits et nouvelles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : nouvelle, récit, vie, vacuité, mal-être | Imprimer
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