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13/03/2015

Galerie Vivienne

Au cœur de Paris, près de la bibliothèque nationale et de l’Ecole des Chartes, se trouve la galerie Vivienne.

« Luxueux passage couvert construit, en 1823, selon les plans de l'architecte François-Jean Delannoy, la Galerie Vivienne est inscrite aux monuments historiques en 1974. Sur 176 mètres de long et sous une lumière zénithale qui illumine le sol de mosaïque d'époque, s'affichent des boutiques au luxe raffiné. » (http://www.galerie-vivienne.com/la-galerie-r21721.html)

«P1040479 Paris II galerie Vivienne entrée rwk» par Mbzt Travail personnel. Sous licence CC BY 3.0 via Wikimedia Commons - http://commons.wikimedia.org/wiki/File:P1040479_Paris_II_galerie_Vivienne_entr%C3%A9e_rwk.JPG#/media/File:P1040479_Paris_II_galerie_Vivienne_entr%C3%A9e_rwk.JPG »

 

 

 

Deux autres entrées donnent l’impression d’un terrier enfoui entre les immeubles. Et on y est bien, comme dans un cocon !

 

 

 

 

Les pas résonnent sur une mosaïque turlupinée que l’éclairage naturel illumine.

 

 

 

 

Des recoins permettent au promeneur de s’assoir pour passer un moment. Même les élèves d’une école de dessin viennent ici pour apprendre la perspective. Il y a de quoi faire.

 

 

Enfin, quelques boutiques originales donnent à l’ensemble un air de fête. 

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Allez donc passer quelques instants dans cette galerie qui garde tout le charme du XIXème siècle. S’il n’y a pas trop de monde, vous pourrez vous prendre pour un poète ou un musicien renommé qui ont hanté ce beau passage. Cela vous inspirera.

13/07/2014

L'aquarium du Trocadero à Paris

Est-ce vraiment un aquarium et non un trou du diable ? Certes, l’entrée est avenante, mais on descend, on descend et on descend toujours plus bas, sous terre, dans le noir, pour mieux faire ressortir les fonds marins et ceux qui les habitent.  Les architectes qui ont construit ce lieu nous plonge dans le monde du silence par l’ambiance. Peut-on parler de silence d’ailleurs. Cris des enfants : « Oh ! Maman, regarde ! » Et réponse des parents : « Ne va trop près ! ». Mais, miracle, on ne les entend plus au bout d’un moment. On s’isole et l’on se plonge dans les profondeurs d’une eau chaude et bleu. On remue le bassin, on gigote des pattes, on ouvre un œil maussade, on donne un coup de nageoire pour s’éloigner d’un intrus qui vient pérorer à nos côtés. On fait un clin d’œil à la murène, un signe d’amitié au pageot rose, on jette un regard craintif au squale effilé qui se profile derrière le rocher. On ouvre la bouche en cadence, pour respirer, les poumons emplis d’eau. On sent même l’odeur aigre de la grande raie guitare qui vient vous effleurer le dos du bout de son aile et qui repart lentement, insensible au charme qu’elle vous a fait.

Première grande halte, les calanques de Cassis, grandioses : une grotte sortie des contes de Pagnol, environnée d’ombres glissant dans le liquide bleu. On distingue les énormes mérous, passifs et s’imposant d’eux-mêmes, les castagnolles aux petites rayures dorées, les coquettes rouges, le Crénilabre commun (peut-être, mais qui le connaît si bien ?). On sent la chaleur de la Méditerranée : pourquoi n’a-t-on pas amené notre maillot de bain ?

Un détour au cinéma avec les scientifiques qui devisent avec force conviction sur le sexe des anges, non, des poissons… 

Entrée dans l’eau des Outre-mers. Drôle d’appellation. Ce pourrait être également d’outre-tombe, car l’on descend progressivement dans les entrailles de la terre. On admire les poissons typiques des  Caraïbes et leurs fantastiques colorations qui proviennent de l'exposition importante et soutenue au soleil, un bronzage naturel dû à la faible profondeur des eaux lagunaires. On y voit le poisson papillon, le Gramma royal bistré, bleu à la tête et jaune à la queue, le sergent major aux rayures de zèbre, le chirurgien bleu à l’œil jaune.

Et l’on descend, suffoquant de la chaleur de volcan qui s’échappe des grilles d’aération, car il faut bien respirer malgré tout. Passage au "bassin caresses" où chacun peut toucher les carpes koï et les ides peu farouches. Les enfants s’en donnent à cœur joie, relevant leurs manches, se trempant le haut des bras, agitant leurs petites mains en tous sens. Certains adultes ne peuvent résister et font de même avec un sourire enchanté qui donne envie à ceux qui n’osent pas d’essayer ces caresses affriolantes. Retour à l’enfance, au temps des deux pieds dans l’eau, sautant pour éclabousser tout le monde, y compris soi-même.

Autres bassins et aquariums avec des fantômes aux formes et aux couleurs étranges. Ils sont nombreux et fastidieux à décrire. Enfin, on arrive au grand bassin après avoir traversé une multitude de bazars plastiques sous forme de Play mobil qui n’attire personne, même pas les enfants qui viennent voir la vie qui est plus palpitante, même sous-marine.

Ce bassin est immense et peuplé de créatures effilées, glissant dans l’onde comme l’oiseau vole dans l’air : requins gris, à pointe noire, requin-chabot, requin-zèbre indolents. Ils se déplacent lentement, mais d’un coup de queue se propulsent à l’autre bout de l’espace, en un instant. Oui, c’est vrai le temps diminue quand la vitesse augmente. On n’est pourtant pas près du mur de Planck ! Bizarrerie de la nature ! Ah, voici la grande raie qui plane lentement et creuse son ombre sur le roc, effrayant les Pompaneaux lune, argentés et majestueux. Après la contemplation de ce volume d’eau impressionnant, peuplé d’animaux extraordinaires, rien d’autre ne peut nous intéresser. Aussi est-on poussé vers la sortie avec un passage obligatoire dans le grand bazar où il n’y a pas grand monde pour sortir quelques billets supplémentaires. Sortie des méandres du volcan, dans un Paris ensoleillé. Le grand bassin des jets d’eau nous rafraichit fort heureusement.

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Ce n’était pas le grand bleu, mais ce fut un moment agréable reposant, méditatif si l’on s’abstrait des cris et des humains qui dénotent dans ce paysage aquatique.

L’on se prend à rêver être poisson. On retrouve ses jambes à la sortie. C’est moins palpitant qu’une torsion du buste pourse déplacer.

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C'est vrai, n'oublions pas ! Le 21 juillet...

18/06/2014

La grande cascade du bois de Boulogne

Côté pile, la campagne… ou plutôt le bois ou les bois. Calme, platitude et sérénité. Quelques silhouettes déambulent autour de la pièce d’eau sur laquelle quelques canards cherchent une vaine nourriture. Il fait bon à l’ombre des grands arbres. On s’endormirait facilement en regardant ces scintillements à la surface, les ondulations argentées en perpétuel mouvement, ces reflets palots de la majesté des arbres puissants qui s’élèvent autour des rebords du lac. Calme, platitude et sérénité.

Mais j’étais arrivé côté face, face à la cascade située à un grand carrefour. Impressionnante et harmonieuse. Au fond, une immense grotte enrochée, surmontées de cèdres qui donnent une hauteur supplémentaire. C’est une anfractuosité à deux étages. Du second coule la cascade en un rideau de gouttelettes d’argent qui tombent sur les roches baignant dans l’eau d’une autre pièce d’eau que côté pile. On pourrait être dans les Rocheuses aux Etats-Unis ou encore au Liban. Seul le bruit incessant des voitures nous rappelle la proximité de la capitale. Alors, bouchons-nous mentalement les oreilles et poursuivons cette promenade dans un autre siècle.

Côté intérieur, il est possible de descendre au bord de l’eau, derrière la chute dans un étroit boyau qui sent la verdure pourrissante des roches éclaboussées. Je suis l’acteur face à son public (les voitures tourbillonnantes sur le carrefour), isolé, éperdu de présence.

Un dernier coup d’œil avant d’enfourcher ma monture et de rejoindre la civilisation non civilisée.

« La Grande cascade du Bois de Boulogne a été aménagé en 1856, sous le Second Empire grâce à des rochers en grès amenés depuis Fontainebleau. La nappe d'eau provenant d'un plan d'eau tombe de 7,50 mètres. Napoléon III, afin d'agrémenter ses haltes au bois, fait construire le Buffet de la cascade en 1857. Agrandi pour l'exposition universelle de 1900, il adopte un décor Belle Epoque. Endommagé pendant les bombardements, le pavillon est démoli vers 1950. Il est remplacé par le restaurant actuel de la Grande Cascade au style “rétro-moderne”. »

(http://paris1900.lartnouveau.com/paris16/bois_de_boulogne/la_grande_cascade.htm)

18/05/2014

Monserrate, un palais à Sintra

Sintra, l’endroit le plus agréable d’Europe, d’après Lord Byron, une ville côtière, perdue dans la montagne, aux jardins exotiques et pourtant anglais, emplis de surprises, de grottes, d’escaliers. On s’y promène comme dans un rêve, hésitant entre monter ou descendre, toujours entre ciel et terre, baignant dans une atmosphère irréelle, volant au-dessus des platebandes et des lacs artificiels.

Le XIXème siècle est omniprésent, siècle du romantisme, de la passion, de l’exubérance, de la folie architecturale qui mélange les styles, les époques, les continents. Monserrate, un palais de style arabo-indien, digne des grandes heures des colonies anglaises, avec un parc éblouissant, création de la famille Cook.

Oui, difficile à lire, mais cela donne une idée de ce qu’est ce parc sublime, pleins de fausses ruines, d’arbres étonnants, de cascades ruisselantes, de pièces d’eau, de plantes exubérantes. On s’attend à voir au détour d’un chemin une élégante anglaise en robe longue et ombrelle, venir à votre rencontre pour vous conter une vie de voyages, de palais et d’hommes extraordinaires brassant des fortunes en se laissant vivre. 

 

 

  

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16/04/2014

Place des Vosges

Avril ! Mais… Plein été ! Heureusement l’eau coule des fontaines et ce bruissement continu rafraîchi l’atmosphère. Peu de promeneurs vont et viennent. La plupart ne sont plus passants, mais hommes (ou femmes) à l’horizontal, au ras des pâquerettes, le plus souvent deux par deux, parfois trois ou quatre.

L’herbe est encore jeune, d’un vert tendre. Devant moi, une jeune femme, les bras nus, les mains croisées derrière la nuque, le ventre à l’air, le pull remonté sur les seins. Elle se caresse l’estomac, comme si le soleil méritait une attention sur cette partie du corps. Pas un nuage. Les promeneurs passent, leur veste, voire manteau, sur le bras comme un poids mort. Un père et son jeune fils s’assoient dans l’herbe. Ils dégustent une glace comme deux jumeaux attentifs à ne pas en perdre une miette. Une jeune fille traverse la pelouse d’un pas alerte, souple, coulant. Elle glisse sur l’herbe avec aisance et une certaine nonchalance malgré l’ampleur de ses foulées. Quelle belle mécanique elle développe.

Il me semble que tous se parlent par l’intermédiaire d’un téléphone portable. La main sur l’oreille ou l’écouteur dans les ouïes, ils parlent, ils parlent, consultent, jouent. Voient-ils les autres ? Peu leur importe ; ils communiquent, sans un regard pour leurs voisins. Le jardin est un réseau miniature fermé par une cage de Faraday que forment les grilles qui l’entourent.

L’ombre se déplace, empiète sur le coin d’herbe, obligeant à une migration progressive jusqu’au moment où l’on se lève, on prend ses affaires et on fait une dizaine de pas pour se rassoir  épuisé derrière l’ombre qui poursuit sa course imperturbablement.

Comme elle est belle, d’une valeur sentimentale inestimable, cette humanité nonchalante, fondue au soleil, liquéfiée comme une motte de beurre parmi l’oseille dans la poêle qui chauffe. La chaleur brouille la vue, suscitant de légers tremblements lorsqu’on regarde au loin, dans les trous noirs des arcades. Une classe d’écoliers traverse le jardin, soulevant un nuage de poussière. Tout se trouble, tout devient gris, noire, sans forme. J’erre dans l’absolu. Oui, j’ai dû rester trop longtemps au soleil…

02/04/2014

Jusqu’où peut-on aller ?

Jusqu’où peut-on aller lorsqu’au matin, dès le lever du jour, on part calmement faire un tour en bicyclette. Une envie soudaine d’air frais, de dégourdissement des muscles, de dénaturation des neurones. C’est décidé, on part sans savoir où l’on va, mais on y va. Il faut d’abord délivrer l’engin de ses nombreux liens qui bloquent les roues, attachent le cadre au support choisi pour sa solidité et empêchent toute prise de possession hasardeuse. On est parti, petitement au départ, car cela monte et les jambes ne sont pas chaudes, simplement prêtes à se dégourdir.

Peu de voitures, des camions sans doute et des bus. Ding, ding… je ne l’ai pas entendu arriver. Les conducteurs ont pris l’habitude d’avertir gentiment d’un petit coup de cloche. Ce n’est un repas servi. Juste un petit rappel : cette voie n’est pas la vôtre et je suis plus gros ! Bien sûr, on sursaute lorsqu’on ne s’y attend pas. Le conducteur fait un petit signe : « Je vous ai surpris, n’est pas ? » Mais il s’arrête à la prochaine station et on peut reprendre l’avantage. Une piste cyclable se profile. On est parti le long du canal de l’Ourcq, ni montée, ni descente. Le profil plat tranche avec les immeubles de plus en plus hauts, puis qui diminuent au fur et à mesure que l’on s’éloigne de Paris.  On ne peut dire que le paysage est beau. Il est même quelque peu affligeant. Poussière, déchets, tags, trous dans la chaussée, un paysage de banlieue sans charme, mais à l’atmosphère si irréelle qu’elle laisse l’étranger sans voix.

Quelle liberté ! Plus de bruit, plus de voitures, mais des trains, un métro et un RER. Est-ce vraiment une piste cyclable ? Ne dirait-on pas une piste à chars ? Ah, ce sont les racines qui la gangrènent. Des serpents jonchent la route, l’enlacent par en-dessous. Heureusement les pneus s’amollissent à l’approche pour reprendre leur air gaillard une fois passée la grosse ficelle. Lorsque le chemin est bon, on pousse le vice jusqu’à se laisser guider par l’équilibre. On lâche les mains, on porte le corps en arrière et on appuie avec aisance sur les pédales. Cela repose le haut du corps. On croise de temps à autre d’autres cyclistes, d’une race fort différente. Nombreux sont ceux qui arborent un maillot rutilant de rouge, jaune, vert et noir, un bariolage de publicité. Ils portent des collants également participatifs et un casque pointu pour mieux fendre l’air (vous savez, un port à la manière des bérets basques). Ils vous doublent le nez sur le guidon, ils ne profitent pas du paysage qui, même s’il n’a rien d’extraordinaire, vaut parfois quelques coups d’œil. Beaucoup plus nombreux sont ceux qui roulent vers Paris comme aimantés par le devoir. C’est vrai le parisien se modère, utilise moins sa voiture et s’essaie à quelques tours de roues pour dire le soir, entre amis : « Moi, je roule écolo ! » Bientôt on entre dans le brouillard. C’est une sorte de couche plus humide probablement créé par l’eau du canal. On ne sait jusqu’où elle va, mais elle gène la progression, non pas physiquement, mais moralement, comme une couche de colle guimauve qui envahit l’environnement. On commence à ressentir la fatigue. Monte-t-on ? On ne sait, c’est le trou blanc. Ah, un vieillard qui court. Il va à petites enjambées, les coudes au corps, la tête haute levée, le sourcil broussailleux. Il fait un drôle de petit bruit à chaque foulée : « Schiiiite, schiiiite… » On le salue d’un signe de tête. Il s’arrête, regarde l’être étrange qui passe à côté de lui, mi-homme mi-roue, un cavalier de l’apocalypse, cahoté par les serpents.

Les kilomètres défilent comme sur un compteur d’eau, les flèches tournent et on pédale toujours, plein d’entrain, de hargne même. Aucun arrêt, même pas un ralentissement… La route d’huile file sous les roues, passant de pavés à l’asphalte, puis à la terre, tassée par les roues, ou encore au béton. Les ponts sont nombreux. On n’y fait plus attention. Mais là, on va être contraint de passer au-dessus pour reprendre la piste sur l’autre berge. Une grue barre le passage, le bras levé, la main acérée. On prend la place du vélo et lui se trouve juché sur l’épaule, les roues tournant dans le vide. De l’autre côté, après quelques pas sur place, on remonte sur la selle, on fait un tour de roues avant de repartir avec le même entrain, la même verve flottante jusqu’au bout du monde qui s’arrête dans un pays en révolution. Jamais un champ ne s’est profilé à l’horizon. Des constructions, en ruine, en construction, en location, à vendre. Des espaces non définis, mi-terrain vague, mi-terrain en attente d’implantation d’on ne sait quoi.

Et on poursuit le long du ruban grisâtre, dans ce couloir magique exempt de bruits où passent quelques fantômes sur roues, sans regard, pédalant et transpirant, chiens enragés de courses folles. Il est temps de faire demi-tour. On ne sait où l’on est, explorateur de terre hostiles, dans le froid des mers arctiques passant près des icebergs qui projettent leur ombre sur une mer d’huile.

25/03/2014

La petite ceinture, côté nord (2)

Chaque tag a sa particularité. Il peut être ordonné, global et coloré, incompréhensible, fleuri, pimpant.

 

 

 

 

 

Ils s’enchevêtrent, se marchent dessus. C’est à celui qui se réserve une place de choix. Certains sont presque des dessins contemporains, du design pur et dansant.

 

 

D'autres sont même des dessins. Peu, car la liberté est dans l’abstraction, dans la singularité de sa propre signature, dans sa marque de fabrique que l’on affiche glorieusement, comme un trophée.

 

 

Allez, un coup d’œil à la gare. Enfin… Ce qu’il en reste.

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21/03/2014

La petite ceinture, côté nord (1)

Ils partirent en catimini, enfourchant leurs vélos, revêtus d’un jean, d’un pull camionneur et d’un anorak. Lampe de poche obligatoire ! L’un, jeune sur un vélo moderne (entendez par là qu’il n’a qu’un cadre, qu’un pignon, qu’un frein et que l’on est pratiquement couché sur cet assemblage), l’autre, plus âgé, plus droit sur un vélo allemand gris perle et pneus increvables. Près du boulevard circulaire, porte de Pantin, ils les attachèrent, se glissèrent entre deux clôtures et les voilà seuls dans un paysage à la Stalker, le film de film d’Andrei Tarkovski (1979, voir le 24 décembre 2011), les tags en plus.

La zone est un lieu interdit d’accès. Elle est devenue un lieu mythique. Au cœur de la zone, le tunnel. On l’atteint après une longue marche, difficile.  Chaque pas est mesuré, différent, chaotique, à la distance différenciée de chaque traverse.

Ils sont environnés de tags, signatures originales, propres à chaque « artiste », difficilement lisibles, environnées d’autres tags, enchevêtrées dans un réseau de signatures, comme une pétition en plein ciel, cachée aux parisiens qui ne connaissent pas les secrets des couloirs de fer abandonnés.

Ils traversent des lieux mixtes, entre zone et ville où certains cultivent leur jardin, en toute innocence.

 

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Voici le tunnel. Entrée dans le noir, la crasse, les détritus. Une odeur de renfermé, les pas soulèvent la poussière, pas un bruit ne vient troubler la marche. Ils tournent avec allégresse les moulins à éclairer (vous connaissez ces lampes de poche sans pile qu’une dynamo entraîne en tournant la manivelle). Parfois, un puits de lumière, tagué bien sûr, d’une statue sans relief, sorte de décor virtuel.


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Après cinq minutes, ils débouchent dans une ancienne gare. Un chef d’œuvre de Street Art, brouillon certes, mais c’est sa caractéristique. Promenade dans une cathédrale de couleurs violentes, d’herbes, de fer et de pierres… Les graffitis en sont le décor baroque qui envahit tous les murs, quel qu’en soit la hauteur.  Le cloître étire ses piliers, désert et silencieux. La méditation y est praticable, malgré les odeurs. Rien ne viendra troubler votre paix… Et vous contemplez des chefs d’œuvre.

18/03/2014

Arbres dénudés (3)

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Tel un squelette de femme, il se pavane dans les champs, faisant admirer ses membres, étendant ses bras et ses jambes pour mettre en évidence son harmonie. Oui, il est beau de symétrie, de rondeur, d’aisance. Admirez cet épanouissement serein qui se laisse voir nu, sans complexe, trônant dans le désert, s’ouvrant de son ventre enchâssé pour dévoiler ses cheveux défaits.

 

  

 

 

Celui-ci est torturé. Il crie de désespoir et n’est pas entendu. Il se tord les bras et les mains pour marquer notre manque d’attention. Il se gonfle la poitrine pour dire son étonnement. Rien n’y fait. Reste tranquille, continue de couvrir la campagne de ton ombre, tu es beau de sacrifice inutile.

 

 

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Le fantôme, les doigts levés, crie au monde sa solitude parmi ses frères. Il a mis ses mitaines et clame haut et fort sa différence. Mais rien n’y fait, il est là, levé dans une classe alignée, mais ne peut se faire entendre. Crie toujours, on ne sait jamais…

 

 

 

 

 

Solitaire, le vieil ours se montre à tous. Il ne craint pas le ridicule. Qui d’autre que lui peut se vanter de détenir une telle couverture ? Il se dresse debout et fait impression, quelle force compacte et majestueuse. Venez voir mes biceps, admirez ces pectoraux poilus. Rien ne me fera bouger !

 

15/03/2014

Arbres dénudés (2)

 

De ce vieillard encore debout, que reste-t-il ? Quelques poils au menton, une béquille qui tient lieu de jambes, des bras noués et incontrôlables, un clin d’œil irraisonné au monde : « Voyez, je suis encore là ! Plus rien ne me retient, mais la vie coule en moi malgré mon âge et je ne renonce pas à quelques années supplémentaires ! »

  

Plus majestueux encore ce chêne invincible, fort comme un taureau. Il a souffert dans ses combats contre le vent, le soleil, l’eau, l’érosion, mais il est droit dans le ciel et semble régner sur le désert. C’est un quinquagénaire fort des Halles qui impose sa loi alentour. Ses membres tordus ne demandent qu’à vous prendre et vous enserrer dans ses mains immenses. Alors vous contemplerez du haut de sa majesté le paysage et pourrez dire : « Il n’est pas beau, manque d’harmonie, mais quelle force qui s’impose à tous. Il ne plie pas, mais ne cède pas non plus ! »

 

Celui-ci est enserré. Il a cédé à son environnement qui l’envahit. Mais il résiste. Ses pieds sont pris, mais ses bras s’agite encore librement et appelle au secours : « Je suis vivant, je n’en ai pas l’air, mais venez voir mon bois. Il peut encore vous chauffer et vous donner ce que vous recherchez. Alors, utilisez-moi. Ne suis-je pas beau, dans ce bleu du ciel voilé ! »

 

 

Quel contraste avec ce bébé joufflu qui s’épanouit au soleil. Jamais touché par la main de l’homme qui l’a planté là un jour, il  nargue les vieux par une jeunesse insolente et pleine de vie. Il en est des arbres comme des humains, la sève monte plus vite dans l’impatience de la jeunesse, mais le bras pacificateur de l’homme mûr s’étend également sur eux.

11/03/2014

Les arbre dénudés (1)

Un arbre en hiver, c’est comme un poulet sans plumes. Il est mort… Mais il leur reste leur orgueil, leur allure ou leur pauvreté naturelle : Pierre le Grand ou Saint François d’Assise !

Seuls, isolés dans les champs, ils se tiennent debout contre le vent et le froid, offrant au ciel leurs bras immenses et pleurant des gouttes de pluie en abondance.

En voici un, mutilé, manchot. Il lève son seul bras droit vers les cieux comme pour protester. Têtu, il se sait seul face à tous. Il ne se rase plus. Il attend… quoi ? Il ne sait. Il contemple son ombre et dit : « Je suis fier d’être là envers et contre tous. Admirez mon courage. Je veille sur l’herbe, sur les bois alentour, dressé dans le bleu de l’azur jusqu’à ne plus sentir mon bras ». Tel les stylistes, il dresse son membre et le laisse se dessécher. Il mourra ainsi, le doigt en l’air, couché dans la boue.

 Celui-ci n’est qu’un champignon, une sorte de bolet au corps charnu que l’on rencontre sous les feuilles, à l’automne. Mais lui se tient là, dans sa puissance ramassée, ayant perdu ses membres, poilu et désossé. Il veille lui aussi. Regardez sa force contenue, son extrême concentration, ton front buté et ses poils hirsutes. Rien ne saurait le faire bouger. « Je suis là, et j’y reste ! »

La vieille garde, embarrassée de parasites qui l’encombrent tels les balanes sur le corps des baleines. Immobilisé par ce réseau envahissant, il tente de crier au secours, mais sa voix se perd dans l’air sec et ne suffit plus pour résonner. Alors il se tient là, tranquille, extatique, pathétique même, ouvrant ses doigts au monde, avant de mourir étouffé.

24/10/2013

La galerie Véro-Dodat

DéserEntrée.jpgte, mais splendide, aux boutiques regorgeant d’objets rares, chers ou insolites, la galerie Véro-dodat est une curiosité parisienne, précieuse et bien peignée.

L’entrée est discrète, en particulier dans la rue Jean-Jacques Rousseau. L’autre est plus grandiose de par ses statues qui surmontent le portail.

L’impression de profondeur est donnée par les carreaux de marbre noirs et blancs. On a presqu’envie de se laisser glisser sur les fesses jusqu’à l’autre bout, comme dans un toboggan. La symétrie avec la verrière en fait presqu’une œuvre d’art optique : quelle ligne de fuite parfaite !

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Le plafond de verrière possède cependant quelques peintures du siècle dernier, romantiques comme le reste.  34942688.jpg

 Vous entrez dans un salon aux vitrines strictes, taillées dans le bois et un alliage de cuivre. Elles sont magnifiques, petites fenêtres arrondies en haut, portes somptueuses, éclairages de boules suspendues au-dessus de chaque porte.

Et chaque boutique est souvent un trésor de présentation, parfois d’objets inutiles, comme abandonnées, à la manière des romantiques du XIXème siècle. On s’attend à voir sur un lit de repos une créature rêveuse, pas tout à fait endormie, ni non plus entièrement réveillée. Mais le bruit des pas d’un passant résonant sur le carrelage vous ramène à la réalité : le vide d’un désert grandiose peuplé de cadavres exquis conservés dans leur bocal de verre. 

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Des friandises, bien sûr, ou des produits de beauté 

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Et même des jambes dans tous les sens 

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28/09/2013

Le Pré Catelan, dans le bois de Boulogne

C’est au capitaine des chasses de Louis XIV, Théophile Catelan, que nous devons l’origine du nom du jardin. Mais la légende l’attribue à un troubadour du nom d’Arnault Catelan, qui y aurait perdu la vie, alors qu’il apportait des présents à Philippe le Bel, de la part de Béatrice de Savoie, comtesse de Provence. Autrefois simple pré d’où l’on extrayait les pierres qui sont venues paver les allées du bois de Boulogne, il s’est transformé à la fermeture des carrières en parc d’attraction. C’était un lieu plein de vie où l’on venait boire du lait frais dans la laiterie, écouter des concerts, faire quelques promenades en vélocipède ou des tours de manège. Mais les cris de joie se sont évanouis avec la guerre de 1870 et les affrontements de la Commune. (From : http://equipement.paris.fr/pre-catelan-et-jardin-shakespeare-2780)

Peut-on encore parler de lieu plein de vie ? Peu de personnes s’y promènent, et elles n’y marchent qu’à pas compassés. Le silence y est impressionnant.

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On croise quelques vieillards emmitouflés, deux ou trois couples d’amoureux, le plus souvent couchés dans l’herbe moite et quelques célibataires lisant le journal dans la clarté du soleil.

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Attention, ne pas le confondre avec le jardin de Marcel Proust d’Illiers-Combray, site romantique dit le « parc de Swann ».

Ce jardin a la beauté du paradis. Mais le paradis de nos grands-parents. Bien coupé, bien entretenu, il semble sorti des malles naphtalinées débarquant d’une diligence. Les femmes en robe longue et ombrelle colorée déambulent sur les sentiers, les hommes, rares, promènent leur canotier et canne de bambou, les enfants jouent au cerceau, courant à petits pas sans jamais se salir. Le paradis des enfants sages, bien brossés, feutrés comme leurs culottes de peau. 

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Les arbres y resplendissent dans le soleil d’automne. Verts et fiers, ils se penchent sur la rivière qui coule lentement, bordée d’une allée de graviers. A l’image des promeneurs, ils commencent à jaunir, atteints par l’ardeur du soleil. Mais cette vieillesse latente apporte le romantisme attendu d’un tel lieu.

Si vous suivez la rivière, sortant du pré très boisé, vous tombez sur une sorte de jardin japonais grand comme un mouchoir de poche, mais si crevant de vérité qu’on le croirait débarqué de l’Orient immuable. Que fait-il là comme ayant poussé sans aide ni intention ?

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09/08/2013

La chapelle

Elle se trouve au bord d’une petite route, en face d’une maison enfouie dans les arbres. On ne se doute pas qu’il puisse y avoir là une chapelle avant de l’apercevoir. A la sortie d’un tournant elle est là, blanche, immaculée, fraichement repeinte, pierre précieuse dans la campagne.

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Elle a un nom, elle a un lieu, elle a une histoire, mais j’ai tout oublié. Seul reste dans le secret de13-08-06 La chapelle7.JPG ma mémoire, sa blancheur crème et son clocheton surmontant son toit pentu.  Elle dispose d’un enclos encombrée de quelques arbres. Il n’est pas bien entretenu, mais ce désordre lui plaît, elle n’en paraît que plus naturelle. Marie au milieu des passants, qui ne se distingue en rien. Et pourtant quelle distinction. Une porte surmontée d’un pilastre modeste, mais élégant, lui-même surmonté d’une niche dans laquelle se trouve la vierge avec l’enfant tenu à bout de bras, comme montré à la foule des pèlerins.

Car c’est un lieu de pèlerinage. Dans la première semaine de septembre a lieu à la chapelle une messe, le jour de la nativité de Marie. « Des enfants gardant leurs moutons sur un terrain appelé l'allée de la Tremblaye, virent dans un chêne une petite statuette qu'ils prirent pour une poupée et qu'ils remportèrent chez eux. » La chapelle fut édifiée en 1631.

13-08-06 La chapelle1.JPGLe clocheton a été refait. Il brille de tous ses feux et donne à l’édifice un air vague de chapelle orthodoxe, sans doute en raison de sa forme et de la boule qui porte la croix.

 

La porte est ouverte, entrons ! Venant du dehors, aveuglés par la lumière de l’après-midi, nous sommes surpris par son éclat. Il vient du vitrail en damier bleu et blanc par lequel perce un rayon de soleil. Lumière irréelle, irradiant l’autel. Tout est propre, bien rangé, fleuri, prêt pour une messe de mariage. Les noces de la nature et de la mystique !

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Un nuage passe. L’intérieur reprend un aspect naturel : une petite chapelle perdue au milieu des champs qui offre au passant un instant de prière dans le calme.

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Enfant, nous aimions nous arrêter dans un tel lieu, à genoux, la tête vide, attendant on ne sait quoi. Même impression. Je perds ma rationalité et prend le large sur les nuages de mes souvenirs. Quelques instants dans le passé, avec les yeux de l’enfance innocente. N’est-ce pas le dessein des constructeurs. "Eveillez-vous et priez l’immaculée !"

Où est-ce ? Vous pourriez trouver, les indices ne manquent pas. Dites-le-moi si vous le découvrez !

14/06/2013

Un après-midi à Bagatelle

Le paradis aux portes de Paris. Je ne connaissais pas. J’ai été conquis13-06-06 Bagatelle (1).JPG. J’en suis reparti charmé, renouvelé, apaisé. Je n’y ai pourtant vu que de vieilles dames et vieux messieurs ou des jeunes femmes avec quelques enfants.

Entrée du côté Seine sous un soleil bienfaisant. Quelques mètres et déjà le comble de la beauté animale, un paon reposant dans une herbe fraiche, alignant sa traîne de plumes légères et colorées. Proche du pavillon chi-nois, pas plus incongru que cela dans cette mer de 13-06-06 Bagatelle (5).JPGverdure, il se laisse photographier, indifférent. Les enfants l’admirent et le respectent. Il n’est pas si souvent possible de voir s’ouvrir sa palette lumineuse. Ce ne sera pas le cas avec lui.

Passage auprès d’un petit étang, disons une mare ou même un bassin. Une famille s’est installée à proximité, au frais sous les couverts. Encore quelques pas entre les frondaisons et l’on arrive à l’orangerie.

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Versaillaise est-elle, pleine de majesté et d’équilibre. On voudrait être à la place 13-06-06 Bagatelle (13).JPGdes orangers et autres espèces qui y passent l’hiver. Quelques vieilles personnes, assises sur des bancs, devisent petitement, entre elles. Elles se chauffent au soleil, souriantes de cette aubaine. Elles sont presqu’au paradis, leur prochaine destination. Jardin à la Française oblige et plus loin, la roseraie surmontée d’une gloriette dans laquelle, à l’abri du soleil, devisent trois personnes. Elle a 13-06-06 Bagatelle (16).JPGle charme des accessoires de ville d’eau et domine la plaine jusqu’à la Seine qui n’est pas visible. Après bien des détours, je me dirige vers un pavillon, une fermette de briques, près du mur de clôture. C’est le 13-06-06 Bagatelle (17).JPGpotager, conservé au frais, pourvu de nombreuses espèces insolites ou communes. Certes, elles sont peu nombreuses. Quelques pieds par ci par là, mais si joliment plantés qu’ils font un parterre de reine.

Sortir des légumes, se retrouver dans le jardin mi- français, mi- anglais et tomber sur un paon en majesté. Quel éblouissement ! Le plus drôle se trouve derrière où il agite ses ailes à la manière d’un ventilateur. Vision inhabituelle qui enchante. Oui, le paradis…

 

 

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Poursuivant vers l’autre partie du parc, je traverse l’image de la France telle 13-06-06 Bagatelle (35).JPGqu’on l’imagine et qu’on ne voit qu’exceptionnellement. De vastes prairies rafraichies par les arbres immenses, des couverts de verdure léchée, des pièces d’eau qui humanisent ces étendues verdoyantes. Et mes pas tombent sur des bernaches du Canada, expatriées si loin de leur pays originel, se dandinant plaisamment au bord d’une pièce d’eau (une de plus).

Redescendant des grilles de l’entrée principale, j’arrive près des deux pavillons. Le premier, tout volet fermé, est13-06-06 Bagatelle (43).JPG dans son écrin de verdure. Le second, plus majestueux, plus noble, presque un décor immortel, étale son rose éternel sur les jardins qui l’entourent, gardé de lions à tête de femme, impassible dans la chaleur de l’après-midi. A l’arrière, sur le jardin pourvu de magnifiques pivoines de toutes les couleurs, il étale sa panse arrondie de bon petit bourgeois.

Et je repars, les yeux en arrière, comme si un film me faisait remonter le temps d’une entrée 13-06-06 Bagatelle (52).JPGdans cette merveille, gardée par des arbres centenaires. Je me retrouve sur le pavé parisien, ébloui. Paris réserve des surprises permanentes. Comme il est étonnant que je n’ai pas connu plus tôt ce coin de paradis.

23/05/2013

Jardin Albert Kahn : la forêt vosgienne (2ème partie, suite du 10 mai)

Poursuivons notre promenade dans le jardin d’Albert Kahn. Quelques pas et nous passons d’un jardin japonais à la forêt vosgienne. Certes entre les deux il y a un jardin à la Française bien ordonné, bien aligné entre les cordons imaginaires d’un architecte maniaque. Mais un pas de plus vers les arbres et nous sommes terrassés, immergés dans le massif des Vosges, ses sapins, ses rochers, ses étroits chemins encaissés.

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 Pas besoin de fermer les yeux, d’écouter le chant des ruisseaux dévalant des hauteurs. Les yeux ouverts, le regard incrédule, vous errez dans ces paysages étonnants dans le bruit perceptible de la circulation parisienne. 

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 La forêt vosgienne, créée sur une parcelle acquise en 1902, est directement liée à la vie d’Albert Kahn, originaire de la ville de Marmoutier dans le Bas-Rhin. Il a souhaité reconstituer, là, un décor montagneux, chargé de souvenirs d’enfance volés par la guerre de 1870. Les deux versants, lorrain et alsacien, du massif des Vosges y sont aujourd’hui représentés. 

Selon les témoignages, de gros blocs de granit et des arbres déjà de grande taille ont été transportés des Vosges par wagons spéciaux et ont obligé à démonter momentanément les fils électriques du quartier durant leur installation.

(Source : http://albert-kahn.hauts-de-seine.net/les-jardins/les-differents-jardins/foret-vosgienne/)

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 Un dépaysement certain à la porte de Paris. Qui eut cru être ainsi plongé au cœur de la porte de la France alors qu'il se trouve au milieu.

10/05/2013

Jardin Albert Kahn, le jardin japonais

Albert Kahn était banquier. D’origine alsacienne, il s’appelait en réalité Abraham Kahn. Né en 1860, il est mort à Boulogne en 1940, ruiné par le krach boursier de 1929. Dès le 10 février 1887, Albert Kahn écrit à Bergson : « cela va assez bien en ce qui concerne les affaires mais, vous le savez, ce n’est pas mon idéal {…} ». L’homme mûr, le banquier qui a réussi, va donc consacrer sa vie et sa fortune, entre 1898 et 1931, à l’établissement de la paix universelle.  Il s’installe au numéro 6 du quai du 4-Septembre en 1893. Il y loue, avec promesse de vente, un hôtel particulier. Cette maison, construite en brique et en pierre, s’ouvre largement sur la colline de Saint-Cloud. Jusqu’en 1910, il constitue patiemment le terrain de son jardin en achetant progressivement diverses parcelles, puis en les assemblant. Cette démarche conduit à la création d’un genre de jardin bien particulier au XIXe siècle : le jardin dit « de scènes ». Chaque acquisition permet à Albert Kahn de créer une nouvelle scène. Chacune d’elles apparaît comme une référence à des courants de l’art des jardins au XIXe siècle : le style « régulier » dans le jardin français, le style « paysager » dans le jardin anglais, le « japonisme » dans le jardin japonais, puis il prolonge avec la forêt bleue, la forêt vosgienne, la forêt dorée.

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En 1989, le département des Hauts-de-Seine a souhaité rendre hommage à la vie et à l’œuvre d’Albert Kahn par la création d’une œuvre paysagère contemporaine. Ce jardin japonais, conçu par le paysagiste Fumiaki Takano, est une métaphore de la vie d’Albert Kahn. Un nouveau jardin japonais a été implanté à la place de celui qu’Albert Kahn avait créé en 1908-1909. Il ne subsiste plus rien de l’ancien jardin excepté le grand cèdre de l’Himalaya et le hêtre pleureur sur le petit îlot, les deux ponts, ainsi qu’un portique en bois donnant sur le verger.

Cette création contemporaine rend hommage à la vie et à l’oeuvre d’Albert Kahn, en souvenir des liens étroits qu’il entretenait avec le Japon. La symbolique de cet espace suit trois axes essentiels, se joignant tous en une pierre centrale :

·         l’axe de la vie (Yang), symbolisé par la rivière et par les constructions coniques en relief ;

·         l’axe de la mort (Yin), représenté par les constructions en cône inversé ;

·         l’axe féminin - masculin, déterminé par le hêtre et le cèdre.

Cette symbolique reprend le principe fondamental du Tao, celui de la complémentarité dans l’opposition pour former un tout.

(Source : http://albert-kahn.hauts-de-seine.net/)

 Mais promenons-nous dans ce jardin japonais qui est exceptionnel et particulièrement dépaysant.

On débouche sur un jardin perdu au milieu des immeubles, mais sa construction en forme de bol, dont les bords dominent la partie centrale où se trouve l’étang aux carpes permet de trouver dans ce petit espace qui fait tout de même un hectare une paix très orientale. Seul le bruit des voitures, incessant, trouble cette quiétude.

Une très bonne description de ce jardin se trouve sur le site Albert Kahn à l’adresse suivante : http://albert-kahn.hauts-de-seine.net/les-jardins/les-differents-jardins/jardin-japonais-contemporain/

 

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Une après-midi sereine, au soleil du printemps, parmi les cerisiers en fleurs, n’est-ce pas le début du paradis ?

Tentez cette découverte, vous ne le regretterez pas !

08/04/2013

Jardin des serres d’Auteuil : voyage équatorial

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Ce jardin date de Louis XIV qui le fit construire en 1761. Organisées autour d’un parterre à la Française, cinq serres donnent sur cet espace dégagé.

 

Malheureusement, le boulevard périphérique l’ampute d’un tiers en 1968. Le projet d’agrandissement des stades de Roland-Garros le remet en cause P1010129.JPGà nouveau.

Que deviendront les collections de plantes rares (plus de 6000 végétaux organisés en collections thématiques) ? Et démolira-on les deux pavillons aux portes curieusement chinoises pour faire place au sport lucratif ?

 

Hier, promenade dans les jardins et visite des serres, chaudes, encombrées, parfois fermées, toujours impeccablement tenues. Au dehors l’air est frais. Vous entrez dans une serre et vous vous sentez serré (logique, n'est-ce pas?),P1010005.JPG voire oppressé, par la moiteur étouffante de plantes qui vous narguent : « Entre si tu le souhaites dans notre antre, mais tu restes un étranger qui n’a droit à aucun mouvement intempestif ! » Elles foisonnent ces plantes. Elles semblent s'être développées au-delà des limites possibles, envahissant leurs supports, se mélangeant les unes aux autres, exhumant des senteurs sourdes et occultes qui font monter au cerveau le souvenir d’une vie végétative et tenace, celle des premiers hommes emprisonnés dans les forêts primaires.

 

P1010018.JPGLa grande serre, majestueuse, dresse ses arceaux de fer et de verre sur les carpes du Japon qui baignent dans l’eau trouble d’un bassin : rencontre en un point des trois dimensions où la vie s’écoule au rythme des battements de queue. Une vraie forêt vierge, mangrove miniature aux racines entrecroisées. Vous êtes happé par la mP1010036.JPGarée végétale qui envahit votre espace vital. Vous ne respirez plus. Vous devenez plante !

Sous la grande verrière, le palmier déploie ses membres en arabesque. Celle-ci semble grandir avec l’arbre.

 

Un jardin zen, dans une autre chapelle (c’est ainsi que sont P1010056.JPGbaptisés certaines serres. Pourquoi ?), amoureusement ratissé, vierge de prolifération, insolite dans cet envahissement de feuilles, troncs, racines et senteurs. On y respire avec aisance, on s’y promène avec charme, on admire cette luxuriance organisée qui laisse place au vide créé pour mieux l’admirer. Le minéral côtoie le végétal. C’est un plus appréciable !

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La chapelle des orchidées : choyées, elles vous accueillent tendrement, sous leur meilleur jour, dans la lueur diffuse des brumes du soleil levant. Oui, vous êtes bien sur une autre planète, sauvage et inquiétante.

 

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En un instant, vous suffoquez. Trop, c’est trop ! Quel envahissement. Vous mangez la verdure, elle pénètre dans vos poumons, elle vous entoure de ses bras puissants, elle entre dans votre système olfactif, elle obstrue votre système auditif, elle trouble votre vision de gouttelettes qui coulent le long des vitres. C’est assez, sortons !

 

Vous vous retrouvez dehors, décalé, perdu, refroidi, respirant à grandes ventilations un air pur malgré les voitures qui passent à proximité du parc. Quelle drôle d'échappée sous d’autres horizons !

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31/03/2013

L'île noire

Elle est là à deux ou trois encablures, massive, surmontée de sa tour et rugissent les vents et les embruns à ses pieds. L’image du docteur Muller et de son gorille se superpose à cette vue. Où sont-ils ? Je rame dans la barque qui m’emmène vers l’enfer, un frisson irrationnel dans le dos.

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Pourtant quelle après-midi paisible. Montée lente pour sortir des bruits d’une civilisation motorisée et nous émergeons sur une étendue argentée, environnés de pins et de senteurs printanières. L’île est toujours là, inquiétante et débonnaire, sa tour dressée sur la surface liquide, gardienne de ce mont qui allège le corps et libère l’esprit.  

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Couchés dans les herbes odorantes, nous contemplons l’immensité secouée de rides, rêvant d’un départ vers d’autres pays, au-delà des nuages et des côtes qui se dessinent dans le lointain.

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Nous redescendons lentement sur terre. Le golfe s’irradie de blancheur. Les nuages se chargent d’électricité et roulent leurs bosses au-dessus des monts voluptueux. Une promenade au bout du monde !

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02/03/2013

Promenade montagnarde

J’ai vu les montagnes étirer leur blancheur au réveil des matins, aux veilles des soirs. A l’aube, de grisâtres nuages voilaient leurs cimes endeuillées et se jouaient des lumières accrochées comme des vers luisants sur leurs flancs arrondis et tachés de rousseur. Leur tristesse insolite couvrait les forêts bleutées de larmes transparentes, prisonnières des trames d’araignées oisives.

Les promontoires allégés sentaient au réveil l’encre et le papier-peint, peint de fleurs inconnues et de blanches opuscules. Je riais de voir leur lente paresse à lever leur vieilles têtes vers la lumière des cieux.

Lorsque la nuit étendait son manteau, comme un cavalier sur les flancs de son cheval, la neige bleue riait de ses lèvres gercées sous nos pas malhabiles. Mes bâtons frappaient sa coquille comme les voyageurs sur l’huis des auberges inconnues. Je sentais le silence infini comme on sent l’odeur de l’obscurité. Dans les ravins obscurs, même l’eau suspendait son chemin en de longs filaments, comme les doigts d’une morte de verre et l’on n’entendait plus le mélancolique frémissement des pleurs de ces monstres alanguis. Parfois, les cimes respiraient l’air pur et buvaient les rayons dorés des soleils brûlants, tandis que leurs pieds nus ou nantis de poils verts, flottaient au caniveau des dieux.

Mon âme était naïve, elle avait perdu la perversion des couleurs humaines, le gris de leurs vêtements, le brun des cheveux ébouriffés et le rose de leurs mains avides.

Un jour, je possèderai une montagne. Elle aura les flancs lisses comme ceux d’un enfant et les pieds burinés des sages qui marchent en Inde, nus. Sa barbe verte aura des reflets bleus en regardant le ciel bronzé ; j’y enfouirai les pieds, écartant les orteils, comme dans le sable chaud. J’étirerai mes pas tout au longs de ses rides et caresserai du doigt ses phalanges mauves. Ses yeux bleus serviront de miroir aux étoiles riantes et aux robes des fleurs. Elle sera coquette et futile, aimant ses nombreuses parures, mais gardera la pureté des visages d’enfants.

07/02/2013

Passage de Lancre, Paris

P2060024.JPGCe passage se situe entre la rue Saint-Martin et la rue de Turbigo, dans le 3ème arrondissement.  Il apparait soudainement, alors que vous passez en vélo à sa hauteur, ouvrant par une porte de cirque, sur une campagne en miniature, une sorte de forêt verte, étroite, un long boyau dans les entrailles de la ville, perdu entre les immeubles.

 

 

 

Il est ainsi nommé par déformation de son nom pendant la révolution (passage de l’ancre nationale) et sous la monarchie (passage de l’ancre royale). Mais il existe une autre explication : l’ancien passage du puits (quel puits ?) s’est muté en passage de l’ancre en raison d’une ancre servant d’enseigne à une auberge.

 

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D’abord, le P2060023 (2).JPGcalme. Pas un bruit. Vous marchez sur du velours, les doigts de pied écartés, n’osant pas regarder derrière les vitrines de peur de réveiller les habitants. Et il est vrai que le passage fait un peu Belle au bois dormant : « La princesse se piquera le doigt sur un fuseau et en mourra, mais au lieu d'en mourir, elle tombera seulement dans un profond sommeil qui durera cent ans, au bout desquels le fils d'un Roi viendra la réveiller ». Mais cela ne risque pas de  vous arriver, car il n’y a pas un siège et encore moins une table. Ce n’est qu’un passage qu’emprunte un habitant du quartier.

Alors vous errez dans cet étroit couloir bordé de petites boutiques aux flancs laqués de couleurs vives. Vous vous laissez subjuguer par les lierres et bambous qui gênent votre marche et voilent les devantures. Circulez, il n’y a rien à voir. Laissez-nous dormir !

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Après un dernier coup d’œil, vous vous laissez convaincre que s’il y a quelque chose à voir, il faudra que vous reveniez.

Oui, passage de  l’Ancre parce qu’on s’y sent à l’abri comme dans un port ou passage du puits creusé dans les flancs de pierre de groupe d’immeubles. Bel endroit de Paris !

20/01/2013

Rue du Mail (2ème arrondissement, Paris)

Une rue qui n’a rien d’extraordinaire habituellement. On peut penser que son appellation ne date pas d’hier, ni d’Internet, et que donc il ne s’agit pas de courriels, mais de promenade publique, voire de boulevard. Alors quelle idée de superposer des synonymes : l’avenue de la promenade ou mieux la rue de la rue ! Elle est petite, étroite, un peu noire, mais contient des magasins de décoration assez chics.

Eh bien, pour les soldes, les commerçants ont inventé une belle décoration, originale, lunaire pourrait-on dire : des abat-jours géants suspendus dans les airs. Oui, cela surprend, mais en bien, ce qui est rare.

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Et me voici passant sous les abat-jours, pas plus éclairés puisqu’il fait jour, mais le crâne tamisé par ces éteignoirs à bougies. Quel chapeau !

Chaque magasin dispose d’une flamme de tissu jaune qui semble inviter le passant à l’intérieur. Et pour plus d’attirance, les devantures sont fournies, fourbies avec des intentions artistiques : défilés de tissus, coin de fenêtre miroitant, même un dragon veillant sur l’ameublement.

 

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Et je repars sous les abat-jours, étonné bien sûr, pas blasé. Les étrangers disent que les Français sont frivoles et imaginatifs, on va finir par le croire.

Allez, encore un tour d’abat-jours :

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Je remonte sur ma bicyclette, le cœur léger, j’arrive à la fin de la rue, qui possède un bistrot bien de chez nous, intitulé « Chez Georges ».

Mais... Il est temps de rentrer.

 

14/11/2012

Le jardin des Batignolles

Il n’est pas grand, perdu entre les voies ferrées de la gare Saint Lazare et la banlieue. C’est pourtant un havre de paix dans ce Paris tourbillonnant et bruyant.

Il y a un mois, je pénétrais dans ce jardin mystérieux. C’était encore presque l’été. Plongée dans la campagne.

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Le quasi silence, la chaleur du soleil filtrant à travers les arbres, l’eau qui coure vers l’étang au travers des herbes folles, le gardien avenant toujours fier de sa propriété, tout concoure à un dépaysement bienveillant.

J’ai parcouru ce paradis en état d’apesanteur, flottant dans un sentiment d’irréalité. Qui pourrait imaginer qu’à 50 mètres derrière ce coin bucolique se cache la géométrie absconse des chemins de fer français ?

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Pénétrant au cœur du jardin, on se découvre une âme de poète à petit prix. Il manque juste quelques baigneuses de Corot ou de Henner pour s’imaginer au paradis d’Allah. 

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Suivre le sentier le long de la rivière, s’essayer à quelques pas de danse,

 

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 admirer cette réplique insolite du mobilier arborescent des jardins japonais,

 

 

  

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éprouver l’étrange vision de vautours guettant le passage de poissons dans l’eau trouble,

 

quel repos !

 

 

 

 

05/11/2012

Méditation en Périgord

 

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L’arbre, symbole de vie, enraciné dans la terre, la tête dans le ciel, les branches ouvertes à tout vent, et ses fruits tombés à terre, glands ou autres semences, source d’autre vie.

La croix, symbole de l’union des contraires dans le Christ, horizontale pour l'homme et verticale pour le divin, rencontre du temps et de l’espace, elle est également l’image de la passion.

Le lieu de paix, la chapelle en pierre, symbole de ressourcement, à la porte romane par laquelle l’homme entre en méditation.

Et tout cela au bord d’une route, sur la route de l'homme debout.

Belle image, n’est-ce pas ?

23/10/2012

Cité des Fleurs, à Paris

Quelle idée d’aller se promener dans la cité des fleurs au moment où justement il n’y a plus de fleurs. Mais il était trop tentant, en ce jour quasi d’été, d’aller baguenauder en chemise dans ce chemin insolite en plein Paris.

12-10-23 Entrée.JPGOn croit entrer au paradis, et cela commence par une prison. Grille de part et d’autre, fermement gardée. Mais une fois passée, elle ouvre sur la petite ville de province, avec son charme discret, bien caché, et pourtant ouvert à tous. Impression de voyage dans le passé : une rue pavée, silencieuse, chaude d’un soleil d’automne ; des jardins fermées, bien cachées ; des12-10-23 Rue1.JPG fenêtres ouvertes comme si chaque maison avait besoin de respirer. On a du mal à comprendre où l’on se trouve. C’est tellement insolite cette rue d’un autre siècle. Il faut se promener plusieurs fois sur ces pavés disjoints pour se laisser imprégner par l’ambiance insaisissable au premier abord. Il n’y a pas une fleur à cette époque, il y a ces grilles qui cachent les jardins, et pourtant, on est à la campagne.

 

12-10-23 Rue 2.JPGAllons-y, errons et laissons-nous charmer le long de cette voie royale. Dommage qu’il y ait ce bruit de machines grattant ou ponçant derrière une façade ouverte, dommage aussi ces voitures garées là on ne sait pourquoi. Les passants, rares, se promènent silencieusement, comme dans une église. Deux jeunes filles se photographient un bouquet à la main. Et l’on contemple ces façades respectables, blondies par l’éclat doré des rayons du soleil qui pénètrent au travers des arbres et feuillages.

 

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Je ne vous raconterai pas l’histoire de cette cité, vous la trouverez sur Internet à l’adresse suivante :

http://fr.wikipedia.org/wiki/Cit%C3%A9_des_Fleurs

 

Vous repartez en plein Paris, vous franchissez la porte et vous comprenez alors que cette fois-ci vous entrez en prison, immense, bruyante, polluée, violente. Bref, la privation de cette liberté vécue pendant un instant et qui vous enchante pour le reste de la journée.

 

15/10/2012

L’horloge publique de Charles V

On ne la voit que très peu et beaucoup passent dessous sans l’apercevoir. C’est pourtant la plus vieille horloge de Paris et, de loin, la plus belle. Elle se situe sur une des faces de la tour de l’horloge (eh oui, la tour a pris son nom) au palais de justice, ancienne résidence royale, dans l’île de la Cité.

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Que voulait le roi ? Donner l’heure aux Parisiens qui avaient du mal, dans la ville aux rues étroites, à percevoir l’heure au soleil. Seuls les riches disposaient de clepsydres ou de sabliers.

En réalité, l’horloge actuelle est celle d’Henri III, le dernier Valois, monarque aimant la beauté et l’art. Au fil du temps, elle fut restaurée plusieurs fois. Mais on découvrit à la Bibliothèque nationale un document de l’époque qui décrivait de manière précise l’horloge.

Elle vient d’être restaurée telle qu’elle était lors de sa construction. Elle attend les passants, bien qu’elle soit cachée en partie par les arbres du boulevard. Elle rayonne de tous ses feux, éclat d’or des statues, et donne à nouveau l’heure. Que les Parisiens se le disent !

 

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28/09/2012

Cloitre de l’abbaye de Cadouin

Etonnant ce cloître de style gothique flamboyant alors que l’abbatiale est de style roman. « De fonds roman, il a été décoré du XVe au XVIe siècle. Des colonnes richement sculptées supportent des voûtes compliquées. Dans la galerie nord, on trouve un magnifique siège abbatial en pierre. Aux angles se trouvent de belles portes flamboyantes du XVe et portes Renaissance du XVIe siècle. Il fut restauré au XXème siècle. »

Les galeries donnent sur le préau (ou jardin) par des baies à claire-voie. Au premier abord on les imagine toutes semblables. Puis, à force de tourner, on s’aperçoit que certaines baies contiennent une colonne centrale, d’autres deux.

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Intrigué, on les regarde de plus près et on découvre leur variété.

En voici deux semblables avec leurs fleurs de lys au sommet dont le centre est un cœur.

1B baie.JPGreligion,architecture,gothique

 

 

 

 

 

 

 

 

Elles sont pour la plupart différentes, parfois de manière minime.

Ici le nombre de piliers passe de un à deux :

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 Là ils varient si peu qu’il faut chercher les différences : la baie de droite n’est pas totalement sculptée (pignon de droite encore en bloc de pierre) et les éléments des deux cœurs du haut se rejoignent alors qu’ils sont séparés sur la baie de gauche.

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 Celui-ci est seul de son espèce, sans pendant en deux piliers :1sP9170100.JPG

En voici deux autres, superbes :

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Et tout ceci fait à la main, la prière en tête !

 

24/09/2012

Eglise fantôme à Saint Jean d’Angély

 

Quelle fierté ! Ses deux tours dominent la ville. Elle vous regarde de ses quatre yeux noirs. Le dernier, troisième œil, jette un regard d’aveugle sur l’infini du ciel. Les portes sont closes, on ne regarde pas à l’intérieur d’un fantôme !

Cette façade est-elle un chef d’œuvre ou un décor de cinéma ?  

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La majesté du fronton (le plus classique qui soit) au premier étage cache bien l’absence des sculptures accompagnant logiquement un tel édifice. La pierre y reste brute, taillée d’un bloc, en attente du burin.

 

 

 Et lorsqu’on se déplace de quelques pas, elle est vide. Non pas vide à l’intérieur, mais vide d’intérieur. L’espace illimité derrière la façade est sa seule existence, comme une planète lancée dans l’univers, un OVNI réel, mais sans existence.

Au loin une autre église, réplique d’un imaginaire autrement plus charmeur.

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Tournez autour du monument tel un satellite autour de son astre, vous découvrirez l’envers du décor, attristant comme un moule dans le tiroir d’une cuisine en attente de bonnes choses.

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 Et pour finir, un peu d’histoire, pour satisfaire votre curiosité si vous ne connaissez pas.

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21/09/2012

Fontaines en Périgord

L’eau, source de vie, rassemblée, condensée, qui s’écoule d’un tuyau à profusion, pour le plaisir des yeux, le rafraichissement du visage, la satisfaction de la soif. Presque chaque village a sa fontaine, de la plus simple à la plus monumentale :

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Mais que font là ce robinet et ce seau rouillé. Est-ce pour nettoyer les pinceaux du décorateur de ces lieux ? Est-ce par dérision que les habitants conservent une telle fontaine ? Elle est modeste, on ne la remarque pas, et cela vaut mieux !

 

 

 

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On dirait un monument funéraire, quel classicisme. Mais la symétrie lui donne une beauté certaine. Accolée à une maison, à quoi pouvait-elle servir : à mettre en évidence la richesse du propriétaire, à rafraîchir ses habitants, à ravitailler le quartier ? Peut-être manque-t-il une statue dans l’évidement central ? Imaginons une nymphe laissant couler la vie de son amphore. Les fleurs la remplacent et caressent d’autres sens.

 

De tous temps, les hommes ont été fascinés par le mystère des eaux qui sourdent des profondeurs de la terre. Force de fécondité, de fertilité, de purification, l'eau était vénérée par les Celtes, comme les arbres ou les pierres. On attribue aux eaux des vertus bienfaisantes.

L'Eglise, après avoir essayé en vain d'interdire les cultes païens, christianise ces lieux en les plaçant sous le nom d'un saint. A Sarlat, il y a plus qu’une fontaine, un véritable bassin. Non, ce n’était pas un lavoir ! C’est la fontaine Sainte Marie, située en plein centre-ville, dans une grotte naturelle aménagée au XIIe siècle. Polluée au XIXe siècle, elle fut murée. Ce n’est que depuis 1970 qu’elle fut de nouveau accessible au public.

 

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Périgueux : au pied de la cathédrale, une fontaine dédiée aux pèlerins de Compostelle. Elle orne bien ce petit jardin qui donne accès à l’Isle.

 

 

 

 

La fontaine Médicis de Brantôme coule dans l’ancien jardin privéP9190157.JPG des Abbés sous la façade de leur château abbatial. On y voit l'Abbé Pierre de Bourdeille, mieux connu sous son nom de "Brantôme", homme d'épée, Abbé commendataire de 1558 à 1614, chroniqueur (auteur entre autres des célèbres Dames Galantes). Il sauva sa ville des guerres de religion. En fait, son buste n’a été inauguré qu’en 1895 sur cette fontaine du XVIIème siècle.

Elle paraît incongrue sous les parois de la falaise. Mais elle apporte une note de frivolité dans ce cadre à la fois austère et grandiose.

 

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P9190163.JPGEnfin, toujours à Brantôme, cette petite vasque décorative, au pied de l’église. Elle réjouit les fidèles à la sortie de la messe dans les chaleurs d’été et leur rappelle que Brantôme est aussi appelé la Venise du Périgord, appellation exagérée, mais sympathique.

 

 

 

22/08/2012

Saint Céneri le Gérei

 

Promenade au gré de l’inspiration, ou plutôt au fil du vent, sans interférence de la volonté, dans une campagne déchaînée, dépourvue de bruits et de structures industrielles ou commerciales. Le paradis…

Rue de St Céneri.jpgSitué dans les Alpes mancelles, le village n’a que 140 habitants, tous non visibles, mais bien présents. Chaque maison met son point d’honneur à s’orner de fleurs et feuillages, comme une mariée le jour de ses noces. Mais ici les épousailles durent, durent, durent, comme une éternité retrouvée. Suspendu entre ciel et terre, vous admirez la tendre netteté des rues parsemées de platebandes sauvages. C’est comme un décor de reflets du passé, qui vous prend à la gorge et vous emmène au loin, dans une rêverie solitaire, bien que vous ne soyez pas seul.

Eglise Saint Céneri2.jpgSaint Céneri est toujours là et si l’on ne voit plus sa cabane, il reste l’église et ses peintures murales.

La vierge au manteau.jpgLa vierge au manteau a été réalisée pendant la guerre de Cent Ans, au moment où les combats faisaient rage et la protection de la vierge devenait nécessaire et urgente.

 

La chapelle se trouve plus bas dans le méandre de la Sarthe, au milieu d’une prairie, trônant comme uneChapelle de Saint Céneri.jpg orpheline sur une couverture verte. Mais vous êtes déjà à l’extérieur du village, petit ramassé sur son promontoire, accessible après avoir passé le pont à trois piles, étroit, d’où vous contemplez, d’en bas, l’église dominant l’ensemble des toits (étrange comme la plupart des photos sont prises d’en haut, vers le pont et non l’inverse).

 

Salle des Décapités.jpgLe village après une longue sieste de plusieurs centaines d’années, a été redécouvert au XIXème siècle par peintres, poètes et artistes de tout bord. Ils s’y sont tellement plu qu’ils ont laissé leurs portraits aux murs des bistrots, telle la salle des décapités (parce qu’ils n’ont peint que leur tête). Saluons ces martyrs de l’art du romantisme et du modernisme de l’époque et poursuivons notre promenade.

 

Simplement, asseyez-nous un instant sur un petit ban de pierre sur le chemin, ou la rue, pardon, qui monte vers l’église. Oui, c’est bien : le calme, le silence, l’arrêt des sensations de migration pour ne plus que reposer, immobile, dans un berceau de feuillages et de fleurs bien proprettes grimpant le long de murs séculaires.

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Alors vous n'appartenez plus au temps. Celui-ci se contracte, vient vous bercer des siècles passés et à venir dans une ronde perpétuelle, absente de perception des secondes écoulées. Quelle rêverie…