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11/03/2014

Les arbre dénudés (1)

Un arbre en hiver, c’est comme un poulet sans plumes. Il est mort… Mais il leur reste leur orgueil, leur allure ou leur pauvreté naturelle : Pierre le Grand ou Saint François d’Assise !

Seuls, isolés dans les champs, ils se tiennent debout contre le vent et le froid, offrant au ciel leurs bras immenses et pleurant des gouttes de pluie en abondance.

En voici un, mutilé, manchot. Il lève son seul bras droit vers les cieux comme pour protester. Têtu, il se sait seul face à tous. Il ne se rase plus. Il attend… quoi ? Il ne sait. Il contemple son ombre et dit : « Je suis fier d’être là envers et contre tous. Admirez mon courage. Je veille sur l’herbe, sur les bois alentour, dressé dans le bleu de l’azur jusqu’à ne plus sentir mon bras ». Tel les stylistes, il dresse son membre et le laisse se dessécher. Il mourra ainsi, le doigt en l’air, couché dans la boue.

 Celui-ci n’est qu’un champignon, une sorte de bolet au corps charnu que l’on rencontre sous les feuilles, à l’automne. Mais lui se tient là, dans sa puissance ramassée, ayant perdu ses membres, poilu et désossé. Il veille lui aussi. Regardez sa force contenue, son extrême concentration, ton front buté et ses poils hirsutes. Rien ne saurait le faire bouger. « Je suis là, et j’y reste ! »

La vieille garde, embarrassée de parasites qui l’encombrent tels les balanes sur le corps des baleines. Immobilisé par ce réseau envahissant, il tente de crier au secours, mais sa voix se perd dans l’air sec et ne suffit plus pour résonner. Alors il se tient là, tranquille, extatique, pathétique même, ouvrant ses doigts au monde, avant de mourir étouffé.

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