Le nombre manquant (17) (19/05/2016)

Pendant cette discussion, Mathias avait utilisé un tableau de papier qui traînait par là. Il avait créé un tableau avec quatre lignes et plusieurs colonnes dénommées au niveau de la première ligne : catégories, sous-catégories, motivation, but, lieu, conséquences, et d’autres colonnes non encore remplies. Dans la première conne, il inscrivit individu, puis, sur la ligne du dessous, organisation et enfin État. Il inscrivit les cinq motivations dans la case de la ligne deux.

– Et maintenant, si nous passions aux organisations, et d’abord aux types d’organisation qui pourraient être intéressées par nos travaux.

– Pourquoi pas les églises ? Cela fait des siècles que l’église catholique s’intéresse aux découvertes scientifiques et surveille tout ce qui se rapporte à l’univers, à son origine et à sa fin, à l’infini et beaucoup d’autres choses encore. Mais ce n’est surement pas la seule église qui pourrait être intéressée. Le calife al-Mansour a été le premier occidental à reprendre la numération de position indienne  et à utiliser le zéro malgré les énormes résistances qu’il a rencontré. Elle s’imposa au Xe siècle, mais mit encore plusieurs siècles avant de devenir la référence. L’Islam, en ces temps curieux de retour aux rivalités moyenâgeuses, pourrait chercher à reprendre la main sur une cosmologie de plus en plus scientifique et éloignée de la métaphysique.

– Je rappelle, ajouta Claire, que ce sont les indiens au Ve siècle qui ont inventé le zéro. Pourquoi l’Inde, devenue une nation puissante malgré sa population très nombreuse et diversifiée, ne chercherait pas non plus une piste en cosmologie, à l’instar du physicien Raman.

– Si je comprends bien, remarquais-je, la plupart des religions et sagesses du monde pourraient être séduites par nos recherches, ce qui me semble normal puisque Dieu dans la plupart des religions est le créateur du monde. N’oublions pas que les églises disposent d’argent, de volonté et de moyens assez considérables.

– Passons à d’autres organisations, par exemple les sectes, incita Mathias.

– Mais c’est la même chose que les religions !

– Oui, mais elles sont plus individualistes, plus entières et plus dangereuses parce que cachées.

– Je pense malgré tout, dit Vincent, que nous pouvons les intégrer dans les églises, cela nous évitera des doublons.

– Alors passons aux mafias. Pourraient-elles être concernées et quel serait leur intérêt ? Avec elles, il n’y a qu’un seul mobile l’argent…

– et le pouvoir.

– mais seulement pour accumuler plus d’argent.

– Il y a de nombreuses organisations mafieuses dans tous les coins du monde.

– Sérieusement, croyez-vous que les gangs, mafias ou cartels puissent s’intéresser à nos recherches. Cela ne les intéressera que si nous découvrons quelque chose qui pourrait rapporter beaucoup d’argent ou leur donner le pouvoir d’en rapporter beaucoup. Ce n’est pas encore le cas, et ce ne sera très probablement jamais le cas.

– Alors, on raye les mafias ?

– Non, mais ne nous attardons pas. Gardons-les seulement en mémoire. On ne peut les écarter, mais pas non plus les prendre trop en considération pour l’instant.

– Reste alors les organisations scientifiques, remarqua Vincent.

– Pourquoi ? Les cosmologistes sont nettement en avance sur nous. Nous recherchons même ce qu’ils produisent pour enrichir nos bases de données. C’est absurde.

– Peut-être pas autant que tu le crois. N’oublie pas que faisons nos recherches dans des domaines  qui ne se côtoient pas. Toute explication théologique est rejeté par les savants, y compris celle de Teilhard de Chardin, et toute explication scientifique est mal vu des religieux et spirituels. Nous avons pris la résolution de rechercher dans toutes les disciplines, quelles qu’elles soient. Cela nous donne un avantage et un but, faire rejoindre la science et la mystique par l’expérience vécue et non la spéculation. Cela met sur le même pied l’expérience spirituelle et les expériences scientifiques. Connais-tu beaucoup de personnes qui se posent le problème de cette manière ?

– Non, je le reconnais. C’est même notre spécificité et notre passion.

– Alors pourquoi n’y aurait-il pas d'autres organismes qui se poseraient les mêmes questions et chercheraient des réponses ?

– C’est vrai, c’est possible. Cela m’étonnerait, mais c’est possible. C’est ce qu’on appelle la convergence des questions et des recherches. Plusieurs personnes se posent le même problème et, tout d’un coup, ils arrivent quasiment en même temps à des solutions. Elles peuvent d’ailleurs être différentes les unes des autres.

– D’accord. On l’inscrit !

– Reste les États, dit Vincent. J’en vois en priorité trois : les États-Unis, la Russie, la Chine ; trois États marqués par la recherche et en avance sur les autres.

– Je pense que l’on peut rajouter l’Inde et, pourquoi pas, le Brésil.

– L’Inde, oui. Le Brésil, j’y crois beaucoup moins, mais gardons-le.

– Je rajouterais également, dit Claire, quelques États disposant d’argent sale, compromis entre des individus plus ou moins organisés et un État y voyant une autre manière de gagner de l’argent ou de le blanchir.

– Bon ! conclus-je. On fait une petite pose et on voit ce que cela donne.

06:27 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : nombre, numérotation, langage, universalisme, ésotérisme, science, spiritualité |  Imprimer