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10/01/2022

Égarement

Où donc s’égare ta pensée ?
Tu ne vois plus son ombre
Elle t’emmène où rien ne flotte
Elle te conduit à l’innocence

Elle seule pourra un jour
Effacer les différences
Et conduire l’humain
Vers le Tout sans discrimination

Et pourtant pas un seul des grains de sable 
N’est semblable à un autre
Seul le brouillard des yeux
Confond unité et totalité

Enfin, y a-t-il présence
Ou absence. De quoi ?
Tu flottes dans le vide céleste
Et n’es plus l’humain-objet !

08/01/2022

Eux, les enfants

Sont-ils ces entreprenants adulés
Sont-ils ces devins éclairés
Sont-ils ces boute-en-train émerveillés
Sont-ils ces apprentis débordés

Ou

Sont-ils ces attendants curieux
Sont-ils ces gamins odieux
Sont-ils ces sans-gênes demi-dieux
Sont-ils ces êtres orgueilleux

Non, 

Ils sont tendres de candeur
Ils sont de l’ouverture les ambassadeurs
Ils sont de l’avenir les demandeurs
Ils sont de l’innocence les pourvoyeurs

Ils nous regardent
Ils nous copient
Ils sont des humains
Ils sont charmants
Et désarmants...

26/12/2021

enfants

Ils courent dans les prés
Les enfants demeurent entre eux
Ils rient d’eux-mêmes

Si nous pouvions faire de même
Se voir et rire de nous-mêmes

 

IMG_1939.JPG

02/04/2018

Enfants

Ce sont des enfants qui découvrent la vie, en font l'expérience, à leurs dépends ou à ceux des autres.



 

03/11/2014

Un homme effacé, roman d’Alexandre Postel

Toute société reposait sur un ensemble de fictions – notamment juridiques – destinées à introduire de la cohérence et de la continuité dans un monde qui en était cruellement dépourvu. (…) Ce n’était d’ailleurs pas un problème, à condition de se souvenir que ces fictions ne sont que des fictions. Car l’oubli de ce principe était la cause de toutes les erreurs judiciaires. Chaque fois que l’on condamnait un innocent, on ne faisait jamais que sélectionner la plus cohérente, la plus vraisemblable, en d’autres termes la plus fictive des hypothèses envisageables. (…) Il suffisait de choisir un homme effacé, timide, peu sociable ; de s’arranger pour glisser quelques images infâmes sur son disque dur ; et de laisser s’abattre sur lui les pulsions fictionnelles de la société toute entière.

Tiré de l’épilogue du roman, ce résumé exprime les réflexions que l’auteur a cherché à introduire : nul n’est à l’abri du système de cohérence de la société. Ce jour-là, où tout commença, Damien North n’arrive plus à connecter son ordinateur sur le réseau de la faculté. Résigné, il part vers le campus sans son ordinateur. Il croise Hugo Grimm et ne sachant quoi lui dire, lui demande : « Dites-moi, Hugo, vous aussi vous avez des problèmes avec internet en ce moment ? » Sans le savoir Damien vient de croiser celui qui sera à l’origine de tous ces ennuis. Arrivé à son bureau, l’attend Sophie, une étudiante, qui vient l’interroger sur les commentaires mis en note des corrections d’un devoir. Tentant de lui expliquer en quoi sa copie ne correspondait pas à son attente, il conclut : « Lire votre commentaire, c’est comme écouter une chorale qui ne chante pas juste. On applaudit par politesse, mais au fond, on pourrait tout aussi bien siffler. Je vous ai donné une notre…moyenne, mais rien ne m’aurait empêché d’être plus sévère ». Plus tard, il croise Macha Pavlik, dite Machette, qui le contraint à signer une pétition contre le fichier Télémaque, constitué par le gouvernement pour examiner leur mode de vie, leurs fréquentations et leurs croyances.

Toute est en place pour l’erreur judiciaire. Le jour même, un inspecteur vient saisir son ordinateur, l’arrête pour consultation et détention d’images à caractère pédopornographique. Il est incarcéré et son martyre commence. Condamné à cinq ans de prison, il se retrouve en prison. Ce n’est qu’au bout d’un temps infini pour lui que son avocat arrive un matin, le sort de prison et lui dit qu’Hugo a avoué dans une lettre être à l’origine de sa condamnation. Il avait copié ces images à l’insu de Damien sur l’ordinateur de celui-ci pour ensuite les mettre sur une clé USB. Il lui faut beaucoup de temps pour se remettre de cette aventure. Mais le pire reste à venir. Ces voisins l’épie et, peu à peu, lui découvrent de véritables sentiments de dépravé : il regarde les enfants bizarrement. Il souffre alors d’une asociabilité aigüe, se réfugie chez lui et passe son temps dans un arbre dans son jardin. Dénoncé par une voisine (il y avait des enfants qui baignaient dans une piscine à proximité), le voisinage se dit que ce n’est pas parce qu’il a été innocenté qu’il est à tout jamais innocent. Et le commissaire reprend son enquête. Damien alors abat l’arbre à la tronçonneuse et pleure  assis sur son tronc. Le commissaire comprend toute la perversité de la société qui continue à accuser un innocent. Il s’efface et laisse vivre Damien qui reprend peu à peu une vie effacé et tranquille.

Un beau livre qui décrit l’hypocrisie des conventions sociales et des soupçons qui se transforment en preuve. Tous accusent Damien d’un crime qu’il n’a pas commis et la rumeur persiste, enfle jusqu’à l’absurde. Il y a toujours une part de vérité dans les accusations, même s’il est prouvé qu’elles sont fausses, n’est-ce pas ?