08/05/2018
Remparts d’argile, film de Jean-Louis Bertucelli
Des remparts d’agile, tels sont en effet les seules défenses du village de Tchouda en Algérie où les hommes n’ont pour se protéger contre l’oppresseur de la ville que la grève sur le tas et l’attente.
L’attente est probablement le thème du film : attente au sens musulman du terme, c’est-à-dire soumission aux événements ou opposition passive, soumission à la vie quotidienne, dure et austère, opposition passive à l’oppression et au destin. Cependant le visage nouveau de ses pays apparaît avec la révolte de Leila qui quitte son village t refuse l’esclavage traditionnel de la femme.
C’est un film sobre, très poétique dans son expression silencieuse et les images du pays sont saisissantes de beauté.
04:06 Publié dans 13. Cinéma et théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, film, attente, désespoir, beauté | Imprimer
07/05/2018
Le partage de midi, pièce de Paul Claudel
Drame séculaire de l’amour interdit, un mari, une femme et un amant, mêlé à un drame spirituel. Mésa, qui deviendra l’amant de Ysé, a voulu consacre sa vie à Dieu et s’est retiré du monde. Mais Dieu l’a refusé. Depuis, il erre à travers les continents à la recherche de son âme, pour l’instant sur un bateau, au milieu de l’océan, à midi. Il ne connaît pas de femme, il ne les aime pas et il rencontre Ysé, la femme idéale, belle, femme jusqu’au bout des ongles dans son désir de possession.
Mésa s’interdit de tomber sous son charme. Mais il succombe et déclare à Ysé son amour. Celle-ci est liée à de Ciz par les liens du mariage, mais bientôt les deux amants passent outre. Alors Ysé et Mésa, vivants ensemble, s’aperçoivent qu’ils ne s’entendent pas. Le feu de leur amour les brûle et ils s’apportent l’un à l’autre la damnation. « Je ferai sortir de toi un feu qui te consumera ». Dans le mariage, il y a deux êtres qui sont condamnés l’un à l’autre. Les deux amants se constatent irréductibles et se séparent. Mais l’amour les consumera toujours. Ysé est partagée entre la haine et l’ignorance que lui prêche la raison, mais se laisse mourir pour l’amour qui dicte son âme.
Mesa
Tu es radieuse et splendide ! Tu es belle comme le jeune Apollon !
Tu es droite comme une colonne ! Tu es claire comme le soleil levant !
Tu es fraîche comme une rose sous la rosée ! Et tu es comme l’arbre Cassie et comme une fleur sentante ! Et tu es comme un faisan, et comme l’aurore, et comme la mer verte au matin pareille à un grand acacia en fleurs comme un paon dans le paradis.
Ysé
Certes, il convient que je sois belle
Pour ce présent que je t’apporte.
07:32 Publié dans 41. Impressions littéraires | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : théâtre, littérature, pièce, drame | Imprimer
06/05/2018
Ombre et lumière
Devant toi, je me contemple
Hors de toi, plus rien n’existe
Que des souvenirs sans vie
Pourtant, ils sont bien là
Présents dans les greniers,
Mais je ne trouve pas la clé
Qui les mettra en marche
Pour danser l’existence
J’attends ton retour espéré
Que l’horizon découvre sa verticalité
Que se dresse ton image
Et grandisse l’étreinte prenante
De tes doigts sur mon visage
Jusqu’aux larmes de bonheur
Rien n’est plus
Seule ta présence en moi
Un jour viendra où ne sera plus
Cet amour qui nous lie
Et nous donne la grâce
Qui de nous partira le premier ?
Peut-être nous sera-t-il donné
De quitter ce monde palpable
Pour nous ancrer solidement
Dans l’éternité de notre unité
© Loup Francart
07:22 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, écriture, poème, littérature | Imprimer
05/05/2018
Précepte
Se voir tel que l'on est et non pas tel que l'on voudrait être.
Voir les autres tels qu'ils sont et non pas tels que l'on croit qu'ils sont.
Ce n'est qu'alors que l'on peut assumer la lourde tâche d'être.
07:56 Publié dans 45. Maximes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : maxime, sentence, méditation, paradoxe, adage, aphorisme, apophtegme, précepte | Imprimer
04/05/2018
Trésors
https://www.youtube.com/watch?v=Gs6IUFE_H6g
N'ont-ils pas un brin d'intelligence ?
09:27 Publié dans 12. Trouvailles diverses | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : intelligence, roublardise, animaux | Imprimer
03/05/2018
Emmergence
Elles apparurent de manière insolite
modifiant leurs formes et leurs couleurs
jusqu'à former une géométrie
qui rend autant le vide que le plein
07:19 Publié dans 22. Créations numériques | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art cinétique, optique art, symétrie | Imprimer
02/05/2018
Paradoxe
Combien est importante la notion de temps dans la perception du malheur.
L’arrêt du temps, dans la contemplation, fait que celle-ci
est le seul moment où le malheur est impossible.
07:30 Publié dans 45. Maximes | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer
01/05/2018
Blocage
Avouer l’impensable, oser dire ce vide immense qui s’est emparé de moi, me laissant exsangue, oscillant entre l’humeur aigre et un réconfort fluet et mal venu.
Cela m’est déjà arrivé et c'est un retour mal venu. De longs moments inexistants, un léger dessèchement dans la bouche, entraînant un manque de fraîcheur qui laisse éperdu et sans fond. Plus rien ne veut sortir de cette tête qui m’a toujours soutenu par des inventions loufoques et, parfois, luxuriantes. Une étincelle suffisait : un mot, une phrase, un son, une image lançaient la machine bien rodée et ouvraient les vannes de l’imagination débordante. Le mot ou la phrase engendraient d’autres mots, d’autres phrases et finissaient par former un texte plein de surprises que je ne comprenais que plus tard, le soir, au creux d’un lit ou au matin, lorsque je courais dans le froid du printemps. Je vais désespérément du bureau au piano, du piano au pinceau et, de nouveau, du pinceau à l’ordinateur. La fièvre est dans le déplacement de l’un à l’autre, mais plus dans le soulagement de ce calme de l’étape, qui donne à la vie sa faconde et le bonheur de créer. Quand reviendront ces instants de fébrilités transcendantes qui élèvent l’âme et donnent la souplesse des vieux cuirs.
Conséquence imparable, le nombre manquant manque bel et bien : comment poursuivre cette aventure à peine commencée alors qu’un trou s’est ouvert devant mes pieds, empêchant toute avancée. Je ne peux même pas sauter dans le vide. Il n’est que néant et ne porte plus, même le poids des pensées qui s’échappent sans rien produire d’autre qu’un sifflement strident sans signification. J’ai perdu mon âme. Le corps tient toujours, il court derrière elle, à petits pas bordés d’amertume, sans pouvoir la rattraper. Il ne sait même plus où elle est passée. C’est un poids que cette recherche vaine qui occupe sans solution les transports d’une activité à une autre sans jamais s’y fixer.
Alors je vais inaugurer un nouveau quartier, une nouvelle aventure, sans certitude d’aller au bout. Mais que faire d’autre ? Le nombre est réellement manquant, impuissant à combler ce vide qui m’a envahi et me gangrène. Demain sera un autre jour, mais me permettra-t-il de survivre ?
07:38 Publié dans 41. Impressions littéraires | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : acédie, découragement, absence | Imprimer
30/04/2018
Sentence
Les gens sont adorables,
Mais combien sont capables d'adorer.
07:50 Publié dans 45. Maximes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : maxime, sentence, méditation, paradoxe, adage, aphorisme, apophtegme, précepte | Imprimer
29/04/2018
La grande course de Flanagan, de Tom McNab
La plus grande course à pied jamais organisée : quel incroyable défi lancé par Charles C. Flanagan, tandis que le pays s’enfonce dans la crise de 1929. Cette course épique, la Trans-América, a bien eu lieu en 1928 et 1929. Mais l’interprétation qu’en donne l’auteur la transforme en épopée digne des plus grands conteurs.
Jusqu’au bout de l’effort et même plus loin. Ils courent huit heures par jour, six jours sur sept, pendant trois mois, quatre-vingts kilomètres par jour en deux étapes, plus de cinq mille soixante-trois kilomètres au total, de Los Angeles à New York, en passant par le désert de Mojave et les Rocheuses. Waouh ! Quelle randonnée de dingue ! Ils sont 2000 coureurs au total, dont 121 femmes. La moitié ne rejoindra pas la fin de la première étape. Seuls 862 atteindront New York, bravant la neige, la pluie, le soleil, les crampes, la fatigue, le découragement, la douleur, surmontant grâce à une volonté de fer un enfer jour après jour plus dur, pour se découvrir et montrer le meilleur d’eux-mêmes.
On suit une partie d’entre eux, les champions nostalgiques, des chômeurs, des femmes qui s’épuisent, des débutants, des nationaux de tout pays. Ils ne se connaissent pas, ne veulent pas se mêler aux autres. Mais peu à peu, subtilement, s’organise une véritable coopération entre certains pour tenir le coup, moins souffrir, poursuivre leur rêve et leur cauchemar.
Les péripéties sont nombreuses. Le FBI et son patron J. Edgar Hoover soupçonnent les coureurs d’être des agitateurs et des anarchistes cherchant à entraîner des grèves. Al Capone est mêlé à l’aventure, des paris permettent de poursuivre la course malgré les embûches et on découvre l’aventure en chaque coureur-clé décrit par Tom McNab. Le meilleur, l’impressionnant Doc Cole, fait figure de héros. Au dernier chapitre, il gagne, mais s’arrête à cent mètres de l’arrivée, attend les membres de son équipe et ils franchissent ensemble la ligne sans possibilités de les départager.
Bref, un livre extraordinaire, à lire, puis à relire, jusqu’à connaître par cœur l’épopée de ces hommes tous aussi attachants les uns que les autres et d’une femme, Kate Sheridan, qui, elle aussi, va au bout de son effort et vainc ses peurs.
07:01 Publié dans 41. Impressions littéraires | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : runing, marathon, endurance, effort, folie, sport de fond | Imprimer
28/04/2018
Anonyme
La beauté d’un temple grec ne se bâtit pas sur la grosseur d’une colonne par rapport aux autres, mais sur l’harmonie des colonnes entre elles et leur agencement dans l’espace.
Ne cherche pas à t’imposer,
Respecte l’autre,
Et deviens ce que tu es,
Anonymement.
07:38 Publié dans 45. Maximes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : maxime, sentence, méditation, paradoxe, adage, aphorisme, apophtegme, précepte | Imprimer
27/04/2018
Appeler le vent
https://www.youtube.com/watch?v=384wt6tznwE
Etonnante confrontation entre le ney persan et le bansûri indien.
Le ney (persan ou turc), nay, naï ou nai (arabe) est une flûte oblique à embouchure terminale en roseau, originaire d'Asie centrale, dont les plus anciennes formes datent de Sumer ( 2800 av. J.-C.) et de l'âge des pyramides.
Le bansurî est la grande flûte traversière indienne classique et est probablement le plus ancien instrument de musique de l'Inde du nord. Son équivalent au sud est le venu ou vamsa, qui est un peu plus petit. On le nomme aussi de son ancien nom kulal, mullaikulal, ou kuzhal (qui désigne aussi une flûte de pan pastorale).
Leur association donne une musique calme, méditative, aux sonorités intéressantes.
06:51 Publié dans 51. Impressions musicales | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : musique orientale, instruments à vent | Imprimer
26/04/2018
Confiance
Au bout du rouleau…
Que faire ?
Plus rien ne s’offre à toi
Tu es délaissé
Tu as mis tout cœur
A faire grandir ton projet
Tout et tous le rejettent
Ton cœur saigne
Et ton âme te regarde
Que faire ?
Tu ne peux même plus
Te réfugier en toi-même
C’est un bourbier infect
Qui colle aux pieds
Et te donne la nausée
A peine peux-tu survivre
Le nez hors de l’eau
Que faire ?
Plus rien ne s’offre à toi
Tu t’abandonnes
Et deviens néant
L’ombre de la fin
Te couvre de solitude
Tu as froid et faim
De chaleur humaine
Au bout du rouleau
Vient l’absence
Qui devient présence
Elle réchauffe l’âme
Qui n’en peut plus
Sa braise t’active
Éclaire ta route et sauve
La lumière est bienveillance…
Retour de la conscience…
© Loup Francart
07:49 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer
25/04/2018
Le royaume
Non seulement le royaume est au-delà de l’espace et du temps, et c’est en cela qu’il est éternel, mais il est au-delà de tout désir.
Étrange complexité que celle de l’homme. Pour trouver le royaume, il faut le chercher sans cesse. Pour le chercher, il faut le désirer sans cesse. Mais on ne le trouve qu’en l’oubliant et en oubliant son désir.
Et si, après l’avoir trouvé, on veut le goûter, s’en réjouir d’une manière humaine, on le perd aussitôt.
06:21 Publié dans 61. Considérations spirituelles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : royaume des cieux, grâce, moi, vide | Imprimer
24/04/2018
Le nombre manquant (52)
Ne sachant que faire, nous reprîmes le tableau élaboré à Paris chez Mathias. Que pouvait-il nous apprendre suite aux événements de la nuit ? Il leur était à peu près sûr qu’en ce qui concernait les ravisseurs, il ne pouvait s’agir que d’un seul individu. Enlever deux personnes en une nuit en des lieux différents semblait irréaliste. De plus, pourquoi enlever ces personnes ? Pour l’argent ? Nous aurions déjà reçu une demande de rançon puisqu’ils connaissaient l’adresse de l’hôtel et vraisemblablement notre existence. Ils avaient été capables de faire le lien entre Claire et notre petit groupe et l’existence du professeur et, probablement également, de sa confrérie. Il s’agissait donc forcément de personnes ayant une connaissance de nos recherches et intéressées par celle-ci. Ce qui nous semblait le plus probable étaient soit une organisation religieuse ou idéologique, voire en mal de connaissance, soit un État dominant cherchant à tout prix à maintenir son omniprésence.
– Et si nous cherchions ce qui peut intéresser ces organisations ou ces États dans nos recherches, me dit Mathias. Cela nous permettrait peut-être d’éliminer ou d’infirmer certaines hypothèses.
– Nous avons principalement, jusqu’à présent, et sans doute par manque de compétences, axés nos approfondissements sur la cosmologie et ses investigations par les nombres. Très peu en ce qui concerne les aspects philosophiques et religieux. On pourrait peut-être éliminer les églises, non ?
– Je ne crois pas. Les églises ont toujours été les premières à être bien renseignées et à s’intéresser à tout ce qui concerne l’origine du monde et aux lois de son évolution. Elle a condamné de grands savants, mais elle a également laissé des ecclésiastiques faire des recherches. Deux exemples : le Père Teilhard de Chardin, paléontologue et philosophe, pour qui matière et esprit sont deux faces d'une même réalité, et le chanoine Georges Lemaître, physicien et astronome, qui élabora sa théorie de l’atome primitif, début temporel de l’univers. Pour moi, les églises sont tout à fait susceptibles d’intervenir dans nos recherches si celles-ci s’avèrent innovantes ou risquent de remettre en question l’existence de Dieu.
– Soit, gardons-les présentes à l’esprit, accordais-je à Mathias.
– Tu ne crois pas si bien dire. Pour elles, l’Esprit, avec un grand E, est le moteur essentiel de l’univers et de la vie. La matière n’est que la manifestation de la divinité. Étonnant d’ailleurs de constater que certains scientifiques, tel Jean E. Charon, énoncent que chaque grain de matière possède une part de mémoire et donc de possibilité de choix, donc de liberté. Pour ces physiciens, l’esprit ne serait pas le propre de l’homme. La spiritualité serait ainsi contenue à l‘intérieur de certaines particules de "matière". La matière et l’esprit seraient deux aspects d’une même réalité, la matière étant l’endroit et l’esprit l’envers.
– C’est bien l’objet de notre entreprise, concilier la physique et la philosophie, la cosmologie et la théologie. Nous avons donc des précurseurs, scientifiques et visionnaires, voire mystiques.
– Oui, mais ils ne sont malheureusement pas écoutés.
07:35 Publié dans 43. Récits et nouvelles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : nombre, numérotation, langage, universalisme, ésotérisme, science, spiritualité | Imprimer
23/04/2018
Le mouvement
Le monde moderne est un monde de mouvement dans lequel le temps et l’espace se confondent. Ce mouvement est la cause de l’anxiété de l’homme face à la vie quotidienne. Il engendre le désir : ailleurs se trouve l’objet de ce désir et tous courent derrière, vers son rêve, son cauchemar, son idéal ou même sa folie. Tous s’essoufflent dans ce rêve. La plupart y laissent des plumes, détruisent ce qu’ils ont patiemment construits, sans trouver mieux le plus souvent. Ils reconstruisent un autre rêve et courent à nouveau derrière lui. Peu s’interrogent sur le but réel. Ils ne rêvent qu’au but immédiat. Le reste n’est qu’un brouillard fragile et impénétrable qui, pourtant, est ce qui lui permettra de vivre. Mais y pensent-ils ?
La vie ne devient course de fond que lorsqu’elle laisse entrevoir la longueur des déplacements et le temps à y consacrer. Car qu’est-ce que le mouvement : du temps et de la distance. Apprendre à prendre conscience du temps à utiliser pour produire quelque chose dans sa vie, apprendre à ne pas s’inquiéter de la distance à parcourir pour l’obtenir. Chacun de ces deux facteurs du mouvement sont psychologiquement contradictoire, puisqu’un déplacement implique une perte de temps et une perte de temps implique une accélération du rythme.
Assied-toi. Regarde passer ceux qui courent, rit des vapeurs de désir qu’ils laissent derrière eux. Mais ne perd pas cet instinct de courir vers la vraie vie, celle qui délaisse le temps et l’espace et regarde au-delà ce qui fait courir.
07:44 Publié dans 11. Considérations diverses | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : vie, but, espace, temps, motivation | Imprimer
22/04/2018
Maxime
Accomplir l’impossible est souvent plus facile qu’accomplir le quotidien.
Mais en parallèle, contempler les possibles quotidiens avec hauteur
Pour ne pas s’y noyer.
07:56 Publié dans 45. Maximes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : maxime, sentence, méditation, paradoxe, adage, aphorisme, apophtegme, précepte | Imprimer
21/04/2018
Crépuscule
Le jour se poursuit dans la nuit
Pourquoi changer les aiguilles de l’’horloge
Et prolonger plus tard la lumière ?
On n’atteint pas plus de transparence,
Mais on vit une heure de plus
Alors, il faut l’occuper, cette heure
Lui donner du relief, enjoliver son passage
Y a-t-il meilleure occasion de s’oublier
D’entrer dans le vif de sa chair étourdie
Et de chasser les miasmes d’une vie insipide ?
C’est l’heure de la reconstruction
Mais d’abord se déconstruire et même se dévêtir
On erre tel un fantôme dans le crépuscule
L’œil vif encore, mais le corps endormi
Va-t-on mourir aussi d’un jour si long ?
Les minutes s’en vont, les secondes passent
Le jour est encore là, revêtu de paillettes
Il s’incruste, sans aucune honte
Il trinque avec la nuit et ne trouve plus son lit
Son chemin le conduit au-delà du temps
Dans cet espace immobile et aérien
Où l’homme se regarde vivre
Les pieds illuminés et la tête dans le noir
Il craint plus que jamais la peur
Et l’absence, et ce jour qui n’en finit pas
Est-il encore temps de rêver ?
Doit-on mettre la tête dans le sable
Et agiter ses bras comme un fou
Pour finir ce jour et ouvrir la nuit ?
© Loup Francart
07:25 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer
20/04/2018
Eclatement
Il ouvrit sa chemise
il sortit son couteau
il s'entailla la poitrine
mais n'en sortit que la géométrie
que, toute sa vie, il avait choyé
07:13 Publié dans 22. Créations numériques | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art cinétique, optique art, symétrie | Imprimer
19/04/2018
Naissance moderne
Jusqu'où va-t-on ?
Non, nous ne t'avons pas téléchargé sur Internet. Je t'ai mis au monde !
07:40 Publié dans 12. Trouvailles diverses | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : humour numériue | Imprimer
18/04/2018
Le printemps
Il est arrivé sur la pointe des pieds, encore chaussé des bottes d’hiver et, enfin, il se dénude et dévoile ses atours bariolés. Au Japon, les fêtes du "hanami" (littéralement "contempler les fleurs") sont célébrées chaque année quand éclosent les fleurs blanches ou roses des cerisiers. C’est un moment culte qui a été célébré hier à Paris comme au Japon et qui a tant tardé.
Et tous de sourire, d’ouvrir les yeux et les oreilles, de s’assoir et de contempler ces bourgeonnements et ces éclosions, comme des feux d’artifice qui hérissent les corps et entrouvrent les cœurs.
Alors quelle meilleure promenade que celle du jardin des plantes. Un épanouissement de vert de toutes teintes, de roses vifs ou pâles, de blancs en longues robes. Malgré la foule qui glisse sur les allées à pas feutrés, on se sent seuls avec la terre emplie d’odeurs. On se couche dans l’herbe, on gratte le sol, on approche son nez d’une multitude de floraisons et on s’enivre de cette grâce divine.
Au retour, on suit la Seine, qui coule joyeusement entre les maisons et l’on s’arrête pour regarder ces Parisiens qui fêtent le printemps en dansant, les yeux fermés, joue contre joue, mains plaquées, pieds rythmés, cœur léger. Ceux qui n’osent pas les contemplent, ont les pupilles écartées ; certains laissent jaillir des perles de larmes et se rappellent les tangos argentins qui étreignent l’âme des plus endurcis.
Les uns se regardent dans le blanc des yeux, d’autres exercent leur souplesse intime, d’autres s’enfoncent en eux-mêmes en oubliant Paris.
Hier, c'était bien un jour de vacances !
09:46 Publié dans 14. Promenades | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : printemps, frais, vacances, renouveau | Imprimer
17/04/2018
Transhumance
Il traversa lentement l’espace vide.
Dans le hublot, il contempla la mer immense.
Elle lui demanda : "Pourquoi ces yeux avides ? "
Il lui dit : "Je vois le début de la transhumance."
"Viens à moi. Ferme les yeux à la tentation.
Le bonheur n’est pas au bout de la route,
Il est là, maintenant, dans notre association.
Je t’en prie, mon chéri, reste à mon écoute."
Ainsi échangeaient-ils leurs vagues impressions,
Hélas, sans aucune faculté de renonciation.
Il cherchait l’air, elle n’offrait que son giron.
C’est ainsi que débordant d’amour pour le monde,
Il en vint à détester la belle Edmonde,
En laissant échapper ses remords sur les ondes.
© Loup Francart
07:25 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, écriture, poésie, littérature | Imprimer
16/04/2018
Maxime
Ce n'est que lorsqu'on a renoncé à posséder
que l'on possède réellement.
07:02 Publié dans 45. Maximes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : maxime, sentence, méditation, paradoxe, adage, aphorisme, apophtegme, précepte | Imprimer
15/04/2018
Le nombre manquant (51)
En début d’après-midi, nous prîmes rendez-vous avec le Commissari capo du rione[1] où se trouve l’hôtel. Celui-ci, après avoir écouté et posé quelques questions, désigna un ispettori superiori[2] qui parlait français pour l’enquête. Il leur déclara que c’est parce qu’ils avaient reçu un appel téléphonique désignant un enlèvement qu’ils pouvaient bénéficier d’une enquête. Une simple disparition ne suscite pas l’ouverture de recherche pour un adulte, comme en France, ajouta-t-il. Ils avaient convenu de ne pas s’étendre sur leurs recherches et de se présenter comme de simples touristes en visite à Rome. Mais ils durent bientôt entrer dans les détails.
L'inspecteur fut étonné d’apprendre que Claire était partie sans toucher à sa chambre, vêtue telle qu’elle y était arrivée. Serait-elle partie volontairement, comme si elle avait été appelée, probablement par l’intermédiaire de son téléphone portable ? Ce qui signifierait que la ou les personnes qui s’étaient emparées d’elle la connaissaient et connaissaient son numéro.
– Connaissez-vous l’adresse du professeur ? Nous demanda l’inspecteur.
– Nous ne connaissons que son lieu de travail qui est la villa Médicis où il est en charge des relations entre la ville de Rome et les résidents.
– Savez-vous s’il y habite ?
– Je ne crois pas, mais je n’en suis pas certain. Seule Claire pourrait nous le dire, remarquais-je.
– Demain matin, j’irai à l’Académie de France pour en savoir un peu plus. Cela va être une enquête longue et difficile, car, pour des raisons diplomatiques, il faut être discret et ne rien laisser apprendre à la presse. Vous connaissez la presse romaine, elle est à peu près semblable à celle de la France, surtout depuis l’apparition d’internet. Ne vous attendez pas à des résultats immédiats, sauf si bien sûr les ravisseurs se manifestent.
– Oui, mais d’un autre côté, je ne vois pas pourquoi ils les ont enlevés s’ils n’ont rien à nous demander.
– N’oubliez pas qu’ils détiennent déjà deux membres de votre groupe. Cela peut leur suffire. Là-dessus, il prit congé non sans nous rappeler de garder le contact et l’appeler si nous disposions d’éléments nouveaux.
[1] Les Rioni sont les quartiers situés dans le centre historique de Rome.
[2] L’équivalent d’un commandant de police en France.
07:51 Publié dans 43. Récits et nouvelles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : nombre, numérotation, langage, universalisme, ésotérisme, science, spiritualité | Imprimer
14/04/2018
Le gardien, pièce d’Harold Pinter
Ce clochard recueillit par une sorte de misanthrope doublé d’un sage proche de la folie, c’est une caricature de l’homme, c’est-à-dire un être qui cherche avant tout un certain bien-être physique et la certitude de sa continuité, quitte à empiéter sur le bien-être d’autrui. Il lui semble que ce bien-être acquis grâce à la bonté d’un homme, lui est dû et que nul n’a le droit de le lui retirer, pas même celui qui le lui a donné.
Le frère de cet homme, moins complexe, et cependant plus difficile à définir : il s’intéresse aux choses, c’est-à-dire à tout ce que la vie lui permettra d’acquérir et ne voit dans les autres que le moyen de lui apporter ces choses. Cependant, il a conscience du sentiment fraternel qui le lie à son frère. Peut-être même l’admire-t-il inconsciemment ?
Théâtre réaliste, très cru, il n’en émane pas moins une profonde poésie du quotidien, pleine d’humour, qui fouille jusqu’au fond des êtres, livrant leurs réactions intimes.
07:22 Publié dans 41. Impressions littéraires | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : pièce, théâtre, fraternité, psychologie | Imprimer
13/04/2018
Le sel
Va et ne te retourne pas
Le sel de la terre est là
Avance sur ton chemin
Et ouvre ton cœur aux humains
07:25 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : lui, toi, humain | Imprimer
12/04/2018
Moi et la vie
On a l’habitude de dire : « C’est la vie », lorsqu’une contradiction se présente et que l’on refuse de se laisser préoccuper par elle. Mais pourquoi faire de la vie quelque chose d’extérieur dont il faudrait accepter la fatalité ? Ce que l’on appelle prendre la vie avec philosophie n’est qu’un renoncement à être. On renonce à notre propre réalité.
Note système éducatif est élaboré pour faire face à la vie, si bien que l’homme finit par croire qu’il y a deux choses : lui et la vie, c’est-à-dire le monde. Pourtant, le monde n’est pas plus la vie que lui. Le tout est la vie, car la vie est ce qui est.
Descartes a trompé l’homme lorsqu’il a dit : « Je pense, donc je suis ». Par cette simple phrase, il a dissocié la pensée et l’être, argumentant en faveur du fait que la vie de l’homme est en dualité permanente entre la pensée et l’être. Il a mis la pensée avant l’être. Pour lui, l’être n’est que parce qu’il pense, alors qu’en fait, en dehors de tout système philosophique, la pensée n’existe que parce que j’existe. Elle n’est qu’une des manifestations de l’être, comme l’amour. « Je suis, donc je pense » ?
Alors la dualité disparaît, le dualisme du sujet et de l’objet s’évanouit. Nous ne cherchons plus à saisir, car nous sommes ce que nous saisissons, le soi et le monde constitue une unité.
07:23 Publié dans 11. Considérations diverses | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : vie, existence, pensée, univers | Imprimer
11/04/2018
La raison
La fonction de la raison est de conduire l'esprit jusqu'aux frontières du mystère de l'être.
Elle cerne le domaine du mystère et démystifie les réalités naturelles.
08:31 Publié dans 45. Maximes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : maxime, sentence, méditation, paradoxe, adage, aphorisme, apophtegme, précepte | Imprimer
10/04/2018
Le nombre manquant (50)
– Quant à la quintessence, autant que je souviens, c’est ce qu'il y a de meilleur, de plus précieux dans quelque chose ou chez quelqu'un.
– C’est la définition habituelle. Mais n’oublions pas que la quintessence vient du latin quinta essentia, soit « cinquième essence » et s’ajoute chez les philosophes anciens aux quatre premiers (la terre, le feu, l’air, l’eau) et en assure la cohésion ou la vie.
– J’avoue que pour un informaticien, tu es assez bon sur l’origine des mots. Bravo ! Mais cela nous apprend-il quelque chose ?
– Peut-être, de manière indirecte. C’est ce qu'il y a d'essentiel, de plus important dans un ouvrage, dans une œuvre, dans un concept et que l'on présente sous une forme résumée et condensée. Connaître ce mot de passe et savoir l’utiliser pourraient conduire à entrer dans un secret jalousement gardé par une barrière intellectuelle ou mystique.
– Quelque chose comme les différents sens de l’écriture dont Origène parle dans son homélie sur les nombres.
– Oui, ce pourrait être ça. La bible raconte l’histoire de la rencontre entre l’humanité et Dieu, mais elle est aussi terrain d’expérimentation de la vie spirituelle de tout homme et conduit à la découverte de soi.
– Ainsi, ce mot de passe, parce qu’il s’appelle quintessence, pourrait être une ouverture vers une autre compréhension ?
– C’est une possibilité, pas une certitude. Mais elle vaut la peine d’être creusée.
– Donc, si je comprends bien, les ravisseurs pourraient être intéressés par nos connaissances et tenter de se les procurer. Ce pourrait donc être un organisme qui aurait également pénétré dans notre base de données pourtant très sûre.
– N’allons pas si vite. Ne laissons pas marcher notre imagination.
On avait donc avancé, même si rien n’était résolu. Ils étaient vivants, on pouvait presque communiquer avec eux. L’homme paraissait intelligent, donc on pouvait négocier avec lui. On disposait d’un mot de passe sans savoir à quoi il pouvait servir. Ce n’était déjà pas mal. À nous de découvrir la suite. Mais comment et de quelle suite s’agit-il ?
– Dans tous les cas, il faut maintenant mettre les carabiniers dans le coup. Il est temps de faire une déclaration pour qu’ils tentent de retrouver Claire et le professeur.
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08/04/2018
Stupre
Tu es mon rêveur, lui dit-elle
Rêve encore à cette nuit magique
Où nous avons fait connaissance
Il noua la ceinture de sa robe de chambre
Il chaussa ses lunettes d’inconnaissance
Et partit les bras tendus vers les bas-fonds
Environné de fumée, d’espoir et d’inquiétude
Il croisa le diable qui remontait de la cave
Les bras chargés de maigres turpitudes
« Tu te trompes de chemin », lui dit-il
« Non, je vais voir ma sœur aux longs cheveux »
Il se retourna, le voyant poursuivre sa route
Elle attendait le gaillard en haut de l’escalier
Câline et souriante, ouverte à tous vents
Lui-même rata une marche, se laissa aller
Et plein d’horreur, plongea dans la lave bouillonnante
Il eut ce dernier mot, surpris d’autant de connivence
« Adieu Zibeline, le rêve se finit mal
Je voyais en toi la quintessence humaine
Et je ne trouve que le pâle reflet
Du monde des ténèbres et de la stupre
Et toi, le noir et chevelu mage
Des songes enracinés en l’homme
Puisses-tu t’évanouir face à la lumière
Que tu trouveras si tu poursuis ta montée »
Telle fut la dernière pensée du rêveur…
© Loup Francart
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