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08/10/2012

Refondation de l’école

C’est la fin de la concertation sur l’école. On s’est posé la question de sa refondation. Qu’en sort-il ? Les horaires, les vacances, l’accueil des jeunes enfants,  le nombre de professeurs. Certes, les débats ont été plus larges. Mais désormais la réflexion est menée par les enseignants, les experts (santé, pédagogie, etc.) et les décideurs. Que décidera-t-on ? Pas grand-chose en dehors des problèmes évoqués par les médias, ceux signalés plus haut. Le fond du problème a été une fois de plus évacué.

Remarquons également que cette concertation a consisté à écouter ce que certains ont à dire, mais jamais à réfléchir ensemble à ce qu’il conviendrait de faire. Or nous savons tous qu’il est plus facile de dire ce qui ne va pas que d’analyser ce qu’il conviendrait de faire, qu’il est plus simple d'édicter des mesures qui n’ont aucune vue d’ensemble plutôt que de réfléchir à une véritable refondation.

Prenons un exemple : Compte-rendu de l’atelier « La culture, fondement de la réussite scolaire », concertation du mardi 18 septembre 2012, Lycée Jacques Decour, durée 2h20. 70 personnes présentes, inspecteurs, principaux, enseignants, responsables de la ville, syndicalistes, chercheurs, artistes. Les parents ne sont pas mentionnés. On peut espérer qu’il y en avait, mais même si c’était le cas, leur point de vue n’est jamais exprimé et encore moins pris en compte. Qu’en reste-t-il ?

« Parmi les idées fortes qui émergent, on peut extraire :
- la prise en compte nécessaire du rôle des réseaux sociaux et de l’internet dans les activités des élèves, valant souvent « auto-apprentissage » de la culture par les élèves : cela invite à s’interroger sur les moyens permettant aux jeunes de se construire en autonomie et sur la prise en compte que doit en avoir l’école ;
- l’intérêt porté au développement des résidences d’artistes (de statut et volume très divers…) qui ne doivent cependant pas se substituer aux dispositifs « ateliers et projets » ;
- le désir d’organiser plus facilement des formations associant éducation et culture, au-delà de ce qui est fait dans les PNF (ex. Arles) ou avec les PREAC, aidant à définir la place de l’artiste dans les actions menées avec les enseignants. »
(Extrait du texte trouvé sur le site « Refondons l’école de la république »,
 http://www.refondonslecole.gouv.fr/wp-content/uploads/2012/09/12_0926_paris_concertation_refondons_l_ecole_culture.pdf)

Bravo pour les idées fortes !

Et maintenant, le ministère va décider, c’est-à-dire faire des propositions qui seront ensuite déclinées dans un projet de loi. A quoi aura servi cette concertation. Si les idées qui en sortent sont celles qui sont mises à notre disposition sur Internet, c’est quelque peu attristant.

Or de nombreuses questions de fond se posent, dont en particulier celle du rôle de l’école :
. A quoi doit-elle servir (base commune de savoir, culture, professionnelle, pratique...) ?
. Que doit-on former (l’intellect, le corps, l’esprit et…) ?
. Que doit-on y faire et pourquoi ?
. Que doit connaître l’élève (et non savoir uniquement) en fin de primaire, à la sortie du collège, au bac ?
. Comment répartir ces matières dans le temps, en primaire, collèges, dans les lycées ?
. Quelle pédagogie doit-être utilisée ?

Ce n’est qu’à cette condition qu’une véritable refondation pourra être entreprise. Avouons que ce n’est pas en trois mois que ceci peut être fait. Et pourtant, il y a si longtemps que nous l’attendons.

 

26/09/2012

La danse de l'esquive

Pilate leur dit : « Que ferai-je donc de Iéshoua, dit le messie ? »
Ils disent tous : « Il sera crucifié ! »
Mais il dit : « Quel mal a-t-il donc fait ? »
Alors ils crient très fort et disent : » Il sera crucifié ! »
Pilate voit que rien ne sert  mais que le tumulte grandit.
Il prend de l’eau, se lave les mains face à la foule et dit :
« Je suis innocent de ce sang. A vous de voir ! »
(La Bible traduite par André Chouraqui, Matyah 27,22-24)

L’homme danse devant la question précise
Il l’esquive et s’aveugle de sa propre vision
De même Pilate, qui sait l’innocence de Jésus
Esquive  sa responsabilité devant la foule
Et reporte cette innocence sur lui-même
Le fils de l’homme est face à l’homme

12-09-26 Abandonné red.jpg

 

Brûlure d’un soleil noir
Dans le désert de la conscience
Et ce désert est celui de la tentation
« Dis que ces pierres deviennent des pains. »

Dessin fait à l’encre de Chine.

25/09/2012

L'actualité

L’actualité existe-t-elle ? Elle est du jour et meurt à peine née. Sa nature est éphémère. Son caractère est de passer vite. Son essence est d’être inactuelle dans la minute qui la suit. Rien de plus arbitraire également : elle est composée de faits triés par les journaux. Sans eux elle n’existerait pas. Et les journaux ne peuvent rendre compte, pour cent raisons, que d’une partie infinitésimale de tout ce qui arrive : ils ont laissé passer (quel oubli !) la naissance de Napoléon. L’actualité la plus répandue est celle dont il parle le moins : le solstice, la neige, la Saint Sylvestre, les saisons, la première fleur, la dernière feuille. Où est le journal qui parle de l’aube ? L’aube, suprême curiosité de l’homme. Car, ils l’ont bien compris (la Bible aussi, relisez la Genèse, relisez l’histoire du pommier), l’homme vit surtout de curiosité. C’est le dernier vice qui lui reste. Toutes ses curiosités blasées, il garde celle de son décor. Il a vu le jour. Il ne cesse de le vouloir. Au bout du compte l’homme de la grande actualité, ce n’est peut-être pas le journaliste, mais le poète. Son actualité ne se fane pas.   (Alexandre Vialatte, La porte de Bath-Rabbim, Presses Pocket, Julliard, 1986, Chroniques des longues actualités, p. 43)

 

Ephémère ? Dans la plupart des cas, oui. Mais l’actualité est-elle éphémère lorsqu’on assite en direct à la chute du mur de Berlin, à l’explosion d’AZF ou aux premiers pas sur la lune. Certainement non ! Comment faire le tri entre l’éphémère et l’évolution du monde (qui n’est pas à confondre avec le progrès) ? Ephémère toujours ou presque, les émotions. Et pourtant elles font la une de l’actualité. Ephémère également la politique politicienne. Le Français préfèrerait de l’action efficace plutôt que de la communication qui ne communique rien. Ephémère enfin, les faits divers.

Arbitraire ? Oui, certainement. D’autant plus arbitraire que maintenant les journalistes de télévision sont soumis à la dictature de l’image. Sans image, rien à dire, ou presque. Donc on peut passer beaucoup de temps sur une affaire sans intérêt et très peu sur quelque chose qui annonce un changement stratégique, mais sur laquelle on n’a pas de prise de vue.

Mais le plus souvent les deux qualificatifs se rejoignent. Politique politicienne et choix journalistique. Ainsi, écouler 10mn d’interview de Cécile Duflot pour la forcer à dire qu’elle devrait démissionner (en raison de la position des verts sur le traité européen) est d’un ridicule qui malheureusement ne tue pas le journaliste.

Mais qu’est-ce que la curiosité ? Bernard Pivot nous dit que le journaliste est un interprète de la curiosité publique. Il est évident que lorsqu’on parle de la curiosité publique on ne parle pas de l’envie de connaître, de créer ou de s’enrichir l’esprit. On parle d’une curiosité indiscrète, insolente, voire maladive. Et plus l’on est en groupe plus la curiosité devient un impératif nuisible. Certes, certains hommes (ou femmes, bien sûr) sont plus curieux que d’autres. Mais dans tous les cas, plusieurs hommes ou plusieurs femmes sont toujours plus curieux qu’un seul. Que dire alors lorsqu’il s’agit d’une caméra dont l’objet est l’actualité !

 

21/09/2012

Fontaines en Périgord

L’eau, source de vie, rassemblée, condensée, qui s’écoule d’un tuyau à profusion, pour le plaisir des yeux, le rafraichissement du visage, la satisfaction de la soif. Presque chaque village a sa fontaine, de la plus simple à la plus monumentale :

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Mais que font là ce robinet et ce seau rouillé. Est-ce pour nettoyer les pinceaux du décorateur de ces lieux ? Est-ce par dérision que les habitants conservent une telle fontaine ? Elle est modeste, on ne la remarque pas, et cela vaut mieux !

 

 

 

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On dirait un monument funéraire, quel classicisme. Mais la symétrie lui donne une beauté certaine. Accolée à une maison, à quoi pouvait-elle servir : à mettre en évidence la richesse du propriétaire, à rafraîchir ses habitants, à ravitailler le quartier ? Peut-être manque-t-il une statue dans l’évidement central ? Imaginons une nymphe laissant couler la vie de son amphore. Les fleurs la remplacent et caressent d’autres sens.

 

De tous temps, les hommes ont été fascinés par le mystère des eaux qui sourdent des profondeurs de la terre. Force de fécondité, de fertilité, de purification, l'eau était vénérée par les Celtes, comme les arbres ou les pierres. On attribue aux eaux des vertus bienfaisantes.

L'Eglise, après avoir essayé en vain d'interdire les cultes païens, christianise ces lieux en les plaçant sous le nom d'un saint. A Sarlat, il y a plus qu’une fontaine, un véritable bassin. Non, ce n’était pas un lavoir ! C’est la fontaine Sainte Marie, située en plein centre-ville, dans une grotte naturelle aménagée au XIIe siècle. Polluée au XIXe siècle, elle fut murée. Ce n’est que depuis 1970 qu’elle fut de nouveau accessible au public.

 

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Périgueux : au pied de la cathédrale, une fontaine dédiée aux pèlerins de Compostelle. Elle orne bien ce petit jardin qui donne accès à l’Isle.

 

 

 

 

La fontaine Médicis de Brantôme coule dans l’ancien jardin privéP9190157.JPG des Abbés sous la façade de leur château abbatial. On y voit l'Abbé Pierre de Bourdeille, mieux connu sous son nom de "Brantôme", homme d'épée, Abbé commendataire de 1558 à 1614, chroniqueur (auteur entre autres des célèbres Dames Galantes). Il sauva sa ville des guerres de religion. En fait, son buste n’a été inauguré qu’en 1895 sur cette fontaine du XVIIème siècle.

Elle paraît incongrue sous les parois de la falaise. Mais elle apporte une note de frivolité dans ce cadre à la fois austère et grandiose.

 

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P9190163.JPGEnfin, toujours à Brantôme, cette petite vasque décorative, au pied de l’église. Elle réjouit les fidèles à la sortie de la messe dans les chaleurs d’été et leur rappelle que Brantôme est aussi appelé la Venise du Périgord, appellation exagérée, mais sympathique.

 

 

 

16/09/2012

La maladie des normes

La France est un pays extrêmement productif en ce qui concerne les normes de toutes sortes et de tous genres ; directives, lois, décrets, arrêtés, règlements, etc. A vous décourager de tenter quelque chose.

« Dans une société inquiète, voire angoissée, à la recherche du “zéro risque absolu”, la norme a vite colonisé tous les secteurs de la sphère publique », expose le sénateur Claude Belot. Mais tout ceci augmente nos dépenses de manière forcenée. En chiffres, cela donne 287 projets de textes réglementaires examinés par la CCEN (Commission consultative d’évaluation des normes) en 2011. Facture pour les collectivités : 728 millions d’euros, alors que ce chiffre n’était que de 500 millions d’euros les années passées.

Certes, il convient d’imposer des règles permettant aux citoyens de s’y retrouver dans la profusion des propositions et publicités des entrepreneurs ou de progresser sur la sécurité. Mais est-il nécessaire de tout réglementer ? Actuellement 400.000 textes réglementent les activités des maires de France. Et nul n’est censé ignorer la loi !

 Dans tous les cas, le nombre de fonctionnaires dont nous disposons n’incite certainement à diminuer ce triste record. Il faut bien qu’ils se montrent actifs et entreprenants eux aussi !

 

10/09/2012

L'amitié exclusive

 

« La relation amoureuse est une relation vulnérable. Elle requiert des confirmations continuelles. Par contre, on peut passer une année dans rien savoir d’un ami et cela n’a aucune importance. L’amitié n’exige pas de confidences mais l’amour, oui. Et l’amour est un état de suspicion ; il est assez inconfortable, hein ? Assez alarmant. L’amitié, elle, est un état serein : on peut voir ou ne pas voir, on peut savoir ou ne pas savoir ce que fait l’autre. Sans doute certaines personnes sont-elles jalouses en amitié, mais moi, non. Beaucoup de gens considèrent l’amitié comme on considère l’amour, et même, désirent être l’unique amitié de l’autre personne. » (Jorge Luis Borges, Ultime dialogues, éditions Zoé / éditions de l’aube, 1988, p.120)

 

Qui n’a jamais connu de ces êtres qui s’attachent à vous et vous lient à leur devenir. Sans vous plus rien ne leur semble possible. Cette amitié exclusive les rassure. Leur vie leur semble tracée et certaine. Ils s’enferment dans ce cocon qui les protège de la vraie vie, faite de nouveautés, de coupures, de déceptions et d’ironie. Et pour un peu que l’on ne soit pas disponible, ils se sentent abandonnés, rejetés, voire trahis.

Comment rompre ? Ils ne comprennent pas leur emprise sur vous-même. Ils ne veulent pas savoir votre besoin de liberté et d’indépendance. Ils ne peuvent comprendre votre sentiment d’être prisonnier de cette relation.

Il ne vous reste plus qu’à rompre, sans autre forme de procès.

 

08/09/2012

Labyrinth, de Philippe Glass

 

http://www.youtube.com/watch?v=IT_vMQBWf4s&feature=related

 

Le labyrinthe a toujours fasciné les hommes. Il est symbole de leur appétit de connaissance et de la difficulté à en faire le tour.

Généralement le labyrinthe est objet matériel, invention de l’homme qui se cherche ou qui cherche de nouvelles connaissances. Il est également dessiné, sous diverses formes : rondeur, angles, fractal. Il est souvent évoqué dans la littérature ésotérique ou même la littérature tout court, à l’instar de Borgès. Pour la musique, Bach, dans ses fugues, constitue des labyrinthes sonores, organisés pour charmer et tromper l’auditeur.

Ici, Philippe Glass ne cherche pas à construire un labyrinthe. Son but est plutôt d’ordre psychologique : que ressent-on lorsqu’on parcourt un labyrinthe ? D’abord l’excitation, mais une excitation calme, qui monte et descend selon la distance du but. Puis la régularité qui est donné par  le rythme de deux notes. La monotonie du chemin, dont on ne voit ni le cheminement, ni la fin, est rendue par les voix qui, dans le même temps, englobe cette monotonie de mystère. Musique descriptive, proche de la musique de film. Est-elle belle ? Pas au sens habituel où l’important est d’être bouleversé. Ce n’est qu’une musique d’ambiance qui permet à l’auditeur d’entrer dans le mécanisme psychologique du labyrinthe.

Le labyrinthe est un chemin de sagesse, comme l’écrit Jacques Attali dans son traité du labyrinthe (Fayard, 1996, p.209). Quoi qu’il en soit, traverser, ne serait-ce qu’une fois, un labyrinthe, transforme la conscience pour toujours. Après s’être perdu, on a ouvert toutes les portes de soi-même, on s’est exploré. Voyageur traqué, on n’a pas trouvé la vérité, mais un chemin vers une question plus difficile. Dès lors qu’il a rencontré la réalité de l’expérience, l’homme (…) débouche en fait sur un chemin menant vers un autre labyrinthe. Tel est le grand secret du labyrinthe…

 

26/08/2012

L'amour

 

L’amour est une bulle d’air chatoyante et enivrante dans laquelle on entre sans prendre garde. Dès l’instant où l’on s’y trouve, le monde disparaît. A deux dans cette bulle, nous ne connaissons plus que nous, ou plutôt que lui, l’amour.

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Enfermé dans cette sphère invisible, nous en caressons la surface et elle procure des reflets enchantés, des sensations extraordinaires que nous ressentons au plus profond de nous-mêmes, sans réflexion ni analyse. Une caresse et nous sommes partis loin de tout souci, sans aucun souvenir de ce que nous faisions auparavant.

Nous sommes deux, bien sûr. Mais dans le même temps, ces deux ne font plus qu’un. Ils sont cette bulle qui monte dans le ciel, doucement, par l’union des cœurs, des pensées et des corps pour n’être plus que des amoureux transis pour qui n’éclate jamais cette lumière parfumée qui se repose ensuite doucement sur terre, adoucie, mais bien vivante.

 

18/08/2012

Robert Tatin (2ème partie, voir la première le 6 août)

Entrons maintenant dans le musée.

 

Le musée vu de l'extérieur.jpg

 

Mais est-ce un musée, cette bâtisse étrange qui ne semble tenir debout que grâce aux mille sculptures qui l’ornent : colonnes de personnages, chapiteaux de bas-reliefs, langue rouge du dragon avec ses dents en étoile surmonté d’une famille pour laquelle l’enfant est le plus grand et uni les parents. Quelle profusion d’idées, de symboles, d’aspirations !

 

La porte des géants.jpg

 

La porte des géants de la peinture : Rembrandt, Van Gogh, Léonard de Vinci, Goya et Delacroix (pourquoi eux et pas Picasso, par exemple ?). Elle n’ouvre sur rien, mais elle impressionne par ses personnages hiératiques, protégés par leur femme qui semblent prier pour eux. Leurs yeux de voyants regardent l’univers, environnés des songes  en bas-relief en creux.

 

L'entré du musée, de l'intérieur.jpg

Alors on se laisse guider, absorber à l’intérieur. C’est petit, cela ne fait pas musée, mais cour intimiste pour illuminés qui méditent sur le monde et l’homme. Les portes se reflètent dans l’eau du bassin, vertes, immobiles, immortelles. On entre dans le jardin des méditations. Disons qu’il s’agit plutôt d’un jardin de la rêverie et de l’imagination. Il faut se laisser guider par les images de pierre, les volumes enchantés de personnages ubuesques. C’est une sorte de cloître : « Au nord s'élève une statue haute de 6 m 50, appelée "Notre-Dame-Tout-Le-Monde", lien entre le ciel et la terre. Son socle plonge ses racines dans l'eau du bassin source de vie »  (guide du musée)

 

La porte du soleil.jpg

 

A l’est, la "Porte du Soleil", se reflétant dans le bassin, est formée de deux statues-colonnes, qui évoquent l'union de l'homme et de la femme selon le Tao : le Yin et le Yang. « Les deux géants Yin et Yang (Féminin et Masculin) supportent le ciel où tourne la roue du destin, entre les cornes de l'Imagination et de la Raison. Yang, à droite, porte la fille du Monde sur ses genoux, tandis qu'à gauche, un garçon est assis sur ceux de Yin ». Le pilier central représente l'unité Adam-Eve, Eve-Adam. « Ici, il n'y a plus de dualisme entre la femme d'un côté, l'homme de l'autre (...) On est dans l'unité. » Sur le tympan, « le disque solaire se partage et se donne en rayons brillants et dispense son énergie de Yang pur en pleines noces de Yin-Yang. »

 

La porte de la lune.jpg

 

La « Porte de la lune » représente la Muse de l’Unité "mèrant" le Monde, qui appuie le pied droit sur le cube de la Raison et le gauche sur le croissant de l'Imagination. Assis sur les genoux de la Muse, un garçon et une fille se nourrissent aux sources de la vitalité créatrice. Robert Tatin dit : « J'essaie de retrouver les racines de la langue... Là, nous sommes dans les racines, pas dans les composantes. Les racines, c'est comme nourrir l'arbre, c'est comme nourrir l'Homme... mais les latins, à force de tirer sur la mamelle, un jour ils l'ont vidée. Alors il faudrait retrouver la Femme, il faudrait retrouver la Muse, la Mère mèrante ... ».

 

S’ouvre dans cet enchevêtrement les portes donnant accès au musée de peintures, céramiques et autres créations de Robert Tatin. Nous en parlerons une autre fois.

 

 

 

06/08/2012

Robert Tatin, le pape du paradoxe (1ère partie)

 http://www.musee-robert-tatin.fr/

 Robert Tatin, le pape du paradoxe. Oui, je pense qu’on peut le définir ainsi. Qu’est-ce qu’un paradoxe ? Un raisonnement dont la conclusion contredit les prémisses, ou qui justifie deux conclusions contradictoires, et qui est le plus souvent porteur de vérité (Encyclopédie Philosophique Universelle, PUF, Paris, 1990, p.1848). Ce n’est ni un véritable artiste, ni un véritable artisan. Il se moque des catégories et voit le monde à son image, échevelé et créatif.

Son art : nous révéler la complexité inattendue de la réalité. Il met en évidence la fonction paradoxale du sculpteur : celui-ci détache-t-il au ciseau tout ce qui ne ressemble pas à son sujet ou s’attache-t-il à faire apparaître ce qui sera son sujet ? Il ne s’agit pas de sophisme, Robert Tatin n’est pas un manipulateur, il n’a pas de raisonnement trompeur. Il raisonne comme il l’entend, que cela plaise ou non à ceux qui l’écoute et regarde ses œuvres. Sous des dehors enfantins parfois, toujours prolixes, il met en évidence la singularité du monde, à la fois palpable dans sa réalité physique et gonflé d’une vérité mystique qu’il faut toujours deviner sans jamais la trouver.

Je ne vous raconterai pas sa vie, ni toute son œuvre, considérable. Ce qui est intéressant, c’est le cadre, l’espace de sa réflexion concentrée sur son lieu de travail pendant ses vingt dernières années. L’entrée de ce lieu est la grille qui donne sur la route et que l’on n’emprunte pas, malheureusement, puisqu’il faut « passer par la caisse ». Elle ouvre sur un chemin pavée bordée de statues prolifiques. Comme l’explique le site Internet consacré au musée de Cossé-le-Viven : « Ces premiers géants de ciment coloré nous plongent dans l'aventure humaine des premiers temps de l'Histoire, avec Vercingétorix, jusqu'aux héros légendaires dépassant les limites terrestres imaginés par Jules Verne. De nombreux artistes y sont également représentés, non seulement pour leur engagement déterminant dans l'Histoire de l'art, mais également comme les représentants de l'extraordinaire génie des hommes toujours en quête d'un idéal de perfection. »

 

Ces statues représentent les différentes époques de la vie de l'artiste. Devant les statues de Jeanne d'Arc et de Vercingétorix, on entre dans l'univers d'un enfant de 10 ans qui fait connaissance avec l'histoire de France.

  Vercingétorix.jpgJeanne d'Arc.jpg

 

 

 

 

 

 

 

 

Puis, sont représentés les questionnements de l’adolescence au travers des verbes Etre et Avoir.

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Suivent alors Ste Anne et la Vierge de l'Epine, références à la mystique et à la métaphysique qui prolongent cette période de l'adolescence avec les trois interrogations : d'où venons-nous? Que faisons-nous? Où allons-nous ?

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Le regard du visiteur sur la statue suivante, le Maître Compagnon, évoque la voie empruntée par Robert Tatin : celle des constructeurs de cathédrales symbolisant l’initiation et la quête de perfection.

 

 

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C’est ensuite l’hommage au monde de l’art des XIX et XXème siècles. André Breton, Le Douanier Rousseau, Gauguin, Seurat, Auguste Rodin, Léonor Fini, Alfred Jarry, Ubu Roi, Toulouse Lautrec, Valadon-Utrillo, Pablo Picasso et Jules Verne sont autant de points de repère pour "l'oeuvrier" Robert Tatin, partagé entre les créations artistiques et artisanales.

 

 

Alors devant le visiteur ébahi, s’élève le musée, vision onirique de Robert Tain qui exprime sa compréhension paradoxale de la vie et du monde.

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 Nous en reparlerons.

 

05/08/2012

Communication

 

Plus on communique,

Moins on en dit

Et moins on a à dire.

 

On ne communique plus pour informer, on communique pour se montrer alors que l’on n’a rien à dire, voire rien à présenter, vendre, proposer. Alors c’est d’une pauvreté déplorable, à l’égal d’un repas d’épluchures de pommes de terre. Et pourtant les marchands de communication ne cessent de vous importuner : « Nous sommes les rois de la communication. Tous sauront tout sur vous ! »

Qu’a-t-on à dire ? Peu importe au communiquant. Il vous fera un plan de communication sur Facebook, Twitter, MySpace, Linkedin et autres réseaux sociaux. « Faites vous des amis », nous disent-ils. Alors les gens sont fiers d’annoncer 60, 600, voire 6000 amis, voire beaucoup plus encore. Ils ne les connaissent pas, cela ne les intéressent même pas. Ce qui compte, c’est le nombre d’amis. Qu’échangent-ils ? Trois mots appauvris du style « J’dis respect » ou « C-t’un truc de ouf ! » ou encore « C’est trop mortel ! » pour les jeunes, pour les plus vieux, c’est « Sur la photo, mon tee-shirt semble bleu, en réalité, il est d'un beau vert bouteille ! » ou « Bin moi j'ai acheté un téléphone pour téléphoner. J'ai pris le modèle "robuste" qui casse pas quand il tombe. » (phrases toutes tirées des échanges sur Internet).

Moins on a à dire, plus on le dit. On solde de navrantes banalités comme si l’on se disait des choses essentielles. Pourquoi ? On peut y voir plusieurs raisons. On est fier d’avoir de nombreux amis avec qui on correspond. On est fier de son outil technologique (téléphone portable, ordinateur portable, iPad, iPhone et autres ustensiles fonctionnant avec Internet) qui sert à communiquer, donc communiquons. On a besoin de correspondre en permanence pour ne pas se sentir seul. Enfin, et surtout, on communique parce que les autres communiquent et vous disent qu’il est important de communiquer. Tous les marchands de communication sont bien sûr les premiers à communiquer sur l’importance de la communication, l’importance des réseaux sociaux, l’importance de la multiplication de ses connaissances. Il s’agit ici d’une véritable compétition, d’une course à la recherche d’amis, à la recherche du paraître. Toute personne qui se veut connu ou qui veut se faire connaître, ne peut qu’avoir un blog, un compte sur Facebook, des abonnés, etc. etc. etc.

Ainsi ce qui compte ce n’est pas le contenu de la personne, son être, mais son avoir, et, avant tout, ses moyens. Le culte de la technologie et de la « (re)connaissance » a dépassé le culte de l’argent : montre-moi quels sont tes réseaux et je te dirai qui tu es !

Quelle belle manipulation de la part des communicants ! Cependant, il arrive que certaines personnes ont des choses à dire, alors allons tout de même voir ce qui se passe sur les réseaux, mais ne nous laissons pas submerger par cet engouement qui vous oblige à donner une petite phrase sans intérêt en échange d’un peu de notoriété. Rappelons-nous ce mot de Lao Tseu : Celui qui sait ne parle pas, celui qui parle ne sait pas. Ce n’est pas à prendre au pied de la lettre, mais néanmoins attachons-nous à ce que nous avons à dire avant de communiquer.

 

23/07/2012

De vrais Japonais

 

http://www.youtube.com/watch?v=4YaGE0x-t4A&feature=related

C’est vrai, le Japon est un bien étrange pays. Regardez ce groupe ordonné. Après quelques manœuvres, ils se présentent. Ce n’est plus un groupe, mais plusieurs, de tailles différentes. L’Uchi-soto (dedans-dehors) est le concept de base de la vie sociétale au Japon. Lorsqu’on est devant un membre d’un groupe extérieur, on doit l’honorer et même lui faire un cadeau. Alors on reste humble parce que l’on fait partie du groupe interne. Mais ces groupes ne sont pas permanents, ils se mélangent et se modifient selon les situations. Ce sont des cercles qui s’interpénètrent dans lesquels chaque individu peut avoir des positions différentes selon le groupe du moment auquel il appartient.

C’est ce qu’illustre cet ensemble, groupe qui se scinde en sous-groupes, rapidement, qui s’évapore, mais qu’il faut reconnaître et dont il convient d’estimer l’importance. Tous sont un, l’un est le tout.

Malgré tout, quel humour dans cette démonstration très soldatesque. Un humour froid, parfois invisible, d’autres fois volontairement exagéré. Le Japonais a besoin de son groupe, il ne peut s’en passer. Heureusement encore qu’il peut s’échapper de l’un pour se réfugier dans l’autre et monter de piédestal.

Rêvons un peu. Imaginons-les, tout d’un coup, s’échappant de leurs rangs comme les aigrettes d’un pissenlit sous un coup de vent.

Non, ce n’est pas possible, le Japon ne s’en remettrait pas !

 

15/07/2012

Premier souvenir

 

Jérôme avait trois ans. C’était un jour de printemps, ensoleillé, les femmes portant des robes d’été, les épaules nues, le sourire aux lèvres, l’œil égrillard. Elles se promenaient lentement sur le chemin pavé au milieu de la pelouse verte. Des messieurs les suivaient ou les précédaient, mais l’on ne voyait qu’elles, fraiches, spirituelles, les cheveux décoiffés par un petit vent tiède. Il entend encore leurs rires voilés qui se moquaient des hommes qui, eux-mêmes, s’efforçaient d’avoir l’air détachés. Comme toujours, ces jeux constituent les prémices à d’autres jeux, moins innocents, plus amusants, voire plus délurées. Mais tout ceci il ne le comprit que plus tard. Il ne se souvient plus des raisons de cette promenade. La famille était en voiture, une 202 légère Peugeot, somptueuse voiture à l’époque. Elle roulait au pas pour ne pas effaroucher les promeneurs. Comme ses frères, il observait, ébloui, cette foule bigarrée et légère qui s’écoulait de part et d’autre de la voiture et qui jetait par moments des yeux surpris de voir quatre bambins qui eux-mêmes les regardaient de leurs yeux grands ouverts. L’arroseur arrosé, n’est-ce pas !

Et, en un instant magique, il se retrouva sur les genoux de son père, roi parmi les rois, au volant, immense comme les barres à roues de voilier de luxe, environné de boutons et cadrans qui semblaient dire : « Quel beau capitaine nous avons ce jour ! ». Il dévorait des yeux les spectateurs pour acquérir la certitude qu’eux aussi le regardaient et s’exclamaient : « Quel heureux garçon au volant d’une si belle voiture ! » et cet instant dura suffisamment pour qu’il se souvienne encore du parc du château de Meudon ou peut-être un autre, il ne sait plus. Une carte postale imprimée dans sa mémoire, pleine de couleurs et de rires, illuminée par le soleil de la gloire d’un enfant de trois ans.

Cette journée est son premier souvenir. Pourquoi lui est-il resté et pas d’autres, sans doute aussi intéressants, sinon plus ? Il ne sait. Si ! Il croit le savoir. La raison est simple : c’est l’intensité du pouvoir qui lui était donné pour la première fois ce jour. Pouvoir d’être grand, de se faire remarquer, d’exister aux yeux des autres. Tout cela était parfaitement inconscient. Pas une fois cela ne lui a effleuré l’esprit à ce moment, ni même d’ailleurs maintenant. Mais en y réfléchissant, n’est-ce pas cette fierté intime d’être à l’égal des grands qui fait qu’il se souvient de cet épisode. Etrange. Il croyait être indifférent au pouvoir dans la plupart de ses formes. Et son premier souvenir concerne le pouvoir avec sa conséquence : la fierté que donne ce pouvoir. Quelle engeance !

 

 

12/07/2012

Les hommes se sont également convertis

 

Oui , les hommes se sont également convertis à l’été. Ils ont troqué leur couleur uniforme pour des atours plus colorés. Dans le métro, ils sont sur le point de chanter, d’aise, de décontraction, sans souci, désendoctrinés de ce noir qui avale tout et obscurcit l’œil et le cerveau.

Je ne l’avais pas remarqué, mais hier, prenant la chenille à roues, j’ai constaté de visu cet effet nouveau. Non, pas une mode, un effet de la saison, sans doute, même si le costume noir reste l’appareil le mieux porté. Ceux-là restent également blancs, comme leur chemise. La seule couleur est leur cravate, pas toujours assortie. Le costume fatigue de ces longues stations dans la chaleur de l’été. Il fait des poches aux genoux et aux coudes, les clés dans les poches semblent des armes cachées. Bref, il est défraîchi.

société,mode,cultureMais une grande partie de la gente masculine, à l’imitation du parti des femmes (non, pas le parti féministe) s’est mise aux couleurs. Ils reprennent de l’aisance, sourient parfois de se voir si colorés, portant du bleu, du jaune, du rose même. De corbeaux, ils deviennent geais, voire perroquets. Pour certains, les plus délurés. Et ils s’assagissent, souriant, parlant même avec leurs congénères, hommes ou femmes. L’atmosphère prend un petit air de fête, quelques jours avant les vacances. Ils rêvent. Ils se voient déjà, qui sur son bateau, qui dans sa caravane, qui maçonnant les murs d’une maison de campagne récemment achetée, qui marchant dans les bois ou la montagne, l’esprit libre, le corps reposé.

Certes, l’homme travaille, quoi qu’il arrive. Il ne peut paresser trop longtemps sans sentir les regards des autres, envieux, jaloux. Alors il se penche sur son ouvrage, pour faire comme les autres, irascible. Mais au fond de lui il se laisse aller, les yeux dans le vague, le vague à l’âme, la vague oppressante qui vous renverse sur son passage. Et il plonge, la tête la première, dans l’eau trouble des matins sans travail, quand rien ne vient réveiller les neurones, ne vient chatouiller le sentiment d’utilité qui est celui d’un homme dans la force de son âge. Il regarde, désorienté, la vie qui s’écoule sans lui, et il se demande ce qu’il doit faire, comment il peut ne pas être utile, comment il se fait qu’on n’ait pas besoin de lui.

Mais n’est-ce pas pareil pour la femme. A chaque instant elle s’interroge : comment vais-je faire telle chose, que faire pour faire plaisir à untel ? Mais inversement, la femme laisse venir la vie alors que l’homme ne veut qu'aller à sa rencontre.

En attendant, tous, hommes et femmes, sont colorés, habillés de tonalité joyeuse, retrouvant la verve française, éteinte pendant l’hiver à cause du froid et du noir. Dieu, quelle est bienvenue cette douce tiédeur, même si parfois la pluie pénètre les vêtements.

 

26/06/2012

L’été, découvertes, elles flottent sur les trottoirs…

 

C’est l’été. Les femmes se sont découvertes. Quelle différence avec les hommes ! Les unes s’effeuillent, laissant leur peau s’emplir des rayons d’un soleil luxuriant. Les autres restent stoïquement inchangés. Seules les chemises se permettent quelques centimètres de moins à hauteur des bras. Chemisettes contre chemises, quelle différence ?

Certes, l’on rencontre bien des hommes en short. Vous savez, de ces pantalons sans jambes qui ont souvent l’air de combinaisons de travail mal repassées, généralement accompagnés de ces chaussures de sport aux semelles de plus en plus impressionnantes et visibles à cent lieues à la ronde. Mais ces hommes sont vacanciers. Ils se promènent la carte à la main, explorant du regard les rues parisiennes, noyés dans le brouhaha des voitures et des passants. Il convient de leur parler en anglais, seule langue qu’ils comprennent, après bien des explications, commencées en français, poursuivies dans la langue de Shakespeare, puis dans le sabir habituel aux sites touristiques. On trouve aussi des femmes en short. Certaines, aux côtés de leurs maris ou en bande de célibataires chargées de sacs à dos impressionnants. Celle-ci sont unisexes, touristes et proches des garçons, si proches qu’il faut y regarder à deux fois avant d’en faire le tri.

La parisienne a une autre allure. De longues jambes, si longues qu’il est difficile de ne pas y perdre son regard, certains jours de pluie société, Paris, femme, cultureapprêtées de bas ou de jambières. Vous connaissez ! Ces ronds de chiffons que l’on se met aux jambes pour éviter les flaques d’eau. Un short taillé par un expert en fantaisie, bleu clair, rouge vermillon, jaune canari, le tout surmonté d’un chemisier taillé à l’extrême, par un autre expert en ciseaux et coutures. Elles mènent leur combat toute la journée, impeccables, rutilantes même, comme des Chrysler aux enjoliveurs chromés. Munies d’un sac débordant, impressionnant de fond et d’objets, elles se remettent du rouge aux lèvres fréquemment, devant la devanture d’un magasin ou la vitre d’une voiture de luxe non décapotable. Elles ne fréquentent que les hommes bien mis, c’est-à-dire toutes saisons, costume noir, chemise rose, cravate colorée ou sans, les poches généralement bien remplies de beaux billets bien pliés, les cheveux au vent, en arrière, bronzés comme il se doit, la bague au doigt parfois. Et, ensemble, ils laissent leur voiture en double file, vont prendre un verre au Flore ou encore s’arrêtent devant une galerie pour admirer une couverture grise recouverte de poussière élégamment posée sur un vieux pneu, chef d’œuvre de l’art contemporain.

Mais on rencontre cependant des femmes élégantes, sanssociété, Paris, femme, culture sophistication, fraîches et tendres comme une escalope de veau que l’on mange à la terrasse d’un restaurant chic entre deux messieurs bedonnants. On les reconnaît à leur sourire surprenant, fait de mystère caché et de naïf étonnement. Elles sourient à tous et toutes, spontanément, sans arrière-pensée, parce qu’elles sont heureuses de ce jour ensoleillé, de cette matinée chaude ou de cette après-midi à la brise légère. Elles sont parfois seules, affairées d’un sac cartonné sortant d’une boutique bien achalandée, ou encore accompagnées d’une autre personne semblable à elle-même, toute aussi fraîche et simple.

 

Oui, Paris est bien autre chose quand arrive l’été. La ville devient lumineuse, lavée de ses grisailles, magnifiée de ses habitants élégants comme sortis d’un film, qui vont la tête haute parmi la foule des obscurs figurants plus anonymes. Ce n’est ni Londres avec ses parapluies et melons, ni Rome avec ses élégants costumes d’une légère note fantaisiste. C’est bien Paris, la fleur des capitales, où il fait bon vivre et où les femmes flottent sur les trottoirs, admirables d’élégance et de charme.

 

25/06/2012

La mort est un nouveau soleil, d’Elisabeth Kübler-Ross, Edition du Rocher, 1988 (suite et fin)

La troisième partie du livre est assez complète et se suffit à elle-12-06-12 La mort est un nouveau soleil.jpgmême. Voici ce qu’en dit Elisabeth Ross : « Chaque jour des hommes meurent partout. Et néanmoins dans notre société qui a réussi à envoyer un homme sur la lune et à le faire revenir sain et sauf, aucun effort n’est entrepris pour étudier la mort et arriver à une définition actualisée et universelle de la mort humaine. N’est-ce pas étrange ? »

Alors elle nous raconte comment dans son équipe médicale, les expériences au seuil de la mort se multiplient. Elle constate même qu’au cours des dix dernières années on a rapporté dans le monde entier plus de vingt-cinq mille cas. Qu’on-t-il vécu ?

Au moment de la mort, nous vivons tous la séparation du vrai moi immortel de sa maison temporelle, c’est-à-dire du corps physique. On se voit mort physiquement et on se sait entité intégrale malgré tout. (…) On perçoit la présence de nos guides spirituels, généralement un être mort que nous avons particulièrement aimé. (…) On passa alors par une transition symbolique qui est le plus souvent décrite comme une sorte de tunnel et on approche d’une source lumineuse dans laquelle nous réalisons ce que nous aurions pu être, la vie que nous aurions pu mener. (…) Nous devons juger nos pensées, nos paroles et nos actes.

Elisabeth Ross fait alors part de sa propre expérience. Cette expérience a changé sa vie. Alors ne jouons pas les sceptiques à priori. Interrogeons-nous sur ces expériences qui furent suffisamment nombreuses pour qu’elles disposent d’une certaine légitimité. Nous ne trouverons pas la réponse tout de suite, mais cette méditation ne sera pas inutile.

C’est un beau défi, ne trouvez-vous pas ?

 

19/06/2012

Déclaration d’impôts

 

Cela vous tracasse depuis plusieurs jours. La date approche, il serait temps de s’y mettre. Et puis, vous avez laissé couler. Jusqu’à aujourd’hui, avant dernier jour. Vous avez bien rassemblé quelques documents nécessaires tels que déclaration de dons ou encore montant des avoirs fiscaux. Papiers inutiles, car pour la plupart munis de zéro. Ce petit tas devra être trié, comme on sépare l’ivraie du bon grain. Mais l’essentiel reste à faire. C’est pourtant plus simple depuis qu’il y a la toile. On ouvre l’ordinateur, on a préparé sa page excel et on y met les chiffres, ceux que l’administration elle-même vous a donnés. C’est bête comme chou, mais qu’est-ce que c’est ennuyeux.

Alors, ce matin, courage. Vous vous levez du bon pied, prenez un bon café avant de vous plonger dans les chiffres. Colonne ou ligne, 2AB, 3BH, 7UF. Surtout ne pas se tromper. Mais où ai-je bien pu mettre le papier de la banque ? Vous vous faites une comédie, voire une tragédie, d’une demi-heure passée devant votre ordinateur à aligner quelques chiffres, à faire des totaux maigres et pâlichons. Vous en ressortez exsangue et défait, alors que ces quelques additions ne vous ont prises que quelques minutes. Et tout d’un coup, vous avez fini. C’était donc cela, toujours aussi simple, mais toujours aussi fâcheux d’ennui accumulé ! Après l’envoi au centre des impôts, vous vous sentez en vacances, allégé. Les nuages noirs sont partis, le ciel bleu vous aide à vous alléger du superflu.

A quoi peut bien servir tout cet argent accumulé en une année, vous dites-vous ? Et pourtant chaque mois le laisse filer doucement, mais sûrement. Une petite signature par ci, un code glissé par là, deux ou trois billets sortis de votre poche, encore frais et plein d’encre. L’argent a-t-il une odeur ? Oui, celle de vos journées à votre table de travail, celle de réunions avec d’autres pauvres imposables qui comme vous se sont arrachés les cheveux plutôt que de remplir leur déclaration sur une musique de Haydn, enjouée, espiègle, mais reposante.

Ah, quelle demi-heure ! Epoustouflante et traitresse. A l’an prochain, pour le même devoir, incestueux, comme un mal nécessaire et utile.

 

 

12/06/2012

La mort est un nouveau soleil, d’Elisabeth Kübler-Ross, Edition du Rocher, 1988

« Beaucoup de gens disent : « Le Dr. Ross a vu trop de mourants. Maintenant elle commence à devenir bizarre. » L’opinion que les gens ont de vous est leur problème et non pas le vôtre. Il est trèslittérature,spiritualité,société,livre important de le savoir. Si vous avez bonne conscience et que vous faites votre travail avec amour, on vous crachera dessus, on vous rendra la vie difficile. Et dix ans plus tard, on vous donnera dix-huit titres de docteur honoris causa pour le même travail. » Ainsi commence le livre d’Elizabeth Kübler-Ross et cela me plaît : l’indépendance d’esprit est le seul moyen d’innover réellement. Et elle a réellement innové dans un milieu où les préjugés scientifiques sont aussi, sinon plus forts que dans les autres milieux. Un médecin qui sort de la science médicale, laquelle se résume à la vie physique, c’est inconcevable, même si ses recherches se font de la manière la plus scientifique possible.

Le livre est composé de trois conférences qui se font suite de manière logique : vivre et mourir ; la mort n’existe pas ; la vie, la mort et la vie après la mort.

L’homme vit dans un cocon, son corps. Il utilise pour cela l’énergie physique. Mais il dispose également de l’énergie psychique, et il peut les utiliser de manière positive ou négative. L’énergie psychique s’utilise au moment de la mort, lorsque l’homme sort de son cocon avec son corps éthérique comme le fait le papillon. Lorsqu’on lui pose la question de la mort des enfants, elle explique que ceux-ci ont appris ce qu’ils avaient à apprendre et que cette vie lui suffit. La mort permet de faire la synthèse de sa vie, de voir en quoi nous avons réussi ou non ce pourquoi nous sommes venus sur terre. Et ce pourquoi est différent d’une personne à l’autre.

La mort n’existe pas, dit le Dr. Ross. Elle n’est qu’un passage. Elle le tire de ses constatations de Near Death Experience. Alors il faut prendre la vie comme un défi. Nous sommes là, sur terre, pour découvrir quelque chose de personnel qui importe pour notre être tout entier. Alors mettons-nous au travail ! Peu importe si nous sommes connus ou inconnus, si ce que l’on a à découvrir apportera quelque chose à l’humanité ou sera insignifiant. L’essentiel est de le faire avec amour, sans jamais se décourager, sans recherche de profit personnel.

 

26/05/2012

L’après-guerre 1945-1950, vu par Stick caricaturiste, écrit par Jeanne de Gérin-Ricard

 

Voici ce que dit l’auteur de S’tick caricaturiste :12-04-29 S'Tick couv2.jpg

Le dictionnaire des Marseillais nous apprend que S’Tick se nommait Raoul Garcin… On peut dire qu’il était un dessinateur de grand talent. Il avait une solide connaissance de l’actualité, s’intéressant au monde dans lequel il vivait… Il avait aussi une bonne culture classique… S’Tick dessine sur des bouts de papier, à l’encre de Chine, après un dégrossi à la mine de plomb… Vivant à Marseille, il n’a probablement pas eu l’occasion d’avoir une audience méritée.

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Au premier abord, le texte semble brouillon. Cela tient d’une part à la forme du livre, les titres étant en police cursive, c’est-à-dire proche de l’écriture manuscrite, et aux explications historiques qui ne sont que des résumés des événements de cette période.

 

 

 

 

Cependant, si l’on convient d’aller au-delà de cette première impression, il apparaît que le livre, alternant dessins et textes, est bien fait. Son objectif n’est pas de faire un livre d’histoire, mais dehistoire,société,dessin,écriture,littérature mettre en valeur les moments historiques saisis par un dessinateur de talent. Les grands personnages du moment sont caricaturés et une petite biographie accompagne l’image, donnant du relief à l’explication de l’événement. De plus, si l’on fait l’effort d’analyser de plus près l’organisation du livre, on se rend compte que chaque période de ces cinq années est découpée en un zoom sur l’histoire qui en donne les grands événements, une analyse graphique du ou des dessins de S’Tick sur le ou les évènements du moment, et enfin les biographies des personnages politiques clés. C’est, au final, une bonne approche des faits et des personnages de ces années d’après-guerre, ainsi que de l’ambiance qui régnait à cette époque : politique des prix, problèmes de ravitaillement, marché noir et scandales à répétition.

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Sous des dehors assez anodins, ce petit livre met en évidence l’intelligence du dessinateur caricaturiste, sa compréhension des épisodes successifs de ces cinq années, sa truculence et son humour au service de l’histoire.

  

L’auteur écrit : Pour conclure, merci à mon père qui m’avait demandé d’effectuer ce travail. Nous pouvons de même lui dire merci pour l’avoir bien effectué.

 

25/05/2012

Il était là sans y être (rencontre dans une rue de Paris)

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Il était là sans y être, au pied d’une porte cochère,
Assis sur un sac sans forme ni couleur, en jachère,
Il dormait à poings fermés, ivre et sans consistance,
Rien ne l’aurait réveillé, pas même les femmes de l’assistance.

Il remua soudain, pris de délire et de tremblements.
Les yeux fermés il redressa la tête, hagard vraiment.
Il battit l’air de ses bras forts, sans conscience,
Et se rendormit difficilement, mais avec vaillance.

Il ne me vit pas le dessiner, caché derrière les vélos,
Regardant la chair humaine simuler ses sanglots.
Il bailla d’une gorge profonde, poussa un cri,
Regarda son état et hurla « A mort l’escroquerie ! ».

Alors il se leva, passa une main dans ses cheveux.
Il prit son sac, essuya son menton baveux,
Fit un pas ou deux avant de s’écrouler à nouveau,
Pleura sur sa misère, hennissant comme les chevaux.

 

24/05/2012

L’art urbain ou street art : quai de l’Aisne (3ème partie)

 

Rappelons que l’art urbain est apparu en France à partir de mai 68 et c’est dans les années 80 que Jack Lang, ministre de la culture, lui a donné ses lettres de noblesse, si l’on peut dire. C’est vrai, je vousStreet Art 124 red.JPG l’accorde, s’agit-il réellement de beauté lorsqu’on voit ces signatures torturées envahir nos bâtiments, dénaturant leur beauté occidentale de symétrie et de richesse. Mais est-on réellement à Paris et non sur d’autres continents devant ce bâtiment désaffecté, vestige d’une industrialisation à outrance de la banlieue, puis abandonné aux passants de nulle part qui y trouvent de quoi épancher leur passion pour le tag ou le graffiti. Seul reste le ciment brut qui sert de toiles à ceux qui n’ont pas les moyens de s’en payer et qui peuvent ainsi montrer au monde leur rage et leur art, s’ils en ont. Car, il faut l’avouer, comparer ces gribouillis et les peintures préalablement montrées est une tromperie certaine.

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Alors pour finir, regardons cette maison de Pantin, sur le canal, quel bonheur ! Un éclatement de génie journalistique au-dessus de la fenêtre du restaurant.

 

 

 

Oui, admirons-la en grand ! C’est l’œuvre d’un professionnel. C’est moins onirique, mais c’est un rappel des bandes dessinées de notre enfance.

 

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15/05/2012

La notion de valeur

 

La notion de valeur est une notion suffisamment variée pour que nous interrogions sur sa signification. De nombreuses personnes se réfèrent à cette notion pour se justifier, qu’elles soient de droite ou de gauche, intégristes ou libérales, tournées vers le passé ou vers l’avenir. Toutes se disent guidées par les valeurs qui les portent.

Le terme valeur désigne, en premier sens, le prix d’une chose, voire d’un être vivant, animaux ou, cela a existé, hommes ou femmes ou même enfants. Ce terme implique donc obligatoirement une relation entre celui qui émet un prix et celui qui achète. L’un et l’autre doivent se rapprocher d’un juste prix qui leur permet de conclure une affaire, ce qui exige au moins une règle commune de jugement, rapprochement entre la valeur personnelle d’une chose, estimée par le vendeur et le désir d’acquisition de l’acheteur. Il y a donc à la fois un jugement d’ordre personnel (j’aime suffisamment cette chose pour lui attribuer tel prix) et un jugement commun (nous finissons par faire concorder notre besoin ou désir de céder ou d’acquérir la chose).

Mais depuis le XIXe siècle s’est développée une autre vision de la notion de valeur, qui oppose ce qui devrait être par rapport à ce qui est. La valeur devient une référence qui permet d’ « évaluer » une idée, un fait, une chose. Elle s’érige en assurance ou en cautionnement et ne peut donc plus être discutée par ceux qui l’adoptent. La valeur se place au-dessus de l’homme pour conduire son jugement et l’amener à une vision commune. Dis-moi qu’elles sont tes valeurs et je te dirai qui tu es ! Choisir une chose plutôt qu’une autre, c’est se déterminer pour  ce que l’on choisit et contre  ce que l’on rejette. Au sens commun, la valeur permet un jugement critique, une attitude d’adhésion ou de rejet. Mais de cette notion d’attitude on est arrivé à la notion d’absolu : la valeur est la référence universelle à laquelle chacun se réfère. Puis on s’est interrogé sur ce qui peut nous inciter à adhérer ou rejeter, à aimer ou détester. Quelles sont les critères qui permettent d’adopter une attitude commune ? Cette notion de valeur est alors devenue un objet de philosophie : comment choisir, qu’est-ce qui m’incite ou me contraint à tel choix plutôt que tel autre ? Cela mène à la notion de jugement de valeur qui dépend de manière plus large de l’identité de la personne ou plutôt des personnes qui s’accordent pour attribuer telle valeur à telle chose. Leur appartenance commune leur permet de s’accorder aux mêmes valeurs. La notion de valeurs serait donc dépendante du contexte, de la culture de ceux qui s’y réfèrent.

Alors, existe-t-il des valeurs universelles ? On voit bien que certaines notions telles que, par exemple, la liberté, l’égalité et la fraternité, ne sont pas réellement comprises par d’autres peuples qui considèrent ces valeurs comme purement individualistes : l’individu prime sur la société. Pour les sociétés orientales, cette vision est inversée : la société est la valeur suprême qui passe avant tout désir individuel. On peut cependant envisager un certain nombre de valeurs considérées comme suprêmes : le bien qui inclut le bien commun et le bien personnel ; le bon : la bonté ; le juste : la justice ; le beau : la beauté ; le vrai : la vérité. Que de chemins parcourus par les civilisations pour en arriver là ! Et encore, cela n’est pas encore encré dans les esprits, mais promu comme une idée de ce qui devrait être et non de ce qui est. Et c’est cette tension vers ces idéaux qui en font une véritable valeur. Les valeurs sont une aspiration plus ou moins commune vers une adhésion de référence qui permet d’accorder les visions individuelles. Mais que de chemins restent encore à parcourir pour qu’elles soient reconnues !

 

11/05/2012

Le cent-quatre (104 Rue d'Aubervilliers 75019 Paris)

 

 

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 Le cent quatre, c’est à la fois une usine, une grotte, un endroit fou, un cirque, une détente, une spontanéité, bref un lieu à nul autre semblable !

 

 

On y pratique toute sorte d’arts ou d’artisanats, voire d’artifices ou même d’artefacts. Ce ne sont pas des artistes professionnels installés 12-04-30 104-2.JPGdans la vie, de simples amateurs, déjà avancés, un peu perdus, la tête dans les nuages, les pieds pas forcément sur terre, mais avec un cœur qui s’évade par les verrières. Ils pratiquent la musique, la danse, le théâtre, les arts visuels, la magie. Ils sont résidents dans les bâtiments (ils ont bien de la chance !). A côté d’eux, et c’est étonnant cette promiscuité insolite, des entrepreneurs, chercheurs, regroupés dans un incubateur (les poussins sortent sur leurs pieds, un peu ahuris de se trouver là !).

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Le bâtiment fut édifié par le diocèse, mais repris par l’Etat et transformé en Service municipal des pompes funèbres : tous avaient enfin droit à un service funéraire. En 2008, il ouvre au public avec une toute autre vision, en faire un espace de création, d’expériences et d’innovations dans le monde contemporain.

 

 

 

Il y a beaucoup de délire créatif, se contentant souvent de créatique (techniques de stimulation de la créativité), de mouvements pas forcément ordonnés, de singeries, parfois drôles, de contorsions « époumonantes ». On y trouve aussi un chef étoilé qui pratique la cuisine du quotidien et de l’extraordinaire, dont la carte se veut, est-il indiqué, éthique. Il y a bien sûr une librairie, dite du merle moqueur, bien achalandée, de livres intéressants, mis sur le marché par de petits éditeurs, emplis de poèmes fous et d’histoires désopilantes, côtoyant des monuments de pensées turbulentes.

  

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12-04-30 104-4.JPGLieu insolite, décoiffant, peuplé de toutes sortes d’individus, vêtus parfois bizarrement, ou d’animaux, à poil et à plume. Le ciel se montre au-delà des verrières, serein, tiédasse, grisou ( ?), comme d’une humeur interrogative. Jusqu’où va-t-on ou jusqu’où peut-on aller ? Mais ce grenier caché est un trésor, malgré tout bien ordonné par des employés municipaux qui sont pléthores.

 

 

 

07/05/2012

Bois de Boulogne

 

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C’était mardi, fête du travail. Quelle idée d’honorer le travail par un jour de repos ! Donc, couchés dans l’herbe, nous regardons tour à tour la cime des pins qui laisse filer les bulles de nuages sur l’écran et les barques et leurs passagers qui, lentement, glissent à hauteur des yeux.

L’eau, plane, lisse, reflète les arbres et un bout de la tour Eiffel. Ça12-05-02 BdB 2.JPG caquette, ça vrombit, les paroles s’échappent des lèvres des groupes reposant près du lac. Et passent les joggeurs isolés derrière leurs lunettes noires et leurs casques à musique. Concentré, chacun à sa manière : rythmiquement, lourdement, au ralenti, en accéléré, les bras collés au corps, les mains fermées sur la poitrine, soufflant en cadence, peinant sans cadence, parfois même ne soufflant pas, asphyxiés. Les cyclistes, eux, passent en bandes, l’œil sur le prochain tournant, pérorant et pédalant. Parfois l’un d’eux s’arrête, sort son appareil, se concentre, puis rengaine, l’air satisfait.


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Quelle après-midi heureuse ! Conversations, rires, cris même, tout ceci se fait dans la durée. Le temps s’étire, rajoute des minutes aux minutes, plus rien ne vient de la ville. Oubliés les rues, les voitures et le métro. Devant ce tableau lisse, glissent mes yeux et mes oreilles.

 

 

 

Le vide plein d’un après-midi campagnard aux portes de Paris.
 

06/05/2012

L'esprit politique

 

« Avoir l’esprit politique, c’est prendre plus grand soin du monde, qui était là avant que nous n’apparaissions et qui sera là après que nous aurons disparu, que de nous-mêmes, de nos intérêts immédiats et de nos vies. Par-là, je ne veux pas dire héroïsme : simplement qu’en entrant dans le domaine politique, toujours en provenance de la sphère privée de notre vie, nous devons être capables d’oublier nos soucis et nos préoccupations. »[1]

Puissions-nous ce soir nous convaincre que, quel qu’il soit, notre Président de la République prendra soin de la France et non des intérêts immédiats d’une partie des Français contre une autre partie. Et que les Français qui n’auront pas voté ou qui auront voté blanc dépassent leur rancœur contre les deux candidats. Il en faut, alors, choisissez, même si aucun ne vous convient pleinement !

Combien, en dehors du débat de mercredi où ce sont les candidats qui ont mené le jeu, cette campagne a été décevante. Chamailleries, mots félins pour ne pas dire assassins, ragots, rien n’aura été épargné aux Français. Mais peut-on dire que ce n’est que de la faute des candidats et de leur équipe ? Nos rapporteurs médiatiques ne sont-ils pas en grande partie responsables ? A l’affut de la moindre parole ou du moindre geste opposant les candidats, ils n’ont montré, ces trois derniers mois, que les aspects les plus veules d’une campagne plus médiatique que politique. Très peu de choses sur les programmes, cela ne les intéressent pas. Ils ne relaient que ce qui fait polémique et non ce qui est édifiant ou édifiable. Les questions posées aux candidats pendant leurs interviews individuels sont désespérantes de bêtise : « Comment vous sentez-vous face à untel ? », « Que pensez-vous du fait que tel candidat a deux points de plus que vous ? ». A croire que les journalistes vivent dans un autre monde, artificiel, fait de paroles superficielles qui créeront d’autres paroles pleines de fiel dont ils se pourlècheront de manière substantielle.

Les médias se complaisent dans l’émotion qu’ils cherchent à provoquer. De l’intelligence politique, à quoi cela peut-il servir ? Seul compte ce que ressentent les candidats et le public. « Quel est votre sentiment sur… », telle est la question favorite d’une société médiatisée à outrance. Nous aurions aimé plutôt connaître le point de vue du candidat sur la situation dans tel ou tel domaine et les améliorations qu’il compte y apporter. Vous me direz qu’il suffit de regarder Internet pour trouver ces programmes. Oui, mais les avez-vous lu, et jusqu’au bout ? De plus, si on leur donne la parole, c’est bien pour qu’ils nous expliquent ce qu’ils comptent faire !

 

 


[1]H. Arendt, citée dans E. Tassin, Le trésor perdu, Hannah Arendt, l’intelligence de l’aciton politique, Payot, 1999, p.50.

 

03/05/2012

Le Zubial, roman d’Alexandre Jardin (Gallimard, 1997)

 

Le Zubial n’est ni un oiseau, ni même un animal, c’est un humain, le père du narrateur. Il est mort à quarante-six ans, mais son souvenir est si vivant qu’il transcende la tristesse et fait régner une joie intérieure à défaut  des farceslittérature,roman,société extérieures. La joie communicative qui émanait du Zubial était faite d’un étrange parfum d’irréalité, lequel tenait à la façon de tout revisiter à l’aune de ses fantasmes et son goût pour les situations invraisemblables.

Le thème principal du livre : le Zubial, bien sûr. Imaginez que vous êtes lui. Imaginez que vous vous donnez soudain le droit d’être furieusement heureux. Oui, imaginez une seconde que vous n’êtes plus l’otage de vos peurs, que vous acceptez les vertiges de vos contradictions… Imaginez que vous êtes résolument libre, que vous ayez rompu avec le rôle asphyxiant que vous croyez devoir vous imposer en société. Vous avez quitté toute crainte d’être jugé… Imaginez que la traversée de vos gouffres ne vous inspire plus que de la joie.

Le deuxième thème : les femmes, toutes les femmes, extasiées, envoûtées, amoureuses, tant, qu’elles commémorent une fois par an sa mémoire en l’église Sainte Clothilde. A l’insu de leur mari ou amant, quittant leurs jalousies d’antan, elles se réunissaient en secret depuis seize ans pour le remercier d’avoir existé, ou du moins poursuivre le dialogue qu’elles avaient entamé avec ce grand vivant quand il l’était encore.

C’est un livre d’anecdotes, parfois nostalgiques, celui d’un encore enfant qui se réjouissait, s’envolait aux côtés d’un père qui était bien plus qu’un père, un clown, un ange et un diable.  Car je savais que ce récit ne serait pas un recueil de souvenirs, mais un livre de retrouvailles. Ce n’est pas une nuance, c’est une différence qui me remplit de vie à mesure que j’écris ces lignes. Et s’il m’arrive de pleurer en l’écrivant, ce sera de joie. Mon père est mort, vive le Zubial !

 

C’est une France espiègle, drôle, ludique, abracadabrantesque, que nous décrit la plume d’Alexandre Jardin, laissant trainer un brin de romantisme et de  mélancolie avant de rebondir dans une nouvelle aventure tout aussi folle. Etre Jardin, c’est être fou jusqu’à la ruine. Je demandais à mon père ce qu’allait coûter notre périple. Il me répondis que cela n’avait pas d’importance, ou plutôt qu’il était important que j’apprenne à consacrer l’essentiel de mes revenus ou ceux des autres pour conquérir les femmes que j’aimais ; le reste ne pouvait être qu’un mauvais placement, immoral de surcroît. Telles étaient les règles du Zubial, toujours à cheval sur certains principes. (…) Chez les Jardin, devenir soi passe par d’exténuantes exigences. Ce que nous sommes ne nous suffit pas, jamais. Vivre signifie enfourcher un destin, aimer est pour nous synonyme de se projeter dans des amours vertigineux. Le normal est notre hantise, l’exorbitant notre mesure et notre ridicule vanité.

Dernière pirouette du narrateur : Je crois tenir de lui le sentiment que mes volontés, même invalidées par les contingences, finiront toujours par dessiner les contours du réel. Fondamentalement pessimistes l’un et l’autre, nous restons convaincus que le bonheur est la seule issue, que le mal est un affreux malentendu et que les désirs irrépressibles peuvent tout dynamiser.

 

 

02/05/2012

Le bien commun, ce que nous attendons d’un président

 

En ce lendemain du 1er mai qui avive les clivages français et à quelques jours des élections, il conviendrait de se référer à la notion de bien commun, telle qu’elle a été définie par Vatican II (Gaudium et Spes, 26) : ensemble des conditions sociales qui permettent, tant aux groupes qu’à chacun de leurs membres, d’atteindre leur perfection d’une façon plus totale et plus aisée.

Trois points sont à souligner.

Le premier concerne le but du bien commun : Atteindre la perfection de la personne humaine, c’est-à-dire se réaliser pleinement, collectivement et individuellement. Certes, on doit se demander ce que signifie cette perfection. Est-ce l’avoir, ce qui signifie de gagner toujours plus d’argent, est-ce le pouvoir contre tel ou tel autre groupe, est-ce le savoir, avec la tentation suprême d’être maître du monde ? Ou ne serait-ce pas plus simplement, de manière plus évidente, être bien (en paix) avec soi-même et les autres par une juste répartition entre mes besoins et mes aspirations et ceux des autres ? Chacun de nous a une vocation particulière qu’il doit d’abord découvrir, accepter, puis contribuer à développer. C’est cette réalisation de soi-même, l’inconnu que le suis et que je dois construire, qui me conduira à la perfection. Et ne pensez pas que ceci est trop difficile. De nombreuses personnes y arrivent, qu'elles soient célèbres ou inconnues : les artistes, les chercheurs, les enseignants, les politiques même, tous ceux qui recherchent autre chose du travail qu’un simple moyen de survivre. Les métiers les plus anonymes sont également appelés à cette célébration : ouvriers, femmes de ménage, aides soignants, etc. Il nous suffit de chercher à bien faire ce que nous avons à faire.

Le second concerne le fait que cette réalisation de sa vocation concerne autant chaque personne que chaque groupe de personnes, qu’il s’agisse d’associations, d’entreprises, de partis, de syndicats ou de toutes sortes d’organisations publiques ou privées. Ces groupes peuvent être conçus pour défendre certaines catégories de personnes qui seraient lésées dans leur possibilité de s’épanouir librement, mais elles n’atteindront leur perfection que si elles agissent dans un juste milieu entre le bien individuel de ses membres, le bien collectif de leur groupe et le bien général de l’ensemble des groupes.

Enfin, le troisième point concerne les moyens employés, c’est-à-dire l’ensemble des conditions sociales, j’oserai même dire l’ensemble des conditions sociétales. Et c’est là la mission première du politique, organiser la société de telle sorte qu’elle donne à chacun la possibilité d’atteindre la perfection. C’est ce que nous attendons particulièrement d’un président : non pas qu’il défende un groupe contre un autre, la droite contre la gauche ou la gauche contre la droite, le public face au privé, le social contre le libéralisme. Cela signifie qu’il doit avoir une vision de l’avenir du pays, de la manière dont il peut lui faire atteindre sa perfection puisque le pays est lui-même un groupe, le groupe des Français qui veulent s’épanouir dans leur nation parce que celle-ci correspond à leur manière de voir le monde et de s’y réaliser.

 

Malheureusement cette campagne est triste, parce que focalisée sur les querelles et non sur la vision de ce que les Français veulent de la France dans cinq ans, voire dix ans. Quelle société recherchons-nous ? Certes, les candidats tentent de répondre à cette question par de grandes envolées lyriques ou non (la France forte, le changement). Mais qu’y a-t-il derrière ? Aucune réelle vision d’un avenir à construire dans lequel la France trouvera une place propre à elle-même parmi les autres nations.

 

 

24/04/2012

L’éclaircie, roman de Philippe Sollers

 

Le livre est intitulé roman. Mais s’agit-il d’un roman ?littérature,roman,société,femme Si l’on en prend la définition, le roman serait une œuvre d'imagination en prose, assez longue, qui fait vivre des personnages présentés comme réels. Or que fait vivre ce livre ? Je ou moi (le narrateur), ma sœur Anne (Anne, ma sœur Anne, ne vois-tu rien venir ?), Lucie, mon amour de l’après-midi, qui se met nue avant de parler avec moi. Sont-ce des personnages inventés ou les reflets de ma réalité ? On ne le sait ! Autour de ceux-ci des personnages bien réels ou plutôt des spectres, principalement Manet et Picasso, et leurs femmes et enfin ceux qu’ils ont côtoyé au long de leur vie. Et tout ceci fait un roman ? Cela rappelle Kundera, mais en moins beau, une écriture plus déliée certes, mais moins imaginative, plus moqueuse, moins profonde.

Certes, le terme de roman ou latin vulgaire, s’adresse, à l’origine, à toute la littérature narrative, mais très vite la narration ne concerna que des personnages inventés vivant un récit fictif. Philippe Sollers aurait pu sous titrer « L’éclaircie » du terme de journal littéraire ou journal intime, voire de méditation. Il est vrai que le roman d’aujourd’hui remet en cause la forme romanesque. S’agit-il d’une biographie, dans laquelle l’auteur raconte la vie d’un personnage ayant existé, ou d’une autobiographie, car le narrateur du livre est bien « je », « moi », c’est-à-dire lui, l’auteur, Philippe Sollers ? Bref, il se met en scène et raconte sa vie, qu’elle soit fictive ou réelle ou à la fois l’une et l’autre. Il médite sur le siècle qu’il vit, mais cette méditation est un récit d’événements intimes qui permettent de se raccrocher à ce qu’il aime : la peinture, les femmes, le tout enrobé de littérature, de musique (peu), de sœurs et de mères.

Il y a les femmes qu’on connaît, celles qu’on croit connaître, celles que l’on ne connaît pas en les connaissant, les variantes et les variables sont nombreuses, mais pas innombrables. Etre explorateur de ce tourbillon en mutation demande des dons particuliers, pinceau et stylo intérieurs, dessin, couleurs, oreilles. Victorine n’est pas Berthe (Morizot), qui n’est pas Méry, qui n’est pas Suzon. Albertine n’est pas Albertine, Molly Bloom est, et n’est pas, Nora Joyce, Frieda, dans le Château, est plus Kafka qu’on ne croit. (p.224)

Si une belle femme est morte, on dira qu’elle était l’orgueil du soleil, les délices du vent. A une jeune fille en fleur, on conseillera de jouir vite, du cou, du front, des lèvres, des cheveux. (p.216).

Les vraies fleurs sont chez Manet, les enfin vraies femmes chez Picasso. Parfaites, imprévues, elles s’offrent à leurs expériences. Elles s’épanouissent, éblouissent, vieillissent, périssent, ce sont elles qui balisent le fleuve du temps. (p.232)

Finalement, il s’agit bien de lui, Philippe Sollers, puisqu’à la fin il écrit : « J’apprends en même temps (voyez le roman) que Trésor d’Amour (roman de Philippe Sollers, 2011) va être traduit par une nouvelles maison d’édition créée en février 2010 à Pékin. C’est le moment exact de ma rencontre avec Lucie et de l’arrivée du manuscrit de Casanova à Paris. On se la joue mégalo sur plus de deux siècles. Pari. » (p.236)

 

J’ai d’abord détesté : trop nombriliste, voire intimiste  dans les révélations, et, au-delà, trop brouillon, sautant d’une idée à l’autre sans transition ni fil directeur. Puis, reprenant la lecture une seconde fois, j’ai aimé cette évocation des deux peintres, la connaissance réelle qu’il avait de leurs vies et des rapports entre leurs peintures et leurs femmes. C’est bien une méditation qui ne dit pas son nom, comme le parfum d’un siècle qui est encore présent, mais qui est déjà en train de passer pour laisser place à l’arrogance de la communication, d’une jeunesse sans culture (Tout ce qui s’annonce comme culture est faux, vide, bavard. Les animateurs sont là, vous pas), d’une photographie remplaçant la peinture qui, devenue moderne, est hideuse. Les embarrassés du sexe et du sentiment vont beaucoup au cinéma… (p.183)

 

 

10/04/2012

Savoir et connaissance

 

Introduire une distinction entre savoir et connaissance n’est pas fortuit. Les progrès accomplis dans les sciences cognitives et les outils d’appréhension du réel imposent une meilleure définition des étapes situées entre l’information et la décision.

Le savoir découle naturellement de l’appris, c’est-à-dire de l’accumulation d’informations dans la mémoire individuelle ou collective. Il représente la faculté de conserver et de faire revenir à la pensée des informations acquises par l’apprentissage ou par l’expérience vécue. Le savoir est donc un capital que l’on enrichit plus ou moins selon notre faculté à utiliser et à solliciter notre mémoire. Ces informations sont particulièrement variées : savoir de la société appris par l’enseignement, savoir-faire acquis par expérience, savoir raisonner grâce à l’apprentissage de méthodes, savoir penser par l’utilisation des autres savoirs.

Le savoir produit une grille générale d’interprétation du monde (pattern), synthèse des savoirs à un moment donné. Cette interprétation est particulièrement utile pour agir en réaction face à un événement. Elle permet d’éviter une prise de décision trop longue et difficile. Elle permet également de conduire des tâches sans mobiliser l’ensemble des ressources de l’intelligence et surtout sans que l’on soit obligé de conduire le processus décisionnel dans son ensemble. Cependant cette grille d’interprétation est figée. Elle n’évolue qu’en fonction des expériences nouvelles qui nécessitent de mettre en œuvre un stade plus élevé de la cognition : la connaissance.

Le concept de connaissance se situe au-delà du savoir. Connaître (co-naître) signifie « naître avec », c’est-à-dire dépasser le savoir intellectuel ou le savoir-faire pour entrer en connaissance (faire connaissance et non avoir des idées sur). Le but de la connaissance est la compréhension. On peut en effet tout savoir sur une chose, mais ne pas la comprendre. La connaissance est donc liée à un contexte, un lieu, un moment. Lorsque ce contexte évolue, la connaissance que l’on en a, si elle n’évolue pas elle-même, devient un nouveau savoir. La compréhension est perdue. La connaissance est donc le produit de l’interaction permanente et volontairement active entre le contexte et le savoir que l’on possède. Elle est compréhension par actualisation permanente et en temps réel des situations et des actions. Elle s’effectue par les représentations qui créent un pont entre savoir et connaissance.

Rappelons que les anglo-saxons distinguent bien les deux termes, même si le mot knowledge désigne en même temps savoir et connaissance. Le mot understanding, qui signifie littéralement entendement, intelligence, compréhension, est en effet utilisé lorsqu’il faut différencier la fonction de savoir (l’acquis) de la fonction de connaissance au sens de compréhension.

 

02/04/2012

Prendre le temps

 

« Je peux résoudre n’importe quel problème, si je suis prêt à prendre le temps. »

Avons-nous un instant songé à notre utilisation du temps ? Quelles sont les occupations pour lesquelles nous prenons du temps et quelles sont celles pour lesquelles nous n’arrivons pas à consacrer du temps ? En faire la liste serait déjà une bonne avancée à la résolution de ce problème que nous ignorons probablement. En fait nous verrons très vite que cela est lié à l’attention que nous portons à telle ou telle occupation : j’aime faire telle chose, je n’aime pas faire telle chose. Alors nous maquillons notre vision des choses : je n’ai pas le temps de faire ce qui m’ennuie parce que j’ai tellement de choses intéressantes à faire.

Le temps s’écoule de manière différente selon ce que nous faisons et cela est lié à l’intérêt que nous y portons. Nous prétextons n’avoir pas le temps de réparer tel robinet qui fuit parce que cela nous embête d’avoir à chercher les outils, à aller acheter un joint  et à perdre du temps à le démonter et changer ce qui doit être changer. Même si nous ne sommes pas bricoleurs, nous sommes tous capables de faire ce genre de travaux. Mais évidemment, cela nous ennuie, alors nous prétextons que nous n’avons pas le temps.

C’est le plus souvent pour cette raison que la plupart des gens, en situation de crise, recherche immédiatement une solution plutôt que de s’intéresser au « pourquoi cela ne marche pas ? » Ils veulent tout de suite trouver la solution parce que cette crise les ennuie et dérange leur quotidien.

Devant un problème simple, mais qui ne nous intéresse pas, nous avons tendance à penser : « Cela me dépasse ! », alors qu’en fait nous refusons d’y consacrer du temps. Les artistes, les savants et toute personne qui se consacre de manière exceptionnelle à une tâche qui paraît complexe, y arrivent parce qu’ils y passent du temps, beaucoup de temps, plus que la plupart des gens acceptent de le faire.

Alors acceptons de perdre du temps à des choses qui nous semblent sans intérêt, nous y gagnerons en ouverture d’esprit et en efficacité.