Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

05/04/2012

Alessandro Striggio: Missa sopra "Ecco si Beato Giorno"

 

Le contre-ténor Dominique Visse, le chef d'orchestre Hervé Niquet et l'ensemble du Concert Spirituel redonnent vie à l'oeuvre d'Alessandro Striggio «Missa sopra ecco si beato giorno», sommet de l'art du contrepoint prébaroque, jamais donnée en concert en France depuis 1566.

http://www.youtube.com/watch?v=6OppWKYl_Ak&feature=relmfu

 

Le 21 août 1561, le compositeur Alessandro Striggio, au service de la cour de Florence, écrit au duc de Mantoue, Guillaume Gonzague : « Je viens juste de composer une musique à 40 voix sur des paroles écrites en l’honneur de votre mariage. Une telle chose pour un si grand nombre n’a jamais été entendue jusqu’à aujourd’hui ».

Cette œuvre a été enfouie pendant plus de quatre siècles dans les archives de la bibliothèque Nationale de France.

 

Après avoir écouté la magnifique interprétation du Concert Spirituel, regardez, si le cœur vous en dit, le film diffusé par France 2 le mardi 3 avril sur l’aventure de sa reconstitution :

http://www.pluzz.fr/au-clair-de-la-lune-2012-04-03-00h35.html

 

Une véritable forêt musicale ! Chaque arbre en cache un autre, chaque voix laisse percevoir une autre voix qui apporte elle-même une densité émouvante à l’ensemble de la texture du chant. Certains vous diront que c’est ennuyeux au possible. Oui, cela peut confiner à l’endormissement, mais quel merveilleux rêve il fait faire, aux portes du ciel, dans la cathédrale des sons et des silences divins.

 

 

29/03/2012

Etude N°5 pour piano, dite Toccata, d'Unsuk Chin, joué par Mei Yi Foo

 

http://www.youtube.com/watch?v=9vqiq81TVw4&feature=related

 

Impression : nous sommes dans un grenier, dehors, il fait frais et il pleut. Peu à peu, les ardoises du toit, disjointes, laissent tomber des gouttes d’eau sur le parquet, en plusieurs endroits. Cela commence doucement. Mais très vite, la pluie étant violente, cela devient une véritable fuite qui s’écoule sur le parquet, entraînant la poussière. Tout cela se fait non pas dans l’obscurité, mais sous un soleil qui contredit le fait de l’ondée. Il fait danser la poussière, en fait naître des étincelles d’argent, et l’eau s’écoule toujours du toit en bouillonnement. Deux cascades qui se répondent, s’épaulent, font preuve d’audace, l’une permanente, jouée par la main droite, l’autre plus faible, mais aux gouttes plus virulentes, jouée par la main gauche.

La beauté de l’étude tient à cet équilibre constant entre les deux mains, la main droite, contrairement à l’habitude, apporte l’accompagnement, la main gauche jouant la voix de soliste, tantôt au dessus de l’accompagnement, tantôt au dessous. Mais peut-on réellement parler de voix soliste ? Ce sont des éclatements de sons, parfaitement rythmés avec l’accompagnement, qui tournent autour du Sol, s’en éloignent, y reviennent. Et tout cela donne une musique sereine, quasi diaphane, peut-être en raison de l’absence d’accords. Tout est dans la succession des notes et le rythme propre des deux mains. In fine, tout cela se fond dans un ruisseau de sons qui s'écoulent en toute liberté.

Il faut reconnaître que Mei Yi Foo joue de manière exceptionnelle, avec une sensibilité qui n’est surement pas évidente pour ce style de musique pianistique. Avouons également que la composition d’Unsuk Chin est très difficile à jouer. Alors quel bonheur de constater ce mariage entre l’art de la composition et l’élégance du jeu. Pas d’harmonie, peu d’euphonie (beauté de la mélodie, au sens classique du terme), mais une maîtrise de l’eurythmie (qualité des sons successivement émis, considérés comme agréables à entendre), celle-ci s’entendant comme la beauté qui résulte de la combinaison harmonieuse des sons, des lignes, des mouvements. D’une manière plus générale, elle désigne la beauté des proportions, du rapport des parties entre elles et avec l'ensemble.

 

 

Unsuk Chin, née en 1961 à Séoul, est une compositrice sud-coréenne de musique classique européenne, qui vit à Berlin. Elle a étudié la composition à l'université nationale de Séoul avec Sukhi Kang, puis à Hambourg avec György Ligeti ; l'enseignement de celui-ci a fortement contribué à la définition de son propre style, beaucoup plus que l'influence coréenne qu'elle nie. Alors qu'elle était encore étudiante auprès de Ligeti, elle reçut en 1985 l'International Gaudeamus Competition for Composers. Elle emploie des instruments traditionnels aussi bien qu'électroniques dans ses œuvres. Selon ses propres mots, "la virtuosité [la] fascine".

From Wikipédia : http://fr.wikipedia.org/wiki/Unsuk_Chin

 

 

23/03/2012

Agnus Dei de Samuel Barber, The Choir of New College, Oxford, Direction Edward Higginbottom.

 

http://www.youtube.com/watch?v=TFJ4hN7vxWo

 

Bien qu’originellement  cette pièce fût écrite pour orchestre, elle n’en est pas moins profondément spirituelle. Et elle le reste jusqu’à la fin. Une première note soutenue, puis un accompagnement sur une seule note, et une lente montée de trois notes, qui se répète deux fois ensuite en repartant de la note du milieu. Une merveilleuse montée vers le ciel qui se suspend dans un silence avant de reprendre dans un mouvement quasi descendant, puis qui ondule comme une vague. Oui, nous pouvons supplier Dieu, mais déjà il nous répond dans ce mouvement lent et majestueux. On s’envole, le nez au vent, dans les nuages de la vie, les contournant, les ensorcelant, pour une lente montée de l’être vers la lumière.

Et le thème reprend, avec une envolée plus impressionnante vers l’altitude, comme un cri de détresse, mais sans rancœur. Les hommes reprennent le thème des trois notes, les voix féminines accompagnent cette nouvelle version, la bercent, jusqu’à ce qu’elles reprennent le dessus, dans un entremêlement des voix au rythme toujours serein, mais plus poignant. Un temps de silence et la relance dans la sérénité après une brève introduction, les voix de femmes reprennent le thème des trois notes et les voix d’hommes magnifient la montée puissante vers les cieux pour finirent, ensemble, dans un calme absolu.

C’est une promenade du cœur vers son origine, dans la paix, dans une confiance illimitée, dans une harmonie sereine. Quel chant merveilleux et reposant. On se laisserait endormir. Oui, c’est vrai, il ne correspond pas vraiment à l’esprit d’un Agnus Dei. Il est trop près du ciel, trop emprunt déjà les félicités entrevues, alors que l’Agnus est une supplication, un grincement de dents devant les difficultés de la vie et la faiblesse de l’homme face au monde. On peut comprendre cette ambivalence. Le thème n’a pas été écrit directement pour un chœur dans l’esprit d’un chant liturgique. Il a d’abord été annoncé dans le second mouvement de son quatuor à cordes en si mineur, puis arrangé pour orchestre à cordes sous le nom d’Adagio for strings, sur une suggestion d’Arturo Toscanini. Ce fut un succès considérable qui ne doit cependant pas occulter le reste de l’œuvre de Samuel Barber.

 

L’interprétation pour orchestre de Rostropovitch, bien que l’enregistrement ne soit pas au top, est magnifique :

http://www.youtube.com/watch?v=iFAOamuXfUE&feature=related

 

Il ya aussi une version, sans doute un peu plus mièvre, mais également très belle, plus ensorcelante par son calme expressif et sa douce quiétude. Mais on ne sait qui la joue :

http://www.youtube.com/watch?v=GNLtvAcQMIk&feature=related

 

Cette pièce est à rapprocher du quatrième mouvement « Adagietto » de la symphonie N°5 de Gustav Mahler : même calme, même envolée, au moins pendant la première partie du mouvement.

 

 

13/03/2012

Ecoute d’une fenêtre ouverte sur un piano

 

Ecoute d’une fenêtre ouverte sur un piano…

Cristallines, les notes tombent une à une,
En cascade, ralenties, comme gelées,
Et la pesanteur les laisse s’écraser
Sur la surface lisse et froide,
Entre les rochers de la solitude.
Emportées par le tourbillon des flots,
Elles forment un renflement
Et s’évasent entre les cailloux
Qui parsèment la main gauche
De coupures subtiles.
Certains passages, entre les pierres,
Entraînent un modelé accéléré
Dans lequel les notes se noient
Dans une harmonie prudente,
Avec une retenue évidente.
Enfin... La plaine luxuriante
Où la mélodie prend de l’ampleur,
Accompagnée de nombreux accords :
Septième dominante,
Neuvième parfois,
Toujours suggérés,
Susurrés à l’oreille.
Tout s’éteint,
Se dilue,
Se perd,
Dans le grand bleu turquoise.

Alors on se laisse endormir,
L’esprit libéré de ce tout
Qui nous empoisonne
L’existence de son obsession :
Penser = vivre.
Quelle erreur !

 

12/03/2012

Le plein du vide, composition musicale de Xu Yi (1997)

 

http://www.youtube.com/watch?v=-kpIxptSdm0

 

C’est un voyage dans le continuum espace-temps d’Einstein. On y flotte, sans repère, à la dérive, dans un ensemble inconnu. Où se trouve-t-on ? Qu’entend-on ? Perte de la réalité, le noir, le vide, comme un manque d’espace, ou plutôt un trop d’espace vide, sans rien qui le limite.

 

Nous sommes partis, le tambour l’affirme.
Alarme ! Les trompettes...
Frottement du véhicule dans l’espace
Puis, plus rien. Ah, si !
Qu’est-ce ? Une ombre de sons,
Un délicat enchantement des nerfs,
Une attente exacerbée d’un accord
Qui arrive parfois, au détour d’une absence.
Montée des insectes qui piétinent
Dans le sable qui crisse sous les pas.
Quelques bulles éclatent, irisées,
A deux encablures de votre corps.
Vous restez impassible, engourdi.
Appel des bambous cognés,
Des bonbonnes résonnantes,
Des serpentins de clarinettes,
Et montée en puissance
De voix obscures et diffuses
Dans la forêt de bruits atténués
Par l’espace, l’espace, l’espace…
Le temps n’a plus de prise,
Il fuit, écrasé de sons, d’éclatements ;
Il se réfugie sous la couverture
Du crâne qui résonne intensément.
Silence ! Pénétration du vide
Dans la calotte cervicale
Comme un glaçon glissant
Entre les neurones atones.
Le temps s’allonge, s’allonge,
Prend de l’espace, loin, très loin.
Pas de final, l’arrêt du son
Est-il un signal de finition ?
Vous vous complaisez
 Dans cet univers insolite
Inimaginable, empli de pièges.
Vous vous sentez projeté
Par les explosions,
Les insinuations,
Les appels d’on ne sait où !
Et si vous vous laissez aller,
Vous sombrez dans l’absence,
Vous rétractez votre personne
Jusqu’à ne plus contenir
Qu’un vide nourrissant.
Quelle perspective !

 

 

« Xu Yi est née à Nankin, en Chine, peu avant la Révolution culturelle. À l'âge de six ans, elle doit suivre sa mère envoyée à la campagne dans une ferme de rééducation ; là, elle commence l'apprentissage du violon chinois (voir article du 16 septembre 2011 sur l’erhu). Elle entre au conservatoire de Shanghai où elle poursuit cet apprentissage, puis, à l'âge de dix-sept ans, elle intègre la classe de composition. Elle obtient une bourse d'étude pour venir en France. À son arrivée, en 1988, elle suit le cursus de Composition et informatique musicale de l'Ircam (1990-1991). Elle entre au Conservatoire national supérieur de musique (CNSM) de Paris où elle étudie avec Gérard Grisey et Ivo Malec, et obtient un premier prix de composition en 1994. Elle vit actuellement à Pékin. »(Jean-Luc Idray)

 Il semble que, chez Xu Yi, le temps soit davantage psychologique que chronologique : c'est la densité des sons-évènements qui produit la perception du temps. En fait, entre dynamisme et immobilisme, c'est une conception circulaire du temps que l'œuvre reflète. Xu Yi n'envisage pas un temps musical T qui se référencerait suivant le schéma habituel du Chronos, soit un temps linéaire allant du passé à l’avenir, tel que le conçoit l’occidental dans sa vision matérialiste et mesurable du temps. Xu Yi envisage plutôt un temps unique par nature et qui se redéfinit en permanence en puisant en lui-même son évolution. Il s’agit d'un temps circulaire en mouvement, en perpétuelle « inventivité » et non d’un temps circulaire statique. Xu-Yi redéfinit le temps par rapport au non-temps, mêlant le yin et le yang dans une recherche sonore complexe. Le temps dans sa musique s’étire, forme un équilibre qui traduit l’harmonie universelle, un juste milieu entre le son et le silence, la lumière et l’obscurité, le vide et le plein.

 

Ceux qui désirent approfondir ce style de musique pourront lire utilement le contenu du site :

http://www2.cndp.fr/secondaire/bacmusique/xuyi/musique_temps.htm

 

 

29/02/2012

L’art et le beau

 

« On prouve tout ce qu’on veut, et la vrai difficulté est de savoir ce que l’on veut prouver. » Ainsi parle Alain dans son « Avant-propos du Système des beaux-arts », écrit en 1926 et qui n’a pas perdu de pertinence. Il poursuit : « Le choix est tout fait, et inébranlable, et ce qu’on voudrait prouver, à savoir que l’œuvre est belle, est affirmé sans aucun doute par l’œuvre elle-même. »

C’est pourquoi l’art, à l’inverse des mathématiques, n’a pas de point de vue universel et les appréciations que l’on y porte, ne sont que le reflet de la pensée d’un seul, parfois partagées par un certain nombre d’autres humains.

Cependant, ne l’oublions pas, le goût pour l’art, et donc l’intérêt que l’on y porte, est également affaire d’éducation. Mais jusqu’à un certain point seulement. Apprendre à apprécier une œuvre et l’apprécier réellement est différent. Disons plutôt que l’on apprend pourquoi l’on apprécie telle œuvre plutôt que telle autre, on apprend à en goûter la vision d’ensemble et chacun des détails, mais au fond de nous, en dehors des modes et de l’influence des autres, on sent instinctivement ce qui nous plaît ou ne nous plaît pas. On baptisera chef d’œuvre ce que d’autres considèrent comme sans valeur esthétique, voire médiocre. Alors l’art serait-il simplement affaire de goût ?

Eh bien, là aussi, nous sommes sur la corde raide des sommets, avec, à droite et à gauche, la pente qui conduit à deux lieux opposés. Mais c’est bien cette fine limite, qui est le juste milieu, qui détient la vérité. Rien n’est blanc ou noir, tout est nuance et non pas gris. Et ces nuances sont la couleur de la vie et du monde.

On rejoint là un autre auteur, Maurice Nédoncelle, avec son livre « Introduction à l’esthétique », aux presses universitaires de France en 1963. Que nous dit-il ? L’esthéticien est le philosophe de l’art : il cherche à en éclairer la nature, à en décrire l’origine, les espèces, la finalité ; il essaie d’en discerner les rapports avec le beau, il analyse le mystère de la beauté même. Mais il ajoute aussitôt après : On peut se demander, il est vrai, si une telle réflexion est utile et ne se résout pas en verbiage… Nous pouvons nous familiariser avec le beau, nous ne pouvons le définir, il est aussi réel et indéfinissable qu’une personne vivante. Et c’est bien en cela que telle œuvre d’art fascine certains et pas d’autres, parce qu’elle ne correspond pas à sa façon d’appréhender la vie.

En réalité, l’œuvre d’art nous plaît parce qu’elle rencontre en nous une aspiration, une élévation de l’âme dont nous avons besoin pour vivre. Or, parce que chaque homme est unique, nous avons tous des voies différentes pour arriver à notre réalisation. L’œuvre d’art reflète plus ou moins ces voies et nous entraîne vers le haut selon que la beauté que l’on y trouve correspond à la voie qui nous permettra de nous élever. Mais alors, me direz-vous, l’œuvre d’art n’a pas de valeur universelle ? Si, elle en a bien, car cette élévation, cette aspiration se rejoint bien en un point, que certains appellent Dieu, quel que soit celui-ci, que d’autres appellent principe universel, et qui possède mille noms selon la pensée de chacun. Au-delà du Big bang, cette lumière qui éclaire le Tout, constitue notre ultime réalisation. Elle est sans nom  et l’on comprend que dans certaines religions on ne nomme pas Dieu (le judaïsme n’accorde que des attributs à YHWH), on ne représente pas Dieu (l’Islam a ainsi développé un art géométrique fascinant et impressionnant faute de pouvoir développer des images), voire même l’idée d’un dieu supérieur n’existe pas (le bouddhisme est une religion sans Dieu).

Pour revenir à notre vision de l’art, et donc à notre idée du beau, il semble que celui-ci a donc un rôle très particulier. Par l’attirance irrévocable que certaines œuvres possèdent, et qui est différente selon les personnes, l’art est une aide précieuse et un moyen sûr pour conduire à sa propre découverte, au-delà d’un moi imprégné de contexte, environnement, histoire, géographie, société et même mathématique, la science la plus universelle.

 

 

11/02/2012

Concert en l’église Saint Vincent de Paul

 

Concert dans notre église, bien sûr que l’on y va !

Un véritable orchestre, un chœur fourni, des solistes émouvants, tout cela dans une église du XIXème siècle, consacrée à Saint Vincent de Paul.

 

Saint Vincent de Paul 1.jpg

 

 

Evoquant plus une basilique qu’une église paroissiale, elle emprunte à toutes les architectures religieuses sans cependant en adopter aucune. Avec un portique grec donnant sur la place Franz Liszt, surmonté d’un fronton représentant la glorification de Saint Vincent de Paul, elle contient de part et d’autre de la nef quelques deux cent personnages exécutés par Hippolyte Flandrin et une magnifique charpente polychromée

 

Dominus regnavit et In exitu Israel, motets de Jean-Joseph Cassanéa de Mondonville (1711-1772)

http://www.musicologie.org/Biographies/mondonville.html

(Vous y trouverez des extraits de ces deux œuvres)

 

Sans connaître le psaume 92, vous êtes immédiatement pris par sa description chantée d’une tempête qui s’accorde avec les paroles :

Les fleuves ont élevé leurs flots par l’abondance

Des eaux qui retentissaient avec grand bruit,

Les soulèvements de la mer sont admirables,

Mais le Seigneur qui est dans les cieux est encore plus admirable.

 

En voici un extrait, ce n’est malheureusement pas le mouvement de la Tempête, mais je ne l’ai pas trouvé sur Internet. Il s’agit de l’entrée dans le psaume, avec le Domine regnavit, petite phrase répétée jusqu’à former une véritable pièce avec toute la magnificence du siècle des lumières. Puis le petit chœur des solistes vous élève dans un calme contrastant avec la fureur préalable. Vous reposez dans la paix toute masculine des voix d’hommes, puis dans la grâce aérienne des deux voix de femmes.

Ecoutez également des extraits du motet In exitu Israel. On se laisse vite prendre par l’harmonieux accompagnement par l’orchestre de la soliste qui forme un duo inédit et enjoué.

 

Tranfige dulcissime Jesu, motet de Marc-Antoine Charpentier (1643-1704) :

http://www.mp3ye.eu/1252226_marc-antoine-charpentier-da-ut-anima-mea-extrait-de-transfige-dulcissime-jesu-h-251-mp3-download.html

 

Ce motet, plus ancien, contient un petit chœur qui commence très classiquement en laissant les solistes masculins s’exprimer en réponses successives, puis en duo homme-femme très tendre, presque sensuel, bref, mais plein de rondeurs. C’est une lente montée vers les cieux ou vers une intériorisation avant le bouleversement émouvant de la rencontre divine.   

Elle se manifeste par un passage assez extraordinaire, avec changement de rythme fréquent d’un contrepoint serré qui se termine dans un retour au calme très harmonieux dans un enchaînement interrogatif de l’ensemble des voix jusqu’au final qui vous fond dans une béatitude bienfaisante.

 

08/02/2012

Méditation sur le temps et la musique

(suite et fin de la première partie publiée le 6 février) 

 

Tentons d’analyser l’importance du temps dans la musique. S’il est évident que la musique se construit dans le temps, comment s’y prend-elle ?

Le fondement de la musique est la mélodie, ce que vous sifflez lorsque vous êtes heureux (ou malheureux). C’est une phrase musicale, faite de successions de notes à intervalles, hauteurs et durées variables, tournant généralement autour d’une dominante et se terminant sur une finale. La mélodie utilise la diachronie, soit le temps en tant que succession d’instants, construction équilibrée avec un commencement, un développement et une fin. Cette mélodie peut ensuite constituer une pièce en étant réutilisée par imitation (rétrograde, inversée, etc.) ou encore mise en opposition avec une autre pièce constituant, par exemple, un refrain et des couplets.

Deux autres fondements furent ajoutés à la mélodie. Au Moyen-âge, fut inventée l’harmonie. Celle-ci fait appel à la synchronie, c’est-à-dire à la juxtaposition des notes en un même instant. Elle commença par l’accord de quinte ou de quarte, puis de trois sons et se densifia par des accords de quatre notes et même beaucoup plus dans les pièces d’orchestre. Des règles d’harmonie furent édifiées, évolutives elle-même dans le temps, selon l’oreille musicale de l’époque. Enfin, le contrepoint est la superposition, en synchronie et diachronie, de plusieurs mélodies.

Cependant, à ces trois fondements s’ajoute un impératif également fondamental, la manière de décliner le déroulement du temps, c’est-à-dire :

.   La mesure : C’est la dimension mathématique et intelligible.

.   Le tempo : C’est l’allure d’exécution d’une œuvre musicale. Le tempo peut varier au cours d'un même morceau. Il lui arrive parfois même d'être purement et simplement suspendu (point d'orgue, récitatif, etc.).

.   Le rythme : C’est l’ordre du temps, fait d’élan et de repos, de temps forts et de temps faibles, de tensions et de détentes. Dans le rythme, comme dans la mélodie et comme dans la conscience, continuité et discontinuité se combinent.

Mesure et rythme sont nécessaires l'un et l'autre et l'un à l'autre, mais la musique ne devient vivante que grâce au rythme. A la rigidité de la mesure métronomique s'oppose le jeu du rythme qui varie, contredit les prédictions, suscite une activité toujours neuve. Comme l’explique Gisèle Brelet (Le temps musical ; P.U.F. 1952) : "Et précisément le devoir de l'exécutant est de retrouver le rythme par delà la mesure, l'être par delà le phénomène et la réalité vivante par delà l'intelligibilité schématique. »

 

Mais si l’on regarde l’expérience concrète et personnelle de la musique, on constate qu’elle est avant tout mémoire. C’est la répétition de la mélodie, l’agencement de l’harmonie et ses variations, l’entrée en jeu d’un contrepoint varié, le rythme donné, qui fait que cette pièce nous plaît. La mémoire n’est pas seulement liée au passé. Elle s’invente dans le futur, elle anticipe ce qui n’a pas encore été joué. Grâce à la construction intelligente et organisée de la musique dans un temps psychologique tel que Saint Augustin l’a décrit, naît une autre temporalité, une conception du temps réversible, basé sur le souvenir et l'anticipation.

 

 

06/02/2012

Méditation sur le temps (et la musique), première partie

 

 

Voici ce que dit Saint Augustin sur le temps, dans ses Confessions :

 « Ce mot, quand nous le prononçons, nous en avons, à coup sûr, l’intelligence et de même quand nous l’entendons prononcer par d’autres. Qu'est-ce donc que le temps ?   Si personne ne m'interroge, je le sais ; si je veux répondre à cette demande, je l'ignore. »

On ne peut décrire le temps que par analogie, en particulier avec le mouvement, donc l’espace. D’après Aristote, le temps est le nombre du mouvement selon l’antérieur et le postérieur. A contrario, le temps semble ne plus faire sens quand l’idée de mouvement disparaît, car le temps suppose la variation. Ainsi, la perception du temps est liée à la mémoire. Saint Augustin dit que le temps n’est que dans la mesure où il est présent. Le présent du passé, c’est la mémoire ; le présent de l’avenir, c’est l’attente (ou l’action en vue de…) ; le présent du présent, c’est la perception.

Lisons ce très beau passage de Milan Kundera dans La plaisanterie (1967, début du chap.6) lorsque le héros du livre est rejeté du parti communiste et envoyé en dépersonnalisation : « … brisé, en un mot, tout le cours, chargé de sens, de la vie. Il ne me restait plus que le temps. Celui-ci, en revanche, j’appris à le connaître intimement comme jamais auparavant. Ce n’était plus ce temps qui naguère m’était familier, métamorphosé en travail, en amour, en toutes sortes d’efforts possibles, un temps que j’acceptais distraitement, car il était lui-même discret, s’effaçant avec délicatesse derrière mes activités. Maintenant il venait à moi dévêtu, tel quel, sous son apparence originelle et vraie, et il me forçait à le désigner de son véritable nom (puisque à présent je vivais le temps pur, un temps purement vide), pour que je n’oublie pas un seul instant, pour que je pense perpétuellement à lui, pour que j’éprouve sans cesse son poids.

Lorsqu’une musique se fait entendre, nous enregistrons la mélodie, oubliant  que ce n’est là qu’un des modes du temps; l’orchestre se tait-il, nous entendons le temps; le temps en lui-même. »

 

Cette dernière remarque est intéressante. Le temps est en effet au musicien ce que l’espace est au peintre. Stravinsky ne disait-il pas : « La musique est un art du temps. Elle naît d’une organisation du temps. » Michel Cornu, philosophe explique : « Loin donc de partir d'une théorie du temps et d'essayer d'y faire entrer la musique, il faut partir de la musique, car c'est elle qui a le plus de chance de nous faire comprendre ce qu'est le temps. »

Et Stravinsky d’ajouter (Chronique de ma vie) : « La musique est le seul domaine où l'homme réalise son présent. Par l'imperfection de sa nature, l'homme est voué à subir l'écoulement du temps - de ses catégories de passé et d'avenir- sans jamais pouvoir rendre réelle donc stable, celle de présent... Le phénomène de la musique nous est donné à la seule fin d'instituer un ordre dans les choses, y compris et surtout un ordre entre l'homme et le temps. Pour être réalisé, il exige donc nécessairement et uniquement une construction. La construction faite, l'ordre atteint, tout est dit... »

 

27/01/2012

Les chemins de l’amour, de Francis Poulenc

 

Le poème Léocadia, de Jean Anouilh, a été mis en musique par Francis Poulenc. 

 

Ecoutons-le d’abord chanté par Jessye Norman :

http://www.youtube.com/watch?v=ueD33sF3be8&feature=endscreen&NR=1

 

Les chemins qui vont a la mer
Ont garde de notre passage
Des fleurs effeuillées et l'écho sous leurs arbres
de nos deux rires clairs
Hélas, des jours de bonheur
Radieuses joies envolées
Je vais sans retrouver traces dans mon cœur

Chemins de mon amour
Je vous cherche toujours
Chemins perdus, vous n'êtes plus
Et vos échos sont sourds
Chemins du désespoir
Chemins du souvenir
Chemins du premier jour
Divins chemins d'amour

Si je dois l'oublier un jour
La vie effaçant toute chose
Je veux dans mon cœur qu'un souvenir repose
plus fort que notre amour
Le souvenir du chemin
Ou tremblante et toute éperdue
Un jour j'ai senti sur moi bruler tes mains

Chemins de mon amour
Je vous cherche toujours
Chemins perdus, vous n'êtes plus
Et vos échos sont sourds
Chemins du désespoir
Chemins du souvenir
Chemins du premier jour
Divins chemins d'amour

 

Oui, c’est vrai, c’est un style un peu usé, voire pompier, mais c’est tellement bien chanté que progressivement on se laisse ensorceler.

 

Et maintenant écoutons l’improvisation de Jacky Terrasson.

http://www.youtube.com/watch?v=FYbfRZnY0mg

 

C'est une véritable ballade, voire une méditation. Elle débute sur un rythme lent joué sur une note, au pouce de la main droite avec des accords qui vont permettre d’entrer dans la mélodie de Poulenc. Celle-ci s’infiltre dans cette méditation, doucement, tendrement. On entrevoit la valse lente prudemment introduite, qui se dilue dans des rythmes de jazz, mais est bien présente, en style syncopé. Retour au rythme initial, à la ballade, au rêve. Vous repartez dans un autre monde, bousculé par les changements de cadence, mais gardant toujours en arrière plan la mélodie.

Quelle improvisation ! On pourrait presque dire quelle modernisation de la mélodie. Elle reste à arrière plan, mais elle est entourée d’un nouveau charme, actualisée par ce style cher à Jacky Terrasson.

 

 

23/01/2012

Un récital pas comme les autres.

 

Les Marx Brothers : piano récital 2

http://www.dailymotion.com/video/xlvpb_marx-brothers-piano-recital-2_fun

 

Quelques minutes extraordinaires de personnes hors du commun.

En fait, les Marx étaient cinq frères et leur mère, Minnie Marx, « issue du monde du spectacle, prend très tôt en main l'éducation artistique de ses enfants, encouragés, très jeunes, à développer divers talents : le théâtre, la musique, la danse, et tout particulièrement le chant. Chico devient un excellent pianiste, tandis que Harpo se consacre à l'instrument qui lui donnera son nom de scène : la harpe. Groucho s'exerce à la guitare, mais il commence par être chanteur soliste, domaine dans lequel ses compétences lui valent d'être le premier de la famille à monter sur les planches. Gummo et Zeppo, quand ils accompagnent leurs frères, sont également de bons chanteurs. Les talents musicaux des frères Marx seront un atout très exploité dans leurs futurs films. » (From Wikipédia)

 

Admirons ces artistes qui savent faire rire en utilisant des talents qui, normalement, ne prêtent pas à s’esclaffer. Certes ce n’est pas de la musique de hautes qualité, mais ce n’est pas le but : il s’agit de rire. Mais faire rire ainsi suppose de grands talents, même en musique.

 

 

13/01/2012

Exposition Polyphonies des œuvres de Paul Klee à la Cité de la musique

 

Attente, comme une phase impérative avant d’entrer dans le sanctuaire. La route est longue, ou plutôt, l’attente est longue alors que le trajet de la queue ne s’étend que sur quelques dizaines de mètres. C’est sans doute un prélude de réflexion à ce que nous allons voir : le mariage de la peinture qui utilise l’espace et de la musique qui se sert du temps. L’exposition n’est pas consacrée à l’ensemble de l’œuvre de Klee, mais à tout ce qui chez Klee touche à la musique. Il était musicien, violoniste d’orchestre et même critique musical. Il connaît très bien la musique de chambre, il est passionné par l’opéra, et joue les grands compositeurs classiques : Bach, Mozart, Beethoven, mais aussi Schumann, Wagner, Debussy, Dvorak, etc. Cependant, il choisit l’art pictural, le dessin et la peinture.monumentklee red.png

L’exposition distingue 6 périodes, en fait 5 si l’on retire sa jeunesse indécise de la voie à suivre. J’avoue ne pas aimer follement la peinture et les dessins de Klee. Ceux-ci sont enfantins, d’un tracé incertain, comme hésitants. Sa recherche de simplification des formes manque de rigueur. Quant à la peinture, on a souvent l’impression qu’elle consiste à mettre de la couleur sur le dessin. Malgré l’utilisation de couleurs gaies comme le rouge, le jaune, ces tableaux s’accompagnent souvent de brun, de bleu ou encore d’autres couleurs vives, mais un peu délavées. Certains tableaux sont cependant lumineux et joyeux tel « Monument in the Fertile country » de 1929, ci-contre.

Ce qui est par contre très intéressant chez cet artiste est le parallèle qu’il s’efforce d’établir entre deux arts qui semblent assez opposés : la peinture et la musique. Klee est un chercheur. Il cherche des assemblages de formes et de couleurs qui permettent d’établir des similitudes difficiles entre le son et la couleur. Il invente des modèles de compréhension rapprochant les deux arts. C’est ainsi qu’il s’attaque à un projet de construction polyphonique de la couleur, puis il se penche sur l’abstraction dans un processus partant de la nature, pour la transformer en champ de signes, comme une partition. Il conçoit le projet d’un monument à la mémoire de Bach à partir des quatre premières mesures de la fugue en sib mineur du Clavecin bien tempéré, les formes du monument étant réglées sur la hauteur des notes indiquées sur la partition.

A partir de 1930 il entreprend d’autres recherches de langage polyphonique sur le rythme, la mesure, les modes musicaux. Mais c’est une construction qui reste très libre d’inspiration. Il s’agit pour lui, de « transposer dans la peinture les notions propres au langage musical : la polyphonie par le travail de la transparence, notamment à l’aquarelle, l’harmonie par les effets conjugués de couleurs mates posées en grilles souples et aérées, le rythme par la scansion régulière de la surface picturale. » Un bon exemple de ces recherches est le tableau fait à l’huile et intitulé « en rythme », peint en 1930.

Paul_KLEE_En_rythme_1930.jpg


Sur un fond brun, assez habituel chez lui, il a établi une grille (très approximative, pour laisser la liberté) et peint au couteau une alternance de quadrilatères noirs, blancs et gris. Seul le noir est vraiment noir. Le blanc et le gris laissent encore entrevoir le fond marron sur certaines parties. Enfin, il a alterné l’étalement de la peinture en horizontal et en vertical. L’objet du tableau est de mettre en évidence l’importance du rythme grâce à une représentation picturale tant par le choix de la forme que par celui de la couleur. Par ce tableau, Paul Klee rejoint complètement la peinture abstraite, voire cinétique grâce au rythme imprimé par la succession de noir, blanc, gris, que l’on imagine défilant comme une bande de cinéma.

 
Dans l’ensemble de son œuvre, Klee devance les surréalistes par son abandon à l’irrationnel, sa liberté rêveuse, ses visions. Enfin, ne l’oublions pas, il aime la facétie, le portrait comique, la représentation simplifiée, voire la caricature d’une idée, d’un concept. Il n’y a pas un personnage Paul Klee, mais une multitude de personnages qui se côtoient sans difficulté tous les jours pour le plus grand bonheur de ceux qui l’écoutaient jouer du violon ou qui regardent ses tableaux.

 

07/01/2012

Modes majeur et mineur

 

Quelqu’un, bien intentionné, m’a l’autre jour demandé d’expliquer ce qu'étaient, pour la musique classique, les modes mineur et majeur, au-delà de l’explication simpliste (à caractère triste ou joyeux), sans entrer dans des explications de physique acoustique que l’interlocuteur, lassé d'une laborieuse explication technique, abrégerait par un désintérêt progressif.

Question apparemment simple. Mais dès l’instant où vous commencez à y réfléchir, vous éprouvez une réelle difficulté à trouver une explication juste. Comment les définir ?

L’idée m’est venue de remonter avant l’élaboration de la musique classique, c’est-à-dire la période précédant la Renaissance. Le début d’une musique polyphonique, c’est-à-dire à plusieurs voix, est la construction d’un contre-chant, en introduisant une deuxième voix, parallèle à la première. C’est ce qu’on appelait, au Moyen Âge, organum (du grec organom : orgue), voix d’accompagnement. Le cantus pouvait être accompagné par la voix organale en quintes inférieures parallèles ou en quarte parallèles en introduisant des intervalles plus petits pour éviter la dissonance de triton (intervalle de quarte augmentée ou de quinte diminuée).

Lorsque l’on inventa une troisième voix, on commença à utiliser l’accord de tierce pour compléter la deuxième voix chantée le plus souvent en quinte, avec deux possibilités naturelles, selon le mode dans lequel on se trouvait : mode de Do, à la tierce majeure (Mi), ou mode de La à la tierce mineure (diminuée d’un demi-ton par rapport à la tierce majeure, soit, en mode de Do un mi bémol).

Entrent alors les notions de dissonance et de consonance. Qu’est-ce qu’une consonance ? Elle marque, derrière la tension d’une dissonance, l’aboutissement d’une détente. L’esprit se sent reposé par la consonance qui succède à une ou plusieurs dissonances. Les musicologues distinguent la consonance parfaite (octave et quinte), la consonance mixte (quarte) et la consonance imparfaite sixte et tierce, pouvant toutes les deux être majeure ou mineure. Ceci est vrai pour les accords de deux notes, mais qu’en est-il pour les accords de trois notes ?

Si vous écoutez vous-même, en dehors de toute théorie musicale, vous ne percevez pas de la même manière l’accord basique de trois notes (Do, Mi, Sol) si le Mi est majeur ou mineur (Mi bémol). Dans les deux cas, la consonance parfaite (Do, Sol) est complétée par une tierce apportant une consonance imparfaite d’après la théorie. En réalité, à l’écoute, la tierce majeure apporte une consonance quasi parfaite alors que la tierce mineure laisse entendre une consonance plus imparfaite.

Ainsi, malgré tout, la question de l’intervalle joue, puisque dans un cas il est deux tons entiers (majeur) alors que dans l’autre, il est d’un ton et un demi-ton. Mais, à mon avis, ce n’est pas cela qui fait la différence. La différence est dans l’écoute et non dans la théorie quasi mathématique des intervalles. Dans les deux cas, ces deux accords, majeur ou mineur, apportent une plénitude, c’est-à-dire un contentement de l’être qui se sent bien en lui-même, après l’audition d’accords imparfaits ou dissonants. C’est un relâchement de l’attention qui détend l’oreille et donc le corps et ne demande qu’à être prolongé. Mais la qualité de ce relâchement est différente selon qu’elle se joue en majeur ou en mineur.

L’accord majeur vous élève vers le haut, vous appelant à la joie et la liberté, à une légèreté qui transcende. Il vous permet de vous échapper de votre condition physique par la perception d’un grand frisson, celui de l’esprit. L’accord mineur, inversement, vous fait descendre dans votre origine physique et vous amène à un retour aux fondamentaux, la terre, la mère, la naissance, le nombril. Il vous conduit à une perception de l’immanence du divin alors que le majeur vous conduit à une perception de sa transcendance. Le majeur est masculin dans sa tension élévatrice. Le mineur est féminin dans son accueil protecteur. Les deux modes sont donc indispensables à l’Humain, ils sont, tous les deux, finitude, mais d’une manière différente.

En reprenant certaines traditions, on peut penser que les modes majeur et mineur sont à l’image du Yang et du Ying, les deux aspects de tout ce qui est manifesté. Ils s’opposent et se complètent dans une danse perpétuelle. Le Yang tend à être plus dynamique, séparateur, actif et masculin. Le Ying tend à être plus stable, structurant, passif et féminin. On pourrait également dire que le majeur est la vision verticale de l’univers, symbolisée par l’arbre qui dresse ses bras vers le ciel, ou la montagne que l’homme doit escalader pour s’accomplir. Inversement, le mineur est sa vision horizontale, symbolisée par l’eau à la surface d’un lac ou la terre, retournée par la charrue.

L’accomplissement humain participe des deux perceptions. Selon votre état d’être dans la durée (votre sexe et votre caractère) ou du moment (le contexte), vous choisirez l’écoute d’une pièce en tonalité majeure ou mineure, parce qu’elle vous convient le mieux à cet instant. Il faudra, dans tous les cas, assimiler les deux. La musique facilite cet accomplissement en favorisant la perception de l’immanence et de la transcendance.

C’est en cela que la musique classique est une école du juste milieu. Elle ne choisit pas, elle n'impose pas. Elle donne à ressentir, penser, vivre, sans contrainte entre l’un ou l’autre mode d'accomplissement. Il appartient à l'auditeur d'accorder son choix à son état d'être. Mais attention, se laisser envahir par un seul mode ne peut conduire à la réalisation personnelle. Seule l'expérience de la plénitude des deux modes, majeur et mineur, conduit à cette réalisation.

 

 Ecoutez, en sol mineur, l'adagio d'Albinoni :

http://www.youtube.com/watch?v=1AHRDRp_4zY 

 Ecoutez, toujours en sol, mais majeur, de Johann Bernhard BACH, des extraits d'une Suite :

http://www.youtube.com/watch?v=X65eGKylnvM 

 

 

30/12/2011

La diphonie, voix de l’outre terre

 

La diphonie est l’émission simultanée de deux sons différents. Le chant diphonique émet un son fondamental, de hauteur constante, et un son harmonique que le chanteur fait varier.

 http://www.youtube.com/watch?v=qNFSB4PnVPI&feature=related

 

Voix extra-terrestre semble-t-il qui vous projette dans l’univers sans rapportmusique, chanson, chant avec les sons habituels produits par la voix. Est-ce du chant, est-ce une technique, est-ce un concours de souffle, est-ce une farce ? C’est beau, mais d’une beauté incompréhensible. C’est harmonieux, mais l’harmonie reste factice ; C’est mystérieux comme une grotte mi-marine, mi-terrestre dans laquelle les flots créent des sons inhabituels. Est-ce de la musique, sont-ce des bruits ? Tout dépend de l’art du chanteur et de son souffle, car il en faut.

 

 

http://www.youtube.com/watch?v=8Y4SCDzNwUY&feature=endscreen&NR=1

Un exemple d’utilisation du chant diphonique dans la musique mongole. C’est une véritable symphonie, certes lassante, mais tellement inusité à nos oreilles qu’on peut l’écouter sans se lasser. Bien qu’étant au centre Pompidou, on est projeté à mille lieues de Paris, de la société occidentale et de la musique savante. Retour à la nature, au corps, à ses résonnances naturelles.

 

http://www.youtube.com/watch?v=0M3YFK3sJ54&feature=related

 

La diphonie se mêle au chant normal pour évoquer toute l’horizontalité de la terre mongole et toute la verticalité de leur vision de la vie. Rencontre opportune entre la vie quotidienne, difficile, et une aspiration magique vers d’autres vies, plus secrètes, cachées dans les replis du chant comme dans une couverture aux plis immenses.

 

http://www.youtube.com/watch?v=NNVrmW0VL2I&feature=related

Sans explication technique, voici les différentes manières de produire la diphonie. Passionnante leçon de choses qui montre la diversité de l’homme et son ingéniosité.

 

 

Vous pouvez aussi écouter des démonstrations intéressantes de chant diphonique qui met en évidence les différents styles d’obtention de la diphonie.

http://www.alashensemble.com/French/demos.htm

 

 

Si vous êtes intéressés par cette technique vocale, lisez l’article très bien documenté de Wikipedia sur le chant diphonique :

http://dictionnaire.sensagent.com/chant+diphonique/fr-fr/

 

 

22/12/2011

Le concert vu par un choriste qui n’a rien compris à la musique

 

Ce ne sont que des impressions, sans plus, qui ne rendent nullement compte de l'atmosphère réelle du véritable concert. La musique vue par un non initié qui s’intéresse aux réactions plutôt qu’à l’effet musical.

 

Instants précédents, dans l’église

Lorsque les spectateurs toussotent benoîtement

Lorsque les choristes deviennent ordonnés

Lorsque le chef de chœur sent un nœud

Au plus profond de son ventre

Avant de dire : A Dieu va !

 

Entrée, à pas menus, celui des femmes

Montée sur l’estrade, face au public

Regard des choristes sur celui-ci, curieux

Puis report de l’attention sur l’initiatrice

Qui dresse ses mains comme une déesse

Un battement et l’orchestre commence à jouer

Ensemble, les violons chatoyants,

La clarinette sourde, la flute aigrelette

D’où sort un air réglé, sonore et vaillant

Rythmé par les battements du chef

Amoureusement, avec souplesse

Elle imprime sa volonté aux instrumentistes

Réservant sa verve gestuelle

Aux choristes qui pour l’instant écoutent

 

Enfin, voilà leur tour, ils s’agitent, pas trop

Placent leur partition en face de leur regard

Respirent en mesure, grandement

Et entrouvrent leur bouche, rondement

Pour sortir un accord devenu parfait

A force de répétitions et d’encouragements

Dans le sens voulu par le compositeur

Peu à peu, le chant s’harmonise et se fond

Module avec une précision mathématique

Les notes entremêlées, individuelles

Jusqu’à former une conjonction de mélodies

Que l’oreille avertie peut distinguer

Et qu’entendent ceux d’en face

Assis sur leurs chaises branlantes

Bougeant en périodes indéterminées

Pris d’une soudaine envie de tousser

Mettant discrètement la main

Devant une bouche ouverte et silencieuse

Quel spectacle ! Les spectateurs observés

Par les chanteurs qui s’attendent

A une manifestation chantée de leur part

Mais rien ne vient, rien qu’un discret grondement

De celui qui ne peut se retenir

Mais qui cherche à le camoufler

Par un mouvement de sa chaise

 

Et pendant ce temps la pièce musicale

Egraine sa mélodie, avec toutes ses embûches

La voix collée au palais, ils chantent

Encouragés par l’attention soignée

Du maître de musique tout en rondeur

Et sourire affectueux et prudent

Reprise des instruments, au fil du temps

Organisant  l’espace musical

Découpant la musique en pièces

Piécettes et comptes d’apothicaire

Silence, soupirs, reprise

Rien n’est épargné à l’auditeur

Qui se délecte sur sa chaise

Se gratte l’oreille, croise ses jambes

Fait mille bruits incongrus, en murmure

Inaudible à l’inhabitué des concerts

 

Et voilà, déjà les dernières mesures

Un geste apaisant, menu

Avant celui définitif d’une fin annoncée

Fermées les bouches des choristes

Sans souffle ni toucher pour les instruments

Un instant de suspension

Un air plus léger, résonnant encore

Des derniers accords jusqu’au fond

De l’église avant de revenir atténués

Vers les exécutants. Encore un instant

De silence encouragé par le chef

Qui lentement abaisse ses bras,

Relâche ses épaules, incline la tête

Avant que les applaudissements

Ne lui laissent un sourire au coin des lèvres

L’esprit tranquille, elle respire

L’air des fleurs du travail bien fait

Quel beau concert, merci à tous

Semble-t-elle dire en regardant

Sa petite ménagerie chantante

 

Mais où est donc passé le compositeur

D’une aussi divine musique

Et le chant a-t-il élevé les sopranes

Enrobé les alti, approfondi les basses

Ennuagé les ténors ?

Oui, sans doute, mais seuls

Les auditeurs peuvent le dire

Il leur reste au creux de l’oreille

Des souvenirs et des caresses

Et l’âme encore endolorie

D’une nostalgie incontestable

Troublante et difficilement exprimable

 

 

20/12/2011

Oublivione, avec Richard Galliano à l’accordéon

 

 

http://www.youtube.com/watch?v=yAsmVnwiKu4&feature=related

 

 

Quai des brumes, le troisième homme, une musique venant des ports lointains d’un autre continent, une nostalgie amplifiée par l’accordéon accompagné par les cordes. Quelle belle entrée en matière pour pénétrer dans une rêverie profonde. 

Certes, tout ceci fait un peu vieille garde 1930 ou 1950. Cela rappelle les femmes accordéonistes aux cheveux bouclés, portant sur le ventre leur instrument comme un bébé, le dorlotant dans leurs bras, le brassant comme on masse un malade, lui tirant des miaulements qui font monter les larmes aux yeux.

Mais cela vous fait partir dans les plaines du rêve, au bord d’une eau qui laisse trainer quelques filaments de brume, sur un chemin de pierre qui semble sans fin, jusqu’au tournant dans le noir de la nuit qui, en un instant, découvre un autre monde, le creux des pavés d’une ville où résonnent les pas d’un promeneur nocturne qui marche sans but, sans ligne de pensée. Il marche et se voit, jeune, attendrissant d’innocence, observant les femmes danser entre elles, des femmes alanguies, esseulées, ne se regardant pas, l’œil triste, mais vif, perdues dans leur nostalgie, mais laquelle ? L’une d’elle le dévisage, lui sourit, le regard éclairé, son corps devenu plus souple, plus félin, malgré les bras de sa compagne qui reste raide et froid. Elle le suit des yeux, lentement au fur et à mesure de sa marche lente, elle compte ses pas et se dit : « je vais le perdre. Comment attirer son attention ? »

Alors, d’un mouvement improvisé, elle lance son bras en l’air, la main recourbée, élastique, aux doigts enchanteurs qui dessinent des volutes que l’on suit des yeux grâce aux traces de fumée qu’ils laissent dans l’air froid, le coude plié, légèrement. Et l’on voit le creux de l’avant-bras, juste après le coude, dont la chair est fascinante de douceur, refléter son désir de vivre, malgré cette danse dans les bras d’une autre femme, moins favorisée par la nature. Et elles tournent, tournent, avec lenteur comme des poupées, le regard fixe, perdues dans leurs pensées ou plutôt leurs souvenirs d’une vie rêvée.

Et vous avez déjà dépassée ce souvenir, comme une image de télévision, éphémère, accompagnée d’une musique d’accordéon, aux notes pâles, aux sons cependant fermes, à la mélodie rengaine d’années passées, aux couleurs de fraises enrobées de noisettes. Vous continuez votre route de la vie, ragaillardi malgré tout, le cœur embaumé de guimauve, salivant quelques morceaux de chocolat au lait jusqu’à ne plus rien avoir dans la bouche. La musique s’est tue, vous poursuivez et entrez dans votre nouvelle vie, le cœur ouvert, prêt aux aventures à venir.

 

 

17/12/2011

Japonaiserie

 

Mettre d'abord la musique : http://www.youtube.com/watch?v=r6ALjvjmjHg 

Puis, regarder la gravure :

musique,gravure,peinture,japon

 

Recherche du style des estampes japonaises, à la fois par le procédé qui n'est qu'une gravure, mais surtout par le style.

musique,gravure,peinture,japon

 

C'est plus une impression, aérienne, diluée dans la nature, comme un symbole de la matière, mettant en évidence son évanescence et sa pesanteur.

Esprit Zen, recherche d'une unité interne de l'être où la profusion est éphémère et le trait brut devient épanouissement.

 Méditation : écoute du silence intérieur. Visualiser le trait jusqu'à ne plus penser !

 Ecouter encore :

http://www.youtube.com/watch?v=-5GtFXBPIRg&feature=re...

 

 

12/12/2011

Messe de Minuit de Marc-Antoine Charpentier (suite)

 

http://www.youtube.com/watch?v=UkuxKTJ0tvE&feature=related

Je reviens sur la messe de Charpentier. Je ne vous ai en effet que parlé du Kyrie, première pièce chantée de l’ensemble qui comprend non seulement des morceaux chantés par des solistes et le chœur, mais également des parties d’orchestre. C’est donc une composition musicale complexe à laquelle s’est livré Charpentier. Mais son originalité ne tient pas seulement à cela. Il reprit une pratique ancienne qui consiste à utiliser des œuvres existantes pour l’adapter  aux textes de l’ordinaire de la messe. Empruntant à plusieurs airs populaires de Noël, il fabriqua un véritable patchwork musical en respectant la verdeur et l’allégresse de ces mélodies qui étaient autant des danses que des pièces chantées.

http://www.youtube.com/watch?v=hQYoBysjCnQ&feature=related : Noël pour les instruments.

C’est ainsi que le Kyrie est construit sur les airs de « Joseph est bien marié », « Or nous dites Marie » et « Une jeune pucelle ». Mariage entre l’imagination musicale populaire, une musique plus savante et élaborée et la musique sacrée, cette composition est une œuvre entière, structurée, qui constitue un véritable répertoire des formes musicales du XVIIème siècle.

 

Ce style de musique laissait de nombreux choix dans la manière d’interpréter la composition en dehors des parties chantées. Les Noëls peuvent être adaptés soit à un véritable orchestre, soit à un petit groupe de musiciens, ou encore, à l’orgue seul sur lequel l’organiste peut ajouter des variantes. Le tout laisse une impression curieuse. Ce n’est pas vraiment une messe de part le style de musique employé, ce n’est pas non plus une œuvre profane. C’est une pièce pleine de vie, de profusion de couleurs musicales, qui donne envie de danser ou au moins de se réjouir de la venue du Sauveur à la manière des gens du Moyen-âge, de manière simple, directe, bon enfant, alternant les airs de danse, la méditation de certaines paroles, la puissance du chœur, pour proclamer l’heure importante que vivent les fidèles en ce jour de Noël.

 

Vous êtes à nouveau conviés à venir écouter cette messe qui sera précédée de quelques chants de Noël traditionnels aussi enjoués :

      .   Die heilige Nacht (douce nuit),

.   Dans une étable il est couché (choral de Bach),

.   A pleine voix chantons pour Dieu, mélodie du psautier de Genève, d’après  une harmonisation de Goudimel,

.   Dans une étable obscure, de Praetorius,

.   Quand Dieu se fut résolu, sur l’air de « Joseph est bien marié ».

Ensuite, place à la magnificence de Charpentier.

 

affiche concert.jpg

 

27/11/2011

Messe de Minuit de Marc Antoine Charpentier

affiche concert.jpg

Quelle idée d’avoir conçu un Kyrie comme une danse. Chanter « Seigneur, prends pitié » sur un air qui se danse !

Certains chefs d’orchestre ou de chœur sont bien conscients de cette manipulation de la part de Charpentier. Aussi donnent-t-ils à leur interprétation une forme solennelle comme cette interprétation d’un concert, donné le 5 décembre 2010, par le choeur et l’orchestre de la cathédrale Saint-Louis de Versailles sous la direction de l'abbé Amaury Sartorius (Jean-Pierre Millioud, grand-orgue ; Jean-Philippe Mesnier, orgue de chœur).

http://www.youtube.com/watch?NR=1&v=GmX6HMT9PcE

Je ne pense pas que ce style soit dans l’esprit de la composition de Charpentier. Cette messe rassemble des airs populaires de Noël que les fidèles avaient l’habitude de chanter. Le Kyrie se chante effectivement sur l’air de « Joseph est bien marié… », sorte de danse joyeuse qui n’a pas grand-chose à voir avec la supplication d’une assemblée qui se tourne vers le Père et le Fils pour lui demander sa pitié.

http://www.youtube.com/watch?v=MsOc7WSDCr0

Cette interprétation des chœurs des Musiciens du Louvre semble plus proche de cette vision. Elle est plus rapide, plus légère, et conserve cependant une certaine gravité. Mais peut-on dire que l’on retrouve l’esprit du Kyrie de la liturgie ? Probablement pas. Le kyrie est une purification du fidèle qui dit à son Dieu ses insuffisances pour que, lui accordant sa pitié, Celui-ci l’aide à vivre pleinement le sacrifice, lui permette de chanter d’une voix pure le Gloria, puis lui accorde l'entrée dans le mystère de la messe.

L’ambiguïté tient à la composition de Charpentier lui-même. C’est un chef d’œuvre musical, étrangement beau en raison de cette ambiguïté même, mais ce n’est sans doute pas ce qui permet au fidèle d’entrer en lui-même et de s’ouvrir au mystère. Quand on y réfléchit, il semble que cette période de l’histoire de la France soit assez proche de celle que nous vivons, l’effet compte plus que la profondeur et la véracité de la pensée. C’est beau, mais cela ne lave pas !

 

Quoi qu’il en soit et parce que, malgré ces réflexions, cette messe reste un chef d’œuvre, nous nous préparons depuis le mois de septembre et vous êtes convié à venir écouter cette Messe de Minuit de Charpentier, le mercredi 14 décembre à 20h45 en l’église Saint Germain l’Auxerrois, 2 place du Louvre, à Paris.

 Après le concert vous êtes convié à un pot qui vous permettra de rencontrer musiciens, chanteurs et chef de chœur. Si vous décidez de venir, envoyez-moi un mail (galavent@free.fr) pour que nous puissions avoir une idée de ce qu’il faut prévoir.

 

 

 

16/11/2011

J'ai mis ma confiance

 

Composé pour une chorale provinciale, ce gospel est simple et inspiré des chants protestants du début du XXème siècle. La figure emblématique de ces Gospel Songs est Charles Albert TINDLEY . Ses œuvres sont nombreuses et laissent place à d’importantes improvisations. Ce pasteur noir méthodiste publie en 1916 son recueil, intitulé New Songs Of Paradise. Puis, dans les années 1930, collecte les différents gospels, les transcrit et constitue ainsi une véritable mémoire du chant afro-américain.

Ces chants sont inspirés de la Bible, avec des phrases courtes, infiniment répétées. La musique est également facile à chanter a capella. Le rythme est le plus important. Elle utilise les accords de septième qui permettent des transitions de tons.

Mais malgré ces efforts, ce style de musique n’est bien chanté que par les noirs qui ont le rythme dans la peau et surtout qui savent improviser à partir d’une musique de base qui guide le soliste.

J'ai mis ma confiance en toi, Seigneur.jpg

12/11/2011

Le tango des petites lunes (2mn15)

 

http://www.youtube.com/watch?v=3_ZEHPO9UX0&feature=related

 

Qu’elle est bizarre cette association de la musique et de l’art du jongleur. On admire d'abord la jongleuse, l’agilité de ses mains, les effets qu’elle produit avec ses bras, les trajectoires de ses balles, insolites, produisant des étincelles et des figures géométriques, jusqu’à l’arrivée de Richard Galiano qui provoque la surprise.

C’est alors un récital à deux, pour l’un de notes aigües, rythmées, dansantes et entraînantes, pour l’autre d’une balle qui semble attachée par un élastique au bras ou à la main de l’artiste. Un véritable duo, expressif, fait de sons et de gestes, une berceuse insolite qui fait rêver.

Et tout ceci se termine en farce populaire : le jongleur devient autruche en une seconde, même si on l’a vu préparer cette transformation ; le musicien devient le joueur de flûte qui entraîne les rats vers la rivière Weser dans un premier temps, puis les enfants d’Hamelin dans un deuxième temps.

Quel conte naïf, inventif et drôle : un musicien, un jongleur et trois personnages de la vie quotidienne, sortis tout droit d’un théâtre de marionnettes et délivrant une musique d’ambiance. Cela n’a pas de prétention et nous fait retrouver une âme d’enfant.

 

 

 

31/10/2011

Yaron Herman Trio "Hatikva" @ Casino Barrière (Toulouse)

 

Cliquez et laissez-vous aller :

 

http://www.youtube.com/watch?v=FjkL9vbAKy8&feature=related

 

 Yaron Herman est né le 12 juillet 1981 à Tel-Aviv. Il se destinait à une brillante carrière de basketteur dans l'équipe nationale junior d'Israel, mais une blessure sérieuse au genou l'en empêche. Il commence alors le piano, à l’âge de 16 ans, avec pour professeur le célèbre Opher Brayer, connu pour sa méthode d’enseignement basée sur la philosophie, les mathématiques, la psychologie. Très rapidement, Yaron donne ses premiers concerts dans les plus prestigieuses salles en Israël.

A 19 ans, Yaron part à Boston, mais n’y trouve pas la matière et l’inspiration. Il décide de rentrer à Tel-Aviv et fait une brève halte à Paris lors de son voyage retour. Il rencontre, le soir même, quelques musiciens lors d’une Jam-session, et se retrouve immédiatement engagé le lendemain. Il ne quittera plus Paris dès lors.

(Website de Yaron Herman)

La pièce commence comme une sonate classique, calmement, une forme mozartienne, avec l’énoncé d’une mélodie très simple, presque simpliste. Puis commence une sorte d’accompagnement à la main droite de trois notes qui ne donne pas lieu immédiatement à un développement du thème, mais à des accords de basse avant de laisser la contrebasse exprimer son accompagnement de manière plus ronde, ensorceleuse, mais très discrète. Enfin, le piano et la contrebasse sont rythmés par la batterie, apportant un souffle imperceptible en complément.

Ce thème se transforme en rengaine, quasi populaire, de style roman photo, reprenant toujours la même petite phrase comme un bonbon que l’on suce sans s’en apercevoir. Arrive alors le moment jazz comme une improvisation insolite qui ne dure qu’un temps, au tournant du thème. Le morceau reprend encore plus nostalgique, avec quelques clins d’œil, comme ce relent de musique chinoise au détour de la mélodie.

C’est toujours la même lenteur guillerette et désarmante, comme un fleuve qui coule lentement, entre des rives lointaines et brumeuses. Il arrive en mer, s’y repend en gouttes cristallines et meurt doucement dans ses flots, dans l’indifférence générale.

Un bon moment de détente, sans prétention, qui lave la conscience des impressions du jour avant de sombrer dans un sommeil réparateur.

 

 

28/10/2011

Prière de Monsieur Olier

 

Jean-Jacques Olier (1608-1657) était prêtre du diocèse de Paris. D’abord mondain, il subit une grave crise spirituelle à partir de 1639 et finit par s’abandonner complètement à l’Esprit Saint qui le délivre de cette épreuve. En 1641, il établit une communauté de prière, d’étude, de lecture de la bible et d’adoration eucharistique, puis crée le premier séminaire à Vaugirard. Il se consacre en parallèle à la confession et la direction spirituelle.

Il a écrit de nombreux textes spirituels dont cette prière :

O Jésus, vivant en Marie,

venez et vivez en vos serviteurs,

dans votre Esprit de sainteté,

dans la plénitude de votre force,

dans la perfection de vos voies,

dans la vérité de vos vertus,

dans la communion de vos mystères ;

dominez sur toute puissance ennemie,

dans votre Esprit,

à la gloire du Père.

Amen.

 

Ce chant de méditation peut être accompagné par un bourdon (note tenue pendant la durée de la pièce, encore appelée ison dans le chant byzantin) de deux notes (ré et la).

Certes, le Si semble choquant aux oreilles de musique classique, mais c’est ce qui donne au chant une dimension spirituelle et non simplement musicale. Bien sûr, la tonalité peut être relevée selon la voix des chanteurs (ici alto et basse).

O Jésus vivant en Marie.jpg

En format PDF pour impression:  o jesus vivant en marie.pdf

 

 

25/10/2011

Contrepoint, roman d’Anna Enquist, Actes Sud, 2010

 

C'est une visite particulière des variations Goldberg, vue par une femme :

La femme s'appelait tout simplement "femme", peut-être "mère". Il y avait des problèmes d'appellation. Il y avait beaucoup de problèmes. Dans le conscient de la femme, des problèmes de mémoire affleuraient. L’aria qu'elle examinait, le thème à partir duquel Bach a composé ses Variations Goldberg rappelait à la femme des périodes pendant lesquelles elle avait étudié cette musique. Quand les enfants étaient petits. Avant. Après. Elle n’était pas à l'affût de ces souvenirs. Sur chaque cuisse un enfant, puis se débrouiller tant bien que mal, les bras autour de leurs corps, pour produire ce thème ; pénétrer dans la petite salle du Concertgebouw, voir le pianiste entrer sur scène, attendre le souffle coupé l’octave dépouillée de l'attaque - sentir le coude de la fille : "Maman, c'est notre air !" Ce n'était pas le moment. Elle voulait seulement penser à la fille. La fille quand elle était bébé, fillette, jeune femme.

 

Aria, des variations Goldberg, joué par Glenn Gould :

http://www.youtube.com/watch?v=Gv94m_S3QDo

 

Cette femme est musicienne, concertiste même. On ne comprend qu’à la fin du livre qu’elle a eu un grave accident au cours duquel sa fille, la fille, a perdu la vie. Cette visite des variations Goldberg, une par une, effeuillant des sentiments et des souvenirs selon la variation, est une thérapie qui permet d’évoquer l’être disparu, bébé, petite fille, jeune fille, femme, sans jamais tomber dans le sentimentalisme, la morbidité ou même l’asthénie. C’est, à travers l’analyse de chaque variation l’évocation de souvenirs tendres, simples, si simples qu’on ne se rend pas compte qu’il s’agit d’une évocation d’évènements douloureux.

Tiens, prends les Variations Goldberg, par exemple. Tu joues l'aria. Mais non, pensa la femme, je ne jouerai jamais plus cette aria. Bon, mets-le au passé, tu as joué l'aria, cet air tranquille, tragique. C'est une sarabande, écoute, un rythme solennel et l'accent sur chaque deuxième temps, une danse lente, peut-être majestueuse. Tu jouais l'aria avec ardeur, avec passion, avec l'obligation d’un sans faute. Les notes prolongées se multipliaient vers la fin en guirlandes de doubles croches, sans pour autant que la cadence perde de son sérieux. Tu ne cédais pas à la tentation de te mettre à jouer plus doucement, en chuchotant à la fin, de conclure par un soupir à peine audible. Non, même à l’époque déjà, tu laissais ces tristes festons aller crescendo au-dessus de la ligne de basse progressant tranquillement, il ne fallait pas se précipiter, et même plutôt ralentir imperceptiblement - mais le tout avec force. Jusqu'à la fin.

C’est un journal qui ne le dit pas, un journal au fil des partitions, tantôt lent, calme, serein, tantôt pressé, courant de souvenirs en souvenirs. Et la femme se reconstruit dans cette analyse des variations de Bach :

L’étude obsessionnelle lui avait permis de savoir jouer les variations, mieux que jamais auparavant, mieux que lorsqu'elle était en bonne santé et complète. Cela aussi l’étonnait, il aurait dû être impossible qu'une pianiste abîmée et amputée puisse connaître sur le bout des doigts cette œuvre compliquée. Elle y était parvenue, en dépit de et grâce à la blessure. Son cerveau endommagé avait réussi à s'imprégner des notes et à distinguer les mélodies. Au rythme de la musique, elle avait chaque jour pu respirer un certain temps naïvement. Par des voies détournées, Bach lui avait donné accès à sa mémoire : chaque variation évoquait des souvenirs de l'enfant, qu'elle notait dans 1e cahier. Avec méfiance, car les souvenirs sont des mensonges. Avec retenue, car elle ne voulait pas faire de sentiment.

Ce n’est que dans les dernières pages que l’on comprend ce lent cheminement au travers la musique si bien construite de Bach, si pleine de calme physique, de douceur des émotions, d’équilibre d’une rationalité invisible, d’ouverture mystique.

Le voyage interminable pour rentrer à la maison, en état de choc total. Les trains, les avions. Les amis attendant en silence dans le hall de l'aéroport. L’enfant froide. La maison pleine de monde, un soir après l'autre. Les pourvoyeurs de repas, les scripteurs d'adresses. Les aides.

L’enfant froide. (…)

La toilette, l'habillage, les soins et la disposition. La petite couverture, la poupée. L’adieu. La levée. Le transfert. Le port. L’installation dans l'endroit où elle va désormais rester. La prise de possession du cimetière comme annexe au salon. Le trépignement devant la grille fermée après quatre heures.

Et comme dans les variations Goldberg, le livre s’achève par une méditation sur l’aria final comme il avait commencé sur l’aria introductive.

Derrière les fenêtres l'été est brûlant. A l'intérieur, il fait sombre et frais. Elle allume la lampe du piano. "Allez viens, dit-elle à sa fille. Je vais te jouer un morceau. Je l'ai beaucoup travaillé. Ecoute." Puis s’épanouit l'aria. Les sons de l'ensemble des trente variations vibrent à chaque note ; l'air simple entraîne derrière lui sans peine un cortège de souvenirs. Il se déploie avec une évidence désarmante. Il contient tout ce qu'aime la femme. (…)

L’avenir s'est retiré dans le recoin le plus éloigné de la pièce. Dehors, la vie continue son insoutenable progression. Dans un petit monde, détaché de l'espace et du temps, la mère joue un air pour son enfant. Pour la première et la dernière fois. La jeune fille s'appuie contre son épaule. "C'est notre air", dit-elle. La mère acquiesce et amorce le crescendo des dernières mesures ; imperturbable, elle fonce vers la fin. A la toute dernière mesure, elle sautera la reprise et aboutira sans ornement à la double octave vide. Dans ce vide se trouve tout. Maintenant elle joue, maintenant et toujours la femme joue l'air pour sa fille.

 

Contreproint 3_Aria fin.jpg

 

Contrepoint est un beau livre, discret, intime, qui dévoile le cœur d’une artiste et d’une mère avec douceur, dans le déroulement quotidien des faits simples et l’étude ardue des partitions. Cet entremêlement de la musique et de la vie devient une thérapie douce qui conduit la femme du désespoir à l’acceptation. Le roman est parfois un peu long, un peu lent, mais, au-delà de la femme, on découvre la vie intérieure de Jean-Sébastien Bach, celle de la naissance de ses œuvres, de son architecture musicale dévoilée par la méditation de chacune des variations.


 

21/10/2011

Peer Gynt, drame poétique d’Henrik Ibsen, mis en musique par Edvard Grieg

 

Peer Gynt est une épopée populaire, sorte de féérie satirique, teintée d’idéal, comme il sied à toute invention scandinave.
L’histoire de Peer Gynt, un jeune homme prétentieux et paresseux, commence dans les premières années du siècle dernier et finit presqu’avec lui. L’aventure se passe aux quatre coins de la terre. Car notre anti-héros quitte la Norvège pour courir le monde à la recherche de son âme. Il cherche sa vie parmi celle des autres et fuit la réalité en utilisant le mensonge. Après d’innombrables aventures, Peer Gynt retrouve Solveig qui l’attend toujours, le berce dans ses bras et lui murmure : « Ton voyage est fini, Peer, tu as enfin compris le sens de la vie, c’est ici chez toi et non pas dans la vaine poursuite de tes rêves fous à travers le monde que réside le vrai bonheur. »
Mais la musique a presque réussi à prendre le pas sur la pièce, avec de magnifiques partitions : Au matin, Mort d’Aase, Danse d’anitra et Dans le hall du Roi de la Montagne. Mais le plus émouvant est certainement la Chanson de Solveig.
Et si en compagnie de la douce Solveig, de la vieille Aase, du Roi de la Montagne et de sa fille la Femme en vert, d’Anitra et de l’Homme à la Grande Cuillère, nous suivons ce mauvais garnement de Peer sur le chemin terrible du Grand-Courbe, c’est qu’il ne faut jamais séparer ces deux sœurs jumelles de la beauté, la poésie et la musique. Y ajouter la danse comble pleinement cette partie de nous-mêmes qui constitue le mystère de chaque être humain.

Danse d’Anitra, par Elena Kulagina
http://www.youtube.com/watch?v=iTxYxupxeAM&feature=re...
La danse dans sa perfection.

Dans le hall du roi de la montagne
http://www.youtube.com/watch?v=tESCB65d04M&NR=1&f... 

Mort d’Aase
http://www.youtube.com/watch?v=xCqDMe2s4gk&feature=re...
Quelle belle page musicale, qui est un univers de souvenirs que l’auditeur évoque, puis médite piano, jusqu’à se laisser ensorceler par ces réminiscences d’un passé révolu, mais bien présent dans la mémoire, si présent qu’il évacue l’instant de la mort d’Aase qui s’en va, tranquillement, sans qu’on s’en aperçoive.

 

 

17/10/2011

La musique extrême-orientale

 La musique extrême-orientale constitue un ensemble homogène avec la Chine, la Corée, le Japon, le Vietnam et la Mongolie. Dans tous ces pays, la terminologie musicale, les systèmes de notation et les instruments portent la trace de l'influence chinoise. La musique est modale, de forme pentatonique, ce qui signifie que la gamme comporte cinq notes et non 7 ou 12 comme celles que nous connaissons.

 Bien que ces musiques soient très variées, elles comportent des constantes :

v     la forme pentatonique,

v     dans le pentacorde :

Ø      trois notes invariables :

§       la fondamentale, la quarte, la quinte ;

Ø      deux autres notes à intervalles variables ;

v     hors du pentacorde : deux "pien" qui ne sont que des notes de passage permettant les transpositions (changements de tons), les métaboles (change-ment de modes) ou l'ornementation ;

v     un tempérament non tempéré, réglé par l'intervalle de quinte et de quarte.

 

La formation des modes se fait par :

. la place de la fondamentale dans le pentacorde, en général sur la note la plus

basse du dicorde ou du tricorde ;

. l'intervalle des deux notes non fixes ;

. la place de la ou des dominante(s) ;

. l'utilisation des "pien" ;

. l'ambitus utilisé,

. le rythme. 

En prenant le pentacorde de base Do, on peut ainsi avoir : 

musique, Chine, théorie

 Ici n'apparaissent que les particularismes, chaque pays utilisant également la forme de base chinoise notée en premier.

Découverte, bientôt, de ces formes de musique qui, malgré des similitudes importantes, se distinguent de manière assez caractéristique les unes des autres.

29/09/2011

Groznjan Blues - Bojan Z au piano et Nenad Vasilic à la contrebasse

 

http://www.youtube.com/watch?v=fjWj63VaAF0&feature=related

 

Quelle merveilleuse et surprenante introduction. Un pianiste qui fourrage dans son piano pour en sortir des sons inusités, une sorte de raga rythmée à laquelle se mêle la contrebasse qui ajoute une sonorité plus chaude, plus chatoyante et qui donne à l’ensemble une harmonie singulière, une sorte de danse en préparation, inachevée, mais bien présente.

Puis le jazz, avec son rythme propre, ses conventions, fait son apparition, et c’est un festival de sons, d’accords, entre le piano et la contrebasse, très syncopés, très classiques en jazz, mais très beau parce que ne cherchant aucun effet contrairement à la première partie. Le morceau est endiablé, mais il se déroule dans le calme, comme une course dans la neige ou comme une répétition de danse quand les danseurs s’échauffent progressivement jusqu’à danser sans y penser, dans une symbiose totale, presque mystiquement. Le piano égraine ses notes comme la pluie tombant sur une verrière, mais avec harmonie, tendresse, presqu’intimité. La contrebasse rythme avec discrétion, apportant une note chaleureuse, enrobant la solitude de chaque note séparée d’un halo de féminité, comme les émanations qui sortent de la bouche d’une fumeuse.

 

La rupture du charme se fait en final après un accord qui n’en est pas un, une reprise du thème au ralenti et un glissando vers les aigus pour conclure.

 

23/09/2011

Les voix bulgares

 

Concert « le mystère des vois bulgares », à Vancouver :

http://www.youtube.com/watch?v=bayG_Kzmr30&feature=related

 

Concert « le mystère des voix bulgares » à Belgrade en 1989 :

http://www.youtube.com/watch?v=9ZSR5TftbfU&NR=1

 

Bulgarian women's choir, Dva Shopski Dueta :

http://www.youtube.com/watch?v=hdjIEaDgEr8&feature=related

 

Le Mystere Des Voix Bulgares - Bezrodna nevesta (Childless Bride) :

http://www.youtube.com/watch?v=kpJsIYNEGjs

 

The MAGIC of Bulgarian Voices & music - Devoiko Mari Hubava & "Time of Violence" :

http://www.youtube.com/watch?v=1quUDSqr5b0&feature=related

 

Zaidi, Zaidi Iasno Slantce BULGARIAN song :

http://www.youtube.com/watch?v=4MdwDng0i2c&feature=related

 

  

Peu d’explications. Il suffit d’écouter et vous serez scotchés à l’écoute des chants bulgares.

Un style propre, extraordinaire, avec des voix spécifiques, qui, dans le monde musical occidental, sembleraient pauvres, mal placées, sans timbre et pourtant combien sont-elles émouvantes ces voix de femmes : pour le chœur, voix sans utilisation de la résonnance, telle que chantent les débutantes. Inversement, la chanteuse principale utilise un vibrato très savant comme c’est le cas dans les 3ème et 5ème pièces. Des harmonies extrêmement difficiles, dont l’utilisation d’accords de seconde majeur, très rares, du bourdon et des rythmes complexes, « boiteux » (aksak), à l'aide d'un mélange de combinaisons de 2 temps courts et 3 temps longs.

Une musique traditionnelle qui sort de la profondeur des forêts et des montagnes et qui retourne les auditeurs. C’est un retour à la magie, à l’élan primordial, à la tendresse et l’espièglerie féminine. Un véritable envoûtement pour cette musique unique qui semble venir d’un autre univers, imprégnée de musique orientale par la proximité de la Turquie, de musique slave, ses racines, mais encore d’influence tzigane et celte (cornemuse gajda).

 

 

16/09/2011

Un musicien chinois à Paris

 

Il se tenait là, sur le trottoir, bien propret, magnifique dans son11-09-15 Un musicien chinois à Paris.jpg costume gris, mal coupé, mais beaucoup plus élégant que les vêtements habituels des passants, entouré de ses quelques biens, une sacoche pour ordinateur portable, qui n’en contenait pas, et l’étrange boite protectrice de son drôle d’instrument dont il tirait des sons…chinois.

L’Erhu est une sorte de violon à deux cordes. D’abord instrument d’accompagnement dans les opéras, il devint instrument solo grâce aux améliorations apportées par deux grands artistes à la fin du XIXème siècle. Il possède une sorte de tambour en bois d’ébène ou de santal qui constitue sa caisse de résonance. Le manche est en roseau et mesure 81 cm de long. Il a deux cordes. L’artiste en joue assis, l’instrument posé sur la cuisse gauche, la main gauche tenant le manche et la droite l’archet. Lerhu est un des représentants les plus communs de la famille des huqins (vielles chinoises à deux cordes) qui compte une trentaine de modèles différents.

 

http://video.google.com/videoplay?docid=-3875038914279072592&q=erhu&pl=true#

Ecoutez une interprète de la musique traditionnelle d’Erhu accompagné par un yang qin, instrument à cordes d’acier sur lesquels l’artiste joue avec deux maillets en bambou. Musique typiquement chinoise dans laquelle les notes s’enchaînent sans rupture, en passant de l’une à l’autre par glissement.

 

http://video.google.com/videoplay?docid=-3875038914279072...

Voici une interprétation très différente sur le même instrument, beaucoup plus moderne. L’interprète est doué et joue en s’amusant, avec ou sans archet.

 

http://video.google.com/videoplay?docid=-3875038914279072...

Admirez le mariage entre l’Erhu et le violon, dans une interprétation tout à fait occidentale. L’Erhu vaut le violon.

 

http://video.google.com/videoplay?docid=-3875038914279072...

Mais ce que j’ai entendu du chinois à Paris était plus de ce style. Ce n’était pas un grand interprète. Il avait cependant eu le courage de s’expatrier en France, ne parlant pas notre langue ni même l’anglais, et il méritait bien une grosse pièce pour continuer à nous faire écouter de la musique chinoise.

 

23/08/2011

Jacky Terrasson et Michel Portal à l’amphi jazz (7/7)

 

http://jazznrockcommunay.blogspot.com/2010/10/michel-portal-jacky-terrasson-lamphi.html

Pour accéder au morceau décrit, joué au piano par Jacky Terrasson et à l’accordéon par Michel Portal, allez directement à la fin du premier morceau. Vous verrez apparaître les sept improvisations proposées, choisissez le 7/7.

 

Quelle belle promenade dans l’imaginaire, une promenade de sons et de souvenirs, comme une chanson qui vous trotte dans la tête et dont on ne peut se débarrasser. Et vous marchez, vous marchez, sans discontinuer, vers un avenir inconnu, mais plaisant, fait de paillettes et d’arbres de Noël.

Et pourtant, au-delà de ces impressions échevelées, on perçoit une telle intensité d’expression et de mélancolie que l’on se penche sur un passé défunt et qu’immanquablement remontent en vous les souvenirs de jours pluvieux, où vous êtes parti vous libérer l’esprit dans une ville inconnue que vous découvrez au fil des pas, un peu glauque, mais si nouvelle, tellement fraîche, que vous en sortez rasséréné, repu, le cœur en fête.

Promenade indolente, tu m’as fait du bien, en remuant des souvenirs oubliés, comme on soulève la poussière dans un grenier alors que l’on tente de retrouver les vieilles photos, fanées, de jours d’enfance, quand la vie riait dans les yeux innocents que vous aviez.

 

Mais si vous avez le temps et que cette musique vous enchante, vous pouvez aussi écouter le 6/7 et les autres. Ce sont des moments de bonheur.