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20/12/2011

Oublivione, avec Richard Galliano à l’accordéon

 

 

http://www.youtube.com/watch?v=yAsmVnwiKu4&feature=related

 

 

Quai des brumes, le troisième homme, une musique venant des ports lointains d’un autre continent, une nostalgie amplifiée par l’accordéon accompagné par les cordes. Quelle belle entrée en matière pour pénétrer dans une rêverie profonde. 

Certes, tout ceci fait un peu vieille garde 1930 ou 1950. Cela rappelle les femmes accordéonistes aux cheveux bouclés, portant sur le ventre leur instrument comme un bébé, le dorlotant dans leurs bras, le brassant comme on masse un malade, lui tirant des miaulements qui font monter les larmes aux yeux.

Mais cela vous fait partir dans les plaines du rêve, au bord d’une eau qui laisse trainer quelques filaments de brume, sur un chemin de pierre qui semble sans fin, jusqu’au tournant dans le noir de la nuit qui, en un instant, découvre un autre monde, le creux des pavés d’une ville où résonnent les pas d’un promeneur nocturne qui marche sans but, sans ligne de pensée. Il marche et se voit, jeune, attendrissant d’innocence, observant les femmes danser entre elles, des femmes alanguies, esseulées, ne se regardant pas, l’œil triste, mais vif, perdues dans leur nostalgie, mais laquelle ? L’une d’elle le dévisage, lui sourit, le regard éclairé, son corps devenu plus souple, plus félin, malgré les bras de sa compagne qui reste raide et froid. Elle le suit des yeux, lentement au fur et à mesure de sa marche lente, elle compte ses pas et se dit : « je vais le perdre. Comment attirer son attention ? »

Alors, d’un mouvement improvisé, elle lance son bras en l’air, la main recourbée, élastique, aux doigts enchanteurs qui dessinent des volutes que l’on suit des yeux grâce aux traces de fumée qu’ils laissent dans l’air froid, le coude plié, légèrement. Et l’on voit le creux de l’avant-bras, juste après le coude, dont la chair est fascinante de douceur, refléter son désir de vivre, malgré cette danse dans les bras d’une autre femme, moins favorisée par la nature. Et elles tournent, tournent, avec lenteur comme des poupées, le regard fixe, perdues dans leurs pensées ou plutôt leurs souvenirs d’une vie rêvée.

Et vous avez déjà dépassée ce souvenir, comme une image de télévision, éphémère, accompagnée d’une musique d’accordéon, aux notes pâles, aux sons cependant fermes, à la mélodie rengaine d’années passées, aux couleurs de fraises enrobées de noisettes. Vous continuez votre route de la vie, ragaillardi malgré tout, le cœur embaumé de guimauve, salivant quelques morceaux de chocolat au lait jusqu’à ne plus rien avoir dans la bouche. La musique s’est tue, vous poursuivez et entrez dans votre nouvelle vie, le cœur ouvert, prêt aux aventures à venir.