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14/07/2013

La messe

« La messe constitue l’acte central de la liturgie chrétienne. On peut dire en premier lieu qu’elle est l’accomplissement rituel ou sacramentel du mystère de l’église (…). On peut dire aussi qu’elle embrasse toute la révélation judéo-chrétienne, depuis le sacrifice d’Abel jusqu’à l’immolation de l’agneau. La messe est un mystère d’union, le partage spirituel de l’Epoux et l’Epouse. (Abbé Henri Stéphane, Introduction à l’ésotérisme chrétien, Dervy-Livres, 1979, collection Mystiques et religions, p.246.)

 La messe s’adresse à l’être tout entier. Sa signification s’élargit au fur et à mesure où son mystère se vit. Il s’agit non d’assister, de suivre ou de comprendre la messe, mais de la vivre : la vivre à chaque instant de sa vie, la célébration servant à nous rappeler cette nécessité, à pénétrer chaque fois un peu plus dans le mystère chrétien.

De même que le Verbe s’est dépouillé de sa gloire divine pour prendre la condition d’esclave (cf. Epître aux Philippiens II, 5-11) en revêtant la nature humaine et, sacramentellement les apparences du Pain et du Vin, inversement, le Corps mystique et chacun de ses membres doit se dépouiller de l’ego pour revêtir intérieurement le Christ, tout en conservant la même apparence extérieure, à l’instar du Pain et du Vin qui gardent leurs apparences mais perdent leur substance conformément à la doctrine de la transsubstantiation. (Idem, p.255)

C’est pourquoi la messe s’adresse à l’intelligence et la raison par les lectures et l'homélie, au cœur par la consécration et la communion dans la prière, au corps par les rites et les gestes perçus à travers les sens : la vue dans l’organisation et le déroulement général, l’ouïe par le chant, l’odorat par l’encens. Mais seul le prêtre, intercesseur spirituel entre le monde matériel et le monde divin, utilise le toucher pour manipuler les espèces eucharistiques.

La messe ne peut et ne doit pas devenir une habitude. Elle se vit comme un instant unique de communion entre les deux mondes, le matériel et le spirituel. Il appartient à l'assemblée dans son ensemble d'instaurer cette communion d'esprit par la communion intérieure de chaque fidèle et son aspiration à l'unité. Une telle attitude au sens de disposition d'esprit nécessite une ascèse de la pensée, une recherche spirituelle qui n'est ni du domaine du rationnel, ni du domaine du sentiment, ni du domaine de la sensation. Le mystère est à ce prix.

Mais cela implique malgré tout que ce mystère soit préparé et entretenu, c'est-à-dire que la messe ne soit pas une succession de rites à suivre, ni troublée par des chants sans signification spirituelle, ni même conçue comme un consensus social de rassemblement.

07/07/2012

Arvo Pärt: The Deer's Cry

 

http://www.youtube.com/watch?v=OO9U4QWZUoI&feature=related

 

Oui, nous avons déjà écouté cette musique minimaliste d’Arvo Pärt, c’était le 27 mai, un magnificat extraordinaire. Aujourd’hui, écoutez le cri du cerf. C’est un cerf qui n’est ni l’animal sauvage et fier de nos forêts, ni l’homme esclave appartenant au seigneur. Ce cerf, c’est vous, c’est moi, qui bramons dans les bois notre soif de l’autre nous-même. C’est cet animal sauvage qui s’humanise et se divinise à la fois dans la durée d’une vie.

 

Christ with me, Christ before me, Christ behind me,
Christ in me, Christ beneath me, Christ above me,
Christ on my right, Christ on my left,
Christ when I lie down, Christ when I sit down,
Christ in me, Christ when I arise,
Christ in the heart of every man who thinks of me,
Christ in the mouth of every man who speaks of me,
Christ in the eye that sees me,
Christ in the ear that hears me,
Christ with me.

 Dans le chœur des hommes, le Christ devient la caresse du vent, l’eau qui coule sur la peau, le baiser tendre d’une mère pour son enfant, le souvenir lointain de jours heureux de l’enfance ou de la plongée dans la nature. Le Christ est partout, avec moi, au-dessus de moi, derrière moi, sur ma droite et ma gauche, présent à chaque moment. Il est avec moi, en moi. Il est moi.

La soprane incarne au contraire la pureté du ciel, la sortie de ce monde contingent, plein de sensations et de sentiments. Son chant est désincarné, abstrait, comme un rappel de notre condition humaine qui nous conduit vers l’achèvement  vers cette rencontre avec le divin. Et cette rencontre éclate par le rapprochement de voix, hommes et femmes dans un jaillissement sonore et lumineux. La rencontre du haut et du bas, de l’humain et du divin, mais aussi celle de la transcendance et l’immanence.

Nous sommes deux au commencement du chant, puis sous l’étincelle de la révélation, nous devenons un, plus fort, plus tendre, plus accompli, comme une symphonie vibrante de cette révélation qui crie au monde sa joie tendre, douce, profonde, qui ne se dit pas, mais qui se vit jusqu’au retour dans le royaume.

Quelle merveilleuse musique, quel chant, profond, tendre, puissant, évocateur de ce que les mots ne peuvent dire, mais de ce à quoi l’âme aspire !

 

20/04/2012

Musique et Islam

Ecoutons ce chant, si profondément différent de notre musique occidentale, mais qui remue l'être et lui permet, s'il se laisse faire, de sortir de lui-même ou d'entrer en lui-même, ce qui revient au même.

http://www.youtube.com/watch?v=UZYE1Kr1sTE&NR=1&feature=endscreen

 

Dans l'Islam, ce sont les soufis qui, peu à peu, en vertu de leur conception mystique, ont introduit la musique comme moyen d’ascension de l’âme vers la vérité suprême. Pour eux, la musique évoque non seulement l’unité primordiale – celle de la lumière innée encore contenue dans la nuit – mais aussi le souvenir de cette union.

Cette musique exige une transmission orale. En effet, chaque mode exprime un état particulier de l’être, un moment de la vie, est à la fois une expression de la nature et une expression philosophique. Essentiellement, un mode exprime un état intérieur, l’état de joie légère ou l’état de mélancolie. Les harmoniques des instruments ont un pouvoir de pénétration et conduisent à un état d’âme particulier. Cet état, ou hâl, possède des saveurs différentes selon les auditeurs. Par le hâl, commence un voyage qui est celui du monde imaginal, c’est-à-dire un lieu de l’être où la vision spirituelle est vécue telle une corporéité subtile. Le hâl est un état diffus et concentré en même temps où l’énergie de l’être, sa virilité, au sens de communion intense de soi avec la totalité, se perçoit et se laisse percevoir. « L’artiste en état de hâl jouit d’une extraordinaire facilité d’exécution. Sa sonorité change. La phrase musicale lui livre son secret. La création jaillit. Il semble que l’essence même de la musique se manifeste, délivrée des interférences habituelles de la personne humaine ».[1]

 

Profondeur de la vision soufie vis-à-vis de la musique, alors que, rappelons-le, il existe dans l’Islam une hostilité forte et traditionnelle envers ce qui est danse et musique, instruments choisis par les soufis pour atteindre l’extase. Cette hostilité vient des mollahs et de tous ceux qui entendent suivre les règles les plus strictes de l’orthodoxie.

Il n’empêche, l’Islam a sa musique sacrée, et comme pour les autres religions, celle-ci est une des portes vers la réalisation de soi.

 


 

[1]Le soufisme, la voie de l’unité (Doctrine et Méthode), L’Originel, 1980.

 

27/11/2011

Messe de Minuit de Marc Antoine Charpentier

affiche concert.jpg

Quelle idée d’avoir conçu un Kyrie comme une danse. Chanter « Seigneur, prends pitié » sur un air qui se danse !

Certains chefs d’orchestre ou de chœur sont bien conscients de cette manipulation de la part de Charpentier. Aussi donnent-t-ils à leur interprétation une forme solennelle comme cette interprétation d’un concert, donné le 5 décembre 2010, par le choeur et l’orchestre de la cathédrale Saint-Louis de Versailles sous la direction de l'abbé Amaury Sartorius (Jean-Pierre Millioud, grand-orgue ; Jean-Philippe Mesnier, orgue de chœur).

http://www.youtube.com/watch?NR=1&v=GmX6HMT9PcE

Je ne pense pas que ce style soit dans l’esprit de la composition de Charpentier. Cette messe rassemble des airs populaires de Noël que les fidèles avaient l’habitude de chanter. Le Kyrie se chante effectivement sur l’air de « Joseph est bien marié… », sorte de danse joyeuse qui n’a pas grand-chose à voir avec la supplication d’une assemblée qui se tourne vers le Père et le Fils pour lui demander sa pitié.

http://www.youtube.com/watch?v=MsOc7WSDCr0

Cette interprétation des chœurs des Musiciens du Louvre semble plus proche de cette vision. Elle est plus rapide, plus légère, et conserve cependant une certaine gravité. Mais peut-on dire que l’on retrouve l’esprit du Kyrie de la liturgie ? Probablement pas. Le kyrie est une purification du fidèle qui dit à son Dieu ses insuffisances pour que, lui accordant sa pitié, Celui-ci l’aide à vivre pleinement le sacrifice, lui permette de chanter d’une voix pure le Gloria, puis lui accorde l'entrée dans le mystère de la messe.

L’ambiguïté tient à la composition de Charpentier lui-même. C’est un chef d’œuvre musical, étrangement beau en raison de cette ambiguïté même, mais ce n’est sans doute pas ce qui permet au fidèle d’entrer en lui-même et de s’ouvrir au mystère. Quand on y réfléchit, il semble que cette période de l’histoire de la France soit assez proche de celle que nous vivons, l’effet compte plus que la profondeur et la véracité de la pensée. C’est beau, mais cela ne lave pas !

 

Quoi qu’il en soit et parce que, malgré ces réflexions, cette messe reste un chef d’œuvre, nous nous préparons depuis le mois de septembre et vous êtes convié à venir écouter cette Messe de Minuit de Charpentier, le mercredi 14 décembre à 20h45 en l’église Saint Germain l’Auxerrois, 2 place du Louvre, à Paris.

 Après le concert vous êtes convié à un pot qui vous permettra de rencontrer musiciens, chanteurs et chef de chœur. Si vous décidez de venir, envoyez-moi un mail (galavent@free.fr) pour que nous puissions avoir une idée de ce qu’il faut prévoir.

 

 

 

16/01/2011

La musique grecque antique

Suite des réflexions sur la musique sacrée (catégorie musique) :

La musique ne commence pas avec la Grèce, mais les Grecs furent les premiers à s'intéresser aux éléments de théorie qui permirent le développement d'une vision philosophique et physique de la musique et des premières notations facilitant la mémorisation de la forme musicale chantée ou jouée. Musique sacrée certes, mais pas au même sens que nous l'entendons de nos jours. La musique était le ciment de la société grecque au même titre que le théâtre. Aussi importante que la philosophie dans l'éducation grecque, la musique était considérée comme la "mère de tous les arts".

Plongeons nous donc dans les origines de la musique !

Musique grecque antique.pdf

A écouter :