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16/12/2010

Inconnaissance décalée

 

Lueur mauve de la nuit sur la ville

Par delà les toits luisants endeuillés de feuillages

Quand tu me dis regarde. Je te contemple

Statue de bronze et d’opale tiède

J’erre encore sous cet aspect de verre

Dans un désert barré de gestes

 

Le froid tombe et glace les membres

En d’étranges pauses où je te retrouve

Quand tu ouvrais les yeux

À l’ovale de ton regard arrêté

Sur l’immobile image d’amas de fer

Et de géométriques embrasements.

 

Allongé, détendu, j’ai plongé dans la nuit

Pour joindre à deux étoiles les lueurs de ton regard

Je me suis ensuite assis aux rivages de certaines vagues

Pour puiser une poignée d’écume et désaltérer

Un petit garçon qui avait vu leurs lueurs insolites

 

J’aurai pu franchir les cols les plus hauts

Et veiller de leurs contreforts sur le lac de ton souvenir

Pourtant je chemine encore dans l’amère étendue

D’une connaissance incertaine et mouvante

 

 

03/12/2010

Flottants, les fils de mon être

Flottants, les fils de mon être

Se distendent sous le vent

 

Engagés dans la rue déserte

Ravalant les façades mornes

Arrachant quelques grains de pierre

Ils s’amassent au pied des portes

 

J’en ai pris une poignée

Et attendu patiemment que s’infiltre

Entre mes doigts disjoints

La poussière blanche et liquide.

 

Toi aussi, j’avais vainement tenté

D’assembler sur l’écheveau de mes souvenirs

Les fils ténus et fragiles de ton être

Mais tu as rejeté cet encouragement

Pour fuir sur le trottoir nu

Jusqu’à cette porte ouverte sur l’oubli

 

Parcourant la rue, remontant le courant

Projeté contre la muraille par les rafales

Je me soumets au déchaînement naturel

Courbé sur les pavés au goût de tes pas

 

Vert tendre, quand tu courais sur l’asphalte

Quand nous courrions ensemble les mains jointes

Élevés vers le ciel en guise d’offrande

Nous cheminions entre les colonnes détruites

Qui ombrageaient la place pavée d’herbes

Je recherche aussi, loin derrière toi,

Le chemin où nos pas se chevauchèrent.

 

Peut-être le hasard, ou déjà l’amour ?

27/11/2010

Naissance

Cette nuit, j’ai rompu ma coquille

A quoi servent les œufs à la coque ?

La mie est douce, mais elle gratte,

Quant à la croute, elle écorche.

Je suis couverte de cicatrices.

 

Elle était solide. On dit qu’il est impossible

De la casser par ses deux pôles.

C’est aussi vrai de l’intérieur que de l’extérieur.

 

Elle s’est tournée cette nuit.

Elle a même fait un bruit épouvantable.

J’avais l’impression de rouler sur du gravier,

Mais ce n’était que le rebord de l’évier.

 

J’ai reposé ainsi sur le côté, inquiète,

Il a fallu que je me retourne.

Demandez donc au caniche de se retourner,

Si c’est un tuyau de poêle, il aura du mal.

 

Je n’ai pas eu de mal. J’en eus quelques maux,

Non pas de tête, mais d’estomac (il était comprimé).

Bref, arc-boutée, j’ai poussé de la patte.

J’ai aussi le bec aplati, de naissance, prétend-on.

Je ne sais, car il a rompu la coquille.

 

Il fait froid, il fait noir,

Quels bruits bizarres.

C’est ainsi le monde.

Rendez-moi ma coquille.

20/11/2010

Plus rien de toi

Plus rien de toi, pas même un souvenir

Plus rien de toi, vivante en toutes choses

 Dans la pénombre froide des matins d’hiver

Et m’envahir de ton absence jusqu’au dégoût

Prendre la forme des nuits sans étoiles

Le dictionnaire géographique de tes attitudes

Jusqu’à m’emplir de l’ébauche d’un geste

Celui de tes mains vers ton visage

 Et ne plus voir dans ce geste inachevé

Que l’impossible instant de rencontres futures

Perspectives flottantes d’attitudes impossibles

Je tourne mon regard au-delà d’images passées

Par delà la rue enneigée et déserte

Jusqu’à cette fenêtre entrevue dans l’ombre

Où évolue encore la forme incertaine de ton visage

19/11/2010

Errance

On erre dans les bruits

On divague sous la pluie

On se noie de couleurs sales

De murs fripés, de tuiles tombées

De gouttes séchées aux vitres

Le moteur humain ronronne

A petits pas vacillants

On s’enveloppe de chaleur moite

On résonne de tendresse sous la brume

La caresse d’une table bancale

De ses bords émiettés et rugueux

Le frôlement d’un mur nu

L’odeur aigre des sifflets de la gare

Trop-plein de poussière des encoignures

Au-delà d’un amas de tuyaux tièdes

Crochets rouillés en mal de pendaison

Je suis le regard de ton absence

Je ne suis plus, je commence

J’achève, je vais finir

Peut-être est-ce déjà arrivé

La machine tourne à vide

Enroule des courroies, entraîne des poulies

Se peuple de renvois, de crémaillères

On surveille la machine

L’œil sur les compteurs et les voyants

On graisse, on huile, on lubrifie

Et ça tourne… ça tourne…

J’achève, j’arrive

Je vais arriver, je commence

Je serai le regard de ta présence.