16/12/2010
Inconnaissance décalée
Lueur mauve de la nuit sur la ville
Par delà les toits luisants endeuillés de feuillages
Quand tu me dis regarde. Je te contemple
Statue de bronze et d’opale tiède
J’erre encore sous cet aspect de verre
Dans un désert barré de gestes
Le froid tombe et glace les membres
En d’étranges pauses où je te retrouve
Quand tu ouvrais les yeux
À l’ovale de ton regard arrêté
Sur l’immobile image d’amas de fer
Et de géométriques embrasements.
Allongé, détendu, j’ai plongé dans la nuit
Pour joindre à deux étoiles les lueurs de ton regard
Je me suis ensuite assis aux rivages de certaines vagues
Pour puiser une poignée d’écume et désaltérer
Un petit garçon qui avait vu leurs lueurs insolites
J’aurai pu franchir les cols les plus hauts
Et veiller de leurs contreforts sur le lac de ton souvenir
Pourtant je chemine encore dans l’amère étendue
D’une connaissance incertaine et mouvante
06:48 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, littérature, écriture, poème, décalage, imaginaire, aventure |
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03/12/2010
Flottants, les fils de mon être
Flottants, les fils de mon être
Se distendent sous le vent
Engagés dans la rue déserte
Ravalant les façades mornes
Arrachant quelques grains de pierre
Ils s’amassent au pied des portes
J’en ai pris une poignée
Et attendu patiemment que s’infiltre
Entre mes doigts disjoints
La poussière blanche et liquide.
Toi aussi, j’avais vainement tenté
D’assembler sur l’écheveau de mes souvenirs
Les fils ténus et fragiles de ton être
Mais tu as rejeté cet encouragement
Pour fuir sur le trottoir nu
Jusqu’à cette porte ouverte sur l’oubli
Parcourant la rue, remontant le courant
Projeté contre la muraille par les rafales
Je me soumets au déchaînement naturel
Courbé sur les pavés au goût de tes pas
Vert tendre, quand tu courais sur l’asphalte
Quand nous courrions ensemble les mains jointes
Élevés vers le ciel en guise d’offrande
Nous cheminions entre les colonnes détruites
Qui ombrageaient la place pavée d’herbes
Je recherche aussi, loin derrière toi,
Le chemin où nos pas se chevauchèrent.
Peut-être le hasard, ou déjà l’amour ?
07:09 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : littérature, poésie, femme, écriture, poème, culture |
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27/11/2010
Naissance
Cette nuit, j’ai rompu ma coquille
A quoi servent les œufs à la coque ?
La mie est douce, mais elle gratte,
Quant à la croute, elle écorche.
Je suis couverte de cicatrices.
Elle était solide. On dit qu’il est impossible
De la casser par ses deux pôles.
C’est aussi vrai de l’intérieur que de l’extérieur.
Elle s’est tournée cette nuit.
Elle a même fait un bruit épouvantable.
J’avais l’impression de rouler sur du gravier,
Mais ce n’était que le rebord de l’évier.
J’ai reposé ainsi sur le côté, inquiète,
Il a fallu que je me retourne.
Demandez donc au caniche de se retourner,
Si c’est un tuyau de poêle, il aura du mal.
Je n’ai pas eu de mal. J’en eus quelques maux,
Non pas de tête, mais d’estomac (il était comprimé).
Bref, arc-boutée, j’ai poussé de la patte.
J’ai aussi le bec aplati, de naissance, prétend-on.
Je ne sais, car il a rompu la coquille.
Il fait froid, il fait noir,
Quels bruits bizarres.
C’est ainsi le monde.
Rendez-moi ma coquille.
07:52 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : littérature, poésie, poème, histoire, enfants, humour |
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20/11/2010
Plus rien de toi
Plus rien de toi, pas même un souvenir
Plus rien de toi, vivante en toutes choses
Dans la pénombre froide des matins d’hiver
Et m’envahir de ton absence jusqu’au dégoût
Prendre la forme des nuits sans étoiles
Le dictionnaire géographique de tes attitudes
Jusqu’à m’emplir de l’ébauche d’un geste
Celui de tes mains vers ton visage
Et ne plus voir dans ce geste inachevé
Que l’impossible instant de rencontres futures
Perspectives flottantes d’attitudes impossibles
Je tourne mon regard au-delà d’images passées
Par delà la rue enneigée et déserte
Jusqu’à cette fenêtre entrevue dans l’ombre
Où évolue encore la forme incertaine de ton visage
03:15 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) |
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19/11/2010
Errance
On erre dans les bruits
On divague sous la pluie
On se noie de couleurs sales
De murs fripés, de tuiles tombées
De gouttes séchées aux vitres
Le moteur humain ronronne
A petits pas vacillants
On s’enveloppe de chaleur moite
On résonne de tendresse sous la brume
La caresse d’une table bancale
De ses bords émiettés et rugueux
Le frôlement d’un mur nu
L’odeur aigre des sifflets de la gare
Trop-plein de poussière des encoignures
Au-delà d’un amas de tuyaux tièdes
Crochets rouillés en mal de pendaison
Je suis le regard de ton absence
Je ne suis plus, je commence
J’achève, je vais finir
Peut-être est-ce déjà arrivé
La machine tourne à vide
Enroule des courroies, entraîne des poulies
Se peuple de renvois, de crémaillères
On surveille la machine
L’œil sur les compteurs et les voyants
On graisse, on huile, on lubrifie
Et ça tourne… ça tourne…
J’achève, j’arrive
Je vais arriver, je commence
Je serai le regard de ta présence.
17:23 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : errance |
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