02/03/2020
Impudence
Ma joie est dans l’ignorance
Mon bonheur s’épanche dans l’inexpérience
Je cherche ce que j’ignore, sans méfiance,
Puis, je découvre l’inexistence…
Je fouille donc les abîmes de l’incompétence
Et reviens orné des palmes d’une nouvelle naissance
Fort d’un plein auparavant sans nuance
Revêtu d’indécence et de munificence
Quelle jouissance, douce et bienfaisante
Que cette crème onctueuse et séduisante
Qui éblouit le monde et sa croissance
Et le rend vulnérable à la puissance
Je caresse alors le squelette de la déliquescence
Et l’emmène aux sommets de l’inconnaissance,
Ce lieu dont peu connaissent l’existence
Et qui conduit à l’évanescence…
Depuis, j’erre dans la redondance
Je contemple enfin la transcendance
Dans laquelle l’ascendance
Devient connaissance et surabondance…
© Loup Francart
07:30 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : pésie, écriture, poème, littérature | Imprimer
23/11/2011
De sombres perles descendaient lentement de leur front
De sombres perles descendaient lentement de leur front
Tandis qu’ils courbaient leurs bras vers la terre nourricière
Une chaleur diffuse montait des herbes moites
En volutes incolores qui troublaient la quiétude de l’air
Ils se mouvaient en gestes lents comme des poissons
Écoutant de leurs ouïes les froissements de ouate
De la poussière blanche qu’ils déplaçaient en nuages
Chaque grain s’irradiait en s’élevant au soleil
Et venait ternir de poudre leurs visages
Le monde semblait pris d’un immense sommeil
Et ses lourdes paupières ne battaient que l’instant
Où une brise éphémère troublait la forme des prairies
Ce n’était qu’un soupir des arbres dans les champs
Exhalant l’ennui des terres assoupies
Ils allaient et venaient trainant leurs nageoires de paille
Comme un pélican alourdi par son bec après la prise
Leur pauvre grenier sur ses roues branlantes, entouré de volailles
S’éloignait dans la poussière soulevée par la brise
06:28 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, pésie, poème | Imprimer
09/07/2011
Merlin le Roi, visite chez l'enchanteur
A côté de Beaubourg pour les artistes,
Merlin le Roi et non l’Enchanteur
Et pourtant l’enchantement est là
Par la succession d’outils et d’objets
Qui tous servent à construire
Ou encore réparer ou enjoliver
Quand on n’est pas artiste,
On peut tenter de se faire artisan !
J’ai parcouru les couloirs souterrains
De cette caverne d’Ali Baba
Entouré de personnages extasiés
Portant de lourds paniers
Emplis de creux, de bosses
Débordant d’ustensiles très utiles
Pour apaiser la plainte
Et redonner espoir
Au nid si douillet qu’ils chérissent
Des caisses d’ampoules dites bio
Qui n’éclairent que leur ombre
Des boîtes de vis, clous, chevilles
De toutes couleurs et de toutes tailles
Qui piquent la main égarée
Et même, des outils, marteaux et scies
Electriques pour la douceur féminine
Des appareils à poncer, à amincir
A donner un air aimant
A l’objet le plus anguleux
Des colles, pour réunir deux
Et ne plus faire qu’un,
Des joints pour boucher
Les écoulements nuisibles
Et non prévus fonctionnellement
Stand de peinture déluré
Où la couleur se conjugue
En changement subtil
Du blanc crème au vert pastel
En passant par le rouge coquelicot
Les yeux exorbités je contemple
Les étagères enduites de pots
Emplis de signes illisibles
Et de dessins qui les remplacent
Jusqu’à quel point les mélanger ?
Des vasques blanches ou noires
Arrondies ou anguleuses
Au dessus desquelles coule l’eau
Transparente, d’un robinet
Sans poignée ni poussoir
Qui laisse la soif s’emparer
Du compulsif égaré
Et pourtant, ceux-ci ne manquent pas
De toutes formes, brillants
Et majestueux en col de cygne
Et parmi tout ceci l’homme
Ou la femme, affairé(e) et stoïque
S’interrogeant sur l’achat
Se pliant au paiement
Encombré(e) et alourdi(e)
Mais combien illuminé(e)
A l’idée d’avoir à
Scier, gratter, poncer, peindre,
Pour faire de la matière
Un objet bien vivant
06:54 Publié dans 12. Trouvailles diverses | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : société, pésie | Imprimer
18/05/2011
Au fil des boutiques : La Maison Fabre
Les jardins du Palais Royal sont entourés de boutiques diverses, certaines vieillottes, d’autres trop modernes pour le décor, d’autres encore en perpétuel changement de propriétaires, enfin quelques unes insolites, comme la Maison Fabre, au 128, boutique de gants, extraordinaires de profusion et d’ingéniosité dans la présentation de leurs appareils à cinq doigts que l’on enfile gracieusement pour être élégant lors d’une occasion chic, pour avoir chaud dans ses extrémités, pour pratiquer des travaux réputés sales (mais ce n’est pas le genre de la boutique !), enfin pour se faire plaisir en toute occasion un soir de déprime quand l’alcool ne suffit pas.
Il y a des gants dont la raideur du support fait penser aux épouvantails que l’on croise parfois, de moins en moins, dans les champs pour éloigner les oiseaux. Mais là, il s’agit d’attirer le client en faisant contraster le support rigide et neutre de son gris uniforme avec le velouté, la brillance d’un cuir de première qualité. Vous remarquez bien sûr qu’il manque le pouce dont la dissymétrie par rapport aux autres doigts choquerait ici le regard, c’est pourquoi ces gants semblent si élégants dans leur amputation discrète, mais réelle. Mains rouges pour les mariages, assorties avec un chapeau que l’on tient du bout des doigts ne serait ce que pour faire remarquer l’harmonie qu’il possède avec ces gants magnifiques, mains jaunes pour le sport (carton jaune, évidemment), mains bleus pour les conversations affables en ville entre dames ou avec des messieurs, dans un lieu appelé bistrot qui fait plutôt penser aux salons de ces hôtels du style de « L’année dernière à Marienbad », enfin mains brunes des promenades dans les bois un après-midi de campagne lorsque le chien tire la laisse et vous oblige à marcher-courir sans relâche.
D’autres gants sont alignés comme à la parade, formant des compagnies entières, massives, en arrière-fond des présentations plus originales mises en valeur par la sobriété de la quantité comme de la qualité. Ils sont couchés tels des alignements de dominos que l’on fait s’écrouler d’une pichenette pour les voir tomber les uns sur les autres avec la régularité d’un stand de tir. Mais ils sont plus divertissants que ces pièces de bois uniformes, surmontées d’ivoire maintenant faux et marquées de points de un à six, et ils donnent une impression de profusion colorée dans laquelle on a envie de mettre le nez pour sentir l’odeur subtile d’un cuir parfaitement tanné. Après un tel rite, il est évident que la deuxième envie est de les enfiler tous. Dommage que nous ne soyons pas Vishnou, incarnation de la création, car il est certain que le plaisir ne manquerait pas de créer des harmonies de couleurs au bout des bras qui, dansant discrètement, donneraient un spectacle enchanteur, comme des feux de Bengale tourbillonnant dans l’espace.
Mais l’on trouve également des sortes de petits manchons destinés à recouvrir la main en laissant les doigts libres de jouer avec les plis d’une robe solennelle, blanche ou noire naturellement. Ornées de petits boutons sur les côtés, ils pourraient aussi servir d’ornements des chevilles, utilisés par les sportives qui s’adonnent à la gymnastique en salle, pour empêcher vraisemblablement la transpiration de pénétrer dans les chaussures unicolores qu’il ne faut pas abîmer en raison de leur prix.
Certains sont réservés à des instants spécifiques où le rôle tenu doit être en accord avec l’importance de l’apparence, tels, par exemple, le mariage de William and Kate auquel vous auriez été invitée, empanachée et gantée de gris foncé, orné de fleurs aux pistils blancs, pour vous glisser subrepticement, dans la cathédrale et mettre en évidence cette parure des mains avec ostentation. La peau de serpent ne serait sans doute pas très bien vue dans une telle assemblée dans laquelle l’écologie est un art de vivre avec cependant quelques sélections des objets sur lesquels porte le graal de cette nouvelle religion.
Ballets de « gantitude » ou ronde élégante de mains autonomes comme des prêtresses caressant leur dieu avec légèreté et admiration dans un silence respectueux et les sourires convenus de telles cérémonies. La déesse s’abandonne avec humilité à cette adoration, acceptant du bout des doigts de se laisser caresser tout en protégeant une main fine de dentelles tricotées pour lui assurer la sécurité contre toute violation de son intimité.
Enfin la suprême élégance, plutôt masculine, mais que l’on verrait bien sur les mains de femme, ce gant simple, en veau d’un blond semblable aux cheveux d’une Ophélie nordique, au mi-doigts coupés à angle droit que compense la rondeur de l’arrière main faite pour montrer la peau tendre d’un poignet de femme ou la vigueur d’une poigne d’homme. Abandonné, comme flottant dans l’espace, les doigts élastiques, le poignet détendu, cette main attend une autre main, tout aussi délicate, peut-être une de celles du « ballet de gantitude », pour s’unir avec lenteur et respect pour la vie.
07:33 Publié dans 12. Trouvailles diverses | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : promenade, littérature, pésie, culture, exposition | Imprimer
01/01/2011
Quelques grains de sable
Quelques grains de sable dans une encoignure
Où s’attarde un filet de lumière
Parvenu par des voies détournées
A soulager leur solitude honteuse
Quelques cris d’enfants étonnés
Qui font gémir le balcon rouillé
D’où suintent des larmes de vieillesse
Également, et c’est nécessaire
L’ombre rafraichissante des ormes
Où se perd le savoir des couleurs
La plainte languissante d’un volet
Qui se ferme sur les yeux d’une femme
Encore frissonnante des caresses de l’air
Suffisent au voyageur attardé
Qui n’a pas encore trouvé de gite
Il errera durant la nuit claire
Attentif aux frémissements des sons
Jusqu’à ce que l’aube dévoile avec prudence
Ses longs filaments à l’horizon
Et que de nouveau crissent les graviers
Sous les pas fatigués de l’absent
07:10 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : pésie, poème, matinale | Imprimer