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18/04/2013

Suis-je bien là où je suis ?

Suis-je bien là où je suis ?
Vivre dans deux lieux sans savoir
Activités ou méditation, que choisir
La solitude ou la gare de voyageurs
L’évaporation ou la noyade humaine ?
C’est la corde raide de l’inconnu
Le voyage sans fin de l’Entre deux
(et pourquoi pas Antre ?)
Un lieu qui n’en est pas un
Une aspiration immatérielle
Qui vous vide le cerveau

Agité, je cours à l’action
Empli de bon sens et d’escampette
Je mouille ma chemise
Pour la tordre dans le no man’s land
J’arrive dénué de désirs
Dans le jardin des folies conceptuelles
Et plonge à grandes brasses
Dans l’orgie des idées sans fin
Elles gonflent, ces pensées malhabiles
Elles se trouent de bulles odorantes
Elles envahissent l’espace vierge
Et le peuplent de chaleur nocive
Le rêve devient réalité

Alors surgit la pâle résurgence
De la fébrilité de l’autre monde
Des rendez-vous diserts
Des réunions fantomatiques
De colloques envoûtants et creux
Fièvre ou apathie, je ne sais

Oui, suis-je bien là où je suis ?
D’ailleurs, où suis-je
Et que suis-je moi-même ?

14/04/2013

Le bonheur

Un ver de terre sort du sol
S’est-il rompu le cou pour la vacuité
Ou découvre-t-il l’absence de souci ?

Il chemine sur la surface
A la frontière de l’inconnu
Quelle ivresse et quelle arrogance !
Comment ce misérable vermisseau
Peut-il tout seul goûter le bonheur ?

Et contrairement à l’idée que l’on s’en fait
Ce n’est pas la satiété qui le réjouit
Mais le vide indolore de l’air
Plus d’exercices et d’efforts

Je vais et viens comme je l’entends
Exerçant mon autocritique pleinement
Et cela me procure un allégement
Qui me donne un frisson élégant

Le bonheur, n’est-ce pas cette goutte d’ivresse
Au creux des courbes du corps
Ce chatouillement inédit qui prend le rein
Cette absence de raison raisonnable
Qui ouvre les portes du paradis

Alors je déploie mes ailes
Et part loin de tous
Vers des horizons ignorés
Là où rien ne limite
Cette aspiration  à être

10/04/2013

Rêverie

Le dimanche se perd dans l’aquarium
Dont la solitude verte
Fait aux fenêtres dorées
Une rosée de pleurs

L’avenue bordée de pieds ronds
S’enfonce, infinie et chaude,
Vers la porte qui ne mène nulle part
Large tapis qui s’allonge, rigide

Les êtres s’étirent doucement
Vers trois coins opposés
Puis se laisse bercer
Par les vagues de leur lit

Parfois le soleil étale ses rayons
Jusque dans l’aquarium
Et cherche à détruire
Les ombres et la quiétude de l’air

Zébrée d’auréoles blondes
La cire ronronne et languit
Et des visages sans voix
Fuient leur cruelle engeance

L’aquarium émet des sons étranges
Rires alourdis de mains ouvertes
Où chaque doigt cache
Un souffle de fumée

Les lits ouvrent leurs bat-flancs
À des jambes solitaires
Qui glissent dans leur ombre
Vers de longs tabourets

Et ceux-ci campés fièrement
Sur quatre pieds aux pattes décharnées
Offrent leur solitude
Au monde de chaleur

Une rangée de hallebardes
Dresse leur cache-flamme
À la brume prisonnière
Qui s’y attarde gaiement

Le soleil aussi semble profiter
De leur miroir d’huile
Pour caresser doucement sa longue chevelure d’or

Univers clos
Monde parmi le monde
À la recherche d’une âme
Dans les brumes de son corps

06/04/2013

Ecume

L’écume des nuages dans les flots
Secoués de tremblements

L’écume de chaleur des chevaux
Après une course effrénée

L’écume de colère que profère
Celui qui noue la violence

L’écume des individus méprisables
Qui portent leur aigreur rentrée

L’écume de mer des pipes
Dont la magnésite se culotte

L’écume de l’épileptique
Prenant par surprise l’humain

L’écume de terre de l’aphrophore
Protégée par son crachat de coucou

L’écume de résidus de la chauffe
Regorgeant d’impuretés

L’écume des jours, de littérature
Emportée par le déclin du temps

Toutes ces écumes sont-elles
Signe de vie ou de mort
L’écume n’est-elle qu’une éphémère
Excroissance de renoncement
Ou preuve de résurrection ?

L’écume des mots seule
Peut le dire en bulles
Et pétillements sauvages
Sortant de la bouche d’innocents
Frêles, vierges et extasiés

 

poème,écriture,poésie,littérature

02/04/2013

Inexorablement, se déversent du ciel

Inexorablement, se déversent du ciel
Les gouttes d’une froide solitude
Le temps s’est divisé, recroquevillé
En nuages noirs et denses
Comme les bourres de poussière
Sous les meubles de votre passivité

Autour de vous, au pied de votre île
L’eau monte en écume blanchâtre
Et file sous vos yeux inquiets
Elle atteint sa côte d’alerte
Et envahit votre esprit occupé
Jusqu’à faire dériver vos pensées

Les gouttes sont devenues flots
Les flots deviennent fleuves
Les fleuves emplissent l’immensité
Des eaux des mers bordant la terre

Observons cet étrange ballet
Une goutte tombe, se perd
Se fraye un chemin dans la végétation
Ruisselle avec ses compagnes
Vers d’étranges récipients
Qui déversent leur bouillonnement
En vomissures permanentes
Dans des canalisations saturées
Jusqu’aux rives des ondes courantes

Là s’arrête son aventure
Elle meurt de trop de gouttes
Elle laisse la place à plus épais qu’elle

Adieu goutte fraîche et caressante
Qui m’honora de sa présence
Avant de finir engloutie
Dans les affres de la nature débordante

28/03/2013

Pourquoi certains jours te revêts-tu de gris ?

Pourquoi certains jours te revêts-tu de gris ?

Tes verres sont-ils devenus opaques ?
Le vide dans ce corps froid et insensible
Que plus rien n’attache au sourire
Un gouffre sous les pieds, un voile sur le visage
Tu avances, mortel parmi les vivants
Mais tu ne parviens pas à te détacher
De cette paroi silencieuse et nubile
Qui te colle à la peau et t’immobilise

Parvenir à l’âge adulte, quel déclin
Plus de noir, plus de blanc, plus de couleurs
Rien qu’un immense champ de gris
En labour permanent, acharné
Et l’homme court derrière la charrue
Tel l’insecte rougi au feu du travail
Qui apporte chatouillements et démangeaisons
Lové dans son rêve ou ses cauchemars
Tu regardes passer ces années, atone

Pourquoi certains jours te revêts-tu de gris ?

24/03/2013

Ruisseau des villes

Ruisseau des villes au long des pierres
Où plongent les pas de passants rêveurs
Tournes autour des pavés de lumière.
Une fleur, rouge, une tulipe, je crois,
Glisse sur ton chemin et pleure.

Tu vois de grands pieds sales,
Ensuite des têtes de roi.
Des doigts roses s’allongent vers toi.
Les gamins plongent les leurs, impudiques,
Dans ton sein. Une pièce brillante en sort.

C’est le sort des pièces hiératiques,
Tortueuses et sans beauté. Les rues
Défilent leurs ventres gris, encore
Une autre, et la même sans voix
Et une autre sans vie. Il n’y en a plus.
Tu ries dans le noir d’égouts, rue Quinquempoix.

20/03/2013

L'artiste

L’artiste est une plante persistante
Artisan avant tout
Il ramasse les mots, les objets, les sons
Et en fait une soupe personnelle
Qu’il est seul à pouvoir reproduire

Quel délice que cet enchevêtrement
De cristaux qui s’assemblent
Et brillent d’odeurs sacrées
Il se brûle les doigts, mais contemple
Etonné, l’assemblage inédit
Fruit incertain et volage d’usinage
Intérieur. Quel moulin permanent !
La poussière tombe en paillettes d’or
Et réjouit le contemplateur
De l’article produit dans la brume
A tâtons, dans l’obscurité
De la création toujours intempestive
Qui s’impose d’elle-même
Mais qui ne se livre qu’après
De lents cheminements de la volonté

Artisan, oui, c’est bien le mot
Même si par moments, tout coule
Lorsque la fougue et l’inspiration
Expédient les hésitations débiles
Emporté par l’élan vital
Il se mute en artiste vert
Puissant, indéracinable
Né dans la surprise de la grâce
Dans la semence abondante
Dans le miel du halètement

Enfin il reprend souffle
Il apaise sa soif de reconnaissance
Il part sur les routes du bonheur
Passager malgré tout
Car la fièvre le reprend
Qui remet en cause son avoir
C’est reparti !

Rien ne l’arrêtera dans sa manie
Son essence est volatile
Elle pénètre la société
Par tous les sens humains
Mais surtout par la persistance
Du germe sacré qu’il entretient

Cultive ton terreau
Il en sort toujours une fleur
Qui porte ta marque indéniablement !
Alors la vie devient caressante…

16/03/2013

L'union des contraires

C’est par l’union des contraires
Le blanc et le noir
Le feu et la glace
La haine et l’amour
Que l’on vit sa vie

Et ces sautes d’humeur
Combat sur une mer déchaînée
Sont le lot de tous
Même du divin
Satan et l’ange Gabriel
Se côtoient en chacun de nous
Comme ils luttent dans les cieux

Loi universelle, avec modestie
Elle nous contraint
Nous enserre dans ses griffes
Pour que parfois s’envole
De nos corps étonnés
L’oiseau pudique
Qui se mêle aux nuages
Roucoule dans l’espace
Et enchante nos cœurs
Qui de pierre deviennent de chair

Oui… Les contraires
Nous conduisent à la tombe
Qui s'avère délivrance
Tel l’oiseau moqueur

12/03/2013

L'attente

Suspendu dans le mouvement,
Vous vous évadez du présent
Où êtes-vous ?

Hors des minutes
Dans les secondes éloquentes
Après l’appel du plongeoir
Avant l’éclaboussure de l’impact
Le corps arqué d’impatience

Dans le brouhaha, le silence
La tête vide d’occasions manquées
Seule compte l’avènement
Cet instant de complétude
Dont la flèche viendra toucher le cœur

Et vous n’êtes pas seuls
De longues files se forment
Serpentant devant l’ouverture
Unique, gardée par un cerbère
La matraque à la main

Patientez, il en reste le bien
D’un arrêt sur image, forcé
Equilibre précaire et symptomatique
D’espoir, de crainte, d’appréhension
Sur la pointe de l’âme

Vous n’êtes plus maitre de votre destin
Suspendu dans le mouvement
Vous attendez, vous entendez
La cloche de bronze d’une mort annoncée
Ou d’une vie jaillissante d’explosions

Frottez l’allumette de la flamme
Fermez les yeux et les oreilles
L’inconnue est au bord des lèvres :
La coupe du salut ou le couperet sordide

08/03/2013

Arrondi et bleuté comme l’encre

Arrondi et bleuté comme l’encre
Le ciel referme sa voûte imperceptiblement
Sur la dentelle fragile de l’arbre mort
En haillons de feuilles décolorés.
Une à une, les brindilles s’évadent
Dans l’ombre. Mais vers le soleil disparu
Elles survivent plus longuement
Soutenues par le souffle du crépuscule.

04/03/2013

La délicatesse

Sur des pincettes, j’approche
Du bout des yeux, je dévisage
L’oreille attentive, silencieuse
Crissement du verre sur le fer
Tempête dans la tête
Au sein de nuits débordantes
Je flotte dans la salive
Des neiges d’antan
Là dans le ruisseau
Le plus beau des trésors
Trois perles d’Ankara
Blanches, translucides

Delicatessen : charcuterie
Ou restauration de luxe ?
Extrême pointe de l’être
En équilibre sur les cieux
Montée sensible du nectar
Dans la colonne vertueuse
Jusqu’à l’explosion sucrée
Sans ces gouttes subtiles
Que serai-je devenu ?

Delicatessen : épicerie fine ?
Légère et élégante, elle reluit
De mille feux de légende
Fille de roi ou princesse tam-tam
Que sait-on de cette solitude ?

La délicatesse est bigote
Elle se pâme de différences
Caresse ses airs évaporés
Et chante ta chanson d’amour

La délicatesse est sirupeuse
Elle colle aux doigts de miel

La délicatesse fatigue
Exigence de limpidité
Le rare tue, comme l’acier

Mais toujours la délicatesse attire
Quelle ombre au soleil ardent
Sous son parapluie doré
Se cache les ruisseaux d’avenir

28/02/2013

Multivers

Est-il possible…
Oui, est-il possible que l’univers ne soit pas unique?
Notre univers qui contient toute la matière
Et donc, par définition, le tout
Serait-il un parmi d’autres de matière différente ?
Mieux même, ces univers autres interpénètreraient
Le nôtre, lui causant des perturbations
Comme le papillon réorientant la trajectoire d’une tempête
Le souffle d’une femme sur votre joue
Déchaînerait-il de semblables perturbations
Dans votre univers intérieur et unique
Oui. Sûrement. Quel tremblement !
Ce soupir mêlé au vôtre n’introduit-il pas
Une tempête intérieure bouleversante ?
Et  c’est ce coup de tonnerre dans votre monde
Qui vous fait dresser l’oreille vers l’espace
Mais aussi loin que le permettent votre vue et votre ouïe
Vous ne voyez rien, vous n’entendez rien
Mais vous ressentez dans vos entrailles
Cette révolution inhabituelle et chaude
Bouillie d’émotions et de sensations
Ah, quel malheur et quel bonheur
Que ce tremblement de terre
Que l’amour met en nous comme une semence
D’une vie meilleure et plus large

24/02/2013

Pourquoi faut-il que le temps s’accélère ?

Pourquoi faut-il que le temps s’accélère ?
Jeune, il se traîne comme l’escargot
Les jours vous paraissent des mois
Les vacances sont au-delà de l’océan
Quand viennent les premiers examens
Il accélère son rythme. On s’essouffle !
Puis il reprend son lent cheminement
Au gré des occupations professionnelles
Jusqu’au stress des échéances immanquables
Pourtant, en soi, il ne concède rien
Il se tient immuable dans sa robe rose
Et regarde les hommes s’agiter
Comme des pantins échevelés
Et l’autre, en face, soupire
Quand nous arrêterons-nous ?
Les enfants passent et partent
Et tu es toujours là, le même
Ou du moins le crois-tu
Mais tout s’accélère et s’emballe
Tu ne sais plus où te tenir
Les mois sont des jours,
Les années sont des mois
Et file la laine sur le rouet
Qu’ai-je entre les doigts
Ce bout de fil qui devient si petit
Qu’il finit par casser, par maladresse
Ignorance ou parce que c’est l’heure
Tu n’as pas changé en réalité
Tu restes l’heureux enfant
Qui courrait dans les prés
Et cependant la vie t’a marqué
S’est imprimé en toi subtilement
Tu es un homme, un de plus
Dans la longue liste des passages
Qui s’agrandit imperceptiblement
Je suis, j’ai été et que serai-je ?
Au-delà de l’horizon s’étend
La longue nuit, calme et envoûtante
Mais elle reste inaccessible
Tant qu’on n’a pas franchi le pas

20/02/2013

J'ai retrouvé mon âme

J’ai retrouvé mon âme d’adolescent
La vie s’ouvre à moi grandement
Comme un livre inépuisable
Dans lequel les mots sont des actes
Délivré de la lutte quotidienne
Je coule des jours sans fin
Dans les délices de la créativité
Quel envol ! Mille hirondelles
Qui virevoltent dans un ciel pur
Pas d’heures, pas de soucis
Une promenade dans la nuit
Seul face à la vacuité ineffable
Et laisser son cœur et son esprit
Divaguer dans l’immensité
A la recherche du diamant brut
Qui se cache en soi, voilé
Par la lourdeur du savoir
L’expérience n’est rien sans fraicheur
Alors en se versant un seau d’eau
Sur le corps dénudé
Laisser tourbillonner le moteur
De la renaissance en vous
Sans faux combustible
Sans fausse richesse éperdue
La transparence vous prend
Et vous envoie dans l’univers
Pour vous enchanter les yeux
D’un parfum d’inconnu

16/02/2013

La peinture

La peinture. Elle me colle au cerveau
Blanche ou noire, elle se déploie
Et envahit mon champ de vision interne
Il n’y a plus qu’elle, immense
Etalée en couches serrées, striées
Mes mains s’agitent, ouvertes
Sur un monde de couleurs vives
Entre la forme et le trait
Fine pointe de rasoir sur le regard
Etincelle de brillance aiguë
Pierre précieuse qui résonne
Dans l’univers impitoyable
Des sensations rondes et chaudes
Certes, je fatigue, je me bas
Contre l’erreur, le poil de pinceau
Qui se tord et chavire
Contre l’angle qui se courbe
Contre le trait qui fuit
Contre la goutte qui déborde
Contre la lassitude qui m’ensevelit
Mais lorsque tout est fini
La lumière apparaît dans la nuit
Déborde de la toile
Et illumine l’esprit
Oui, peindre est une tâche
Sublime et épuisante
Qui, au final et à chaque fois
Fait respirer un air d’éternité

12/02/2013

L’éternité est-elle cette grande page blanche

L’éternité est-elle cette grande page blanche
Vide de signes, volant dans le silence assourdissant
Ne l’attrape surtout pas ! La mort t’attend
Cours derrière, mais attention au changement de vent
Tu frissonnes dans la pâleur du jour levé
Dernier jour d’une multitude d’autres
Pas une tache sur la feuille immaculée
Partir sans laisser d’adresse comme un voleur
Dans le ciel clair, le cœur étreint
Par une envie d’air frais. Mais pas un souffle
Où est donc passé l’écriture de l’éternité
Rien que le blanc, noyé dans cette laine
Et tu t’envoles dans l’espace entre les astres
Tu contemples ce monde bleu quitté à jamais
Il s’éloigne et tu ressens le froid de l’absence
Tu oublies la caresse de la lune sur tes joues
Tu… Tu… Mais es-tu, toi ? Tu ne te connais plus
Tu voles de concert avec la page blanche
Enfoui dans ses grains, sourd au sifflement du vent
Et tout devient blancheur immaculée
Ah, le blanc est fini. Il m’a bien fait rêver.

08/02/2013

Le rêve

OK… Voilà la poupée huilée et cosmétique
Des publicités tapageuses et anonymes
Elle est prête à tout, peu importe
Ce qui compte, c’est attirer l’œil et l’attention
Pendant une minute ou deux
Pas plus, pas moins, et encore…

Le rêve, nature indissoluble d’une réalité
Inventée de toutes pièces et entraînant
Des débordements tumultueux

Le rêve, nuage poussé par les vents
De l’imagination incontrôlée
Pour notre plus grand plaisir personnel

Le rêve, méditation interne  et exaltée
Qui conduit aux extrêmes la vision
De la comédie humaine

Et pourtant, on peut rêver aux anges
De plaisirs à venir et de délires joyeux
De départs pour des contrées lointaines
De séjours dans des grottes oubliées

Oui, les rêvoirs sont infinis
Une vie ne suffirait pas à les connaître
Les plus beaux ne sont pas les mieux aimés
Un rêve dans les étoiles et le cosmos
Vaut bien celui de bals enchantés

Mieux vaut rêver sa vie
Que vivre sans motif

04/02/2013

J'ai vécu de multiples vies

J’ai vécu de multiples vies
Pour chercher celle qui me convient
J’ai trouvé la folie, la persévérance…
Toujours à fond pour tirer la corde
Du rêve qui ne mène à rien…
J’ai chevauché les centaures,
Etroitement enlacé à leur piétinement
J’ai parcouru en pensée
Toutes les geôles endoctrinées
J’ai contemplé l’océan des sentiments
Et subi les balbutiements mondains
Je me suis donné aux notes, fraiches
Qui font naître l’élégance et le secret
J’ai tordu le fer et assoupli le bois
Fait de la matière une ébauche de vie
Représenté ce que je ne pouvais dire
Couleurs et formes répandues
Je me suis adonné à la méditation
Contemplant l’épais nuage de l’ignorance
Jusqu’à ce qu’il devienne blancheur
J’ai quitté la pensée et l’action
Pour plonger hagard et bienveillant
Dans les univers dépeuplés
Et j’ai trouvé dans cette immensité
Ce creux de chaleur intense
Qui guide la vie et voile les heures…
Explosion !
Quel chemin depuis le jour
Où je me suis réveillé dans la nuit
Planant au-dessus du destin…
C’est là que j’irai, mais comment ?

31/01/2013

Quand reviendras-tu de ton pays des rêves ?

Quand reviendras-tu de ton pays des rêves ?
Tu es là, absente, seule dans la foule
Hésitante, trébuchante, sans but ni projet
Une vie, pourtant, ce n’est pas une promenade
On ne démarre pas assis dans la voiture
Sans plein d’essence ni biscuits
Silence, en réponse... Je me cache
Derrière mes esbroufes et pirouettes
Tu n’as rien à connaître de ma vie secrète
Blanche, transparente, je passe
Sourires, rires même, discrets
Qui transforme la statue en marionnette...
Ton ombre s'en va, légère, uniforme
De lassitude heureuse et dénudée
Tu marches, tu marches, je te vois
Je te perds de vue...
Où se trouve l’horizon de la vie ?

27/01/2013

Sortir sans conscience dans le froid

Sortir sans conscience dans le froid
Vous la laissez à la maison, au chaud
Et allez libre de toute contrainte…

L’air vivifiant envahit vos poumons
Comme une sucette à la menthe
Vous êtes retourné de fraicheur
Qu’il est bon de ne plus disposer
De pensées délétères et ruineuses

Pas à pas vous laissez le pavé résonner...
Il sonne plus fort aujourd’hui
Cloches environnées de crème chantilly
Les sons ont une autre allure
Secs, revigorants, ils s’affrontent
Dans la tête vide et éclatent
En bruits de verre éparpillé
Ils remplacent le toucher interdit
Par la caresse collante du métal refroidi
Et le pincement détaché des doigts

Et soudain vous vous envolez
Dans la nuit blanche de froidure
Contemplant la ville émasculée
Repliée sur elle-même, résorbée
Dans ses cubes rayonnants
Où l’homme et la femme reposent
Sous les couettes des délices...

23/01/2013

Téléphone

Un coup de fil, qu’est-ce ?
Le téléphone sonne
On suit le grésillement du câble
Sans savoir où l’on va
Et qui nous appelle
Exclamation,  déception
Peut-être enchantement, qui sait !
C’est toi, c’est vous, c’est nous
A nouveau réunis, collés à l’écouteur
Cela revient, l’ancien langage
L’intonation chaude des voix de femme
La glaciale attitude des hommes d’affaires
La camaraderie bon enfant des adolescents
Et les souvenirs explosent
Mais ce qui compte c’est l’évanescence
D’une sensation, d’un sentiment
Là tu étais assise, riante
Ici vous avez versé vos larmes
Tous nous laissons tourner
Ces éclairs en volutes
Et entretenons nos souvenirs communs
Au revoir, adieu ou à bientôt
Qui sait ce qu’il adviendra de nous
Mais ce réveil de la mémoire
Regonfle ces instants délicieux
Où nous avons connu
L’osmose, la superposition des émotions

A quand ? Tout à l'heure, demain...

19/01/2013

Blanc

Blanc comme le plein ou le vide ?
Ebloui, je ne sais
Le blanc est le regard de l’aveugle
Un puits clair d’absence

Vêtu de lait, j’erre
Dans la prison des rois
Enfoui dans les nuages

Pourtant ils voient la mort en noir
Ceux à qui la foi échappe
Le trou et rien, la coupure

Carte blanche dans ces divagations
Mais encore faut-il distinguer
Ombres et méfaits plus sombres
Noir ou blanc
Bonnet blanc et blanc bonnet
C’est cousu de fil blanc
Que d’expressions à tâtons
Tout ceci est connu comme le loup blanc

Les yeux ouverts dans l’eau
Je cherche mon corps disparu
Qu’ai-je encore à moi
Je n’ai plus de poids
Je crie sans bruit dans ma tête
Et rien ne bouge, rien ne tressaute

N’ouvre pas la bouche
L’étouffement du silence
Te prend à la gorge

Quel bel accomplissement
Que cette vie en blanc
Rien ne m’affecte
Seuls les mots glissent
Sur tes cheveux de rêve

15/01/2013

Marchant sur la plage blanche des jours

Marchant sur la plage blanche des jours,
Nous laissons sur notre chemin incertain
Quelques galets  entassés chaque année.
Amas de souvenirs, dans le sable des moments
Que le reflux des eaux éparpille peu à peu.
Mais chaque année à nouveau, inlassablement,
Après avoir échafaudé une pyramide de cailloux,
Nous nous penchons encore, la main ouverte,
Pour emplir nos poches d’espérances vieillissantes.

Dans la fontaine des sabliers,
Les grains de sable de nos instants s’accumulent
Jusqu’à former une figure parfaite, mais friable,
De souvenirs imperceptibles du sommet.
Parfois se forme une vague idée du cône supérieur,
Une vue en perspective de son opacité,
Mais nous ne pouvons évaluer la hauteur
Du volume des grains qui y reposent.
L’annonce d’une nouvelle année
Renoue l’espoir de leur multitude,
Comme si la source était intarissable.

10/01/2013

Le souffle

Il lui dit, dans un souffle
Laisse l’air t’envahir
Comme un gaz libéré
Perce ton opercule
Et ouvre ton espace
Au chant profond des sirènes
La mer a ses lubies
L’air n’est plus
Tu as les mains liées
Et les pieds empanachés
La pirouette du lapin
N’est pas celle des oiseaux
Avez-vous vu un oiseau
Voler sur le dos
Seules les machines humaines
Peuvent le faire
Mais à quel prix ?
Elles aspirent l’azur
Et recrachent la poussière
Encombrée de soucis
Le souffle passe, chaud
Il enserre le cou
Il caresse les cils
Et berce les oreilles
De son chant aigu
Puis, plus rien,
Que le silence des poètes
Qui résonne encore dans la tête
Le souffle est passé,
Il a marqué de son doigt le texte
Rien, plus rien
Ne doit être écrit
Alors laissons ce papier vide
Et partons ensemble vers le rêve
Celui de jours meilleurs
Et de soleil luisant

05/01/2013

Innondation 2

Pendant longtemps j’ai cru
Que la rivière débordait
Parce que trop d’eau, trop d’eau
Mais peut-être n’est-ce pas vrai ?
Trop contrainte, elle s’étale
Elle se laisse aller, bienheureuse
Et va caresser ce qu’elle ne voit jamais
Ces rives enchantées et fleuries
Elle va chatouiller les pieds nus
D’arbres évaporés naviguant sur la terre
Elle soulève leurs bottes
Et dépose un baiser en silence
Elle poursuit sa quête vaine
De terres à découvrir, à recouvrir
Ces gouttes laissées sur le feuillage
Elle prend ses vacances, hilare
Et se donne à cœur joie
Et s’approche des maisons
Pour y jeter un œil malicieux
Qu’y-a-il dans la cave ?
La cuisine est-elle propre ?
Le salon mérite-t-il le détour ?
Les jardins sont visités
Et revêtus de la douceur boueuse
Des alluvions descendant des collines
Elle poursuit sa route, guillerette
Vagabonde dans des lieux insolites
Cimetière aux portails rouillés
Guinguettes aux tendres échanges
En ville, elle se lâche dans les rues
Et enserre la prison d’une langue froide
Elle repart dans d’autres platitudes
Champs dorés, prés verdoyants
Puis, bientôt, sables accumulés
Aux méandres paresseux et frivoles
Avant de plonger dans l’inconnue
La grande sœur délirante et pudique
Qui accueille toutes les orphelines
En mal d’évasion et d’indélicatesse

01/01/2013

Premier de l'an

Premier de l’an,
Premier jour de l’année 2013
Rien de l’extérieur ne semble le rappeler
La rivière coule comme à l’accoutumée
Les voitures passent lentement sur la route
Le chien d’Emile vaque à ses besoins
Non, rien n’est différent des autres jours
Et pourtant…

Les nuages se chargent de couleurs
Les arbres frissonnent d’air ambiant
Les oiseaux pépient derrière la vitre
Le héron dans le pré se couvre de blanc
Rien n’est changé, mais tout respire
Tout aspire à une autre vie,
Mais en sommes-nous conscients ?
Certes, nous avons fêté ce passage
Le verre à la main, les yeux dans les yeux
Mais quel passage ?

La fumée qui sort des cheminées
Reste à trainasser sur le sol
Elle ne monte pas droite vers le ciel
Mais emprunte des voies détournées
Elle s’effondre sur elle-même
Et semble dire, à quoi bon !

La journée s’éternise, bleutée, mélancolique
Tout s’entasse en ce jour béni
Sans vouloir sortir du décor fabriqué
L’on tente de s’y confondre...

Abandon...
Est-ce vraiment un jour spécifique
Où rien n’est comme avant
Et rien ne sera comme après ?
Je découpe aussitôt une heure du jour
Et tente de la recoller ailleurs
Mais elle ne tient pas sur la page du temps
Seul ce jour l’accueille, en surplus
Qu’y a-t-il dessus ?

On ne sait pas que l’on vieillit
Ce jour nous le rappelle
Amusons-nous du temps qui passe
Et pleurons ce que nous n’avons pas fait
Alors que nous en avions le temps
Réjouissons-nous de ce que nous avons vécu et fait
Et nos rêves deviendront réalité dans cette nouvelle année

Tournons-nous vers l’avenir
Admirons ce champ immense
De toutes les possibilités
Et laissons errer notre fantôme 
Sur cette patinoire reluisante

Une nouvelle année,
Quelle glissade !

30/12/2012

Réminiscence

Réminiscence, perdue dans les plis
D’un cerveau encombré de souvenirs
La lueur d’une inquiétude nerveuse
Comme une puce maligne et agitée
L’image ressurgie de jugements
Abruptes et sans fondement
Comme un aigle volant au-dessus
Du nid douillet des habitudes

Pourquoi t’es-tu donné ainsi ?
Nous avons tous de ces instants
De doute et d’artifices
Qu’en faire, sinon les revivre
Avec le recul de l’âge et du temps
Et reconstituer les heures sombres
De moments oubliés, enfouis, anéantis

Cette armure, construite patiemment
Te protège du passé noire
Fendillée, elle laisse s’échapper
L’odeur pestilentielle des cuisines
D’une vie sombre et inconnue

Nettoyage intempestif des recoins
D’une mémoire défaillante
L’écouvillon fonctionne, agité
Et ouvre des réseaux inconnus
Entre ces vies différentes
Rapprochant ainsi des détails
De liens jusqu’alors inusité
Un son, un goût, une odeur
Et valse la sécurité d’un passé
Bien ancré dans ces certitudes

En volutes de fumée s’échappent
Ces instants honnis et oubliés
Et on s’allège,  on se dégage
On se laisse fumer, plumer
Jusqu’à l’absence et le renouvellement

Oui, on est prêt à tout,
Le cœur léger et ferme
C’est ainsi que nous sommes
Pauvres humains
Comme des oiseaux volant
Dans un ciel dégagé

26/12/2012

Train de nuit

Défilent les boutons blancs ou jaunes
Derrière la chevelure de Madame
Elle baille discrètement, souriante
Elle semble s’excuser du regard
Et la voiture file dans le noir
Partie dans l’ouate du voyage
Elle échappe à la raison pure
Pour errer avec sollicitude et patience
Sur les vapeurs de rêve entrecroisées
Des nantis d’un billet désiré
Dehors les autres, ceux qui nient
La nécessité de disposer d’un papier
Pour s’enfuir dans l’éther dilué
Et le maître des lieux, casqué
Demande à chacun son obole
Le sésame érodé tel un talisman
Le crayon sur l’oreille grasse
Il pérore avec la voyageuse
Qui ignore sa langue vivante
Et pépie des caquètements
Pour signifier sa colère montante
Je tends mon autographe signé
D’un quelconque bureaucrate
Il me sourit, patient et distrait
Le poinçonne avec application
Puis poursuit sa course dévoreuse
D’autres trous à perforer, toujours plus
Je me love dans un angle
Fermant les yeux sur le lac
Noir et morne de la vitre
Jusqu’à ce qu’enfin
Le sommeil vienne
Etouffé et boutonneux
Pour revigorer ce corps sans vie

22/12/2012

Inondation

Les eaux dans la nuit noire
Avancent à grandes enjambées
Elles fuient, par peur ou découragement
Elles s’évadent vers les lointains paysages
Où plus rien ne limitera l’horizon
Et si vous tentez de les retenir
Vous êtes emmenés avec elles
Fondus en elles, tourbillonnant paisiblement

Les eaux dans la nuit noire
Que vous préférez regarder
Sur la rive droite et fière
Ce passage furieux d’écume
Jaune, stupide de bonne volonté
S’engouffrant sans vergogne
Entre les piliers des ouvrages
Aspirant avec plus de netteté
A une course sans fin ni souvenirs

Les eaux dans la nuit noire
Dévalent dans mon cœur
Y laissant la marque profonde
D’un coup de couteau
Saigne petit ! Dégaine tes indolences
Ouvre tes yeux à l’aspiration
Et laisse-toi aller vers le sans fond
Là où plus rien ne peut t’atteindre

Les eaux dans la nuit noire…
Comme un commencement d’éternité