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10/06/2012

Laisse résonner en toi le monde

Laisse résonner en toi le monde
Laisse venir du fond de tes entrailles
Les bruits délicieux de l’immensité
Inquiétante du grouillement de la vie
Ecoute, les yeux fermés et les oreilles closes
Les paroles de la nuit ouverte
Qui danse comme les serpents
Sur l’antre des échos vibrant en toi
Entend ces chants silencieux et fuyants
Qui entretiennent en toi
Cette humanité rougeoyante
Et ces épanchements écarlates
Que monte vers toi les flammes
De l’inconnue extasiée
Qui crie sa douleur d’être seule
Marche sur les chemins de silex
Soulage tes pieds de misère
Et continue à avancer, toujours
Vers l’obscur point qui se trouve en toi
Et que tu cherches inlassablement
Sous la peau que tu revêts
Derrière les apparences de l’homme
Mais dans un cœur d’enfant
Et une âme divine se tient
L’aboutissement de ta destinée
Ce point ultime qui est ton but
Que tu peines à connaître
Et encore plus à décrire

Alors, oublie-toi,
Et qu’avance le vaisseau
De tes éclaircies divines !

 

07/06/2012

Cadeau

A cheval donné, on ne regarde pas la bride
Pourtant ils sont bien là, tous ceux qui
Regardent derrière le papier grenat
Enveloppant le mystère du don

Il ne fallait pas ! Susurrez-vous au donateur
Etes-vous heureux d’un tel privilège ?
Certes se fendre d’une offrande
Est mieux que demander un bakchich

Il est incontournable, dit la précieuse
Oui, il se tient au doigt, visible et précis
Comme une pomme de pin sur une branche
Ou un hanneton sur la fleur violette

Il est royal, osez-vous dire à votre bienfaiteur
Ce n’est pas un couscous, ni un festin
Ce n’est qu’un présent à l’image du cœur
Comme une bulle d’air montant dans l’eau

Il est tombé du ciel, un coup de tonnerre
Qui éclate au matin, à peine réveillé
Il vous touche le troisième œil
Et vous retourne sur le dos, tortue

Plus rien ne sera comme avant
Me voici transformé, vibrant
De surprise, d’attente satisfaite
J’embrasse la donatrice aux lèvres charnues

02/06/2012

Chapeau...

Plus généralement partie supérieure d’un appareil…

Chapeau bas, Monsieur, qui d’autres l’aurait fait ?
Ainsi s’esclaffe le quidam sur la pirouette des mots

Mais ce couvre-chef a d’autres vertus
Telles que le salut des grands aux petits
Ou encore l’élongation des silhouettes

Ne parlons pas de ce galimatias éclairé
Qui défie les juristes tout en les rassurant
Indéniablement, ces résumés sommaires
Interdisent le sommeil aux néophytes du droit

Pourtant il leur faut bien, un jour ou l’autre
Faire porter le chapeau à un coupable
Sous peine de ne pouvoir survivre
A de telles manipulations en prétoire
Et finir derrière la grille du confessionnal

Certains travaillent du chapeau, encombrés
De rumeurs, de chaleurs, de torpeurs
Ils se laissent guider, obscures victimes
Par les cris entendus en écho des pensées
Mais ont-ils réellement des pensées plutôt
Que des images qui les guettent le soir ?

Quel est donc cet objet que l’on met sur le crâne
Qui nous conduit à tant de détours ?
Certes il porte d’autres noms :
Coiffe du boit-sans-soif, bonnet du benêt
Panama du skipper trois-mâts,
Casquette des coquettes, turban des forbans
Bicorne des bornes, galurin de Tartarin

Ainsi, chaque jour enturbannés s’en vont les têtus
Ceux qui pour rien au monde ne sortiraient têtes nues
 Ils se voilent la face d’un haut de (ou sans) forme
Et s’en vont droit devant eux en saluant
D’un coup de chapeau bien maîtrisé
Le maître du district ou le menu peuple
Pour le simple plaisir de tirer son chapeau
Et montrer ainsi son crâne dénudé et aigri

29/05/2012

Partir en sautant dans une voiture

 

Partir en sautant dans une voiture,
Sans savoir où l’on va
Uniquement pour le plaisir, pour
Quitter ce que l’on connaît trop et
Aller sur ce chemin désiré parce qu’inconnu !

L’excellence des détours afin d’atteindre
Le but inconnu, insoupçonné et désirable
Alors on part à l’aventure, sans savoir
On cherche l’impression, le vide, l’absence
Et chaque départ se fait sans désir de retour

Oui. Elle est partie, cheveux au vent
Enveloppée dans sa robe fuchsia
La main levée, les yeux baissés
Sans bagage, sans souvenir
Pour voir ce qu’il y a, au-delà

Elle a laissé l’odeur de sa délicatesse
Le parfum de ses remords et de ses désirs
Plus rien de tout cela ne lui appartient
Même son cahier reste en souffrance
D’une écriture hâtive et malhabile

Elle n’est plus qu’un point noir
Sur le feston de l’horizon
Un point que l’on regrette, chaud
Comme le sang du mouton
Que l’on égorge pour l’Aïd al-Adha

25/05/2012

Il était là sans y être (rencontre dans une rue de Paris)

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Il était là sans y être, au pied d’une porte cochère,
Assis sur un sac sans forme ni couleur, en jachère,
Il dormait à poings fermés, ivre et sans consistance,
Rien ne l’aurait réveillé, pas même les femmes de l’assistance.

Il remua soudain, pris de délire et de tremblements.
Les yeux fermés il redressa la tête, hagard vraiment.
Il battit l’air de ses bras forts, sans conscience,
Et se rendormit difficilement, mais avec vaillance.

Il ne me vit pas le dessiner, caché derrière les vélos,
Regardant la chair humaine simuler ses sanglots.
Il bailla d’une gorge profonde, poussa un cri,
Regarda son état et hurla « A mort l’escroquerie ! ».

Alors il se leva, passa une main dans ses cheveux.
Il prit son sac, essuya son menton baveux,
Fit un pas ou deux avant de s’écrouler à nouveau,
Pleura sur sa misère, hennissant comme les chevaux.

 

21/05/2012

Jour du peintre

 

Jour du peintre, le soleil dort
Bordé de plumes, il se cotonne
Emergence sereine, sans contours
Il délivre sa myopie de cyclope
Terre de verre teintée, molle
Araignée laiteuse et géométrique
Je m’englue dans ta toile déployée
Jusqu’à cet œil pâle et soyeux
Mes pas étouffés par ta chair
Ne peuvent pas monter jusqu’à moi

17/05/2012

Il était revenu aux lieux de son enfance

 

Il était revenu aux lieux de son enfance,
Il se revit, petit, sautant sur ses gambettes,
Plus rien ne sera comme hier, et ta prestance,
Retrouvée, anoblie, te dispense de courbettes.

Merci à vous tous, pour votre soutien esseulé,
J’imagine l’être solitaire, empressé,
Revenir vers ses souvenirs et les caresser
Pour qu’ils reprennent une existence froissée.

L’eau coule, sereine, lavant tes désirs obscurs,
Et les transforme en pesante sinécure.
Tu aimes la pétrir de tes doigts malhabiles.

Rien, les souvenirs refusent leur présence.
Le temps a filé et consacré ton absence.
Rien ne rebranchera le passé immobile.

 

12/05/2012

J’ai cinq doigts

 

J’ai cinq doigts et tu en as cinq
Si je les entrelace, j’ai dix doigts.
Nous sommes alors comme les marins
Qui tirent ensemble sur leur corde de bois.

Tu as les doigts les plus fins
Cela semble aller de soi.
Ce sont de petits verres de rien
Aux ongles rouges de désarroi.

Tu as aussi de petits plis
Qui forment de grands rires
Sur ta paume encore assoupie
Par les grands yeux qui l’admirent.

05/05/2012

C’est votre univers

 

C’est votre univers, ce bureau délavé.
Et, présent, vous laissez partir votre esprit ;
Absent, sans vergogne, vous y revenez.
Apparition, disparition, tromperie !

Environné de fantômes, muselé,
Vous vous condamnez en imagination
A devenir sec et pâteux, dépoilé,
Dans cette enceinte de distanciation.

Votre transparence devenue réelle,
Vous errez dans les couloirs solitaires,
Trainant derrière vous vos péchés véniels,
Jusqu’à cette résidence balnéaire.

Et vous vous ébattez, le cœur en fête,
Là où aucune envie ne vous attend.
Vous vous délestez d’une âme inquiète
Jusqu’à baigner dans le vide dilatant.

 

 

01/05/2012

Inexorablement, se déversent du ciel

 

Inexorablement, se déversent du ciel
Les gouttes d’une froide solitude
Le temps s’est divisé, recroquevillé
En nuages noirs et denses
Comme les bourres de poussière
Sous les meubles de votre passivité

Autour de vous, au pied de votre île
L’eau monte en écume blanchâtre
Et file sous vos yeux inquiets
Elle atteint sa côte d’alerte
Et envahit votre esprit occupé
Jusqu’à faire dériver vos pensées

Les gouttes sont devenues flots
Les flots deviennent fleuves
Les fleuves emplissent l’immensité
Des eaux des mers bordant la terre

Observons cet étrange ballet
Une goutte tombe, se perd
Se fraye un chemin dans la végétation
Ruisselle avec ses compagnes
Vers d’étranges récipients
Qui déversent leur bouillonnement
En vomissures permanentes
Dans des canalisations saturées
Jusqu’aux rives des ondes courantes

Là s’arrête son aventure
Elle meurt de trop de gouttes
Elle laisse la place à plus épais qu’elle

Adieu goutte fraîche et caressante
Qui m’honora de sa présence
Avant de finir engloutie
Dans les affres de la nature débordante

27/04/2012

J'ai pressenti ce matin

 

J’ai pressenti ce matin la reprise des vagues noires.
Elles courraient au galop sur le plafond de la chambre,
Puis revenaient à la charge des ombres du miroir
Qui fuyaient la transparence du regard de ces chimères d’ambre.

Mais le sommeil envahissait les limbes de mon sarcophage,
Le noyant de l’obscurité de l’aurore qui se méconnaît.
Assis, je sentais mieux les attaques de l’hydre anthropophage
Qui semblait s’éloigner pour rire sous la voûte du dais.

Les vertus du val disgracié des antipodes marines
Excellaient à périr sur le toit de la grâce immolée,
La couvrant de longs corps brunis par la soif de perdre Aphrodite
Qui frôlait de son rire leurs faces épanouies du périple enchaîné.
 
Fermés sur l’ombre des autels de leurs ailes affamées
Les princes des châteaux du miroir étalaient leur infamie
Pour tenter d’échapper aux fantômes des lueurs embuées
Qui gardaient leur ignorance du pouvoir des parvis.

23/04/2012

Lumière

 

Lumière,
Un trou blanc dans la vague des choses
Un gouffre, cimetière de couleurs
Et l’eau, brillance horizontale
Comme une nappe ou un glacier

La Loire,
Cristallisation des échos du soleil
Largement étale, délibérément ouverte
Entre les pans de matière forestière
Achevée de repos et de grâce

Ombre,
Aux lagunes encloses de sable noir
Baignées des dorures de la rive
Où l’œil s’enfonce indéfiniment
Comme au travers des brumes matinales

Loire, amie de mes rêves
Consolatrice de mes tristesses
Épuisant la joie de tes épanchements
Entre les berges de l’espérance

Soleil aux rayons verticaux
Détendant l’air de ses inquiétudes
Source de gaité séculaire
Lié au fleuve comme une broche d’or

Enfin les bois reposant sur la rive
Comme des bras tendus vers la lumière
Impénétrables et pondérés
Dans une sagesse faite d’immobilité
 

19/04/2012

Inconsistante cassure mentale

 

Inconsistante cassure mentale
Comme un caillou qui vient frapper
L’occiput et le désoriente
Jusqu’au moment où l’être
Ne vit plus sa routine
Et se vide de toute richesse
Pour recevoir en échange l’absence
Qui est plein de l’univers

Noir, encore, rien que soi
Et la nuit qui vous encercle
Pas un bruit, pas un mouvement
Vous écoutez votre pensée
Qui déroule imperturbable
Ses images connues et inconnues
Vous tentez de les chasser
Sans succès, même faible

La bobine tourne, à vide
Avec un murmure discret
Qui chatouille votre cerveau
Sans cependant l’atteindre
En profondeur. Elle surfe
Elle poursuit seule sa course
Folie et déraison,
Voilà votre sort envié

Soudain la rencontre avec vous-même
Au bord des lèvres, discrète
Vous vous regardez, étonné
Qui suis-je ? L’immensité
La pointe de l’aiguille
Le tout et le rien, sans condition
Vous baignez dans votre absence
En bienheureux extasié !

 

15/04/2012

Comment cesser de voir

 

Comment cesser de voir à travers l’écran des eaux
Dans l’arbre effeuillé, l’enfant malhabile, l’oiseau grelottant
La forme de tes mains aux caresses apaisantes

Comment cesser de voir quand l’âme se dénude
 Ce qui rend l’air léger et d’autres fois plus lourd
Ce qui fait au soleil une robe de deuil
Ou à l’horizon une ceinture d’argent

Un regard encore et l’enfant joue
Une pensée peut-être pour réchauffer l’oiseau
Un geste de la main pour pouvoir sourire

Est-il possible de perdre cette joie enivrante
D’ignorer à nouveau l’intuition de ton existence
Qui se décuple au-delà de ta présence passive
Jusqu’à éclairer le paysage de mon écriture

 

 

06/04/2012

Un vendredi comme les autres ?

 

Le non être dans sa grotte de pierre
Il repose, arraché du bois
Il n’est plus rien
Face à la puissance du monde
L’inconnu existe-t-il ?

Une petite poignée croit en lui
Ceux qui le côtoyaient
Ils sont abasourdis
Comment cet homme,
La bonté même,
L’amour incarné,
A-t-il pu mourir comme un voleur ?

Nombreux sont ceux qui moururent
De la veulerie des hommes
Des innocents accusés
Les cœurs purs souillés
Dans le froid du regard des autres
Le doigt tendu de l’infamie
Crie sur celui qui ne dit rien
Et il se sent abandonné
Il ne sait plus à quoi sert sa vie
Pourquoi m’as-tu abandonné ?

Pourtant, envers et contre tous
Il avait suivi son inclinaison
Vide de l’homme passé,
Empli d’espoir vivant,
Il avait marché sur les idées
Et s’était confronté
Aux certitudes sans expérience
Et le voici, mort dans la pierre
Reposant dans un linceul
Va-t-il lui aussi être oublié ?

La foudre est tombée
La pluie s’est déchaînée
Il n’est plus
Son sourire s’est dilué
Dans les hués de l’ignorance
Ses membres se sont tordus
Devant les accusations inconsistantes
Et ses yeux se sont fermés
Sur le seul trésor qu’il possède encore
L’absence de haine et de rancœur
Mais cela suffit-il ?

Il se donne tout entier
Et en se donnant, de rien
Il devient tout
Et pourtant, n’est-il pas mort ?

 

04/04/2012

C’était un monde nouveau

 

C’était un monde nouveau
Après une absence de deux semaines

Ce jardin connu de l’hiver
Est devenu un inconnu
C’est une entité épanouie
Presque délurée
Qui donne à l’homme
L'image de sa renaissance

Tout s’accomplit intérieurement
Comme une métamorphose
Subtile et créatrice
Qui courre entre les pierres
Et leur donne la brillance
Des jours de fête

Pourtant lorsque je touche
Les feuilles entassées
Par un vent turbulent
Et qu’elles s’égouttent
De pure moiteur sordide
Je respire encore
L’odeur de l’hiver
Noble, mais désuète

Mais aujourd’hui,
Dans la chaleur alanguie
D’un premier jour de printemps
Tout ceci n’est plus qu’un rêve
Un passé achevé et raide
Qui pend au bout d’un fil
Au fond du jardin
Sous les arbres de l’enceinte

Réjouissance, illumination,
Comme un bol d’air miraculeux
Qui courre au sommet du crâne
Et parcourt la tête
En frissons bienveillants
Grisés d’inconsistance

Je laisse s’échapper les cris
D’enfants heureux et sans souci
Jouons au retour de l’année
Qui reprend sa danse effrénée
Qui emplit la sève de tremblements
Et fait naître aux branches
Les festons gris, puis verts
De plumets encanaillés

Alors reposé et reconnaissant
Je vais dans ce jardin nouveau
A la rencontre du temps
Pour reconnaître encore
Ce cycle indéfini
De la naissance de la vie

 

 

30/03/2012

Silence. Rien d’autre que le silence…

 

Silence. Rien d’autre que le silence…
Il est sans fin, il vous prend à la gorge
C’est vrai, il y a la nuit, indivisible
Et pourtant dans cet instant qui se prolonge
Il y a des pauses, des phases, des élans
Et là, nous sommes entre deux
La nuit des noctambules s’achève
La fatigue en venant à bout
La nuit des travailleurs matinaux
N’a pas encore commencé sa ronde absurde
Le temps est suspendu, inerte
Et j’erre dans ce silence magnifique
Comme dans un palais de glace
Regardant les miroirs étincelants
Qui cliquettent d’épanouissants pincements

Je flâne entre ces murs symétriques
De la mémoire des bruits oubliés
Entre deux, coupure du son
Abaissement de la tension
Je flotte dans l’absence
J’ouvre les yeux sur le vide
Je goûte l’insaisissable déficience
De sensations habituelles :
Le grattement de la peau sur le drap
La toux d’un voisin endormi
L’égrainage des heures à l’horloge
Le craquement d’un meuble fatigué
L’imperceptible ronronnement
Du frigidaire, repu et obèse
Le cri d’un enfant dans la nuit
Oui, ce silence devient pesant
Est-il possible qu’il n’y ait rien
Que tous ces bruits du souvenir
Ne soient qu’invention diserte ?
Quel sommeil dans cette aphasie
Je ne peux fermer l’œil
A défaut de fermer les oreilles

Tout à coup, retournement
Elle se réveille, me regarde
M’adresse une parole aimable
Comment ? Que dis-tu ?
Toujours ce silence éternel
Ah, oui ! bien sûr,
Retire ses boules chatoyantes
Que tu portes aux oreilles
Et moi qui croyais
A l’éternel silence
D’une nuit blafarde
Au fin fond de l’océan

Mais, non…
Tu n’entends pas cette absence
Rien n’obture ton ouïe
Cette syncope est bien réelle
Ne viens pas troubler l’écoute des yeux
Dans le noir impalpable
Je respire l’ombre endolorie
Des mémoires revenues
De nuits sans lune
Et de jour sans amour

 

 

26/03/2012

Délectation, tel est le mot, ambiguë

 

Délectation, tel est le mot, ambiguë
Et tu ries de ce vocable imaginaire
Qui court dans ta tête et tes pieds
Retour sur toi-même, en creux
Là où rien ne t’atteint, sans faiblesse
Tu attends l’horizon vide des étendues d’eau
Tu baigne dans la fange de leurs pourtours
Et pourtant, que dis-tu du dialogue
Entre l’inconnue, charmante et vive
Et le jeune homme altier et disert ?
Ils dégagent l’impression d’un passé
Révolu, sans concession, mal défini
Et courent ensemble vers les fontaines
De l’innocence et de la pompe
Rien ne sera jamais comme avant
Nous avons perdu la consistance
D’impressions diverses et subtiles
Voici ce qu’il reste d’un après-midi
Où les volets fragiles et fermés
Sur le passé ressasse le présent
Boite immesurable et pauvre
De sensations promises, vite effacées.
L’avenir a-t-il une raison d’être ?

 

21/03/2012

Elle est apparue, innocente et intègre

 

Elle est apparue, innocente et intègre
Au chevet de nos rêves mouvementés
Quand,  sur l’élégance des parvis
Tu récitais l’obsédante poésie des vers
Grouillants et pléthoriques, encombrée
De rappels exacerbés et mouvants
D’une glorieuse égérie immortelle

Oui je me souviens d’elle,
La belle et franche amazone
Qui, sur sa jument altière
Courre dans la campagne verte
Après les rêves endoloris et cruels
Des bourgeois frileux et indécis

Héraldique, elle se tient sur un pied
Au sommet de la colline odorante
Les bras écartés du corps, en suspension
Le regard comblé d’amour empanaché
Et elle sourit pour elle-même, frêle
L’autre jambe passée sur le fil
D’une clôture rêche et forte
Comme un oiseau envolé dans les cieux
D’un ciel d’orage zébré d’éclairs

Elégance du geste, de l’attitude valeureuse
D’une femme encore fille,
Qui court après sa révolte ombragée
Et gagne les rivages sublimes
D’une paix survenue au matin

Les yeux ouverts sur cette apparition
Franche et maladroite de maturité
Tu disais ton désarroi à cette image
La belle emportée dans l’air
Comme un drapeau en flottaison
Au sommet des mâts de navires
En partance vers des pays inexplorés
Et toujours enlacée aux désirs entiers

Ils courent les bras tendus, enrubannés
De honte mêlée à l’espoir irrésistible
D’une rencontre impossible
Avec celle qui n’a pas de nom
Qui n’est que caresse et égarement
Dans les chants puissants et magiques
D’un divertissement anodin

Oui, elle était la sirène dénotée
Le faune irrésolu et cruel
Elle empruntait les courants ascendants
Des fumeries d’opium envoûtant
Et montait vers l’azur, légère
Riante, inconsistante, immanente
Comme au cœur même de l’élan
De la vie et de la mort mêlées

Et lorsqu’au dernier jour
Le corps replié sur lui-même
Dans cet irrésistible effort
D’une respiration impossible
Tu vois ces vêtements de glace
Passer sur cette silhouette fine
Tu souris légèrement, extasié
A la merci de ce rêve définitif
Qui enchante ta mémoire

 

17/03/2012

Autoroute, un vendredi soir

 

Autoroute, un vendredi soir
Le soleil assoiffe le ruban gris
Qui déroule sa glissade devant nous
Au loin, il tremble de chaleur
Et prédit à l’automobiliste hasardeux
La cécité provisoire des voyages vers l’ouest
La voiture ronronne avec aisance
Avalant mètres et kilomètres
Dévalant les pentes échevelées
Remontant sans peine la contre-pente
Insensible à la fatigue et au bruit
Alors que, face à nous, surgissent
Les bolides bondissants et félins.

Hors de cette saignée, calme, silence
Béatitude d’une campagne endormie
Par une après-midi de repos
Quand déjà le cercle de lumière
Atteint l’horizon, diffusant
Aux arbres et collines une lueur
Légèrement jaunie par quelques nuages
Amassés sur un fond de ciel cotonneux

Sortie dans l’ombre, au crépuscule
Pour se laisser entraîner subrepticement
Vers d’autres horizons invisibles
Qui nous conduiront sans bruit
Jusqu’à la maison rêvée et choyée
Où l’on entrera pour ouvrir une nouvelle vie

 

13/03/2012

Ecoute d’une fenêtre ouverte sur un piano

 

Ecoute d’une fenêtre ouverte sur un piano…

Cristallines, les notes tombent une à une,
En cascade, ralenties, comme gelées,
Et la pesanteur les laisse s’écraser
Sur la surface lisse et froide,
Entre les rochers de la solitude.
Emportées par le tourbillon des flots,
Elles forment un renflement
Et s’évasent entre les cailloux
Qui parsèment la main gauche
De coupures subtiles.
Certains passages, entre les pierres,
Entraînent un modelé accéléré
Dans lequel les notes se noient
Dans une harmonie prudente,
Avec une retenue évidente.
Enfin... La plaine luxuriante
Où la mélodie prend de l’ampleur,
Accompagnée de nombreux accords :
Septième dominante,
Neuvième parfois,
Toujours suggérés,
Susurrés à l’oreille.
Tout s’éteint,
Se dilue,
Se perd,
Dans le grand bleu turquoise.

Alors on se laisse endormir,
L’esprit libéré de ce tout
Qui nous empoisonne
L’existence de son obsession :
Penser = vivre.
Quelle erreur !

 

09/03/2012

Se voir, regarder, et puis, partir

 

Se voir, regarder, et puis, partir,
Au loin, vers un horizon insoluble,
Au plus près des navires noirs,
En volant avec la mouette blanche.
Salée comme le goût de l’eau,
Elle dit adieu aux terres connues
Pour se tourner vers l’exponentiel,
Le grand mirage des flots déchainés,
L’étendue grisâtre et vert de gris,
Comme le chat espiègle et riant,
Pour compenser les jours de peine
Et les nuits d’outrage.
Elle a mis son manteau de loutre,
Elle a regardé son appartement,
Petit, malhabile, encombré,
Et a décidé de s’enfuir, loin de tout,
Dans une agitation inquiète.
Regardant les magazines colorés,
Elle a choisi cet au-delà des mers,
Derrière les soucis et les joies,
Là où plus rien n’effacera
Ses souvenirs d’une vie remplie
D’un petit air charmant et triste.
Où seras-tu dans quelques heures ?
Partie à bord, dans sa cabine minuscule,
Regardant par le hublot l’onde
Secouée de rires et de pleurs,
Et constatant sans peine le désert
Des eaux agitées, mais impavides,
Que feras-tu lorsque tu seras loin
De tout souvenir et de tout sentiment,
Avec pour seul horizon, plat, cette ligne au loin,
Qui se rapproche lentement, inexorablement ?
Mais derrière cette ligne qui fuit sans cesse
Qu’y a-t-il de si attrayant ?
L’envers d’un décor de rêve,
Le charme discret et respectable
D’un épisode fermé et désespéré.
Une comédie burlesque,
Un grand rire ébouriffant,
Un sourire de petite fille,
Une grimace de singe velu,
Le coup de queue d’un poisson
Volant par-dessus les rêves,
La chanson aigrelette et vaine
Des oiseaux prisonniers de l’air.

Départ vers la liberté de conclure
D’une pirouette mal assurée
Allez donc, partez si vous le voulez !
Que restera-t-il de votre personnage,
Juste un peu d’ombre le matin
Lorsque, réveillés, les passants attentifs
Regarderons ces fenêtres ouvertes
Et verront le rideau se soulever,
Légèrement, prudemment,
Pour qu’un visage exsangue
Leur fasse un dernier bonjour :
Ah, quelle farce que ce départ !

 

05/03/2012

Sensation, impression, émotion

 

Sensation, impression, émotion,
Comment qualifier cet état de court-circuit ?
Plongé dans le noir rougeoyant,
Les yeux fermés sur l’ostracisme
Naturel, stérile, mais palpable
Entre hommes et femmes,
Entre riches et pauvres,
Entre blancs et noirs,
Entre blonds et bruns,
Entre hommes et entre femmes,
Encore plus, entre enfants.
Rien, le vide de l’espoir, sans amertume,
Enrobé du chocolat tiède
De sentiments indélicats.
Revenir à la primauté des sons,
A la couleur de l’illumination,
Au goût ouaté du pain d’épice
Un soir d’enfance, dans son lit.
Assis, je contemple l’effondrement
De mon personnage en quête de componction.
Plus rien ne sera comme avant !
Le bleu divin, le noir de l’évasion,
Le blanc du mirage imaginaire,
Le rouge de l’illusion perdue,
Le jaune des nuits d’été, chaud,
Le vert envahissant de l’âme
Qui courre de la tête aux pieds
Et brûle la gorge au passage.
Je peux encore toucher, extasié,
La main fine et délicate,
De la chance souriante
Ou encore celle, plus rude,
De l’éclat de fer des séparations.
Et ton regard me transperce,
M’étrangle dans le jour malhabile,
Etonné, anxieux, interrogateur.
Qu’as-tu fait de ta destinée ?
Je suis resté sur le chemin
A regarder passer, courageux,
Les groupes combattants et vigoureux
Qui se poussaient les uns les autres
Pour cheminer ensemble vers une mort
Annoncée, inexorable, meurtrissante.
Oui, je te regarde et souris
A ta beauté retrouvée et pleine
Car ensemble nous naviguons
Toutes voiles dehors, au vent du large,
Vers l’horizon désert, mais tentant,
Dont on ne voit plus le fil.
Donne-moi tes doigts de fée
Prends mon visage entre tes mains
Et contemple celui qui est
Avec toi, pour toi, en toi.

 

28/02/2012

Tricorne de doute et de pompe

 

Tricorne de doute et de pompe
Sans l’arrêt du cœur de Germain
Je gagnais la bataille du flambeau
Arrondi au ventre de l’inquiétude
Et mêlé à l’inconsistance de l’eau
Je navigue aux porphyres des côtes
A l’ombre du phare à quatre têtes
Auprès de la blonde délicatesse
Des lumières de nos corps

Sous la pluie de notre déraison
Les regards abrités de tes paupières
Abordaient la venue des saisons
Du métal de leurs facettes altières

L’image vide,
Les mains à la pesanteur de l’âme
Je rêve, parfois

 

23/02/2012

Rien, l’errance conceptuelle

 

Rien, l’errance conceptuelle
Les idées filent comme météorite
Elles traversent l’espace
Et pompent l’énergie créatrice
La nuit berce cette agitation
La rendant ronronnante
Sur quoi se fixer ?
J’ai erré dans les lieux de la géométrie
J’ai observé les lois de la nature
Je suis tombé dans les imprécations
Des diverses cellules irisées
Qui courent dans la tête
Et agitent les pieds au soleil
Et je reviens ensuite à cette satiété
Ou cette inappétence pour la réflexion
Quand l’un vient, l’autre s’en va
Sans suite logique, sans pont
Sans symétrie de pensée
Une errance immature et diffuse
Qui couvre les heures de l’insomnie
Cela dure et s’étire comme des filaments
Jusqu’au moment où je me réfugie
Dans le monde secret et inexplorable
Derrière les yeux clos, impavides
Dans la trouble obscurité colorée
De noir, de rouge, puis de blanc
Une blancheur inédite, nouvelle
Qui apaise l’esprit et le corps
Qui oblige la machine galopante
A laisser tomber la pression
Jusqu’au moment où le rien
Devient réalité vivante
Où l’araignée tisse sa toile extensible
Derrière laquelle s’expose la tache
Claire et lumineuse, choquante
Des eaux troubles et verdâtres
 D’un cerveau en décomposition

Eh bien, contrairement aux impressions
Cette écriture sordide et personnelle
M’a ragaillardi et a chassé
Les fantômes d’un passé trop présent
Les spectres d’un futur inatteignable
L’absence d’appréhension d’un maintenant
Qui se noie dans le vide cosmique
J’ai repris pied, j’ai fermé mes écouteurs
Je me lance à l’assaut de mon lit
Saute dans sa pâleur et m’endort
Heureux de cet intermède indéfinissable

 

18/02/2012

Quatre heures, la nuit s’étire

 

Quatre heures, la nuit s’étire
Blanche de sérénité, sans désir
Dans le long filament des jours
Jusqu’à cet instant, unique

L’univers lui-même étale
Ses galaxies  qui s’éloignent
Et courent dans le vide
Elles ne savent où

Un vase clos de promesse
Dans la vacuité inimaginable
Sans tomber, ni faillir
Qui conquiert le rien

Et l’homme, ridicule
De petitesse et de présomption
Perdu dans ces espaces indéfinis
Contemple sa propre finitude

Il n’est rien qu’un point
Dans une multitude d’années-lumière
Les yeux ouverts sur l’infini
Submergé de cette immensité

Et pourtant, il le peut
Il le fait. Il découvre en lui
L’univers reconstitué
Un trou noir immergé

De l’intérieur vers l’extérieur
Sa vision habituelle, il se contemple
De l’extérieur vers l’intérieur
Par symétrie, progressivement

Cela passe par ce filet d’air
Qu’il laisse couler en lui
Comme un gaz hilarant
Et qui gonfle ses poumons

C’est un air sans odeur
Un air vierge et pur
Qui râpe ses muqueuses
Et lui ouvre la gorge

Et il se sent léger
Il ouvre ses ouïes volages
Et plane dans cette ouverture
Sans savoir où elle le conduit

Encore un effort, un étirement de plus
Encore une étincelle de vie
Qui l’aspire et l’étire
Et le réchauffe, amoureusement

Léger, il perd son poids
Il devient membrane
Fine pellicule de peau
Qui trace une frontière impalpable

De quel côté regarder
Il oscille entre les deux mondes
Rappelé par le moindre mouvement,
Qui le détourne de son but

Attiré également par cet espace
Sur lequel le temps n’a pas de prise
Un trou noir et voluptueux
Qui le comble de chaleur

Quel miroir du monde extérieur
Mais là pas de souvenirs
Pas de sentiments, ni même
De sensations palpables

Retour à l’évanescence
A l’inconsistante hébétude

Clac ! La cloche a sonné
La fin de l’évasion, mort ou vif

 

14/02/2012

Revenus des régions polaires

 

Revenus des régions polaires, le poil hérissé
Nous apprécions la délicatesse des gouttes d’eau
Qui coulent sur les cheveux mouillés
Et s’engagent dans le cou, dérangeantes

Pour tromper cet arrosage intempestif
Et s’enrober d’étanchéité inventive
Nous enfermons nos corps fondant
De papier d’emballage aux papillotes relevées

Affrontant joyeusement cet auto-nettoyage
Plutôt que débordant d’humeur malhabile
Nous trottinons sur les trottoirs imbibés
Qui servent de miroirs aux passants égarés

Et lorsqu’un rayon de chaleur bienfaisante
Emerge au-delà des cotons en boule
Nous découvrons nos corps ratatinés
Offrant nos cœurs à l'ardeur apaisante

Certes nous ne sommes pas maîtres
Des caprices d’un ciel mouvant et versatile
Mais nous scrutons le couvercle
Pour en extraire l’optimisme béat

Quand le soir s’engage à pas menus
Qu’il sort ses griffes aux joues de froideur
Nous nous réjouissons de ne plus divaguer
Dans la soupe d’orties qui grippe la gorge

Oui, nous sommes enhardis et soulagés
De laisser errer nos fantômes suintants
Pendant que nous rêvons, béatement
Devant la lucarne aux paysages d’été

 

10/02/2012

Cueillir les mots que l’on vous jette

 

Cueillir les mots que l’on vous jette
Les retourner, les tripoter
Jusqu’à n’en faire qu’une pâte lisse
Que l’on peut ensuite rouler en boule
Pour la renvoyer, durcie, aux interlocuteurs

Souvent s’étrangle dans la gorge
Ces mots aigris de toute puissance
qui ne sortent que lentement
En filets continus, mais maigres
Pour ne pas envenimer l’atmosphère

Mais derrière cette apparente douceur
Se cache le Vésuve enflammé
Comment évacuer cette pression
Qui se condense en moi, bouillonnante
Et m’éveille en pleine nuit, hagard

Alors je laisse entrer le vide
Je me mets en marche vers mon absence
J’entre en retraite dans le noir bienfaisant
Où rien ne me touche plus, que Toi
Rayon incandescent qui réchauffe mon âme

 

 

05/02/2012

Hier, j’ai volé dans les courants d’air

 

Hier, j’ai volé dans les courants d’air
Un froid glacial m’accompagnait
Et imposait une carapace de glaçons 
Sur un cerveau aux caténaires neuronales
En alimentation discontinue

Pourtant je courais, l’esprit léger
Nu comme un ver, au figuré
Et cet air gelé pénétrait au cœur
De ma carapace, ouvrant la chair
Opérant son retournement
Reconstruisant l’être par soustraction

Et j’émergeais au soleil de Montmartre
Par ces escaliers contournant la fontaine
Réchauffant ce corps hérissé
Mais souriant gravement à l’éclat
D’acier d’un matin de grand froid

Tout paraissait lavé, propre, reluisant
Même les touristes emmitouflés
Regardaient ce Paris congelé
Je pris une photo d’une femme
Qui tenait à conserver cette heure
Au fond d’un appareil à images
Pour, rentrée chez elle, au Japon,
Qu’elle puisse rêver encore
A ce mont dominant la ville
Et veillant sur le sommeil
Elle me dit même merci en français
Avec un sourire emprunté

Je poursuivis ma course,
Passant entre les peintres
Dont les toiles gelées
Transfiguraient le silence

Je naviguais sur la place des Abbesses
Survolant les passants refroidis
Glissant sur les plaques de gel
D’un robinet mal fermé ou explosé
Me rattrapant au bras d’une égérie
Parisienne et déesse des sources
Avant de redescendre, apaisé
Vers les boulevards pétaradant
D’engins à moteur fumant
Patiemment alignés sur la chaussée
Comme pour une revue mécanique
Et fiévreuse d’un prince auréolé

J’arrive, je monte les escaliers
J’ouvre la porte épaisse et raide
Et me plonge dans la chaleur bouffante
Qui me monte à la tête
Et endort le cerveau,  si gelé
Qu’il résonne comme le battant
D’une cloche de bronze campaniforme

Revigoré, apaisé, alangui, ravi
Je plonge dans l’extase d’une journée
Comme les autres, enchanteresse

 

02/02/2012

Mortellement

 Linogravure réalisée il y a quelques années :

11-06-14 Mortellement1.jpg

 

 

La mort avait revêtu son uniforme

Un nécessaire de plongée sous-marine

Elle pointait sur moi son harpon

Et semblait me dire, hautaine :

" Qu’as-tu à regarder mes pieds

Ils sont chaussés de caoutchouc

Et battent la mesure du temps

Lorsqu’ils arrêteront leurs frétillements

J’appuierai d’un doigt ferme

Sur le basculement de la détente

Et te porterai le coup fatal

Alors ta tête s’en ira au gré des flots

Mangée par les mollusques

Elle dérivera jusqu’à ce que plus rien

N’erre sur sa surface lisse

Elle tombera au fond des mers

Puis s’effritera en mille poussières "

 

Chaque jour je regarde partir

Ces souvenirs chers de ma mémoire

Pour ne plus contempler

Que l’obscure froideur d’une eau mouvementée

Et ne reste que cette gravure

Elaborée un jour de grand froid

Parce que j’avais rêvé

A d’autres vies, à d’autres destinées

 

 Et cependant, dans l’obscurité

Cette tête veille sur le monde

Et me dit : " Le souffle instinctif

De la vie est en toi

Comme un mouvement rassurant

Ressenti fiévreusement au lieu

Où le moi devient le toi, le vous, le tout "