05/03/2011
Comme l’âme dépareillée des marins
Comme l’âme dépareillée des marins ensevelis en terre,
Chaque pierre a son éloquence. Il y a la pierre du fou
Et celle du bienheureux. Celle de la tristesse et celle de l’opulence.
Les unes ont la densité de l’espoir ou la corpulence du crime,
d’autres la légèreté de l’ignorance ou la beauté de l’inconséquence.
Et chaque caillou sur le chemin montant vers le cimetière
S’arrondit lentement au pied des foules compassées
Qui y montent tristement, aussi lourdement que la douleur,
Pour redescendre joyeuses et plus légères d’insouciance
Vers le petit bistrot des âmes disparues au pied de la colline.
Lentement les âmes s’usent aux années plus rugueuses
Comme la corde d’amarrage des navires sous le sel.
Et un jour elles se détachent en petits cailloux brisés
Qui s’en vont un à un, le long du chemin,
Pour renforcer l’asphalte rectiligne et éternel
Jusqu’à l’arrêt de la mécanique humaine.
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03/03/2011
Dans le désert plat de l’imagerie télévisuelle
Dans le désert plat de l’imagerie télévisuelle
Que n’ai-je vu de beautés factices
Dédiées aux plus choquants des prêtres,
Ceux d’une publicité criante ou de jeux tapageurs,
Ou encore aux vertus de voitures carrossées
Par le dernier éphèbe en délire du jour ?
Que n’ai-je vu aussi, de guerres sanglantes
Et de soldats perdus pour un pouvoir obscur
Ou encore de rires émouvants et fragiles
De jeunes adolescentes effarouchées
Un soir de grisante veillée au bar délétère ?
Oui, j’ai contemplé
La noirceur des meurtres en série,
Le bleuissement des rêves enivrants,
Le jaunissement des fins d’une vie,
Le verdoiement des explorations perdues,
La griserie des fêtes mondaines,
Le brunissement de papyrus en miettes,
L’écarlate des bouches de femmes,
L’orangeté des délires printaniers
Dans l’étrange chambre de nos vingt ans,
Le vermillon des petits pas menus
Des danseuses chinoises aux pieds bandés,
La pâle blondeur des cheveux de reines,
Le bref éclair des couteaux affutés
Dans les rues inconnues de villes lointaines,
Jusqu’aux évanescentes rencontres
De sordides réseaux en mal de reconnaissance
Par des enfants insoumis et brutaux.
Parfois, vient un instant de pur délice,
Comme l’ombre de Dieu sur le ciel assombri,
Qui éclaire d’un reflet étincelant
Le lent cheminement de l’âme
A la recherche d’un plaisir sain.
Alors s’attardent les cœurs endurcis
Et les intellects obscurs et sordides
Pour contempler, fruit du pur hasard,
L’apparition attendue d’un désert sans fin
Où rien ne se passe hors du silence des sens.
07:22 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, poème, littérature, télévision, désert | Imprimer
25/02/2011
Rien… Le silence de l’attente
Rien… Le silence de l’attente
Dépouillé d’une vie antérieure
J’attends ta venue
Je connaissais le rire
Je savais des mots et des gestes
Parfois aussi la tristesse d’un jour sale
Je n’avais pas d’attaches
J’allais, enivré d’air
Un jour, sous le feu d’une étoile
Tu m’as regardé
Je t’ai aimée cette nuit
Pour une flamme dans tes yeux
Maintenant, j’ai oublié le vocabulaire
De ces mots qui me grisaient
Je suis le pantin désarticulé
Dont les gestes se confondent
Et mon rire résonne, étrangement faux
J’attends, les mains tendues
Comme un noyé vers les rives
Je ne sais plus qu’un mot
L’attente
05:33 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, poésie, attente, littérature | Imprimer
23/02/2011
Que dire devant la page vide
Que dire devant la page vide
D’une nuit verte, au coin d’un réverbère ?
Premiers mots qui passent comme un vol de cormorans.
Mais qu’y a-t-il derrière ? Un vent de fronde
Chassé par la profusion du langage.
Silence des sentiments.
Un vide dans le noir de l’esprit,
Image de la floraison du cœur.
Dans la tiédeur de l’obscurité monte en moi
Le chant heurté, puissant et magique,
Des sirènes mouvantes et volubiles.
Au loin le son aigu d’une voiture
Qui flotte au gré du vent sur la route de l’Espagne.
Pas un passant ne vient à mon secours,
Ne m’apporte le mot qui permettra la suite
De cette histoire sans fin, ni commencement.
Dorment les passants du jour,
Eveillés les fantômes de la nuit
Qui montent une garde acide
Aux tréfonds des portes cochères
Et rient de me voir, assis
Dans mes pensées sordides,
Faute de pouvoir dormir
Et laisser aller mon esprit
Dans la fraicheur du rêve.
Oui, la nuit s’enfonce en moi
Creusant un large trou
Que je remplis de verbes
Comme on enfile les huitres
Sur le fil à couper le beurre.
Elle ne cessera pas
Avant l’aube qui ne vient pas
De me dire « étends-toi ! ».
03:01 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, poème, littérature | Imprimer
18/02/2011
Jour du peintre
Jour du peintre, le soleil dort
Bordé de plumes, il se cotonne
Émergence sereine, sans contours
Il délivre sa myopie de cyclope
Terre de verre teintée, molle
Araignée laiteuse et géométrique
Je m’englue dans ta toile déployée
Jusqu’à cet œil pâle et soyeux
Mes pas étouffés par ta chair
Ne peuvent monter jusqu’à moi
07:03 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, poème, littérature | Imprimer
14/02/2011
Pour la Saint Valentin
Tu es la femme
Et tu es toutes les femmes
Tu me reçois comme homme
Et je deviens tous les hommes
Nous deux, homme et femme
Dans le désert clos de nos rencontres
Comme une bulle saisissante
Qui dure, et dure et vit, inlassable
Parfois, sans même nous regarder
Nous avons simultanément le même mot
Et, souriant de cette conjonction
Achevons en un regard ce qui ne fut qu’une pensée
Tu m’as donné ta vie, chaque jour
J’ai vu ton rire fou et tes larmes de chair
Mais aussi l’immense appel de tes yeux clairs
Et la tendresse de tes doigts de verre
Au-delà de la dure apparence des années
Je te contemple, enfant des premiers instants
Quand nous jouions dans l’herbe grasse
En attente de nos promesses mutuelles
04:58 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, poème, saint valentin | Imprimer
12/02/2011
Cette immense tenture noire
Cette immense tenture noire
Qui tombe sous mes yeux fatigués
S’entrouvre parfois sur des paysages finis
Réminiscences de mon enfance
D'autres fois, l’azur blanc des cieux
En montre les plis amers aux regards
Comme ces plaies des malades
Qui restent cachées sous les linges
Certains jours, une étrange pâleur
Voile les événements les plus simples
Comme celui d’un reflet sur le café du matin
Ou l’éclat d’un réverbère sur une vitre
Alors ce jour est marqué à jamais
Des senteurs du passé, tièdes et ténues
Jusqu’au moment où le soir survient
Pour enfouir au creux de sa nuit
Les images ensoleillées des jours
D’autres soirs, au creux de notre manteau intérieur
Se construisent dans un tiroir de la mémoire
Des bulles de connaissances oubliées
Elles éclatent au visage de notre indifférence
Et balayent nos doutes sur leur existence
Ce sont des pluies fines, colorées et chatouilleuses
Qui ensorcellent les pensées et les font danser
En tangos endoloris ou en valses alanguis
Fête de la nuit dans le repos du corps
Que tombe la tenture sur ces souvenirs
Ou qu’elle s’entrouvre sur un monde fou
La déraison conduit à partir
Dans les fossés d’eau courante
Jusqu’à une mer acide et verte
07:46 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, poème, littérature | Imprimer
09/02/2011
Derrière l'alliance du passé et du présent
Derrière l’alliance du passé et du présent, Qui façonne l’homme à l’image de l’histoire, On soupçonne pourtant un autre regard, Celui du possible, de l’inattendu, Comme un trou de taupe sur le plancher des vaches Ou un coup de poing dans le regard intérieur. Emergence de souvenirs, le passé Se dilue dans l’inadvertance des événements Selon l’humeur, l’honneur et l’humour, et, parfois, l’horreur. Rien n’arrête la folie de l’ouragan griffonnant Sur le crane de l’homme mort En ayant trop vécu et peu créé. D’autres se concentrent sur l’existant, Une gorgée de vin fin, une écharpe futile, La note aigre de l’éléphant assis sur la lune, Ou même le jaune acide des perruches dans l’aube. Tous attentifs au fil de ce qui leur arrive, Ils oublient la fleur de l’existence, le pollen des désirs, Le bouquet des chaleureux embrasements D’un monde renouvelé à chaque moment Par la vertu du délire, par l’ouverture de l’imaginaire, Par la couverture du regard fêlé sur l’inexistant. Qu’adviendra-t-il de ce monde rêvé Sur les hauteurs de Pampelune un jour de déraison ? Sera-t-il exclu des richesses d’un existant Ou inclus dans la lente et lourde côte Des idées déshydratées par l’absence d’écho ? Seuls comptent l’aspiration tenace du large, Les espaces venteux des steppes sans fin, Le vertige des hauteurs montagnardes, Et, surtout, La précieuse indifférence des dimanches Quand, empli d’absence, je descends
Jusqu’à la source de ta lèvre entrouverte.
07:19 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : poème, poésie, temps | Imprimer
06/02/2011
La poésie ne prouve pas. Elle impose.
La poésie ne prouve pas. Elle impose. Elle ne démontre pas, ne calcule pas. Elle suggère, elle laisse glisser la compréhension à travers des méandres inconnaissables. Chaque image verbale se suffit à elle-même, mais c’est l’enchaînement des images qui fait de ce texte un poème et lui donne son impact sur le centre de l’être. Ne pas chercher de rapport logique, mais le rythme qui s’impose à soi, hors de soi, comme une écriture automatique qu’il faut cependant contrôler. Les images se succèdent. Il ne s’agit pas d’images au sens de la vue, mais d’impressions fixées en quelques mots, qui donnent au lecteur l’ambiance et la finalité de ce que l’auteur a ressenti et a voulu exprimer.
Dans l’immense vide de la conscience, jaillissent les mots qui éclatent en bulles d’images et rendent vie aux instants privilégiés où s’est établie l’étincelle d’une affection de l’âme pour le fait vécu ou l'imaginaire qui s’enracine dans la réalité. Rien ne saurait dire auparavant que cette synergie s’établirait. Elle surgit en un instant, impromptue, lancinante, jusqu’au moment où il faut céder à cet impérieux désir d’exprimer ce que remue en soi ce petit bout de vie, si petit qu’il s’oublie très vite, malgré les efforts faits pour le conserver en mémoire. Alors commence le travail des images, puis des mots, puis des enchaînements, jusqu’au moment où se forme ce que certains appellent un poème, mais qui, pour l’auteur, n’est qu’une naissance inespérée, à chaque fois différente. Cet enchevêtrement, il lui arrive parfois de le reprendre, de retravailler chaque image, jusqu’à ce que, derrière l’apparent jaillissement des mots, se cache une construction subtile, aux apparences candides.
La poésie est la pensée à nu, simplifiée de tout l’appareil de la raison, comme un don invisible de l’auteur à son lecteur, invisible mais authentique et unique. La poésie aspire, ouvre l’être qui se jette dans le grand vide, heureux de sentir cette sensation extraordinaire de l’envolée du corps, du cœur, de l’esprit et de l’âme. La poésie est le liant des défaites terrestres et des espoirs célestes, une harmonie souveraine qui fait de l’homme un archange des images mentales qui transcendent son égo et l'ouvrent à la sérénité.
09:26 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, philosophie, littérature, poème, pensée | Imprimer
05/02/2011
Revenir, comme après un long voyage
Revenir, comme après un long voyage,
Dans ces pièces qui abritent vos souvenirs,
Ou plutôt les objets qui font que vous êtes vous-même,
Depuis vos cahiers d’écolier abritant vos impressions
Cueillies au fil des années, jusqu’au goût subtil
Des salades préparées par la même main amoureuse.
Retrouver intacte également la brillance du secrétaire
Comme un objet de collection utilisé quotidiennement.
Se réjouir du silence feutrée qui colle à l’appartement
Et emmitoufle nos pensées de mièvres délices.
Attention, ne pas se laisser envahir par cette quiétude amère
Qui, progressivement, noie l’esprit dans un tourbillon d’images
Sans suite, sans fin, sans consistance, sans pouvoir sur le monde.
Le retour doit rester un commencement et non une continuité.
Donner les éclairs nécessaires à la redécouverte
Comme la foudre transperce le ciel bleu nuit, un soir d’été.
Par exemple, le confort dodu du lit,
Comme un édredon de crème fouettée et de fraises des bois,
Ou cette place préférée dans le canapé, façonnée au fil des jours,
Comme un creux de mollesse et d’habitude,
Ou encore la plainte verdoyante des pieds du fauteuil
Noyés dans la forêt de troncs qui encombre le salon.
Oui, ouvrir les yeux sur une nouvelle réalité
Ou de nouvelles sensations ou des perceptions inédites.
Quel plaisir d’éprouver pour un quotidien dépourvu d’attraits
Des sentiments qui serrent le cœur, dégazent l’esprit,
Ouvrent des perspectives roses dans un ciel bleu cobalt.
Vert comme une pomme ou un élastique sucré,
Le paysage de notre vie quotidienne prend le poids de l’avenir,
Débarrassé du passé, dans la désaffection des réminiscences,
Difficilement présent par manque de consistance,
Ouvert à l’inconnu, tendu vers un horizon improbable,
Et pourtant attrayant comme une sucette glacée.
07:49 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, poésie, rêve, retour | Imprimer
04/02/2011
Réveil
Où suis-je ? Une usine : mille chuchotements et même quelques cris m’arrivent dans le brouillard. Plus rien. Puis, un tableau d’art moderne, style Braque, fait de prismes, de lumière, d’angles et de couleurs. Mais juste un instant. A nouveau la désintégration. Des lumières au plafond, et, à nouveau, des voix, un bourdonnement de paroles jusqu’au retour à la nuit. Je geins sans le savoir, longue plainte dans le brouhaha des voix. Quelqu’un parle plus fort et semble s’adresser à moi. Mais je ne comprends pas ce qu’il me dit. Je parle, mais m’entendent-ils ? Et d’ailleurs, que dis-je ? Je ne sais.
Je suis bien dans ma bulle. Pourquoi vouloir m’en faire sortir ? Retomber dans le néant, dans le silence sans fond d’où je sors. Pourquoi retrouver les lentes orbites des objets autour d’un rien de conscience. Je ne veux plus de conscience, simplement l’absence de pensée, de sensations et même de réflexes qui me poussent à ouvrir les yeux et à écouter.
Je n’ai pas mal, mais ce n’est pas pour cela que je vais bien. Je ne sais pas ce qui se passe, sinon que l’usine tourne, fonctionne à côté de moi, vivante et bien réelle. J’entends les paroles ou plutôt j’entends leurs sons, mais je ne les comprends pas. Je vois des images sans pouvoir les relier à une réalité vécue. C’est un bourdonnement, tout d’abord faible, comme une petite musique dans un coin de la tête, puis il s’amplifie, se fait plus réel, prend de la consistance. Chaque morceau du puzzle se raccorde, éclate à nouveau en pluie d’impressions sans logique, puis s’assemble comme un kaléidoscope.
Je ne sais si je suis moi-même réel. Pourtant, je suis. Je suis différent de tout ce que je vois et entends. Je les ressens et je sais qu’ils ne sont pas moi. Mais qu’est-ce que je suis ? Je ne sais. Peu importe d’ailleurs. Ecrasé sur un matelas d’aluminium, mon cercle d’appréhension se limite à un mètre autour de moi. Je ne tiens pas à aller au-delà.
Non, ne me bougez pas, je suis bien, que le temps ne reprenne pas sa course. Qu’il s’arrête pour que je récupère.
(suite à un séjour en clinique)
11:16 Publié dans 11. Considérations diverses, 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : sensation, sentiment, poésie, réflexions | Imprimer
01/02/2011
Il me manque, certains jours
Il me manque certains jours, lorsque le soleil confie sa face rubiconde aux mains boisées de l’horizon, l’ombre du désir blotti dans la chaleur de ton être.
Quand je te regarde, étrangère, sous une apparence de femme, riante de tes doigts autour de mots inventés, et que sur tes yeux ouverts, j’abaisse les paupières du souvenir, je revois ta pâle dépendance hébergée sur mes lèvres. Partagé d’étonnement, j’imprime au vide du néon la lettre lumineuse de l’attente.
Inlassablement dépecée de la vérité du moment, tu danses de dix bras et de sourires multiples le ballet de tes retournements. Je te vois, là, assise, au regard de la glace, et je te vois courbée au cygne de mon épaule, reposante de ton corps dans l’abîme de notre endurance.
08:00 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : poème, poésie, littérature | Imprimer
30/01/2011
Ce matin, par inadvertance
Ce matin, par inadvertance, j’ai pris le métro,
Ce serpent souterrain qui court dans la moiteur
Des dessous de la ville et transporte mille fantômes
Somnambuliques, vers des destinations multiples
Je sortais de mon lit, encore engourdi
Mais l’œil clair des attentes d’un jour nouveau
Et entrais dans la chenille lumineuse
Pour prolonger mon rêve exotique
Quelle étrange morbidité enserre ces passagers
De noir vêtu et d’ennui revendiqué
Sur la pelouse de leur mortuaire dessein
Ils allaient en silence, dans leurs pensées amères
Tous de noire désespérance, écrasés d’allégeance
Au dieu de la mode ou de l’inconscient collectif
Ils se laissaient porter, indifférents
Jusqu’au terminus de leur indolence
Chacun d’eux dormait les yeux ouverts
Sur la pâleur des publicités
Qui lui donnent la consigne
De se vêtir de noir, exclusivement
Les yeux baissés sur leur tiédeur communautaire
Ils se concentrent sans éclat sur leur aphasie
Ignorant la belle délicatesse des couleurs assemblées
Pour faire revivre et danser espoir et liberté
06:07 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, poésie, ville, désespérance | Imprimer
26/01/2011
Ce que je voudrais être
Ce que je voudrais être pour toi
Ce n’est ni la force, ni le savoir
Ni l’orage, ni le torrent, ni la tempête
Mais le refuge de tes regards
Le lac, la vallée et le logis
Je serai aussi pour toi
Les piliers de ton temple de vie
Celui qui sera toi et rien d’autre
L’ombre de ta démarche joyeuse
Le soleil du repos de ton âme
Et si parfois un vent léger se lève
Et t’éloigne quelque temps du lac
Ton regard suffira à me dire les saisons
Et la raison de nos émerveillements :
Un amour comme une fleur éclose
Aux premières heures du jour
Aux premiers temps de notre jeunesse
Que la lumière épanouit
Que les baisers reposent
Un amour qui ne dure qu’un jour
Parce que chaque jour le voit différent
Un amour qui n’en est plus un
Parce qu’il sera à la fois l’amour
L’amitié, l’estime et respect
Un amour qui est plus que l’amour
Parce qu’il sera bien d’autres choses encore
07:10 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, poésie, littérature | Imprimer
23/01/2011
Les flambeaux étaient des mains
Les flambeaux étaient des mains
Et leurs bras étaient ma mort
De longues rides sillonnaient leur bronze
Les quais étirent paresseusement leur pierre
Et la statue jette sa main en l’air
Tandis que le jaune égraine ses écailles de feuilles
Sur le gravier qui frôle ses pieds nus
Les deux fêtards se tournent le dos
Alors que brûlent leur veston
Et que les notes s’envolent dans le froid
Gémissantes sur ce doigt alangui
Blonde est ma chambre que cachent ses ombres
Et les têtes des candélabres me surveillent
De leurs yeux de feu dans la glace piquée
Au plafond courre un cheval de plâtre
Autour de la lampe noircie par le soleil
Le marbre de la cheminée est nu
Je vois ses veines et son teint de cadavre
Qui jaunit déjà par endroits
Derrière une forêt de grands tuyaux
Des pattes d’échassier aux ailes ployées
Écrasent de leur ombre la paresse du tapis
Et la lyre du piano allonge ses pieds
Sous ma chaise aux grands cheveux de paille
Sur les riantes parois de la bibliothèque
Les cloques de l’acajou ont crevé ça et là
Laissant la chair claire pénétrée de lumière
Dors donc me dis la rose qui repose…
06:24 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, poésie, littérature | Imprimer
20/01/2011
Silence des nuits sans sommeil
Silence des nuits sans sommeil
Où le cœur marque inexorablement
L’écoulement des heures figées
Dans la pose de l’enfant endormi
Et que dehors dans l’obscurité mouvante
La lune accomplit son périple immuable
Chaleur du poids de la veille
Dans la moite activité imaginaire
Des rêves du premier sommeil
Se lever et marcher dans l’obscurité
Sentir le carrelage froid sous le pied
Et l’odeur persistante du jour
Qui imprègne encore les pièces vides
Jusqu’à ce que la paupière lourde
Les membres las et la tête vide
Le corps replonge dans l’élément de son absence
06:14 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, poème, littérature | Imprimer
17/01/2011
L'eau morte
L’eau morte coule le long des tuyaux
Et j’entends son gargouillis dans le creux de ma main
Goutte à goutte le temps s’écoule
Les gens dans leur bêtise hautaine
Glissent sur les trottoirs embués
Tandis que l’œil morne des fenêtres les observe
Une main fine a essuyé la larme qui creuse l’œil
D’un geste mouillé et gémissant
Les rues fuient les rues sans se séparer
Labyrinthe de bruits et de regards
Et la nuit abat sa longue cape de deuil
L’eau ruisselle et éponge le son des pas
Et les passants cachent leur misère
Derrière un col ou sous un parapluie
Marche continuelle et pressée
Qui ne finira jamais en danse effrénée
Le fer de mon balcon a perdu sa beauté
Comme les volets ont fermé leurs bras
Les ombres regagnent la clarté enfermée
Dans le sein des flancs de ces rues
Pendant que s’étend la grande bête noire
Goutte à goutte le temps s’écoule
05:52 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, poésie, nuit | Imprimer
14/01/2011
Les pieds à l'horizon
Les pieds à l’horizon, le corps au zénith
Tes genoux formaient le globe de ma terre
Où je reposais naufragé d’un océan indifférent
Je levais le regard à l’ombre de tes étoiles bleues
Deux étoiles qui dansaient à l’innocence du feu
Recréant d’elles-mêmes la chaleur d’autres planètes
Une terre à l’envers du creux de mon cou
Ma joue abritait parfois l’ombre de ta main
Bien qu’elle soit petite. Mais l’ombre s’agrandit
À l’angle du souvenir. Je ne peux plus chercher
Dans l’arrondi de ma paume la mémoire
Des formes de la tienne. Aurait-elle déjà oublié
De quelle étrange sensation elle se revêtait.
Tu fermes les yeux comme un rideau de théâtre
Entracte ou fin ? J’attends les acclamations pour savoir
Un rideau noir, avec des franges recourbées
Noir comme le vent ou de la fumée
Un rideau noir, l’auteur s’y cache
A quoi sert sa ligne bleue
Doublée pour les ivrognes ou le borgne ?
Après l’entracte, la pièce commence
Elle est toujours différente, pourtant les entractes se succèdent
L’acteur n’a pas fini de signer les autographes
Alors tu biographes jusqu’au jour du mot fin
02:03 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, poésie, littérature | Imprimer
11/01/2011
Silence, voilà la nuit sur la ville
Silence, voilà la nuit sur la ville
Un passant cherche la chaleur de l’obscurité
Autour du halo glacial des réverbères
Il va d’un pas rapide et étriqué
On ne voit déjà plus son chapeau
Mais on l’entendra longtemps
Si la fenêtre reste entrebâillée
Silence sonore des résonnances
D’une ville prête à nous échapper
Où l’on n’a plus sa part de vie
Parce qu’elle est au monde de la nuit
Mais si cette ville n’est plus la nôtre
Que ne découvre-t-on pas en elle
Chaque bruit prend la consistance
Du rêve étrange de la connaissance
14:25 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, poésie, littérature, nuit | Imprimer
07/01/2011
Un train, la nuit
Un train, la nuit, comme un serpent
Dans la géographie de son désert de sable
Lent balancement des boggies qui cogne la joue
Sur la vitre humide et froide
Parfois les pleurs d’un enfant agacent le sommeil
Ou plutôt la rêverie installée comme un brouillard subtile
Qui conduit le voyageur au-delà de ses espérances
Jusqu’au terminus de ses phantasmes et de son ignorance
D’autres fois, la femme en face rencontre le regard
Chargé d’interrogation d’un voyageur égaré
Qui cherche vainement un interlocuteur malhabile
A effacer toute curiosité sur son grain de beauté
Bercement des sons et des mouvements jusqu’à l’oubli
Hypnotisme et résurgence de fatigues ignorées
Contraignant leurs victimes au repos de la chair
Alors que l’esprit vagabonde sous l’œil clos
Au dehors, dans l’espace imprécis des paysages
S’imaginent les vies fragmentées de personnages
Qui regardent un instant la machine de fer
Défilant bruyamment dans leur intimité
Jusqu’où ira-t-on dans l’espace noir guidé par le rail ?
La distance s’épaissit, se contracte et engendre
Des regards vagues sur des visages blafards
Alors chacun meurt un instant sous le jugement de l’autre
10:43 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : poésie, poème, train | Imprimer
06/01/2011
Le geste plein d'espoir
Le geste plein d’espoir,
Nous avancions sur la grève rocailleuse,
Entre l’air et l’eau, vers le ciel et la mer,
Accompagnés des cris hostiles des oiseaux.
Nous trébuchions sur le sol visqueux
Et tes pieds nus s’enfonçaient dans le granit.
Nous devions ensemble tirer dessus
Pour les ressortir gris et poisseux,
Et je les essuyais avant de repartir.
Le ciel était descendu sur l’horizon,
Jusqu’à toucher nos fronts de sa voûte poussiéreuse,
Et nous nous courbions un peu plus sur la pierre
Escaladant avec peine de rondes roches gluantes
Qui gémissaient à l’atteinte de nos ongles crispés.
Ta main parfois m’enserrait la taille.
Je goûtais la morsure de tes doigts sur ma chair
Qui faisait tressaillir les muscles.
Nous marchions depuis le matin, sans nourriture,
La langue sèche, l’œil fiévreux,
Et le soir ne voulait pas tomber.
Où d’ailleurs aurions-nous pu nous étendre ?
02:09 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : poésie, poème | Imprimer
01/01/2011
Quelques grains de sable
Quelques grains de sable dans une encoignure
Où s’attarde un filet de lumière
Parvenu par des voies détournées
A soulager leur solitude honteuse
Quelques cris d’enfants étonnés
Qui font gémir le balcon rouillé
D’où suintent des larmes de vieillesse
Également, et c’est nécessaire
L’ombre rafraichissante des ormes
Où se perd le savoir des couleurs
La plainte languissante d’un volet
Qui se ferme sur les yeux d’une femme
Encore frissonnante des caresses de l’air
Suffisent au voyageur attardé
Qui n’a pas encore trouvé de gite
Il errera durant la nuit claire
Attentif aux frémissements des sons
Jusqu’à ce que l’aube dévoile avec prudence
Ses longs filaments à l’horizon
Et que de nouveau crissent les graviers
Sous les pas fatigués de l’absent
07:10 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : pésie, poème, matinale | Imprimer
30/12/2010
La longue main de mon regard
La longue main de mon regard au poing fermé dans la nuit noire
S’est avancée derrière la vitre pour se fermer sur l’obscure froideur
De la rue ouatée et transparente. A l’abri de l’enceinte linéaire
Du verre mobile et ondulé, j’ai tâté chaque recoin d’ombre
Comme un lac profond et frais dont on cherche vainement le fond.
J’ai caressé le velours frissonnant du halo de lumière,
Accroché en guirlandes éphémères sur les murs tièdes.
J’ai arrondi le creux de ma paume sur la boule de chaleur
Qui se creusait un nid douillet dans la courbe du globe oculaire,
Penchant la tête de côté pour bien me pénétrer de ce contact bienfaisant.
Et j’ai voulu aller plus loin, regarder les étoiles, les effleurer,
Comme, enfant, j’essayais vainement d’atteindre, à la surface du lac,
Les nombreuses lentilles d’eau qui dérivaient en étoiles marines.
Mais la joue écrasée, aplatie, sur le verre froid,
Je dus tellement tendre le bras, la main et les doigts,
Qu’ils tremblaient à l’instant de caresser la petite lueur.
Voilà pourquoi les étoiles clignotent à l’horizon.
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26/12/2010
La faim sans fin des matins de rêve
La faim sans fin des matins de rêve
Quand l’œil de la nuit se regarde encore
Quand le drap colle aux jambes engourdies
Quand la main délaisse les doigts sur la neige
Quand le sable tombe goutte à goutte dans l’oreille flétrie
Quand le vent, quand le rouge, quand la tache
De mon œil de cyclope forme une planète
Sur l’opuscule pâle des fleurs de l’inconscience
Quand le rond du ventre épouse le rond de la terre
Quand la mort lèche de frissons la plante des pieds
L’araignée impassible tisse une toile ailée
Qu’un son éclate en bulles de savon dans
Le gaz du sommeil chaud, arrondi, caverneux
Les cheveux éclairés d’une incroyable rousseur
La tête du guillotiné est secouée de spasmes
Son corps détaché, prisonnier de sa trame
Se débat sans élasticité, lentement, douloureusement
Quand le goût des requiem envahit les oreilles
Quand le chuintement de la vie siffle entre les dents
Quand les paupières troublent la page blanche de leurs hélices
Il se met en quinconce, les genoux sur les yeux
Les ongles déchirant les oreilles de froissements de verre
Replié dans sa rondeur, dans sa chaleur, sans sa profondeur de chat
Il se lisse les poils dans le bon sens
Dans le sens des aiguilles d’une montre
Et ses genoux cerclés de rouge sont le regard
Noir de son nombril de cyclope au front d’intelligence
Il se met en quinconce, en carré, en cercle, jusqu’à la ligne droite
Qui déroule solitaire avec lenteur les nœuds magiques
De sa route incontournable comme le nœud des pendus
Quand les plumes collent au palais avec l’odeur de l’édredon
Quand la peau n’est qu’une carapace
Quand les dents se cimentent de pâte amère
Quand… Quand…
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25/12/2010
Passage, d'une vie à l'autre
L’enfant regardait la fleur tristement, en soupirant,
Et la fleur qui était coquette, mais qui avait bon cœur,
Demanda à l’enfant les raisons de ses gémissements :
« Ce matin, on m’a pris mon ours, petite fleur,
Dit l’enfant. C’était mon ami, il me comprenait ;
Il me regardait, je le regardais, nous étions heureux.
Maintenant, je n’aurai plus rien à regarder, jamais.
Toi aussi, tu es jolie. Tu n’es pas comme eux,
Mais je ne t’aime pas encore, alors je suis triste.
A mon ours, je pouvais tout lui dire.
Il me croyait. Je voulais être artiste
Pour lui peindre une maison, lui donner un empire.
J’aurai attrapé la lune un soir d’été
Et l’aurai mise dans son royaume, pour jouer.
Maintenant à quoi me servirait une lune détachée,
Si je n’ai personne à qui la donner ».
« Moi je la voudrai bien si tu me la donnais,
Répondit la fleur en rougissant de tous ses pétales,
Tu serais mon ami et tu me regarderais
Quand je m’épanouis dans l’aube matinale ».
Et l’enfant, quand vint l’été, attrapa la lune
Et oublia l’ours en apprenant à aimer la fleur.
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20/12/2010
Je veux vivre
Je veux vivre, disaient-ils
Ils se gorgeaient de mots Ils s’emparaient de choses Et ces choses, ces mots Ils en faisaient la vie C’étaient des appareils de fer et de plastique moulé Des moteurs tournant bien carrés dans leur caisse Des chaises et des fauteuils pour ne pas s’asseoir Des tables de musée dans les salles à manger Des bibelots étranges et quotidiens possédés par caprice C’étaient des mots savants, bien formés Achevé par un isme et vêtus d’une majuscule Les mots nus étaient tristes et leur paraissaient faux Ces mots sortis de la bouche des enfants Qui ignorent encore l’ivresse des belles phrases Ils vivaient, disaient-ils Ils croyaient tout avoir Ils avaient le savoir Ils connaissaient la possession Un jour, ils sont morts Et ils ont tout perdu
18:57 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : poésie, littérature, vie, chose | Imprimer
18/12/2010
Prêtresse
Tu es, par ta nature, vivante en toutes choses
Inscrite dans le rythme des saisons et des jours
Vibrante au regard de la vie et de la mort
Image de l’univers, attachée à son souffle
Tu es des éléments la terre et l’eau
Prêtresse du feu que tu entretiens
Nécessaire à la vie comme l’air
Centre de l’humain, indissociable du divin
Tu es l’essence des réalités ambigües
Plus élevée et, de toi-même, t'abaissant
Sainte et pécheresse, ange et démon
Vouée à l’état de ta féminité
Tu es l’inspiratrice et la compassion
Étrangère à l’histoire qui ne serait pas sans toi
Héroïque dans la peine de tous les jours
Modèle du repos et de l’immobilité
Tu es l’ordonnatrice des mystères familiaux
Régnant sur les enfants et les vieillards
Occupée sans cesse de ce lieu de l’être
Où tu est chez toi, où je ne suis que par toi
Tu es l’attente et la réponse
L’habitante des profondeurs
Celle qui est et qui n’apparaît pas
La souffrance, le silence et la joie
Tu es la plante fragile, mais éternelle
Calme et fraiche, enracinée et mortelle
Présence de l’éternité dans le temps
Immobile dans l’inévitable mouvement cosmique
Je suis ce que tu n’es pas, l’histoire
Attentif à l’existence dynamique des objets
Utilisateur du temps sans pouvoir en jouir
Je suis l’acte, tu es la nature
10:49 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : poésie, femme, cosmos, littérature, amour, famille | Imprimer
16/12/2010
Inconnaissance décalée
Lueur mauve de la nuit sur la ville
Par delà les toits luisants endeuillés de feuillages
Quand tu me dis regarde. Je te contemple
Statue de bronze et d’opale tiède
J’erre encore sous cet aspect de verre
Dans un désert barré de gestes
Le froid tombe et glace les membres
En d’étranges pauses où je te retrouve
Quand tu ouvrais les yeux
À l’ovale de ton regard arrêté
Sur l’immobile image d’amas de fer
Et de géométriques embrasements.
Allongé, détendu, j’ai plongé dans la nuit
Pour joindre à deux étoiles les lueurs de ton regard
Je me suis ensuite assis aux rivages de certaines vagues
Pour puiser une poignée d’écume et désaltérer
Un petit garçon qui avait vu leurs lueurs insolites
J’aurai pu franchir les cols les plus hauts
Et veiller de leurs contreforts sur le lac de ton souvenir
Pourtant je chemine encore dans l’amère étendue
D’une connaissance incertaine et mouvante
06:48 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, littérature, écriture, poème, décalage, imaginaire, aventure | Imprimer
03/12/2010
Flottants, les fils de mon être
Flottants, les fils de mon être
Se distendent sous le vent
Engagés dans la rue déserte
Ravalant les façades mornes
Arrachant quelques grains de pierre
Ils s’amassent au pied des portes
J’en ai pris une poignée
Et attendu patiemment que s’infiltre
Entre mes doigts disjoints
La poussière blanche et liquide.
Toi aussi, j’avais vainement tenté
D’assembler sur l’écheveau de mes souvenirs
Les fils ténus et fragiles de ton être
Mais tu as rejeté cet encouragement
Pour fuir sur le trottoir nu
Jusqu’à cette porte ouverte sur l’oubli
Parcourant la rue, remontant le courant
Projeté contre la muraille par les rafales
Je me soumets au déchaînement naturel
Courbé sur les pavés au goût de tes pas
Vert tendre, quand tu courais sur l’asphalte
Quand nous courrions ensemble les mains jointes
Élevés vers le ciel en guise d’offrande
Nous cheminions entre les colonnes détruites
Qui ombrageaient la place pavée d’herbes
Je recherche aussi, loin derrière toi,
Le chemin où nos pas se chevauchèrent.
Peut-être le hasard, ou déjà l’amour ?
07:09 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : littérature, poésie, femme, écriture, poème, culture | Imprimer
27/11/2010
Naissance
Cette nuit, j’ai rompu ma coquille
A quoi servent les œufs à la coque ?
La mie est douce, mais elle gratte,
Quant à la croute, elle écorche.
Je suis couverte de cicatrices.
Elle était solide. On dit qu’il est impossible
De la casser par ses deux pôles.
C’est aussi vrai de l’intérieur que de l’extérieur.
Elle s’est tournée cette nuit.
Elle a même fait un bruit épouvantable.
J’avais l’impression de rouler sur du gravier,
Mais ce n’était que le rebord de l’évier.
J’ai reposé ainsi sur le côté, inquiète,
Il a fallu que je me retourne.
Demandez donc au caniche de se retourner,
Si c’est un tuyau de poêle, il aura du mal.
Je n’ai pas eu de mal. J’en eus quelques maux,
Non pas de tête, mais d’estomac (il était comprimé).
Bref, arc-boutée, j’ai poussé de la patte.
J’ai aussi le bec aplati, de naissance, prétend-on.
Je ne sais, car il a rompu la coquille.
Il fait froid, il fait noir,
Quels bruits bizarres.
C’est ainsi le monde.
Rendez-moi ma coquille.
07:52 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : littérature, poésie, poème, histoire, enfants, humour | Imprimer