15/09/2011
Dorure subtile d’une feuille
Dorure subtile d’une feuille
Dont le soleil darde de lumière
La nervure plus solide, tandis que l’épiderme
Étincelle de l’éclat de sa sève blonde
Bercée d’autres feuilles vertes
Elle se réjouit de son règne doré
Diffusant son spectre royal
Sur ses compagnes alentour
Et bientôt, vieillie et flétrie
De cette sève absente
Qui dessèche sa tige frêle
Elle s’en ira au vent
Légère, attendrie, gondolée
Secouée par d’invisibles ondes
Pour tomber ignorante
Sous les pas d’un petit garçon
Qui la glissera dans un cahier
Avant de la laisser voler
Au printemps, dans la rue
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10/09/2011
Vacances 6 (et fin) : La maison
Le silence et rien d’autre.
Du fond de la ruelle
Monte le fracas de la ville
Murmures et cris
Pétarades de scooters
Bruits assourdis des voitures
Mais franchi le seuil
Rien, l’absence, le désert auditif
Tel le vizir dans sa cellule
Nous nous enfermons
Dans ce calme d’Olympie
Pour jouir plus réellement
De cette paix entière
De ce paysage de rien
De cette absence de bruits
Et pourtant,
Cette maison doit résonner
De pleurs d’enfants
De pépiements de petites filles
De cris sauvages de garçons
De murmures entre fiancés
De conversations passionnées
Entre personnes sensées
D’échanges secourables
Et de nostalgie rentrée
Tout cela on l’entend
Lorsque, la porte close,
On prend garde
Aux effluves de la salle du bas
A l’odeur de fenaison de l’escalier
Après l’ouverture du loquet
A la fragrance de pin de la chambre
Aux exhalaisons du vent au dehors
A l’arôme du fond du jardin
C’est une vraie maison,
De celle qu’on habite volontiers
Parce qu’elle fait revivre
Les années passées
Et qu’elle donne à chacun
Une idée de l’avenir.
Quel silence dans la maison pour faire parler une mémoire imaginaire !
06:53 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : littérature, poésie, poème | Imprimer
08/09/2011
Vacances 5 : Pêche à pied
L’homme marchait sur les flots
N’émergeaient que quelques bouts de roche
Il avançait courbé, regardant derrière la surface
Cherchant quelques gastéropodes
Pour emplir une besace grisâtre
Et les flots avançaient sans concession
Enfouissant dans son monde sous-marin
De grands squelettes de pierre
Pourtant tout semblait immobile
La sérénité mortelle de jours sans fin
Comme un désert d’eau et de vase
D’où seul émergeait cet homme
Qui marchait sur les flots
Point gris au milieu d’eaux grises
Comme le carré blanc sur fond blanc
De Kasimir Malevitch, peintre des ombres
Désert dont seul le cri des mouettes
Rappelle qu’il est nautique et mouillant
Fenêtre dans le paysage
Il avance prudemment, mais sans fin
Dans l’eau claire du matin
Sur un ciel dégagé presque blanc
Est-ce un spectre ou une apparition ?
06:46 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer
06/09/2011
Vacances 4 : Port
Horizontal : blanc
Vertical : Gris, noir ou argenté
Partout, des taches rouges et bleues
Renforçant l’enchevêtrement des coques
Quelques pavillons flottent au vent
Et, au centre, les flots, gris, endormis
Bête immobile et doucereuse
Prenant du bon temps, câlinante
Comme il sied à un port abrité.
Au loin, court sur l’horizon
Un chapelet de nuages cotonneux
Hachuré par la forêt de mâts
Et la vie court autour du port
Comme un orage sur la plaine
Bruyante, mouvementée, insensible
A la quiétude des voiliers amarrés
Comme des chevaux de course
Pour le pansage aux murs des écuries
L’eau reflète les couleurs diffuses, mollement
En pâtés marbrés, étirés, ridés
Comme un film à vitesse accélérée
Contrastant avec l’immobilité des monstres
D’acier, effilés comme des aiguilles
Prêts à bondir sur la vague
En ouvrant leur parapluie
07:00 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, poésie, poème | Imprimer
04/09/2011
Vacances 3 : Entrer dans le rien
Entrer dans le rien, à la surface du miroir,
Quelle tentation ! S’évanouir aux yeux du monde
Et mourir à soi-même : silence et repos.
J’avançais un pied craintif vers l’onde brillante
Et je le regardais passer à l’envers du miroir,
Un doigt de pied, puis un autre jusqu’au pouce.
Plus rien, plus de doigts de pied bleuis.
Une surface bleu vert et le couperet.
Je tire vers l’arrière et retrouve mon pied.
Quel bonheur ! Marcher avec des béquilles ?
Sûrement pas, autant devenir sourd !
Comment disparaît-il et revient-il, ce pied ?
Réessayons. Le pied entier, comme emprisonné.
Je n’ai plus qu’une jambe complète
Seigneur, que faire ? Avance et vois !
L’autre pied, puis les deux tibias,
Envolés, perdus, quelle légèreté !
Il me manque une partie de moi-même ;
Ce n’est pas la plus important, mais tout de même.
Je ne me vois pas revenir en petite voiture !
Alors poursuivons, stoïque, sans hésitation.
Le miroir est toujours semblable à lui-même
Bleu-vert, gris à certains endroits,
Tremblotant légèrement, ondulé en vagues,
Comme une bête mécontente ou frileuse.
Au dessous, un autre monde, inconnu,
Séparé par une ligne ténue, la surface.
On ne peut la toucher. Elle vous méconnaît.
On plonge dans le rien, éperdu,
Et l’on perd conscience, sans consistance,
Redevenu momie, cadavérisé, froid.
Mais qu’il est bon ce monde caramel
Qui fait de vous un glaçon enchanté,
Les poils hérissés au dessus
Un rien de rien au dessous
Comme un oiseau entre l’air et l’eau
Perdu dans un océan de miroirs
Qui ressort libre du trou sans fin
Qui le nourrit gratuitement.
Avançons, encore et toujours, petitement,
Courageusement, à petits pas,
Sans réfléchir aux conséquences désastreuses
Comme par une nuit d’orage : éclair
De convoitise, d’anéantissement, de volupté.
Oui, pourquoi cédais-je à cet attrait
Comme un aimant se dirige vers le nord
Sans hésitation, pour ne rien trouver,
Se noyer à la verticale du point d’orgue
En un sursaut final après un frisson
Et une pensée émue pour ceux qu’on quitte.
Allons, poursuivons, j’entre jusqu’au nombril.
Il disparaît à son tour, happé par la surface
Je n’ai plus mon trou de vie, mais je suis là
Toujours regardant un ciel rayonnant
Qui projette son ombre sur un corps réduit.
Rien ne me manque et pourtant
Je commence à éprouver une certaine gêne,
A l’équivalent d’un éléphant sans trompe
Ou d’un aspirateur bouché qui cherche l’air.
Pourtant, on ne respire pas par l’abdomen ?
Alors continuons, sans penser, sans ressentir.
J’entre les doigts d’une main, puis l’autre,
Je suis démuni et sans défense.
Comment faire, puisque je ne suis plus qu’un torse
Qui dore au soleil et frissonne de froid et de peur.
J’avance encore, je ne sais comment.
Je n’ai plus ni jambes, ni bras,
Je ne suis plus qu’une tête, encore vaillante,
Mais qui s’inquiète malgré tout.
Vais-je retrouver ce corps, certes mécanique,
Mais bien pratique pour explorer la méconnaissance.
La surface s’est rapprochée des yeux, elle luit,
Elle me nargue, scintillante et riante,
Comme un serpent de désir clos, mais tentant.
Je sors une langue bleuie et goûte.
Dieu, cela brûle et enflamme la gorge.
Un feu acide avec des relents de verdure
Un peu de pétrole aussi, pollution oblige.
Non, l’expérience n’est pas concluante.
Alors je ferme mes orifices avec force
Et je poursuis, inexorablement
Avançant vers une mort annoncée.
Çà y est, je suis dans le noir
Les yeux clos, la bouche condamnée.
Plus de remarques possibles,
Plus de pensées proférées, chantées, versifiées.
Plus rien qu’un silence profond, écrasant.
Seuls les cheveux doivent émerger encore
Comme une botte de radis sur un étalage
Entre des pommes de terre et la laitue
Que vous repêchez d’une main ferme
Parce qu’elle reste fraiche et appétissante.
Puis vous sentez le froid vous saisir
Jusqu’en haut du crâne, main de glace
Qui enfonce votre être sans pensée
Dans la poussière fluide et vaine
D’un courant que vous ne ressentez plus.
Mort au monde des images vraies,
Des sons clairs comme les baguettes
Des tambours d’une vie trépidante,
Des odeurs fraiches telles l’enivrant
Parfum d’une femme étendue ou
L’odeur aigre de la cuisson du chou
Ou encore la senteur du bébé repu.
Mort à la vie, naissance à un monde
Où toucher remplace la vue,
Où le froid et le chaud sont indicateurs
De changements dangereux ou bienheureux.
Je vois du bout des doigts, je respire
En vase clos, comme un poisson,
Puisant un air gorgé de rien,
Je magnifie mes sens, étonné
D’apprendre que je vis encore
A moitié, penserons certains,
Différemment dirais-je.
Encore, encore, encore…
Perdu dans l’immensité du miroir
Un corps dérive, les yeux rêveurs,
Un sourire aux lèvres, les bras en croix,
Alangui d’un bonheur sourd
Clos dans sa totalité,
Perdu aux autres,
Loin des siens,
Replié sur lui,
Déconnecté,
Vide,
Rien.
Telle est la vie !
07:00 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, poésie, poème | Imprimer
30/08/2011
Loup, je m'appelle
Dédié à un petit garçon qui est fasciné par un prénom inhabituel :
Loup, je m’appelle et carnassier je suis
Où donc mes parents ont-ils pêché ce prénom ?
Pourtant comme il est doux ce nom
Doux comme le hibou, piquant comme le houx
Cela fait de moi un être à part
Qui fait rêver les enfants et les fées
Parce que toujours dans leurs songes
Ils me voient terrifiant et innocent
Je suis l’homme des peurs ancestrales
Qui ouvre au mystère des contes
Où l’animal maudit se délecte de lutins
Pourtant rien ne m’avait prédestiné
A devenir un objet de rêverie
J’avais la tête sur les épaules
Comme tout vivant d’aujourd’hui
Mais ce fut un grand malheur
Le jour où l’on cria au loup
Me rejetant, seul, dans les limbes
Des souvenirs d’enfance à petites peurs
Je suis celui qui sert à l’inventeur d’histoires
Parce qu’il a toujours un événement
A conter, pour provoquer l’hilarité
Ou la crainte ou la pitié ou peut-être
L’indifférence des bien-pensants
Voilà quelle est ma vocation
Devenir l’œil invincible qui lit
Au travers des autres et voit dans leur regard
La curiosité insatiable du pou
Devant le bijou tel un caillou
Ou un joujou sur le genou
Que le hibou viendra saisir
Comme un chou, fleur de la vie
Quel chou de hibou, ce Loup !
06:02 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : littérature, poésie, poème | Imprimer
27/08/2011
Le soleil éclairait la nuit d’encre
Le soleil éclairait la nuit d’encre
Des mâts de la mer indivisible
Au creux des rochers sanglants
Se perdent ses rayons d’enluminure
Les pins s’échappent vers l’azur léger
Où les mouettes blanches épanchent leur griserie
Les vagues dorment au sein des terres
Alourdies par la pesanteur de l’homme
Les toits gris d’ardoise des maisons
Oublient leur blancheur de sel et de vent
Pour blêmir dans la brume des soleils trop vivants
Qui couvrent les herbes de tiédeur morose
La fin des matins sur la mer
Pointe son triste clocher de pierre
Une cloche sonne, puis deux, puis trois,
Auxquelles répondent les coups sourds
Du travail des eaux sur les coques de bois
06:05 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, poésie, poème | Imprimer
22/08/2011
Le geste plein d'espoir
Le geste plein d’espoir
Nous avancions sur la grève rocailleuse
Entre l’air et l’eau, vers le ciel et la mer
Accompagnés des cris hostiles des oiseaux
Nous trébuchions sur le sol visqueux
Et tes pieds nus s’enfonçaient dans le granit
Nous devions ensemble tirer dessus
Pour les ressortir gris et poisseux
Et je les essuyais avant de repartir
Le ciel était descendu sur l’horizon
Jusqu’à toucher nos fronts de sa voute poussiéreuse
Et nous nous courbions un peu plus sur la pierre
Escaladant avec peine de grosses roches gluantes
Qui gémissaient à l’atteinte de nos ongles crispés
Ta main parfois m’enserrait la taille
Je goûtais la morsure de tes doigts sur ma chair
Qui faisait tressaillir les muscles
Nous marchions depuis le matin, sans nourriture
La langue sèche, l’œil fiévreux
Et le soir ne voulait pas tomber
Où d’ailleurs aurions-nous pu nous étendre ?
06:07 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, poésie, poème | Imprimer
19/08/2011
Certes, l’herbe est plus verte
Certes, l’herbe est plus verte lorsqu’il pleut, mais le ciel est plus noir. Les gouttes tombent une à une et sordides, mais c’est un rideau qui frôle nos yeux et mouille nos cils.
_ Madame, votre cœur est léger !
_ Tu me diras, Monsieur, ce qui est préférable,
Un cœur lourd de maux inconnus
Ou la légèreté de l’insouciance.
_ Sais-tu, maudite, que tu me feras mourir.
Regarde dans le miroir tes longs cheveux.
Ils couvrent tes épaules d’or
Et moi, je n’ai qu’un peu de laine.
Regarde encore ta bouche,
Une fontaine de bonheur
Qui ne sait que dire oui
Et qui pourtant connaît le non.
_ Tais-toi, le printemps est là.
Pense aux fleurs, aux oiseaux,
Pense aux trois sabots qui courent
Le long des routes acerbes.
Le soleil caresse ton ventre
Et la serpe te court sur le dos
Pour fermer le battant de la mort.
Regarde comme est beau l’azur
De ton cœur, du mien et du ciel.
J’ai perdu des ans à chercher
Ce que je trouve aujourd’hui.
Et tu ne m’as pas dit
Comment je pourrai le faire :
Prendre un verre d’eau et du pain
Et pleurer dehors le soleil qui part.
Jusqu’à ce qu’un jour,
Je vis, seul, le soleil apparaître
Derrière la grotte où je dormais.
Alors tu es revenue de là-bas,
Là-bas dont je ne savais rien,
Sinon que tu m’oubliais peu à peu
A courir après une mort incertaine
Qui ne semblait pas vouloir de toi.
L’herbe était blanche comme l’eau,
Mais il faisait bon s’y étendre
Pour pleurer son bonheur
Avec tous les efforts nécessaires.
_ Ma belle, tu parles sans réfléchir.
Tu crois toujours trouver
Ce qu’en fait il n’y avait pas à chercher.
Viens, que nous visitions notre royaume.
Il fait quatre pieds de long
Et sa largeur n’en fait pas plus de trois.
Mais c’est tout un continent qui s’écoule
Doucement sous nos pas attendris,
Pour dévoiler ce qu’il nous avait caché :
Des rivières aux eaux ronflantes
Qui sentent la fraicheur des nuits,
Du sable d’or isolé dans les herbes
Qui gardent la chaleur du jour,
De longs fruits rouges qui pleurent
Pour nous laisser boire,
De longues grappes d’oriflamme
Pour éclairer nos jours heureux.
_ Monsieur, vous ne faites que me dire
Que tu n’écoutes que ton cœur
Sans entendre les paroles de ma bouche.
Tu parles et tu ne sais
Quelles sont les règles d’or du miroir
Où se cache la clarté du bonheur.
Cherche la vie sans voir la mort.
Regarde la mort sans voir
Ce qui la rend triste à mes yeux.
Des trésors te tendent les bras
Tous les jours en tout lieu
Sans que tu te rendes compte
De ce que tu peux prendre.
Ensuite tu ris, aussi niaisement
Que d’autres pleurent la mort d’une souris
Qui avait l’habitude de courir sur leur lit
Et de grignoter les restes de leur barbe.
Tu ris sans savoir la triste concession
Que j’ai dû faire pour m’occuper de cela.
J’ai quitté ce que j’aimais à jamais,
La tranquillité d’une douce chaleur
Et la sûreté des montagnes isolées
Où seul le vent hurle contre les loups,
La griserie des descentes dans le froid
Et la chute des fééries blanches.
_ Adieu, Madame, mon cœur est las
D’écouter vos amours sans savoir les choisir.
Pour moi, je reprends mon indépendance
Faite de premières visions et de nuits.
Le reste, je l’ai vu pour toujours
Sans envie de refaire l’expérience.
Pourquoi abandonner l’espérance ?
Pourquoi me dire que jamais tu ne reviendras ?
Ta vie est faite de longs trous noirs
Que tu aimes pour leur quiétude,
Mais qui ne sont que des vides où se perd
Pour longtemps ce qui m’a charmé en toi.
Abandonne-les pour t’ouvrir à l’air du temps
Qui puise sa force dans la mer et les cieux,
Qui l’emporte au dessus des terres pour pleurer
Et tromper de leurs larmes l’humanité
Qui s’imagine noyée dans ses longues rivières.
_ Où m’emmènerais-tu, toi dont j’ai tout attendu,
Dont j’ai recueilli la chaleur sur ma joue,
Qui m’a donné la ferveur et la joie.
Tu voudrais me montrer le monde
Où les jours durent comme trois nuits
Et les nuits sont sans moyen de voir
Où me mènent les autres voies.
Regarde où va le monde qui dort.
Les yeux fermés, il tourne
Sans jamais perdre son équilibre,
Bien que toi, tu ne sentes que la chaleur
Des terres chauffées par l’astre central.
Ta tête tourne sans arrêt
Et ton cœur reste seul à jamais.
J’ai espéré longtemps voir un jour
Les longues marches des déserts inconnus
Où se cachent les êtres amassés
Par nos soins dans des trous profonds.
Nous fuyons ceux-ci pour l’entassement
Dans un bloc de pierre et de fer
Façonné par nos soins, sans cependant
Avoir la forme que nous avions voulue.
Regarde aussi derrière toi
La longue misère des trois faunes
Qui couraient sans cesse
Dans le feuillage de la vie alanguie,
La longue tristesse des grands bras
Qui s’élèvent pour pleurer
Les atours qu’ils passent dans leurs doigts
Et les laines précoces qui poussaient
Sur le dos délabré des brebis.
La route est longue vers la mer,
Celle des grandes vertus
Qui courent le long des eaux
Sans jamais trouver un moulin
Qui pourrait tourner pour elles.
Tu cherches aussi comment admettre
Que les stigmates de la grandeur
S’élèvent plus haut que les monts
De la guerre et de la paix réunies
Pour trouver ensemble
Ce qu’ils ne peuvent donner séparément.
C’est le problème de la magie naturelle :
Perdre à la guerre les bagues de la paix
Ou donner pour la paix
Ce que la guerre ne leur avait pas demandé.
Pourquoi crois-tu que je sois encore là ?
Car je pourrais fuir ce chêne
Qui abrite les regards de notre conversation
Et nous permet de perdre
Nos paroles sous la voûte
Je veux te convaincre qu’il n’est pas toujours facile
De se perdre dans la forêt de la sérénité
Pour devenir sourd et assombri
Par le silence qui martyrise.
Pourquoi fuir devant l’autre,
Se perdre parmi la solitude
Du désert au soleil vert et cru
Où, seuls êtres vivants, se perdent
Les oiseaux aux ailes longues et limpides.
L’homme est nécessaire à l’homme,
Comme il est nécessaire à l’anthropophage
Qui coure longtemps pour attraper
Une nourriture céleste pour lui.
06:33 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, poésie, poème | Imprimer
17/08/2011
Hier, j’ai joué avec des enfants
Hier, j’ai joué avec des enfants.
Une odeur d’amertume m’en est restée.
J’ai perdu le pouvoir de la naïveté,
J’ai tenté mille fois, patiemment,
De plier ces machines de papier
Qui volent de leurs ailes déployées.
Mais il leur manquait le souffle
Transmis par les pouvoirs de l’enfance
Pour voir dans l’univers de la petite pièce
Planer la feuille de papier pliée.
Aurais-je déjà revêtu malgré moi
Le masque figé des adultes
Et perdu les sortilèges enfantins ?
Serais-je devenu cet homme dur,
Au regard fixé sur les mots,
À la parole sûre et au geste incertain,
Celui que tu reconnais de loin
Pour l’assurance de ces affirmations.
Je me rappelle ces jours d’enfance
Où un sourire avait le poids de l’or,
Où un baiser éclairait la journée,
Quand une cabane devenait un palais
Et une poupée l’objet d’attendrissement.
Pourtant il me semble bien encore
Que derrière ton sourire de petite fille
Se cache un cœur d’enfant fragile
Et que mon âme suspendue à ton rire
Conserve la vertu des premières naïvetés.
Je suis, devant toi, les mains tendues,
Un petit garçon qui s’émerveille
06:24 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, poésie, poème | Imprimer
10/08/2011
Attente
Attente…
Du bout des doigts, ce tremblement léger
Une fièvre parcourt les veines
Le creux adouci des bras se teinte de crépuscule
Chaque bruit à la mesure d’une symphonie
Chaque regard d’un oiseau dans la nuit
L’oublie d’un pétale au fond des mains
La chaleur de nos pieds sur la terre mouillée
Ses doigts entrelacés de fleurs
Comme un feu d’artifice
Sont le soir le parfum de notre remord
Les diamants mouillés de la pluie
Ensevelissent de bijoux sa parure de cheveux
Les pieds écartelés dans la mousse de l’abandon
Nous écoutons ensemble la naissance de l’herbe
05:38 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, poésie, poème | Imprimer
05/08/2011
A nouveau, le silence de la nuit
A nouveau, le silence de la nuit
Comme une auréole sur le tissu
Des souvenirs et de l’avenir
Où donc m’entraîne cette indolence
Avant le lever du jour, pâle et désorienté
J’erre dans ma solitude bénite
Comme un amant se noie
Dans les bras échevelés et caressant
D’une belle au visage de marbre
C’est le temps de la création
Des virages sublimes de l’imagination
Emportée par les courants improvisés
De l’air et du palpable imperceptible
Qui chemine dans la peau transparente
Qui me sépare de la vie réelle
Et je me noie, englué dans l’ignorance
De jours meilleurs, de plaisirs subtils
En contact avec le vrai et le beau
Et j’erre inlassablement, détourné
De cette connaissance chaleureuse
D’une intimité de pensée conduisant les héros
Vers les cieux blancs et vides
De la présence souhaitable
De cette évanescence indescriptible
Seule, sensible, brûlante et mystérieuse
Au fond de soi, de toi,
Oui, de nous… Probablement.
05:04 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, poésie, poème | Imprimer
01/08/2011
Bulle de savon translucide
Bulle de savon translucide,
Tu es l’espace et le temps
L’infini et le fini
Mon système solaire
Au-delà du globe transparent de ton regard
Se cachent ta propre image
Et l’image de ton univers
Tu es l’aleph de ma contemplation
Le commencement et la fin du temps
Ta présence est mon éternel présent
Et je mourrai de ton achèvement
Au-delà du goût de tes lèvres
Je prends conscience de ta densité
Et ne peux plus me définir
Qu’en relativité à ton existence
Le jeu de la lumière dans ta chevelure
Est la courbure de mon atmosphère
Où je découvre implacablement
Le champ de gravitation de mon espérance
Je suis d’apesanteur, exempt d’inertie
Inexorablement, éternellement
Attiré vers le centre de ton être
Concentré de ma pleine conscience
Vers le point de chute que tu es
05:12 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, poésie, poème | Imprimer
27/07/2011
Pourquoi courir après les actes
Pourquoi courir après les actes ?
Pourquoi vouloir faire et défaire ?
S’arrêter, prendre le temps de se regarder !
Contempler le monde comme le hibou,
Les yeux ouverts, sans bouger
Et voir passer les incidents
Comme de petites blessures
A la perfidie de la vie
Calme serein des fontaines
Qui coulent au pied des jardins
Comme immobiles et vivantes
D’une vie statique et immortelle
Tel le scaphandre en eaux douces
Nous attendons la remontée
Pour sortir nos trésors :
Un doigt de poupée rose
Une couronne de fleurs artificielles
Trois lapins de porcelaine
Un chapeau défraichi
Par son séjour dans l’eau noire
Au-delà de ces assemblages
Nous retrouvons, cachée,
La sensation de froideur vitale
Des escargots idéologues
Qui courent aux murs de la honte
Petits délires matinaux
Comme un soulagement
Offert gratuitement
A l’errant qu’est
Chacun (ou chacune) de nous !
03:46 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, poésie, poème | Imprimer
23/07/2011
Voici revenus le gris et le mouillé
Oui, voici revenus le gris et le mouillé.
Gris du ciel d’abord, mais aussi
Griserie des rues sans âme,
Rues grisâtres des jours verts
Vers des horizons sans fin,
Là où rien ne dit à personne,
Là où se promène, nostalgique,
Le poète dénudé des haricots blancs
Qui pleure lorsque rien ne l’enchante
Et qui rit au plaisir de savoir
Si, un jour, il sera bègue.
Alors combien sera rude sa tâche
De récitant de vers prolongés
Dans l’aube inconnue de la ville.
Mouillé aussi, comme la fourrure
Des rats un jour d’inondation
Ruisselant de brillants
Et prostrés dans un coin obscure,
Avant de ressortir au soleil du soir
Pour réchauffer leur vieille carcasse.
Enfermé dans un halo de condensation,
L’homme mouillé de larmes
Se prête au faux semblant
D’un attendrissant retour
D’une certaine innocence.
Mais au fond de lui,
Il sait bien, malgré ses dires,
La puissance de l’instant,
L’évocation irrésistible et instantanée
De souvenirs inconnus
Et d’un présent irrévocable,
Malgré le rêve, l’intention,
La paresse ou la vision.
Oui, voici revenus le gris et le mouillé.
Quand t’abstiendras-tu d’apercevoir,
Au-delà du temps et de l’espace,
L’espoir des jours blancs
Et des nuits de pleine lune ?
Couché dans ton lit trop grand,
Réveillé par la clarté diurne,
Tu rêves, tu deviens autre,
Tu te laisses empoigner
Par le miracle de la passion,
Une passion indéfinissable,
Celle de la création
Et de la démolition,
Pour que les lendemains
Soient autres, rosés
D’attente et de désirs,
Verts d’optimisme,
Jaune de bonheur.
05:34 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, poésie, poème, nature | Imprimer
18/07/2011
Quoi de plus beau qu’un chant !
Quoi de plus beau qu’un chant !
Et pourtant, comme ils sont différents.
Il y a le chant de la midinette
Qui n’enchante que les cœurs esseulés
Il y a le chant des marins
Qui se chante à pleine voix
Pour couvrir le bruit des tempêtes
Le chant des sirènes est d’un autre registre
Est-ce un chant ou un maléfice ?
On trouve aussi la voix égarée et criarde
Voire le cri éraillé et bestial
De ceux qui ont besoin d’électricité
Pour faire fonctionner leur guitare
Des noirs on entend la plainte longue
Et tristement joyeuse dans les champs de coton
Comme si l’accord des voix
Apportait un baume aux corps fatigués
Ecoute la voix de la chanteuse de flamenco
Qui sort de la danse des pieds
Vibre dans l’ondulation du buste
Se fait rauque dans son cri évocateur
D’une passion jalouse et brûlante
Et s’envole au dessus des mains ondoyantes
Le chant du troubadour à sa dame
Apporte un instant de distraction
A celle qui est au cœur du texte
Comme un lampion dans l’obscurité
Il y a l’accord de seconde
Du chant des femmes bulgares
Qui tournoient dans le délire
Pour enivrer qui l’entend
Il y a l’harmonie secrète
Du chant corse en bord de mer
Qui prolonge son écho dans les montagnes
Et fait frémir l’âme qui dépérie
On trouve le son unique et pur
De la note chinoise tenue longuement
En mille variantes proches
Pour aiguiser le cœur
Et fendre sa dureté légendaire
Dans les ports de l’Atlantique
On entend le tango déhanché
Qui enchante par passion
Le lyrisme n’est pas fait pour les gauchos
Qui dressent les femmes comme les chevaux
Mais qui se laissent prendre au jeu
De la séduction ondulante
Curiosité inégalée mais prenante
Le chant diphonique de la Mongolie
Qui résonne dans les collines perdues
D’une immensité enivrante
S’élevant du corps vers la tête
Au travers de cavités insoupçonnées
Jusqu’à produire des harmoniques
Entourées du bourdon des coléoptères
Plus policées ou plus maîtrisées
Les vocalises délirantes et alphabétiques
Des chanteuses d’opéra
Qui de cette gymnastique buccale
Font un enchantement des oreilles
Et caressent la corde sensible
De spectateurs attentifs et acquis
Que dire des chœurs de Wagner
Qui bouleversent l’âme allemande
Et l’entraîne vers d’extatiques rêveries
Sur fond de puissance et d’audience
Il y a aussi les voix d’enfants
Comme une campagne nouvelle
Au matin des jours de printemps
Qui éclaircissent l’entendement
Et font trembler le dur à cuire
La voix du haute-contre
Ou encore celle du castrat
Qui tierce celle du ténor
Ou délivre une couleur particulière
Aux voix chatoyantes des femmes
Qui ne s’en montrent pas jalouses
Et puis il y a le chant religieux
Destiné à réunir les fidèles
Et à les faire entrer dans la prière
L’appel guttural du muezzin
Qui plane au dessus des têtes
Et incite le croyant occupé
A laisser son ouvrage
Pour se dissoudre en Dieu
La psalmodie de l’officiant
En ténor pour le prêtre romain
En basse pour l’orthodoxe
Entraîne au voyage céleste
De la supplication ou de l’adoration
La digestion du grégorien
D’un texte biblique par la mélodie
Qui repose le cœur dans le chœur
Et lui donne une pincée mystique
Le bourdonnement des reclus
De monastères himalayens
Venu du ventre et résonnant
Vers les vallées perdues
Des origines de l’homme
Les parfaits chœurs anglais
Dont la précision légendaire
Font de l’évocation divine
Une équation mathématique
L’harmonie des chœurs orthodoxes
Emplie d’accords de septième
Qui envahit le méditant
Et l’invite à la vacuité sacrée
Le brouhaha intempestif
Des assemblées de fidèles
Qui chantent sans savoir
Et font pleurer les oreilles
De ceux qui subissent leurs affronts
Enfin le murmure de l’enfant
Qui fredonne sans y penser
Une étrange complainte
Comme une réminiscence d’antan
Acquise dans une vie antérieure
10:21 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer
15/07/2011
Abandonne tout désir
Abandonne tout désir.
Que rien ne vienne empêcher
Ton appréhension de la vie.
Que la nuit soit le jour
Et qu’inversement,
Les jours restent vierges.
Alors, du fond de ton être,
Surgissant de nulle part,
Un feu brûlant te prendra
Et te conduira plus loin,
Là où rien de sensible
Ne peux t’atteindre.
Dans ce halo de lumière,
Emprisonné d’indifférence,
Tu règneras en roi,
Tu officieras en prêtre,
Tu parleras en prophète.
Et parce que tu sauras
Conserver ton innocence
Sans te laisser griser
Par ce vide immense,
Déroutant et fragile,
Tu deviendras ce que tu n’es pas,
Tu te découvriras autre.
Et libéré de toute contingence,
Tu ouvriras ton corps,
Ton cœur, ton intelligence,
Ton esprit enfin, à la beauté
De l’absence de personnage,
A la nudité absolue,
A l’étrange pâleur
De ta renaissance.
04:17 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, poésie, poème | Imprimer
06/07/2011
Ils sont ronds, dorés comme un rôti
Ils sont ronds, dorés comme un rôti,
Ils enjolivent les champs de leur masse répartie.
Ce sont les rouleaux d’été,
De paille ou de foin enrobés.
Comme des guirlandes sur un arbre de Noël
Ils font une parure de fête au regard des vivants.
Appuyé sur l’un d’eux, je respire l’odeur de moelle,
De terre, mêlée d’herbes et de grains. Purifiant !
Seul le mugissement d’un bovidé esseulé
Trouble la torpeur de l’instant présent,
Accompagné des soupirs d’une brise affolée
Qui ondule sur le blé en chantant.
Enfin, cueillir l’origan, d’un sécateur pataud,
Pour les laisser sécher sur un plateau
Jusqu’à la fin de cet été.
Et les utiliser en les écrasant de la main,
Comme on le fait pour le cumin,
Afin de doter chaque met d’odeur de sainteté.
07:13 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, poésie, poème | Imprimer
02/07/2011
Ensemble, nous irons au paradis
Ensemble, nous irons au paradis
Des amants d’antan
Je te regarderai, tu me verras,
Nous nous contemplerons
Et verrons le chemin écoulé
Comme une mélodie achevée
Toi, rien que toi, blanche
De vérité et d’innocence
Que j’apprends toujours à connaître
Qui m’apprend la vie et l’amour
Et qui court au plus large
Des rues encombrées de passants
Pour montrer la beauté de chacun
Je te regarde en odeur, en couleurs,
Tu me prends la main,
Tu me tends ta bouche,
Je ne suis plus, je deviens toi,
Et tu es la reine de ma nuit
Et la femme des jours sans fin
Où l’amour coule comme une source
Belle, tu me fais un clin d’œil
Serein, coquin, malin,
Et tu m’encourages dans ma folie
De ne penser qu’à toi, aimée
Perdue dans ce monde
Que nous sommes appelés
A quitter un jour, ou une nuit,
Après nous être aimés encore
Dans le secret de nos corps
Et la tendresse de nos rêves
10:24 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, poésie, poème | Imprimer
29/06/2011
Chacun d’entre nous a un visage unique
Chacun d’entre nous a un visage unique
Et c’est sa dissymétrie qui le rend ainsi
S’il était parfaitement symétrique
Il n’aurait plus cette qualité inexprimable
Qui le rend attirant ou au moins regardable
Mais dans ces visages distincts
Il y a les yeux, un monde en soi
Qui nous disent la soif de vivre
Ou encore le découragement et la vacuité
Comme des pierres précieuses
Leur brillance dévoile la valeur
Du visage qui se trouve devant vous
Certains y mettent quelques gouttes
De citron avant de partir danser
Pour raviver leur regard séduisant
Ils peuvent être verts émeraude
Des étendues forestières d’Amazonie
Bleus azur des mers des Caraïbes
Parfois jaunes paille des moissons d’antan
Mais aussi châtaignes tels les cigares
De la Havane ou de Porto Rico
Ou même noir comme l’ébène
Des tropiques de l’Ancien Monde
Très rares sont ceux d’entre les hommes
Qui disposent de prunelles rouges
On les prend pour les diables
C’est-à-dire des anges déchus
La bouche est aussi l’objet d’attentions
Propres à différencier chaque être
Elle peut être charnue comme un fruit
Avide comme un gouffre sans fin
Flottante comme un bateau sur l’eau
Rougie au bâton de couleurs
Peinte à grands traits malhabiles
Souriante au passant dans la rue
Close à tout signe de bonheur
Sans lèvres pour les vieillards
Trop éclose pour les enfants
Je ne parlerai pas du nez
Celui-ci a déjà fait l’objet
Des rimes et délires de Cyrano
Qui laissent un trou dans la tête
A la place d’inspiration
Certes les oreilles pourraient aussi
Mériter quelques phrases agréables
Mais ne sont-elles pas faites pour écouter
Plutôt que pour parler
Alors n’en parlons pas
Et pourtant le tour des attributs d’un visage
Ne suffit pas à le décrire
Il ya aussi la fossette qui l’enjolive
Le grain de beauté qui peut enlaidir
Le poil sur le nez et la tache sur la joue
La dent cassée qui empêche de sourire
L’œil pleureur et la joue tombante
Tout ce qui par le hasard ou l’usure
Déforme la nature unique de chaque homme
Et de chaque femme, qui, elle, s’en préoccupe
Pour le plaisir du premier
Et l’éclat de ses yeux amoureux
Est-ce le hasard ou la nécessité
Qui a construit cette merveille
Ou un dieu qui donne à chacun
Une façade, une apparence, un attrait
Qui le rend unique lui-même
Qu’il est beau ton visage
Toi l’aimée de toujours
Il est le point ultime de mes rêves
L’émouvant trouble de mon cœur
L’image présente à mon esprit
Qui m’accompagne dans la vie
Et fait briller mon œil de ravissement
03:44 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, poésie, poème | Imprimer
24/06/2011
Les taches sur le mur
Les taches sur le mur
Sont l’ombre de mes pensées
Une fenêtre reflète le turban
Que porte un homme dans la rue
La glace enregistre l’envers des murs
Et les ombres transformées sont sans doute la vérité
Elle se cache parmi les mots
Et c’est une longue énigme
Que je cherche encore
Assis, à genoux ou encore debout
Ils attendent comme les lapins à leur terrier
Le dernier rayon de soleil de cette journée
Ignorants et béats, ou bien proches d’être fous
Les hommes, comme d’éternels esclaves
Entrainent chaque jour la roue du passé
Ne connaissant d’elle que ce point de tangence
Qui imprègne dan le sol l’instant de sa présence.
Derrière ne restent que les traces du regret du passé
Et au devant l’espoir du futur dans un jardin sauvage
07:31 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, poésie, poème | Imprimer
13/06/2011
Forme et couleur
La forme précède la couleur
Avant la forme, il y a le trait
Qui part dans toutes les directions
Qui barre, qui marque un territoire
Qui, par le fait d’être là,
Fait de la page un dessin
Ou, au moins, un commencement
Avant le trait, il y a le point
Le point n’a pas de consistance
S’il devient important
C’est par sa multiplication
A l’infini sur une page
Et c’est le rapprochement ou l’éloignement
Qui fait des points un dessin
Au-delà du trait, la surface
Elle éblouit comme un miroir
Miroir du vide entre les traits qui la délimitent
Il convient de la remplir
Pour lui donner l’apparence
D’une plénitude emplie de rêve
Enfin naît le volume
Le volume construit la forme
La forme produit l’image
Et l’image est déjà une création
Elle construit un monde
Qui n’existait pas auparavant
Mais pour que l’image devienne
Tableau, il lui faut la couleur
Elle peut être grise ou noir et blanc
Elle peut n’être que nuance d’une seule
Elle peut être un mélange savant
Ou encore laisser libre cours
Au pétrisseur de couleurs
Certains cependant utilisent la couleur
Sans user leur temps à la forme
Ils travaillent par taches et projection
Auxquelles ils finissent par donner du sens
Mais trop souvent après coup
Forme et couleur, deux jumelles :
Les séparer, c'est bien souvent les briser !
03:44 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, poésie, art, peinture | Imprimer
09/06/2011
Il est des gens pour qui rien ne va
Il est des gens pour qui rien ne va
Il est des gens qui ne vont nulle part
Il est des gens qui ne s’arrêtent jamais
Toujours en mouvement, toujours tourmentés
Comment leur dire la mouche qui vole,
L’oiseau qui pleure en gazouillant,
Le chat qui miaule dans la chambre
L’enfant qui dort les bras ouverts
La femme au chapeau de plumes
Et l’homme en penseur solitaire
Il est des gens qui ignorent les saisons
Ne voient pas dans le froid du matin
La magie enracinée de la vie
Ne comprennent pas non plus
L’espérance d’un cœur vide
Ou même la vacuité de la faim
Il est des gens qui n’ont que la parole
Pour proclamer leur désaccord
Et qui toujours s’enferment
Dans un bocal de rancœur
Pour finir seul un jour d’orage
Dans la poubelle de l’imprécation
07:47 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, poème, littérature | Imprimer
04/06/2011
Imagination, image inhalation…
Imagination, image inhalation…
Quel flot de mots et de sons,
Quel débordement de couleurs,
Quelles odeurs absurdes, mais délicieuses.
Je suis baignée de tentacules
Qui me chatouillent à l’envers
Et m’encourage dans mon innocence.
Je cherche d’autres procédés
Pour dire mon incompétence.
Amis, rien ne me vient à l’esprit,
Hormis cette poêle à frire verte.
Alors je prépare une omelette
Aux œufs frais encombrés d’herbes
Pour régaler les invités rares
Au festin de la comédie humaine.
Merci à vous qui êtes venus,
Revêtus de chemises molles
Et de pantalons de cuir souple,
Pour admirer le funambule
Dans son numéro imprévisible
Et sa médiocre réplique.
Oui, rien ne vous y obligeait.
Vous courriez dans vos intentions,
Vous pêchiez les mots au rebus
Et recomposiez les lettres
De mille envolées non lyriques.
C’est un grand jour,
Celui du retour de l’imagination.
Il apporte un peu de délire
Aux nuits somnolentes et tristes
Des artistes défraichis et somnambules
Qui pour se soutenir
Boivent plus que de raison
Un vin lourd et capiteux
Qui signe la défaite de leur art.
Merci à vous qui m’avez soutenu
Au cours de cette veille nocturne
Pour repartir au matin
Dans les brumes colorées
D’un nouveau jour sans surprise.
03:07 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, poème, littérature | Imprimer
30/05/2011
Se souvenir d’un instant
Se souvenir d’un instant
Se souvenir de cet instant
Où plus rien n’existait
Quand nos regards se croisaient
Ne pas oublier la pesanteur de tes doigts
Et leur caresse furtive, comme ébauchée
Ne pas oublier non plus le fil de soie
Tissé de nos mains enlacées
Se rappeler ces quelques heures
Cet éternel déroulement de la destinée
Rencontre et dispersion sans heurt
Se rappeler ton visage illuminé
Enfouir aussi dans quelques pages
La valse lente de tes multiples images
Et parfois donner un tour de manivelle
Pour l’évoquer sur une musique rituelle.
06:07 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, poème, littérature | Imprimer
24/05/2011
Dilatation d’espérances gothiques
Dilatation d’espérances gothiques
Je fume en fakir les lianes incurvées
De nœuds arboricoles. Allongé
Agrandi
J’agrandis encore le filet de fumée
Çà navigue lentement sur la peau
Jusqu’au sortir de l’immobilité
Silence
Le silence de la brume, le silence de la chaleur
Ou seulement celui de l’âme vide
Loi : la fumée pénètre le vide
Le vide s’échappe
Échappatoire
Confessionnal du désir, pleurs de la possession
Fermés sur la paupière
Lourdement, plus lourd chaque jour
Plus frêle aussi jusqu’à la transparence
Cloître d’hexagones
Je m’enferme au cœur des couleurs
La fumée pénètre l’âme
Je guette l’escalier indistinct
06:42 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, poème | Imprimer
20/05/2011
Chaque jour te voir
Chaque jour te voir
Voir ce visage transparent
Aux yeux ouverts sur le monde
Voir ces lèvres qui me parlent
Et me disent leur amour
Te voir entière et séparée
Et voir chaque chose par toi
Comme le reflet de ta lumière
Tu as des bras de cygne
Qui sont les pôles de l’horizon
Où je m’épanouis sans cesse
Tu es l’horloge de l’éternité
Le ressort brisé des jours
La vague chaude des nuits
L’ombre de mes rêves
Le retour de ma jeunesse
Chaque jour te voir
Et redevenir l’aveugle
Que tu conduis à ta lumière
Pour son émerveillement
04:39 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, poème, littérature | Imprimer
17/05/2011
Ne plus connaître qu’une étoile
Ne plus connaître qu’une étoile
A la forme des planètes
A l’éclat du soleil
Et pouvoir y contempler la nuit et y apprendre le jour
J’y ai vu l’ellipse pure des astres
Le lent cheminement de la sève
Le déferlement assourdi de l’écume
Sans pouvoir en détacher mon regard
Si par hasard l’étoile s’éteignait
Pourrai-je encore voir et entendre ?
Penché longtemps sur l’astéroïde
J’ai voulu en connaître chaque contour
Et pouvoir à tout moment
Réinventer la couleur de son paysage
Et les reflets de la joie qui l’habite
Mais le souvenir de son éclat est fragile
Sauras-tu encore garder les yeux ouverts ?
Hiver, triste, l’étoile s’atténue
Printemps, j’y redécouvre la joie
Soumise aux saisons de sa temporalité
Elle a parfois la mélancolie des automnes
Ou l’insouciance des ciels d’été
Mon astre lumineux
Retrouver dans mon regard sur toutes choses
Le reflet de tes yeux et ne plus rien en perdre
Pas même lorsque la nuit s’attriste
06:41 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, poésie | Imprimer
12/05/2011
Je te ressens, au plus profond de moi
Je te ressens, au plus profond de moi,
Comme un vol de libellules
Ou la vague tiède de mers lointaines
Et je vais dans la vie
Comme un miroir sans tain
Regarder passer les idées fixes
Ou les étoiles de mer
---
Merci à toi qui m’a donné
Et la joie et l’amour et la peine
Car en cette terre et sur ce jardin
Rien ne se cueille mollement
Je vais loin et longuement
Me recueillir en extase
Devant les fous et les bergers
Pour ensuite, pris de remord,
Conduire le troupeau au zénith
---
Reviens, me dit-on,
Mais où revenir :
Dans notre folie quotidienne ?
Devant les marches du perron ?
Dans ses pensées obscures ?
Dans les siècles qui viennent
Ou dans ceux écoulés et perdus ?
---
Plus rien ne sera comme avant
Lorsque tu te déchaussais
Au devant de l’armoire
Et que ton cou luisait d’attente
Lorsque tu criais toi
Et que tu pensais moi
Lorsque ta chaleur amoureuse
Revêtait de rosée tes pieds épars
Lorsque toute entière
Tu plongeais dans l’eau trouble
Des soirs et des matins sauvages
Et pendant le jour courrait
Partout et toujours
A la recherche d’un hypothétique plaisir
Que tu trouvais tapi au lit
De notre amour insensé
---
Oui, la vie m’a donné ta vie
J’en ai fait ce que tu voulais
Et, ensemble, nous marchons
En pleine liberté et délire
Vers les cieux dégagés
Et les prairies infinies
Nous tenant par la main
Sans perdre un seul jour
De ce qui fut le chant
D’un pauvre innocent
Et d’une tendre adolescente
Qui parcoururent les rues encombrées
D’une ville immense et délirante
En recherche d’un double
Unique et semblable
Que construit sans le savoir
Notre rencontre d’une nuit
---
Et, comme rien n’a une fin
Même pas les histoires
Qui restent dans les têtes
Et fondent lentement
Dans les pensées du jour
Je te renouvelle ma joie
Mon amour et le bonheur
Que j’ai trouvé en toi
Que j’ai exploré de mes lèvres
Que j’ai touché en doigts
Agiles et que j’ai regardé
Emerveillé, éperdu de conscience
Comme un souffle d’infini
Dans un monde arrêté
Sur ta beauté et ta tendresse
Sur tes lèvres entrouvertes
Et le don de ton amour
---
Je te ressens, au plus profond de moi,
Comme le papillon qui d’un battement d’ailes
Bouleverse le monde ignorant
A des milliers de kilomètres
06:08 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : poésie, poème, littérature, amour | Imprimer
09/05/2011
Diner campagnard
Arrivé subrepticement dans la maison accueillante
Nous entrâmes dans le salon chuchotant,
Après avoir salué l'hôtesse derrière son sourire.
Nous connaissions un couple, les autres inconnus
Nous furent présentés : enchanté et salamalec.
Ainsi commença la soirée, pépiant maladroitement
Le verre au bord des lèvres, frais et doucereux.
Arrivé d’un dernier couple, le rouge et le noir,
Madame de Rênal et Julien Saurel (plus âgé sans doute)
Avant de tourner autour de la table
Pour s'assoir à la place convenue.
Ballet des verres et des assiettes,
Brouhaha des conversations,
Echange de plats de mains en mains,
Ne pas oublier de s’essuyer la bouche,
Répondre à ma voisine en inclinant la tête,
Et voir l’alchimie prendre progressivement
Jusqu’à ne plus former qu’un groupe
Dont l’unité bien que tardive est cependant réelle.
Telle un chef d’orchestre, tu ordonnes,
Tu pallies aux inattentions des convives
Jouant le maître et la maîtresse de maison
Tour à tour, vin et eau, plat et sauce,
Réponse à la question et question à ton tour,
Dans la tranquillité sereine de l’heure.
Essai d’alcool à la couleur enjôleuse
Avant les mots de la fin, sur le pas de la porte.
06:31 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : campagne, charme et bienséance | Imprimer