La musique sacrée : ouverture et harmonisation de l'être (3) (28/11/2020)

          Les voies

 Pour Graf Dürckheim, il y a quatre champs privilégiés qui ouvre au numineux :

 . La grande nature : C'est ce champ qui parle le plus naturellement à l'homme. La contemplation de la nature émerveille. Elle dilate le corps et fait taire le mental. L'univers dévoile la beauté de la création et l'amour que Dieu lui porte.

 . L’éros : L'amour physique, lorsqu'il est l'aboutissement de l'amour, cette intense harmonie qui lie deux êtres jusqu'à ce qu'ils ne fassent plus qu'un, ouvre la porte aux mystères de la vie et de la mort. C'est une descente dans l'être pur qui se donne et qui donne. C'est la rencontre en un instant d'éternité.

 . L’art : L'œuvre d'art, lorsqu'elle remplit sa fonction, saisit et émerveille. Elle dévoile la beauté céleste à travers la matière, elle aide à contempler l'invisible derrière le visible. Voie de co-naissance, elle s'adresse à la part féminine de l'être humain et complète la connaissance intellectuelle plus spécifiquement masculine. Elle fait appel à l'intuition, elle englobe plutôt qu'elle ne dissèque, elle harmonise et permet de comprendre de l'intérieur.

 . La liturgie : Même pour le non croyant, la liturgie évoque l'invisible derrière le visible. Elle invite à s'agenouiller, à abandonner tout ce qui est moi et tout ce qui est savoir pour découvrir notre ultime réalité, celle où Dieu se dévoile dans notre nudité et nous comble de sa présence. Un des aspects de la liturgie est bien de pénétrer dans le mystère pour permettre à la Parole de Dieu de nous atteindre. Une liturgie qui n'inclut pas cette fonction ne permet pas de faire l'expérience intuitive du divin.

  

En conclusion     L’expérience personnelle du numineux, inconsciente, puis, recherchée consciemment, conduit à la véritable conversion, au retournement (convertere) de l'être. C'est une expérience plus large que l'adhésion à une foi, à une église. Elle emplit l'être tout entier et le projette face à l'absolu.

          La musique sacrée, dans son acceptation la plus large, favorise cette prise de conscience. Elle englobe la musique religieuse, propre à une confession et à une culture, mais inclut aussi d'autres genres de musique, toutes celles qui dépassent la recherche du plaisir ou de l'esthétisme.

          Ces musiques ne se contentent pas d'exprimer l'homme, elles constituent le langage que l'Esprit infini parle aux esprits finis. Elles ne mettent pas le son en valeur, elles le mettent au service de l'infini et du silence de l'âme. La musique remplit alors son rôle sacré, elle glorifie le divin et non l'homme.

03:38 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : musique, harmonisation, être, invisible |  Imprimer