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15/10/2021

Sur le fil du rasoir (5)

Un autre jour, ils découvrirent qu’ils étaient trompés
Certes, ils tiraient la patte, mollement, doucettement
Mais celle-ci s’activait plus que l’autre et excellait
Dans l’art de découvrir le caché derrière l’apparent

Elle marchait sans vergogne, mais avec discernement
Entraînant l’autre à la suivre (bien obligée !)
Fouillant dans son passé et son présent difficile
Quant au futur, n’en parlons pas, il s’évanouit

Alors, il laissa aller ses revendications et médisances
Et tomba de Charybde en Scylla, les deux monstres
Qui gardaient le détroit, convaincus de leur efficacité
A préserver du danger les marins franchissant le fil

Ainsi va le monde qui s’égare et cille des yeux
Ne voyant que les voiles blanches courant sur l’eau
Tandis que sous les eaux s’activent les idées
Qui font courir le monde à leur perte fatale

13/10/2021

Sur le fil du rasoir (4)

Un jour, ils découvrirent qu’il y avait un fil
Sans même mettre le pied dessus, juste à côté 
Ils sentirent sa chaleur prenante et puissante
C’était comme une coupure sur la peau

Ils se retournèrent et regardèrent en arrière
Non, rien n’empêchait la marche, même lente
Ils ne virent aucun des deux esclaves de la vie
Ni l’espace déroulé, ni le temps galopant

Et pourtant, il y avait bien quelque chose
Comme une piqure d’insectes au bas du pied
Ou comme une main prenante qui vous tire
Et vous empêche d’avancer en toute quiétude

Que diable, je ne vais pas traîner sans cesse
Un tel bazar tout au long de ma vie, chaque jour
D’autant plus qu’il devient de plus en plus lourd
Au fil des jours qui se déroulent et passent !

Alors il se penchèrent sur le fil attentivement
Observant l’impossibilité de le couper ferme
Juste un peu, histoire de se croire fort
Et de savoir qu’on a raison tout de même
 
Après tout, sauter un peu n’est pas un effort
Qu’importe cette gymnastique époumonant
L’essentiel étant de vivre dans la bonne humeur
Sans se soucier d’obstacles qui encombrent

Alors, ils vécurent avec, tirant la patte
Portant parfois le paquet sous leurs bras
Se demandant pourquoi ils devaient le porter
Mais ils n’arrivaient pas s’en débarrasser

12/10/2021

Sur le fil du rasoir (3)

Le fil du rasoir n’est qu’un maigre fil
Il traîne par terre, invisible aux passants
Et, bien sûr, à tous les prétendants
D’une vie claire, droite et modeste

Il ne se tient ni en hauteur ni en profondeur
Il n’empêche nullement son franchissement
Il ne provoque ni lassitude ni rejet
Il dépend de la volonté de chacun

Il est sans exister et ne se remarque pas
Aussi certains le poudrent de craie rouge
Et s’en vont rayés à l’air libre, heureux
De montrer à tous leur singularité

Ce trait de coup de fouet est une libération
Ils sont délivrés de l’esclavage humain
Et avancent à droite ou à gauche
Sans se priver ni même le savoir

Laisse filer le fil sans tension
Ne tiens plus les rênes de la peur
Laisse aller ton cœur et ton âme
Au fil sans rasoir de ton humanité !

11/10/2021

Sur le fil du rasoir (2)

Bien pire cependant : peu savent qu’il y a un rasoir
Le fil pour eux n’existe pas, le paysage reste entier
Ils ne savent d’ailleurs pas où sont la droite et la gauche    
Ils errent le nez au vent, sans but dans l’espace

Peut-être connaissent le temps. Et encore !
Que viendrait faire le souffle d’un passé
Alors qu’ils ne regardent pas devant eux
Savent-ils même qu’il y a un avenir à vivre ?

Ils flottent dans la vie, mangeant leur guimauve
Mâchant, l’air dépité, d’une moue dédaigneuse
La pâtée quotidienne des avatars d’un jour
Sans savoir de quoi demain sera fait

Ainsi va la vie pour eux, déshérités
Partant sur une longue route sans bagage
Ne sachant où se trouve la droite de la gauche
Heurtant l’écoulement du temps et de l’espace

Parfois, l’un d’eux trébuche sur le gazon
Se prenant le pied dans une taupinière
Ils tirent la jambe quelque temps
Sans vraiment comprendre ce qui leur arrive 

Le plat de l’océan s’étend à perte de vue
Y a-t-il même un horizon sur cette étendue ?
Ils marchent à bout de force, les yeux baissés
Sans même voir leurs compagnons de route

Ils trouvent parfois une compagne de vie
Qui éclaire la nuit de leur lent voyage
Jusqu’au jour où ils expirent de lassitude :
À quoi sert donc ce vide immense ?

10/10/2021

Sur le fil du rasoir

Chacun de nous est toujours sur le fil du rasoir
Tantôt à gauche, tantôt à droite, jamais sur le fil
Jusqu'au moment où il franchit la frontière
Oh, misère, attention aux pieds : ça coupe !

Peu se rendent compte de ce passage
Ils n’ont pas conscience du changement
Ils avancent les yeux ouverts sur le monde
Sans savoir ni ce qu’ils sont ni où ils vont

Ils marchent comme les caméléons
En tenue camouflée, levant le menton
Regardant l’autre avec dédain et condescendance :
Qu’est-il cet autre qui me ressemble ?

Sous la torture de la pensée et des émotions
Ils regardent à leurs pieds, les mains tendues
Ouvertes sur le rien de ce qu’ils savent être
Qui partira un jour dans le vent de la défaite

Entre en toi-même, se disent-ils sérieusement
Mais ce toi-même, qu’est-il, où va-t-il ?
Ils errent en marchant sans pouvoir s’arrêter
Et regarder le désastre derrière eux et en eux

 

09/10/2021

Possession

L’inculture gagne du terrain
Qu’est-ce qu’un vers et une strophe
Au regard de ferrailles et de pierres
Rien qu’un amas fragile et sans consistance

La pensée n’est qu’un éclair dans la nuit
Bien vite perdue dans le toucher invisible
De souvenirs ou de sentiments
Ou encore de fureur et de dénégations

Que pensent les infirmes dépités
Les ensorcelés de l’amour
Les enivrés de notes claires
Les caressants aux mains fortes !

Seuls comptent le ferme et le décisif
Que l’on tient dans sa poigne acerbe
Tel l’avide qui serre autour de lui
Ses possessions emprisonnées

Quelques souvenirs hantent également
La mémoire de ceux-ci, parfois
Dans une résurgente recherche
D’aventures et d’inconnus rares

08/10/2021

L'étouffoir

Retour à l’intériorité ouverte…
La sincérité est une vertu
Elle conduit les hommes au franc-parler
Et garde les cœurs purs

Qui ose dire ce que tous pensent tout bas !
Seuls quelques êtres crient dans le désert
Mais où se trouvent la vérité ?
Ne rien dire ne sert à rien

Parler non plus, disent les autres
Respectons le politiquement correct !
Plus rien n’exprime la vérité
Qui se cache derrière le masque

Le groin du silence s’épanouit
Que rien ne bouge dans l’allée du pouvoir
Laissez les consciences à leur place
Ne bougez pas l’équilibre précaire

Muselez vos propos sans bruit
Que vos cœurs soient vierges
Plus tard, peut-être pourrons-nous dire
Ce que nous avons vécu : l’étouffoir

05/10/2021

Anniversaire

Toi, seule dans la foule des récipiendaires
Les yeux ouverts sur la vie et l’amour
La main sur le cœur et le cœur en bandoulière
Tu marches parmi tes souvenirs, heureuse

Lorsque nous nous sommes unis
Toi, belle comme une colonne d’airain
Moi, te contemplant, émerveillé
Notre dernière heure est apparue

Nous avons fait un vœu de longévité
Toujours près l’un de l’autre
Caressant notre rêve d’infini
Deux en un, un parmi les autres

Et la vie passe… Entre nous
Toi toujours présente, là et ailleurs
Près de la beauté des souvenirs
Jusqu’au bout du monde, un et deux à la fois

04/10/2021

L'écriture

Tous rêvent, l’écriture les prend…
Mais elle a plusieurs manières de chasser
Dont l’une des plus courantes :
S’installer dans le rêve de l’écrivain

D’autres s’essaient à quelques pas
Mais ils ont oublié leurs chaussures
Et les petits cailloux sont multiples
Ils ne peuvent les déplacer

Auparavant, la mémoire était essentielle
C’était une poche extensible et chère 
Gonflée de mots, puis de chiffres
Une mer troublée et prolifère  

L’imprimerie a tout bouleversé
Le doigt remplace l’oral défaillant
Sur un support non destructible
Et permet de conserver l’histoire

Mais pour écrire la vie
Rien de mieux qu’une machine
Qui trace sans distinction
L’imagination débridée et puérile

De nos jours, ce n’est qu’une petite boite
Que l’on transporte avec soi
Et que l’on chérit, car sans elle
Il ne reste rien que l’on puisse lire

Donc, écrivons sans vergogne
Salissons-nous les doigts
Essuyons-les dans nos mouchoirs
Et comme Pilate lavons-nous les mains

Mais quoi écrire ? La vie n’est pas 
Un long fleuve tranquille et rêvé
Elle s’écoule chaque jour petitement
Mais fini bien en fleuve déchaîné

Un jour, le fleuve devient mer
Après avoir franchi monts et collines
Ruisselé dans les vallées
Et pleurer dans les lacs

Ce peut devenir un livre merveilleux
Ou un torchon infâme et vénéneux
Cela ne dépend pas seulement de l’auteur
Mais aussi du lecteur attentif

Ainsi pour écrire il faut être deux
Un jour ou l’autre, être lu
Et poursuivi de pleurs et de rires
Malgré l'intention de l’auteur

01/10/2021

Somnolence

Assis, toujours, devant la même table
Il s’étonne de sa propre inconscience
Que fais-je ainsi debout à cette heure
Alors que les autres dorment sans penser

Et qu’est-ce que la pensée pâlotte et papillonnante
Qui, là encore, soulève un effort d’imagination
À côté du silence de la nuit et du froid du jour
Jusqu’à l’ensevelir et le confondre avec les spectres

Le cou ploie vers la terre, encombré de sommeil
Même les mains se laissent aller, vertes de bonheur
À l’idée des draps frais qui l’attendent
 Et de la blondeur des bras qui vont l’enserrer 

Merci, Seigneur, de m’arracher à cette torpeur
Dresse-moi, debout, devant toi, ouvert
Fleuris mes pensées de cieux sans pression
Qu’enfin je m’endorme, perdu dans le vide cosmique

 

29/09/2021

Sommeil

Jeune, il se dédoublait
Il était le gentil garçon
Chaque jour à la tâche
Mais, dans la solitude
Il rêvait d’un monde 
Sans contrainte ni misère
Il montait sur les chevaux
Et chevauchait sans crainte
Les étoiles et galaxies
Sans jamais regarder en arrière
Un jour, il ne sait plus quand
Il fut en vue d’une galaxie 
Dont les planètes étaient bleues
Étrangères aux couleurs chaudes
Et au souffle des vents stellaires
Il se sentit en paix, assagi 
Rasséréné, bercé de bonheur
Sans en comprendre les raisons
Accompagné par sa vitalité
Il parcourut longuement
Les allées du pouvoir et la finalité
D’une vie réglée par le temps
Il se vit serviteur et maître 
Par la vitesse acquise
Jusqu’aux confins de l’infini
Là où rien ne dit où l’on va
Ni où l’on est, ni même qui est-on
Rien n’existait que cette envie
D’expérimenter l’inconnu
Sans contrainte ni misère
Il s’approcha des courants d’air
Huma les senteurs de l’inexploré
Et s’endormit benoîtement
Dans les rayons d’un soleil mou

Depuis il dort sans savoir
Ce qui lui manque
Sa vie est bien remplie,
Mais il ne sait de quoi !

28/09/2021

L'héritage

Une impression, c’est tout
Et encore, qu’est-elle ?
Il partit sans bagage
Il n’avait rien qui le guide
Ou le porte… Rien
Il sortit par la porte Nord
Franchit le pont de la Vistule
Et s’encouragea en chantant
Il marcha huit heures
Franc du collier
Et finit, épuisé
Il s’assit au pied d’un chêne
Regarda le paysage
Et conclut an changement
Le monde a-t-il bougé aujourd’hui ?
Plus attentivement intéressé
Il observa une jeune femme
Qui marchait devant lui
Bizarre, elle marchait penchée à droite
Comme portant un seau ou un paquet
Il s’avança en allongeant le pas
Pardon Mademoiselle
Puis-je vous aider à porter
Ce qui paraît bien lourd
Pour une jeune fille comme vous ?
Sûrement pas Monsieur
Je porte mes souvenirs
Et la mémoire de la famille
Et tout cela ne m’appartient pas
C’est un héritage désastreux
Mais que je n’ai pas le droit
De le laisser au bord du chemin
Peut-être un jour
Pourrais-je m’en débarrasser !
Qu’à cela ne tienne
Je peux m’en charger
C’est ainsi qu’il hérita de mille songes
Et oublia son passé
Probablement son présent
Et peut-être même un avenir prometteur
Parce qu’il avait croisé la femme
Qui le conduisit dans l’inconnu
Il ne le regretta pas
Elle riait de ses dents de verre
Et pensait toujours avant d’agir

 

27/09/2021

Boléro

Elle sortit par la porte de derrière
Elle ne voulait pas paraître vierge
Elle ne portait qu’un boléro
Laissant la peau nue et blanche
Elle se sentit prise par le bras
Qui donc voudrait la retenir
Dans l’enfer de la musique béante
Et lui forcer la main et les pieds
À danser sans cesse la polka
Derrière un bar louche et étroit
Il l’entraîna avec douceur
Lui caressant le bras dénudé
Elle fit un faux pas, riant
Et le regarda, gouailleuse
Remarquant son soudain intérêt
Et ses mains mobiles et moites
Elle avança encore d’un pas
Et tomba dans le piège grossier
Que sont doux ces bras velus
Forts comme un turc, dit-il
Oui, mais les Turcs n’ont plus
De domicile fixe et cherchent
La pièce où s’étend et dormir
Alors elle entrouvrit son corsage
Et lui montra l’ombre de ses seins
Qui flottaient entre le tissu
Elle lui prit la tête et le plaça
Comme un trophée
Entre les deux mamelons
Elle ria aux éclats, 
Puis se laissa prendre au jeu
Des plaisirs défendus
Rien pourtant ne la disposait
À devenir femme un soir d’automne

26/09/2021

Le renard et la belette

Le regard emporté du renard
Se porta sur la belette maligne
Qu’est donc cet animal si mouvant ?
Il haussa la tête, humant l’air 
Bien camouflé, avança prudemment 
Qu’est donc cet être mobile 
Qui danse de mille pattes 
Et chante à la lune sa gaité ?
Son œil prudent s’humecta 
La belette virevolte et s’amuse
Des mille précautions du renard
Qui ne voit qu’elle le voit
Elle disparut de la vue acerbe
Du tas de poils orangé et puant
Et se découvrit rayonnante
A quelques pas du curieux
« Qui donc, Monsieur, observez-vous
De cet œil plein d’appétit 
Ne serait-ce pas la conjoncture
De ma présence pleine et entière ? »
Retourné et surpris, le renard
N’osa saisir l’animal opportun
Alors celui-ci le prit par le cou
Lui passa la patte dans le dos
Et lui dit chaleureusement :
« C’est fini, amusons-nous
C’est plus qu’une opportunité
Cela devient une nécessité ! »
Depuis, dans plaine dénudée
Le renard et la belette
Égayent leurs amis, contant
Des faits inimaginables :
« La joie est le meilleur de l’être »

21/09/2021

xx (symphonie nippone : photos Gildas de La Monneraye)

 

© gildas de la monneraye - Symphonie Nippone - 0 - 4.jpeg

Derrière une apparente modernité 
Le Japon cultive ses traditions ancestrales
Tout d’abord, la terre nourricière
Qui encercle les immeubles citadins

Elle incite à la purification
Mais cernée par l’appel au changement
Elle perd son apaisant pouvoir
Malgré sa force naturelle et son humilité

L’homme penché sur la terre
Respirant la sagesse du temps
Contemple l’herbe et l’immensité
Purifié par l’eau et les ablutions

Puis, montant vers les cieux, la pierre ferme et solide
Érection de la volonté moderniste
Encerclant l’horizontal, envahissant
L’homme debout jusqu’à l’abaissement

Ainsi la lutte entre le Moi et le Soi
Règle la vie et la mort des Japonais
Une obsession : Comment trouver sa place
Dans un monde si mobile et si personnalisé ?

© gildas de la monneraye - Symphonie Nippone - 11.jpeg

20/09/2021

Voyage imaginaire

Nuit… Nue comme un courant d’air
Elle sortit du lit, fleur égarée
Et courut en tremblant
S’abriter sous les cris des enfants

Elle avait lu ces contes fantaisistes
Où l’âne devient roi et le roi maudit
Le noir lui avait porté conseil
Elle tentait une nouvelle approche

Comment se donner sans fard
Et dire aux sujets du royaume
Vous êtes le sel de la terre
Et les fleurs du ciel étoilé

Elle pleura longtemps son corps
Devenu solitaire et esseulé
Elle n’avait pas connu ce délabrement
Depuis les jours sans désir

Elle comprit alors l’engagement
Des consacrées dans l’absence
D’une vie sans poids ni mesure
Baignant dans la félicité

Où poursuit-elle maintenant et dans l’avenir
Le cœur transparent de lumière
Reposée, assagie et vierge
D’un bonheur d’infinitude 

19/09/2021

Equitation (poème)

Equitation camille_carier_bergeron_acoeur.jpg

Camille Carier Bergeron et Acoeur/crédit photo Claude Ménard
 

podcast

18/09/2021

Perdue

Le retour des petits pains sans levain
Qui prennent l’autoroute sans péage
Ils vont ensemble ou chacun de leur côté
Aboyer contre ceux qui sautent et courent
Lui, là, qu’est-il à vouloir pondre un œuf
Au pied de la porte du paradis perdu
Dorénavant, les ombres sont à la lumière
Et le chat attrape la neige qui tombe
D’un ciel blond, tenace et ambigu
Quelle histoire que cette fille sans fard
Qui plonge sans vergogne dans un bain
Et mord ses genoux verts et asséchés
Rien n’est plus vrai que l’oiseau voleur
Chantant à voix haute son malheur
Sans pleurer un instant dans sa manche
Va, cours après elle et rattrape-la
Elle peut t’échapper et te mordre
Sans jamais oublier de boire le sang

16/09/2021

Existence

Que veut-il, l’homme sans corps ?
Il a traversé les ans sans voir les années
Il n’était pas là, on ne le voyait pas
Il méditait sur le monde sans relief

L’horizon plane, une feuille blanche
Un rien vêtu d’absence, sans volonté
Il rayonnait d’obscurité, de froid
Et clignait de ses yeux vides

Les gens passaient sans le voir
Peut-être ressentaient-ils un frisson
Qui secouait leur dos velu
Mais personne ne se plaignait

Ne sachant d’où venait cette sensation
Étrange est-elle, avançant sans bruit
Fermée sur elle-même, tel un courant d’air
Pleurant sur le rien qu’elle est
Espérant simplement, qu’un jour
Elle jouira d’une existence libre

14/09/2021

Le voile

Tu es là, derrière le voile
Il n’y a ni passé ni avenir
Le présent existe-t-il ? 
Je ne sais. Et pourtant tu es !

Au-delà de l’être
Se cache le non-être 
Qu’est-il ?

Sans question, y a-t-il une réponse ?
Le palpable est-il réponse ?
L’imaginaire n’est pas 
Et pourtant, en toi, il est vérité

Dans ton intériorité
Au plus profond de toi-même
Tu fouilles encore jusqu’à la lie
Qui jaillira un jour prochain

Jour de liesse et magnificence
Tout sera dévoilé
Et tu t’envoleras, léger
Dans un monde sans voile

12/09/2021

Lui

Cela la travaille sans cesse :
Où se trouve l’homme qui la connait ?
Il existe pourtant, il lui est apparu un jour
Et elle n’oublie plus rien 

C’était sans doute un rêve
Une ombre délaissée
Un filet d’air subtil
Comme un souvenir déjà présent

Puis cela a déclenché une tempête
Le rose aux joues, les larmes aux yeux
Le tremblement des mains, 
Jusqu’à l’anéantissement de l’être

Où est-il l’homme chéri
Celui qui me donne la vie
Je rêve à son image
Et m’envole vers l’au-delà 

11/09/2021

Une idée

L’univers ne serait-il qu’une idée ?
Pourrait-il n’être qu’un fétu 
Né ou rejeté dans la tête de Dieu,
Une simple idée sans consistance ? 

C’est un lieu où le temps ne s’écoule pas
C’est un lieu où l’espace est si réduit
Qu’il en devient introuvable
C’est un lieu sans objet : imaginaire !

Et pourtant ce lieu est et existe
On l’appelle « singularité initiale »
Il est le zéro absolu de l’espace et du temps
L’infini dans l’absence d’être !

Alors Dieu serait-il inexistant ?
Pourquoi chercher ce qui n’existe pas ?
On peut aussi penser, autre hypothèse
Dieu est tout, mais ce n’est qu’une idée 

Pourtant je suis puisque je pense
Mais je ne pense que dans ma boite
Y a-t-il une pensée au-dehors
Un univers sans existence ni consistance ?

Ludmina, la femme de rêve
Se révèle par son absence
Elle met au monde l’enfant
Sans que rien ne la désigne

Et depuis chaque seconde engendre les événements
Qui font de nous des êtres vivants
Vivants du rien, engendrés par personne
Marchant vers l’inexistence
Sous le regard d’un Dieu qui seul est

09/09/2021

Média

Vois l’ombre de ton arrogance
Qui perdure au-delà de ta présence
Tu te perds dans l’ignorance
Et ne connais plus la brillance 

Glisse sur l’image
Quel étrange voyage !
Caché sous les feuillages
Tu trace ton sillage 

Enfin vint le temps
D’un étrange étirement 
Où croises-tu l’océan
Sans voir un pénitent ?

Mort et disparu
Tu erres, incongru
Et empruntes la rue
Dont le passage est défendu

Adieu, le beau songe
Qui, d’un regard s’allonge
Et qui, encore, prolonge
Une impression de mensonge !

08/09/2021

Le pays des rêves

Toi-même, reprise du mal

Mal de vivre ou mal d’être
Cela t’arrive vers trois heures
Lorsque la nuit s’ouvre
Et te berce de sommeil ralenti

Alors, dans la quiétude
Du ralentissement précoce
Les vieux démons rejaillissent
Qu’es-tu toi-même ?

Prise au piège de ton humanité
Tu erres dans le noir de ton corps
Tu palpes ton cœur de pierre
Et tousses sèchement
De vagues brins de folie
Qui s’épanouissent autour de toi
Comme les fleurs des champs

Réveille-toi, réveille-toi
Ne laisse pas la vie
S’emparer de toi-même
Et emporter le meilleur

Redresse-toi, relève-toi
Et va, libre comme le vent
Qui souffle où il veut
Au pays des rêves et de l’amour

07/09/2021

Moi et Toi

Tu es la beauté profonde
Celles des paysages inconnus
Qui glace l’air ambiant 
Et dénature l’habitude

Certes, tu existes encore
Et t'épanouis dans la vie
Mais tu es aussi le songe
De toujours et d’un jour

Ton regard s’en va
Il se perd dans la brume
Au loin derrière la vision
Ouvert sur l’inconnu

Tu ne sais toi-même
Où il part et se perd
Vois-tu même quelque chose
Oui, l’espoir de l’osmose

Deux qui ne font qu’Un 
Un qui est hors du temps
Deux qui vivent en Un
Un sans être deux…

06/09/2021

Toi et moi

Toi, serait-ce toi ?
Es-tu celui qui vient 
Au long de nuits sans fin ?
Où se trouve donc ce moi ?

Tu le cherches dans tes poches
Et ne trouve que le vide
Tu n’es pourtant qu’un fantoche
Et ne peut rester impavide

Alors soulevant ta paupière
Tu regardes ton œuvre
Et ne vois que l’écuyère
Hors de toute manœuvre 

Rien n’existe donc, hormis toi
Et encore qu’es-tu toi-même
Sans ce brin de foi
Existerait-il lui-même ?

Il a vécu, et toi ?
La tête pleine d’absence
Tu cherches le soi
Sans magnificence

Baisse les yeux
Ouvre ton cœur 
Écoute les sons mélodieux
Et avance sans peur

26/08/2021

Attente

L’attente d’un fait connu est une épreuve
L’attente de l’inconnu te rend de glace
La première te plonge dans un fleuve
Malgré toi, la seconde te laisse en place

Attente, un horizon inatteignable
À ceux qui sont dans l’expectative
D’une nouvelle impitoyable
Qui restera pour toujours interrogative

Rien n’est moins explicite
Qu’une attente tacite
Qui endort la compréhension

Rien n’est plus implicite
Que les prévisions illicites
Pour qui court vers l’abnégation

23/08/2021

Le monde

Le vide est-il néant ?
Le néant existe-t-il ?
Sûrement pas.
Ce n’est qu’un mot sans consistance
Et sans le moindre bout de matière

Le néant n’est rien
On ne peut qu’énoncer sa non-existence
Le vide est un tout, petit certes 
Qui existe par son absence de matière

Je suis, et toi, es-tu ?
Tu n’es que parce que tu me vois
Mais moi, je ne me vois pas
Alors, je ne suis rien, un néant

Il m’arrive de passer devant une glace
Je vois un être sans consistance
Un long fil sans fin et sans membres
Qui divague dans l’air et la rosée

Le néant est-il vide.
Le vide est-il néant ?
Je ne sais plus
Rien ne va en ce bas monde

 

18/08/2021

Exposition à Sainte Suzanne les 1", 14 et 15 août

 

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un moulin ouvert

le noir des gouffres dans les yeux

le silence des poètes

14/08/2021

C'est aujourd'hui !

C'était hier, c'est aujourd'hui et ce sera demain.

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Laisse résonner en toi le monde

Laisse venir du fond de tes entrailles

Les bruits délicieux de l’immensité

Écoute, les yeux fermés et les oreilles closes

Les paroles de la nuit ouverte