Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

08/06/2022

Envie

Une envie est une caresse non dite
Elle exhale un parfum charmant
Mais ne donne jamais le bonheur
Ni même un instant d’oubli chatouilleux

Au bord de l’accomplissement
Elle se dilate et se raidit
Perdu dans le songe de l’être
Inatteignable et solitaire

Quel ennui que cette rupture
Qui n’est plus qu’un souvenir
Elle ne laisse qu’un goût amer
A  celui qui la vit

09/07/2016

Le plaisir et le bonheur

On confond trop souvent plaisir et bonheur. C’est une confusion profonde, au-delà d’un malentendu entre les mots. Sous prétexte de rechercher le bonheur, on recherche les petits plaisirs. C’est tellement plus facile. On se trouve du bien-être à la chaîne qui, mis bout à bout, donne l’illusion du bonheur.

Le plaisir est passager. Il ne dure pas. Certes, il provoque des décharges d’adrénaline qui enchante l’instant. Mais très vite, comme l’enfant devant un jouet nouveau, il ne comble plus l’esprit de celui qui l’éprouve. Vous aurez alors besoin d’une nouvelle quête, d’un nouveau sujet de plaisir pour vous satisfaire, qui, lui-même, deviendra caduc le jour où vous l’obtiendrez. Observons que le plaisir est lié au monde extérieur. Il n’est que la réaction positive recherchée face aux circonstances que vous vous efforcez de faire naître favorablement.

A l’inverse, le bonheur est durable, car il n’est pas lié aux circonstances extérieures, mais à votre état d’esprit. Peu importe les circonstances de la vie. Seule compte la façon dont je les vis de l’intérieur. Alors, qu’est-ce qui fait la différence, in fine ? Soit je perçois la succession de grains que je côtoie dans l’écoulement du temps, soit je m’efforce de percevoir ce qui les relie à moi-même et aux autres. La qualité de la relation a plus d’importance que la relation elle-même. C’est cette qualité, recherchée et développée, qui ravie et fait éprouver le bonheur.

N’accumulons pas les grains offerts par la vie, mais cultivons la façon dont on les perçoit et les intègre dans notre vie intérieure.

08/05/2011

Jardinage

 

C’est la période du jardinage, période souhaitée et appréhendée en même temps, qui contraint, pour l’entamer, à un effort supplémentaire rien qu’à l’idée d’être fatigué en fin de journée. Et pourtant que nous réserve-t-elle cette journée !

 

Lorsque la décision est prise, il convient de se détacher de ce que nous voulons faire pour en jouir plus aisément. Premier constat : une après-midi chaude, orageuse, même s’il n’y a pas de tonnerre, ni bien sûr d’éclair. Trois heures de silence ouaté, invisible et pourtant présent, sentant la terre chaude et mouillée et le suc des plantes que l’on arrache ou que l’on met en terre. Engourdissement de l’esprit dans un travail simple, simpliste même, mais relaxant et recentrant sur l’essentiel de la vie, le contact avec soi-même et avec le monde sans contrefaçon. La terre, sèche parfois, comme une poussière de grenier, ou encore arrosée et collante aux mains que l’on essuie sur son pantalon, choisi en raison de sa vétusté. L’eau, indispensable et prolixe, rajeunissement gratuit des plantations, qui s’infiltre avec lenteur parce qu’elle est bu progressivement au long de sa coulée par un sol aride et avide. Pas de musique, non, même si un prélude Bach vous courre dans la tête à certains moments, comme un souvenir perdu qui se rappelle à vous. Rien que cet écrasement du corps devant la lenteur, la chaleur, la pesanteur, l’immobilisme, la lourdeur même, de ce terroir que vous palpez, retournez, triez jusqu’à le caresser et même le câliner.

 

Alors vous sortez les géraniums un à un de leur pot de plastique imitation terre cuite (les marchands savent bien ce qui attire le client !). Trois jours de plus dans la boutique et ils mourraient de manque de d’eau. Vous creusez dans le terreau l’emplacement de la plante et la placez en l’entourant d’humus comme un jeune marié enlace sa promise un soir de noce. L’eau, à nouveau, qui doit surprendre les racines de leur velouté, pénétrant leurs pores pour remonter vers les tiges et leur redonner la fraicheur tant attendue d’un nouveau décor. Survient subrepticement quelques gouttes de pluie, légères comme les notes d’un piano un après-midi de printemps jouant la valse lente et charmeuse de bals populaires. Cela rafraichit et ravive la pensée qui s’effaçait dans la lourdeur de l’atmosphère. Les idées plus claires vous aident à disposer les pots de manière harmonieuse à l’œil : celui-ci à tourner vers la gauche pour faire ressortir la fleur éclose, mais pas encore épanouie, celui-là à retourner pour cacher la fêlure de la terre cuite, enfin ce grand dadais qui a poussé de manière excessive et dont il faut cacher un feuillage trop important au regard de sa floraison. Vos mains sont noires, les ongles boursoufflés de terre, vous relevez les manches de votre pull over avec l’avant bras opposé, par frottement, et vous vous contentez de renifler pour ne pas sortir votre mouchoir.

 

Vient le moment où l’échafaudage des actions s’écroule. Vous avez fini votre après-midi jardinage. Le soleil a atteint le toit de la maison d’en face et va plonger le jardin dans une ombre obscure qui lui donne un deuil léger, comme celui d’un rêve éveillé que l’on voit partir sans impatience, mais avec un sentiment de tristesse et de nostalgie. Vous levez le regard sur le ciel mi-couvert et pensez à ces quelques gouttes de pluie reçues qui vous ont rafraichi sans toutefois vous rassasier.

 

« Il va pleuvoir cette nuit, tant mieux », pensez-vous en guise de mot de la fin.