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28/11/2022

Jour après jour

Quelques jours encore et… la délivrance…
Réfugié en son intérieur
Il végète dans la moiteur
D’un extérieur devenu pesant
Il a tenté de reprendre la main
Mais rien ne venait à lui

Il attendit tout le jour, 
Puis une nuit encore
Il finit par craquer
Chaque jour reprendre pied
Puis céder par faiblesse
Devant une telle force de vie

Éclatement devant la face du monde
Es-tu encore celui que tu étais
Ou t’es-tu rangé parmi les autres
Perverti par cette vie molle
Qui te conduit sans faille
Auprès de celui t’entraine
Loin de tout ce que tu aimes


Un rien sans vie
Mais l’amour en prime…

26/11/2022

Où ?

Encore toi !
Tu étais belle le soir de ton mariage
Un joyau parmi les coquillages
Tu luisais dans l’eau tiède
Et souriait au monde

Depuis, tu ne cesses de sourire
A la vie, à l’univers et à Dieu

Je garde au fond de moi
Le souvenir de tes vingt ans
Et le filet de tes charmes
M’entraîne vers d’autres cieux

24/11/2022

Loin

Qu’abandonne-t-il ?
Il sait les attraits de la vie
Le rire de la présence
L’absence de l’ennui
Il est à la périphérie de l’être
Là où rien ne passe
Sans le retournement

Pourquoi appréhende-t-il la nuit
Cet espace coupant et cinglant
Le tranchant de la lame
Le crissement du fer sur le fer
Et l’arrêt de tout, d’un coup

Il mesure l’appréhension
Non, il ne peut pas
Il a froid et claque des dents
Le gel de la solitude
Un pôle nord intérieur
Une marche jusqu’au bout
Et après, qu’y a-t-il ?

Il rêve, mais ne voit pas
Le noir ou le rouge
Ou encore le rien, sans couleur
Une bille dans le vide
Non, pas une bille
Mais rien de rien
Même pas un trou
Par où va-t-il passer ?

Oui, plus rien au dehors
Tout est en lui
Il est seul
Mais que signifie être seul
Il n’a plus une main à attraper
Plus un sourire à regarder
Plus rien à laisser au suivant
Mais existe-t-il celui-ci ?

Il se retourne
Étire sa peau de caoutchouc
Pousse un soupire

Adieu camarade !

22/11/2022

Belle vie

Tremblements…
Le vrai se dévoile patiemment
Il prend des détours inimaginables
Il te conduit sans te le dire
Et te met au pied du mur
Sans que tu le saches

Tiens-toi éveillé
Regarde autour de toi
Laisse tomber ton égo
Sois humble de cœur
Et large d’esprit
Entends la goutte t’effleurer
Et te presser dans ses bras
Tu seras sauvé

Le vide t’envahit
Un abime s’ouvre devant toi
Saute à pied joint dans ce gouffre
Et regarde encore l’espace
Qui devient ouragan et sifflement 
Il t’engage à aller plus loin
Vers cet inconnu attendu
Que tu espères par crainte

Cache-toi sous le tapis
Et attends ta part patiemment
Elle vient sans que tu le saches
Respire l’air dans ton intérieur
Laisse passer la brise entre tes narines
Et sens le vent t’envahir
Et t’emporter au loin
Là où rien n’existe ni ne meurt

Ah ! Dieu que la vie est belle !

21/11/2022

Réunion de famille

Elle commence toujours par la bouffe
Et se poursuit par la bouffe
Accompagnée de gorgées rafraichissantes
Qui lient ensemble les participants aux libations
Sans cependant les contraindre à des obligations

Parler devient difficile, mais se taire impossible
La langue se délie et ne peut s’arrêter
C’est si bon de se retrouver 
Peu importe même l’occasion !

Ce n’est pas le paradis
Ce n’est pas non plus l’enfer
Mais une oasis entre deux
Qui fait du quidam un esthète 

17/11/2022

Moi, soi

Oui, il est là !
Où donc ?
Derrière-toi !
Mon Dieu, où est-il ?
Autour…
Où ?
Là !

L’autre lui montra
L’air environnant
La chaleur de l’été
La douceur des sourires
L’ombre de l’amitié
Les pleurs des enfants
La grandeur de la solitude
Et quoi d’autre ?

Ce vide dans la poitrine
Cette tête d’épingle
Qui se tient en toi
Et te maintient droit

Ne plie pas
Reste toi-même, 
Mais un toi
Devenu soi, autre
Ne le laisse pas s’échapper
Il est ton seul bien

16/11/2022

Energie

Énergie…
Tout devint lumineux
Je ne voyais rien d’autre que la réalité des choses
Mais elles étaient différentes
Plus nettes, plus réelles
Nettoyées des poussières de l’humain
Reliées entre elles de liens nouveaux
Je respirais l’air frais coulant dans ma gorge
Je me sentis léger, aérien
Et je regardais, indifférent
S’agiter le monde sans y participer

Fermé à nouveau
À jamais peut-être ?
L’autre s’éloigna, me laissant seul

Perdu, je suis perdu…
Je n’ai plus que l’ombre du souvenir
Et la légèreté du cœur
Qu’en faire ?

Fusion, une seconde
Le tout en un point
Qui, lui-même, n’existe pas
Rien que ce point d’énergie
Que l’on ne peut palper
Simplement le vivre

11/11/2022

Règles de vie

L’homme est bicéphale
Il contient les opposés
Et ces opposés se livrent bataille 
Jusqu’à la délivrance ou l’anéantissement

Une fleur peut naître entre les deux
Elle met du temps à germer
D’abord prendre conscience
De l’existence des opposés

L’enfance ne te dévoile pas
Ces conflits permanents en toi
Entre la colère et la compassion
Ou du moins l’indifférence

Peu à peu tu découvres ton ambivalence
Tu ne sais pas encore ce que tu désires
La paix ou la guerre, le blanc ou le noir
Tu nages entre deux eaux grises

Adolescent, tu te révoltes
Contre la société et ses contradictions
Tu te fais champion de la radicalité
Mais sais-tu mieux ce que tu veux ?

Maintenant tu as trouvé une place
Tu la creuses patiemment
Tu fais ton trou dans la société
Tu t’y sens mieux et plus fort

Tu croyais savoir ce que tu voulais
Et tu te découvres non satisfait
Mais que veux-tu donc à la fin ?
Ton esprit erre vers d’autres souhaits

Tu ne sais, mais tu ne vas plus bien
Ton insatisfaction t’enrage
Nouvel âge, nouvelle recherche
Tu grattes entre tes os et ne trouves rien

Espère, mais n’attends rien
Ris sans pleurer ta vie
Aime sans penser
Et va sans juger

10/11/2022

Aventure

Quelle enveloppe !
il la cherche en lui et ne voit rien
il tâte son corps sans trouver la porte
Fond de brouillard et de troubles
Continue, continue, n’arrête pas…
Devant ce mur noir et rouge
Poursuis envers et contre tout
Et respire, respire, respire…

L’écran ne bouge pas
Seul ton œil est la pointe de ton âme
Tu ne vois rien
Une petite lueur apparaît
Elle envahit l’atmosphère
Le noir et l’horizon, une séparation

Il perçoit le glissement du souffle
Pénétrant son intérieur
Il se sent vide en partie
Mais la plénitude de l’absence n’est pas là
Aller et retour, noir et blanc
La courbure de la frontière
Est ressentie dans la gorge
Une chute des perceptions s’engage
Laisse-toi faire, ne juge pas
Ne bouge pas, l’enveloppe s’entrouvre

La fraîcheur t’envahit… 
Délivrance…

09/11/2022

Ouvre-toi

Toi…
Mais qui, toi ?
Quiconque je croise dans la rue
C’est Toi, pas une autre !
Des milliers de toi
Et tu es seule au monde
Seul parmi des milliers
Je te reconnais tout de suite
Tu souris et l’autre te regarde
Il sourit également
Le jour s’illumine
La terre luit d’or
Je te tends les bras
Et je m’ouvre comme une écluse...
Tout part, quel soulagement !

Ouvre-toi et le monde sera autre…

08/11/2022

Paysage

Il entrouvre la fenêtre, sans bruit
Il jette un œil dehors… Le calme
Rien ne bouge, rien ne s’exprime
Il sort la tête, précautionneusement
Non, rien de rien…
Alors, patiemment, il penche son buste
Sort un bras, puis l’autre
Toujours rien, il n’entend rien
Que voit-il ? Rien, pas un arbre
Pas un brin d’herbe, pas un être vivant
Quelques cailloux fermes
Plus ou moins gros et brillants
Qui envoient des scintillements
Derrière un soleil pâle et maigre
De la poussière, encore et toujours
Qui se lève et tourbillonne 
Des éclairs zèbrent le ciel
Non, il n’y en a pas

Des particules, c’est tout
Mais que fait-il dans cette galère ?

04/11/2022

Un, deux, trois et ...

Deux, un chiffre magique
Zéro n’est qu’un mirage
Un existe, mais il est seul
Jusqu’à quand tiendra-t-il ?
Alors vient le chiffre le plus humain
Le deux est né ou est arrivé
Le un s’est-il dédoublé ?
Le un a-t-il protesté ?
A-t-il été étonné de se voir dédoublé ?
Aussi loin que l’on remonte
0n ne sait pas ce qui est arrivé
Un jour, une compagne…
Qu’est-elle ? Que vient-elle faire ?
Comment est-elle venue ?
Il était seul et elle est arrivée
Sortant de l’eau, même pas mouillée
Bonjour, a-t-elle dit, fraîche
Il tourna la tête, regarda la créature
Surpris par le pincement qu’il ressentit
Qu’est-elle cette compagne qui vient
Qui s’assied et me comble
Je me sens mieux, très bien même
Elle sourit d’aisance, me regarde
Une lueur dans les yeux
Mon cœur s’élève au-dessus des arbres
Et contemple le monde devenu autre
Il est entré quelque chose
Dont on ne percevait pas l’absence
Mais quoi, il ne sait !
Ils se serrent contre l’autre
Cela tient chaud, c’est doux
Encore, tiens-moi, serre-moi
Je t’abrite sous mes bras
Et te protège du monde
Qui n’est là que pour nous aider
Parfois nous craignons ses attaques
Mais toujours nous nous louons
De cet abri si bon et chaud
Qu’est celui qui est mon double
L’homme pour la femme
La femme pour l’homme
Puis vint un jour un trois
Mon Dieu, que d’ennuis
Ils n’eurent plus un instant à eux
Une occupation de tous les instants
Mais qu’il était beau ce petit d’humain, 
Homme et femme, pleurant et riant
Le trois est devenu l’idole


Cela a continué immanquablement
La terre est peuplée d’humains
Une vraie basse-cour !

 

03/11/2022

Rien...

Rien…
Plus rien…
Toujours rien…
Encore rien…

Elle attend le cœur vide 
Elle ne sait plus où elle est
Elle tourne en rond, échevelée
Le brouhaha s’amplifie
Cela éclate de tous côtés

Enfin… 
Le calme…
La tempête s’évanouit…
Un silence impressionnant
Pas un cri, pas un pas
Pas un geste, pas une caresse

Rien…
Plus rien…
Toujours rien…
Encore rien…

02/11/2022

Multitude

Multitude… La vie est multitude…
Explore ses voies si variées
Laisse la vie s’emparer de toi
Et t’emmener en de multiples chemins 
Fouine hors de toi, puis en toi
Tu découvriras les guirlandes offertes
Les fleuves de peur en solitude
La compassion des proches
Et toujours l’amour de la compagne
Alors, tu iras, froid et dur
T’étendre dans les prés et les bois
Te ramollir de tendresse
Ouvrir ton cœur à l’amour
Et contempler le miel de la vie
Après avoir vidé ton moi
Et découvert le soi éternel
Pris d’une soudaine envie
Tu crieras ta joie aux autres
Et t’envoleras vers ton être immortel
Entre les atomes de plus en plus rares

Non, tu n’y es pas encore
Puisque tu me parles…
Continue et débarrasse-toi de toi-même…

28/10/2022

Sommes-nous ?

Toujours au même point :
La déité est-elle ou non ?
Ne rien lire, ne rien penser
Et pourtant ! qu’y a-t-il ?

Un lourd nuage flotte sur la tête
Il pèse sur les épaules
 Et, l’instant d’après
Le trou se creuse et évacue
Le trop plein de pression

Soulagement délibéré
Je suis suspendu
Et nage en pleine euphorie
Succession improvisée
De détails sans importance
Puis coup de massue

Il Est.

Et nous, sommes-nous ?

27/10/2022

Nuit de lutte

Détache-toi… Détache-toi, l’homme préoccupé…
Ne te laisse pas perturber par ces papillons de malheur
Au fond de certains se creuse le trou dans fin
Qui les guide dans le vide de leur cerveau amollie
Combien de temps faut-il pour l’atteindre ?
Mais quel soulagement quand les premières lueurs
Luisent dans la nuit sans fin de sa lutte
Alors, paix et lumière… Et rien d’autres…

26/10/2022

Retour en arrière

Longtemps j’ai cru à la sagesse des anciens
Ces vieilles personnes qui pensent et disent
Mais ne font rien de bien, ni même de mal
Ils sont confis et ne savent que penser
Enfermés dans leur vision d’un monde dépassé
Ils ne voient plus les changements
Leurs petits enfants deviennent adultes
Les adultes sont dans la fleur de l’âge
Et eux ne bougent plus, se lèvent tard
N’ont plus d’intérêts pour la joie ou la peine
Seul compte leur douillet bonheur fragile
Qui ronronne tranquillement au coin du feu
Et près du lit où ils s’étendent mollement
Et soudain ils s’écrient d’une voix forte :
« Ah ! qu’étaient bonnes ces soirées folles
Où l’ombre de la lutte finale s’épaississait
Et faisait dire au chef de l’État
Plus que quelques jours et nous serons en paix
Nous, les vieux, sommes jeunes d’inventivité
On invente la boîte sans couvercle
Qui fait sauter le monde dans le vide 
Et donne l’espace et le temps nécessaire
Aux autres humains qui sans cesse expriment
Leur mécontentement d’une vie toujours renouvelée

 

25/10/2022

Réveil

Elle dort comme un nuage 
Pleine d’espoir et d’ardeur
Les yeux clos, détendue

Tout est derrière, rien devant
Elle tend un doigt élégant
Et sa main repose doucement

La bouche sourit et parle
Elle rêve sans le savoir
Elle court dans les champs

Elle rit dans son sommeil
Un lézard court sur sa jambe
Elle le fait fuir de la main

Elle tient son rêve ouvert
Le regarde et l’admire
Mais il se dissout patiemment

Ne reste plus qu’une brume
Qu’elle tente d’exhaler
Dans son réveil brûlant

 

23/10/2022

Elle et lui

Il est
Elle est
Mais sont-ils tous les deux
Qu’ont-ils de commun ?
Lui ne sent qu’un feu dans le corps
Elle, que sent-elle ?
Une chaleur douce l’envahit
Le calme s’empare d’elle
Et pourtant, le diable au corps aussi
Ils se regardent comme des aimants
Elle avance la main et le contemple
Il ne sait quelle attitude adopter
Mais brusquement, il touche sa manche
Elle lève les yeux et le voit
Alors elle s’avance vers lui
Et se jette dans l’inconnu
Comme du haut d’une montagne
Ce fut une chute réelle
Un arrêt du cœur et de la pensée…
Enfin, elle reprend vie…

22/10/2022

Chien errant

Il est là, le chien errant
Il s’agite, remue la queue
Aboie un peu, pas trop
Et se couche au pied

L’autre le regarde
N’ose le caresser
Il tendrait bien sa main
Mais craint de la perdre

Ainsi de mains en mains
Il va d’un côté et de l’autre
Sans jamais trouver la paix
Ni savoir où aller

Alors, Odalisque se leva
Se pencha sur la bête
Ausculta ses yeux
Et vit remuer l’autre

Il prit un épilateur
Tint la tête de la bête
Et, patiemment, approcha
Tout en lui parlant

Soigneusement, il le caressa
Gentiment, il le regarda
Ne bougea plus
Et se laissa mourir

Ainsi revit celui qui mourrait 
Pleura l’enfant sauvage
Partit l’homme prudent
Rit le gamin frondeur

21/10/2022

Divagation

La fin… Elle est là, repue
Elle ne peut plus
Elle n’en peut plus
Elle n’est plus
Tombée de plus

Y a-t-il moins
D’humains sans soins
Qui finissent comme un point
Enfilent leur pourpoint
Et prennent de l’embonpoint

Montée vers le haut
Accompagné au piano
Vêtue d’un paréo
Elle va vers les idéaux
Des sveltes cachalots

Tout est rondeur    
Plein de candeur
Sans tiédeur
À bon entendeur

Salut…
U… U… U…

Oh… Oh… Oh…

20/10/2022

Mort au bullfinch

Ainsi est mort le petit cheval
Un soir d’automne brumeux
Devant les spectateurs médusés
Qui se tenaient sur la tribune

Ce matin-là, il n’avait pas pris d’avoine
Il avait regardé sa soigneuse
Elle l’avait caressé un instant
Puis s’était occupée d’autres chevaux

Elle sentait bien que cela n’allait pas
Mais que faire lorsqu’on ne parle pas
Il dressait ses oreilles vers l’avant
Et baissait la tête tristement

Elle avait préparé ses harnachements
L’avait caressé, une larme aux yeux
Il était inscrit dans la dernière course
Un steeple-chase de 5500 mètres

Son jockey, sûr de lui, bravache
Fut propulsé sur son dos
Il fit un clin d’œil à la soigneuse :
« Tout va bien aller », lui dit-il

Sur la ligne de départ, il renâcla un peu
À quoi bon se plaindre, il en a vu d’autres
Alors, il partit au top, ragaillardi
Par ses voisins, l’œil égrillard  

La terre volait sur sa tête
Le bruit des fers sur le turf
Les cris des jockeys excités
Le bullfinch énorme devant lui

Un trou noir dans la nuit
Il s’écrasa sur la verdure
Mort avant d’avoir sauté
Après avoir propulsé le jockey

Oui, le petit cheval est mort
Et la soigneuse pleure de chagrin

19/10/2022

Abandon

Tendu est l’élastique de son souvenir
Chaque matin, il s’enferme dans son personnage
Plus un bruit, plus un mouvement
Le calme plat d’un lac de montagne

Il y rentre précautionneusement 
Il emprunte le chemin des odeurs
La pluie qui ne cesse de tomber
Le passant dans la rue noire
La boulangère sur le pas de sa porte
L’eau coule sur le tambour de la route

Elle dévale la pente des années passées
Saute les pavés du caniveau fuyant
Suscite les images des premiers jours
Quand, descendant l’escalier,
il allait chercher le pain du matin
et, sur le chemin du retour
Croquait le crouton chaud
Il devait bientôt en chercher un autre
Pendant que la famille attendait anxieusement

De quoi sera fait l’avenir ? se demandait-il

L’exigence de ces aurores brumeuses
Où le froid descendait dans le dos
Et s’agrippait à vous de ses os fragiles
Lui donnant conscience de son insuffisance 

L’avenir a coulé, dévalant la pente
Le lac est là. Il ne voit plus que l’horizon
La fente claire de la surface entre terre et ciel
Il a froid aux pieds et chaud à la tête
Il est étendu sur le pont du navire
Et attend mollement le virage de l’abandon

 

 

18/10/2022

A bout !

Une montagne de papiers froissés
Des fils partout, noirs, rouges, épais ou fins
Des écrans brillants, avides, clairs
Au-dessus, une tête, pleine, lasse
Bougeant difficilement, ne voyant rien
Que ses écrans de blanc vêtus

Oui, il est là, observant les lueurs
Un chèche sur le chef
Un manque à son palmarès
Un gant aux doigts agiles

Nu, il va de la chambre au salon
Regardant sans cesse les écrans
Tremblant à l’annonce de chiffres mauvais
Se mordant les doigts jusqu’au sang

Plus rien ne va, dit sa compagne
Si tout va bien, répond-il
Et il part dans une autre pièce
Ricanant de bonheur éternel

Il revient, vêtu d’un manteau noir
Engoncé dans ses pensées
Ouvrant l’œil et les mains
Il s’écroule d’une masse
Puis ne reste qu’une poussière
Sur le pas la porte 
Qui s’envole sous l’effet de la bise

À quoi lui ont servi ces années de labeur
Sans voir la beauté du ciel
Et la profondeur de la vie à deux

16/10/2022

Découverte

Au loin résonnent les cloches
Un son grave qui colle à la peau
Et fait de vous un bâton raide
Vous êtes gauche et sans réactions

Il est midi, le soleil luit haut
Votre mère vous tient la main
Mais vous brûlez de vous échapper
Les portes de l’inconnu sont ouvertes

« Chut, ne bougez pas, ne dites rien »
Votre frère vous tire la veste
« Regarde la grande Duduche
Elle n’a pas boutonné sa chemise ! »

Les garçons s’amusent de cette bévue
Ils voient un bout de chair pâle
À hauteur du nombril qui se cache
Et cela suffit à réjouir leur journée

Ainsi vont la vie et l’amour
Vous tenez l’instant charmant
Où votre être se déplie et chante
Vous contemplez l’univers

Que de choses encore à découvrir !

15/10/2022

Le fil du rasoir

Le retour des femmes dans la mémoire des hommes
Qui sont ces êtres de beauté, lointaines et vierges
Elles ne parlent pas, elles sont là et absentes
Elles sourient tendrement de leurs lèvres ouvertes
Regardent l’être inconnu et se regardent
La ronde humaine recommence
Éloignement ou rapprochement 
Ou encore sur le fil du rasoir ?

13/10/2022

Perte

Dehors, il fait nuit
Dedans, elle pleure
Où passer la journée
Quand rien ne danse

Les pas martèlent le sol
L’ombre s’épaissit
Au loin les cris des vaincus
Et l’exaltation des vainqueurs

Le brouillard monte des prés
Les vaches broutent patiemment
Un chien aboie et dit son impatience
La campagne est inquiète

Les camions rugissent au loin
Puis un cri, les phares s’allument
La colonne se met en branle
Tout d’un coup, un stop est lancé

Un être vivant est tiré brutalement
Petit, il était caché dans un buisson
Un soldat est passé pour se soulager
L’être fut embarqué et partit

Ainsi, par la faute d’une envie
L’être perdit la vie…

12/10/2022

Qui est qui ?

Froid dans le dos
Les pieds au chaud
Le regard frêle
Il se dresse
Et rugit :
Qui es-tu, toi ?

Je suis celui qui n’est pas
Je suis ton compagnon de voyage
Tu ne me connais pas
Mais je sais qui tu es
Je t’accompagne chaque jour
Je suis en toi comme tu es en moi

Quelle est cette invention
Je suis seul devant le monde
Je suis devant les autres hommes
Je tiens l’astre entre mes mains
Et déplore ton courroux 
Je t’aiderai à franchir les barrières
Qu’es-tu toi-même ?

Qui est qui ?

 

11/10/2022

Orage

L’orage gronde dans sa tête

L’immonde côtoie la vérité
Que sont-ils l’un et l’autre ?

Dépasse tes impressions
Va au-delà de ce que tu crois
Déborde largement de toi-même 

Blocage sur toi-même
Le verrou est-il imaginaire ?
Cette porte fermée est-elle ?
Avance à petits pas menus

Il arrive au bout du réel
Suspendu au pouvoir du verbe
Il côtoie ce qu’il n’imaginait pas
Cela s’étend comme une tache d’huile
Qui recouvre son existence

Poursuis ta quête, va plus loin
Enquête sur le passé
Relie l’avenir au passé
Découvre le présent vierge
Sors la tête de tes mirages
Et émerge sans penser

09/10/2022

Quoi ?

Retournement !
Un vent léger se lève
Le sentir sur sa peau 
L’écrire du bout des doigts
Sentir ses effluves sur les côtes
Se lever pour être et regarder la vie
Jusqu’où aller pour vivre et se faire valoir
Il s’enfle, il devient rouge, … Plus rien n’existe

Au loin, très loin, un éclair, dans une galaxie feuilletée
Une vie, qu’est-ce ? Un instant de bonheur ou le poison envahissant

Et pourtant tout ceci t’est donné à profusion.

Qu’en fais-tu ?

Ne reste que des vers...

Ils sont éteints à jamais…