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22/10/2022

Chien errant

Il est là, le chien errant
Il s’agite, remue la queue
Aboie un peu, pas trop
Et se couche au pied

L’autre le regarde
N’ose le caresser
Il tendrait bien sa main
Mais craint de la perdre

Ainsi de mains en mains
Il va d’un côté et de l’autre
Sans jamais trouver la paix
Ni savoir où aller

Alors, Odalisque se leva
Se pencha sur la bête
Ausculta ses yeux
Et vit remuer l’autre

Il prit un épilateur
Tint la tête de la bête
Et, patiemment, approcha
Tout en lui parlant

Soigneusement, il le caressa
Gentiment, il le regarda
Ne bougea plus
Et se laissa mourir

Ainsi revit celui qui mourrait 
Pleura l’enfant sauvage
Partit l’homme prudent
Rit le gamin frondeur

21/10/2022

Divagation

La fin… Elle est là, repue
Elle ne peut plus
Elle n’en peut plus
Elle n’est plus
Tombée de plus

Y a-t-il moins
D’humains sans soins
Qui finissent comme un point
Enfilent leur pourpoint
Et prennent de l’embonpoint

Montée vers le haut
Accompagné au piano
Vêtue d’un paréo
Elle va vers les idéaux
Des sveltes cachalots

Tout est rondeur    
Plein de candeur
Sans tiédeur
À bon entendeur

Salut…
U… U… U…

Oh… Oh… Oh…

20/10/2022

Mort au bullfinch

Ainsi est mort le petit cheval
Un soir d’automne brumeux
Devant les spectateurs médusés
Qui se tenaient sur la tribune

Ce matin-là, il n’avait pas pris d’avoine
Il avait regardé sa soigneuse
Elle l’avait caressé un instant
Puis s’était occupée d’autres chevaux

Elle sentait bien que cela n’allait pas
Mais que faire lorsqu’on ne parle pas
Il dressait ses oreilles vers l’avant
Et baissait la tête tristement

Elle avait préparé ses harnachements
L’avait caressé, une larme aux yeux
Il était inscrit dans la dernière course
Un steeple-chase de 5500 mètres

Son jockey, sûr de lui, bravache
Fut propulsé sur son dos
Il fit un clin d’œil à la soigneuse :
« Tout va bien aller », lui dit-il

Sur la ligne de départ, il renâcla un peu
À quoi bon se plaindre, il en a vu d’autres
Alors, il partit au top, ragaillardi
Par ses voisins, l’œil égrillard  

La terre volait sur sa tête
Le bruit des fers sur le turf
Les cris des jockeys excités
Le bullfinch énorme devant lui

Un trou noir dans la nuit
Il s’écrasa sur la verdure
Mort avant d’avoir sauté
Après avoir propulsé le jockey

Oui, le petit cheval est mort
Et la soigneuse pleure de chagrin

19/10/2022

Abandon

Tendu est l’élastique de son souvenir
Chaque matin, il s’enferme dans son personnage
Plus un bruit, plus un mouvement
Le calme plat d’un lac de montagne

Il y rentre précautionneusement 
Il emprunte le chemin des odeurs
La pluie qui ne cesse de tomber
Le passant dans la rue noire
La boulangère sur le pas de sa porte
L’eau coule sur le tambour de la route

Elle dévale la pente des années passées
Saute les pavés du caniveau fuyant
Suscite les images des premiers jours
Quand, descendant l’escalier,
il allait chercher le pain du matin
et, sur le chemin du retour
Croquait le crouton chaud
Il devait bientôt en chercher un autre
Pendant que la famille attendait anxieusement

De quoi sera fait l’avenir ? se demandait-il

L’exigence de ces aurores brumeuses
Où le froid descendait dans le dos
Et s’agrippait à vous de ses os fragiles
Lui donnant conscience de son insuffisance 

L’avenir a coulé, dévalant la pente
Le lac est là. Il ne voit plus que l’horizon
La fente claire de la surface entre terre et ciel
Il a froid aux pieds et chaud à la tête
Il est étendu sur le pont du navire
Et attend mollement le virage de l’abandon

 

 

18/10/2022

A bout !

Une montagne de papiers froissés
Des fils partout, noirs, rouges, épais ou fins
Des écrans brillants, avides, clairs
Au-dessus, une tête, pleine, lasse
Bougeant difficilement, ne voyant rien
Que ses écrans de blanc vêtus

Oui, il est là, observant les lueurs
Un chèche sur le chef
Un manque à son palmarès
Un gant aux doigts agiles

Nu, il va de la chambre au salon
Regardant sans cesse les écrans
Tremblant à l’annonce de chiffres mauvais
Se mordant les doigts jusqu’au sang

Plus rien ne va, dit sa compagne
Si tout va bien, répond-il
Et il part dans une autre pièce
Ricanant de bonheur éternel

Il revient, vêtu d’un manteau noir
Engoncé dans ses pensées
Ouvrant l’œil et les mains
Il s’écroule d’une masse
Puis ne reste qu’une poussière
Sur le pas la porte 
Qui s’envole sous l’effet de la bise

À quoi lui ont servi ces années de labeur
Sans voir la beauté du ciel
Et la profondeur de la vie à deux

16/10/2022

Découverte

Au loin résonnent les cloches
Un son grave qui colle à la peau
Et fait de vous un bâton raide
Vous êtes gauche et sans réactions

Il est midi, le soleil luit haut
Votre mère vous tient la main
Mais vous brûlez de vous échapper
Les portes de l’inconnu sont ouvertes

« Chut, ne bougez pas, ne dites rien »
Votre frère vous tire la veste
« Regarde la grande Duduche
Elle n’a pas boutonné sa chemise ! »

Les garçons s’amusent de cette bévue
Ils voient un bout de chair pâle
À hauteur du nombril qui se cache
Et cela suffit à réjouir leur journée

Ainsi vont la vie et l’amour
Vous tenez l’instant charmant
Où votre être se déplie et chante
Vous contemplez l’univers

Que de choses encore à découvrir !

15/10/2022

Le fil du rasoir

Le retour des femmes dans la mémoire des hommes
Qui sont ces êtres de beauté, lointaines et vierges
Elles ne parlent pas, elles sont là et absentes
Elles sourient tendrement de leurs lèvres ouvertes
Regardent l’être inconnu et se regardent
La ronde humaine recommence
Éloignement ou rapprochement 
Ou encore sur le fil du rasoir ?

13/10/2022

Perte

Dehors, il fait nuit
Dedans, elle pleure
Où passer la journée
Quand rien ne danse

Les pas martèlent le sol
L’ombre s’épaissit
Au loin les cris des vaincus
Et l’exaltation des vainqueurs

Le brouillard monte des prés
Les vaches broutent patiemment
Un chien aboie et dit son impatience
La campagne est inquiète

Les camions rugissent au loin
Puis un cri, les phares s’allument
La colonne se met en branle
Tout d’un coup, un stop est lancé

Un être vivant est tiré brutalement
Petit, il était caché dans un buisson
Un soldat est passé pour se soulager
L’être fut embarqué et partit

Ainsi, par la faute d’une envie
L’être perdit la vie…

12/10/2022

Qui est qui ?

Froid dans le dos
Les pieds au chaud
Le regard frêle
Il se dresse
Et rugit :
Qui es-tu, toi ?

Je suis celui qui n’est pas
Je suis ton compagnon de voyage
Tu ne me connais pas
Mais je sais qui tu es
Je t’accompagne chaque jour
Je suis en toi comme tu es en moi

Quelle est cette invention
Je suis seul devant le monde
Je suis devant les autres hommes
Je tiens l’astre entre mes mains
Et déplore ton courroux 
Je t’aiderai à franchir les barrières
Qu’es-tu toi-même ?

Qui est qui ?

 

11/10/2022

Orage

L’orage gronde dans sa tête

L’immonde côtoie la vérité
Que sont-ils l’un et l’autre ?

Dépasse tes impressions
Va au-delà de ce que tu crois
Déborde largement de toi-même 

Blocage sur toi-même
Le verrou est-il imaginaire ?
Cette porte fermée est-elle ?
Avance à petits pas menus

Il arrive au bout du réel
Suspendu au pouvoir du verbe
Il côtoie ce qu’il n’imaginait pas
Cela s’étend comme une tache d’huile
Qui recouvre son existence

Poursuis ta quête, va plus loin
Enquête sur le passé
Relie l’avenir au passé
Découvre le présent vierge
Sors la tête de tes mirages
Et émerge sans penser

09/10/2022

Quoi ?

Retournement !
Un vent léger se lève
Le sentir sur sa peau 
L’écrire du bout des doigts
Sentir ses effluves sur les côtes
Se lever pour être et regarder la vie
Jusqu’où aller pour vivre et se faire valoir
Il s’enfle, il devient rouge, … Plus rien n’existe

Au loin, très loin, un éclair, dans une galaxie feuilletée
Une vie, qu’est-ce ? Un instant de bonheur ou le poison envahissant

Et pourtant tout ceci t’est donné à profusion.

Qu’en fais-tu ?

Ne reste que des vers...

Ils sont éteints à jamais…

08/10/2022

Aperçu

Le visage de l’aimée resplendit
Où donc cachait-elle sa lumière ?

Une beauté intérieure émerge
Il ne sait d’où elle vient

La lueur s’estompe, le noir
Ou le blanc tamisé se montre

Qui voit qui ?

07/10/2022

L'absente

Là …  Il était là…. A cette place…
Et depuis, plus rien
Elle ne l’a pas perdu de vue
Il a disparu d’un bloc
Lui et son environnement
Pas seulement physiquement
Mais aussi de notre mémoire collective 
Il n’a pas de nom, pas d’existence
Il n’était pas, il ne fut pas
Il ne sera même pas 
Même pas une ombre dans la mémoire

Ne reste qu’un désespoir
Qu’un trou comblé de vide
Dont on approche avec précaution
Du bout des pieds et de la folie

Que fait-elle ? 
Elle va tomber !
Sans crainte, elle marche
Vers un destin ignoré des autres…
L’absence, réellement !
Elle s’est faite belle, rayonnante
Sa chevelure blonde
Ses cils comme des oiseaux
Son cou de cygne, doux à caresser

Ah, mon Dieu, elle a disparue 
Plus rien de son corps, de ses sensations
De ses impressions, de ses pensées
De ses aspirations, de ses espoirs
Ce n’est plus qu’un trou sans couleurs
Ni même réalité
Elle n’avait pas de nom
Elle n’a plus d’existence

Mais depuis les hommes meurent d’ennui
La terre n’a plus d’entrain
Ils errent dans une vie morne
Dont ils n’arrivent pas à saisir la queue
N’ayant plus de tête à contempler 

 

06/10/2022

Anniversaire

Elle en rêva longtemps
Et puis ce fut le moment

Il n’était pas prêt
Elle attendait et rien ne vint
Ni les pantalons bouffants
Ni les espadrilles blanches
Ni le sourire merveilleux
Ni même cet éclat des yeux
Qui l’avait tant séduit

Il était mort à elle-même
Évanoui dans le monde 
Des cadeaux, baisers et déclarations
Endormi face à lui-même
Pris dans la glace de l’absence
Un lent cheminement
Qui monte à l’anéantissement
Ce n’est qu’une tache de boue
Sur un coin du vêtement
Balayé d’un coup de brosse

Pardon l’amour
Pardon la vie
Rien ne vient hors de toi
Pas même moi, pas même nous
Morts à nous-mêmes
Nous errons dans le spectre
D’un passé sans voix ni silhouette

Vient l’enfant unique
Montre-moi ton visage
Et permets qu’un jour
Je m’illumine de ta beauté
De ta gentillesse et de ton bonheur
Tu es celle qui me donne la vie
Et me ressuscites chaque jour…
Et je ne le vois pas

Alors je te tends les bras
Et embrasse tes pieds
Qui foulent le sol devant toi…

05/10/2022

Lourdement

Quelle vie…
Tantôt à droite, tantôt à gauche
Parfois même, en haut, en bas
Mais sait-il se tenir au milieu ?

Un jour il partit sans savoir où
Il ne lui resta plus que la peau
Il la toucha. Elle était fade
Plus rien ne l’enjolivait 

Il se souvint des prés verdoyants
Des poissons frétillants
Des fleurs volant au vent
Et de l’étrange odeur du sang

Il rejeta les fables luxuriantes
L’odeur des rejets pestilentiels
La vue immonde de la colline
Jusqu’au trou des eaux mortes

Monte plus haut, cours là-bas
Où rien n’existe de ferme
Tout est mouvant, quel bonheur
Es-tu de chair et de rêve ?

Il passa ainsi devant son corps
Flasque et mou comme un escargot
Il le toucha, mais rien ne bougea
Même pas quelques feuilles mortes

Alors, il prit son envoi, lourd et repu
Courût quelques mètres, loin de lui
Regarda une dernière fois
Et choisit l’exil, loin de tout

02/10/2022

Loin

Qu’abandonne-t-il ?
Il sait les attraits de la vie
Le rire de la présence
L’absence de l’ennui
Il est à la périphérie de l’être
Là où rien ne passe
Sans le retournement

Pourquoi appréhende-t-il la nuit
Cet espace coupant et cinglant
Le tranchant de la lame
Le crissement du fer sur le fer
Et l’arrêt de tout, d’un coup

Il mesure l’appréhension
Non, il ne peut pas
Il a froid et claque des dents
Le gel de la solitude
Un pôle nord intérieur
Une marche jusqu’au bout
Et après, qu’y a-t-il ?

Il rêve, mais ne voit pas
Le noir ou le rouge
Ou encore le rien, sans couleur
Une bille dans le vide
Non, pas une bille
Mais rien de rien
Même pas un trou
Par où va-t-il passer ?

Oui, plus rien au dehors
Tout est en lui
Il est seul
Mais que signifie être seul
Il n’a plus une main à attraper
Plus un sourire à regarder
Plus rien à laisser au suivant
Mais existe-t-il celui-ci ?

Il se retourne
Étire sa peau de caoutchouc
Pousse un soupire
Adieu camarade !

30/09/2022

Au-delà

Le vert d’une terre bleu
L’obscurité d’un ciel de lumière
L’immensité du vide repu
Le brouhaha de l’après nuit
Le silence des mouvements
La pesanteur des astres
La caresses des vents
Tous ces inconnus présents
Qui errent dans les têtes
Sans savoir d’où ils viennent
Ni même où ils vont

Et pourtant là, devant nous
Fabriqués de toutes pièces
Entre des milliards de neurones
Croisés avec les particules
Et le noir des nuits sans lune
Ils vivent, tous ces humains
Riant de toutes leurs dents
Ce sont des hommes
Ils se regardent exister
Mais de quelle vie ?

L’un d’eux se glisse sous la couette
Et contemple son ombre étendue
Vous le voyez, l’œil ouvert
Discret et miséricordieux 
Que fait-il ?
Les yeux fermés, il contemple
L’univers et s’extasie 
Devant la grandeur de la scène

D’un bref coup de pied
Il s’élève et se cogne la tête
Au plafond de sa prison
Mieux vaut errer au fond de celle-ci
Que de surnager la bouche ouverte
Dans un air purifié
En vivant dans l’ignorance

Qu’y a-t-il au-delà ?

28/09/2022

Lecture

Envie de lire… Quelle idée !
Il mange quelques feuilles
En plie d’autres, plus coriaces
Le reste ? À jeter 
Sans autre forme de procès…

Ah ! un coin dépasse de la pile
Il tire un peu, doucement
Et s’envole un ptérodactyle
Aux ailes déployées 
L’ombre d’un nuage 
Il emporte les aventures
Celles d’un monde imaginaire

Il jette un œil sur un autre amas
Un livre de compte, gros
Dur, compacte, volumineux
Il semble mort, inerte
Mais il se défend
De toutes ses dents
Il finit par lâcher
Avec un soupir indifférent

Roman d’amour
Étincelant de bonheur
Une couverture rosée
Des pages aux baisers dorés
Une déchirure au milieu
La page pend et pleure
Qu’y a-t-il ? L’absence…
Quelle poussière 
Mieux vaut la science !

Il ouvre un volume majestueux
Quelle allure solennelle 
Quelle puissance intellectuelle
Rien ne traîne dans cette tête
Pas même un bout de folie verte
Ni même un regard perdu
Tout est rangé, classé, étiqueté
Quel ennui mortel
Seul, dans un coin
Un amoncellement verdâtre
Rappelle l’origine humaine
Du produit né de mains habiles
Hélas, rien n’est plus rien que le malheur

Alors, il s’éloigne à grands pas 
Fier d’échapper à l’aliénation
Enfouie sous un carton 
Quelle découverte !

23/09/2022

L'homme

Elle ne sait plus que dire
Qu’est-elle, la petite ?

Elle court de ces petites jambes
Écoute ce que disent les grands
Mais rien ne vient troubler sa quiétude

Un jour, pourtant, elle ouvre la bouche
Pourquoi parle-t-elle, disent les autres
Elle ne sait ce qui lui a pris

Elle regarde l’homme, grand et beau
Il la couve du regard et de la main
Il ne bouge pas, réfléchit et dit

« C’est elle qui sera ma compagne de toujours »
Tous s’exclament presque. Quelle idée !
Elle ne dit rien comme à son habitude

Ils s’aimèrent toute leur vie, et plus
Les participants furent surpris
Qui sont-ils ces croquants velus ?

21/09/2022

Feim

Retour sur moa
Et toa, ki è tu ?
Ri-in ne va plu
Ta tète va mal
Pour koa ?

Il ère insi pôvremen
Cè la fin
Lè arico sont cui

12-12-10 Glissement bis.jpg

19/09/2022

Le temps déchiqueté

Usine :
la même geste,
la même cadence
répétée mille fois
N'être plus qu'un bras de levier
que le prolongement d'une machine

le temps déchiqueté...

18/09/2022

Le chant

Un chant dans la nuit
Il entre dans ta peau
Il parcourt tes jointures
Et pénètre jusqu’au cœur 

Le corps commence à vibrer
Il étire ses phalanges
Il détend son squelette
Il entre en vibration
Avec un monde inconnu
Prenant pied dans le monde des idées

Le nuage imaginaire devient réel
Il envahit l’espace et même le temps
Les grains de l’imagination se dispersent
Et envahissent le néant

Où s’accrocher, où s’attacher ?

Le chant s’arrête, la chaine est brisée
Le chant s’enfuit et se tait
Plus rien n’est comme avant

Adieu la terre, le ciel est-il là ?

17/09/2022

Chute

Le voilà revenu chez lui
Il est enfoui dans les souvenirs
Qui débordent et encombrent
Quelle masse hurlante !
Le désert, quelle espérance !

Quatre heures, réveil…
Pris dans ce tourbillon
Il se laisse aller sans réaction
Ce monde est-il construit ?
Il passe de la virgule au point
Puis du point au trou

Magnificence de l’absence
Il existe plein de vide
Même pas un horizon à voir
Un trou sans fin
Sans espace et sans temps
Plus de matière, morte ou vivante

Mais… 
Où marche-t-il ?
Ah, mon Dieu, je tombe…

Chute du personnage

16/09/2022

La vie

Elle songe aux nuits obscures
Au temps passé à se regarder
Aux sourires et aux rires encombrants
Au bonheur et au malheur sans fin

Elle songe à ce noir dévoyé
A ce blanc qui l’enlace certain jour
A ces feux multicolores et vivants
Qui courent autour d’elle

La vie étincelle et vibre
Elle emplit l’être et le guide
Elle illumine sa raison
Et lui donne l’espoir

Jamais déçue par l’ordre du monde
Elle contemple l’univers
Elle ne sait pas, elle devine en elle
L’orage lent et enchanteur

La bulle de l’être ne passe pas
Seul l’absence est apparence
Et cet éclair la transperce
La laissant seule avec lui

Ainsi l’univers poursuit sa route
Les hommes se laissent aller en rêvant
Jusqu’au jour où eux-mêmes
S’évanouissent dans le cosmos

Et tout recommence
La poussière, le caillou
La parole, la rêverie
L’enfantement et le bonheur
De la continuité éternelle

15/09/2022

Le silence de la nuit

Réveil après trois heures de sommeil
La lueur de la lune inonde les feuillages
Et pourtant une brume semble là, entière
Comme l’ombre qui veille et te prend !

Le silence entre en toi, sereinement
Il te rafraîchit, te berce et te prend
Tu te vides de toi-même et te dégonfles
Tu vois l’envers de ta peau transparente

Tu pénètres dans cette absence
Tu respires l’épreuve du silence
Tu n’es plus et tu es autre
Tu te cherches et te trouves autre 

La caresse ronde t’envahit
Tu te couvres de blanc et ne dit mot
Tu n’es plus toi-même ni autre
Tu es sans savoir que tu es

Un cri d’amour dans l’obscurité
Plus rien n’existe hors de Toi
L'existence n’a plus de frontières
Tu es mort et tu vis sans fin

14/09/2022

Courant d'air

Une feuille desséchée
Volant d’un air serein
Est entrée par la porte
Et s’est glissée sous un meuble

Elle fit un petit bruit discret 
Un raclement de casserole
Pour dire : « Je suis là »
Mais ce fut imperceptible

La terre continuait à tourner
Les fleurs poussaient des cris
Les vers ne voyaient qu’une ombre
Seule la femme fronçait les sourcils

« Quelque chose d’insolite est arrivé »
Un tremblement de la main
Le passage d’une souris
Un courant d’air impromptu

Suffirent à mettre en émoi
Les sens aiguisés de la maitresse
Elle se pencha au-dessus du carrelage
Et n’aperçut qu’une feuille

Elle la prit entre ses doigts
En tâta la rugosité amère
Sentit une odeur insaisissable
Et la rejeta dehors, sous la pluie

Elle fondit là, seule, devant la porte
Jusqu’au prochain courant d’air

13/09/2022

Parti

Envolé…    
Il ne pèse plus, gonflé à l’absence
Il voit s’éloigner sa bulle
Il descend en lui
Franchissant les lumières du temps
Qui luisent toujours subrepticement

Pas de retour en arrière
Le temps devient espace
L’espace devient matière
Il s’englue dans son être
Et son être se détache de lui-même
Il ne cherche rien, il ne sait rien
Mais, peu à peu, il devient autre
Une gourde vide qui plonge dans le cosmos
Et qui contemple les astres

Il est et il n’est plus
L’existence est-elle réellement ?
Il ne sait plus, il file dans l’éternel
Sans sensation, sans pensée
Juste le frôlement de la vitesse
Qui l’atteint au cours du vol
Et encore : vole-t-il ?

Sans horizon, sans poids
Sans présence ni même absence 
Ce n’est qu’un grain, sans consistance
Qui erre sans la solitude glacée
Est-il ? N’est-il pas ?
Qu’en sait-il, lui qui n’est plus rien

..
.
Au fond de la nuit résonne la voix
« Je suis là, je suis toi
Tu es moi
Tu me noies
Je suis sans foi ni loi
Une bille de bois
Au fond des bois
Je n’ai plus soif

Mais, où donc est le soi ?

06/09/2022

Du rien naît le tout

Il se leva, marcha vers la porte
Ouvrit celle-ci et tomba d’un coup
Plus rien ne l’attachait, il était seul
Il partit sans savoir où, solitaire
Perdu dans ses pensées et rêves
Pris soudain de doutes et de faim
Fin de nouveautés, faim d’inconnu
Rien ne le fera revenir en arrière
Il est parti en rompant ses amarres
Et se trouve au milieu de ses fantasmes
Perdu dans le brouillard de son ignorance

Il était, il n’est plus
Adieu petit homme !

 

03/09/2022

La certitude

Vous est-il arrivé de jurer votre certitude
Puis de vous rendre compte que vous vous étiez trompé
Votre tête n’est plus qu’une calebasse vide
Qui résonne des jours qui passent
Où vas-tu ainsi, plein d’ignorance ?

J’ai perdu mon compagnon qui se souvient
Des jours où il courrait dans la campagne
Appuyer sur une touche de clavier
Me fait trembler de peur d’effacer
Les galimatias qui résonnent dans la tête

Et pourtant que de bonheur contenu
Retentissent encore dans la tête vide
Que de bruits doucereux et de fureurs hurlantes
Je suis sûr de ce que je sais, mais que sais-je
Çà je ne le sais plus. Je cherche et ne trouve

 

31/08/2022

L'incertitude (suite 3)

Seul le condamné sait où il pose ses pas
Il avance dignement, regardant ses pieds
La tête ne pèse plus, elle l’entraîne
A ne plus être, sauvetage de pompier

Il meurt dignement, car plus rien ne le retient
On ne voit plus la larme pointant sous son œil
Seul le bourreau encore vivant le détient
Et le conduit à l’échafaud, son dernier recueil

Lui n’avait pas peur de voir la mort en face
Il sait, connaît, comprend ses dernières foulées 
Il achève sa vie en piètre postface
Contemplant la barbe du bourreau roucouler