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30/09/2015

Colmar, mardi après-midi

Vent et soleil, mélange détonant
Le cheveu en bataille, la peau desséchée
Vous marchez entre les rangs de vigne
Où quelques rares raisins restent accrochés

Vous visitez l’exposition « Le voyage en Orient »
Visages de bédouins chrétiens, de turcs chafouins
Architecture embrouillée sur un sol sans végétation
L’eau n’y est présente que par l’aridité des oueds

Les voix… isolées… retentissantes… douces pourtant
Une place sans un bruit où passent des fantômes
Et parfois une jeune fille pédalant vigoureusement
Evitant chaises et tables en attente de clients

Les carrés de chaleur où le soleil évolue discrètement
Sont enviés des personnes âgées en recherche de douceur
Elles passent, se tenant par le bras, boursoufflées de rides
A l’image de leur passé : rieur, envieux, chagrin

Vous poursuivez votre errance, étonné et curieux
Vous croisez des visages, évitant les corps
Vous contemplez la voûte de la cathédrale
Vous vous asseyez là… heureux… sans pensée…

28/09/2015

Signes

Ces signes discrets évoluent prudemment. Ils deviennent langage, mais perdent de leur beauté. Le langage ne conduit-il pas à l'utilitaire? D'un certain aspect oui , sans doute. Mais le langage c'est aussi la poésie. Alors ne cherchons rien, laissons ces signes vivre sans en chercher la signification.

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26/09/2015

Woman World Synchronized Skating Championship

http://www.flixxy.com/russian-women-world-synchronized-skating-championship.htm  


Admirez la majestueuse démonstration de l'équipe russe. Une symétrie parfaite et des changements de figure magnifiquement orchestrés.

ATTENTION : Rien ne sera publié d'ici mercredi. Un impératif m'oblige à partir sans liaison internet.

25/09/2015

Illogisme de la logique

C’est le mathématicien Gödel qui démontra que la logique contient toujours de l’illogisme. Tout système logique est incomplet en lui-même, car il existe toujours des propositions indécidables dans tout système arithmétique, c’est-à-dire des énoncés mathématiques dont on ne peut jamais dire s’ils sont vrais ou faux. Tout système est incomplet en lui-même. Il faut lui ajouter des axiomes supplémentaires extérieurs à lui pour qu’il soit cohérent.

Ainsi des failles logiques se manifestent dès qu’on aborde des propositions autoréférentielles, c’est-à-dire qui font référence à elle-même. Deux exemples :

« La présente phrase est fausse. » Si la phrase est vraie, elle est fausse ; si elle est fausse, elle est vraie. La logique se contredit.

« Un habitant de Séville est rasé par le barbier de Séville si et seulement s’il ne se rase pas lui-même. Alors, est-ce que le barbier de Séville se rase lui-même ? » S’il se rase lui-même, il ne peut être rasé que par le barbier de Séville, donc il ne se rase pas lui-même ; mais s’il ne se rase pas lui-même, il est rasé par le barbier de Séville, donc il se rase lui-même.

Ces deux exemples sont tirés du livre de Trinh Xuan Thuan, Le chaos et l’harmonie, la fabrication du Réel, Arthème Fayard, 1998. Sa conclusion : l’univers est conscient de lui-même et le fait que l’homme ne subisse pas aveuglément  les lois de la nature sans les comprendre est porteur de signification. Nous avons le don de comprendre parce que l’Univers n’est pas qu’une collection de particules de matière inerte. Il est la manifestation d’un principe infiniment plus subtile et élégant. L’univers a un sens, et c’est l’homme qui, en le comprenant, lui confère ce sens.

Mais la science ne pourra jamais aller au bout du chemin par les mathématiques. Il faut à l’homme d’autres outils et d’autres modes de connaissance pour le comprendre, telle l’intuition mystique.

24/09/2015

Perdue

Son but à portée de main, elle plongea,
Nue et vierge du passage des eaux.
Elle sourit aux crêtes blanches des vagues.
Elle n’en ressortit pas…
Parvenue au centre de la sphère,
Elle se tourna vers le ciel.
Mais il était loin, voilé et discret
Comme le vol de l’oiseau.
Elle avait découvert le pli
Dans l’espace intérieur
Et s’y installa sournoisement
En attente d’un occupant.
Plus rien ne lui permettait
De courir derrière les ondes
Et d’en tirer profit.
Quelle écervelée !

23/09/2015

Exposition à Bellebranche

Quelques photos de l’exposition à Bellebranche (Mayenne) qui a eu lieu les samedi 19 et dimanche 20 par une belle journée d’été.

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22/09/2015

Illusion 2

Ce n’est plus le son qui résonne, comme dans Illusion 1, mais l’œil qui divague. Quel aveuglement. A tel point que je ne sais plus qui éclaire quoi. Alors, fermez les yeux et imaginez ce que vous voulez.

Ce dessin peut également être tiré sur plexiglas au format 50 x 50 cm ou 60 x 60 cm.

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21/09/2015

Odeur

Le paradis… ce lilas qui touche l’âme
Entre deux souffles de brise discrète
Coin de ciel entre les nuages gris
Qui dit : « Respire et va sans but ! »

Le nez au vent tu vas…
Cours aux senteurs du matin
Grise-toi des nuées du raisin
Rampant en pourritures nobles

En passant au pied du ruisseau
Jette ton appendice entre les herbes
Que le barbeau opère son demi-tour
Vers le marais putride

En odeur de sainteté il est parti…
C’est tout ce qu’on en retient
Un brouillard de sentiments
Et la tristesse d’un flacon vide

Combien de fioles as-tu usées
De la senteur des champignons
A celle des bouses animales
Jusqu’à l’acidité des rencontres

Et de toutes ces émanations
Ne manque que celle du paradis
Un bouquet léger mais grisant
Qui emporte l’âme dans l’au-delà

20/09/2015

Art et spiritualité

L’art est spirituel ou n’est pas.
Père Marie-Dominique Philippe

Deux jours d’exposition pendant lesquels je ne suis attentif qu’à une seule chose : transmettre le tremblement de l’être devant la vie et la création. Quelle exigence et combien cela est difficile !

Tout d’abord laisser parler l’autre. Se taire et regarder ce qui en lui est ému ou indifférent. S’il est ému, lui demander doucement ce qui l’émeut. Il ne sait pas, bien sûr, mais il se sait ému. Alors le guider dans cette quête de soi qu’est l’approche d’un tableau.

Le plus souvent, devant l’incompréhension des formes et des couleurs sans représentation d’une réalité connue, la personne est perdue. Elle vous dit : cela me rappelle telle chose ou telle autre chose. Elle fait l’effort de chercher à quoi ressemble ce qu’elle a sous les yeux. Elle voit une forme et cette forme évoque en elle tel souvenir ou telle image. Elle voit une couleur et cette couleur lui rappelle tel ou tel sentiment ou telle et telle émotion. C’est normal. L’adulte juge ce qu’il voit à travers ce qu’il connaît. L’enfant seul est innocent, car il ne peut se raccrocher à ce qu’il connaît. Il éprouve donc une émotion originale et nouvelle devant ce qu’il ne connaît pas. Il n’a pas encore appris à juger le monde par ce qu’il sait du monde. L’adulte ne regarde pas vraiment le monde. Il le regarde à travers sa vision propre. Vous vous êtes bien sûr promené dans une rue que vous connaissez parce que cela fait des années que vous y passez. Et un jour, vous découvrez un détail que vous n’aviez jamais vu. Ce détail transforme votre vision de cette rue. Elle vous paraît nouvelle, belle de surprises. Elle vous a étonné et cet étonnement vous a transformé. Première expérience : l’étonnement devant ce que l’on connaît et découverte d’une autre réalité derrière celle connue.

En réalité, la personne se raccroche à une réalité objective au lieu de se laisser aller à une subjectivité rafraichissante et sans souvenir. Deuxième expérience : sortir de la vision d’un monde objectif qui existe sans nous auquel l’esprit se raccroche en se croyant objectif. Le monde est ce que nous croyons qu’il est jusqu’au jour où on le découvre autre, mystérieux, cachant un invisible au-delà du visible. Là nous sommes touchés et ne savons que dire parce que nous éprouvons un sentiment autre que ceux auxquels nous sommes habitués. Un vide se crée en nous que nous ne pouvons nommer, mais qui nous fait du bien parce qu’il renouvelle notre sens de la vie. La vie est autre que ce que nous avons cru jusqu’à maintenant. Elle cache un mystère qu’il va falloir découvrir.

L’art déjà a fait la moitié de son travail : l’éveil à une autre réalité, apaisante et bouleversante. Mais qu’est-ce ? La recherche personnelle de ce qui nous touche dans la contemplation d’une œuvre d’art va nous permettre d’aller plus loin. L’œuvre nous questionne : écouter les questions, c’est l’objet des deux premières expériences. Il faut maintenant y répondre, c’est-à-dire se laisser guider par autre chose que notre intelligence objective et notre connaissance du monde habituel. Là, l’œuvre d’art abstrait amène la personne à s’interroger d’une autre manière que de tenter de reconnaître ce qu’il a l’habitude de voir. Ne pouvant retrouver ce qu’elle connaît, elle doit s’interroger autrement. Je ne vois rien de connu et pourtant cela m’émeut. Pourquoi ? La personne se décourage très vite. Elle ne sait pas pourquoi elle aime ou n’aime pas et ne trouvant pas de réponse, elle laisse tomber. Je ne sais pas, dit-elle. Il faut l’encourager à aller au-delà. Elle se pose alors des questions techniques : pourquoi cela est-il peint ainsi et pas autrement ? Pourquoi y a-t-il une symétrie entre telle et telle partie du tableau ? Pourquoi lorsque je regarde là je vois telle perspective et lorsque je regarde ici y en a-t-il une autre ? Oui, pourquoi ne pas encourager cette façon de se poser objectivement les raisons de son émerveillement ? C’est une troisième expérience : chercher dans la technique de la peinture ce qui est source d’émerveillement.

Mais très vite la personne se rend compte que cela ne suffit pas à expliquer son étonnement qui en fait se trouve au-delà de la technique. Je contemple le tableau et j’éprouve un vide en moi et ce vide est bon. Il me sort de moi-même. Je suis transformé, je ne sais pourquoi, mais combien est bonne cette émotion que les intellectuels appellent émotion esthétique. Peu importe comment elle est appelée. Elle me transforme et j’en suis bien. Quatrième expérience : c’est une expérience qui n’en est pas une ou plutôt qui est différente. Je n’apprends pas quelque chose. Je vis autre chose. Ce n’est pas un concept que je vais ensevelir dans mon cerveau. C’est un état d’être nouveau que j’éprouve et que j’aime et qui n’est pas lié à mon savoir. Il est subjectif et donc sans intérêt, pensent la plupart des gens. Eh bien non, il est objectif au-delà de l’objectivité construite par notre connaissance. Il est objectif parce qu’il me pose en tant qu’être différent de celui que je suis habituellement. Il est objectif parce qu’il me change et m’oblige à voir autrement, comme je n’ai jamais vu. C’est l’expérience du tout autre, ce que certains appellent le numineux, d’autres l’invisible ou le nuage d’inconnaissance ou encore l’expérience mystique. Peu importe comment on l’appelle. Cette expérience me renouvelle et m’offre une nouvelle vie, ne serait-ce que pour une minute, voire une seconde.

Voilà pourquoi j’aime accompagner chaque personne devant la découverte d’un tableau. En fait je n’explique rien, je le laisse découvrir en lui cet être inconnu qu’il va ensuite tenter de retrouver, d’apprivoiser pour progressivement se fondre en lui.

19/09/2015

Le chant polyphonique géorgien

Une polyphonie qui sonne bizarrement à nos oreilles à l’égal de l’attitude guindée de ces hommes.

https://www.youtube.com/watch?v=j4bGuJteQIo

 

UNESCO: Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l'humanité - 2008
URL: http://www.unesco.org/culture/ich/RL/...  (Mise en ligne le 29 septembre 2009)

Description: Les chansons populaires occupent une place de choix dans la culture géorgienne. Le chant polyphonique en langue géorgienne est une tradition séculaire dans ce pays où la langue et la culture ont souvent été opprimées par divers envahisseurs. On y distingue trois types de polyphonie : la polyphonie complexe, très courante en Svanétie ; le dialogue polyphonique sur un bourdon de basse, surtout répandu en Kakhétie dans l’est de la Géorgie ; et la polyphonie contrastée comprenant trois parties chantées partiellement improvisées, caractéristique de l’ouest du pays. Le Chakrulo, chanté lors des cérémonies et des fêtes et qui appartient à la première catégorie, se distingue par son recours à la métaphore, son yodle, le krimanchuli, et un « cri du coq » exécuté avec une voix de fausset. Certains de ces chants sont liés au culte de la vigne et beaucoup remontent au huitième siècle. Le chant est omniprésent dans toutes les activités de la vie quotidienne, des chants de travail (les
Naduri qui introduisent dans la musique les cris de l’effort physique) aux chants de Noël (Alilo), en passant par les chants de guérison. Des hymnes liturgiques byzantins ont eux aussi intégré la tradition polyphonique géorgienne, au point d’en devenir une expression majeure.

Après avoir subi les effets des politiques culturelles socialistes, la musique traditionnelle géorgienne est aujourd’hui menacée par l’exode rural et le succès croissant de la musique pop. Les nombreux enregistrements de chants polyphoniques effectués sur des disques vinyle au début du vingtième siècle, n’offrent pas de garanties suffisantes pour la préservation de ces données sonores dans le long terme.

18/09/2015

Exposition

Un rappel, sans malice!

Affiche Expo Bellebranche.jpg

17/09/2015

Hôpital

Un hôpital a de grands yeux
Qui s’ouvrent sur la folie des infirmes,
De ceux pour qui le monde n’a pas d’odeur,
De ceux pour qui le monde est un trou noir,
De ceux pour qui les bruits restent secrets.
C’est une plaie béante sur la pauvreté,
Non de l’argent mais des humains déprimés.
Des flacons, des odeurs, des couleurs
Y vivent en harmonie
Pour complaire au malheur.
Du haut des plafonds
Arrive l’écho des plaintes
De douleur ou d’orgueil.
Il s’y imbibe en cercles ronds
Qui s’élargissent en ondes
Et se contredisent en préséance.
Seul le muet ne peut rien dire,
Mais ses convulsions montrent bien
Qu’il veut défendre son droit.
La douleur reste indifférente
A qui la côtoie chaque jour.
J’ai vu des hommes
Rire de la forme d’une blessure,
D’autres pincer pour entendre crier.
Seul reste, avec sa tristesse,
Le pinson suspendu dans sa cage,
A l’entrée de l’hôpital.

©  Loup Francart

16/09/2015

Campus Stellae, chants sacrés du XIIème siècle

https://www.youtube.com/watch?v=EX3-K-YPzu8


Apparition de la polyphonie. Elle est bien sûr différente de celle qui suivra, mais elle a sa beauté.

Tout d’abord pour les premiers chants vous entendez une seconde voix monotone, sur la même note, puis sur deux notes et parfois plus. Les Byzantins appelaient cet note d’accompagnement l’ison qui a pu naître soit d’un instinct harmonique primitif, soit simplement du besoin utilitaire de maintenir le ton. Cette teneur est le plus souvent la même note que la finale.

Puis le début d’une vraie polyphonie avec l’organum latin parallèle qui date de l’apparition de l’orgue importé de Byzance en Occident. Cette hétérophonie suit la mélodie principale en intervalles « parfaits », octave, quinte, quarte, note contre note.

Vint ensuite le déchant à partir du XIème siècle où la voix organale se chante plus haut que la voix principale. Apparaissent des éléments de contrepoint jusqu’à l’organum mélismatique ou à vocalises.  

Un magnifique disque de l'ensemble Discantus dirigé par Brigitte Lesne.

15/09/2015

Illusion 1

Le son résonne entre ces surfaces désunies. Il monte de toutes parts et emplit les oreilles de sons inaudibles. Ce sont les yeux qui les entendent. Ce sont les doigts qui les caressent.

Un silence impressionnant qui danse sans que l’on sache d’où il vient.

Ce dessin peut être tiré sur plexiglas au format 50 x 50 cm ou 60 x 60 cm.

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14/09/2015

Le fond de l’être

Deux jours, deux jours que je vis à la superficie de moi-même. Je racle les parois de la bulle sans jamais me promener  dans l’azur de la seule réalité, le Soi. Le paysage est rugueux, fait d’événements parcellaires, de rires et d’inquiétudes, de rencontres et de ruptures. Rien de suivi dans ces deux jours. La succession devient la norme, je suis sans continuité.

Mais au fond de moi, auquel je n’ai plus accès, je sens la rébellion gagner. C’est une grosse vague que j’entends et qui va tout recouvrir. Que restera-t-il après son passage ? Je ne sais. Pour l’instant je fais le gros dos et préfère ne rien savoir, ne rien penser, n’être que sensations et émotions. Au-delà, une mousse trouble de pensées éparses qui constituent une soupe impénétrable. Une odeur, puis un bruit, puis le toucher frais d’un rêve… Rien de tout cela ne permet d’avancer. C’est une stagnation de l’être, une dissolution du moi dont on ne comprend le mécanisme que lorsqu’il est déjà enclenché. Comme il est difficile de s’en défaire. Je suis comme une bulle d’air enfermée dans une bouteille. Elle courre à la surface contre le verre, séparé par cette attraction du plus léger et désormais rien ne la fera redescendre dans le liquide bouillonnant de la vie réelle, dans cette douceur impensable de l’absence de moi-même. Qu’il est loin ce fond de l’être qui borde le moi et devient le soi.

Alors plonge en toi-même, rassemble tes forces pour te concentrer sur cette descente, prend une apnée, insuffle-toi l’absence pour vivre la présence !

 

12/09/2015

Trou noir

Il enserre dans ses griffes l’espace
Il le chiffonne de ses soubresauts
Et crée des perturbations incontrôlées
Le puits s’ouvre dans la courbure
Il tombe selon sa densité
Et se referme sur lui-même
Plus rien n’en sort
Même pas une parole divine
Le mystère reste entier
Où donc est passé le temps ?
Ce trou dans l’espace est-il
Creusé par le doigt de Dieu
Dans une motte de beurre ?
Même la matière a disparu
Plus rien n’est apparent
Et cet invisible est pourtant
Aussi surement que je suis
Immatériel, dans un corps matériel

©  Loup Francart

11/09/2015

La beauté

Pourquoi sommes-nous attirés par l’immensité du cosmos et dans ce cosmos par le vide qui semble exister ? La beauté serait-elle culminante par l’absence de forme ? Le rien est-il l’amalgame du tout hors de l’espace, du temps et de la matière ? Le rien nous attirerait parce qu’il est la rencontre du tout en un point qui devient l’infini.

Quelle pensée vertigineuse : la rencontre des contraires en un point inimaginable. Peut-être est-ce cela la beauté ? Indéfinissable, elle émerge par intuition et n’est pas démontrable. Mais elle est plus que vraie. Elle surgit de la vérité et en dérive.

Affine ton esprit et laisse aller ton intuition. Tu découvriras la beauté de l’infini, aussi beau qu’un minuscule point de matière en un lieu de l’espace à un moment donné.

09/09/2015

Haïku

Matin, bleu divin
Voler entre les poubelles
Arriver, béat

 

haïku est une forme japonaise de poésie permettant de noter les émotions, le moment qui passe et qui émerveille ou qui étonne.

C'est une forme très concise, dix-sept syllabes en trois vers (5-7-5).

(http://www.tempslibres.org/tl/fr/theo/mode01.html)

08/09/2015

Trouble 2

A nouveau, il est peint et il conserve son trouble : des points et lignes blanches apparaissent entre les signes noirs et reviennent aussitôt les points et lignes blanches en surimpression sur le blanc.

Reprenez le tableau du 8 avril 2015. Ce n’est pas le même en couleurs inversés, mais celui-ci procède de la même construction. Et comme lui, il représente les signes de l’invisible derrière le visible.

Les points existent sans exister. Ils ne sont pas visibles et pourtant on les voit.

 

Acrylique sur toile
1m x 1m
septembre 2015

07/09/2015

Exposition d'art cinétique

Une nouvelle exposition :

Affiche Expo Bellebranche.jpg

 

06/09/2015

Le nombre manquant (récit insolite 13)

         Trois heures du matin. Un coup de fil me réveilla. C’était Vincent.

– Ils ont recommencé, m’annonça-t-il.

– De quoi me parles-tu ?

– Les pirates. Ils sont à nouveau entrés dans notre base malgré toutes précautions prises.

– Comment le sais-tu ?

– A nouveau, le terme zéro est devenu orez. Dans tous les documents et pas seulement dans un des ordinateurs du réseau. Ce qui signifie qu’ils connaissent notre système de sauvegarde et qu’ils peuvent modifier nos fichiers sans aucune difficulté.

– Ce que je ne comprends pas, c’est le pourquoi de ce changement de nom. Es-tu sûr qu’il n’y a pas d’autres modifications ?

– Absolument sûr ! J’ai passé ma soirée à vérifier avec le comparateur. Je n’ai vu que cette différence.

– C’est peut-être un message que l’on cherche à nous faire passer.

– Peut-être. Mais il est bien incompréhensible. Cela peut aussi être l’œuvre d’un mauvais plaisant qui cherche à nous prouver son habileté. Enfin, et ce serait plus inquiétant, ce peut-être une affaire beaucoup plus sérieuse. Un espionnage qui laisse intentionnellement une trace pour voir nos réactions et anticiper. Ceci pourrait alors être l’œuvre soit d’un niveau étatique, soit du niveau d’une organisation inconnue qui cherche quelque chose, mais quoi ?

– Si c’est cela, nous sommes mal partis, constatai-je. Que comptes-tu faire ?

– Pour l’instant je ne sais. Mais nous devons en discuter, donc nous réunir très rapidement et nous poser la question de l’action à mener.

– Cela me semble logique. On se réunit aujourd’hui ?

– Oui, cet après-midi, à quatorze heures. Tu peux ?

– Oui, aucun problème. Alors, à cet après-midi.

Notre petit groupe se réunit après le déjeuner : analyse, hypothèses, recherche de solutions. Mais peu de choses en sortie. Il fallait en savoir plus sur les intentions de l’auteur du piratage et rien pour l’instant ne nous avait mis sur la voie.

– Tendons-leur un piège, dit tout à coup Mathias. S’ils tombent dedans nous saurons qui ils sont et ce qu’ils veulent.

– Excellente idée, mais quel piège et comment les attirer ? répliqua Vincent.

– La première des choses est de savoir ce qui les intéresse dans nos recherches, dit Claire. Est-ce l’aspect scientifique, la numérologie et la cosmologie ? Est-ce l’aspect métaphysique, les notions d’infini vues par les philosophes ? Est-ce l’aspect ésotérique, les confusions possibles entre le zéro, le néant, l’infini et le tout ? Pourquoi ne pas mettre dans un nos textes récents une allusion à une découverte fondamentale dont on ne mettra que quelques bribes qui attireront les pirates et nous révèleront leurs motivations.

– Qu’est-ce que vous proposez concrètement, demanda Vincent, toujours avec une pointe d’ironie vis-à-vis de l’intruse, comme il l’appelait lorsqu’elle était absente.

– Pourquoi tout d’abord ne pas tenter de savoir s’ils sont intéressés par l’argent, le pouvoir ou la renommée, dit Mathias, avant de savoir quel est le sujet de leur recherche.

– L’idée de Claire me semble excellente, dis-je. Que vaut-il mieux ? Rechercher le sujet ou le mobile. C’est à étudier. Il faut maintenant que chacun réfléchisse à la manière d’attirer nos faussaires. Coupons à nouveau notre base du réseau et mettons-nous au travail. Rendez-vous dans deux jours chacun avec une proposition acceptable. Nous choisirons ce qui nous semble le meilleur.

L’ensemble des participants acquiescèrent. Vincent fit cependant remarquer que mettre à l’abri la base de données donnerait une indication claire aux pirates. Nous savons que nous avons été piratés et nous nous posons la question de savoir ce que nous devons faire. Peut-être valait-il mieux faire comme si nous ne nous étions aperçus de rien et chercher la parade sans donner l’alerte.

– Je pense qu’il a raison, dit Mathias. Evitons de nous servir de la base et ne nous contactons pas pendant quelques jours en faisant semblant d’être très occupés à autre chose.

Sur ces recommandations, la séance fut levée.

05/09/2015

Attente

Ne rien chercher ! Ne pas penser !
C’est ainsi que viennent les idées
Quelle drôle de façon de trouver.
Y a-t-il des possibilités d’avancer ?

Laisse travailler en roue libre.
Ne te perd pas en recherche fébrile.
Retrouve un propice équilibre
Et soupèse arme et calibre.

L’idée vient lorsqu’elle est prête.
Elle dévoile sa fumée joliette
Et signale sa venue dans l’oreillette.
De pique-assiette, elle devient rondouillette.

Alors détend-toi, le regard à l’horizon.
Peux-tu te croire  ainsi en prison ?
Rien. Ne pense à rien. Pas de trahison.
Juste : attend la prochaine lunaison.

Tout viendra sans peine ni reproche.
Nul besoin d’engeance ou de taloches,
Tout se passe dans la caboche.
Et quel bonheur que cette approche !

©  Loup Francart

04/09/2015

Mémoires d’un rebouteux breton, écrites par Catherine Ecole-Boivin

Personnalité émotive, réfléchie, sous une allure en retrait, sérieuse et un tempérament en ébullition, il était considéré durant son enfance comme un garçon agité, nerveux et remuant. Il possède cependant une disposition phénoménale pour le calcul. Le calcul mental, les mathématiques, sont, avec ce que nous ne calculons pas, l’infini de l’homme, sa géométrie.

Portrait, biographie, histoire et mémoire d’un rebouteux. C’est un livrepaysan,rebouteux,vis,société d’impressions, de sensations, plus que de sentiments ou d’idées. On sent la main qui ausculte, qui palpe, qui caresse, qui remet à leur place tendons, muscles, articulations, avec douceur. (…), lui, guérit avec ses mains. Il se sert de l’imperceptible, de l’invisible qui produit le sensible, mais aussi la logique du corps. La vie en lui bouillonne à flots, encore aujourd’hui, cette énergie qui l’habite en continu. Etrange impression de force qui le tenaille depuis le départ. Il bouge constamment, il est comme toujours animé, électrique. Pour lui, le corps n’est pas une prison, ni un tombeau, le corps est le vivant de l’esprit. Les deux sont liés.

Et commence son histoire, l’histoire d’un petit garçon dont la passion est de regarder son père, rebouteux, masser et soigner dans ce monde paysan à mi-chemin entre la Bretagne et la Normandie, près du Mont Saint-Michel. Je suis un enfant, c’est-à-dire un être non pensant (…). Un être inapte aux souvenirs et à élaborer sa propre pensée, un invisible. Les gestes de mon père se répètent, il tourne les membres, les étire, les plie d’une certaine façon. Je remarque une pression, puis une autre. J’enregistre le mouvement. Les gens crient un peu, retiennent leur surprise, dans un vagissement venant des profondeurs. Le soulagement presque instantané de ceux qui sont passés entre ses mains leur redonne confiance. Pendant qu’il les raccommode, tous parlent avec leur soigneur, des semailles, des travaux à finir le lendemain, de leurs bêtes, de leurs affaires, des ventes et des locations de terre. Aussitôt rassérénés, ils repartent avec tellement de joie. Mon père n’en éprouve visiblement pas de fierté. Je suis fier à sa place.

Une vie rude, dure au départ, et, en permanence, la puissance du dedans qui soutient l’homme, le modèle, l’entraîne toujours plus avant dans la compréhension des corps. Notre métier de rebouteux n’a rien à voir avec le magnétisme, pas de fluide. (…) C’est l’usage qui fait la différence et le palper. Rebouteux, c’est un travail manuel, pas de la sorcellerie. Là on doit agir, on passe notre main et ça grésille sous le doigt, la tension de la douleur de l’autre, celui qui se croit abandonné par la chance, nous résonne dans les doigts. (…) Je vois avec les mains. Le vide qui existe entre nos mains et la peau du souffrant, on en fait quelque chose : « Après tout : le diplôme à celui qui guérit. »

Au fil des chapitres, on revit sa vie : garçon boucher, béret rouge, boxeur, maquignon, rebouteux enfin. On apprend sur les dons, don du zona, don du remaillage des articulations, don de réparation des corps-machines, toutes sortes de don, avec celui de la douceur physique et de la chaleur des mots.

Quatre-vingt-cinq ans. Une vie dans les mains, des milliers de patients rafistolés, et toujours l’espoir. La preuve : il se remarie une troisième fois à soixante-dix-neuf ans.

Merci à l’auteur qui nous fait entrer dans ce monde de notre enfance où les paysans avaient du bon sens et non du savoir.

03/09/2015

Le nombre manquant (récit insolite 12)

            J’avais toujours été intrigué par l’aspect mystérieux de certains chiffres qui peuvent se transformer en lettres. Ainsi en est-il du chiffre Un et de la lettre Aleph, première lettre de l’alphabet hébreu. Je n’avais jamais eu le temps de creuser cette révélation d’un mariage entre chiffre et lettre. Voyant Claire prête à s’intéresser à toute sorte de sujets, je la priais de centrer ses recherches sur ce mystère.

Deux jours plus tard, lors de notre réunion hebdomadaire, elle fit part de sa découverte. Elle avait lu un article écrit par Rav Yits'hak Jessurun, du Centre d'Etudes Juives Ohel Torah, et en avait tiré des éléments intéressants.

– Il explique que la lettre "Aleph" ne se prononce pas. C'est une lettre muette. Une lettre sans sonorité ou expression orale. L'existence de cette lettre provient uniquement de son silence, de ce qu'elle permet à d'autres lettres de suivre et de ce qu'elle permet aux voyelles (qui dans la langue hébraïque ne sont pas proprement des lettres) de s'associer à elle. Alors, pourquoi une lettre muette ? Pourquoi la langue hébraïque conserve-t-elle un signe qui, en fin de compte, est une "non-lettre" ? Certes, bien d'autres langues connaissent ce phénomène, comme la langue française qui possède un "H" muet et un "E" muet. Mais là cette lettre est intentionnellement muette. L’ "Aleph" est un caractère de silence qui précède les autres lettres, celles de la parole.

– Tout ceci est sans aucun doute très intéressant, mais je ne vois pas ce que cela peut nous apporter dans nos recherches, dit Vincent, toujours très pragmatique.

– Si justement. Dès l’instant où l’Aleph représente le silence, c’est-à-dire l’absence de parole, on pourrait penser que le chiffre qu’elle représente est le Zéro. Or il n’en est rien. Elle représente le nombre Un. Aleph comme E’had (=Un). E’had, c’est l’Un, l’Unique et l’Unicité. Ne trouvez-vous pas extraordinaire qu’un mot qui ne se prononce pas soit assimilé au Un, c’est-à-dire au Tout mystique, voire à Dieu, Un et insaisissable ? L’Aleph est l'âme de l'alphabet hébreu et c'est elle qui anime cette langue en insufflant l'immanence divine à toutes ses lettres et à tous ses mots !

– Tout ceci me semble très embrouillé, dit Mathias. J’avoue que pour l’instant, cela ne m’apporte que des maux de tête. Comment une seule lettre, même la première, peut-elle résumer la philosophie de l’existence du monde et unir le Un et le Néant ?

– Je n’ai pas parlé du néant. Je n’ai parlé que du silence dans le bruit des mots, du contraste existant entre le son et l’absence de son, et, in fine, du rapprochement des contraires. N’est-ce pas ce dont vous m’avez parlé lors de mon initiation à vos recherches ?

– Vos dernières explications m’ouvrent de nouveaux horizons, dis-je, même si elles restent encore très obscures. J’avoue avoir été dubitatif dans vos premières explications, mais je pense qu’effectivement il y a là quelque chose à creuser. Bravo, Claire, vous avez montré votre perspicacité. Vous méritez réellement de faire partie de notre groupe. Je pense que nous pouvons vous laisser encore un peu de temps pour poursuivre les recherches sur cette énigme de l’alliance du Rien du Tout et de l’abime infranchissable entre le Un et le Zéro.

– Avez-vous lu la nouvelle de Georg Luis Borgès, l’Aleph ? Cette nouvelle me semble intéressante. Elle illustre la possibilité pour un humain de saisir, à travers un point de l’univers, sa totalité. Ce point, c’est l’Aleph, une lettre qui ne se prononce pas (c’est moi qui tire cette conclusion), parce que l’écrivain ne peut décrire ce qu’il a vu : « Ce que virent mes yeux fut simultané, ce que je transcrirai, successif, car c’est ainsi qu’est le langage ». Et que vit-il : « L’Aleph est le lieu où se trouvent, sans se confondre, tous les lieux de l’univers, vus de tous les angles. » En un regard, le Tout visible, la totalité du cosmos en un seul point.

– C’est effectivement une approche intéressante, mais j’avoue que pour l’instant je ne vois pas ce que nous pouvons en faire, dit Mathias.

– Avant de construire une vision d’ensemble, dit Claire, on construit des petits bouts de vérité qui constituent une première cohérence. Ce n’est qu’ensuite, que cette cohérence s’étend à plusieurs petits bouts, jusqu’au moment où tout cela fabrique un ensemble  ou plutôt des ensembles ayant une cohérence globale inattaquable. Contentons-nous de cette première approche, et gardons-la en réserve, nous verrons bien ce que nous en ferons.

Les échanges dûment enregistrés par Vincent, furent mis dans la base de données et Claire déclara qu’elle poursuivait se recherches. Elle avait raison, il faut être patient. Mais elle énerva un peu mes deux compères. Elle semblait si sûre d’elle.

02/09/2015

Coup-de-fouet, roman de Bernard du Boucheron

Est-ce un roman ou une biographie, l’histoire d’un homme ou d’un affrontement entre deux hommes, le lieutenant et le piqueux, la fin d’une société qui n’a plus sa place dans le monde moderne ? C’est sans doute un peu tout et cela complique quelque peu la compréhension du livre.

L’auteur connaît bien le monde de la vénerie. Il s’en régale, la décrivant de15-09-02 Coup de fouet, B du Boucheron.jpg courtes phrases, rapides comme le galop du cheval favori du lieutenant Hugo de Waligny, Diamant Noir. On s’y parle courtoisement, mais avec sécheresse. C’est un peu forcé, mais c’est assez proche de la vérité. Un monde d’une autre époque, mais qui existe encore, comme un reflet dans une vitre. Le lieutenant ne brille que par exagération, dans sa manière de chasser, de monter, de parler aux femmes, d’affronter le peuple. C’est une caricature, mais cela existe.

L’auteur connaît moins bien le monde de la vraie l’équitation, sinon de manière mondaine. Le chapitre 10, compte-rendu de diverses courses montées par le vicomte, fait plus amateur que professionnel. C’était le monde des gentlemen riders d’autrefois. Depuis, ils sont devenus des quasi professionnels.

L’auteur parle de la guerre, mais une guerre à cheval, de la première année de la première guerre mondiale. Elle semble irréelle, comme un rêve qui passe dans l’affrontement titanesque entre le maître et le piqueux Jérôme Hardouin, dit Coup-de-Fouet. Ils se valent, se regardent et chacun veut en faire plus que l’autre. Cela se termine par un drame, le sacrifice d’un escadron de deux pelotons et la survie d’un seul, le capitaine de Waligny. Mais celui-ci est fou ou considéré comme tel.

La vie décline progressivement dans le corps de ce militaire dont la femme, la belle reine des amazones, rivalise avec lui d’échanges amères. Triste fin que celle de ce cavalier. Méritait-il celle-ci ?

C’est un beau livre, un peu pédant, un peu envoûtant à la manière du Grand Meaulnes, mais plus incisif et masculin. Dans toutes ces actions, on a du mal à s’y retrouver.

La vie s’en va, mais qu’est-elle ? On ne sait. C’est un théâtre auquel se confronte l’homme. La femme n’y est que décor, ce qui semble passé de mode.

01/09/2015

Pleine lune

Le rayon m’atteint l’œil…
Réveil et illumination !

Les astres sont bouleversés
Ou mon horloge interne
Fait preuve d’ivresse…

Regard au bras : deux heures…
Jour comme dans un four,
Je brûle d’un coup de lune…

L’esprit bouleversé, je m’étonne.
Est-ce le don de voir sans soleil ?
Comme l’ange, je courre
Dans l’herbe mouillée des prés
Et m’étonne de cette glisse
Dans les nuages de la nuit…

Ainsi le blanc de l’œil
Est seule partie visible
Des corps en perdition
Dans cette "ouateur" incertaine…

Avance aux yeux de l’éternité…
Et, envole-toi plus loin
Dans la chaleur du rien…

©  Loup Francart