01/12/2022
Saison
Riant, le soleil fait sa pause
Il a suffisamment travaillé ce matin
Ouvrir les volets, écarter le rideau
Essuyer avec les doigts la buée
Des vitres qui donnent sur la rue
Et tenter d’apercevoir le clocher
Qui s’enfonce dans la brume
Ah ! Le boulanger est levé
Il est donc cinq heures et demie
Brr… Quel froid ce matin
Une lueur se lève vers l’est
Le ciel est clair et l’eau prudente
D’ici un moment, il luira
De toutes ses forces vaines
Le village se lèvera, courageux
Et les adultes partiront au travail
Les uns à la cueillette, les autres à la traite
D’autre encore sur leur tracteur
Pétaradant à qui mieux mieux
Dieu, qu’il fait chaud ! se dit-il
C’est l’été, ne sais-tu pas !
05:11 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : chaleur, sudation, étonnement | Imprimer
26/09/2021
Le renard et la belette
Le regard emporté du renard
Se porta sur la belette maligne
Qu’est donc cet animal si mouvant ?
Il haussa la tête, humant l’air
Bien camouflé, avança prudemment
Qu’est donc cet être mobile
Qui danse de mille pattes
Et chante à la lune sa gaité ?
Son œil prudent s’humecta
La belette virevolte et s’amuse
Des mille précautions du renard
Qui ne voit qu’elle le voit
Elle disparut de la vue acerbe
Du tas de poils orangé et puant
Et se découvrit rayonnante
A quelques pas du curieux
« Qui donc, Monsieur, observez-vous
De cet œil plein d’appétit
Ne serait-ce pas la conjoncture
De ma présence pleine et entière ? »
Retourné et surpris, le renard
N’osa saisir l’animal opportun
Alors celui-ci le prit par le cou
Lui passa la patte dans le dos
Et lui dit chaleureusement :
« C’est fini, amusons-nous
C’est plus qu’une opportunité
Cela devient une nécessité ! »
Depuis, dans plaine dénudée
Le renard et la belette
Égayent leurs amis, contant
Des faits inimaginables :
« La joie est le meilleur de l’être »
03:22 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : fable, étonnement, vie | Imprimer
20/09/2021
Voyage imaginaire
Nuit… Nue comme un courant d’air
Elle sortit du lit, fleur égarée
Et courut en tremblant
S’abriter sous les cris des enfants
Elle avait lu ces contes fantaisistes
Où l’âne devient roi et le roi maudit
Le noir lui avait porté conseil
Elle tentait une nouvelle approche
Comment se donner sans fard
Et dire aux sujets du royaume
Vous êtes le sel de la terre
Et les fleurs du ciel étoilé
Elle pleura longtemps son corps
Devenu solitaire et esseulé
Elle n’avait pas connu ce délabrement
Depuis les jours sans désir
Elle comprit alors l’engagement
Des consacrées dans l’absence
D’une vie sans poids ni mesure
Baignant dans la félicité
Où poursuit-elle maintenant et dans l’avenir
Le cœur transparent de lumière
Reposée, assagie et vierge
D’un bonheur d’infinitude
02:59 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : réveil, étonnement, autre vie | Imprimer
27/12/2019
Fleurs
Les femmes aiment qu’on leur offre des fleurs. Les hommes s’y plient, mais le plus souvent ne comprennent pas pourquoi.
Au premier degré, ils l’expliquent par deux raisons. D’une part, les femmes aiment se parer et s’entourer de belles choses, d’autre part, c’est une coutume et une forme de politesse à laquelle l’homme sacrifie en hommage à la femme. Mais ces deux raisons n’expliquent rien, elles ne sont qu’extérieures.
Dans un deuxième degré, se cachent les raisons intérieures qui ont créé ce qui est devenu une coutume. Les fleurs font vibrer chez une femme une sensation et un sentiment physique, écho du sentiment de faire naître et de laisser s’épanouir un enfant en son sein. Plus profondément encore, les fleurs éveillent en elles un sentiment d’épanouissement, de plénitude face à la vie, d’ouverture et de fraîcheur intuitive que l’homme, plus intellectuel, ne perçoit plus en lui.
La fleur est symbole de jeunesse et d’étonnement au monde face au créateur qui entretient à chaque instant la vie.
07:46 Publié dans 11. Considérations diverses | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : nature, sentiment, étonnement, ouverture | Imprimer
20/09/2015
Art et spiritualité
L’art est spirituel ou n’est pas.
Père Marie-Dominique Philippe
Deux jours d’exposition pendant lesquels je ne suis attentif qu’à une seule chose : transmettre le tremblement de l’être devant la vie et la création. Quelle exigence et combien cela est difficile !
Tout d’abord laisser parler l’autre. Se taire et regarder ce qui en lui est ému ou indifférent. S’il est ému, lui demander doucement ce qui l’émeut. Il ne sait pas, bien sûr, mais il se sait ému. Alors le guider dans cette quête de soi qu’est l’approche d’un tableau.
Le plus souvent, devant l’incompréhension des formes et des couleurs sans représentation d’une réalité connue, la personne est perdue. Elle vous dit : cela me rappelle telle chose ou telle autre chose. Elle fait l’effort de chercher à quoi ressemble ce qu’elle a sous les yeux. Elle voit une forme et cette forme évoque en elle tel souvenir ou telle image. Elle voit une couleur et cette couleur lui rappelle tel ou tel sentiment ou telle et telle émotion. C’est normal. L’adulte juge ce qu’il voit à travers ce qu’il connaît. L’enfant seul est innocent, car il ne peut se raccrocher à ce qu’il connaît. Il éprouve donc une émotion originale et nouvelle devant ce qu’il ne connaît pas. Il n’a pas encore appris à juger le monde par ce qu’il sait du monde. L’adulte ne regarde pas vraiment le monde. Il le regarde à travers sa vision propre. Vous vous êtes bien sûr promené dans une rue que vous connaissez parce que cela fait des années que vous y passez. Et un jour, vous découvrez un détail que vous n’aviez jamais vu. Ce détail transforme votre vision de cette rue. Elle vous paraît nouvelle, belle de surprises. Elle vous a étonné et cet étonnement vous a transformé. Première expérience : l’étonnement devant ce que l’on connaît et découverte d’une autre réalité derrière celle connue.
En réalité, la personne se raccroche à une réalité objective au lieu de se laisser aller à une subjectivité rafraichissante et sans souvenir. Deuxième expérience : sortir de la vision d’un monde objectif qui existe sans nous auquel l’esprit se raccroche en se croyant objectif. Le monde est ce que nous croyons qu’il est jusqu’au jour où on le découvre autre, mystérieux, cachant un invisible au-delà du visible. Là nous sommes touchés et ne savons que dire parce que nous éprouvons un sentiment autre que ceux auxquels nous sommes habitués. Un vide se crée en nous que nous ne pouvons nommer, mais qui nous fait du bien parce qu’il renouvelle notre sens de la vie. La vie est autre que ce que nous avons cru jusqu’à maintenant. Elle cache un mystère qu’il va falloir découvrir.
L’art déjà a fait la moitié de son travail : l’éveil à une autre réalité, apaisante et bouleversante. Mais qu’est-ce ? La recherche personnelle de ce qui nous touche dans la contemplation d’une œuvre d’art va nous permettre d’aller plus loin. L’œuvre nous questionne : écouter les questions, c’est l’objet des deux premières expériences. Il faut maintenant y répondre, c’est-à-dire se laisser guider par autre chose que notre intelligence objective et notre connaissance du monde habituel. Là, l’œuvre d’art abstrait amène la personne à s’interroger d’une autre manière que de tenter de reconnaître ce qu’il a l’habitude de voir. Ne pouvant retrouver ce qu’elle connaît, elle doit s’interroger autrement. Je ne vois rien de connu et pourtant cela m’émeut. Pourquoi ? La personne se décourage très vite. Elle ne sait pas pourquoi elle aime ou n’aime pas et ne trouvant pas de réponse, elle laisse tomber. Je ne sais pas, dit-elle. Il faut l’encourager à aller au-delà. Elle se pose alors des questions techniques : pourquoi cela est-il peint ainsi et pas autrement ? Pourquoi y a-t-il une symétrie entre telle et telle partie du tableau ? Pourquoi lorsque je regarde là je vois telle perspective et lorsque je regarde ici y en a-t-il une autre ? Oui, pourquoi ne pas encourager cette façon de se poser objectivement les raisons de son émerveillement ? C’est une troisième expérience : chercher dans la technique de la peinture ce qui est source d’émerveillement.
Mais très vite la personne se rend compte que cela ne suffit pas à expliquer son étonnement qui en fait se trouve au-delà de la technique. Je contemple le tableau et j’éprouve un vide en moi et ce vide est bon. Il me sort de moi-même. Je suis transformé, je ne sais pourquoi, mais combien est bonne cette émotion que les intellectuels appellent émotion esthétique. Peu importe comment elle est appelée. Elle me transforme et j’en suis bien. Quatrième expérience : c’est une expérience qui n’en est pas une ou plutôt qui est différente. Je n’apprends pas quelque chose. Je vis autre chose. Ce n’est pas un concept que je vais ensevelir dans mon cerveau. C’est un état d’être nouveau que j’éprouve et que j’aime et qui n’est pas lié à mon savoir. Il est subjectif et donc sans intérêt, pensent la plupart des gens. Eh bien non, il est objectif au-delà de l’objectivité construite par notre connaissance. Il est objectif parce qu’il me pose en tant qu’être différent de celui que je suis habituellement. Il est objectif parce qu’il me change et m’oblige à voir autrement, comme je n’ai jamais vu. C’est l’expérience du tout autre, ce que certains appellent le numineux, d’autres l’invisible ou le nuage d’inconnaissance ou encore l’expérience mystique. Peu importe comment on l’appelle. Cette expérience me renouvelle et m’offre une nouvelle vie, ne serait-ce que pour une minute, voire une seconde.
Voilà pourquoi j’aime accompagner chaque personne devant la découverte d’un tableau. En fait je n’explique rien, je le laisse découvrir en lui cet être inconnu qu’il va ensuite tenter de retrouver, d’apprivoiser pour progressivement se fondre en lui.
07:36 Publié dans 61. Considérations spirituelles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art, étonnement, spiritualité, vie | Imprimer