28/02/2019
Relier
Il se leva et fut. Dans la nuit, il s’enfuit.
Au matin, il errait et la bougie revit.
Quand est-il apparu ce morceau de soleil
Qui vibre dans l’air et défie les abeilles.
Cet instant sublime ne peut être aperçu,
Car Rien, jusqu’au moment où l’aube est apparue.
Tiens-toi sur la corde raide, ni à gauche ni à droite,
Là où ce fil vivant fait la voie étroite.
© Loup Francart
Poème inspiré par la poésie chinoise :
"Ici, nul drame, nul discours, le poème réfléchit un simple instant de la nature. Mince l'horizon des mots, immense le regard du poète. Entre lui, la la nature et le poème s'établit une coïncidence silencieuse. Le poème chinois n'est pas tant une description qu'un reflet quintessencié du monde.
Restituer à la fois l'être du paysage et les paysages de l'être.
Saisir ces instants-déclics où se dévoilent la lumière du vide".
Voir La montagne vide, anthologie de la poésie chinoise IIIe - XIe siècle, traduite et présentée par P. Carré et Z. Bianu, spiritualités vivantes, Albin Michel, 1987, p.9 et 10.
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27/02/2019
Vivre avec un poète
Vivre avec un poète n’est pas chose aisée,
Car on sait que toute situation est observée,
Qu’elle soit ordinaire, drôle ou insolite,
Elle est bonne à devenir un objet de poésie.
Cela germe dans la tête du poète soudainement
Et se dévide la litanie des vers sans fin.
Ils finissent un jour, auréolés de gloire,
Ou, par jalousie, jetés à l’opprobre,
Ou, encore, emplis de la honte de l’indifférence.
Mourir dans la peau d’un poète est simple,
Il suffit d’écrire et de se laisser aller.
© Loup Francart
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26/02/2019
L'enchanteresse
Sait-elle ce qu’est la mort, cette vision frêle
Qui court le long des murs et repose sur trois pieds.
Elle tient lieu de beauté, sans être naturelle
Et se pare d’artifice sans autre marchepied.
Elle débarqua un jour et fit un beau bazar,
Perdue aux méandres du fleuve de la mort.
Elle erra longuement en vertu des hasards
Et secoua ses atours en laissant tous ses torts.
Rien ne vient des malheurs, tout reste à craindre.
Y a-t-il plus jaloux que l’homme et la femme,
Ensemble et séparés, cherchant à se joindre,
Hors toute intimité aux pieds de l’infâme.
Ainsi devenus un, ils se regardent enfin,
Revêtus des délices, parés de mille feux,
Avant de s’étonner, sans jamais avoir faim,
De la fin d’une vie à l’heure du couvre-feu.
C’est alors que défilent les vertus du passé,
Les odieux souvenirs, les glorieux matins,
Les prières du soir, les ombres effacées,
Pour enchanter les jours et mourir en catin.
© Loup Francart
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25/02/2019
Contemplation
Contemplation :
état suprême d'être qui, pour celui qui le vit,
abolit l'espace et le temps, le bien et le mal.
Vivre au-delà.
07:15 Publié dans 61. Considérations spirituelles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : contemplation, méditation, esprit | Imprimer
24/02/2019
Progrès
Noirceur de la nuit
Lueur d'une ère nouvelle
Le feu du progrès
07:29 Publié dans 31. Pictoème, 46. Haïku | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : pictoème, dessin, haïku, poème | Imprimer
23/02/2019
Fontaine
D’une fontaine de maux
Jaillissent par monts et par vaux
Entourés d’un vif halo
Ces mots :
Anubis n’a pas ri
Il ne s’est pas nourri
Comme ces verts philanthropes
De ces galeux métatropes
Une étoile inconnue
Dans le ciel a été vue
Il s’agissait des joyaux
D’un ver luisant dans l’eau
Quelle belle faribole
L’orage la carambole
Elle est tombée du puits
Elle a basculé sans bruit
© Loup Francart
07:01 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, écriture, poème, littérature | Imprimer
21/02/2019
Mouton
L’homme est un mouton dans la violence comme dans la lâcheté.
07:17 Publié dans 61. Considérations spirituelles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politiquement correct, opinion, consensus | Imprimer
20/02/2019
Faux
Un faux départ ne peut faire une vraie arrivée
Un faux pas de même n’empêche pas de courir
Seul un faux prétexte te permet de t’échapper
Si tu es accusé du péché de sourire
Bien qu’aussi le faux rire soit toujours possible
Il est recommandé de n’être pas faux cul
Répandre le faux demeure inaccessible
De tristes faux-propos ne font pas le vécu
N’est-il pas méritant d’user de faux billets
Pour sans vergogne s’acheter un faux-filet
Jurer toujours de n’être pas un faux jeton
Pour que les faux amis s'esquivent à tâtons
Alors, pour une fois, engage de faux frais
Ne cherche pas à distinguer le faux du vrai
Ne fait pas un fromage du recours au faux mage
Rend à la vérité un dernier hommage
© Loup Francart
07:22 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, écriture, poésie, littérature | Imprimer
19/02/2019
Matin
Un plan envoûte
Un éclat transperce l’œil
Le matin surgit
© Loup Francart
07:22 Publié dans 22. Créations numériques | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : collage, fond mixte, échappement | Imprimer
18/02/2019
Méconnaissance
L’homme dans la contemplation intérieure de son propre corps peut accéder à la compréhension de sa grandeur et de sa misère. Il peut saisir sa grandeur par le fait que son corps est un univers à lui seul, qu’il constitue un tout indépendant par son physique et sa pensée par rapport au reste du monde ; mais cette vision le mène à la compréhension de sa misère par le fait même que ce tout serait néant sans le monde.
L’homme est l’exact intermédiaire entre le néant et l’infini et est en cela partagé entre le bien et le mal. Il est heureux pour lui qu’il n’ait pas connaissance de ce que sont le néant et l’infini, car seule cette méconnaissance lui permet de vivre. La difficulté d’être ne vient qu’avec l’intuition de ces deux extrêmes.
07:44 Publié dans 11. Considérations diverses | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : sagesse, connaissance, univers, néant, infini | Imprimer
17/02/2019
L'art spéculateur
La peinture n’est pas ce que l’on croit
Elle n’enchante ni enfants ni vieillards
Elle ne divinise plus les amateurs d’art
Elle est devenue un tas d’or et de pierreries
Que se partage une multitude de spéculateurs
Seul face au blanc de la toile
L’artiste, si l’on peut l’appeler ainsi
Peint les billets de banque ressurgis
D’une mémoire sélective
Il ne crée plus la beauté intègre
Il ne dispense plus le fumet du rêve
Il s’accroche aux chiffres d’une bourse
Dispendieuse et mathématique
Qui fait bondir son cœur
Et gonfle son portefeuille
Est-il question de couleurs ou de traits ?
Seule s’empare de l’artiste la fièvre
De vallées de pièces d’or et d’orfèvrerie
Peu importe l’harmonie
Peu importe la consonance
Peu importe l’équilibre
Seul compte le devenir
D’un chef-d’œuvre imaginaire
Que s’arracheront les héritiers
D’un monde sans rêves ni cauchemars
Quelle robe immaculée que celle du banquier
Et quelle fragrance que celui de l’or
Qui coule à flots du tube de couleur
Tout est gris, mais si séduisant !
© Loup Francart
07:27 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, écriture, poème, littérature | Imprimer
16/02/2019
Aube
Le vert s’est recouvert de sa pellicule
De blancheur froide et enveloppante
Les princes de la nuit ont encore
Joué un tour aux anges du jour
Que diable, où sourire maintenant ?
Devons-nous aller jusqu’à la glace
Pour comprendre le froid qui règne ?
Seuls les grands arbres restent verts
Revêtus d’une couronne imposante
Réchauffée par la main ensoleillée
D’un matin au ciel translucide
Au fond des vals,une brume persistante
Emmitoufle les cours d’eau
Et leur permet un dernier sommeil
Avant leur fuite vers les mers lointaines
A l’horizon, la forêt bat son plein
De clarté et d’aisance recueillie
Pourquoi monter plus haut
Puisque déjà la terre m’apparaît
Et me dit lumière et plénitude
Ainsi va la vie, fière et fuyante
Devant l’avancée des heures
Et l’approche des humains
© Loup Francart
07:05 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, écriture, poésie, littérature | Imprimer
15/02/2019
Raison
Il faut déjà beaucoup de raison pour prendre conscience de l’insuffisance de la raison en certaines matières, en particulier dans les domaines du divin et de l'art.
07:16 Publié dans 61. Considérations spirituelles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : raison, connaissance du monde, connaissance de soi | Imprimer
14/02/2019
Rire, le propre de l'homme
https://www.youtube.com/watch?v=R6YrYd2dasw
07:59 Publié dans 12. Trouvailles diverses | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : rire, fou-rire, société, joie | Imprimer
13/02/2019
Nature humaine
La nature féminine tient à deux choses : la douceur et la fragilité ; la nature masculine à la force et la détermination.
Longtemps il s'est demandé ce qui provoque la naissance de l’amour d’un homme pour une femme et d’une femme pour un homme. Il a mis beaucoup de temps à comprendre que ce qui attire une jeune femme vers un homme en particulier tient à l’idée de sa force. Il lui plaît et elle conjecture sur lui parce qu’il est fort. Il ne s'agit pas de la force physique, encore qu’elle joue bien sûr un rôle, mais de la force de caractère. Il est fort face à la vie et cette force saura la protéger. Elle sent que quoi qu’il arrive, elle pourra se fier à lui et s’appuyer sur lui. Inversement, par nature, le jeune homme rêvera à la douceur de la femme et se laissera porter vers celle qui incarne le mieux pour lui la douceur. C’est bien sûr un attrait physique en premier lieu, tel la douceur de sa peau ou de son regard, mais cette naissance de l’amour va bien au-delà de ce que peut donner la douceur physique. Il s’agit d’une douceur naturelle, qui englobe tout l’être, d’une douceur fondée sur la conception même de la vie, des sentiments et des idées et même de sa vision spirituelle.
Il a cru que ces caractéristiques du féminin et du masculin suffisaient à définir ce qui pouvait provoquer l’amour chez un homme ou une femme. Mais finalement, il prit conscience qu’il y avait un deuxième élément important et encore plus secret, qui est, pour une femme, la détermination de l’homme pour lequel elle pense ressentir quelque chose et, pour un homme, la fragilité de celle avec laquelle il peut envisager un avenir commun. Moi, homme, je t’aime parce que je sais ta fragilité devant la vie et je veux t’aider à construire une vie aimante et sans souci par le fait que je suis déterminé à te protéger quel que soit les événements. Moi, femme qui est fragile par essence, je t’aime parce que je sais ta détermination à faire face à la vie ensemble quoi qu’il arrive. En échange, je ferai de ma fragilité le miel de ton existence.
Certes, tout cela est le plus souvent inconscient, mais le ciment de l’amour durable tient à ces deux qualités contraires qui se complètent.
07:31 Publié dans 11. Considérations diverses | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : amour féminin, amour masculin, nature de l'être, caractéristiques de l'humain | Imprimer
12/02/2019
Trop tôt
Elle regarda la campagne
L’eau dans la rigole
L’herbe imbibée
Son pied fourchu
Et la trace de ses pas
Il épiait ses mouvements
Admirait sa souplesse
La courbe tendre
De son dos
Sa fourrure lustrée
Il avança de deux pas
Huma sa suavité
Pressé d’en finir
Frissonnant de bonheur
Enrobé de certitude
Elle est toi, se dit-il
Détend ton corps
Entend sa chair
Salive d’envie
Et rêve d’innocence
Il s’apprêtait à bondir
Ne pouvant plus tenir
Tremblant de certitude
L’œil vitreux
Sûr de la proie engloutie
Elle bondit de désespoir
Poussa un cri plaintif
Fuyant l’ombre de la mort
Et tomba sous les dents
D’un éclair argenté
Cette dernière vision
La consola de la perte
De n’avoir pu vivre
L’émoustillant sursaut
De l’amour offert
© Loup Francart
07:59 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, écriture, poème, littérature | Imprimer
11/02/2019
Désir
Étrange comme le désir assouvi sans amour paraît à l'être humain une bassesse.
Sublimé par l'amour, il devient une révélation de soi, un agrandissement de sa personne.
07:43 Publié dans 11. Considérations diverses, 45. Maximes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : désir, amour, connaissance, sentiment, vie | Imprimer
10/02/2019
Coeur
Lueur à l'abri
L'être associé au damier
Fuit-il sa nature ?
07:32 Publié dans 22. Créations numériques | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art cinétique, optique art, art contemporain | Imprimer
09/02/2019
L'heure
Il y a des gens qui se targuent d’être toujours à l’heure. Ce sont généralement des craintifs qui arrivent au moins un quart d’heure en avance pour être certains d’être là au moment convenu. Pendant ce quart d’heure, ils tournent en rond, ne sachant que faire, sans cependant arriver à se préparer à ce qui les attend, plus occupé par l’heure que par l’objet même de la rencontre.
À l’opposé, il y a d’autres personnes qui ne peuvent, malgré toute leur bonne volonté, être à l’heure. Ils s’apprêtent en toute bonne foi, pensant au rendez-vous, se préparant même mentalement à cette rencontre, quelle qu’elle soit. Mais au dernier moment, il y a toujours quelque chose qui le retarde, un coup de fil, un mail à envoyer, l’oubli d’un mouchoir au fond de sa poche, un lacet qui lâche, l’arrivée d’un colporteur. Vous savez qu’il arrivera avec un quart de retard, jamais plus, mais également jamais moins. Vous pouvez avancer d'un quart d’heure le rendez-vous, il trouvera le moyen cette fois-ci d’avoir une demi-heure de décalage.
On trouve plus rarement les opposés extrêmes : tout d'abord, ceux qui vivent avec une montre dans le ventre. Cela se manifeste au moment du repas. Il est midi. À midi moins le quart, discrètement, ils manifestent une faim dont l’origine remonte à ce qu’ils ont fait dans la matinée. À midi moins dix, ils demandent où se laver les mains pour revenir à midi moins cinq en proclamant que cela sent bon près de la cuisine. S’il est maître de maison, il crie haut et fort à sa femme qu’il est temps de passer à table et il s’assied tout en discutant de façon à ce que chacun se sente obligé d’en faire autant. Ces gens-là ne peuvent supporter une minute de retard. Ils vont presque chercher le plat principal tellement la faim les tenaille. Mais une fois installés à table, ils négligent leur assiette et font la conversation.
Autre type d’extrêmes, ceux qui oublient carrément leur rendez-vous ou qui n’arrivent qu’avec une heure de décalage. « Tiens, j’étais persuadé que l’on s’était dit treize heures trente. Pardonnez-moi ! » Ils font comme si de rien n’était alors que les autres participants bouillent d’impatience, certains même prétextant une course urgente pour fuir ce rendez-vous manqué. Certes, ces personnages ne sont pas les premiers venus. Ils ont un emploi du temps de ministre, se restaurent avec un élastique et n’ont le plus souvent pas le temps de dire au revoir. « Vous savez ce que c’est, c’est le seul moment où j’ai pu obtenir un rendez-vous avec le président de la Chambre à coucher. La prochaine fois, promis, je resterai plus longuement. »
Car il y a en effet, des gens qui arrivent à l’heure comme tout un chacun, mais qui repartent toujours avant les autres. Ils ne préviennent pas et tout à coup ils se lèvent et disent : « Je dois partir. Il faut que je laisse ma voiture chez le garagiste, elle a un bruit bizarre et j’en ai besoin demain pour… » Vous ne savez jamais s’ils ont réellement quelque chose à faire ou s’ils partent parce qu’ils sont las de votre conversation.
On rencontre enfin, assez rarement cependant, des gens qui n’ont pas de montre, donc pas d’heures du tout. Ce sont généralement des bavards. Invité chez eux, vous n’en sortez pas. Ils ont toujours une anecdote qu’ils font durer une fois que vous vous êtes levé pour vous retirer. Ils vous entreprennent, vous mettent un autre verre dans la main et racontent la dernière du préfet ou la bévue de Madame Untel. Ceux-là sont bien partout où qu’ils soient, à condition de pouvoir parler. S’ils sont deux, la rencontre est délicate. Pour une fois, l’un d’eux part sans difficulté, il a trouvé plus bavard que lui.
L’heure, comme le temps, est un sujet de conversation intéressant. Seuls les gens normaux, qui sont à l’heure sans se poser de questions, ne s’intéressent pas à ce genre d’échange verbal. Mais sont-ils si nombreux que cela ?
07:58 Publié dans 11. Considérations diverses | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : heure, politesse, savoir vivre, manies, indélicatesse | Imprimer
08/02/2019
Suite en sol de J-Ph Rameau, interprété par Grigory Solokov
http://www.youtube.com/watch?v=A8qR5GYK7wI&list=PL437...
Une virtuosité inégalable et une compréhension du toucher extraordinaire.
Ne disons rien et... écoutons.
07:11 Publié dans 51. Impressions musicales | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : piano, pianiste, rameau, interprétation | Imprimer
07/02/2019
Avoir le sens cosmique
Pourquoi ce matin, par une subtile cristallisation de l'aube, ai-je ressenti ce lien puissant qui unit l'homme à l'univers ? C'est une contemplation au-delà de l'objet, vers le tout pénétrant l'être.
Alors s'arrête le temps.
Si chacun au même moment pouvait s'ensevelir dans la contemplation du tout, viendrait l'éternité.
De même, le son grave des cloches qui, à chaque coup donné sur le métal, pénètre l'âme de l'infini grandeur de l'univers et de l'énergie que l'homme ignore en lui parce qu'il ramène tout à lui-même.
Apprendre à percevoir dans chaque chose l'esprit du tout et celui-ci nous pénètrera.
07:04 Publié dans 45. Maximes | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer
06/02/2019
Le silence
Le silence est en moi
Il n’est pas froid
Juste un glaçon sous l’aisselle
Il marche sans bruit
Et te touche l’épaule
Sans dire d’où il vient
Je l’ai goûté un jour
La fenêtre ouverte
Une nuit d’été
Il sentait le citron
Et faisait crisser les dents
Enfin j’ai fini par le voir
Regarde-le entre tes deux jambes
Certes la position est bizarre
Mais elle demeure renversante
Pour n’entendre que l’absence
Tu peux penser le silence
Tu n’obtiens qu’un rien
Même pas audible
Une parenthèse sans points
Et sans aucune suspension
Inaccessible aux mathématiques
Un trou dans la feuille blanche
Ouvert sur un non-fini
Et même l’indéfini
Qui n’est pas l’infini
Et pourtant ton cœur
Se penche sur ce silence sacré
Ouvre ses corolles
Et pleure de ne pas entendre
Le silence de bienvenue
Dans le monde des sourds
© Loup Francart
02:57 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, écriture, poésie, littérature | Imprimer
05/02/2019
La vraie réalité
Aujourd’hui, l’homme se rit de celui qui ne parle pas en termes d’utile et d’inutile, de bien ou de mal, de beau ou de laid. Pour lui, une chose est utile parce qu’elle lui permet d’accéder à un niveau supérieur en termes de rémunération, de notoriété ou d’amitié. Pour lui, une chose est belle parce qu’il a coutume de dire qu’elle est belle. Mais il est incapable de voir la beauté de ce qui est laid.
Pourtant, finalement, une chose n’est ni belle ni laide, elle est tout simplement. Plus nous en percevons l’essence intime, plus nous lui trouvons de la beauté. Pour l’homme d’aujourd’hui, la réalité se réduit à ce qu’il lit dans les journaux et l’aspiration à une communion avec le monde n’est pour lui qu’une fuite hors du réel.
07:23 Publié dans 11. Considérations diverses | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : beauté, vérité, réalité, laid, mal | Imprimer
04/02/2019
Félix et la source invisible, d’Eric-Emmanuel Schmitt
– Tu ne remarques pas que ta mère est morte ?
Ainsi commence l’épopée d’un gamin de douze ans qui veut retrouver sa mère. Il ne l’a pas perdu, elle est morte, c’est-à-dire en dépression. En bref, elle n’a plus goût à la vie. Alors Félix demande à l’oncle :
– Peut-on la soigner ?
– on guérit les vivants, pas les défunts.
– Alors, que fait-on ? Rien ?
– On la ressuscite !
(...) Pendant des années, Maman avait été vive, pétillante, curieuse, rayonnante, explosive, elle gazouillait d’une voix soyeuse, charnue, verte… Elle tenait le café de la rue Ramponneau, à Belleville, intitulé « Au boulot ». (…) Maman m’élevait seul, car elle m’avait conçu avec le Saint-Esprit. (…) Félicien Saint Esprit, mon géniteur, antillais, capitaine de bateau commercial, avait séjourné une semaine à Paris il y a treize ans…
Ainsi commence sur une trentaine de pages, le drame de Félix dont la verve et la gouaille introduisent le récit. Cela se poursuivra jusqu’à la fin du livre. Une multitude de personnages plus ou moins loufoques s’introduisent dans l’histoire : Madame Simone, une pute et un homme ou plutôt non, précise Félix, un homme et une pute, dans l’ordre chronologique ; Mademoiselle Tran, qui jouait le rôle d’une grande sœur au sourire constant ; Philippe Larousse, un timide de première, qui ne cherchait qu’une chose : connaître le dictionnaire par cœur ; note philosophe, Monsieur Sofronidès ; Monsieur Tchombé, le cancéreux guéri.
Des problèmes d’immobilier lui causant de profonds soucis, Maman allait mal. L’arrivée de l’oncle Bamba, averti par les occupants du café de la situation de Maman, bouleversa la donne : recherche de marabouts d’abord, puis, carrément, voyage au Sénégal et rencontre de Papa Loum, le féticheur. Elle guérit, seule ou avec l’aide de tous. Elle rentre à Paris, joyeuse, retrouve son café aux soins de Madame Simone, se laisse courtiser par le Saint Esprit. Chaque jour, elle pratique avec Félix l’« exercice d’Afrique » exigé par Papa Loum, car le monde se donne à ceux qui le contemplent, disait le féticheur. L’apparence n’est pas l’apparence de rien, plutôt l’apparence d’un univers dérobé. Ce soir-là, elle est comblée : Paris a l’apparence de l’Afrique. Papa Loum les avait avertis : L’Afrique c’est l’imagination sur Terre. L’Europe, c’est la raison sur Terre ; tu ne connaîtras le bonheur qu’en important les qualités de l’une dans l’autre.
On aime les récits d’Éric-Emmanuel Schmitt qui, sous des dehors simples, parfois simplistes, sait donner aux mystères humains l’apparence du quotidien, tel qu’il l’a déjà fait dans Oscar et la dame en rose, Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran.
07:20 Publié dans 41. Impressions littéraires | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : roman, afrique, paris, dépression, marabouts, animisme | Imprimer
03/02/2019
Prétention
© Loup Francart
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02/02/2019
Retour sur image
La société moderne puise ses pouvoirs
Dans sa capacité à aplanir les faits
Y a-t-il plus rassurant qu’un retour
Sur ce qui s’est passé et a été révélé ?
L’image se floute et dérobe sa nature
D’autres images interfèrent et révèlent
Ce qui ne fut plus qu’un fait anodin
Ou, inversement, un événement puissant
On vit ainsi le fou du roi étaler sa folie
Et toujours échapper au crime de lèse-majesté
La police seule autorisée à bâtir les chiffres
D’obscurs citoyens revêtus des gilets du désespoir
L’annonce d’une politique énergétique
Destinée à remplir les caisses de l’État
Au détriment d’une écologie de façade
Tout ceci au nom de la vérité de l’image
Elle-même tronquée, truquée, troussée
Et présentée enrobée des contours
D’une apparente sagesse irrécusable
Oui, c’est toujours la guerre du sens
Dans la perception du sixième sens
Tout, y compris le mensonge, tombe sous le sens
Hors du sens commun de la majorité
Reprenez vos esprits !
Fouillez au-delà de l’apparence
Et laissez-vous aller à contresens
C’est-à-dire hors du sens giratoire
Sans accepter la perte de sens
De tous les événements
Et de toutes les interprétations
© Loup Francart
07:17 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, écriture, poésie, littérature | Imprimer
01/02/2019
Sentence
Dessèchement de la solitude lorsqu’elle n’est tournée que vers la connaissance.
L’esprit en vient à ne plus se satisfaire que de mots, c’est-à-dire de rien.
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