15/04/2011
Le veilleur, qu'est-il ?
Le veilleur, qu’est-il ?
Celui qui succombe à la tentation de l’insomnie
Ou celui qui refuse l’achèvement nocturne de l’existence ?
L’un est passif et s’en relève difficilement.
L’autre est volontaire et activiste.
N’y a-t-il pas d’autres choix ?
Eveillé cette nuit, j’ai su l’état de veilleur
A la perspicacité de ma vision au réveil.
Il n’y a plus qu’à se lever, déambuler,
Puis partir à la découverte de l’envers,
Cet au-delà des sens diurnes,
Pour aboutir à cette absence de moi
Qui me dit plus que tout ce que je suis.
Devenu pellicule transparente,
Je tâte le monde par le vide qui m’emplit,
Et je jouis de cette odeur d’infini
Qui m’enivre et me transporte
Loin du cercle oppressant des pensées.
Echappé de l’esclavage du quotidien,
Je ne suis plus et je suis tout.
Ce ressourcement derrière la réalité
Existe-t-il réellement ?
Au fond, je ne le sais.
Mais je sais néanmoins que ces instants d’aspiration,
Ou d’expiration si vous le préférez,
Sont l’inspiration heureuse de chaque jour.
Le veilleur se surveille,
Tend vers l’absence
Pour se découvrir pleinement,
Cosmétique du cosmos.
06:16 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, poésie, nocturne, cosmos | Imprimer
09/04/2011
Je suis la préhistoire
Je suis la préhistoire, l’histoire des histoires
On m’écrit sans majuscule
Mais je possède la tendresse des renoncules
Je ne vis pourtant que le soir
Lorsque la lune montre ses quartiers
Aux yeux effrayés du hibou malchanceux
Qui se branche sur les oliviers
Je n’ai pas plus de raison d’ailleurs
Que la taupe au cri caverneux
05:05 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, poème, littérature | Imprimer
06/04/2011
Il rêvait de paysages sublimes
Il rêvait de paysages sublimes,
De grottes sonores et vierges,
De sommets aux émotions douloureuses,
De vallées apaisantes et fragiles,
De canyons rupestres et désertiques,
D’oasis endolories et charmeuses,
De collines chaleureuses et tièdes,
De plages alanguies et iodées,
De ruisseaux débordants et glacés,
De cratères cuisant et soupirant,
De forêts brumeuses et assourdies,
De plaines ouvertes, attendrissantes,
Où se noie le regard hébété
Des vieux et des plus jeunes,
Jusqu’au moment ignoré
Où tout ceci s’éteindra
Pour se concentrer sur le rien
Qui deviendra le tout
L’unique, la fin,
Le commencement,
L’incommensurable délire
De jours sans fin
Et de nuit sans sommeil.
Repose maintenant
Dans l’aurore qui se lève,
Etends tes membres endoloris
Dans le souffle du matin,
Trouve l’herbe odorante,
Pose ta joue sur la pierre ronde,
Et, les yeux ouverts,
Le cœur à vif,
Les doigts de pied croisés,
Endors-toi dans tes rêves d’enfant,
Jusqu’à l’anti-instant
Où la vie bascule,
Et se perd dans l’infini.
07:51 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, poème, littérature | Imprimer
02/04/2011
Merci à vous, passants d’un jour
Merci à vous, passants d’un jour,
Pour votre indifférence fébrile
Et vos pensées perdues.
Je peux marcher sans peine,
Sans arrachement difficile
Dans la cité virtuelle
Des avatars déjantés, mais sereins,
Courant au devant d’un autre lui-même
Pour finir le soir endormi sur la table
Des images luisantes d’un moniteur.
Merci à ceux qui passent
Sans voir la lente remontée
Des hébergeurs échevelés
Au lendemain des heures
Où dorment les malins dodus.
Merci aussi à toi,
Initiateur irréel et magique,
D’excursions abruptes et échevelées,
Dans les chambres fermées
Où d’étranges silhouettes
S’épanchent sans vergogne.
Adieu, vous qui m’avez donné
Idée de ces mondes délirants
Où l’homme redevient,
A l’égal des rois au pouvoir estimé,
Le seul propriétaire de rêves indolores.
Mes voyages s’arrêtent faute de courant.
Ce matin le maître de l’électricité
A coupé l’énergie qui m’alimente
En visions fantasmagoriques.
Plus rien ne me conduit
Vers les cieux glorieux de l’imagination.
« Dors », me dit-on, ou encore, « réveille-toi ».
02:40 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poèmz, poésie, littérature | Imprimer
30/03/2011
Un jour nous irons nus et libres
Un jour nous irons nus et libres
Contempler les fils d’araignée
Et leur danse au soleil de midi
L’air oubliera le poids des jours
À l’odeur des feuilles mortes
Et ton visage purifié s’ouvrira
À la caresse de l’herbe tendre
Nous irons dans les chemins de pierre
Reconstruire l’amour fragile
Et lui donner les forces vives
De l’arbre parmi les arbres
Le soir, couché sur la terre fumante
Je trouverai dans tes cheveux d’automne
L’odeur de nos joies du jour
06:38 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, poème, littérature, liberté | Imprimer
25/03/2011
Ce soir, dans le silence métallique
Ce soir, dans le silence métallique
De la ville endormie aux lueurs blafardes
J’ai saisi le halo arrondi de la rue
Sur ma pupille élargie d’obscurité.
La longue main de mon regard au poing fermé dans la nuit noire
S’est avancée derrière la vitre pour se fermer sur l’obscure froideur
De la rue ouatée et transparente. A l’abri de l’enceinte linéaire
Du verre mobile et ondulé, j’ai tâté chaque recoin d’ombre
Comme un lac profond et frais dont on cherche vainement le fond.
J’ai caressé le velours frissonnant de l’auréole de lumière
Accrochée en guirlandes éphémères sur les murs tièdes.
J’ai arrondi le creux de ma paume sur la boule de chaleur
Qui se creusait un nid douillet dans la courbe du globe oculaire,
Penchant la tête de côté pour bien le pénétrer de ce contact bienfaisant.
Et j’ai voulu aller plus loin, regarder les étoiles, les effleurer.
Comme un enfant, j’essayais vainement d’atteindre à la surface du lac
Les nombreuses lentilles d’eau qui dérivaient en étoiles marines.
Mais la joue écrasée, aplatie sur le verre froid,
Je dus tellement tendre le bras, la main et les doigts
Qu’ils tremblaient avant de caresser la petite lueur.
Voilà pourquoi les étoiles clignotent à l’horizon.
06:43 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, poème, littérature | Imprimer
15/03/2011
Cet instant imprévu et subtil
Cet instant imprévu et subtil,
Quand la grisâtre odeur d’un ciel d’hiver
Dresse devant nous le souffle
D’un irréel sentiment d’ouverture,
Comme une respiration dans l’air
Ou une apnée prolongée et opacifiante.
Alors, transformation du paysage !
Le vert devient rouge, le jaune se détache
De murs sales et fripés d’ombres.
J’ai par magie laissé le poids
D’années lourdes des tracasseries
Des professionnels de l’ennui,
Du travail méticuleux et attachant,
D’obligations impératives
Et de contacts permanents
Avec les autres fantômes
D’un système qui tourne sur soi-même.
Aujourd’hui, devant moi,
S’ouvre la consistance du rêve,
La palpable vertu de l’inconnu.
Comme un aveugle les bras tendus,
Je cherche, au devant, dans l’obscurité,
La faible caresse de l’inavouable.
Perception d’un instant unique,
Celui d’un achèvement prévu,
Attendu et confondu parmi les songes,
Pour une renaissance émerveillée
A l’instant éternel et envoûtant
D’un jour semblable aux autres,
Comme une brume d’enthousiasme
Sur la pâleur du monde.
06:22 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, poème, littérature, métamorphose | Imprimer
09/03/2011
Désert vert de la terre
Désert vert de la terre en cratères
Je rejoins les recoins de mon embonpoint
Là où rien ne vient des végétariens
Dans le respect de la paix du palais
Retour au recours des détours
Invention ou initiation sans humiliation
Vers les jardins, périgourdins ou girondins,
Pour revêtir le souvenir des ronds de cuir
Je vous ai vu tous, les jeunes pousses,
Faire reculer les azalées immaculées
Et brandir, sans contredire ni éconduire,
Les mots comme des joyaux infinitésimaux
Enfin avec la faim du matin sans fin
Quand du lit endormi des délits
Se réveillent corneilles, abeilles et perce-oreilles
Cuisinent les cousines en limousine
01:01 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, poème, littérature, écriture | Imprimer
05/03/2011
Comme l’âme dépareillée des marins
Comme l’âme dépareillée des marins ensevelis en terre,
Chaque pierre a son éloquence. Il y a la pierre du fou
Et celle du bienheureux. Celle de la tristesse et celle de l’opulence.
Les unes ont la densité de l’espoir ou la corpulence du crime,
d’autres la légèreté de l’ignorance ou la beauté de l’inconséquence.
Et chaque caillou sur le chemin montant vers le cimetière
S’arrondit lentement au pied des foules compassées
Qui y montent tristement, aussi lourdement que la douleur,
Pour redescendre joyeuses et plus légères d’insouciance
Vers le petit bistrot des âmes disparues au pied de la colline.
Lentement les âmes s’usent aux années plus rugueuses
Comme la corde d’amarrage des navires sous le sel.
Et un jour elles se détachent en petits cailloux brisés
Qui s’en vont un à un, le long du chemin,
Pour renforcer l’asphalte rectiligne et éternel
Jusqu’à l’arrêt de la mécanique humaine.
00:38 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, poème, littérature, écriture | Imprimer
03/03/2011
Dans le désert plat de l’imagerie télévisuelle
Dans le désert plat de l’imagerie télévisuelle
Que n’ai-je vu de beautés factices
Dédiées aux plus choquants des prêtres,
Ceux d’une publicité criante ou de jeux tapageurs,
Ou encore aux vertus de voitures carrossées
Par le dernier éphèbe en délire du jour ?
Que n’ai-je vu aussi, de guerres sanglantes
Et de soldats perdus pour un pouvoir obscur
Ou encore de rires émouvants et fragiles
De jeunes adolescentes effarouchées
Un soir de grisante veillée au bar délétère ?
Oui, j’ai contemplé
La noirceur des meurtres en série,
Le bleuissement des rêves enivrants,
Le jaunissement des fins d’une vie,
Le verdoiement des explorations perdues,
La griserie des fêtes mondaines,
Le brunissement de papyrus en miettes,
L’écarlate des bouches de femmes,
L’orangeté des délires printaniers
Dans l’étrange chambre de nos vingt ans,
Le vermillon des petits pas menus
Des danseuses chinoises aux pieds bandés,
La pâle blondeur des cheveux de reines,
Le bref éclair des couteaux affutés
Dans les rues inconnues de villes lointaines,
Jusqu’aux évanescentes rencontres
De sordides réseaux en mal de reconnaissance
Par des enfants insoumis et brutaux.
Parfois, vient un instant de pur délice,
Comme l’ombre de Dieu sur le ciel assombri,
Qui éclaire d’un reflet étincelant
Le lent cheminement de l’âme
A la recherche d’un plaisir sain.
Alors s’attardent les cœurs endurcis
Et les intellects obscurs et sordides
Pour contempler, fruit du pur hasard,
L’apparition attendue d’un désert sans fin
Où rien ne se passe hors du silence des sens.
07:22 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, poème, littérature, télévision, désert | Imprimer
28/02/2011
Le poète
Le poète est un homme qui perpétuellement se confesse. L’impudeur est à la base de son talent. Contrairement au romancier, tricheur plus ou moins habile, le poète possède l’œil interne. Il pense le monde avec ses rêves, ses envies, son ennui et le décrit au travers de son prisme déformant qui le réconcilie avec lui-même.
Le mot poésie, qui vient du grec ποιεῖν (poiein), signifie "faire, créer". La création poétique fut d’abord très formelle, codifiée, et couvrait un vaste champ : de la tragédie aux contes épiques, voire comiques. De tradition orale, c’est par le vers que se différenciait la poésie de la prose. Le vers facilitait la déclamation, donnant un rythme à la parole, voire des effets sonores à travers les rimes. Mais le poète recherche aussi l'expressivité par le poids accordé aux mots comme par l'utilisation fréquente des figures de styles et au premier chef des images, comparaisons et métaphores, recherchées pour leur force suggestive.
Ce n’est que plus tard qu’elle devint principalement un moyen d’expression des sensations et des sentiments jusqu’à s’affranchir des contraintes formelles du vers et de la rime. La tendance est le "vers international libre", d’après l’expression de Jacques Roubaud. La poésie se fait par l’image, le jeu de mots, le sens du rythme. Elle s’affranchit également de la narration. Seule compte in fine l’évocation qui va germer au fond de l’être et le faire rêver, qu’il soit l’auteur ou le spectateur.
La poésie est l’art d’émouvoir l’auditoire par des mots et de lui faire partager une autre vision du monde, insolite et personnelle. Elle est la conjonction d’instants magiques dans la durée du poème, car le poète fait de lui une grotte retentissante des échos de l’univers.
02:29 Publié dans 11. Considérations diverses | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poète, poésie, image, expression poétique, chant | Imprimer
25/02/2011
Rien… Le silence de l’attente
Rien… Le silence de l’attente
Dépouillé d’une vie antérieure
J’attends ta venue
Je connaissais le rire
Je savais des mots et des gestes
Parfois aussi la tristesse d’un jour sale
Je n’avais pas d’attaches
J’allais, enivré d’air
Un jour, sous le feu d’une étoile
Tu m’as regardé
Je t’ai aimée cette nuit
Pour une flamme dans tes yeux
Maintenant, j’ai oublié le vocabulaire
De ces mots qui me grisaient
Je suis le pantin désarticulé
Dont les gestes se confondent
Et mon rire résonne, étrangement faux
J’attends, les mains tendues
Comme un noyé vers les rives
Je ne sais plus qu’un mot
L’attente
05:33 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, poésie, attente, littérature | Imprimer
23/02/2011
Que dire devant la page vide
Que dire devant la page vide
D’une nuit verte, au coin d’un réverbère ?
Premiers mots qui passent comme un vol de cormorans.
Mais qu’y a-t-il derrière ? Un vent de fronde
Chassé par la profusion du langage.
Silence des sentiments.
Un vide dans le noir de l’esprit,
Image de la floraison du cœur.
Dans la tiédeur de l’obscurité monte en moi
Le chant heurté, puissant et magique,
Des sirènes mouvantes et volubiles.
Au loin le son aigu d’une voiture
Qui flotte au gré du vent sur la route de l’Espagne.
Pas un passant ne vient à mon secours,
Ne m’apporte le mot qui permettra la suite
De cette histoire sans fin, ni commencement.
Dorment les passants du jour,
Eveillés les fantômes de la nuit
Qui montent une garde acide
Aux tréfonds des portes cochères
Et rient de me voir, assis
Dans mes pensées sordides,
Faute de pouvoir dormir
Et laisser aller mon esprit
Dans la fraicheur du rêve.
Oui, la nuit s’enfonce en moi
Creusant un large trou
Que je remplis de verbes
Comme on enfile les huitres
Sur le fil à couper le beurre.
Elle ne cessera pas
Avant l’aube qui ne vient pas
De me dire « étends-toi ! ».
03:01 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, poème, littérature | Imprimer
18/02/2011
Jour du peintre
Jour du peintre, le soleil dort
Bordé de plumes, il se cotonne
Émergence sereine, sans contours
Il délivre sa myopie de cyclope
Terre de verre teintée, molle
Araignée laiteuse et géométrique
Je m’englue dans ta toile déployée
Jusqu’à cet œil pâle et soyeux
Mes pas étouffés par ta chair
Ne peuvent monter jusqu’à moi
07:03 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, poème, littérature | Imprimer
14/02/2011
Pour la Saint Valentin
Tu es la femme
Et tu es toutes les femmes
Tu me reçois comme homme
Et je deviens tous les hommes
Nous deux, homme et femme
Dans le désert clos de nos rencontres
Comme une bulle saisissante
Qui dure, et dure et vit, inlassable
Parfois, sans même nous regarder
Nous avons simultanément le même mot
Et, souriant de cette conjonction
Achevons en un regard ce qui ne fut qu’une pensée
Tu m’as donné ta vie, chaque jour
J’ai vu ton rire fou et tes larmes de chair
Mais aussi l’immense appel de tes yeux clairs
Et la tendresse de tes doigts de verre
Au-delà de la dure apparence des années
Je te contemple, enfant des premiers instants
Quand nous jouions dans l’herbe grasse
En attente de nos promesses mutuelles
04:58 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, poème, saint valentin | Imprimer
12/02/2011
Cette immense tenture noire
Cette immense tenture noire
Qui tombe sous mes yeux fatigués
S’entrouvre parfois sur des paysages finis
Réminiscences de mon enfance
D'autres fois, l’azur blanc des cieux
En montre les plis amers aux regards
Comme ces plaies des malades
Qui restent cachées sous les linges
Certains jours, une étrange pâleur
Voile les événements les plus simples
Comme celui d’un reflet sur le café du matin
Ou l’éclat d’un réverbère sur une vitre
Alors ce jour est marqué à jamais
Des senteurs du passé, tièdes et ténues
Jusqu’au moment où le soir survient
Pour enfouir au creux de sa nuit
Les images ensoleillées des jours
D’autres soirs, au creux de notre manteau intérieur
Se construisent dans un tiroir de la mémoire
Des bulles de connaissances oubliées
Elles éclatent au visage de notre indifférence
Et balayent nos doutes sur leur existence
Ce sont des pluies fines, colorées et chatouilleuses
Qui ensorcellent les pensées et les font danser
En tangos endoloris ou en valses alanguis
Fête de la nuit dans le repos du corps
Que tombe la tenture sur ces souvenirs
Ou qu’elle s’entrouvre sur un monde fou
La déraison conduit à partir
Dans les fossés d’eau courante
Jusqu’à une mer acide et verte
07:46 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, poème, littérature | Imprimer
10/02/2011
Trois poèmes d’Henri Michaud, pour chœur mixte de voix solistes et orchestre sans cordes, musique de Witold Lutoslawski (1963)
1. Pensées :
Ecouter : http://www.youtube.com/watch?v=HhEfLhXNlrs
La musique dont la sonorité jaillissante aiguise la perception auditive jusqu’à la rendre sensible à ce qui ne pourrait être qu’un bruit, et les chœurs qui empruntent au texte une musique parlée, mettent le poème en liberté dans une boule de verre à l’intérieur de laquelle il s’agite, se nourrit de lui-même, bat de son propre cœur et rebondit sans cesse sur ses parois incurvées comme si la musique et la poésie s’étaient matérialisées en un animal vivant, sans forme, mais à l’espace bien défini dans son monde verre.
La phrase et l’image du poème, son atmosphère, sont rendues avec une émotion plus intense qu’à sa lecture, bien que les chœurs employés sous une nouvelle forme qui se partage entre la plainte et l’incantation (la phrase du poème prend toute sa consistance, son espace dans cette manière d’être lancée par la voix qui débute en incantation et s’achève dans la plainte mêlée du chœur et de l’orchestre) ne permettent pas de comprendre la signification des mots. Parfois la musique n’est bâtie que sur l’entremêlement des voix dans un chant parlé qui s’éteint dans le rythme de la parole scandée sur des tons différents. D’autres fois, l’atmosphère poétique et musicale est suggérée par les paroles incompréhensibles d’une foule sur lesquelles est scandée une phrase sonore qui, bien que n’étant pas ce qu’on entend habituellement par le mot musique, procure la même émotion et soulève à son tour les questions de la foule qui s’apaise ensuite peu à peu.
Le mode d’expression du chœur présente parfois une analogie avec le chant grégorien, qui, comme une balle qui rebondit sans cesse, pénètre chaque recoin de l’espace auditif sans y laisser les zones d’ombre que possède la voix ordinaire. Il est cependant plus parlé que chanté, bien que cette parole s’étage sur plusieurs notes. La voix du chœur à certains moments se transforme en un véritable instrument de musique qui monte et descend les notes sans marquer la différence d’intervalle qu’il y a entre elles, comme le ferait une corde de violon que le musicien parcourt du doigt d’un mouvement continu.
L’orchestre, sans instruments à cordes, rappelons-le, par la variété des sons, enveloppe de sa sonorité trébuchante et complexe le chœur et les voix. Il constitue une véritable paroi de la boule verre sur laquelle la phrase parlée ou chantée viendrait éclater en bouquet de sons féériques et rebondir moins intensément. D’autres fois, par une inversion naturelle des vibrations de l’espace, c’est l’orchestre qui introduit la phrase poétique du chœur dans une sonorité insolite pour l’éclater ensuite en bulles dans l’oreille comme si une des antennes de la boule de verre par la vibration d’un choc faisait revivre le poème endormi.
v Titres des parties
Ø I. Pensées
§ http://www.youtube.com/watch?v=HhEfLhXNlrs
Ø II. Le grand combat
§ http://www.youtube.com/watch?v=oGAd4t94IrY&feature=mfu_in_order&list=UL
Ø III. Repos dans le Malheur
§ http://www.youtube.com/watch?v=IDhbcn7f1Es
v Analyse
Ø From : http://www.musiquecontemporaine.info/acompo-Lutoslawski.php
Ø Ensemble-Voix. Une œuvre ouverte dans la continuité des "Jeux Vénitiens", surréaliste, avec un côté pittoresque (second poème, le Grand Combat) qui suit la noirceur et la violence de Michaux (le chœur joue le rôle d'une foule assemblée, de plus en plus excitée), avec stridences, contractée par le registre grave de l'orchestre, aux couleurs percussives ; le 1er mouvement est tendu, martelé, le 2ème, scherzo, est plus mélodique, le 3ème (un tube) commence par une passacaille (à 18 variations), suivie d'une toccata explosive, pour finir par un choral subjugant [création : 9 Mai 1963, à Zaghreb (Croatie), par le compositeur à la direction].
v Effectif détaillé
Ø chœur mixte (5 soprano solo, 5 contralto solo, 5 ténor solo, 5 basse solo),
Ø 3 flûte, 2 hautbois, 3 clarinette, 2 basson, 2 cor, 2 trompette, 2 trombone, 1 timbales, 4 percussionniste, 1 harpe, 2 piano ;
v Livret (détail, auteur) : Henri Michaux
Ø I et III tirés de Plume (1938),
Ø II tiré de Qui je fus (1928).
07:02 Publié dans 51. Impressions musicales | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : musique, poème, poésie | Imprimer
09/02/2011
Derrière l'alliance du passé et du présent
Derrière l’alliance du passé et du présent, Qui façonne l’homme à l’image de l’histoire, On soupçonne pourtant un autre regard, Celui du possible, de l’inattendu, Comme un trou de taupe sur le plancher des vaches Ou un coup de poing dans le regard intérieur. Emergence de souvenirs, le passé Se dilue dans l’inadvertance des événements Selon l’humeur, l’honneur et l’humour, et, parfois, l’horreur. Rien n’arrête la folie de l’ouragan griffonnant Sur le crane de l’homme mort En ayant trop vécu et peu créé. D’autres se concentrent sur l’existant, Une gorgée de vin fin, une écharpe futile, La note aigre de l’éléphant assis sur la lune, Ou même le jaune acide des perruches dans l’aube. Tous attentifs au fil de ce qui leur arrive, Ils oublient la fleur de l’existence, le pollen des désirs, Le bouquet des chaleureux embrasements D’un monde renouvelé à chaque moment Par la vertu du délire, par l’ouverture de l’imaginaire, Par la couverture du regard fêlé sur l’inexistant. Qu’adviendra-t-il de ce monde rêvé Sur les hauteurs de Pampelune un jour de déraison ? Sera-t-il exclu des richesses d’un existant Ou inclus dans la lente et lourde côte Des idées déshydratées par l’absence d’écho ? Seuls comptent l’aspiration tenace du large, Les espaces venteux des steppes sans fin, Le vertige des hauteurs montagnardes, Et, surtout, La précieuse indifférence des dimanches Quand, empli d’absence, je descends
Jusqu’à la source de ta lèvre entrouverte.
07:19 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : poème, poésie, temps | Imprimer
06/02/2011
La poésie ne prouve pas. Elle impose.
La poésie ne prouve pas. Elle impose. Elle ne démontre pas, ne calcule pas. Elle suggère, elle laisse glisser la compréhension à travers des méandres inconnaissables. Chaque image verbale se suffit à elle-même, mais c’est l’enchaînement des images qui fait de ce texte un poème et lui donne son impact sur le centre de l’être. Ne pas chercher de rapport logique, mais le rythme qui s’impose à soi, hors de soi, comme une écriture automatique qu’il faut cependant contrôler. Les images se succèdent. Il ne s’agit pas d’images au sens de la vue, mais d’impressions fixées en quelques mots, qui donnent au lecteur l’ambiance et la finalité de ce que l’auteur a ressenti et a voulu exprimer.
Dans l’immense vide de la conscience, jaillissent les mots qui éclatent en bulles d’images et rendent vie aux instants privilégiés où s’est établie l’étincelle d’une affection de l’âme pour le fait vécu ou l'imaginaire qui s’enracine dans la réalité. Rien ne saurait dire auparavant que cette synergie s’établirait. Elle surgit en un instant, impromptue, lancinante, jusqu’au moment où il faut céder à cet impérieux désir d’exprimer ce que remue en soi ce petit bout de vie, si petit qu’il s’oublie très vite, malgré les efforts faits pour le conserver en mémoire. Alors commence le travail des images, puis des mots, puis des enchaînements, jusqu’au moment où se forme ce que certains appellent un poème, mais qui, pour l’auteur, n’est qu’une naissance inespérée, à chaque fois différente. Cet enchevêtrement, il lui arrive parfois de le reprendre, de retravailler chaque image, jusqu’à ce que, derrière l’apparent jaillissement des mots, se cache une construction subtile, aux apparences candides.
La poésie est la pensée à nu, simplifiée de tout l’appareil de la raison, comme un don invisible de l’auteur à son lecteur, invisible mais authentique et unique. La poésie aspire, ouvre l’être qui se jette dans le grand vide, heureux de sentir cette sensation extraordinaire de l’envolée du corps, du cœur, de l’esprit et de l’âme. La poésie est le liant des défaites terrestres et des espoirs célestes, une harmonie souveraine qui fait de l’homme un archange des images mentales qui transcendent son égo et l'ouvrent à la sérénité.
09:26 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, philosophie, littérature, poème, pensée | Imprimer
05/02/2011
Revenir, comme après un long voyage
Revenir, comme après un long voyage,
Dans ces pièces qui abritent vos souvenirs,
Ou plutôt les objets qui font que vous êtes vous-même,
Depuis vos cahiers d’écolier abritant vos impressions
Cueillies au fil des années, jusqu’au goût subtil
Des salades préparées par la même main amoureuse.
Retrouver intacte également la brillance du secrétaire
Comme un objet de collection utilisé quotidiennement.
Se réjouir du silence feutrée qui colle à l’appartement
Et emmitoufle nos pensées de mièvres délices.
Attention, ne pas se laisser envahir par cette quiétude amère
Qui, progressivement, noie l’esprit dans un tourbillon d’images
Sans suite, sans fin, sans consistance, sans pouvoir sur le monde.
Le retour doit rester un commencement et non une continuité.
Donner les éclairs nécessaires à la redécouverte
Comme la foudre transperce le ciel bleu nuit, un soir d’été.
Par exemple, le confort dodu du lit,
Comme un édredon de crème fouettée et de fraises des bois,
Ou cette place préférée dans le canapé, façonnée au fil des jours,
Comme un creux de mollesse et d’habitude,
Ou encore la plainte verdoyante des pieds du fauteuil
Noyés dans la forêt de troncs qui encombre le salon.
Oui, ouvrir les yeux sur une nouvelle réalité
Ou de nouvelles sensations ou des perceptions inédites.
Quel plaisir d’éprouver pour un quotidien dépourvu d’attraits
Des sentiments qui serrent le cœur, dégazent l’esprit,
Ouvrent des perspectives roses dans un ciel bleu cobalt.
Vert comme une pomme ou un élastique sucré,
Le paysage de notre vie quotidienne prend le poids de l’avenir,
Débarrassé du passé, dans la désaffection des réminiscences,
Difficilement présent par manque de consistance,
Ouvert à l’inconnu, tendu vers un horizon improbable,
Et pourtant attrayant comme une sucette glacée.
07:49 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, poésie, rêve, retour | Imprimer
04/02/2011
Réveil
Où suis-je ? Une usine : mille chuchotements et même quelques cris m’arrivent dans le brouillard. Plus rien. Puis, un tableau d’art moderne, style Braque, fait de prismes, de lumière, d’angles et de couleurs. Mais juste un instant. A nouveau la désintégration. Des lumières au plafond, et, à nouveau, des voix, un bourdonnement de paroles jusqu’au retour à la nuit. Je geins sans le savoir, longue plainte dans le brouhaha des voix. Quelqu’un parle plus fort et semble s’adresser à moi. Mais je ne comprends pas ce qu’il me dit. Je parle, mais m’entendent-ils ? Et d’ailleurs, que dis-je ? Je ne sais.
Je suis bien dans ma bulle. Pourquoi vouloir m’en faire sortir ? Retomber dans le néant, dans le silence sans fond d’où je sors. Pourquoi retrouver les lentes orbites des objets autour d’un rien de conscience. Je ne veux plus de conscience, simplement l’absence de pensée, de sensations et même de réflexes qui me poussent à ouvrir les yeux et à écouter.
Je n’ai pas mal, mais ce n’est pas pour cela que je vais bien. Je ne sais pas ce qui se passe, sinon que l’usine tourne, fonctionne à côté de moi, vivante et bien réelle. J’entends les paroles ou plutôt j’entends leurs sons, mais je ne les comprends pas. Je vois des images sans pouvoir les relier à une réalité vécue. C’est un bourdonnement, tout d’abord faible, comme une petite musique dans un coin de la tête, puis il s’amplifie, se fait plus réel, prend de la consistance. Chaque morceau du puzzle se raccorde, éclate à nouveau en pluie d’impressions sans logique, puis s’assemble comme un kaléidoscope.
Je ne sais si je suis moi-même réel. Pourtant, je suis. Je suis différent de tout ce que je vois et entends. Je les ressens et je sais qu’ils ne sont pas moi. Mais qu’est-ce que je suis ? Je ne sais. Peu importe d’ailleurs. Ecrasé sur un matelas d’aluminium, mon cercle d’appréhension se limite à un mètre autour de moi. Je ne tiens pas à aller au-delà.
Non, ne me bougez pas, je suis bien, que le temps ne reprenne pas sa course. Qu’il s’arrête pour que je récupère.
(suite à un séjour en clinique)
11:16 Publié dans 11. Considérations diverses, 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : sensation, sentiment, poésie, réflexions | Imprimer
01/02/2011
Il me manque, certains jours
Il me manque certains jours, lorsque le soleil confie sa face rubiconde aux mains boisées de l’horizon, l’ombre du désir blotti dans la chaleur de ton être.
Quand je te regarde, étrangère, sous une apparence de femme, riante de tes doigts autour de mots inventés, et que sur tes yeux ouverts, j’abaisse les paupières du souvenir, je revois ta pâle dépendance hébergée sur mes lèvres. Partagé d’étonnement, j’imprime au vide du néon la lettre lumineuse de l’attente.
Inlassablement dépecée de la vérité du moment, tu danses de dix bras et de sourires multiples le ballet de tes retournements. Je te vois, là, assise, au regard de la glace, et je te vois courbée au cygne de mon épaule, reposante de ton corps dans l’abîme de notre endurance.
08:00 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : poème, poésie, littérature | Imprimer
30/01/2011
Ce matin, par inadvertance
Ce matin, par inadvertance, j’ai pris le métro,
Ce serpent souterrain qui court dans la moiteur
Des dessous de la ville et transporte mille fantômes
Somnambuliques, vers des destinations multiples
Je sortais de mon lit, encore engourdi
Mais l’œil clair des attentes d’un jour nouveau
Et entrais dans la chenille lumineuse
Pour prolonger mon rêve exotique
Quelle étrange morbidité enserre ces passagers
De noir vêtu et d’ennui revendiqué
Sur la pelouse de leur mortuaire dessein
Ils allaient en silence, dans leurs pensées amères
Tous de noire désespérance, écrasés d’allégeance
Au dieu de la mode ou de l’inconscient collectif
Ils se laissaient porter, indifférents
Jusqu’au terminus de leur indolence
Chacun d’eux dormait les yeux ouverts
Sur la pâleur des publicités
Qui lui donnent la consigne
De se vêtir de noir, exclusivement
Les yeux baissés sur leur tiédeur communautaire
Ils se concentrent sans éclat sur leur aphasie
Ignorant la belle délicatesse des couleurs assemblées
Pour faire revivre et danser espoir et liberté
06:07 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, poésie, ville, désespérance | Imprimer
26/01/2011
Ce que je voudrais être
Ce que je voudrais être pour toi
Ce n’est ni la force, ni le savoir
Ni l’orage, ni le torrent, ni la tempête
Mais le refuge de tes regards
Le lac, la vallée et le logis
Je serai aussi pour toi
Les piliers de ton temple de vie
Celui qui sera toi et rien d’autre
L’ombre de ta démarche joyeuse
Le soleil du repos de ton âme
Et si parfois un vent léger se lève
Et t’éloigne quelque temps du lac
Ton regard suffira à me dire les saisons
Et la raison de nos émerveillements :
Un amour comme une fleur éclose
Aux premières heures du jour
Aux premiers temps de notre jeunesse
Que la lumière épanouit
Que les baisers reposent
Un amour qui ne dure qu’un jour
Parce que chaque jour le voit différent
Un amour qui n’en est plus un
Parce qu’il sera à la fois l’amour
L’amitié, l’estime et respect
Un amour qui est plus que l’amour
Parce qu’il sera bien d’autres choses encore
07:10 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, poésie, littérature | Imprimer
23/01/2011
Les flambeaux étaient des mains
Les flambeaux étaient des mains
Et leurs bras étaient ma mort
De longues rides sillonnaient leur bronze
Les quais étirent paresseusement leur pierre
Et la statue jette sa main en l’air
Tandis que le jaune égraine ses écailles de feuilles
Sur le gravier qui frôle ses pieds nus
Les deux fêtards se tournent le dos
Alors que brûlent leur veston
Et que les notes s’envolent dans le froid
Gémissantes sur ce doigt alangui
Blonde est ma chambre que cachent ses ombres
Et les têtes des candélabres me surveillent
De leurs yeux de feu dans la glace piquée
Au plafond courre un cheval de plâtre
Autour de la lampe noircie par le soleil
Le marbre de la cheminée est nu
Je vois ses veines et son teint de cadavre
Qui jaunit déjà par endroits
Derrière une forêt de grands tuyaux
Des pattes d’échassier aux ailes ployées
Écrasent de leur ombre la paresse du tapis
Et la lyre du piano allonge ses pieds
Sous ma chaise aux grands cheveux de paille
Sur les riantes parois de la bibliothèque
Les cloques de l’acajou ont crevé ça et là
Laissant la chair claire pénétrée de lumière
Dors donc me dis la rose qui repose…
06:24 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, poésie, littérature | Imprimer
20/01/2011
Silence des nuits sans sommeil
Silence des nuits sans sommeil
Où le cœur marque inexorablement
L’écoulement des heures figées
Dans la pose de l’enfant endormi
Et que dehors dans l’obscurité mouvante
La lune accomplit son périple immuable
Chaleur du poids de la veille
Dans la moite activité imaginaire
Des rêves du premier sommeil
Se lever et marcher dans l’obscurité
Sentir le carrelage froid sous le pied
Et l’odeur persistante du jour
Qui imprègne encore les pièces vides
Jusqu’à ce que la paupière lourde
Les membres las et la tête vide
Le corps replonge dans l’élément de son absence
06:14 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, poème, littérature | Imprimer
17/01/2011
L'eau morte
L’eau morte coule le long des tuyaux
Et j’entends son gargouillis dans le creux de ma main
Goutte à goutte le temps s’écoule
Les gens dans leur bêtise hautaine
Glissent sur les trottoirs embués
Tandis que l’œil morne des fenêtres les observe
Une main fine a essuyé la larme qui creuse l’œil
D’un geste mouillé et gémissant
Les rues fuient les rues sans se séparer
Labyrinthe de bruits et de regards
Et la nuit abat sa longue cape de deuil
L’eau ruisselle et éponge le son des pas
Et les passants cachent leur misère
Derrière un col ou sous un parapluie
Marche continuelle et pressée
Qui ne finira jamais en danse effrénée
Le fer de mon balcon a perdu sa beauté
Comme les volets ont fermé leurs bras
Les ombres regagnent la clarté enfermée
Dans le sein des flancs de ces rues
Pendant que s’étend la grande bête noire
Goutte à goutte le temps s’écoule
05:52 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, poésie, nuit | Imprimer
14/01/2011
Les pieds à l'horizon
Les pieds à l’horizon, le corps au zénith
Tes genoux formaient le globe de ma terre
Où je reposais naufragé d’un océan indifférent
Je levais le regard à l’ombre de tes étoiles bleues
Deux étoiles qui dansaient à l’innocence du feu
Recréant d’elles-mêmes la chaleur d’autres planètes
Une terre à l’envers du creux de mon cou
Ma joue abritait parfois l’ombre de ta main
Bien qu’elle soit petite. Mais l’ombre s’agrandit
À l’angle du souvenir. Je ne peux plus chercher
Dans l’arrondi de ma paume la mémoire
Des formes de la tienne. Aurait-elle déjà oublié
De quelle étrange sensation elle se revêtait.
Tu fermes les yeux comme un rideau de théâtre
Entracte ou fin ? J’attends les acclamations pour savoir
Un rideau noir, avec des franges recourbées
Noir comme le vent ou de la fumée
Un rideau noir, l’auteur s’y cache
A quoi sert sa ligne bleue
Doublée pour les ivrognes ou le borgne ?
Après l’entracte, la pièce commence
Elle est toujours différente, pourtant les entractes se succèdent
L’acteur n’a pas fini de signer les autographes
Alors tu biographes jusqu’au jour du mot fin
02:03 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, poésie, littérature | Imprimer
11/01/2011
Silence, voilà la nuit sur la ville
Silence, voilà la nuit sur la ville
Un passant cherche la chaleur de l’obscurité
Autour du halo glacial des réverbères
Il va d’un pas rapide et étriqué
On ne voit déjà plus son chapeau
Mais on l’entendra longtemps
Si la fenêtre reste entrebâillée
Silence sonore des résonnances
D’une ville prête à nous échapper
Où l’on n’a plus sa part de vie
Parce qu’elle est au monde de la nuit
Mais si cette ville n’est plus la nôtre
Que ne découvre-t-on pas en elle
Chaque bruit prend la consistance
Du rêve étrange de la connaissance
14:25 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, poésie, littérature, nuit | Imprimer
07/01/2011
Un train, la nuit
Un train, la nuit, comme un serpent
Dans la géographie de son désert de sable
Lent balancement des boggies qui cogne la joue
Sur la vitre humide et froide
Parfois les pleurs d’un enfant agacent le sommeil
Ou plutôt la rêverie installée comme un brouillard subtile
Qui conduit le voyageur au-delà de ses espérances
Jusqu’au terminus de ses phantasmes et de son ignorance
D’autres fois, la femme en face rencontre le regard
Chargé d’interrogation d’un voyageur égaré
Qui cherche vainement un interlocuteur malhabile
A effacer toute curiosité sur son grain de beauté
Bercement des sons et des mouvements jusqu’à l’oubli
Hypnotisme et résurgence de fatigues ignorées
Contraignant leurs victimes au repos de la chair
Alors que l’esprit vagabonde sous l’œil clos
Au dehors, dans l’espace imprécis des paysages
S’imaginent les vies fragmentées de personnages
Qui regardent un instant la machine de fer
Défilant bruyamment dans leur intimité
Jusqu’où ira-t-on dans l’espace noir guidé par le rail ?
La distance s’épaissit, se contracte et engendre
Des regards vagues sur des visages blafards
Alors chacun meurt un instant sous le jugement de l’autre
10:43 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : poésie, poème, train | Imprimer