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28/03/2012

Ian Davenport, peintre

 

A la galerie Hopkins (2 avenue Matignon 75008), on trouve quelques belles toiles de Ian Davenport.

 

Davenport 1.jpg

 

Elles sont colorées au-delà de tout ce que l’on peut rêver. Chaque toile porte le nom d’une couleur qui est sa dominante. Le regard se noie dans ses lignes qui effacent toute pensée, mais qui laisse une impression de beauté sauvage, malgré l’ordonnancement impeccable des trainées de couleurs. Car il s’agit bien de trainées. Les toiles sont peintes debout. La peinture est déposée en utilisant une seringue industrielle qui laisse couler la peinture acrylique le long de panneau d’aluminium ou d’acier inoxydable. « Je domine la matière liquide, je me sers de la couleur et j’essaie de réunir ces différents éléments en une chorégraphie. Le processus exige une grande rigueur interne, mais le hasard y aussi sa place ».

 

Sur quoi joue-t-il ? Le choix des couleurs et de leur juxtaposition, la largeur des lignes, le fond de la toile qui donne le plus souvent la dominante, et, enfin, la gravité et le jeu du poids de la peinture qui, au bas du tableau, est invitée à manifester sa puissance par des inclinaisons volontaires données au support, ce qui n’apparaît pas dans ce premier tableau, mais est agrandi dans celui-ci.

 

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 La peinture est brillante et laisse se refléter le spectateur. C’est un processus méthodique qui permet l’exploitation de la couleur qui est à la fois prisonnière de la méthode, mais libre de se propager, in fine, où bon lui semble, mais de manière ordonnée.

 

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 Faisant partie du groupe Young British Artists, il expose en 1988 avec Damien Hirst (voir article du samedi 10 mars). Il reçoit le prix Turner en 1991. Il dénomme son procédé « Puddle Paintings », c’est-à-dire peinture en flaques, évoquant ainsi le bas de la plupart de ses tableaux.

On peut cependant s’interroger sur le produit : un seul procédé utilisé, qui tient plus de l’esthétisme décoratif que de la véritable peinture dès l’instant où il est reproduit à répétition et vendu à de nombreux exemplaires. A-t-il d’autres idées ? Peut-être, mais à coup sûr, celle-ci a prévalu et est la seule retenue. Même phénomène que pour Damien Hirst : j’exploite l’idée jusqu’au bout parce que je n’en ai pas d’autres ! Mais cette idée est meilleure que celle de Damien Hirst, qui lui vend mieux. Histoire de marketing malheureusement.

 

 

 

 

22/03/2012

Exposition Aleksi Gallen-Kallela, au musée d’Orsay


 

Imatra en hiver, peint en 1885


 

A Gallen L'Imatra_en_hiver 1885.jpg

 

Le mouvement de l’eau en contraste avec l’immobilité de la neige. Les flots jaunes et sales bourdonnent en écume violente grâce aux petits coups de pinceau qui font éclater les bulles d’eau et d’air. La neige n’est pas sereine non plus. Elle épouse les lignes et les formes de matière, tourmentées en fond de tableau, plus paisibles au premier plan.

Au loin, dans le brouillard, on distingue un pont, passage de l'impassibilité à l’agitation, comme si la neige était elle-même en ébullition, l’eau mordant sans cesse sur la rive et transmettant sa folie à l’inertie des flocons agglomérés, les faisant entrer dans sa danse de fin du monde.

Que s’en dégage-t-il ? Le froid réchauffé par le mouvement des flots, un bouillonnement permanent face au calme silencieux des molécules neigeuses et un entre deux anxieux, incertain de son avenir, le tout noyé sous un brouillard qui occulte la vallée. Une atmosphère de cataclysme, dans l’irréalité.

 

 

Le lac Keitel, peint en 1905

 

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Vu  à quatre ou cinq mètres, un lac quasi sans ride occupe presque tout l’espace de la toile. Au fond, la forêt, puis la montagne. Quelle belle étendue, calme et immobile, toute en reflets. Si l’on s’approche, tout change. Ce sont des traits qui semblent abstraits, de gris en horizontal et de blanc en vertical. On voit de gros pâtés de couleurs. Et pourtant, comme il est tendre et harmonieux vu de plus loin.

 

Orante, peint en 1894

 

Aucune photographie sur Internet concernant ce tableau. Et pourtant, il est beau, d’une beauté intime, soulignée par les taches rouges du sol qui contrastent avec la délicatesse de la très jeune fille nue levant les bras et regardant le ciel. Elle est plus dessinée que réellement peinte. Le sol est fait de trainées rouges vifs, comme si elle se trouvait sur un volcan. Le ciel est illuminé de jaune, les rayons semblant sortir de son visage. Elle est belle d’innocence, de simplicité et de candeur.

 

 

Certes, ces trois tableaux ne donnent aucune idée de l’œuvre de Gallen-Kallela et des différentes périodes de sa vie de peintre. L’exposition met en évidence l’évolution de sa peinture. De très belles toiles, passant de portraits bourgeois aux scènes de vie campagnarde en Finlande, aux paysages de son pays, pour ensuite se tourner vers un symbolisme flamboyant, dont le tableau Orante. L'exposition présente aussi les surprenantes fresques exécutées par l'artiste, d’un style tout neuf, en illustration de l'épopée nationale du Kalevala et une très étonnante série de tableaux réalisés en Afrique.

  

Akseli Gallen-Kallela de son vrai nom Axel Waldemar Gallén (né le 26 avril 1865 à Pori, en Finlande, et mort le 7 mars 1931 à Stockholm, en Suède) est un peintre et graveur finlandais de la fin du XIXe et du début du XXe siècle. Il fut l'un des artistes finlandais les plus connus internationalement. Son œuvre est associée aux styles Nationaliste romantique, symboliste et Réaliste.

(From : http://fr.wikipedia.org/wiki/Akseli_Gallen-Kallela)

 

20/03/2012

Perspective inversée 2

  

Quelle confusion ! Où est donc passée la perspective ? Regard au centre : c’est le sommet des quatre losanges à fond jaune, mais c’est aussi le point de départ des quatre losanges étroit à fond blanc. De plus les quatre losanges à fond jaune inversent leur perspective en leur milieu pour rejoindre l’envolée vers l’extérieur sur le pourtour du dessin.

Dessin ésotérique, il fait apparaître une puissance insolite émanant de son centre qu’il projette sur l’horizon du globe. Au-delà, la platitude en deux dimensions, mais illuminée de ce rayonnement.

Malheureusement, les couleurs sont plus pâles que dans la réalité!

 

12-03-21 Inversion étoilée VD carré CL.jpg

 

Ivresse des profondeurs,
Solitude des extrêmes,
L’opposé se rejoint
En un espace ignoré
Entre les deux,
Toujours le juste milieu
Dans ce cercle magique
S’installe une vision
Qui ne sait où se tourner
Rien n’y est possible
Et pourtant, elle existe
Entre les sommets je vole
Empruntant les arêtes
Pour naviguer incognito
Dans ce monde fini
Mais incompréhensible
J’aime ses allers et retours
Dans la chaleur projetée
D’un vide incommensurable
Mais combien prenant

 

 

16/03/2012

Impressions champêtres

 

 

Il y a déjà un an, j’ai eu un coup de foudre pour deux tableaux assez proches, l’un de Renoir, intitulé « Chemins montant dans les hautes herbes », peint vers 1872-1875, et l’autre de Claude Monet, « Coquelicots », peint en 1875. Et je les retrouve hier, au musée d’Orsay, presque côte à côte, parmi les autres impressionnistes.

 

 Renoir-chemin montant dans les hautes herbes.jpgMonet Coquelicots.jpg

 

 

 

 

 

La même impression d’irréel heureux, le même enchantement d’un début d’été, odorant, dans le silence ouaté de la campagne, comme un arrêt du temps, quand l’instant devient éternité par émerveillement de l’être.

 

Renoir-chemin montant dans les hautes herbes.jpg

 

Quelle merveilleuse descente de la colline ensoleillée, presqu’illuminée de cette couleur irréelle que donne les rayons trop puissants d’un après-midi de chaleur. On entend rire les premiers groupes de femmes, jeunes, souriantes, joyeuses, qui se laissent caresser par les herbes hautes en se tenant par le bras. La première cueille quelques coquelicots ou autres fleurs, elle hume avec délice l’odeur renversante de la nature épanouie, ouvre les yeux sur ces couleurs vives, mais diaphanes que donne le silence d’un début d’après-midi en été. Plus loin, en haut de la colline, les parents, ou un autre couple, devisent plaisamment, en bonne compagnie, se laissant porter par l’ambiance simple et magique de ce jour. Les contours de la végétation restent flous, sauf au premier plan, comme les mirages, emprunts d’un léger tremblement qui transforme la réalité en rêve vivant.

 

Monet Coquelicots.jpg

 

Et il en est de même pour les Coquelicots de Monet. Le dessin est plus enfantin, plus sombre aussi, sans doute en raison du ciel plus chargé. La douce transparence des chaleurs d’été n’y est pas. L’atmosphère est cependant douce, moutonnée, coconnée, englobée dans ces couleurs moins vives, enrobée de gris qui sont le reflet des nuages filtrant la lumière et qui donnent ce repos moins exaltant, mais aussi subtil, que le tableau de Renoir. Les coquelicots s’égaillent sur la pente de la butte (ce n’est pas une colline). Ils s’égrainent comme des cloches au son cristallin, enchantant le regard sur ces hautes herbes qui ondulent sous la brise. Là aussi les personnages en descendent, deux mères avec leur enfant. L’ombrelle, instrument indispensable à l’époque, alors que de nos jours on se laisse griller au soleil avec juste, et encore, un écran de crème à même la peau. Elles avancent calmement, ont l’air perdues dans leurs pensées, et les enfants restent sagement à leur côté, comme intimidés par cette nature immobile, silencieuse, endormi.

 

Merci à vous, artistes, pour ces petits chefs d’œuvre pleins de promesse d’été ! Grâce à votre art, vous nous faites revivre ces instants merveilleux de l’enfance, par ces impressions si finement délivrées, qui, comme la madeleine de Proust, entraînent le souvenir vers ces paysages oubliés dans les replis de la mémoire.

 

 

10/03/2012

Exposition Damien Hirst

 

« Imaginez un monde de points. A chaque fois que je réalise un tableau, c’est comme si une pièce de cet univers en était découpée. Ils sont tous connectés.»

Damien Hirst

 

Intitulé « The Complete Spot Paintings 1986-2011 », cette exposition (rue de Ponthieu, 75008 Paris) se déroule simultanément dans les onze galeries Gagosian de New York, Londres, Paris, Los Angeles, Rome, Athènes, Genève et Hong Kong. Il semble, apparemment, que Damien Hirst, le peintre, soit connu. Il a été récompensé du Turner Prize en 1995. Son œuvre est présente dans d’importantes collections publiques et privées à travers le monde.

 

 

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Imaginez une galerie de grandes et larges pièces, et, sur les murs, de grandes toiles blanches (un simple apprêt) sur lesquelles figurent, alignés géométriquement, des ronds de couleurs. Ces couleurs ont-elles été choisies en fonction d’une harmonie secrète qui rendrait des effets recherchés et vérifiables ? J’en doute. Ce sont des ronds de couleurs sur une page blanche, sans autre effet que celui-ci. Il avoue lui-même qu’il ne les peint pas. Il les fait peindre par de petites mains. Sans doute lui est-il arrivé de remplir quelques cercles de couleur rouge, verte, bleu, plus ou moins foncé ou pâle. Mais tout cela vaut-il le déplacement et, encore moins, l’achat ? Or ces toiles se vendent des millions. Est-il possible qu’il y ait tant de gogos prêts à payer par snobisme ? Oui, la peinture contemporaine est art, au même titre que la peinture moderne et antérieure, mais si elle est dense, diversifiée, si elle fait preuve d'une beauté idéalisée ou réaliste. Oui à l’art cinétique. Mais ces ronds colorés, même brillamment (il emploie effectivement de la peinture brillante pour les ronds), ne mérite pas le nom d’art. Ce n’est pas de l’inspiration, mais du marketing, de la séduction commerciale, avec pour seules intentions esthétiques :  "Saisir la gaieté de la couleur, faire œuvre de coloriste" (d'après Damien Hirst). Tout simplement!

Retour au crayon de couleurs de l’enfance, voilà son idéal. Mais nombreux sont ceux qui se précipitent pour acheter, parce que ces carrés de ronds valent des millions.

 

Une exception cependant, c’est ce tableau où les points sontEntrelats borromee gauche.gif assemblés, plus ou moins, en anneaux de Borromée. Les anneaux de Borromée tirent leur nom d'une célèbre famille de princes italiens de la Renaissance, les Borromée, qui les adoptèrent comme symbole héraldique. Ils sont gravés dans la pierre de leur château, sur l'une des îles Borromée du lac Majeur. Les anneaux de Borromée sont un symbole fort de la cohésion nécessaire d'upolygrammes-cercles 1.jpgn groupe : des sociétés commerciales l'utilisent comme logo, des campus universitaires les font trôner à leur entrée et c'est l'un des éléments de la symbolique lacanienne. Dans ces entrelacs, chaque anneau est en dessus ou au dessous du suivant si on tourne dans le sens trigonométrique, donc ils « descendent » ou ils « montent ».

 

Il faut l’avouer, ce cercle entrelacé de boucles que l’on ne peut suivre qu’avec une extrême attention est assez magique. Son mystère en fait sa beauté. On y voit des courbes tourbillonnantes et même des sphères qui apparaissent subrepticement, puis échappent au regard.

 

 

Hirst-rond.jpg

 

 

 

08/03/2012

L’invitation au voyage

 

Un rêve aérien ou marin, pagode ou navire, toits ou voiles, flots ou briques !

Parti en Extrême-Orient, je dérive dans les fumées d’opium (imaginaires, bien sûr), errant dans les paysages insolites et colorés de rouge et de jaune, pétaradant dans la liesse populaire, à la recherche du dragon surmonté de ses enjoliveurs.

 

 

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02/03/2012

Expressionismus & Expressionismi, Berlin-Munich 1905-1920, Pinacothèque de Paris (suite et fin)

 

« Un peintre montre l'apparence des choses, par leur exactitude objective - en réalité, il donne une nouvelle apparence aux choses. » (Ernst Ludwig Kirchner)

 

Dans l’exposition Expressionismus & Expressionismi de la Pinacothèque, on peut voir le tableau d’Ernst Ludwig Kirchner « Chemin dans une forêt de montagne » (1919). Je n’en ai trouvé qu’une photographie tronqué etErnst Ludwig Kirchner - Chemin dans une foret de montagne (1919).jpg mauvaise qui ne rend pas du tout compte de la profondeur et du mystère que le tableau offre. Cette partie que l’on peut voir sur la reproduction est celle qui correspond, sur la toile, au nombre d’or. Elle est en réalité l’aboutissement d’un chemin qui s’enfonce dans la forêt comme un soc de charrue et qui ouvre vers le mystère.

Car cette forêt de sapins mouvementée, en pente, est comme un monde sous-marin, fait de verts tendres juxtaposés à des verts plus foncés. Elle est éclairée par une lumière qui fait ressortir les troncs en roses tranchants, presque rouges. Le ciel, vert pâle, mais étincelant, ne modifie pas l’ambiance du tableau. Il est magnifique de mystère, calme comme les deuxièmes mouvements des symphonies de Beethoven. Le mystère est apaisant et n’a rien à voir avec, par exemple, la musique de Wagner.

Kirchner peint une nature sauvage, exubérante, avec un dessin anguleuse et agressif. Mais ses couleurs sont adoucies, harmonieuses, profondes et créent un mystère indolent et fragile. Quelle intensité que ces bleus du tableau « Dans la forêt » (qui n’est pas exposé à la Pinacothèque). On imagine la tombée de la nuit, lorsque le vert de la végétation vire au bleu et où seules les parties illuminées encore par le soleil rendent leur couleur réelle, des verts tendres ou foncés qui se marient avec les bleus plus ou moins clairs des parties dans l’ombre. Magnifique tableau au mystère, là aussi, lumineux !

 

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29/02/2012

L’art et le beau

 

« On prouve tout ce qu’on veut, et la vrai difficulté est de savoir ce que l’on veut prouver. » Ainsi parle Alain dans son « Avant-propos du Système des beaux-arts », écrit en 1926 et qui n’a pas perdu de pertinence. Il poursuit : « Le choix est tout fait, et inébranlable, et ce qu’on voudrait prouver, à savoir que l’œuvre est belle, est affirmé sans aucun doute par l’œuvre elle-même. »

C’est pourquoi l’art, à l’inverse des mathématiques, n’a pas de point de vue universel et les appréciations que l’on y porte, ne sont que le reflet de la pensée d’un seul, parfois partagées par un certain nombre d’autres humains.

Cependant, ne l’oublions pas, le goût pour l’art, et donc l’intérêt que l’on y porte, est également affaire d’éducation. Mais jusqu’à un certain point seulement. Apprendre à apprécier une œuvre et l’apprécier réellement est différent. Disons plutôt que l’on apprend pourquoi l’on apprécie telle œuvre plutôt que telle autre, on apprend à en goûter la vision d’ensemble et chacun des détails, mais au fond de nous, en dehors des modes et de l’influence des autres, on sent instinctivement ce qui nous plaît ou ne nous plaît pas. On baptisera chef d’œuvre ce que d’autres considèrent comme sans valeur esthétique, voire médiocre. Alors l’art serait-il simplement affaire de goût ?

Eh bien, là aussi, nous sommes sur la corde raide des sommets, avec, à droite et à gauche, la pente qui conduit à deux lieux opposés. Mais c’est bien cette fine limite, qui est le juste milieu, qui détient la vérité. Rien n’est blanc ou noir, tout est nuance et non pas gris. Et ces nuances sont la couleur de la vie et du monde.

On rejoint là un autre auteur, Maurice Nédoncelle, avec son livre « Introduction à l’esthétique », aux presses universitaires de France en 1963. Que nous dit-il ? L’esthéticien est le philosophe de l’art : il cherche à en éclairer la nature, à en décrire l’origine, les espèces, la finalité ; il essaie d’en discerner les rapports avec le beau, il analyse le mystère de la beauté même. Mais il ajoute aussitôt après : On peut se demander, il est vrai, si une telle réflexion est utile et ne se résout pas en verbiage… Nous pouvons nous familiariser avec le beau, nous ne pouvons le définir, il est aussi réel et indéfinissable qu’une personne vivante. Et c’est bien en cela que telle œuvre d’art fascine certains et pas d’autres, parce qu’elle ne correspond pas à sa façon d’appréhender la vie.

En réalité, l’œuvre d’art nous plaît parce qu’elle rencontre en nous une aspiration, une élévation de l’âme dont nous avons besoin pour vivre. Or, parce que chaque homme est unique, nous avons tous des voies différentes pour arriver à notre réalisation. L’œuvre d’art reflète plus ou moins ces voies et nous entraîne vers le haut selon que la beauté que l’on y trouve correspond à la voie qui nous permettra de nous élever. Mais alors, me direz-vous, l’œuvre d’art n’a pas de valeur universelle ? Si, elle en a bien, car cette élévation, cette aspiration se rejoint bien en un point, que certains appellent Dieu, quel que soit celui-ci, que d’autres appellent principe universel, et qui possède mille noms selon la pensée de chacun. Au-delà du Big bang, cette lumière qui éclaire le Tout, constitue notre ultime réalisation. Elle est sans nom  et l’on comprend que dans certaines religions on ne nomme pas Dieu (le judaïsme n’accorde que des attributs à YHWH), on ne représente pas Dieu (l’Islam a ainsi développé un art géométrique fascinant et impressionnant faute de pouvoir développer des images), voire même l’idée d’un dieu supérieur n’existe pas (le bouddhisme est une religion sans Dieu).

Pour revenir à notre vision de l’art, et donc à notre idée du beau, il semble que celui-ci a donc un rôle très particulier. Par l’attirance irrévocable que certaines œuvres possèdent, et qui est différente selon les personnes, l’art est une aide précieuse et un moyen sûr pour conduire à sa propre découverte, au-delà d’un moi imprégné de contexte, environnement, histoire, géographie, société et même mathématique, la science la plus universelle.

 

 

27/02/2012

Expressionismus & Expressionismi, Berlin-Munich 1905-1920, Pinacothèque de Paris.

 

Cette exposition veut mettre en lumière la diversité de l’expressionisme allemand qui est composée de deux approches opposées, l’une par le mouvement Die Brücke (Le pont) et l’autre par le mouvement Der Blaue Reiter (Le cavalier bleu).
Die Brücke est fondé en 1905. L’objectif est de s’abstraire de toute règle. Il s’agit d’exprimer les émotions de l’artiste sans aucun aspect formel.

Der BlaDer Blaue Reiter.jpgue Reiter, fondé en 1912, est né du besoin des artistes lui appartenant de développer un art permettant de capter l’essence spirituelle de la réalité avec un langage contrôlé tendant vers l’abstraction. Pour cela, ils publièrent des livres et organisèrent des expositions. Kandinsky fut un des moteurs de ce mouvement. Dans son étude pour l’Almanach du Cavalier Bleu, aquarelle peinte en 1911, le cavalier est une métaphore de l’artiste : « Le cheval porte son cavalier avec vigueur et rapidité. Mais c’est le cavalier qui conduit le cheval. Le talent conduit l’artiste à de hauts sommets avec vigueur et rapidité. Mais c’est l’artiste qui maîtrise son talent ». La même année, il peint son premier tableau abstrait  « Tableau avec cercle » de 1911. C’est cette même année que paraît son premier grand ouvrage théorique sur l’art, intitulé « Du spirituel dans l’art et dans la peinture en particulier ». Il y expose sa conception personnelle de l’art qui est pour lui d’ordre spirituel. Il développe également une théorie concernant l’effetVassily Kandinsky - tableau avec cercle (1911).jpg psychologique des couleurs sur l’âme humaine et leur sonorité intérieure. Le beau n’est pas lié à la reproduction d’une réalité quelconque, mais à l’agencement de couleurs et de la forme dans une harmonie émotionnelle. Toujours dans le même ouvrage, il définit trois types de peinture, les « impressions », les « improvisations » et les « compositions ». Tandis que les impressions s’appuient sur une réalité extérieure qui leur sert de point de départ, les improvisations et les compositions dépeignent des images surgies de l’inconscient, la « composition » étant plus élaborée d’un point de vue formel. Enfin, il s’attache à la dissonance. Comme Schönberg compose sa musique à partir d’une disharmonie, Kandinsky construit ses tableaux sur le principe de chocs colorés.

 

August Macke - Nu de dos sur fond rose (1911).jpg

Admirons également un autre peintre, August Macke et les deux nus exposés à la Pinacothèque. D’abord le tableau « Nu de dos sur fond rose, peint en 1911, trois ans avant sa mort prématurée ; puis le « Nu assis sur un oreiller » de la même année. Ils sont également lumineux. Les corps tout en courbeAugust Macke - Nu assis a l'oreiller (1911).jpg ne sont nullement intimistes, mais seule compte la couleur de la chair, merveille de nuances, en particulier le second aux reflets bleus. Malgré la banalité de la mise en scène, on est surpris par cette vigueur étincelante, comme un éclair de possession qu’un coup d’œil dévoile.

 

16/02/2012

Cubes de Penrose

 

Une application du pavage de Penrose, mathématicien évoqué le 13 février. Il s'agit ici de parallélépipèdes accolés deux à deux. Cela n'a l'air de rien, mais ce n'est pas évident à construire. Mais cette construction ne peut exister dans la réalité. Et pourtant, c'est du plus bel effet !

 

E31 Penrose cubes 41.jpg

 

 

12/02/2012

Le néo-impressionisme (exposition Henri Edmond Cross, au musée Marmottan Monet)

(Suite et fin de la première partie publiée le 4 février)

 

Quel coloriste éblouissant qu'Henri Edmond Cross ! Toute sa peinture est une ode à la couleur, une couleur toujours juste, sans faute de juxtaposition, et pourtant vive, lumineuse, enchanteuse. Une vie avec la lumière dans la tête, quelques couleurs primaires au bout des doigts, beaucoup d’habileté et de patience, et le bonheur sans fin d’un accomplissement dans l’harmonie. Sa vie fut courte, il est mort à 56 ans, mais en toute plénitude de son art. C’est un idéaliste, il aimait parler de ses idées artistiques. Il s’intéresse aux harmonies chromatiques, il joue avec les couleurs complémentaires, tout d’abord d’une manière très pointilliste et décolorée par l’usage du blanc, puis par touches, irrégulières, de couleurs pures.

Malheureusement, ses tableaux pointillistes se prêtent peu à la photographie. Admirons cependant la « plage de la Vignasse » dont il dit : « C’est vous dire que je crois avoir fait un pas vers les charmes de la pure lumière […] Un premier plan parsemé d’immortelles et d’herbe. La mer mauve avec le reflet du soleil vers les quatre heures de l’après-midi en été - ciel orangé très pâle. » Le scintillement du soleil sur HE Cross_Plage.jpgla mer se reflète dans les buissons de la plage, une vibration émouvante imprègne l’ensemble du tableau, mais fondue dans une harmonie et une sérénité indéniables. On devine au loin les îles de Porquerolles et Port Cros, mais s’évanouissant dans le mirage provoqué par l’éblouissant reflet d’un soleil qui n’apparaît pas sur la toile. Ce qui compte, ce n’est pas la ligne d’horizon qui se situe très haute, mais le jeu des lumières sur la végétation de la plage, ensorcelée par l’irisation de la surface de l’eau. Et pourtant, tout est dépouillé, serein, calme, comme un jardin japonais.

 

Cross a égalRochers de Trayas.jpgement peint à l’aquarelle, avec toujours sa verve coloriste. Il y a en particulier, dans une petite salle avant la sortie, trois aquarelles magnifiques dans lesquelles l’effet de lumière est produit par la non peinture d’espaces importants sur la feuille qui donne une impression de neige lumineuse. Regardez les « Rochers de Trayas » (1902) où là aussi la mousse des vagues sur les rochers est rendue par l’absence de peinture.

 

La plus belle aquarelle de l’exposition est sans doute celle intitulé « Bormes » (1907). Nous sommes éblouis par cette lumière qui n’existe pas par la couleur, mais justement par l’absence de couleur.

HE Cross Bormes.jpg

 


Vers la fin de sa vie, Cross évolue, il retourne à la peinture à plat, mais conserve toute sa richesse coloriste. C’est le cas pour le tableau « L’arbre penché or le rameur », peint en 1905.

HE Cross L'arbre penché or le rameur.jpg

 

Allez voir cette exposition, je n’ai fait part que de petites impressions dont l’objectif est de vous inciter à contempler longuement ces magnifiques tableaux. Il faut se laisser prendre par leur magie, lentement, presque pieusement. Alors progressivement on entre dans cette volupté de l’esprit où la raison s’efface devant l’émotion. Mais comme dans le petit prince de Saint Exupéry, il faut se laisser apprivoiser.

 

02/02/2012

Mortellement

 Linogravure réalisée il y a quelques années :

11-06-14 Mortellement1.jpg

 

 

La mort avait revêtu son uniforme

Un nécessaire de plongée sous-marine

Elle pointait sur moi son harpon

Et semblait me dire, hautaine :

" Qu’as-tu à regarder mes pieds

Ils sont chaussés de caoutchouc

Et battent la mesure du temps

Lorsqu’ils arrêteront leurs frétillements

J’appuierai d’un doigt ferme

Sur le basculement de la détente

Et te porterai le coup fatal

Alors ta tête s’en ira au gré des flots

Mangée par les mollusques

Elle dérivera jusqu’à ce que plus rien

N’erre sur sa surface lisse

Elle tombera au fond des mers

Puis s’effritera en mille poussières "

 

Chaque jour je regarde partir

Ces souvenirs chers de ma mémoire

Pour ne plus contempler

Que l’obscure froideur d’une eau mouvementée

Et ne reste que cette gravure

Elaborée un jour de grand froid

Parce que j’avais rêvé

A d’autres vies, à d’autres destinées

 

 Et cependant, dans l’obscurité

Cette tête veille sur le monde

Et me dit : " Le souffle instinctif

De la vie est en toi

Comme un mouvement rassurant

Ressenti fiévreusement au lieu

Où le moi devient le toi, le vous, le tout "

 

26/01/2012

Musée national Gustave Moreau (1826-1898)

 

Ce musée a upeinture, dessin, gravure, abstrait, symbolismene particularité, il fut construit du vivant de l’artiste.

 

A la maison initiale furent ajoutés deux étages d’atelier couvrant en peinture, dessin, gravure, abstrait, symbolismepièces uniques la surface de la maison.

 

Un contraste incroyable entre le premier étage, très petit bourgeois, et les deux étages supérieurs quelque peu prétentieux en raison de leur taille, mais disposant d’un magnifique escalier les reliant.

 

 

 

 

L’art de Gustave Moreau est singulier. Il fut pourtant très apprécié des milieux parisiens, même si la critique ne le ménagea pas lors de sa première expositionpeinture, dessin, gravure, abstrait, symbolisme au Salon. Il commença par s’initier aux sources de l’art, l’Italie avec la peinture de la Renaissance et de l’antiquité. Ces années resteront sa référence artistique : Raphaël, Léonard de Vinci, le Titien, Botticelli. Conforté dans ses certitudes, il revient à Paris. Gustave Moreau considère que la peinture, miroir des beautés physiques, réfléchit également les grands élans de l'âme, de l'esprit, du cœur et de l'imagination et répond à ces besoins divins de l'être humain de tous les temps. C'est la langue de Dieu ! Un jour viendra où l'on comprendra l'éloquence de cet art muet ; c'est cette éloquence dont le caractère et la puissance sur l'esprit n'ont pu être défini, à laquelle j'ai donné tous mes soins, tous mes efforts : l'évocation de la pensée par la ligne, l'arabesque et les moyens plastiques, voilà mon but. peinture, dessin, gravure, abstrait, symbolisme

Pour lui, la peinture, et d’abord le dessin, sont œuvres de l’esprit avant d’être exécuté par le corps. Ces tableaux avaient pour ambition de condenser toutes les aspirations de rêve, de tendresse, d'amour, d'enthousiasme, et d'élévation religieuse vers les sphères supérieures, tout y étant haut, puisant, moral, bienfaisant, tout y étant joie d'imagination de caprices et d'envolées lointaines aux pays sacrés, inconnus, mystérieux.

 

 

 

Moreau est avant tout un dessinateur hpeinture, dessin, gravure, abstrait, symbolismeors pair. Ce n’est pas un coloriste. Tous ses tableaux demandent de longues esquisses et le dessin final est très précis, empruntant à David ou Ingres et s’inspirant de nombreux modèles antiques, tant italiens qu’indiens ou persans. De plus il annote ses dessins pour se souvenir de ce qu’il veut faire. Pour ses dessins, il emploie le crayon, mais également le fusain et la sanguine, et même la plume et l’encre. Il réserve l’aquarelle à sa peinture intime.

 

 

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C’est à la fois un symboliste qui s’intéresse au mysticisme, un précurseur du fauvisme et même un abstrait : "N'étant plus en goût ni de me défendre, ni de rien vouloir rien prouver à qui que ce soit, j'en suis arrivé à cet état bienfaisant d'une humilité délicieuse vis-à-vis de mes vieux maîtres du passé et de cette unique joie de pouvoir m'exprimer librement et en dehors de toute juridiction".

 

 

 

 

Sa peinture cependant laisse perplexe. Elle est triste, inachevée le plus souvent, quelque peu barbouillée de marron et de noir. On a parfois l’impression d’un peintre débutant. Mais le Prométhée exposé au Salon de 1868  est magnifique d’imagination et de conception.

peinture, dessin, gravure, abstrait, symbolisme

 

 

22/01/2012

Croisillons décoratifs

 

Simple et décoratif. Et pourtant… Regardez de plus près.

Le motif est effectivement simple :

 

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Mais chaque motif s’emboite dans le précédent et le suivant, de tous côtés, en 3 dimensions, et ce de deux manières :

 

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Pour finir on arrive à un effet d’ensemble assez inédit, en incorporant deux fonds :

 

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Ce n'est cependant que décoratif !

 

 

21/01/2012

Maria Perello, peintre espagnole

 

La galerie Sibman (28 place des Vosges 75003 Paris), toujours elle, expose des toiles insolites : vues de bain d’enfants dans des piscines.

 

peinture, dessin, art pictural

 

Quel sujet, me direz-vous ? Oui l’image est banale (une piscine depeinture, dessin, art pictural ville !), mais c’est magnifique. Il ne s’agit pas seulement de réalisme, mais de lumière de l’eau. Elle bouge, elle tremble la surface de l’eau. Elle donne à voir son âme en toute transparence. On a envie de tendre la main et de goûter sa fraicheur.

 

Pas une faute de goût dans ce regard sur le bain d’un enfant ou d’une toute jeune fille. Ce ne sont pas les baignades bruyantes habituelles aux adolescents, peinture, dessin, art picturalquand l’émulation naturelle de garçons et filles mélangés contraint le spectateur à fuir la résonance des cris. La baignade est individuelle, personnelle pourrait-on dire, comme hésitante, presque philosophique. Seules les têtes sortent de l’eau. Les corps, dans le tremblement léger de la surface, sont discernables, mais malgré tout sans forme vive, comme alanguis, en apesanteur. Les gestes sont ralentis par l’inertie aquatique, prenant des allures fantomatiques, mais toujours émouvants de fraicheur et d’impulsion.

 

 

peinture, dessin, art pictural

 

 

Quelle leçon de peinture. D’un sujet très bateau (sans jeu de mots), l’artiste donne un rendu grandiose de bleu et de mouvement, la couleur et le trait se marient intimement, probablement parce qu’il n’y a pas de visibilité du dessin.

 

 

18/01/2012

Albert Vidal, peintre

 peinture, ville

Regardez, ouvrez le fichier, puis vos yeux et admirez :

A Vidal-catalogue.pdf

 

Il peint, principalement des villes, vue de haut, d’avion ou des immeubles les plus hauts. Et la ville devient lointaine, se noie dans l’horizon, s’ébroue sous un ciel bas, parfois sans perspective du tout. Ce qui l’intéresse ce sont ces immeubles, bâtiments, maisons, édifices, monuments qui voilent des alignements de rues, de boulevards qui se croisent, s’entrecroisent, tantôt en longues lignes droites, tantôt en ruelles biscornues au dessin inconnaissable. Cela pourrait être triste, délavé, mortellement ennuyeux. Et pourtant, ces villes sont optimistes, elles respirent la gaîté, le bon vivre, la joie d’être ensemble. Comme elles sont bien toutes ces constructions qui se serrent les unes contre les autres, protégeant ainsi leur intimité. Elles ne laissent apercevoir que leurs toits, petits carrés de goudrons, de tuiles ou de ciments. On sent pourtant le grouillement dans les rues, l’agitation dans les bâtisses, une vie quasi souterraine, tranchant avec la sérénité des quartiers dans leur totalité.

  

 peinture, ville

 

Ce n’est pas de la peinture à thème, il n’y a pas non plus de quoi former un nouveau mouvement d’art pictural, mais il y a un charme discret, étincelant qui frappe l’œil et enchante l’âme, une rigueur joyeuse qui aide à comprendre la ville dans ces aspects esthétiques.

 

 

 

 

Albert Vidal expose à la galerie Sibman, une excellente galerie par le choix de ses artistes, tous différents, mais possédant la distinction de la véritable peinture, du retournement de l’âme pour faire frémir de joie celui qui y entre.

Regardez son site internet, vous y verrez de magnifiques compositions :

www.sibmangallery.com

 

Et si c’est possible, allez-y, car qu'y a-t-il de plus fabuleux que de toucher, par la vue et presque l’odeur, des tableaux où l’on admire le trait, la pâte, l’englobement des couleurs dans un coup de couteau, l’étalement diaphane d’un pinceau manié par une main sûre.

 

 

 

17/01/2012

Musée de la vie romantique (16 Rue Chaptal 75009 Paris)

 

On y entre par un ancien chemin qui se glisse maintenant entre les immeubles. C’est un peu le chemin d’une prison qui mène vers le paradis que l’on aperçoit au fond, dans une brume de soleil. On s’arrête quelques instant pour payer sa participation à l’entretien du musée et l’on est immergé dans un Paris ancien, celui du siècle dernier, voire d’il y a deux siècles : une charmante petite cour pavée, une petite maison de style restauration, aux volets verts d’eau, un jardin certes petit, mais empli de feuillages et de fleurs (plus trop en ce moment !).

 

 

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On s’atta12-01-15 Perron red.jpgrde bien sûr dans cette petite place des autres siècles, se réchauffant au soleil, sans regarder les immeubles environnants. Il y a encore du bois sous l’escalier de la porte d’entrée.

 

Quelle paix ! Les bruits de la ville arrivent estompés, les couleurs prennent des tons efféminés, quelques personnes se promènent en se tenant par le bras  dans ce jardin de poche. Tout est ralenti, attentif à une lumière tamisée par les arbres. On s’installe quelques instants sur le banc et on laisse le rêve envahir son esprit. On se voit à cheval arrivant par l’allée, descendant sur le perron et pénétrant dans la maison pour se réchauffer. Alors on se dit qu’il est temps d’entrer. Quelle déception ! C’est bienun musée. Mais il évoque la vie romantique de Paris au XIXème siècle, cette époque où le tout Paris se voulait artiste : peintre, sculpteur, poète, musicien, danseuse et bien d’autres choses encore.

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Cela n’a plus rien à voir avec l’intérieur habité d’une propriété presque de campagne. C’est un patchwork d’objets rassemblés là qui inspire le respect, mais intimide également par son aspect passé figé. On est plongé dans un monde étrange, un peu poussiéreux, avec de belles fioritures, de beaux cadres, mais persiennes closes. C’est une sorte d’intérieur de château bien que les pièces soient toutes petites, au décor endormi sur un passé révolu. On y admire de beaux meubles et surtout des tableaux évocateurs de cette période :

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Georges Sand enfant, peinte par Aurore de Saxe ;

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un enfant rêveur et fatigué (je ne sais plus qui il est et qui l’a peint) ;

 

 

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Les litanies de la vierge, d’un classicisme à toute épreuve, mais de belle facture, peint par Auguste Legras.

 

 

 

On étouffe un peu dans cet univers clos, mais qui permet de revivre avec un réalisme parfait ce que nos arrières grands parents ont connu.

 

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On visite la serre avec une très curieuse fontaine-grotte où pousse une verdure abondante, comme au menton d’un homme qui ne s’est pas rasé depuis quelques temps. Rococo du meilleur aloi !

 

 

 

 

Alors repris par la fièvre du parisien du XXIème siècle, vous laissez là votre imagination et une partie de votre cœur, pour revenir dans une rue où passent les camions, dans laquelle les personnes sont habillées comme vous et qui, eux aussi, sont pressés parce qu’il faut être pressé quand on vit dans un avenir indéfinissable.

 

 

13/01/2012

Exposition Polyphonies des œuvres de Paul Klee à la Cité de la musique

 

Attente, comme une phase impérative avant d’entrer dans le sanctuaire. La route est longue, ou plutôt, l’attente est longue alors que le trajet de la queue ne s’étend que sur quelques dizaines de mètres. C’est sans doute un prélude de réflexion à ce que nous allons voir : le mariage de la peinture qui utilise l’espace et de la musique qui se sert du temps. L’exposition n’est pas consacrée à l’ensemble de l’œuvre de Klee, mais à tout ce qui chez Klee touche à la musique. Il était musicien, violoniste d’orchestre et même critique musical. Il connaît très bien la musique de chambre, il est passionné par l’opéra, et joue les grands compositeurs classiques : Bach, Mozart, Beethoven, mais aussi Schumann, Wagner, Debussy, Dvorak, etc. Cependant, il choisit l’art pictural, le dessin et la peinture.monumentklee red.png

L’exposition distingue 6 périodes, en fait 5 si l’on retire sa jeunesse indécise de la voie à suivre. J’avoue ne pas aimer follement la peinture et les dessins de Klee. Ceux-ci sont enfantins, d’un tracé incertain, comme hésitants. Sa recherche de simplification des formes manque de rigueur. Quant à la peinture, on a souvent l’impression qu’elle consiste à mettre de la couleur sur le dessin. Malgré l’utilisation de couleurs gaies comme le rouge, le jaune, ces tableaux s’accompagnent souvent de brun, de bleu ou encore d’autres couleurs vives, mais un peu délavées. Certains tableaux sont cependant lumineux et joyeux tel « Monument in the Fertile country » de 1929, ci-contre.

Ce qui est par contre très intéressant chez cet artiste est le parallèle qu’il s’efforce d’établir entre deux arts qui semblent assez opposés : la peinture et la musique. Klee est un chercheur. Il cherche des assemblages de formes et de couleurs qui permettent d’établir des similitudes difficiles entre le son et la couleur. Il invente des modèles de compréhension rapprochant les deux arts. C’est ainsi qu’il s’attaque à un projet de construction polyphonique de la couleur, puis il se penche sur l’abstraction dans un processus partant de la nature, pour la transformer en champ de signes, comme une partition. Il conçoit le projet d’un monument à la mémoire de Bach à partir des quatre premières mesures de la fugue en sib mineur du Clavecin bien tempéré, les formes du monument étant réglées sur la hauteur des notes indiquées sur la partition.

A partir de 1930 il entreprend d’autres recherches de langage polyphonique sur le rythme, la mesure, les modes musicaux. Mais c’est une construction qui reste très libre d’inspiration. Il s’agit pour lui, de « transposer dans la peinture les notions propres au langage musical : la polyphonie par le travail de la transparence, notamment à l’aquarelle, l’harmonie par les effets conjugués de couleurs mates posées en grilles souples et aérées, le rythme par la scansion régulière de la surface picturale. » Un bon exemple de ces recherches est le tableau fait à l’huile et intitulé « en rythme », peint en 1930.

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Sur un fond brun, assez habituel chez lui, il a établi une grille (très approximative, pour laisser la liberté) et peint au couteau une alternance de quadrilatères noirs, blancs et gris. Seul le noir est vraiment noir. Le blanc et le gris laissent encore entrevoir le fond marron sur certaines parties. Enfin, il a alterné l’étalement de la peinture en horizontal et en vertical. L’objet du tableau est de mettre en évidence l’importance du rythme grâce à une représentation picturale tant par le choix de la forme que par celui de la couleur. Par ce tableau, Paul Klee rejoint complètement la peinture abstraite, voire cinétique grâce au rythme imprimé par la succession de noir, blanc, gris, que l’on imagine défilant comme une bande de cinéma.

 
Dans l’ensemble de son œuvre, Klee devance les surréalistes par son abandon à l’irrationnel, sa liberté rêveuse, ses visions. Enfin, ne l’oublions pas, il aime la facétie, le portrait comique, la représentation simplifiée, voire la caricature d’une idée, d’un concept. Il n’y a pas un personnage Paul Klee, mais une multitude de personnages qui se côtoient sans difficulté tous les jours pour le plus grand bonheur de ceux qui l’écoutaient jouer du violon ou qui regardent ses tableaux.

 

09/01/2012

Pentaèdre

 

Cet enchevêtrement de pentaèdres (polyèdre à cinq faces) est impossible dans la réalité. Il commence au centre sur une étoile, engendrée par un croisement entre les faces quadrilatérales avec les faces triangulaires. Puis chacune des faces quadrilatérales engendre le départ d’une des faces triangulaires d’un nouveau polyèdre, parce que de la même longueur, et ainsi de suite. Ce qui donne une véritable composition de pentaèdres qui devient difficile à suivre plus l’on s’éloigne du centre.

Mais où va-t-il chercher cela ?

La géométrie est un des aspects les plus intéressants des mathématiques, probablement en raison des facéties que l’on peut introduire dans ses représentations.

 

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08/01/2012

La couleur

 

Noir et blanc. Un vrai kaléidoscope. Des cubes entassés, les uns sur les autres, dans tous les sens, dessinant des sculptures géométriques impossibles, laissant des passages entre eux qui semblent s’enfoncer loin, très loin. J’avançai, me glissant entre deux arêtes pour pénétrer dans une anfractuosité. Elle s’agrandit, devenant plus lumineuse, et j’entrai dans un jeu de couleurs magnifiques, organisées en formes fluctuantes, mobiles et profondes. Une forêt aux arbres rouges, aux chemins bleutés, au ciel vert diaphane. Une lueur venait d’un soleil blanc entouré d’un halo qui recouvrait le paysage d’une sorte de voile mystérieux. J’avançai prudemment dans cette forêt magique qui, chaque fois que je heurtai une branche, émettait un son de flute, comme un air inconnu, mais d’une beauté étourdissante. Alors, je pris une branche et la secouai. Ce fut une véritable symphonie, calme, tendre, reposante. J’eus envie de m’arrêter là et de m’endormir au pied de l’arbre. Mais une voix me commanda de poursuivre. Je repartis et je vis apparaître un homme, jeune, beau, souriant, qui me regarda et me parla sans ouvrir la bouche. Je l’entendais dans ma tête, comme s’il me parlait en moi, intimement. Il me dit :

– Le noir est le néant. Et pourtant, il façonne la matière sur une toile et sépare les couleurs. Il n’existe que parce qu’il s’oppose au blanc. Mais si la page est vide, le blanc est néant. C’est le noir qui lui donne une forme et remplit sa clarté, le fait lumineux, le rend divin. Il n’y a pas de blanc s’il n’y a pas une autre couleur à côté. Le noir complète, met en valeur le blanc, lui donne son élégance, sa pureté, sa virginité.

D’un mouvement du bras, il fit disparaître la forêt et je dus fermer les yeux, car il n’y avait plus rien, qu’un aveuglement sans fin. Au moins le noir s’oppose aux autres couleurs, mais le blanc, c’est l’absence de couleur, c’est un trou dans la trame du monde, une porte vers l’inconnu.

– Oui, le monde est coloré et la couleur est son vêtement. Elle lui donne une apparence remarquable de nuances et en fait une symphonie merveilleuse. Mais l’art du peintre va au-delà. Il est d’aider celui qui contemple ses tableaux à découvrir le monde, à y voir l’empreinte du divin. Tu regardes un tableau et tu y aspires à un merveilleux repos, fait de mouvements synchronisés et parfaits. Car la couleur, c’est un mouvement dans l’espace qui s’imprime dans l’œil et réjouit le corps.

Et pour contredire ce qu’il venait de proférer, l’homme d’un autre mouvement du bras, plongea l’espace dans un noir absolu. Même sentiment que le blanc. Les deux extrêmes s’assemblent et, entre eux, la ronde des couleurs, l’arc en ciel divin.

 

 

17/12/2011

Japonaiserie

 

Mettre d'abord la musique : http://www.youtube.com/watch?v=r6ALjvjmjHg 

Puis, regarder la gravure :

musique,gravure,peinture,japon

 

Recherche du style des estampes japonaises, à la fois par le procédé qui n'est qu'une gravure, mais surtout par le style.

musique,gravure,peinture,japon

 

C'est plus une impression, aérienne, diluée dans la nature, comme un symbole de la matière, mettant en évidence son évanescence et sa pesanteur.

Esprit Zen, recherche d'une unité interne de l'être où la profusion est éphémère et le trait brut devient épanouissement.

 Méditation : écoute du silence intérieur. Visualiser le trait jusqu'à ne plus penser !

 Ecouter encore :

http://www.youtube.com/watch?v=-5GtFXBPIRg&feature=re...

 

 

13/12/2011

Grand nu, de Georges Braque (1907-1908)

 

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Au Centre Pompidou

 

Si l’on regarde ce tableau sans en connaître l’histoire, on peut s’étonner d’une femme musclée comme un lanceur de disque et enveloppée de papier kraft. On pourrait croire à une petite sculpture orientale que l’on emballe pour l’offrir à un être cher. Certes, elle n’est pas très représentative de la beauté parisienne, même s’il s’agit de beautés de Pigalle. Et pourtant, si l’on poursuit son observation, on finit par s’attendrir devant cette femme nue qui apparaît si peu féminine.

Elle semble enroulée sur elle-même, comme une vrille de tire-bouchon et sa partie haute est somme toute pleine de charme, alanguie sur son oreiller. Elle fait penser à ces estampes japonaises, esquissées, dont l’objet est l’impression plutôt que la représentation. Elle croise ses deux mains derrière sa tête avec sensualité. Elle minaude devant l’homme qui la regarde, s’offrant, mais indifférente. Elle n’a pas de regard, donc pas de personnalité, mais malgré tout, elle séduit dans sa pause charmante, comme une fleur offerte.

 

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Par quel hasard ou quelle idée saugrenue, Georges Braque a-t-il alors peint ce buste surmoulé qui n’a rien d’une nymphe ? A-t-on déjà vu demoiselle aux formes masculines comme un cheval de trait par rapport à ce que l’on peut imaginer d’un pur-sang ? Cependant, le buste lui-même reste féminin et presque voluptueux. Arrondi, il est chaud de par sa couleur et son aisselle accueille le regard. Et si vous l’examinez bien, vous constatez une deuxième torsion à hauteur de la naissance des jambes, si bien que ce corps se présente de manière pudique à la convoitise des passants. Mais elle ne le sait pas. Elle rêve sur son emballage, les yeux ouverts, mais vides, attendant le mouvement de la vie.

Ce n’est pas encore du cubisme, d’autant que le mot ne fut inventé que plus tard par Matisse à la vue d’un tableau de Braque. Mais ce n’est plus ni l’impressionnisme, ni le fauvisme des premières années du peintre. Il a rencontré Picasso, ils deviennent amis et ils initient le nouveau courant décrit par Cézanne en 1904 : « Traitez la nature par le cylindre, la sphère, le cône, le tout mis en perspective, soit que chaque côté d'un objet, d'un plan, se dirige vers un point central. » Ils n’en sont pas encore à l’abstraction pure, tout au moins dans ce tableau comme dans celui des « Demoiselles d’Avignon » de Picasso. La couleur importe, car elle donne le relief, l’impression et la légèreté. Imaginez le même tableau sans ces éclaircies apportant une touche de soleil, chaud et stimulant. C’est une caresse d’air frais qui passe et emplit vos yeux de paillettes d’or.

 

A force de décrire cette femme, je me mets à l’aimer. Je sens le parfum de son fond de teint, lourd, capiteux, mais fait de fleurs naturelles, comme le jasmin. Je l’entends se retourner sur sa couche et minauder d’une voix douce, mais ferme. Elle s’offre sans s’offrir et se cache derrière ses circonvolutions.

Il y a du génie dans ce tableau qui, pourtant, au premier abord, semble sans réel intérêt, hormis celui historique de l’évolution du style.

 

 

05/12/2011

Ondes à angles

 

Jetez un caillou dans l’eau. Les ondes se propagent et s’amplifient jusqu’à se perdre dans l’immensité de la surface liquide. Et si elles prenaient des angles, cela pourrait donner quelque chose de semblable à ce dessin.

On peut d’ailleurs imaginer qu’il continue jusqu’à ne plus être que des carrés noirs.

Tiens, quelle bonne idée, je vais essayer. Ce sera pour une autre fois !

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24/11/2011

Symcar

 

Une fois encore un édifice logique, mais impossible. Ces tours ne peuvent exister à côté d'une pyramide centrale. Quand au dallage, en est-il vraiment un ?

Mais comme c'est amusant de jouer avec toutes ces possibilités qui restent malgré tout virtuelles.

 

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22/11/2011

Soir antique, d’Alphonse Osbert, 1908, huile sur toile

 

Comme au travers d’une fenêtre, assis tranquillement dans son salon, le visiteur contemple le coucher de soleil sur l’océan, tel le capitaine Nemo ayant fait surface avec son Nautilus. Et le spectacle en vaut la peine. Quatre naïades alanguies contemplant un coucher de soleil, sans un mot, extasiées par la luminosité étrange d’un couchant d’or sur une eau calme. C’est une sorte de trêve, quasiment enlacées deux à deux, les jeunes femmes sont sans visage ou presque, et regardent, épanchées, un ciel limpide qui se reflète dans les eaux tout juste ridées par une brise très légère.

 

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La beauté du tableau, qui se trouve au musée du Petit Palais à Paris et qui est emprunt malgré tout de romantisme exacerbé, tient à la luminosité des couleurs du ciel, de la mer et des robes dont les plis reprennent le cheminement des vaguelettes, principalement pour celle qui se tient accoudée aux genoux de la femme assise. Et cette robe bleu pâle, presque blanche, constitue un prolongement visuel des derniers tremblements des vagues, comme si elle allait se fondre dans l’eau lorsqu’elle s’endormirait. C’est pourquoi elle se tient éveillée auprès de l’autre, peut-être échangeant parfois quelques phrases inutiles, mais qui permettent de ne pas se laisser aller à une somnolence coupable.

 

 Les deux autres femmes, élancées, regardent, indolentes, le disque d’or disparaître à l’horizon, vêtues également de robes antiques, mais dont la couleur se fait sombre parce que plus éloignée des derniers rayons.

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Certes, le sujet peut sembler désuet et peu réaliste, mais c’est le propre du symbolisme. Souvenez-vous du tableau de Maurice Denis, Jeu de volant, peint en 1900 (voir 21 mai 2011 dans Impressions picturales) : un tableau « beau, d’une beauté artificielle certes, mais ensorceleuse, apportant une atmosphère propre, mystérieuse, non dénouée d’émotion, mais malgré tout intemporelle, comme figée dans sa beauté formelle ». Tel est également le cas de ce « Soir antique ».

 

Le symbolisme a été un mouvement littéraire, lancé par le poète russe Valéry Brioussov. Pour ce mouvement, qui s’est ensuite étendu à de nombreux arts, le monde reste un mystère et la beauté artistique tient à la capacité de décrire le monde réel en utilisant des représentations métaphoriques. La nature se perçoit par les sens qui procure des impressions qui, seules, font apparaître son identité spirituelle. C’est pourquoi la peinture, avec Gustave Moreau, Kupka, Lucien Lévy-Dhumer (voir le 26 mai), le groupe des Nabis, et la musique avec Debussy, Erik Satie (voir Gnossienne n°3, le 25 mai), évoquent une nature traitée par l’esthétisme, voire emprunt d’un mysticisme réel.

Oui, même si ce tableau apparaît démodé, trop distant, il possède une beauté de l’âme que lui donne le traitement de la lumière qui éclaire non seulement la vision, mais également l’intérieur de l’être, suggérant un autre monde derrière la sécheresse de la réalité, même offerte sous ses meilleures couleurs comme c’est le cas ici.

 

 

13/11/2011

Tremblement

 

Un frémissement d’ondes, imperceptible, qui modifie la structure de deux plans divergents et deux autres convergents. L’on s’y perd. Au centre, un assemblage insolite dont on arrive difficilement à comprendre la construction.

Et pourtant, dans cette simplicité du dessin, il y a une harmonie certaine, un attrait pour l’œil qu’on ne peut définir.

 

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08/11/2011

Cubpyr

 

Le cube est un volume simple. Il est beaucoup plus qu'une surface, c'est un monde en soi. Sa démultiplication harmonieuse étend ce monde sans le déformer, lui conservant sa pureté originelle. Monde géométrique qui possède sa propre élégance, discrète, voilée, en catimini. Deux cités altières et symétriques qui se regardent l’un l’autre entre des champs en pentes douces.

Ce monde est à l’image de la modernité, mais une modernité sans soif, sans prédation, sans égoïsme des hommes. Un monde dur, c’est vrai, mais droit et sans fausseté.

 

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01/11/2011

L'âme du feu

 

Un soir d'automne, contemplant le feu dans votre cheminée, un feu de bonnes bûches bien sèches, n'avez-vous pas été surpris d'y apercevoir, au dessus du foyer, l'âme du feu, comme une sorte de feu follet dansant sur les flammes, elle-même flamme, mais vivante, aérienne, légère, elle-même vous contemplant en souriant. Cette contemplation à deux ou plutôt cette contemplation de votre propre contemplation vous procure une joie immense, comme un regard au delà des flammes, dans la fin des fins d'un monde pour la naissance d'une immortalité qui n'est qu'esprit sans corps.

Et cette gravure, faite un lendemain de contemplation, vous rappelle chaque fois que la regardez cet instant insaisissable de l'irruption de l'âme du feu.

  

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27/10/2011

Le trait avant le volume

 

Le trait avant le volume. Rien n'est fermé. L'espace reste ouvert, infini. Il n'est pas plein d'une forme, mais il n'est pas non plus vide. Et cet enchevêtrement est déjà le signe d'une vie, d'une méditation sur la vie. Il n'est pas encore une figure indépendante de son environnement, mais il contient le fil qui, en se fermant, le fera monde en soi.

 

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19/10/2011

Le grenier ou la schizophrénie

 

La schizophrénie se caractérise par (d'après le Dr Brigitte Blond)  

  • La diminution de l'élan vital ;
  • La dissociation mentale ou la discordance : c'est une rupture de l'unité psychique de la personne, qui aboutit à un bouleversement de la personnalité, à des réactions totalement inappropriées et à une indifférence devant des éléments porteurs d'une charge émotionnelle ;
  • Une inhibition de l'activité mentale (perte d'intérêt) qui favorise un repli sur soi, avec apparition de fantasmes délirants ou hallucinatoires.

Le grenier, dessin réalisé à l'encre de Chine, montre l'enfermement dans lequel cette maladie plonge les malades, avec ses idées délirantes et la désorganisation complète de la personnalité.

 

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    Ne suis-je pas moi-même un peu schizophrène de dessiner de tels sujets. Mais le délire fait parti de la vie d'artiste et en fait le charme !