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07/10/2011

59 Rivoli

 

Le 59 rue de Rivoli, à Paris, est un atelier et non une galerie d’exposition. Et copeinture,dessin,expositionsmme tout atelier, c’est un bric à brac qui dépend de la personnalité de chaque artiste. On y entre comme dans tout immeuble, par la porte, puis un escalier en vis jusqu’au dernier étage. Mais cet escalier est déjà un fourbi de dessins et peintures avec un fil directeur, sorte de dragon qui monte jusqu’en haut avec sa queue d’écailles.
Une trentaine d’artistes en ont fait leur atelier que chacun des passants peu visiter s’il lui vient à l’idée d’entrer dans le foutoir. Et bien lui en fera, car il y verra la création à l’état pur, différente selon les étages, selon l’inspiration de chaque occupant. Ils sont environ cinq ou six par étage, organisant leur espace comme ils l’entendent, des plus soignés au plus désordonnés. Qu’y voit-on ? Beaucoup d’esquisses, de réflexions, de découpages, de toiles inachevées, ce que l’on rencontre dans tout atelier.

Là, la machine à créer est en route, prolixe, sans gène, sans vergogne, sans mystère des échecs de la création, des incertitudes de formes et de couleurs. Elle fait côtoyer le gesso (apprêt des toiles) et le camembert, le chiffon pour essuyer les pinceaux et le mouchoir, la bouteille de jus de fruit et les pots de peinture. Un certain nombre se sont fabriqués une réserve peinture,dessin,expositionspersonnelle, sorte de cabane dans la pièce, faite de toutes sortes de matériaux, planches, étagères, échelles, etc. C’est leur lieu secret qu’il ne convient pas de fouiller du regard. De toute façon, vous avez déjà suffisamment à faire dans le reste de la pièce où chaque recoin regorge de trouvailles, de traits, de dessins, de peintures, qui débordent jusque dans l’escalier qui appartient à tous.

Les artistes et leurs œuvres, que sont-ils ?
On trouve de tout : collages d’Anita Savary, dont l’imagination enflamme les mondes sous-marins ; dessins-peintures portraits-paysages de la japonaise Etusko Kobayashi ; les aphorismes enfantins de Fabesko ; les personnages colorés et poignants de Francesco ; le bazar d’objets d’Igor Balut ; le microscope textile de Pascal Foucart ; les très beaux corps dessinés classiquement de Sandra Krasker ; les abstractions sobres de Simone Zucchi ; l’abstrait jazzique et coloré de Thierry Hodebar ; les distorsions et l'ambiance musicale de Linda McCluskey ; et bien d’autres que je ne peux tous citer sous peine de faire encyclopédie.

Je ferai cependant une exception pour Henri Lamy et ses portraits travaillés de manière intime alors qu’ils paraissent au premier abord peint à grands traits. Ils sont particulièrement vivants malgré le tachisme employé, et dévoilent la personne dans son intimité psychologique, bien que pas une fois on ne peut disposer de la totalité d’un visage. Quelle belle toiles alors qu’on pense vite à des juxtapositions de couleurs et de trait colorés qui ne montre que la personne décomposée !

Comme on ne peut prendre des photos, vous pouvez regarder les œuvres de ces artistes sur le site :

http://www.59rivoli.org/

et sur leurs sites personnels, pour ceux qui en ont créés, accessibles directement à partir du site ci-dessus.

 

 

06/10/2011

La fièvre du peintre

 

Retour à la fièvre du peintre, un éveil assuré, une vigilance accrue, un désordre dans la vie quotidienne, un tremblement des doigts au contact des pinceaux rassemblés, des images encombrant l’esprit jusqu’à vous empêcher de dormir la nuit. Vous vous levez à trois heures, allez vous faire une tasse de café, baillez un peu, malgré tout, puis prenez la toile que vous venez d’acheter, la contemplez, et… souriez de vous voir à l’œuvre, une fois de plus.

Mais auparavant, longues réflexions sur sa préparation. Il faut y dessiner les traits des formes et des couleurs, placer au bon endroit ces lignes qui feront un tableau d’un morceau de toile tendue. Alors, selon l’esquisse, vous calculez de façon à remplir l’ensemble de toute la largeur et la hauteur de votre ambition. Complexe est le dessin. Comment tracer l’image que l’esprit garde en mémoire, sans déformer par erreur de quelques millimètres la logique géométrique d’un assemblage élaboré ? Vous redoublez d’attention, prenant garde à ne pas salir la toile de quelques gouttes de transpiration ou de graphite dont vos doigts sont imprégnés.

Dans un jour, ou deux, j’aurai dessiné entièrement les motifs du tableau. Alors le délice de la peinture libérera la pensée. Il n'y aura plus que le plaisir de sentir le pinceau effleurer la toile et lui donner le velouté coloré dont vous avez rêvé.  Mais nous n’en sommes pas là. Prenons le plaisir dans le fil du temps, avec patience et jouissance !

 

La création artistique est comme un accouchement. Il y a une longue gestation, tranquille, progressive, enchanteresse dans l’imagination, parfois lassante parce que l’esprit est en permanence en supputation. Et puis vous vous mettez au travail,physiquement, fébrilement, le souffle court, dans la crainte de ne pouvoir réussir, haletant de hardiesse et de peur. C’est long, cela devient long, tellement long que vous posez les pinceaux, prenez du recul et contemplez la toile avec inquiétude. Mais vous reprenez jusqu’à ce que, dans un élan final, vous décidiez de mettre un terme à votre élaboration. Alors votre cœur s’envole, soulève votre corps et vous rend transparent et léger. Vous êtes le roi du monde pendant cinq minutes. Jusqu’à ce que l’introspection de votre rationalité vous conduise à vous interroger sur telle couleur, tel trait, telle forme, bref un détail qui ne vous conviendrait pas.

Ne vous laissez pas faire. Détourner les yeux et gardez en mémoire chaque instant de la construction. Réjouissez-vous, car vous avez franchi l’épreuve et vous êtes empli le cœur de bonheur !

 

 

05/10/2011

Réminiscence orientale

 

Tout le mystère de l'Orient derrière cette grille de style japonais.

Au delà ? La mer de Chine, étendue paisible d'où surgissent des îles élevées, ou encore lacs entourés d'habitations aux toits incurvées, languissantes dans la chaleur de l'été, ou enfin bouges sales d'où s'échappent des odeurs d'opium.

Peut-être une réminiscence de l' "Aesthetic movement" et de ses meubles anglo-japonais qui entrent dans ce style ?

 

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30/09/2011

Peuplement

 

L'oeuf primordial, issu de la rencontre opportune de deux entités, engendre la multitude. Et cet engendrement est coloré, contrasté, ininterrompu.

Ainsi en est-il du vivant, éternel jusqu'à quand ?

 

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22/09/2011

Création encre de Chine 2

 

Deuxième volet de l'encre de Chine publié le 24 février 2011: mariage de plume, rotring, feutre et lavis.

Magie de l'éphémère, instant de vie, comme un éclair dans l'éternité.

 

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03/09/2011

Fenêtre sur un monde ordonné

 

Ce matin, l'envie de vous livrer un monde organisé sorti d'une couverture verte m'a traversé l'esprit. Mais comment faire pour que ce monde soit un monde à la fois ordonné et coloré, imprimant dans la rétine une gaité qui ne serait pas factice.

Des mots, des mots, encore des mots. C'est de l'oeil qu'il convient de contempler.

 

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Pardonnez la qualité médiocre de l'image numérique. Elle est meilleure en réalité !

 

 

18/08/2011

Perspective inversée 1

 

Et si nous inversions la perspective, ce qui signifie qu'au lieu de se fermer sur un point au plus loin, elle s'ouvre à partir d'un point issu de notre regard. C'est le cas de la peinture des paysages des icones dont les perspectives sont inversées.

En dessin cinétique, cela donne cet agglomérat qui peut être lu dans les deux sens d'une vision en trois dimensions : ligne de fuite ou ouverture. Au centre, la rencontre des mondes.

 

peinture, dessin, op'art, art cinétique

 

 

14/08/2011

Phylétique

 

« Considérée dans son ensemble, la Vie se segmente, en avançant. Spontanément, elle se rompt, par expansion, en larges unités naturelles hiérarchisées. Elle se ramifie. […]

Parvenu à un certain degré de liaison mutuelle, les lignées s’isolent en une gerbe close, impénétrable désormais aux gerbes voisines. Leur association dorénavant va évoluer pour elle-même, comme une chose autonome. L’espèce s’est individualisée. Le phylum est né. » (Pierre Theillard de Chardin, Le phénomène humain, éditions du Seuil, 1955, p.120.)

 

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Ces agrégations de croissance, comme les dénomme Theillard de Chardin, sont à l’origine des espèces. Chaque forme se sépare de la forme voisine, dans une complexification croissante, par modification de la forme ou par création de nouvelles sous-formes. Cette idée peut s’exprimer dans le déroulement de formes abstraites qui par leur dynamisme et leur élasticité, permet tous les degrés de complication.

 

 

13/08/2011

Josef Sima, peintre français d’origine tchèque (1891-1971)

 

« À partir de 1909, Sima est inscrit à l'École des arts et métiers et à l'École des beaux-arts de Prague. Il découvre alors la peinture impressionniste, la peinture fauve, la peinture cubiste et surtout Cézanne, qui aura sur toute son œuvre une influence durable. En 1920, il gagne la France, il se fixe à Paris et obtient la nationalité française en 1926.

Sa peinture, qui était à mi-chemin d'un fauvisme rude et d'un cubisme déjà teinté de surréalisme, connaît une courte période constructiviste après la rencontre de l'artiste avec Mondrian, Van Doesburg et les membres du groupe " l'Esprit nouveau " (1923-1925). Mais c'est à partir de 1926 que Sima commence à exprimer sa personnalité profonde, à chercher en lui-même et dans les souvenirs de ses visions privilégiées (la foudre, la forêt, la lumière prismatique, la clarté d'un corps féminin) les principaux éléments de son œuvre, qu'il reprendra tout au long de sa vie dans une incessante transmutation. Sima cesse pratiquement de peindre de 1939 à 1949. C'est en 1950 qu'il renoue à la fois avec la peinture et avec la nature, reprenant des thèmes anciens — plaines, rochers, forêts — mais comme épurés par une longue méditation. Au cours des années suivantes, il réalise une série de peintures présentant dans des espaces abstraits des formes géométriques primaires : triangles, polyèdres, cercles. Une rétrospective, organisée par  la Ville de Paris a été consacrée à l'artiste en 1992. » (Encyclopédie Larousse, from http://www.larousse.fr/encyclopedie/peinture/Sima/154420)

 

 

Corps de la nuit (1960)

Mariage du vert et du bleu clair et foncé. La transparence du bleu clair est obtenue avec un blanc mêlé de rose par endroits. De même dans la profondeur du bleu foncé (bleu de Prusse) est mêlé un rouge foncé donnant certaines teintes violacées qui se rapprochent du bleu clair comme une résonnance discrète, un écho lointain.

 

Extase ancienne (1957)

Mariage du vert et de l’ocre foncé. Sima procède en dégradation par plans successifs du vert foncé au vert blanc très clair, en passant par un vert bleuté clair. Ici aussi quelques plans sans profondeur, à arêtes multiples évoquent une forme allongée, vestige de la matière enfouie dans un désert de couleurs. Ces formes vert-noires semblent culottées par la dépose de la couleur environnante.

 

 Je n’ai pu trouver sur la toile les photos de ces deux magnifiques tableaux. De façon à cependant vous donner une idée de sa peinture voici une affiche reprenant une de ces toiles.

 

peinture, art abstrait

From: Blog Au dédale de la couleur : http://chantepeint.midiblogs.com/archive/2011/04/07/josef...

 

Ce qui importe pour ce peintre, c’est la perception de la transparence des choses. Pour lui, l’étalement de couleurs pleines, dans un style figuratif ou non, traduit les difficultés de l’artiste à s’échapper du monde matériel qui l’entoure et l’écrase. Englué, il noie ses impressions dans la masse sans en sortir. L’apparence est opaque et forme un voile de matière dont il faut se dégager. Au-delà, se cache la réalité supérieure englobant la matière et l’esprit. La matière est alors plus libre, plus mouvante, gérée par de nouvelles lois  physiques et devient énergie intérieure. Elle pourra alors élevée l’homme au-delà de son apparence. Le rôle de l’artiste est de dévoiler cette énergie interne et de la diffuser tout comme le scientifique crée l’énergie à partir de l’atome.

 Josef Sima recherche l’énergie par la forme (cubisme), la couleur (fauvisme), la forme et la couleur (abstrait pur partant de la réalité ou non.

Accéder à la réalité, c’est dévoiler l’apparence de la matière, découvrir la transparence de l’objet quotidien, de l’évènement de tous les jours. Cette réalité de la matière est voilée par l’opacité que lui donne notre regard habitué à la masse des objets. Notre pouvoir de préhension éduque le regard et par là même notre esprit. L’œil ne sait plus percer comme le doigt dans un liquide la surface de l’objet. Il faut repartir de l’idée que l’objet n’est solide qu’au toucher. Alors la forme perd de son opacité, s’affaisse, se dénude et dans la transparence découvre son essence. La forme se traduit alors pour le peintre par l’idée de la forme et non par son apparence visuelle.

 

 

 

06/08/2011

Chaîne de vie

 

Essaimer pour emplir le vide, quel objectif !

Et le vide fut comblé.

Dessin très simple, mais qui demande malgré tout un équilibre qui n’est pas si aisé que cela à réaliser.

 

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29/07/2011

Assemblage intrépide

 

Cet assemblage intrépide est le fruit d’une longue quête, croisement de points hauts centraux et latéraux sur fond de losanges. Je ne sais s’il peut exister, mais en dessin tout est possible.

 

 

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16/07/2011

Lever de soleil derrière la montagne

 

Derrière la montagne, se cache l’avenir, incertain, trouble certes, mais lumineux, attirant comme les bras d’une femme.

Le reflet laiteux dans l’ombre de la montagne n’est qu’un pâle souvenir du passé qui s’estompe devant un avenir inconnu, mais combien captivant.

 

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Cette toile à l’huile n’emploie qu’une seule couleur, ocre brun très foncé ou ocre rouge jaune très clair, les deux plus ou moins blanchis. L’ocre est en Afrique la couleur de l’initiation. C’est une des plus beaux pigments naturels encore utilisés de nos jours. Elle est inaltérable, ce qui explique la conservation des peintures pariétales. Sa chaleur envoûte, sa couleur charme le regard, sa profondeur entraîne à la rêverie.

 

 

 

04/07/2011

Emboitement

 

Lueur dans la nuit, qui surgit des profondeurs du rêve et vous contraint à sortir de l'engourdissement du sommeil. Vous ne savez plus s'il s'agit d'un rêve ou de l'éveil. Elle est là et vous dérange. Vous préférez les soubresauts du demi-sommeil ou la tendre quiétude d'un assoupissement passager. Et pourtant, c'est dans cette demi-veille que la créativité est la plus remarquable.

 

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25/06/2011

Mobilité universelle (gravure)

 

Devant le spectacle de cette mobilité universelle, quelques uns d’entre nous sont pris de vertige. Ils sont habitués à la terre ferme. Il leur faut des points fixes auxquels rattacher la pensée et l’existence. Ils estiment que si tout passe, rien n’existe.

Qu’ils se rassurent ! Le changement leur apparaîtra bien vite comme ce qu’il peut y avoir au monde de plus substantiel et de plus durable.

Henri Bergson

 

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22/06/2011

Silence, on pense...

 

Il se relevait la nuit pour réfléchir

C’était un désir pressant, incontrôlable

Qui l’aiguillonnait à se lever

Et à s’installer devant sa table de travail

Il partait loin, très loin, de la ville

Dans les recoins de son imagination

Ce n’était plus qu’un centre

Une fusion de la pensée profonde

Comme un amas de matière nucléaire

Qui fond sur elle-même sans refroidissement

Contenu et contenant ne font plus qu’un

La pensée coule sur la table

Et celle-ci devient le corps de l’homme

Dans cette confusion des genres

Seule une radiographie du centre

Donne une cohérence indissoluble

Au corps et à la pensée de l’homme

Avec la matière et la lumière ténue

D’une veille qui égraine les heures

Avec régularité et quiétude

Silence, on pense…

 

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Fait à l’encre de chine une nuit où l’imagination se concentrait sur elle-même.

 

 

 

13/06/2011

Forme et couleur

 

La forme précède la couleur

 

Avant la forme, il y a le trait

Qui part dans toutes les directions

Qui barre, qui marque un territoire

Qui, par le fait d’être là,

Fait de la page un dessin

Ou, au moins, un commencement

 

Avant le trait, il y a le point

Le point n’a pas de consistance

S’il devient important

C’est par sa multiplication

A l’infini sur une page

Et c’est le rapprochement ou l’éloignement

Qui fait des points un dessin

 

Au-delà du trait, la surface

Elle éblouit comme un miroir

Miroir du vide entre les traits qui la délimitent

Il convient de la remplir

Pour lui donner l’apparence

D’une plénitude emplie de rêve

 

Enfin naît le volume

Le volume construit la forme

La forme produit l’image

Et l’image est déjà une création

Elle construit un monde

Qui n’existait pas auparavant

 

Mais pour que l’image devienne

Tableau, il lui faut la couleur

Elle peut être grise ou noir et blanc

Elle peut n’être que nuance d’une seule

Elle peut être un mélange savant

Ou encore laisser libre cours

Au pétrisseur de couleurs

 

Certains cependant utilisent la couleur

Sans user leur temps à la forme

Ils travaillent par taches et projection

Auxquelles ils finissent par donner du sens

Mais trop souvent après coup

 

Forme et couleur, deux jumelles :

Les séparer, c'est bien souvent les briser ! 

 

 

11/06/2011

Foule

 

Toute affluence de personnes amène deux attitudes : l’immersion qui entraîne l’adhésion et la participation à l’action de la foule en perdant le contrôle d’une partie de soi-même ou le retrait qui, par la distance psychologique que l’on garde vis-à-vis des autres, permet de rester soi-même. Ces deux attitudes peuvent varier à chaque instant selon les circonstances extérieures et la nature de l’affluence : multitude de personnes ayant leurs objectifs propres sans contact les uns avec les autres, telles les artères des grandes villes un jour d’affluence ; cohue comme cela peut être le cas dans le métro à certains horaires (l’objectif est d’arriver à prendre le métro) ; attroupement où déjà se manifeste un intérêt ou une excitation collective ; enfin foule devenant une entité vivante, devant laquelle l’individu s’efface au profit de la masse.

 

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C’est un passage de l’anonymat à la reconnaissance mutuelle, voire l’action.

Avant toute réflexion sur la notion d’affluence, il y a l’impression d’anonymat collectif, expression contradictoire, mais qui montre la difficulté de choisir son attitude. Je suis moi-même, je regarde mes voisins que je ne connais pas, mais avec lesquels je peux échanger, puis très vite, en raison de la distance, ces voisins deviennent des individus, puis des corps anonymes qui s’agitent et font du bruit. Immuable, le soleil éclaire la scène comme chaque jour que le monde fait.

Quelle surchauffe !

 

 

 

07/06/2011

Portrait de la comtesse Skavronskaia, d’Elisabeth Vigée Lebrun

Suite de la visite au musée Jacquemart-André du 27 mai (comme promis) :

Ctesse Skavronskaia EVLB fond bleu 6.jpg

 

Il existe plusieurs portraits de cette charmante comtesse. Celui du musée Jacquemart-André est sur fond bleu, bleu de sa robe, des coussins et du fauteuil sur lequel elle est assise, des murs qui l’environnent et même de son voile qu’elle porte sur la tête. L’autre, ici plus petit, est au Louvre.

 

Ctesse Skavronskaia EVLB 2.jpg

 

Elle a des yeux espiègles, une petite fossette sur la joue droite. Son visage est sans égal, heureux et mélancolique, rêveur comme au souvenir d’une fête qui ne sera plus. C’est en fait une très jeune femme dont l’attitude détendue laisse deviner la vivacité. Elle devait faire rêver longuement ses visiteurs.

 

Une fois de plus, Elisabeth Vigée Lebrun surprend par le naturel et la fraicheur d’une peinture distinguée, mettant en valeur indiciblement le personnage qu’elle représente. Elle a vécue pour la peinture et la peinture lui a donné une renommée bien méritée. Pourtant peu de femmes osaient peindre à cette époque  (1755-1842) et, encore moins, en faire un métier.

 

 

 

06/06/2011

Sphère creuse sans points hauts

 

Parfois l'imagination conduit à des créations bizarres. C'est le cas aujourd'hui.

 

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Une sphère creuse (puisque l'on voit à travers la sphère le fond de losange), faite de cubes dont aucun n'est plus haut que les autres. En effet, si l'on regarde au centre, les quatre cubes montent sans cesse si l'on va de l'un à l'autre dans le sens des aiguilles d'une montre.

Chacun de ces quatre cubes constituent le sommet d'une pyramide dont un cube est voilé.
Puis la pyramide s'agrandit d'autres cubes qui la jouxtent.

Cet ensemble peut se déplacer en rotation de 90° (en violet), puis s'emboiter dans le premier  de telle sorte que le premier cube des quatre initiaux se trouve en dessous du second cube, constituant ainsi progressivement l'ensemble. Puis le troisième (en jaune) avec le second, etc.

Sphère sans points hauts décomp-VD2.JPG

 

 

26/05/2011

Portrait de Mademoiselle Carlier, par Lucien Lévy-Dhurmer (suite de la visite aux impressionnistes du musée d’Orsay)

 

Un autre très beau tableau, le « portrait de Mademoiselle Carlier », dite la Dame au turban, peint en 1910 par Lucien Lévy-Dhurmer.

 

Lucien Levy-Dhurmer, Portrait de Mlle Carlier de Levy-Dhurmer1.jpg

 

Lucien Lévy-Dhurmer est un excellent portraitiste qui s’inspire d’un certain idéalisme qu’il aime teinter de mystère. Ce portrait, pastel sur papier collé, est particulièrement beau, avec un art du visage et du regard extraordinaire qui seuls ressortent du dessin parmi les flous voulus de la robe blanche et des coussins bleus.

Cette Mademoiselle Carlier ferait encore rêver beaucoup d’hommes ainsi étendue sur ces coussins comme sur une mer au petit matin. Dommage cependant que la main gauche de cette demoiselle qui tient un livre, soit aussi grossière et comme ne lui appartenant pas.

Lucien Lévy-Dhurmer fut fortement influencé au début par les préraphaélites et les symbolistes.

 

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Voyageant beaucoup, il parcourt l’Orient, c’est-à-dire le Maghreb, la Turquie, la Syrie, la Perse, le Maroc.  Il en ramène des paysages et des portraits pittoresques.

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Il s'inspirera plus tard, principalement pour la composition de pastels, d'œuvres musicales de Beethoven, Debussy ou Fauré, tel l’« Évocation de Beethoven », exposée au Salon de 1908. Ainsi la « sonate au clair de lune », nu féminin vaporeux enrobé d’un bleu qui prête à la rêverie.

 

Lucien Levy-Dhurmer-Sonate Au Clair De Lune.png

Dès 1920, il s’intéresse de plus aux œuvres littéraires, et plus particulièrement, aux Fables de La Fontaine.

 

 

 

21/05/2011

Jeu de volant, de Maurice Denis, 1900 (impressionistes, au muée d'Orsay)

Jeu de volant M Denis.jpg

Atmosphère, atmosphère… Une forêt d’arbres mauves, comme des tuyaux enchevêtrés, une mare miroir dans laquelle se baignent deux enfants, et des personnages hors du temps, comme figés dans leur mouvement, les yeux clos. L’une se coiffe, à genoux, nue, à la sortie du bain. Deux adolescentes fabriquent une couronne de fleurs. Deux jeunes femmes jouent au volant. Toutes, car il n’y a que des femmes, ont l’air endormies, anesthésiées par le décor irréel d’une forêt figée au sol gazonneux.

La reproduction que je produis n’a rien à voir avec le tableau, mais je n’ai trouvé que cette photographie. En premier lieu, celle-ci est inversée, les joueuses de volants étant à droite sur l’original. En second lieu, les contrastes sont plus violents que dans le tableau où tout n’est que « sweat context ». On dirait un extrait d’un mauvais dessin animé à l’américaine, nettement moins bon que Wald Disney.

Non, l’original est beau, d’une beauté artificielle certes, mais ensorceleuse, apportant une atmosphère propre, mystérieuse, non dénouée d’émotion, mais malgré tout intemporelle, comme figée dans sa beauté formelle.

 

Maurice Denis fonda avec quelques amis peintres le groupe des nabis. Le terme de " nabi ", qui signifie, en hébreu, illuminé, prophète, avait été découvert par le poète Cazalis. Ils se donnèrent pour mission de conduire l’art vers de nouvelles voies, plus spirituelles et authentiques, proches de l’ésotérisme à la mode. En 1890, à l’âge de 20 ans, Maurice Denis rédigera la « Définition du néo-traditionnisme », théorie de ce nouvel art.

Rappelons-nous le conseil de Gauguin à Sérusier : "Comment voyez-vous cet arbre? Il est bien vert. Mettez donc du vert, le plus beau de votre palette. Et cette ombre ? Plutôt bleue. Ne craignez donc pas de la peindre aussi bleue que possible." C'est l'avènement de la couleur pure, du cloisonnement par la forme et de l’absence de perspective, permettant une impression particulière du sujet, qu’il soit paysage ou portrait.

Très travailleur, Maurice Denis a laissé des centaines et des centaines de tableaux, de dessins, d'illustrations de livres, des dizaines de fresques et de vitraux dans les églises. Il était de plus excellent écrivain et a laissé de nombreux livres. Son œuvre est emprunte de sacré, car il était "peintre chrétien" comme il l’écrit dès l’adolescence. Pour lui, l’art est « une sanctification de la nature ».

 

 

 

19/05/2011

Formes contiguës

La linogravure est une gravure en relief où "la planche est creusée partout où l'impression ne doit pas avoir d'effet ; le dessin seul est conservé au niveau initial de la surface de la planche, il est épargné" (André Béguin). On parle de taille d'épargne. D'usage aisé, la linogravure permet de nombreux effets, figuratifs ou non. Les couleurs d'encre sont variées et profondes.

Cette période "gravure" m'a laissé de bons souvenirs de mélange d'encre et de mouillage de papier qu'il fallait ensuite plus ou moins faire sécher entre deux feuilles de buvard.

 

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27/04/2011

Exposition van Dongen, Musée d’art moderne de la ville de Paris

 

Lumière et couleurs

Deux caractéristiques distinguent les tableaux de van Dongen : leur lumière et leurs couleurs. Les visages, quant à eux, ne cherchent pas la ressemblance, mais simplement l’expression.
La lumière par le blanc, franc, tenant de grands espaces, irradiant le tableau, parfois jaune pâle, ocre clair ou chair, mais toujours lumineuse.
Les couleurs : d’abord le rouge, en petites touches, très peu, mais expressif, rehaussant la lumière du tableau. C’est parfois une ombre en arrière du corps, ou encore le dessin lui-même, dont les traits sont de couleur rouge plutôt que le noir utilisé habituellement. Puis le bleu : bleu-noir, bleu-gris, bleu-vert. Souvent en fond, il fait ressortir la luminosité du blanc et les contours rougeoyants des corps.
Les visages sont esquissés non par le dessin des formes, mais par la couleur. Ils sont bruts, avec, parfois, quelques ombres bleutées. Ils sont beaux, d’une beauté pleine, colorée. Pourtant ils restent intemporels, sans expression d’un quelconque sentiment, comme figé, alors que l’attitude du corps exprime le personnage, hautain, naturel, familier, dansant, charmeur ou encore sexy.

 

Le Sacré Cœur, 1904

Je n’ai malheureusement pas trouvé de reproduction du tableau sur le web. Il est magnifique et peu dans le style adopté par la suite. C’est un tableau à la Turner ou à la Monet. Un ciel ocre, presque jaune, très pâle, qui tient la plus grande partie du tableau et, en bas, les toits de Paris, ou plutôt leur suggestion par des aplats représentant les surfaces reflétant le ciel. Le Sacré Cœur est le seul élément vraiment figuratif. Il se fond dans le ciel jaune pâle et ne ressort que par les gris et les ombres qui en tracent la forme. En haut, une bande bleu fondue avec le jaune, qui suggère une éclaircie dans le brouillard diffus du matin.

 

Lieuses ou les glaneuses de Chailly en Bière, 1905

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Un feu d’artifice de jaune, peint par grosses touches laissant la substance de la peinture pour simuler la matérialité du sol, alors que le ciel , poursuivant dans les mêmes tons, est moins chargé de matière, procédant plus en aplat. Deux tâches, l’une plutôt rouge et l’autre plutôt bleue, représentent les glaneuses, l’une debout, l’autre courbée vers le sol. Il tombe du ciel une neige d’or sur un fond de bleu, dans laquelle se meuvent les deux femmes, intemporelles, engluées dans le silence et la matière. Elles sont là, travailleuses dans la chaleur de l’été, les pieds dans le chaume, face à l’infini de l’espace et du temps.

 

Marchandes d’herbes et d’amour et Saïda, 1913


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Les corps rouges feu, éclatants, fascinants, rendant les personnages lumineux et magiques. Pourtant le rouge est peint en aplat sans mélange, sans ombre, sans relief. Elles sont belles ces femmes. Elles couvrent le tableau l’une sur fond blanc, l’autre sur fond bleu nuit. Leurs yeux, immenses, comme maquillés, vous jette un regard hypnotique et ensorceleur, mais plein d’innocence. Ce sont les seuls tableaux de l’exposition où la luminosité vient du rouge et non du blanc des robes qui reste plus terne, volontairement.

 


La peinture de Van Dongen est libre, décomplexé, sans recherche de détails ou de finition. Son art est brut, pratiqué par touches que certains pourraient qualifier de grossières, aux coloris éclatants, mais souvent arbitraires. Il est résolument moderne, mais sans aucun intellectualisme. Il peint par instinct, très sûr de lui, riant et goûtant la vie à pleines dents.


« Vivre est le plus beau tableau ; le reste n’est que peinture », disait van Dongen en 1927.

 

04/04/2011

Prânâyâma

 

Prânâyâma est un terme sanskrit constitué des deux mots énergie (prana) et vitalité (ayama). Il signifie retenue du souffle de la respiration pour contrôler sa santé physique, émotionnelle et mentale. Le souffle lave le corps des impuretés accumulées dans la vie quotidienne. Il atténue l'impact émotionnel par la prise de recul. Il vide le mental de ses pensées permanentes qui s'entrechoquent. Il révèle l'esprit qui signifie souffle (spiritus) et donne accès à l'invisible.

Ce dessin à l'encre de Chine tente de mettre en évidence la réalité du prânâyâma : allégement du corps et du mental par la pratique contrôlée de la respiration sous la conduite d'un maître.

 

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03/04/2011

Jeune Finlandaise, de Sonia Delaunay (1907), au centre Pompidou

 

Est-elle réellement jeune ? Son corps d’adolescente le laisse supposer, mais son visage est marqué par la vie. Inquiète, elle se croise les mains, mais garde les bras tendus. Son corps bleu reste chétif alors que son visage, en grande partie rouge, semble presqu’enflé. On pourrait penser à un visage africain hormis ses lèvres trop fines. Visage disproportionné par rapport au corps. Elle regarde au loin, sans réelle expression. Aucun décor, fond ou paysage ; simplement un bleu de Prusse, plus foncé au bas du tableau comme pour suggérer un banc.

 

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Et pourtant ce tableau est beau, sans doute par ses contrastes, entre le fond et le personnage, entre le corps et la tête, entre le bleu et le rouge, comme si le personnage était éclairé par un soleil couchant qui l’inonde de lumière par le côté. Les couleurs, insolites pour un corps humain, donnent à la jeune fille une beauté irréelle, comme une fleur offerte au milieu du désert. Perdue dans sa contemplation, elle apparaît fragile, avec cependant une force intérieure cachée que suggère son attitude.

 

Sonia Delaunay est une adepte de la couleur pure qui remplace le dessin, devient dessin. Avec son mari, Robert Delaunay, ils fondent en 1911 un mouvement pictural, l'orphisme, ainsi dénommé par Guillaume Apollinaire. Ce mouvement se caractérise par l'utilisation de couleurs vives associées en formes géométriques dans toutes sortes de supports, peinture sur toile, céramique, textile, etc. Dans un de ses meilleurs tableaux orphiques, « prismes électriques », la couleur est toujours là, vive, tranchante, les cercles concentriques donnant l’illusion d’un regard face à face avec l’éblouissante lumière des ampoules électriques jusqu’à ce que l’œil pleure du trop plein de luminosité.

 

 

 

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From : http://beaubourg2010.blogspot.com/2010/05/sonia-delaunay-prismes-electriques-1914.html

 

 

 

 

 

01/04/2011

Circulaire

 

Telle une rose mécanique, elle s'ouvre en perspective inversée, s'épanouissant à l'extérieur et se concentrant à l'intérieur, en recherche d'un équilibre stable entre les oppositions.

 

 

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24/03/2011

Paysage avec une rivière et une baie dans le lointain, de Joseph Mallord William Turner (1775-1851)

 

Hier, quelques instants privilégiés au Louvre alors que Paris était baigné par la lumière d’un soleil de printemps. Errant près de la porte des Lions, dans le pavillon entre Seine et jardins des tuileries, je suis tombé sur cette toile de Turner et ai aussitôt été conquis. Elle est pourtant très mal éclairée, trop, et l’on ne peut la voir qu’en cherchant l’angle requis qui ne donne pas trop de reflets. Mais même cette quête du meilleur angle procure un indicible plaisir avant de pouvoir apprécier pleinement ce paysage si simple et si émouvant : sensation subtile que seuls procurent les paysages abstraits. Et pourtant ce tableau a été peint à la fin de la vie de Turner, au début du XIXème siècle, époque du néoclassicisme.

 

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Une rivière s’écoule au centre du tableau. On ne la devine que par la tache de blanc lumineux qui se prolonge en avant et en arrière, jusqu’à se perdre dans un lointain informe, la baie, sorte d’amas de brouillard plus dû à la réverbération du soleil qu’à l’accumulation d’humidité et qui noie les éléments jusqu’à confondre l’horizon avec le ciel. La vue se perd, introduisant une rêverie impalpable et apaisante qui entraîne une descente au plus profond de soi, comme l’invasion d’un gouffre d’air pur, mais sans la sensation aigüe d’un changement de qualité avec celui que l’on respirait auparavant. Seul élément matériel concret, ce demi-arbre sur la droite du tableau que l’on discerne par ses troncs alors que le feuillage, en prolongement de la tache centrale, s’intègre en fondu dans le reste du paysage. S’il n’y avait pas une partie du ciel dégagée montrant la pureté bleutée de l’infini, on ne pourrait savoir qu’il s’agit d’un ciel cotonneux de ces matins avant la chaleur de l’été, lorsque déjà le jour est levé, mais que sa fraicheur sommeille encore sur la peau faisant frissonner  les bras et les jambes dénudées. On devine l’épaisse chaleur de la journée, mais on y aspire encore les odeurs de l’aube, où la senteur des foins et de l’eau de mer épaissie de la baie repose en couche à hauteur du regard.

 

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Merci Mister Turner pour cette promenade entre mer, terre et air, dans la luminosité d’un matin d’été, qui enchante l’œil d’un pétillement quasi sacré, procurant au reste de la journée un souffle de beauté qui s’évapore au fil des heures.

 

 

23/03/2011

Matière et esprit

 

La matière compose tout corps et peut se présenter sous les trois formes solide, liquide et gazeuse. Elle occupe de l’espace et se mesure par le concept de masse.

Chaque particule d'atomes est associée à une (anti-)particule d'antimatière (par ex. électron-positron) qui possède la même masse, mais avec des charges opposées. Lorsqu'une particule de matière rencontre son anti-particule, elles s'annihilent mutuellement en libérant la totalité de leur énergie sous forme de rayonnement.

Au-delà de la matière, qui est énergie physique, se trouve l’énergie psychique qui émerge de la première et qui façonne l’univers, créant une noosphère, pellicule de pensée enveloppant celui-ci, grâce au phénomène de l’humanisation, développée par Teilhard de Chardin, et de l’intelligence collective chère à Pierre Lévy (Pierre Lévy, L'intelligence collective. Pour une anthropologie du cyberespace, Paris, La Découverte, 1994).

 

 

Rendre cette réflexion par une impression picturale est complexe. Ceci est un essai de lien entre la matière et l’esprit, un présent réel, un passé imprimé dans le présent et un devenir en puissance. Ainsi la matière progressivement façonnée par l’esprit conduit à la rencontre cosmique du Un qui unit et unifie le Tout.

 

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18/03/2011

Mandala

 

Le terme Mandala signifie « cercle ». Plus largement, un mandala est un support de méditation, composé de triangles, de carrés et de cercles imbriqués qui modéliserait notre nature profonde de manière inconsciente.

En fait, il représente l’ordre du monde avec ses quatre points cardinaux et laisse apparaître plusieurs plans successifs qui correspondent à nos diverses personnalités. Le centre du mandala représente l’unité fondamentale de l’être autour de laquelle se construisent ces différents moi.

D’après C.G.Jung (1875-1961), le mandala symbolise, après la traversée des moi, la découverte du noyau spirituel de l'être, le Soi, aboutissant à la réconciliation intérieure et à une nouvelle intégrité de l'être.

 

  

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17/03/2011

Un tableau, c’est une sorte de prière

 

Un tableau, c’est une sorte de prière qui naît de la contemplation de la beauté du monde. Quel qu’il soit, son dessein est toujours d’exprimer cette beauté à travers une multitude d’impressions et d’expressions. C’est la prière du simple, une prière manuelle. Mais elle nécessite une attention intense du corps et de l’esprit entièrement tendus vers l’œuvre à réaliser. Tension difficile à vivre, car elle n’a d’achèvement qu’au sortir d’un processus de transformation intérieur qui conduit de l’insatisfaction existentielle à la plénitude hors du monde matériel. L’artiste n’a pas conscience de cette transformation lorsqu’elle se produit. Ce n’est que plus tard, lorsque l’apaisement interrompt le processus, qu’il concède cet allègement et y trouve le bonheur de la création.

Le tableau achevé apporte un goût de joie et de paix. On ne peut bien peindre que sous l’emprise de l’infini, c’est-à-dire après avoir ressenti l’insuffisance du bonheur matériel ou la nécessité de s’élever à un bonheur autre. « Participant de la création », tel est l’objectif final de l’artiste, le plus souvent inconsciemment.

Cette création est offerte à tous, librement. Mais pour l’apprécier, en tant que public et admirateur, il faut soi-même se recréer, s’ouvrir, quitter son habit terne, pour permettre la reconstruction d’une réalité nouvelle, celle que nous donne l’artiste.

 

« Quel que soit sa manière et quel que soit son sujet, un artiste s’exprime toujours avant tout soi-même (…). Il nous confesse sa sensualité ou son goût du spirituel, la sensibilité de ses yeux ou l’intensité de ses visions ; il nous montre sa fougue ou sa réserve, sa poigne ou sa délicatesse, son orgueil ou son humilité, la passion, les tourments ou la paix de son âme. Et ses œuvres contiennent non seulement ce qu’il avait décidé d’y mettre, mais aussi ce dont il les a chargées inconsciemment, ce qui s’est exprimé obscurément par le travail de sa main. Il y est engagé à la fois comme individu et comme membre d’une société, comme représentant d’une époque. »

 (Joseph-Emile Muller, L’art moderne, Librairie générale française, 1963)