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30/04/2018

Sentence

 

Les gens sont adorables,

Mais combien sont capables d'adorer.

 

29/04/2018

La grande course de Flanagan, de Tom McNab

La plus grande course à pied jamais organisée : quel incroyable défi lancé par Charles C. Flanagan, tandis que le pays s’enfonce dans la crise de 1929. Cette course épique, la Trans-América, a bien eu lieu en 1928 et 1929. Mais l’interprétation qu’en donne l’auteur la transforme en épopée digne des plus grands conteurs.

Jusqu’au bout de l’effort et même plus loin. Ils courent huit heures par jour, six jours sur sept,runing, marathon, endurance, effort, folie, sport de fond pendant trois mois, quatre-vingts kilomètres par jour en deux étapes, plus de cinq mille soixante-trois kilomètres au total, de Los Angeles à New York, en passant par le désert de Mojave et les Rocheuses. Waouh ! Quelle randonnée de dingue ! Ils sont 2000 coureurs  au total, dont 121 femmes. La moitié ne rejoindra pas la fin de la première étape. Seuls 862 atteindront New York, bravant la neige, la pluie, le soleil, les crampes, la fatigue, le découragement, la douleur, surmontant grâce à une volonté de fer un enfer jour après jour plus dur, pour se découvrir et montrer le meilleur d’eux-mêmes.

On suit une partie d’entre eux, les champions nostalgiques, des chômeurs, des femmes qui s’épuisent, des débutants, des nationaux de tout pays. Ils ne se connaissent pas, ne veulent pas se mêler aux autres. Mais peu à peu, subtilement, s’organise une véritable coopération entre certains pour tenir le coup, moins souffrir, poursuivre leur rêve et leur cauchemar.

Les péripéties sont nombreuses. Le FBI et son patron J. Edgar Hoover soupçonnent les coureurs d’être des agitateurs et des anarchistes cherchant à entraîner des grèves. Al Capone est mêlé à l’aventure, des paris permettent de poursuivre la course malgré les embûches  et on découvre l’aventure en chaque coureur-clé décrit par Tom McNab. Le meilleur, l’impressionnant Doc Cole, fait figure de héros. Au dernier chapitre, il gagne, mais s’arrête à cent mètres de l’arrivée, attend les membres de son équipe et ils franchissent ensemble la ligne sans possibilités de les départager.

Bref, un livre extraordinaire, à lire, puis à relire, jusqu’à connaître par cœur l’épopée de ces hommes tous aussi attachants les uns que les autres et d’une femme, Kate Sheridan, qui, elle aussi, va au bout de son effort et vainc ses peurs.

28/04/2018

Anonyme

La beauté d’un temple grec ne se bâtit pas sur la grosseur d’une colonne par rapport aux autres, mais sur l’harmonie des colonnes entre elles et leur agencement dans l’espace.

Ne cherche pas à t’imposer,
Respecte l’autre,
Et deviens ce que tu es,
Anonymement.

 

27/04/2018

Appeler le vent

https://www.youtube.com/watch?v=384wt6tznwE


Etonnante confrontation entre le ney persan et le bansûri indien.

Le ney (persan ou turc), nay, naï ou nai (arabe) est une flûte oblique à embouchure terminale en roseau, originaire d'Asie centrale, dont les plus anciennes formes datent de Sumer ( 2800 av. J.-C.) et de l'âge des pyramides.

Le bansurî est la grande flûte traversière indienne classique et est probablement le plus ancien instrument de musique de l'Inde du nord. Son équivalent au sud est le venu ou vamsa, qui est un peu plus petit. On le nomme aussi de son ancien nom kulal, mullaikulal, ou kuzhal (qui désigne aussi une flûte de pan pastorale).

Leur association donne une musique calme, méditative, aux sonorités intéressantes.

26/04/2018

Confiance

Au bout du rouleau…

Que faire ?
Plus rien ne s’offre à toi
Tu es délaissé
Tu as mis tout cœur
A faire grandir ton projet
Tout et tous le rejettent
Ton cœur saigne
Et ton âme te regarde

Que faire ?
Tu ne peux même plus
Te réfugier en toi-même
C’est un bourbier infect
Qui colle aux pieds
Et te donne la nausée
A peine peux-tu survivre
Le nez hors de l’eau

Que faire ?
Plus rien ne s’offre à toi
Tu t’abandonnes
Et deviens néant
L’ombre de la fin
Te couvre de solitude
Tu as froid et faim
De chaleur humaine

Au bout du rouleau
Vient l’absence
Qui devient présence
Elle réchauffe l’âme
Qui n’en peut plus
Sa braise t’active
Éclaire ta route et sauve
La lumière est bienveillance…
Retour de la conscience…

©  Loup Francart

25/04/2018

Le royaume

Non seulement le royaume est au-delà de l’espace et du temps, et c’est en cela qu’il est éternel, mais il est au-delà de tout désir.

Étrange complexité que celle de l’homme. Pour trouver le royaume, il faut le chercher sans cesse. Pour le chercher, il faut le désirer sans cesse. Mais on ne le trouve qu’en l’oubliant et en oubliant son désir.

Et si, après l’avoir trouvé, on veut le goûter, s’en réjouir d’une manière humaine, on le perd aussitôt.

 

24/04/2018

Le nombre manquant (52)

Ne sachant que faire, nous reprîmes le tableau élaboré à Paris chez Mathias. Que pouvait-il nous apprendre suite aux événements de la nuit ? Il leur était à peu près sûr qu’en ce qui concernait les ravisseurs, il ne pouvait s’agir que d’un seul individu. Enlever deux personnes en une nuit en des lieux différents semblait irréaliste. De plus, pourquoi enlever ces personnes ? Pour l’argent ? Nous aurions déjà reçu une demande de rançon puisqu’ils connaissaient l’adresse de l’hôtel et vraisemblablement notre existence. Ils avaient été capables de faire le lien entre Claire et notre petit groupe et l’existence du professeur et, probablement également, de sa confrérie. Il s’agissait donc forcément de personnes ayant une connaissance de nos recherches et intéressées par celle-ci. Ce qui nous semblait le plus probable étaient soit une organisation religieuse ou idéologique, voire en mal de connaissance, soit un État dominant cherchant à tout prix à maintenir son omniprésence.

– Et si nous cherchions ce qui peut intéresser ces organisations ou ces États dans nos recherches, me dit Mathias. Cela nous permettrait peut-être d’éliminer ou d’infirmer certaines hypothèses.

– Nous avons principalement, jusqu’à présent, et sans doute par manque de compétences, axés nos approfondissements sur la cosmologie et ses investigations par les nombres. Très peu en ce qui concerne les aspects philosophiques et religieux. On pourrait peut-être éliminer les églises, non ?

– Je ne crois pas. Les églises ont toujours été les premières à être bien renseignées et à s’intéresser à tout ce qui concerne l’origine du monde et aux lois de son évolution. Elle a condamné de grands savants, mais elle a également laissé des ecclésiastiques faire des recherches. Deux exemples : le Père Teilhard de Chardin, paléontologue et philosophe, pour qui matière et esprit sont deux faces d'une même réalité, et le chanoine Georges Lemaître, physicien et astronome, qui élabora sa théorie de l’atome primitif, début temporel de l’univers. Pour moi, les églises sont tout à fait susceptibles d’intervenir dans nos recherches si celles-ci s’avèrent innovantes ou risquent de remettre en question l’existence de Dieu.

– Soit, gardons-les présentes à l’esprit, accordais-je à Mathias.

– Tu ne crois pas si bien dire. Pour elles, l’Esprit, avec un grand E, est le moteur essentiel de l’univers et de la vie. La matière n’est que la manifestation de la divinité. Étonnant d’ailleurs de constater que certains scientifiques, tel Jean E. Charon, énoncent que chaque grain de matière possède une part de mémoire et donc de possibilité de choix, donc de liberté. Pour ces physiciens, l’esprit ne serait pas le propre de l’homme. La spiritualité serait ainsi contenue à l‘intérieur de certaines particules de "matière". La matière et l’esprit seraient deux aspects d’une même réalité, la matière étant l’endroit et l’esprit l’envers.

– C’est bien l’objet de notre entreprise, concilier la physique et la philosophie, la cosmologie et la théologie. Nous avons donc des précurseurs, scientifiques et visionnaires, voire mystiques.

– Oui, mais ils ne sont malheureusement pas écoutés.

23/04/2018

Le mouvement

Le monde moderne est un monde de mouvement dans lequel le temps et l’espace se confondent. Ce mouvement est la cause de l’anxiété de l’homme face à la vie quotidienne. Il engendre le désir : ailleurs se trouve l’objet de ce désir et tous courent derrière, vers son rêve, son cauchemar, son idéal ou même sa folie. Tous s’essoufflent dans ce rêve. La plupart y laissent des plumes, détruisent ce qu’ils ont patiemment construits, sans trouver mieux le plus souvent. Ils reconstruisent un autre rêve et courent à nouveau derrière lui. Peu s’interrogent sur le but réel. Ils ne rêvent qu’au but immédiat. Le reste n’est qu’un brouillard fragile et impénétrable qui, pourtant, est ce qui lui permettra de vivre. Mais y pensent-ils ?

La vie ne devient course de fond que lorsqu’elle laisse entrevoir la longueur des déplacements et le temps à y consacrer. Car qu’est-ce que le mouvement : du temps et de la distance. Apprendre à prendre conscience du temps à utiliser pour produire quelque chose dans sa vie, apprendre à ne pas s’inquiéter de la distance à parcourir pour l’obtenir. Chacun de ces deux facteurs du mouvement sont psychologiquement contradictoire, puisqu’un déplacement implique une perte de temps et une perte de temps implique une accélération du rythme.

Assied-toi. Regarde passer ceux qui courent, rit des vapeurs de désir qu’ils laissent derrière eux. Mais ne perd pas cet instinct de courir vers la vraie vie, celle qui délaisse le temps et l’espace et regarde au-delà ce qui fait courir.

22/04/2018

Maxime

 

Accomplir l’impossible est souvent plus facile qu’accomplir le quotidien.

Mais en parallèle, contempler les possibles quotidiens avec hauteur

Pour ne pas s’y noyer.

 

21/04/2018

Crépuscule

Le jour se poursuit dans la nuit
Pourquoi changer les aiguilles de l’’horloge
Et prolonger plus tard la lumière ?
On n’atteint pas plus de transparence,
Mais on vit une heure de plus

Alors, il faut l’occuper, cette heure
Lui donner du relief, enjoliver son passage
Y a-t-il meilleure occasion de s’oublier
D’entrer dans le vif de sa chair étourdie
Et de chasser les miasmes d’une vie insipide ?

C’est l’heure de la reconstruction
Mais d’abord se déconstruire et même se dévêtir
On erre tel un fantôme dans le crépuscule
L’œil vif encore, mais le corps endormi
Va-t-on mourir aussi d’un jour si long ?

Les minutes s’en vont, les secondes passent
Le jour est encore là, revêtu de paillettes
Il s’incruste, sans aucune honte
Il trinque avec la nuit et ne trouve plus son lit

Son chemin le conduit au-delà du temps
Dans cet espace immobile et aérien
Où l’homme se regarde vivre
Les pieds illuminés et la tête dans le noir
Il craint plus que jamais la peur
Et l’absence, et ce jour qui n’en finit pas

Est-il encore temps de rêver ?
Doit-on mettre la tête dans le sable
Et agiter ses bras comme un fou
Pour finir ce jour et ouvrir la nuit ?

©  Loup Francart

20/04/2018

Eclatement

 Il ouvrit sa chemise

il sortit son couteau

il s'entailla la poitrine

mais n'en sortit que la géométrie

que, toute sa vie, il avait choyé

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19/04/2018

Naissance moderne

Jusqu'où va-t-on ?

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Non, nous ne t'avons pas téléchargé sur Internet. Je t'ai mis au monde !

18/04/2018

Le printemps

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Il est arrivé sur la pointe des pieds, encore chaussé des bottes d’hiver et, enfin, il se dénude et dévoile ses atours bariolés. Au Japon, les fêtes du "hanami" (littéralement "contempler les fleurs") sont célébrées chaque année quand éclosent les fleurs blanches ou roses des cerisiers. C’est un moment culte qui a été célébré hier à Paris comme au Japon et qui a tant tardé.

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Et tous de sourire, d’ouvrir les yeux et les oreilles, de s’assoir et de contempler ces bourgeonnements et ces éclosions, comme des feux d’artifice qui hérissent les corps et entrouvrent les cœurs. 

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Alors quelle meilleure promenade que celle du jardin des plantes. Un épanouissement de vert de toutes teintes, de roses vifs ou pâles, de blancs en longues robes. Malgré la foule qui glisse sur les allées à pas feutrés, on se sent seuls avec la terre emplie d’odeurs. On se couche dans l’herbe, on gratte le sol, on approche son nez d’une multitude de floraisons et on s’enivre de cette grâce divine.

 

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Au retour, on suit la Seine, qui coule joyeusement entre les maisons et l’on s’arrête pour regarder ces Parisiens qui fêtent le printemps en dansant, les yeux fermés, joue contre joue, mains plaquées, pieds rythmés, cœur léger. Ceux qui n’osent pas les contemplent, ont les pupilles écartées ; certains laissent jaillir des perles de larmes et se rappellent les tangos argentins qui étreignent l’âme des plus endurcis.

 

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Les uns se regardent dans le blanc des yeux, d’autres exercent leur souplesse intime, d’autres s’enfoncent en eux-mêmes en oubliant Paris.

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Hier, c'était bien un jour de vacances !

 

17/04/2018

Transhumance

Il traversa lentement l’espace vide.
Dans le hublot, il contempla la mer immense.
Elle lui demanda : "Pourquoi ces yeux avides ? "
Il lui dit : "Je vois le début de la transhumance."

"Viens à moi. Ferme les yeux à la tentation.
Le bonheur n’est pas au bout de la route,
Il est là, maintenant, dans notre association.
Je t’en prie, mon chéri, reste à mon écoute."

Ainsi échangeaient-ils leurs vagues impressions,
Hélas, sans aucune faculté de renonciation.
Il cherchait l’air, elle n’offrait que son giron.

C’est ainsi que débordant d’amour pour le monde,
Il en vint à détester la belle Edmonde,
En laissant échapper ses remords sur les ondes.

©  Loup Francart

16/04/2018

Maxime

 

Ce n'est que lorsqu'on a renoncé à posséder

que l'on possède réellement.

 

15/04/2018

Le nombre manquant (51)

En début d’après-midi, nous prîmes rendez-vous avec le Commissari capo du rione[1] où se trouve l’hôtel. Celui-ci, après avoir écouté et posé quelques questions, désigna un ispettori superiori[2] qui parlait français pour l’enquête. Il leur déclara que c’est parce qu’ils avaient reçu un appel téléphonique désignant un enlèvement qu’ils pouvaient bénéficier d’une enquête. Une simple disparition ne suscite pas l’ouverture de recherche pour un adulte, comme en France, ajouta-t-il. Ils avaient convenu de ne pas s’étendre sur leurs recherches et de se présenter comme de simples touristes en visite à Rome. Mais ils durent bientôt entrer dans les détails.

L'inspecteur fut étonné d’apprendre que Claire était partie sans toucher à sa chambre, vêtue telle qu’elle y était arrivée. Serait-elle partie volontairement, comme si elle avait été appelée, probablement par l’intermédiaire de son téléphone portable ? Ce qui signifierait que la ou les personnes qui s’étaient emparées d’elle la connaissaient et connaissaient son numéro.

– Connaissez-vous l’adresse du professeur ? Nous demanda l’inspecteur.

– Nous ne connaissons que son lieu de travail qui est la villa Médicis où il est en charge des relations entre la ville de Rome et les résidents.

– Savez-vous s’il y habite ?

– Je ne crois pas, mais je n’en suis pas certain. Seule Claire pourrait nous le dire, remarquais-je.

– Demain matin, j’irai à l’Académie de France pour en savoir un peu plus. Cela va être une enquête longue et difficile, car, pour des raisons diplomatiques, il faut être discret et ne rien laisser apprendre à la presse. Vous connaissez la presse romaine, elle est à peu près semblable à celle de la France, surtout depuis l’apparition d’internet. Ne vous attendez pas à des résultats immédiats, sauf si bien sûr les ravisseurs se manifestent.

– Oui, mais d’un autre côté, je ne vois pas pourquoi ils les ont enlevés s’ils n’ont rien à nous demander.

– N’oubliez pas qu’ils détiennent déjà deux membres de votre groupe. Cela peut leur suffire. Là-dessus, il prit congé non sans nous rappeler de garder le contact et l’appeler si nous disposions d’éléments nouveaux.

 

[1] Les Rioni sont les quartiers situés dans le centre historique de Rome.

[2] L’équivalent d’un commandant de police en France.

14/04/2018

Le gardien, pièce d’Harold Pinter

Ce clochard recueillit par une sorte de misanthrope doublé d’un sage proche de la folie, c’est une caricature de l’homme, c’est-à-dire un être qui cherche avant tout un certain bien-être physiquepièce,théâtre,fraternité,psychologie et la certitude de sa continuité, quitte à empiéter sur le bien-être d’autrui. Il lui semble que ce bien-être acquis grâce à la bonté d’un homme, lui est dû et que nul n’a le droit de le lui retirer, pas même celui qui le lui a donné.

Le frère de cet homme, moins complexe, et cependant plus difficile à définir : il s’intéresse aux choses, c’est-à-dire à tout ce que la vie lui permettra d’acquérir et ne voit dans les autres que le moyen de lui apporter ces choses. Cependant, il a conscience du sentiment fraternel qui le lie à son frère. Peut-être même l’admire-t-il inconsciemment ?

Théâtre réaliste, très cru, il n’en émane pas moins une profonde poésie du quotidien, pleine d’humour, qui fouille jusqu’au fond des êtres, livrant leurs réactions intimes.

13/04/2018

Le sel

Va et ne te retourne pas

Le sel de la terre est là

Avance sur ton chemin

Et ouvre ton cœur aux humains

 

lui,toi,humain

 

 

12/04/2018

Moi et la vie

On a l’habitude de dire : « C’est la vie », lorsqu’une contradiction se présente et que l’on refuse de se laisser préoccuper par elle. Mais pourquoi faire de la vie quelque chose d’extérieur dont il faudrait accepter la fatalité ? Ce que l’on appelle prendre la vie avec philosophie n’est qu’un renoncement à être. On renonce à notre propre réalité.

Note système éducatif est élaboré  pour faire face à la vie, si bien que l’homme finit par croire qu’il y a deux choses : lui et la vie, c’est-à-dire le monde. Pourtant, le monde n’est pas plus la vie que lui. Le tout est la vie, car la vie est ce qui est.

Descartes a trompé l’homme lorsqu’il a dit : « Je pense, donc je suis ». Par cette simple phrase, il a dissocié la pensée et l’être, argumentant en faveur du fait que la vie de l’homme est en dualité permanente entre la pensée et l’être. Il a mis la pensée avant l’être. Pour lui, l’être n’est que parce qu’il pense, alors qu’en fait, en dehors de tout système philosophique, la pensée n’existe que parce que j’existe. Elle n’est qu’une des manifestations de l’être, comme l’amour. « Je suis, donc je pense » ?

Alors la dualité disparaît, le dualisme du sujet et de l’objet s’évanouit. Nous ne cherchons plus à saisir, car nous sommes ce que nous saisissons, le soi et le monde constitue une unité.

11/04/2018

La raison

 

La fonction de la raison est de conduire l'esprit jusqu'aux frontières du mystère de l'être.

Elle cerne le domaine du mystère et démystifie les réalités naturelles.

 

10/04/2018

Le nombre manquant (50)

– Quant à la quintessence, autant que je souviens, c’est ce qu'il y a de meilleur, de plus précieux dans quelque chose ou chez quelqu'un.

– C’est la définition habituelle. Mais n’oublions pas que la quintessence vient du latin quinta essentia, soit « cinquième essence » et s’ajoute chez les philosophes anciens aux quatre premiers (la terre, le feu, l’air, l’eau) et en assure la cohésion ou la vie.

– J’avoue que pour un informaticien, tu es assez bon sur l’origine des mots. Bravo ! Mais cela nous apprend-il quelque chose ?

– Peut-être, de manière indirecte. C’est ce qu'il y a d'essentiel, de plus important dans un ouvrage, dans une œuvre, dans un concept et que l'on présente sous une forme résumée et condensée. Connaître ce mot de passe et savoir l’utiliser pourraient conduire à entrer dans un secret jalousement gardé par une barrière intellectuelle ou mystique.

– Quelque chose comme les différents sens de l’écriture dont Origène parle dans son homélie sur les nombres.

– Oui, ce pourrait être ça. La bible raconte l’histoire de la rencontre entre l’humanité et Dieu, mais elle est aussi terrain d’expérimentation de la vie spirituelle de tout homme et conduit à la découverte de soi.

– Ainsi, ce mot de passe, parce qu’il s’appelle quintessence, pourrait être une ouverture vers une autre compréhension ?

– C’est une possibilité, pas une certitude. Mais elle vaut la peine d’être creusée.

– Donc, si je comprends bien, les ravisseurs pourraient être intéressés par nos connaissances et tenter de se les procurer. Ce pourrait donc être un organisme qui aurait également pénétré dans notre base de données pourtant très sûre.

– N’allons pas si vite. Ne laissons pas marcher notre imagination.

On avait donc avancé, même si rien n’était résolu. Ils étaient vivants, on pouvait presque communiquer avec eux. L’homme paraissait intelligent, donc on pouvait négocier avec lui. On disposait d’un mot de passe sans savoir à quoi il pouvait servir. Ce n’était déjà pas mal. À nous de découvrir la suite. Mais comment et de quelle suite s’agit-il ?

– Dans tous les cas, il faut maintenant mettre les carabiniers dans le coup. Il est temps de faire une déclaration pour qu’ils tentent de retrouver Claire et le professeur.

08/04/2018

Stupre

Tu es mon rêveur, lui dit-elle
Rêve encore à cette nuit magique
Où nous avons fait connaissance
Il noua la ceinture de sa robe de chambre
Il chaussa ses lunettes d’inconnaissance
 Et partit les bras tendus vers les bas-fonds
Environné de fumée, d’espoir et d’inquiétude
Il croisa le diable qui remontait de la cave
Les bras chargés de maigres turpitudes
« Tu te trompes de chemin », lui dit-il
« Non, je vais voir ma sœur aux longs cheveux »
Il se retourna, le voyant poursuivre sa route
Elle attendait le gaillard en haut de l’escalier
Câline et souriante, ouverte à tous vents
Lui-même rata une marche, se laissa aller
Et plein d’horreur, plongea dans la lave bouillonnante
Il eut ce dernier mot, surpris d’autant de connivence
« Adieu Zibeline, le rêve se finit mal
Je voyais en toi la quintessence humaine
Et je ne trouve que le pâle reflet
Du monde des ténèbres et de la stupre
Et toi, le noir et chevelu mage
Des songes enracinés en l’homme
Puisses-tu t’évanouir face à la lumière
Que tu trouveras si tu poursuis ta montée »
Telle fut la dernière pensée du rêveur…

©  Loup Francart

07/04/2018

adaptation

Trop de milieux divers nuisent au sensible qui tente de s'adapter.

Il était (une fois) un caméléon.

Son maître pour lui tenir chaud,

le déposa sur un plaid bariolé.

Le caméléon mourut de fatigue.

06/04/2018

Les meilleurs jours

Tu m’as donné les meilleurs jours
Environné de désespoir, j’errais dans l’ombre
Fantôme détrôné à l’esprit déraciné
Me heurtant aux piliers du qu’en-dira-t-on
Tu es venu tendrement comme un nuage
Et tu m’as pris dans ton haleine vaporeuse
L’odeur de la vie m’a submergé et conquis
Ouvrant béatement le puits sans fond
Où j’ai jeté mon embarras et ma folie
Sais-tu que j’ai gardé longtemps ce parfum
Au creux de mes tempes endolories, muet d’étonnement
Je chevauchais la lune, bordé de garde-fous
L’œil acerbe sur mes propres défaillances
Ressentant l’effondrement du personnage
 Et le souffle vital du renouvellement
Quelle piste d’envol pour l’enivrement
J’ai tout perdu fort la vie
J’ai trouvé l’âme, ce nid de plumes
Qui pépie et brûle les doigts
Et j’ai atteint le lieu de transparence
Où le cœur n’a plus ni attaches ni souvenirs

 ©  Loup Francart

05/04/2018

Le sens cosmique

Comment définir ce lien intime qui peut surgir entre un objet et la conscience, entre la matière et l’esprit ? Il ne s’agit pas d’un mouvement de va-et-vient partant de soi et réfléchi sur l’objet jusqu’à une intensification de la conscience en présence de celui-ci. Il ne s’agit pas non plus d’une pénétration de l’objet par une perception plus vive et consciente jusqu’au plus profond de lui-même. Peut-être s’agit-il d’une sorte d’entrée en phase des rayonnements émis par l’un et l’autre créant un champ de vibrations concentriques. Ce champ a le pouvoir de nous sortir de nous-mêmes et de nous faire atteindre la conscience universelle tout en pénétrant au fond de l’âme.

Cette contemplation au-delà de l’objet modifie la perception du temps et de l’espace et introduit au Tout pénétrant l’être. Si tous, au même instant, pouvaient entrer en contemplation du Tout, ce serait l’éternité. Alors, la matière, créée par le Verbe retournerait au Verbe.

Peut-être est-ce la vocation de l’homme. La science rapproche la matière du Verbe et la philosophie le Verbe de la matière. L’art, peut-être, établit le pont entre les deux.

04/04/2018

Le nombre manquant (49)

– Clément, c’est Claire. Nous sommes en danger. Enlevés. On ne sait qui. Un homme, grand, brun, avec lunettes, vêtu d’un costume gris, l’air intelligent, sans autre signe particulier. Nous ne savons où nous sommes. Ah oui, un mot de passe employé par l’homme : quintessence. Je ferme, il arrive. Ne rappelle pas !

Je n’eus pas le temps d’ajouter quelque chose et, de toute façon, j’étais tellement surpris que je n’aurais su quoi dire ou demander. Trop tard ! Mathias me regardait. Je n’avais pas eu le temps de mettre le mode haut-parleur. Il me voyait secoué et se demandait ce qui se passait.

– C’est un coup de fil de Claire. Très bref. Elle me disait qu’elle et le professeur (elle a dit nous, donc je pense qu’il s’agit du professeur) avaient été enlevés. Elle ne sait pas qui ou quelle organisation les a enlevés et ignore où elle se trouve. Elle a parlé d’un homme qui porte des lunettes, grand, brun, sans signe particulier. Elle a ajouté qu’il semblait intelligent. Elle a parlé d’un mot de passe : « quintessence ». Pour quoi faire, elle n’a rien spécifié, car elle a ajouté qu’il arrivait. Elle a coupé aussitôt.

– Et tu ne lui as posé aucune question ?

– Je n’ai pas eu le temps. Il fallait surtout que je l’écoute, puis elle a dû raccrocher parce que l’homme s’approchait, m’a-t-elle dit.

– Nous n’en saurons donc pas plus. Au moins, nous les savons en vie. Dieu soit loué ! Mais que pouvons-nous faire ?

– Nous n’avons, tentais-je de résumer, que deux éléments nouveaux en dehors du fait que nous les savons en vie. Premièrement, ils ont été kidnappés par un homme non identifiable. Mais les éléments d’identification sont pratiquement inexistants. Deuxièmement, nous avons un mot : quintessence. Cherchons d’abord au plus simple : le mot de passe.

– Le mot de passe, me dit Mathias, je connais. Je peux même te donner la définition de Wikipédia : un  mot de passe est un mot ou une série de caractères utilisés comme moyen d'authentification pour prouver son identité lorsque l'on désire accéder à un lieu protégé, à une ressource ou à un service dont l'accès est limité et protégé.

– Mais cela peut également être, avec une définition plus large qui existait avant l’informatique un signe de reconnaissance entre initiés.

– C’est vrai. L’informatique n’a pas tout changé !

03/04/2018

Contraire ou complémentaire

 

18-04-02 Dessin Admiration.JPG

L'homme, musclé des gencives,

n'a que dédain pour ces nymphes.

Et pourtant, leur grâce l'étonne.

Comment les aborder ?

02/04/2018

Enfants

Ce sont des enfants qui découvrent la vie, en font l'expérience, à leurs dépends ou à ceux des autres.



 

01/04/2018

Haïku pascal

 

Le res-suscité :

Par la volonté divine

Il naît à nouveau

Et suscite l’espérance

La vie éternelle

Un mystère absolu

L’infinitude

Plongée du Tout dans le Rien

 ©  Loup Francart