08/09/2013
Dessalement matinal
La vie : chaque jour, prendre ses jambes à son cou
Et faire le tour de la terre en esprit…
Vingt-quatre heures et une révolution…
Quand la nuit vous enveloppe
Et vous fait plonger dans la piscine
Du petit matin au glacis rafraichissant
Vous sortez en entrebâillant la porte
Vous sucez le glaçon de votre haleine
Et commencez les premières foulées…
Vous flottez dans la purée de pois
Cherchant vainement un appui
Sur un sol cotonneux et fugace
Vos jambes n’ont plus la régularité
Du métronome tic-tac
Vous comptez tique et tâ-que
Vous vous efforcez d’avancer dans cette lourdeur
De l’air que la nuit enveloppe
D’un voile blanc et transparent…
Peu à peu, se dégagent les miasmes
Qui encombrent vos articulations
Les fourmis fuient cette course effrénée
Et relâchent leur pression diurne…
Vous commencez à vous élever…
Le rythme de la danse villageoise
Devient ballet d’audace vertueux...
Les nuages vous accompagnent
Enserrent vos pensées balbutiantes
Vous évacuez rêves et craintes
Et vous sentez plus léger, serein…
Vous voici à votre juste poids
Celui de la liberté retrouvée
Par la cadence allongée des foulées
Et l’absence de résonance du corps...
Quelques minutes de plus
Et vous montez au-dessus des bois
Pour flottez sur vos obsessions
Et les maîtriser pour la journée…
Vous contemplez du haut de la colline
La pâleur rougeoyante d’un demi-soleil
Serait-ce cela… le paradis ?
07:50 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, écriture, poésie, littérature | Imprimer
04/09/2013
Suite II pour violoncelle, en ré mineur (BWV 1008)
https://www.youtube.com/watch?v=3WxnXerG4cM
Rêverie…
Qui te prend et t’étire
Quelle gymnastique elle te fait faire
La tête en bas tu es, les oreilles pendantes
Mais quel charme ces extensions !
Tu montes et descends, d’un souffle inspiré
C’est un bocal de sons, résonant et ronronnant
Et parfois un cri d’amour poignant
Coupant comme un sabre effilé
Dans le noir du corps inversé
S’élève la grande plainte des hommes
Corde vibrante des dents acérées
Comment ne pas laisser son cœur
Derrière la page écrite et jouée
Pliée elle se tient attentive
Ensorcelante, adoucie, mâchée
Elle écorche le palais, mais quel goût
En saliver de bonheur
Et pleurer à l’idée de ces caresses
Qui chatouillent l’oreille
Et la rendent câline
Tout n’est que vibration
Qui met en marche la vie
Pour un court instant
Et qui te dépossède
Des rondeurs de l’habitude
La corde du temps
T’étire dans l’espace
Tu es le Tout,
Grain énigmatique
Des poussières de l’illusion
07:45 Publié dans 42. Créations poèmes, 51. Impressions musicales | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, écriture, musique, littérature, bach | Imprimer
03/09/2013
La Vasija de Barro (Musica Ecuatoriana), de Patricio Cadena Pérez
http://www.youtube.com/watch?v=FK2c_lYSD7o&feature=c4...
Le pot de terre crie de terreur devant son incompréhension du monde : « Je suis le récipient, le contenant, pourquoi seul compte le contenu, ce liquide précieux qui coule de ma bouche et déverse dans la gorge des élus son parfum de miel. Qu’ai-je fait au bon dieu de n’exister qu’en creux comme un cadre de tableau précieux entourant l’existence des hommes, mais ne les traversant pas. »
Le rythme d’un battement de pied sur le sol de terre « ta-tam… ta-tam… ». Et l’accord monte et redescend sans qu’on l’entende au premier abord, comme la montée d’une émotion indicible. Et sonne la lamentation des hommes comme un cri de désir et d’ignorance qui monte et redescend. Je suis celui qui pleure et rie devant cette vie qui me berce et que je ne comprends pas. Ma plainte va vers les hommes insatisfaits qui espèrent la vie et ne touchent que le vent qui la transporte dans la valse des arbres au long des jours qui tournent dans un ciel d’étoiles et de rêves.
Passé cet instant de douleur, les cordes s’esclaffent en petits pétillements frais, comme l’eau coule de la montagne et surprend le visiteur. Halte au bord de la rivière, dans le repos de l’esprit enfin pacifié. Que faire devant l’inconnu : se laisser aller, dans le calme. L’orage est passé, la vie va renaître, une autre vie, celle de l’âme.
Le chant s’élève, simple comme le cri d’un âne terreux (burro terroso) dans le désert entouré de cactus. Mais derrière cette plainte s’élève le contre-chant qui étire la plainte dans le ciel bleu, en long filament de nuages d’une blancheur éclatante. Et en ces quelques instants, l’avenir se dessine, sans appréhension, infaillible et accepté. Le chant des anges et des femmes du ciel qui appellent à l’ouverture du cœur, chant pur et reposant comme l’eau qui coule du vase de terre, chaque jour, pour emplir le corps de sa bienfaisance.
Et l’homme terrassé reste meurtri, peint par la main des femmes de la terre qui le façonne, lui ôte ses formes voluptueuses pour les transformer en boue qui s’épancheront dans le vase de terre.
Le corps n’est plus, mais l’âme reste, intact, virile, victorieuse.
Le temps ne peut rien sur l’esprit qui reste comme l’eau vive et coule entre les pierres immobiles.
L’espace s’amplifie à l’infini à l’image de notre riche pauvreté.
Yo quiero que a mi me entierren
Como a mis antepasados
En el vientre obscuro y fresco
De una vasija de barro
Je veux qu’ils m’enterrent, moi,
comme mes ancêtres
dans le ventre sombre et frais
d'un pot d'argile.
Extrait du site de Patricio Cadena Pérez :
http://www.patriciocadenaperez.com/index.php?page=Bio.php
« Est-ce parce qu’il n’a vu le jour ni dans l’hémisphère nord, ni dans celui du sud mais qu’il est né en Équateur, juste sur la ligne… ou bien est-ce parce qu’il n’est ni un indien, ni un blanc mais un métis…que Patricio Cadena Pérez, interprète de guitare classique et compositeur est si insolite dans son art, aimant à marier le soleil à la lune, le yin au yang, la musique classique aux airs populaires… ? »
06:36 Publié dans 51. Impressions musicales | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : musique sud-américaine, chanson, écriture | Imprimer
31/08/2013
Loup, où es-tu ?
Loup, y es-tu ?
Mais où donc suis-je ?
Ou cours-je sans jambes ni cervelle ?
Un petit pois seul me maintient
Dans la droite ligne des farceurs…
Meurs donc saltimbanque
Que tes os déchus
Fatigués de tant de nuits inutiles
Brulent sans vergogne dans l’âtre
Loup, où vas-tu ?
Au pays des rêves sans pied
Qui tiennent debout par volonté
Comme la chèvre à son piquet
Ils me conduisent mollement
Dans le substrat fumeux des tavernes
Et m’enferment dans ma solitude
Loup, entends-tu ?
Oui, les cris des oiseaux
La haine des volontaires
Qui applaudissent en chœur
A la déchéance humaine
Tels des poules caquetantes
Sans daigner jeter un œil
Aux beautés hors nature
Loup, meurs-tu ?
Toujours vivant
J’émerge de ma coquille
Et m’épanche sans difficulté
Vers les cimes vertueuses
De la création
Je m’empare du balai
Et chevauche mes rêves
Sans parvenir à dissocier
Ce qui est de terre
De ce qui est du drapé
D’une imagination défaillante
Loup, vis-tu ?
La vie comme la mort nous prend tout entier
Tiens-nous fermes dans notre délire de vivre
Et fais peser sur nous ton regard impitoyable
La pensée ne finit pas et poursuit sa ronde
Au-delà de la corporalité grasse des repus
C’est bon… J’arrive… J’arrive…
03:53 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, écriture, poésie, littérature | Imprimer
27/08/2013
Soirs d'été
Longues étaient-elles ces soirées qui n’en finissaient pas
Assis sur le pas de la porte ouverte sur l’inconnu
Le chat suit du regard le vol des pigeons
Il rêve aux soirs d’hiver, quand la plume écrit
Et condense sa noirceur sur les lignes de la main
Marqué à vie par l’odeur de sable chaud
Le lézard se désaltère dans la tasse du percepteur
Qui d’autre pourrait mieux que lui
Prendre une goutte de café et sombrer
Les chauves-souris éclatent de leurs ailes miroitantes
Et dansent la sarabande entre les murs de la chambre
Elles déposent leur mitraille dans l’espace
Laissant l'habitant extasié dans le vide nocturne
Au loin, derrière la platitude des collines
Se dressent la lente dégradation des jours déclinant
On ne voit que son ombre, agitée et fragile
Mais précautionneusement elle étire sa robe de bal
Sur fond d’azur noircissant aux rayons de lune
Longues étaient-elles ces soirées qui ne sont plus
Elles éveillent encore en nous l’image émouvante
De cris d’enfants, de chants d’amour frais
De parfums étourdis, de sons ouatés
De ce qui fait la vie et la mort en un jour
Oui, longues étaient ces soirées désormais endormies
07:11 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poèésie, écriture, poème | Imprimer
26/08/2013
Musica vini
L’entrée est longue et noble, loin de toute habitation. On prend le bateau de l’errance et c’est le départ pour une aventure unique. Rien dans les mains, rien dans les poches, presque rien dans la tête. Et défilent les champs et les arbres jusqu’à l’arrivée. L’atmosphère y est différente. Tout est tamisé : le regard erre de l’eau, de l’herbe, du ciel et des pierres aux sensations les plus insolites, la couleur des robes, le sourire des enfants, les plaisanteries des hommes, la vie qui passe, qui demeure et qui persiste.
Musique ! Mais aussi le vin liquoreux (presque, mais pas tout à fait), ample, d’or transparent, aux reflets onctueux, à garder de la main dans son contenant au doux chatoiement. Admire sa toison telle le velours d’un chat. Elle te caresse la joue et danse pour toi avec une tranquille assurance : danse lente et majestueuse, ornée de broderies, du clavecin ouvert devant les yeux clairs de l’assemblée. Le son est étouffé. Il se fraye un passage parmi les cris des oiseaux, les craquements du bois, le raclement des chaises, la plainte d’un enfant. Les notes s’égrainent, une par une, deux par deux, puis trois contre deux, jusqu’à trois contre trois. Un violon entame la mélodie, courbe, ensorcelante, délurée, mais reposante, parfumée, au goût de miel et de myrrhe. Et danse devant tes yeux les bras dorés des femmes ensorceleuses et des enfants endiablés. Tu te laisses aller. L’arôme du vin active tes sens. Ils s’échauffent en toi comme l’eau du ruisseau sort de son lit. L’enivrante boisson te prend à la gorge, gouleyante, primesautière, insidieuse et, comme la fumée de l’innocence, te vole la primeur de la rationalité. Pourquoi chercher, te questionner, encombrer ta machine à penser ?
Laisse errer ton corps : écoute l’odeur ineffable des pas sur les feuilles, goûte l’ombre de la valse lente décrite par les notes caillouteuses de la guitare, vois le toucher rugueux du vin de Cristal qui palpite dans ton cerveau et l’enchante de mille sons et senteurs subtiles. Tu souris enfin, sans arrière-pensée. Le vide céleste t’envahit, ton regard ne se pose plus sur les faits, mais sur l’étincelle d’un sourire, la caresse d’une main, l’éclat d’une chevelure vibrante, la courbe d’une épaule dénudée. Alliance magique de l’ouïe et du goût, mais aussi de l’odorat, du toucher des cordes par l’archet et de la vue dansante d’une après-midi enchanteresse sous le soleil tardif, mais réel.
Le soir, retour aux réalités de la normalité, tu entrevois ce songe béat : l’archet du vent caresse les grappes de la félicité et emplit l’air de senteurs boisées qui te font tourner la tête. Folie de l’imagination (et de la boisson).
Merci à tous les organisateurs de cette après-midi. Un rayon de soleil sur une planche à repasser qui danse la gigue !
Et si vous avez l’esprit curieux (de quoi parle-t-il ?), entrez par la porte virtuelle dans la magie de cet événement :
06:38 Publié dans 12. Trouvailles diverses | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : université d'été, musique, chanson, écriture, femme, vacances | Imprimer
24/08/2013
Où sommes-nous ?
Il arrive parfois qu’à la vue d’un paysage l’œil se demande ce qu’il regarde. Où suis-je ? me murmure-t-il à l’oreille. Alors le cerveau s’enflamme. Ce qu’il voit ne correspond pas à ce qu’il ressent, ni à ce qu’il sait. Là, la réalité dépasse la fiction. Cela tourne dans la tête comme dans le tambour d’une machine à laver et même quand cela s’arrête, ce n’est pas suffisamment à l’horizontal pour qu’on commence à avoir une idée précise de la réalité. J’ai un kaléidoscope dans la tête, et j’ai beau remuer les morceaux de verre pour les mettre à l’endroit, rien ne vient. On s’affole donc : qu’est-ce ceci ?
Un lac vu de la rive boisée avec quelques bateaux flottant tranquillement sur la surface calme de l’eau. Le soleil est actif, l’eau devient ruisselante de lumière et prend ce ton éblouissant, quasi aveuglant, qui procure à l’œil un défaut de vision par saturation. Lac enchanteur des jours d’été, envie impulsive de plonger dans une eau pure et fraiche, bonheur sensuel des corps au-delà de toutes considérations intellectuelles.
La photo suivante, enclenchée cinq à six secondes après cette première prise de vue, donne une vision fondamentalement différente.
Je suis transporté à l’ombre des bois, en pleine campagne, auprès d’une prairie verdoyante où paissent quelques bêtes. C’est le matin, la lumière est crue, mais tamisée par la tendresse de l’éveil. C’est là aussi l’été, mais un été plus tendre, plus alangui, et cependant revigorant.
Le plus curieux n’est pas cette différence de sensation entre deux clignements d’œil qui fait bouger les pièces du kaléidoscope, mais le fait que cette sensation bizarre n’est pas due à la réalité, mais aux photos de cette réalité. Il n’y a aucun trucage. Mais l’œil mécanique a manifesté un semblant d’insuffisance humaine. C’est bon de savoir que la technique a également des difficultés d’adaptation.
06:34 Publié dans 11. Considérations diverses | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film, photographie, écriture, quotidien | Imprimer
23/08/2013
Le flûtiste invisible, roman de Philippe Labro
Un roman qui n’en est pas un, puisqu’il est constitué de trois nouvelles, et qui mentionne en liminaire : « Tout est déterminé par des forces sur lesquelles nous n’exerçons aucun contrôle. Ceci vaut pour l’insecte autant que pour l’étoile. Les êtres humains, les légumes, la poussière cosmique – nous dansons tous au son d’une musique mystérieuse jouée à distance par un flûtiste invisible (Albert Einstein) ». Et l’auteur ajoute : Comme Schindler, je crois qu’il n’y a qu’une seule chose dont nous devrions être certains : la sensation qu’autour de nous, avant ou après, en dedans ou en dehors, il y a un élément inconnu sur lequel n’avons aucune prise, aucun contrôle, mais dont nous pouvons imaginer qu’il en exerce un sur nous. C’est l’élément inconnu qui m’intéresse.
Seule la première nouvelle m’a paru digne d’intérêt. Pourquoi ? Elle semblait vécue, alors que les deux suivantes m’ont paru plus compassées. Elle se dénomme « Bye bye Blacbkbird ». Blackbird est une jeune américaine qui voyage sur un transatlantique et que rencontre un jeune garçon qui se rend aux Etats-Unis pour étudier. Ce n’est d’ailleurs pas vraiment une rencontre, mais le fruit d’un pari fait avec ses camarades : Qui serait assez culotté pour aller faire un compliment à cette jeune femme si belle, là-bas, à la table de gauche ? Ses cheveux étaient d’un jaune éclatant, comme des fleurs de tournesol, un jaune qui aurait pu virer à l’orange. Elle lui donne rendez-vous le soir même, mais n’y vient pas. Le troisième soir, elle ouvre en pyjama sa porte. Ils parlent. Elle lui demande : « qu’attendez-vous de moi, au juste ? ». Devant son absence de mobile, elle éclate de rire : « Seriez-vous trop bien élevé ? Vous ne voyez pas qu’il se voit votre désir ? Vous croyez qu’un homme peut dissimuler son envie d’une femme ? Vous avez faim d’amour, c’est cela, pourquoi ne pas le dire ? » Elle avait une capacité unique et déconcertante à passer de l’ironie à la langueur, de l’intime à la distance. Elle met le disque de la chanson Bye bye Blackbird et lui dit à la fin : « On ne choisit rien. Et rien n’est impossible, sauf de refuser la mort. Et tout est possible, mais rien n’est important. Tout est fatal. » Lorsqu’il va partir, elle lui demande de l’embrasser. Je pouvais sentir son corps sous la soie, touchant le mien sans bouger : « Eh bien, dites-moi, quelle vigueur dans le pantalon ! Mais dans quel émoi êtes-vous tombé ? ».
Il en devient fou, ne pensant qu’à elle, la cherchant partout et elle, se dérobant, l’évitant jusqu’à l’arrivée à New-York. Là, contrairement à toute attente, elle se donne à lui subrepticement. Puis, immédiatement après : « Rhabillez-vous. Allez, vous avez eu ce que vous vouliez ». Je l’ai regardé. Elle avait une expression voilée, hantée, une cernure mauve avait creusé sa peau sous chacune de ses paupières. On ne pouvait lire aucune satisfaction nu aucun plaisir sur ce visage auquel, en vérité, je ne comprenais rien. Quelque chose de mortel est passée dans ses yeux.
En épilogue, l’auteur philosophe : « Tout est mouvement, écrit Balzac, la pensée est mouvement. La nature est établie sur le mouvement. Balzac continue et se dévoile enfin. Il ose, enfin !, (sic) écrire les quatre lettres DIEU : « Dieu est le mouvement, peut-être. Voilà pourquoi le mouvement est inexplicable comme lui et, comme lui, profond, sans bornes, incompréhensible, tangible. »
07:58 Publié dans 41. Impressions littéraires | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, roman, livre, écriture | Imprimer
22/08/2013
Le chien
C’était bien un chien…
Une grosse boule de poils
Mal léchée et sale…
Il marchait en vieillard
Une patte après l’autre,
Tirant sa carcasse
Et s’arrêtant pour souffler…
Les enfants en avaient peur…
Il s’approchait doucement
Sans bruit, sans un coup de queue
De sa langue râpeuse
Il caressait patiemment la main
Celle qui traînait ici ou là
Et l’enfant poussait un cri
Lui, il ne bougeait pas
Il le regardait de ses yeux doux
Ne comprenant pas sa réaction
Il se couchait à ses pieds
Mais l’enfant changeait de chaise
Se réfugiait dans les bras de sa mère
En disant « Je n’aime pas les chiens »
Et lui ne disait rien
Il fermait les yeux et rêvait
Du temps où il courrait avec les enfants…
Aujourd’hui seuls les souvenirs
Lui font remuer la queue
D’un contentement timide…
07:43 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, écriture, poésie, littérature | Imprimer
18/08/2013
Absurde, j'ai retrouvé le goût salé
Absurde, j’ai retrouvé le goût salé
Des embruns pleurés aux grottes de l’océan
La pluie
Comme la bise sur l’arbre
Égraine de gouttes
La rêverie de l’œil sur le toit
Le carillon des larmes de la gouttière
Enchante ma cathédrale de zinc
Au regard de l’arbre qui, de ses bras tendus
Protège son corps d’écailles
Grisâtre, l’épiderme nuageux
Caresse les cheminées luisantes
06:55 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, écriture, poème, littérature | Imprimer
14/08/2013
La chaleur
La chaleur écrase de sa pesanteur
La paupière alourdie de nos corps
Le vent même dévore d’un souffle chaud
La poitrine blanche des hommes
Les lèvres collées de sécheresse
Le pied lourd de mille soucis
Ils attendent, impassibles
La relève qui ne veut pas venir
Collés à la terre desséchée
Ils grignotent à pleine dents
L’ombre imprimé sur le sol
Par le soleil ardent de leurs espoirs
Et rien ne vient. Rien.
Le matin, peut-être, la quiétude
Gagne les corps endormis de rêves
L’eau bienfaisante réveille
Les espoirs de la veille et du lendemain
L’eau maintenant, la boue
Les pleurs de chaque motte de terre
Engourdissent d’impuissance raideur
L’extrémité des membres terreux
Et nous nous retranchons en boule
Dans la moiteur de nos corps
07:44 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, écriture, poésie, littérature | Imprimer
10/08/2013
Je ne suis plus qu'un morceau d'être
Je ne suis plus qu’un morceau d’être
Qui vit encore, pour vivre,
Ne connaissant pas les frontières de la mort.
Un morceau d’être encore vivant.
Loin de toi, je ne suis rien.
Je me regarde, je m’interroge,
Nu, dévêtu de ta chaleur,
Pauvre, démuni de toute richesse.
Mon âme devenue désert
Guette dans l’ombre ta présence.
J’erre dans la nuit des jours,
Attendant patiemment ton retour.
07:32 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, écriture, poème, littérature | Imprimer
04/08/2013
L’âme s’expose
Quand l’âme ouvre sa fenêtre au monde
Et montre au vent sa blancheur lessivée
Les yeux des hommes se révulsent
Les oiseaux eux-mêmes cessent de planer
Pour s’emprisonner dans l’espace
Une goutte d’éternité ravive l’œil
Et lui donne un regard vierge
Penchée au-dessus de l’allège
Elle s’édifie de sa contemplation
Et respire l’air pur de la bonté
Sa blessure volontaire, divine
Lui rend sa légèreté d’antan
Lorsqu’à peine née, elle offrait
La transparence de sa vision
Aux parents accaparés de soins
Cette ouverture, l’âme au chaud
Les mains froides tendues au dehors
Fait du postulant un capitaine
De bateau ivre dans la tempête
La vie enserre l’histoire, même si
Les oiseaux entrent dans la pièce
Et se repaissent d’or et de myrte
Ils s’envolent lourds de trésors
Pour poursuivre leur chasse
D’autres huis ouverts sur le monde
Jusqu’au jour où, d'une bouche âpre
Un dernier souffle, rare
Exhale un rire rauque
Dans l’air empesé du matin
Et se tait… définitivement
La fenêtre sur le monde se ferme
Le dehors n’ouvre plus sur le dedans
Le dedans ne donne plus son trésor
Au regard des hommes seuls
Dieu est bien là, derrière la vitre
Ronronnant près de l’âtre
Attendant la fin des jours
07:17 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, écriture, poésie, littérature | Imprimer
31/07/2013
Le regard du poète
Dans la certitude des jours, passe le regard
Assuré, empli de lui-même, qui contemple
Le vaste monde en conquérant démesuré
Incapable de voir au-delà de sa sphère trouble
Pourtant un battement d’ailes, un baiser
Une épine dans la peau, un chat renifleur
Une lune empesée, le cri d’une mouette
Créent le retournement recherché, attendu
Il a chaussé les lunettes de poète
Le regard se parebrise sous le vent
Qui s’engouffre le long de la colonne vertébrale
Et descend jusqu’au ventre chaud
Là où le lait devient étoile ou chemin
Et se perd dans la solitude de l’espace
Le poète au regard clair ne voit plus
Il s’ouvre et sort ses ailes de papillon
Il s’envole dans un ciel pur et transparent
Pour rebondir sur le souffle délétère
Qu’il est seul à domestiquer
Il tangente à la circonférence de l’impossible
Aux aguets, à l’écoute, à la fragrance, à la caresse,
Du peuple invisible des mots qui s’enchaînent
Sans se connaître, en grappes volages
Et c’est ce vide sidéral qui libère les toxines
Et fait monter au cerveau ces explosions
Qui créent le mythe du poète inspiré
Un voyage dans un ciel immaculé
Grand corps nu à l’enveloppe diaphane
Qui ne résiste pas à la douche enfiévrée
Des zigzags chaotiques de la sensation
Monte sur le vaisseau incontrôlable
Et crie de toutes tes forces
Train 10819 pour l’évasion, départ 03h23
Les voyageurs montent sans bagage
Nus devant l’éclair de lucidité,
Qui transperce leur regard
Et leur donne l’amour de l’univers
07:31 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, écriture, poésie, littérature | Imprimer
27/07/2013
Le portrait
Faire un portrait… Non point en image…
Mais en quelques mots bien affilés
Décrire au-delà des apparences
Les foncières qualités et insuffisances d’un être
Lui montrer que l’on a pensé à lui...
Seul dans la nuit de la foule atone
Faire jaillir une étincelle vivante
De ces lignes malhabiles, mais véridiques
Pour qu’il se reconnaisse et les autres aussi...
Oui, c’est un métier au pinceau acerbe
C’est un don au bout de la langue
Qui expose la pensée en musique des lettres
Et imprime dans l’air du temps
Cet instant imprévisible où apparut
Derrière l’être de chair l’ombre divine
Qui fait que les mots sortent, un à un
Sans peine ni repos, espacés parfois
Mais toujours incisifs, appropriés
Hauts en couleurs, sonorité brillante
Comme un arrière-goût d’inventaire...
Nez, bouche, oreilles, quel mélange
Chaque morceau d’être à sa particularité
Sa couleur unique, sa musique spécifique
Et tous se rassemblent en une danse
Qui en fait un tableau vivant
Vibrant de sentences alertes
Oui, un portrait est plus qu’une image
C’est un monde en soi, insolite
Sortant du cerveau bouillonnant
D’un observateur impartial
06:36 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, écriture, poésie, littérature | Imprimer
22/07/2013
Le soleil éclairait la nuit d'encre
Le soleil éclairait la nuit d’encre
Des mâts de la mer indivisible
Au creux des rochers sanglants
Se perdent ses rayons d’enluminure
Les pins s’échappent vers l’azur léger
Où les mouettes blanches épanchent leur griserie
Les vagues dorment au sein des terres
Alourdies par la pesanteur de l’homme
Les toits gris d’ardoise des maisons
Oublient leur blancheur de sel et de vent
Pour blêmir dans la brume des soleils trop vivants
Qui couvrent les herbes de tiédeur morose
La fin des matins sur la mer
Pointe son triste clocher de pierre
Une cloche sonne, puis deux, puis trois,
Auxquelles répondent les coups sourds
Du travail des eaux sur les coques de bois
07:54 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, écriture, poésie, littérature | Imprimer
18/07/2013
La ligne
Un point a-t-il une dimension ?
Suspendu dans l’espace, il survit
Aux calculs d’une position supposée
Mais ce lieu n’a pas de consistance
Une ligne entre deux points
A-t-elle une surface ?
Marcher sur la ligne entre terre et mer
Ne vous empêche pas de couler !
La ligne est coupée… Rappeler !
Ce trait suspendu entre deux trous
Est-il imaginaire ou l’emprunte-t-on ?
Quel poisson voudrait se laisser prendre ?
Parfois même, cette ligne devient
Tangente au cercle, ligne sans fin
Elle l’entraîne vers l’inconnu
Sans toutefois lui donner liberté
Dans tes rêves tu devines
Cette ligne qui monte vers le ciel
Et tu l’enlaces de tes jambes
Pour tenter de percer le mystère
Mais cette montée funeste
Ne mène qu’au brouillard
Une vue trouble et sans couleurs
Un paquet insonore et impalpable
Alors tu rappelles ta pelote
Tu l’enroules autour de ton corps
Tu réchauffes ton ventre froid
Et te laisses engloutir d’absence
Oui, une ligne n’est pas synonyme
De finalité, même si elle se tend
Pour dire « Prends-moi et suis-moi »…
Elle se casse net et t’emplit d’amertume
07:46 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, écriture, poésie, littérature, poète | Imprimer
15/07/2013
Instant d'éternité
Une fuite d’air dans la chambre à air intérieure
Tu approches la joue et elle chante sur le duvet
Tu es alors transporté, immatériel, être cher
Aux yeux de celui qui t’a créé, unique et indivisible…
C’est un instant de complète palpitation
L’enrobée vertueuse du corps matériel
Jusqu’à sa transformation en ballon sonde
Pour monter, valide, dans l’immensité des cieux
Tu ne sais comment cela arrive, cette évasion
Fulgurante hors des limites rationnelles
Le moment n’est pas choisi, est anodin
Pourtant te voilà apaisé, mieux, retourné
Et dans le quotidien et le film de la vie
Tu chausses les lunettes de l’émerveillement
Une juxtaposition de couleurs et de clairs-obscurs
L’arc en ciel te submerge et t’embrase
Et si le paradis était terrestre, mais imperceptible ?
Si les matins s’ouvraient chaque jour sur la foi
Si chaque soir s’endormait le vieil homme
Pour sommeiller en compagnie des anges
Plus d’ambiguïté, plus d’allégeance au juste milieu
La grande bousculade aux portes de l’éternité
Dans le doux rire des vivants qui le savent
Pour contempler l’astre bleu enjolivé
Un et le Tout, deux et l’osmose,
Trois et la trinité unifiée
Zéro et l’amplitude du rien
L’infini et la vacuité de l’être
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11/07/2013
Le modèle
Un modèle est paré de toutes les vertus
On ne peut que l’imiter sans le cloner
Car s’échappe toujours de la copie
Un relent d’infidélité et d’insuffisance
Une seule exception, le modèle breveté
Qui devient prototype, puis contretype
Enfin reproductions multiples et diverses…
Ainsi s’effiloche l’idée originale
Se ternit l’image gardée en soi
Par sa multiplication dans un vis-à-vis
Mortel pour l’original et ses copies
Jusqu’au jour où n’existe plus
Qu’une banalisation qui devient objet
Sans parent, ni descendance
Finissant sur le tas des rebus
Le modèle brille de tous ces feux
L’œil vif, le corps allègre, le verbe haut
Il impressionne, regardé avec respect
On le choie, on l’admire, on le pare de vertus
C’est la création pure, la forme à imiter
L’être idéal que l’on contemple
Il soulève le cœur, propulse sa verdeur
Et vous entraîne dans une sarabande
Jusqu’au moment de l’oubli
Puis, un jour, rangé dans la mémoire
Ne reste qu’une poussière de pensée
Le modèle original, revu et corrigé
Neuf de tout souci et de tout duplicata…
Mais que de plis faut-il soulever
Pour l’apercevoir, indolent
Dans sa pochette de souvenirs
Laissons-le errer dans l’espace
Comme le fantôme rapace
Et dans le temps
Tel un coup de vent
07:08 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, écriture, poème, littérature | Imprimer
03/07/2013
Le silence
Du silence émerge le son
Comme de l’eau sort le poisson...
Pour que le silence soit vrai
Le son ne doit pas durer
Il faut le percevoir, net…
Signe de vie il te trouble
Il agite la surface de cercles
Et lorsqu’il s’arrête
Chaque cercle se meurt, loin
Résonance sans fondement...
Mais en toi cela se poursuit
Echo dans la caverne intérieure
Souvenir vivace du goût
D’une sonorité sans pareille
A nouveau l’apesanteur
Le flottement subtil du néant
Avant que ne rejaillisse
Comme une crête acide
Le timbre d’un nouveau son
Sursaut !
Mais ce n’est que la répétition
De ce que tu as déjà connu
L’âpreté d’un arrière-goût
Une cloche continuant de sonner
Bien qu’elle ne soit plus mise en branle
Et le son du silence vaut alors bien
Le vrai éclat d’innocence
Du bruit dans le vide céleste
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29/06/2013
Le mot
Un poème, c’est avant tout un mot...
On peut ne pas se le dire
Mais ce mot qui enclenche les autres
Tourne en vrille dans la tête
Et fait fuir toute autre considération
Table rase, l’orage s’accumule
Et naît le tourbillon devenant tornade
Les mots jaillissent en vagues
Un vocable en attire un autre
Ils montent à la diction
Et s’échappe par bulles
Ferme tes écoutilles !
Soigne ton extinction !
Attend que jaillisse à nouveau
De l’obscurité le trait vivant…
Retour sur soi-même
Carré noir sur fond noir
Dans cette boite magique, je pêche
Ils prennent forme en sortant
Et chaque fantôme devient vrai
Mais ce ne sont bien que des spectres
Qui torturent la nuit de l’esprit
Ils dansent jusqu’à la fin
Mais peuvent s’arrêter instantanément
Panne sèche, train fantôme
La vapeur ne l’alimente plus
Et vous restez en équilibre
Sur un pied ou un pas
En attente d’une suite
Yeux fermés, bouche close
Vous répandez le noir
Autour de la vrille perdue
Plus rien ne jaillit de cette obsolescence
Relire, corriger un mot, une phrase
Mais rien ne vous fera changer
Ce que l’orage vous a dicté
Le mot s’est envolé
Il est temps de laisser le lecteur
Et de retomber lourdement
Le nez dans l’herbe du diable
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25/06/2013
Matin ensoleillé
Réjouis-toi, le soleil est entré dans ta maison
Il a envahi les recoins les plus sombres
Les fleurs ont perdu leur tristesse
Pour ne plus montrer que leur sourire
Au monde qui se perd dans les couleurs
Et toi, tu es là, assise au coin de la fenêtre
A regarder passer les oiseaux un à un
Vers les grands haubans des pins de la forêt
Qui restent sombres sur leurs tapis d’aiguilles
Les pas qui y courent ne parlent pas
Comme ceux de la fillette qui te regarde
As-tu cherché à voir où courait le monde
Celui des aveugles, des malades, des mourants
Vers un carré de lueur d’or et de verre
A travers une petite lucarne percée dans le grenier
Sens-tu que le soleil à pourtant perdu
Les longues journées d’hiver
Où il montrait un rayon conquérant, mais chétif
Ces journées que nous passions dans l’espoir
De l’apparition de la flèche d’or
Qui courait sur la blancheur des champs
Ouvre la fenêtre, ouvre ta porte
Sors dehors et ris aux oiseaux
Pour leur montrer que tu as compris
Que la lumière est revenue
Toute puissante et divine
Pour nous montrer le chemin à suivre
Cours dans la forêt pour surprendre
Un rayon qui l’aurait transpercé
Cours le long des rues de la ville
Toujours tristes, mais aujourd’hui gaies
L'étincelle cherche la couleur des femmes
Et l’impudence des hommes
Pour faire entendre leurs bruits
Si éclatants lorsque le jour s’épanouit
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21/06/2013
Abondance
Abondance…
La nature s’avance, indéfectible…
Elle se pare d’ornements
Telle une princesse orientale
Et, comble de modernité,
Elle abandonne derrière elle
Des gouttelettes de perles
Suintantes au bout de chaque tige
Du plus grand arbre
A la plus petite feuille…
Ses pas marquent le temps
Avec la précaution d’un instant
Et chaque goutte bat les secondes
Dans la précision d’un métronome…
Lueur blafarde du jour qui s’engage
Dans sa course épuisante d’une journée
Aujourd’hui, huile de vidange
Et parapluie retourné…
Mettre son imperméable
Se doter d’un chapeau couvrant
Et faire valser ses pas entre les flaques
Ballet ineffable des hommes
Soumis à la dictature de l’abondance…
Quand reviendra la lueur attendue
De l’étincelle divine qui baigne nos pensées
Et encourage nos squelettes ?
07:10 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, écriture, poème, littérature | Imprimer
17/06/2013
Un matin d'orage
Plus rien ne sera comme avant
Un voile s’est épaissi et hante l'horizon
Dédoublé, où se trouve l’ancien monde
Celui auréolé de blancheur
Qui dansait encore hier
De petits pas menus ?
Danse toujours ma jolie
Souris de tes yeux de verre
Fais claquer tes doigts légers
Et monter dans les nuages
Tes vœux pieux de petite fille
Le tonnerre a rompu les digues
Et l’eau se déverse des cieux
En ce matin d’un jour nouveau
Dissociation intérieure
Où se trouve l’image rêvée
Choisie, dorlotée, mémorisée
Qui tient chaud au cœur
Et refroidit le manque de raison
Oui… Danse dans la vallée
Chante la vie et l’espoir
Dénude tes pensées sauvages
Et répands sur ton visage
L’ombre même du bonheur
Alpha ou Omega, qui es-tu
Toi qui toujours donne la paix ?
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13/06/2013
Abandon
Il est appelé et il ne répond pas
Quel est donc cette attention subtile
Qui le retient dans sa boule de verre
Vit-il dans ce monde ou un autre ?
A peine assis, à l’endroit désigné
Il laisse aussitôt errer sa pensée
Tout se referme et il s’enferme
Parti en fumée, il s’espace*
Ce voyage aux frontières de l’inconnu
Dans ce lieu du rêve et de l’ignorance
L’a-t-il voulu ou non ?
C’est un moment d’absence
Une descente dans les prés
Jusqu’au ruisseau de l’abandon
* Ce verbe détourné de son sens met en avant la dissolution du moi. Le monde devient sans mesure.
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09/06/2013
L'occasion
Rien ne nous y amenait, mais cela se fit…
C’était la femme nue de la mythologie
Rasoir d’une main et voile tendue de l’autre
Occasion se manifestait à nouveau…
C’est une circonstance inconstante
Un instant à saisir, fragile et à propos
Que l’on ne retrouvera plus avant longtemps
Presque toujours favorable. C’est un courant d’air
Mais parfois se perd l’occasion de se taire
On regrette alors non pas de n’avoir point agi
Mais d’avoir céder aux charmes du verbiage
Plus généralement, une occasion
Est une statue de Vishnou
Elle passe entre les mains, y reste peu
Repart vers un nouvel acquéreur
Occasion aux mille mains ouvertes
Qui caresse l’objet avant de l’abandonner
La divinité est chauve, son pied en l’air
Où va-t-il retomber, où vont aller ses pas ?
L’occasion n’existe plus.
L’opportunité la remplace.
Elle est plus volontaire
Il faut l’exploiter
Ce n’est plus l’expédience
Mais la pertinence de l’individu
Qui fait du hasard
Une rencontre voulue
L’attente est l’attitude
La réactivité est son comportement
Tel le rapace, l’homme moderne
A la communication crochue
07:26 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, écriture, poème, littérature | Imprimer
05/06/2013
Le bonheur
Ce peut n'être qu’un instant, insaisissable
Une fraction de seconde où tout chavire…
L’extase absolue et un retournement de la vue
Tu suffoques de ce poids en toi tel un caillou
Qui pèse sur ton cœur et lui donne existence
Tu t’incarnes et rien ne t’en fera démordre
Mais quelle en est la cause, pourquoi ?
Cet éclair impulsif vient-il de ton imagination ?
Est-il né d’un manque d’air ou d’un coup de poing
Au creux de tes vagabondages nocturnes ?
Un moment d’attention parmi les minutes vécues
Ou de distraction au sein de la morosité ?
Rien ne peut te le dire. Ce n’est qu’un tremblement
Entre deux feuillets d’habitudes sans faconde
Qui bouleverse tes sens et les exacerbe
Jusqu’à terrasser en toi ce personnage
Que tu traines sans cesse depuis ta naissance
Nu(e) devant ta destinée, tu frémis d’aise
Et de surprise intime… Touché(e)...
La lance du glaçon te transperce d’ignorance
Et tu bous de vertige et d’inaction
Jusqu’au volcan qui se réveille en toi
Le silence, les yeux ouverts, dans l’attitude
Incroyablement banale d’un enfant
Plongeant ses doigts dans la confiture
Arrêt du cœur, explosion de cellules
Te voici renouvelé, repu, rassasié
D’une seconde de ta vie qui t’entraîne
Derrière l’apparence…
C’est fini, le glaçon est fondu
Il ne reste qu’un peu d’eau
Une goutte de regret
Que tu essuies de ton mouchoir
Comme une tache rebelle
Tu gardes celui-ci dans ta poche
Empli du parfum de l’invisible
07:24 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, écriture, poème, littérature | Imprimer
01/06/2013
La photo
Une photo… Un coup de pistolet dans la vie…
Prise sur le vif, elle éclaire l’instant
Sans dire cependant d’où tu viens
Où tu vas et quelle est ta destinée
Pour l’autre, tu es figé dans le sel
Expression d’un temps à jamais perdu
Et l’œil éperdu qui te contemple
Ne voit rien d’autre qu’un fantôme
Ce rectangle de papier glacé
Dans lequel tu as mis ton espoir
Devient lentement un cimetière
Dans lequel jaunit ton ardeur
Un jour, se fanera même cet instant
Ce sourire aisé que tu donnes au monde
Et ne resteront que ces images vieillies
Qui se gondolent dans une boîte de fer blanc
05:49 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, écriture, poème, littérature | Imprimer
28/05/2013
Matin
Trois gouttes d’eau s’élancent du toit
Elles s’étirent, puis se laissent tomber
Se poursuivant dans leur chute
L’une s’étale sur le ciré… bavure…
Elle éclate de rire et se rengorge
Morte, elle est perdue pour toujours
L’autre se noie au sein d’un géranium
Se laisse couler dans le terreau
Envahissant la moindre lézarde
Pour finir aspirée par une racine
La dernière, enfin, s’engouffre
Entre chemise et peau…
Frisson et recherche de la main
Mais déjà elle dévale le dos
Evitant les poils maigres
Trois gouttes d’infini
Perles rares d’un matin
Quel éveil endolori
Pour chanter en solitaire
La montée du feu
Qui consume les craintes
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24/05/2013
Une branche frissonne
Une branche frissonne, la nuit
Trois pieds m’observent fixement
Pendant que j’écoute le fruit
Des silences du firmament
La lune rouge s’évade vers le bleu
Un homme assis me fixe de deux yeux
Derrière une canne nouée
une chauve-souris zèbre un nuage
qui se rétracte de plaisir
La terre respire mes pas
Trois maigres cheveux se balancent
Sur une main riant lentement
L’éclat pervers des étoiles
Pique ma joue enflammée
Une grande symphonie
La symphonie d’une feuille
M’entoure de rouge et de bleu
Trois gouttes de brume sur les cils
Trois larmes dans ma main
Le sommeil interrompra-t-il la litanie ?
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