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09/06/2015

Regrets

Avez-vous de ces regrets cachés
Qui empoisonnent l’existence ?
Tous en ont, même les non-vivants
Ils se cachent dans la confusion
Des émotions et des souvenirs

Impossible de s’en débarrasser
Ils persistent à être présents
Comme les vagues d’un destin
Fait de tissus effilochés
A force de patience et d’attention

Il vous arrive de les oublier
Mais ils se rappellent à vous
Comme un mal de cœur incessant
Vous dormez et croyez en réchapper

Non ! Ils chatouillent votre mémoire
Jusqu’à vous réveiller de votre quiétude
Seul le vide immense de l’avenir
Peut vous guérir de cette seconde nature

Je marche vers mon futur inconnu
Comme l’oiseau entre en cage

©  Loup Francart

07/06/2015

Matinale 8

Scrupuleusement, elle accomplit son devoir. Elle chercha l’adresse de la jeune femme, s’y rendit et lui remit le mot de passe sans toutefois lui dire qu’elle avait vu son mari. C’était une belle femme, pas forcément une beauté ; mais elle possédait un certain charme. Elle écouta ce que lui dit Emilie, mais ne lui demanda pas comment elle connaissait l’existence de ce mot de passe. Elles cherchèrent ensemble dans l’ordinateur d’Adrien, son mari, et trouvèrent effectivement tout ce qui concernait les actions de la SOC. La jeune femme la remercia chaleureusement, lui dit qu’elle pouvait revenir quand elle voulait, qu’elle serait toujours la bienvenue. Elle n’eut pas une fois une interrogation quant à sa connaissance d’Adrien. Emilie repartit, heureuse d’avoir pu rendre ce service à une famille éplorée. Elle allait pouvoir passer à ce qui l’intéressait particulièrement : qu’en est-il de cette tangente dont avait parlé Adrien ?

Le lendemain, elle prit à nouveau le chemin de la piscine. Elle ne savait pas ce qui allait se passer. Les tangentiels seraient-ils là ? Elle ne comprenait pas qu’elles étaient les raisons de ces apparitions ou de ces disparitions. Un jour ils étaient là, un autre jour ils étaient absents. Adrien n’avait rien dévoilé de ce mystère et elle-même, malgré ses interrogations, continuait à n’y rien comprendre. Elle décida de se rendre à la piscine en courant. Elle prépara un petit sac à dos, y mit sa serviette de bain, son peigne, son maillot évidemment, enfila un short de sport, un tee-shirt et sortit. Dehors, il faisait frais. Elle courut doucement, puis accéléra en se laissant bercer par le rythme de sa course. Elle aimait cette cadence régulière qui lui permettait de réfléchir sans peine. Les idées lui venaient, indépendantes d’une démarche rationnelle et lui donnaient des réponses, parfois insolites, aux questions qu’elle se posait. Elle prolongea sa course en prenant un chemin de traverse et fit deux kilomètres de plus. Mais rien ne vint. La question de ce monde tangentiel restait inabordable à son esprit pourtant enfiévré.

Elle transpirait légèrement lorsqu’elle monta les marches de l’entrée à la piscine. Elle dut s’essuyer avec sa serviette avant de pouvoir enfiler son maillot. L’eau fraiche me fera du bien, pensa-t-elle. Tout ceci fut fait mécaniquement, sa pensée toujours fixée sur le monde tangentiel. Elle oublia de vérifier sa touffe et plongea aussitôt dans le bassin sans réfléchir. L’immersion fut brutale. Elle eut l’impression de se réveiller d’un long sommeil. Plus de pensée… La froideur de l’eau, le frisson du contact, la chair de poule du saisissement. Les yeux fermés elle se laissa glisser comme si elle était entraînée entre les gouttes. Puis elle ouvrit les yeux. Ils étaient là. Ils ne la voyaient pas, ne se préoccupaient que d’eux, discourant à deux ou trois sans attention à ce qui les entouraient. Elle eut envie de leur crier « Regardez-moi, je suis là, prenez contact ! » Mais rien. Elle chercha alors Adrien. Il n’était pas là. Il était probablement délivré et était passé de l’autre côté du miroir sans possibilité de retour. Déçue de ne plus avoir de contact, elle était néanmoins heureuse de constater qu’elle avait aidé quelqu’un à franchir la ligne. Elle nageait, remontant périodiquement pour respirer, puis replonger et se laisser glisser entre les spectres. « Tiens ! Là… Une jeune fille qui me regarde. Oui… Elle me fait un signe. J’ai un nouveau contact. » Elle la contourna pour montrer son intérêt et s’arrêta en face d’elle, attendant qu’elle lui parle. Le contact fut établi sans qu’elle sache comment. La jeune fille lui parlait et les sons venaient de sa tête à elle et jaillissaient en dehors, leur donnant une résonance qui les rendant compréhensibles.

– Qui êtes-vous  et que faites-vous ici ? demanda la jeune fille.

– Je viens tous les jours m’entraîner. Un jour, j’ai aperçu vos compagnons. Cela m’a fait un coup. On ne s’attend pas à voir des êtres humains discourir tranquillement au fond d’une piscine comme si de rien n’était. Quelqu’un de chez vous m’a contacté et confié une mission. Je l’ai accompli, mais je n’ai pu retrouver cette personne. Je suppose qu’elle est partie dans l’autre monde ?

– Oui, c’est plus que vraisemblable. Moi, je vous ai remarqué à votre ombre, plus fluide et franche en même temps. La lumière que nous émettons ne passe généralement pas à travers vos corps. Vous ne la voyez pas, mais nous nous savons qui la capte et y est sensible. Vous l’êtes, aussi votre ombre apparaît à nos regards et nous parle de votre sensibilité. C’est pour cela que je vous ai remarqué lorsque vous êtes passé près de moi. Beaucoup parmi nous ne prenne pas garde à ce qui est insolite. Ils sont pour la plupart encombrés dans leurs pensées ou leurs conversations qui tournent toujours autour des mêmes thèmes : comment sortir de cette tangente dans laquelle nous sommes enfermés. Ils n’ont pas compris qu’il faut d’abord sortir de ses propres pensées. On ne le comprend que difficilement, par lassitude de parler et de penser.

– Vous, alors, que vous est-il arrivé ? demanda Amélie.

Elle vit la jeune fille fondre en larmes, puis, au bout d’un moment, lui sourire béatement.

– Vous vous intéressez à moi. Enfin ! Quelqu’un qui me voit et qui me parle. Je vais enfin pouvoir sortir de cette existence sans réelle vie. Merci mon Dieu. Merci.

Et la jeune fille sembla perdre sa consistance et se dissoudre dans l’eau. Dans une minute elle ne sera plus.

Comment la rattraper pour qu’elle m’explique, pensa Amélie.

05/06/2015

Rêve

Courir dans un pré sous le soleil
Sentir la vie bouillonner d’aisance
Dans la pâleur des fins d’après-midi
Transpercé par un éclair de bien-être

Tu te couches sur les nuages
Et tu danses dans l’air pur et divin
Les yeux ouverts sur le monde
Qui tremble du bonheur d’exister

Et le soir dans l’herbe sèche
Tu pleures d’émotions contenues
Au passage d’un bourdon
Errant dans la paille odorante

Ferme tes paupières alourdies
Berce-toi de l’illusion de rêver
Laisse errer ton esprit endiablé
Repose en paix sur ta terre chérie

©  Loup Francart

04/06/2015

Matinale 7

Elle redescendit aussitôt, se retrouva à côté du jeune homme et lui fit signe. Il parut soulagé.

– J’ai cru que je vous avais perdu et m’en inquiétais. Vous êtes vraiment la première à qui je peux parler. Je suis enfin délivré ou plutôt je le serai lorsque vous aurez parlé à ma femme. Je pourrai alors m’éloigner de cette zone difficile à mi-chemin entre notre destination après la mort et le monde matériel dans lequel vous vivez. J’ai l’impression d’être écartelé et de tomber dans le vide. On y voit très peu de gens, qui tous, comme moi, attendent un possible contact avec le monde terrestre pour être délivré. Vous connaissez les fantômes bien sûr. Mais il n’y a pas qu’eux. Nombreux sont ceux qui tentent d’entrer en contact avec leurs anciennes connaissances. Chacun choisit sa stratégie. Ici, ce sont les tangentiels, comme on nous appelle de l’autre côté. Nous avons choisi de rester dans cette zone quasi matérielle jusqu’à ce que l’un de nous entre en contact avec un humain. En fait c’est un choix. Il se fait après le tunnel conduisant vers le lieu de lumière. Après l’examen de notre vie, il nous est donné de choisir ce que nous voulons faire en fonction de ce que nous avons fait dans notre vie : avancer sur le chemin, temporiser et réfléchir, laisser un signe à ses proches. C’est ce que j’ai choisi. Nous sommes en attente en un lieu difficile à définir, car nous ne sommes pas toujours conscients. De temps en temps, nous sommes propulsés aux abords du monde matériel, sans jamais cependant pouvoir y pénétrer entièrement. Il nous appartient de trouver le moyen de le contacter. On peut laisser un signe, déplacer des objets, parler de manière déguisée à quelqu’un, se montrer tout simplement sous forme de spectres, de fantômes, d’ectoplasmes. Mais cela suppose que de votre côté, quelqu’un soit attentif à ces signes, soit parce qu’il cherche, soit parce qu’il est curieux de nature, soit parce qu’il est dans une période psychologique difficile. Je pense que vous avez une difficulté dans la vie. Laquelle, je ne sais. Mais il faut la résoudre et vous n’aurez plus cette incertitude chronique qui vous conduit vous aussi près de cette tangente. C’est probablement pour cette raison que nous pouvons nous parler aujourd’hui. Ce ne sera peut-être plus possible demain.

– Et bien merci, s’exclama-t-elle. Ce n’est pas très gentil de me dire que j’ai un problème et que je dois le résoudre. Pourquoi en êtes-vous si sûr ? Cela va-t-il m’aider que vous me le disiez ? J’avoue ne pas comprendre. Je vous rends service, je vous délivre de vos cauchemars et pour me remercier vous me donnez une tâche à laquelle je ne m’attendais pas et qui va peser sur mon existence jusqu’à ce que je l’accomplisse. De quel droit faites-vous cela ?

– C’est plus qu’un droit. C’est un devoir auquel je ne peux me soustraire. Ceux qui s’engagent dans le choix d’être en tangente doivent prêter un serment moral. Dire la vérité à ceux qui leur viennent en aide, quelle qu’en soit les conséquences terrestres. Cela les sauvera probablement d’une vie post-mortelle pénible et incertaine.

Emilie ne sut que dire. Elle avait beaucoup de mal à suivre tout ce que lui expliquait l’homme. Cela lui paraissait à la fois extraordinaire et familier. Oui, quelque chose comme si l’on grattait une surface peinte pour dévoiler la vraie nature de l’objet. Tout à coup, elle se rappela :

– Attendez, il faut que je remonte.

Un coup de pied lui permit de repasser en surface pour respirer. Il lui semblait qu’elle avait oublié de le faire depuis un bon moment. Et pourtant cela ne lui avait pas manqué.

Elle replongea aussitôt, mais l’homme n’était plus là. Elle le chercha parmi les promeneurs qui discutaient entre eux. Elle parcourut la piscine, se rendit aux quatre coins. Il avait bel et bien disparu. Elle dut remonter à nouveau. Son souffle s’était accéléré, elle ne tenait plus la durée. Elle eut une impression d’étouffement qui la contraignit à regagner les bords de la piscine et à reprendre pied. Au même moment le maître-nageur siffla. C’était l’heure des scolaires qui entraient bruyamment en s’agitant. Elle vit à la surface une sorte de bouillonnement assez bref. « Ils sont repartis ! », se dit-elle, « et je suis la seule à le savoir ».

03/06/2015

Matinale 6

Reprenons la nouvelle "Matinale" dont la dernière parution date du 3 mars 2015. Elle était laissée pour compte, car je ne savais comment finir. La patience et l'application des phases de la recherche ont produit leurs fruits. Nous pouvons poursuivre.

 

Emilie reprit le lendemain le chemin de la piscine. Elle était quelque peu angoissée. Qu’allait-elle trouver dans cette piscine mystérieuse ? De nouveaux êtres insaisissables ou le vide normal de toute piscine sans humain. Arrivée à l’entrée, elle hésita, puis paya son entrée, se rendit au vestiaire, se déshabilla et enfila son maillot. Préoccupée par ses pensées, elle oublia de vérifier son entre-jambes. Elle se dirigea vers les douches, pressée d’en avoir le cœur net. Comme à son habitude, elle contempla un moment la surface de l’eau, limpide et sans une ride, puis elle plongea.

Le monde des morts était là, bien vivant, animé de personnages.

– Mais, pourquoi ?, se demanda-t-elle.

Remontant à la surface pour respirer, elle regarda l’au-dehors, puis l’au-dedans. Aucune rupture. Elle n’éprouva aucun changement d’impression, un léger décalage entre les deux regards, un déclic inaudible. Rien, un monde lisse et pourtant ô combien différent.

– Quelle superposition existe-t-il entre les mondes ? Et d’abord, y a-t-il deux mondes, celui des vivants et celui des morts ? Mes lectures ne m’ont rien appris. Je n’aurais sans doute jamais de réponse, mais je ne peux rester ainsi. Que faire ?

Plonger, jusqu’à savoir.

Elle se laissa couler, passant entre les spectres ou les morts ou les fantômes ou les personnes présentes, elle ne savait. Elle les regardait en face, les yeux dans les yeux. Et tout à coup, l’un d’eux lui donna un signe de reconnaissance. Ses yeux s’éclaircirent, il battit des paupières et ouvrit la bouche comme pour parler. Craintivement, elle s’approcha de lui. Elle ne pouvait parler, mais elle manifesta un grand intérêt à cette personne, comme si elle la connaissait. Elle n’avait aucun souvenir de lui, mais peu importait. Enfin, elle communiquait. Elle entendit alors, au plus profond d’elle-même, la voix de cet homme encore jeune. Il l’appelait et lui demandait de l’aider. Elle le regarda et vit sa détresse dans ses yeux. Elle lui fit signe qu’elle l’écoutait.

– Je ne sais qui vous êtes, mais vous êtes la première avec qui je peux entrer en contact. Pourquoi en est-il ainsi, je ne sais. Je ne sais non plus si cela durera, alors écoutez-moi, je vous en supplie. Je suis mort il y a trois mois dans un accident : une voiture folle dont les freins avaient lâché, qui a percuté le trottoir et m’a écrasé contre le mur d’une maison. Je n’étais pas beau à voir, une masse de chair sanguinolente mêlée à des habits déchirés. Ruth, ma femme, que j’aime toujours, n’a même pas pu me voir une dernière fois. Elle et mes trois enfants n’ont plus rien de moi, que l’appartement que je leur ai laissé. Pourtant, j’étais riche. J’avais acheté des actions de la Standard Oil Compagny et, suite à la découverte d’un immense gisement de pétrole en Alaska, le prix de celles-ci a été multiplié par dix. Ruth a bien regardé dans mon ordinateur, car elle savait que j’y tenais mes comptes. Mais j’avais mis un mot de passe qu’elle ignorait. Elle n’a plus d’avance et cherche du travail alors qu’elle pourrait vivre sans problème. Pouvez-vous lui donner le mot de passe ? Cela me permettrait de franchir réellement la ligne et de l’attendre de l’autre côté dans la sérénité pour une nouvelle vie.

Amélie fut interloquée. Tout s’embrouillait dans sa tête. Qui est cet homme ? Comment peut-il me parler ? Que signifie cette nouvelle vie dont il me parle ? Elle ne savait quoi répondre. Mais la question était pressante. Il semblait tellement mal en point. N’écoutant que son cœur, elle lui répondit qu’elle était prête à l’aider.

– Donnez-moi l’adresse de votre famille, j’irai la trouver, lui dirai l’intérêt de vos actions et lui donnerai votre mot de passe. Mais, en échange, je veux que vous m’expliquiez ce que je suis en train de vivre : ce monde imprévu qui s’ouvre devant moi, ces êtres que je vois au fond de cette piscine, tous morts et pourtant si vivants. Pourquoi à certains moments ils se dévoilent et à d’autres rien n’apparaît ?

 Elle avait dicté ses conditions sans y penser. Celles-ci étaient venues toutes seules et elle en fut heureuse. Elle ne sut pas comment elle lui avait répondu. Etant sous l’eau, elle ne pouvait parler. Ces paroles s’échangeaient par la pensée, beaucoup plus vite que dans la réalité, quasi instantanément. Elle commençait à être à court d’air et fit signe au jeune homme qu’elle remontait s’approvisionner en air, puis redescendrait. Un coup de talon la projeta dans l’autre monde, le vrai. Elle ouvrit les yeux, reprit son souffle, contempla la surface parfaitement lisse de la piscine, reconnu le maître-nageur assis sur sa chaise qui ne se doutait de rien. « Est-ce possible ? », se demanda-t-elle.

01/06/2015

Entre deux

Le chaos des pensées et des songes
Sont une glue collante et répandue
Pas un souffle d’air dans la tête
Le poids du passé enseveli
Contre l’éclaircie de l’absence
Vaut-il mieux ne plus être
Et s’échapper dans l’air
Ou errer comme l’escargot
Lent et fier de sa majesté ?
Le silence… Il est prenant...
Tant de bras m’ont porté jusqu’à présent...
Aujourd’hui, plus rien
Une mince lueur entre les deux yeux
Qui seule guide l’autre
Celui que je ne suis pas
Et que je voudrai être

©  Loup Francart

28/05/2015

L'enfer

Avez-vous déjà marché dans la géhenne
Les pieds lourds et la tête pleine de néant ?
Une course épuisante après soi-même
Sans trouver autre chose que l’inanité

Et celle-ci est un véritable bazar
Tout s’y trouve de ce que vous abhorrez
Empli de vous-même vous étouffez
Le sac plein de votre être jusqu’à la gueule

Vous ne pouvez rejeter ce moi avide
Qui toujours vous a entraîné
Dans des turpitudes sans fin
Vers votre deuxième face de Janus

Quelle souffrance que de marcher
Avec sa forêt tassée sur le dos courbé
Les jambes flageolantes et les pieds désunis
Sans aucun secours de la tête dévissée

Pas espoir, pas d’aide, pas d’avenir
Le quotidien et l’habitude à vie
Vous tournez en rond et ressassez
Vos insuffisances et vos erreurs

Et vous ne pouvez même plus
Penser à cette délivrance physique
Que la douceur de la mort
Vous fait envisager et même rêver

Non, l’enfer ce n’est pas les autres
C’est vous-même, c’est ce Moi
Qui ne peut devenir Soi
C’est le rat qui court en Toi

©  Loup Francart

24/05/2015

Nostalgie

Noce… (T)... Algie…
Quelle douleur douce au toucher…
Et cette caresse de l’âme, vous y revenez
Vous ne pouvez vous empêcher
De la renouveler…
C’est un baume sublime
Entretenu comme une démangeaison…
C’est la noce du mieux et du pire
Qui produit cette peine sensible
Et vos poils se hérissent
Au plumeau de souvenirs
Au son d’une voix perdue
Au goût d’une madeleine
A la vue d’un livre d’autrefois
Au toucher d’un être disparu…
Mais le T qu’en faites-vous ?
Celui qui relie ce mariage à l’affliction…
Le T c’est le Toi
C’est ta noce et ton ressenti
Instant délicat où l’autre se mêle à toi
Jusqu’à ne plus faire qu’un…
Alors tu lis dans l’autre tes pensées
Tu retrouves tes sensations d’antan
Ce pincement des émotions
Qui t’envoie valser
Dans un souvenir figé…
Arrêt sur image...
Le film est cassé...
Blanc… La page blanche se déroule
Elle tourne dans le vide et s’étire
Et votre rêve s’arrête
Incapable de poursuivre
Cette plongée en eau douce
Il ne vous reste que les battements
D’un cœur fragile et nu
Qui vous donne la chair de poule…
Le poing de Dieu se resserre
Et étreint votre âme
D’un joyeux Shake-hand…
A bientôt…

©  Loup Francart

20/05/2015

Espoir

Ce filet d’air entre en tête
Tu sens juste un vague souffle
Tu ne perçois pas encore
L’espoir qui surgit en toi...
Ton horizon s’élargit cependant...
La prison ouvre ses portes
Située haut sur le cap
Elle est placée pour contempler
L’océan immense et vide
Mais souvent… une brume empêche
Le cœur de porter aussi loin...
Tu n’entends que les flots
Qui voyagent en train
Et s’écrasent à leur rythme
Sur les lèvres blondes de la berge
Il y fait chaud sur cet observatoire
L’œil faibli en luminosité
Perdu dans l’étoupe tiède
Pour tout horizon…
Cette maigre caresse légère
Profite de ton ignorance…
Elle emprunte la route
Des départs imprévus
Tu montes dans la barque
Qui tangue de colère
Qui agite ses bras de bois
Au rythme des ondulations
Tu peines à t’assoir, mal vêtue
Ta robe de pourpre éblouissante
Entre en conflit avec le gris vautour…
Simultanément, tu observes
Cette glissade lente et majestueuse
Vers le trou de l’enfer
Ou, peut-être, du paradis…
Sais-tu le lieu de ce pays
Où vêtue de papier crépon
Tu agites les mains en tous sens...
Personne ne vient à ton aide…
Sur la pointe de la caresse ailée
Tu divagues et balances
Et les espoirs déçus
Lancés comme des grains de semis
Deviennent geyser à la surface
Tu t’allèges pour être prête
A aborder l’avenir sans fin
Dont tu ignores encore
Le moment qu’il choisira
Pour couper le cordon
Qui te relie au monde...
Tu partiras vaillamment
Ramant de toutes tes forces
Puis, bientôt, cesseras même
Le mouvement des bras
Pour te laisser prendre
Dans la douce froideur
Du souffle divin

16/05/2015

Le vol du bourdon

L’entends-tu ? Il bourdonne puissamment
Son diesel fonctionne à plein régime
Et pourtant, il est léger, empli d’allant
Sautant de fleurs en senteurs allègrement
Rien ne peut le distraire, ni le vent
Ni la pluie, ni le bec d’un oiseau
Il change de régime, accélère, ralentit
Selon sa position et celle de la convoité
Parfois, il s’accroche et meut ses hélices
Pour extraire d’une aspiration sans fin
Le suc vénéré et délectable d’une pâquerette

Tendant ses pétales, elle aspire également
A ce mariage forcé. Elle dresse son bouton
Le faisant moelleux et plus chatoyant
Aiguisant ses phéromones, battant des ailes
Toutes de blanc vêtue telle une jeune marié

Sous le poids de l’être frémissant qui l’aborde
Elle ploie et baisse la tête, gênée et heureuse
Et lui, un peu rustaud, mal embouché
Se jette sur l’or offert, d’une douceur inespérée
Il n’a pas le temps, ne serait-ce qu’un instant,
D’arrêter son manège et de contempler
De ses yeux bigarrés la dorure enchantée
Entourée de ses demoiselles d’honneur
Blanches et recourbées, riant entre elles

C’est fait et déjà il repart, plein gaz
Son moteur à plein régime, un peu plus lourd
Des reproches muets de l’aimée en extase
Elle se redresse, jaunit, plus étincelante
Mais rien n’y fait, il est parti, seul

Tiens, en voici un autre, plus bourdonnant
Plus majestueux. Mais il est déjà passé
Elle a reçu le pollen sacré. Cela suffit

Vas-t-en ! Cours ta vie ailleurs !
Et préserve ta trompe des tentations…

©  Loup Francart

12/05/2015

Grignotement

La nuit… Moment d’incertitude…
Quand le vent devient coupant…
Quand le noir est vouloir
Sans rien savoir du pouvoir…

Tel un fantôme déchu
L’esprit s’évade et fuit
Plus rien ne court et fouille
Dans une mémoire sans fond

Oui, ce sera la dernière fois
Que tu contempleras le tissu
D’un ensevelissement précaire
Voile funéraire de l’éternité

Mais bientôt pointe le crayon…
Coloré… trait magique…
Au fil de l’horizontal…
Entre nuit aérienne et terre durcie

Plus rien ne viendra entendre
Les cris de désolation solitaire
Poussés par l’escargot
Qui déroule sa traine

La chanson a surgi, lente…
Repue des repos d’une âme
Qui danse au matin frais
Et se couvre de rougeur…

Réveillez-vous, que diable…
Remettez en branle la course
Des grignotements infernaux
Ne cessant qu’au retour de la nuit !

© Loup Francart

08/05/2015

Froid

Peut-on palper le froid ?
Il arrive que les doigts collent
Et que la peau ne fasse plus qu’un
Avec l’objet de sa convoitise

Peut-on sentir le froid ?
Lorsque vous ne sentez plus rien
Et que votre corps, nu, tremble
Sous le vent aigre du petit matin

Peut-on goûter le froid ?
La langue acide crie l’amertume
Et vos dents hurlent l’injure
De l’explosion en bouche

Peut-on entendre le froid ?
Quand l’oreille devient porcelaine
Et que vous passez vos mains
Sur le silence de leur crispation

Peut-on surprendre le froid ?
Certains se dénudent dans l’adversité
Et plongent dans l’eau glacée
Des remords qui les hantent

Peut-on rêver du froid ?
Le blanc seul surnage
Et recouvre toute rationalité
Même le rêve ne délie le cerveau

Peut-on ne plus avoir froid ?
Viens dans ma vallée profonde
Et donne-moi ta force virile
Jusqu’à brûler d’amour

© Loup Francart

04/05/2015

Douleur

Douleur,
Comme une étoile irradiée, tu éclates.
Plus rien n’existe.
Le soleil devenu fer rouge
Pénètre habilement la chair
Et le lit devenu enfer
Prend les dimensions d’un cachot.

Douleur,
Je ne sais plus te contempler,
Ni rire de mes contorsions animales.
Pourtant j’ai ri,
Ri de ce corps abandonné
D’où l’esprit puisait sa vigueur.

Maintenant je suis las.
Mon vieux corps aplati
S’accroche à moi et se plaint.
Descente, lente et malhabile,
Dans les ténèbres de la douleur.

© Loup Francart

30/04/2015

Les mardis littéraires, de Jean-Lou Guérin

Mardi dernier, présentation par l'auteur du livre « Conte d’asphalte », d’Anne Calife, Albin Michel, 2007 :

Un très beau livre qui conte la rue lorsqu’au bout de l’effort de maintenir une vie sociale et personnelle, il n’y a plus d’autre issue que celle de finir dans la rue. Comment fait-on pour en arriver là ? A la rue ? semble-t-il dire. En glissant, vilain petit canard, en glissant. (p.14)

http://lesmardisdejeanlou.blogspirit.com/ 

 

Echanges, mais de quoi ?
Des mots assemblés en idées
Des idées assemblées en sentiments
Des sentiments organisés rationnellement
Et à la fin, un poème-texte
Retour des mots à l’origine
Une conversation à deux
Dans laquelle trois se perdent
Mais comment organiser l’ensemble
Serait-ce sur les mots, les phrases
Les sons, les couleurs, les caresses
Faut-il lier les émotions
Les sentiments, les pensées
Les silences même ?
Elle lit, parle, elle converse
L’autre fait de même, où vont-elles ?
Elles babillent, elles papillonnent
Elles se laissent aller, jusqu’où ?
Elles se rendent heureuses
Par cet échange façonné
L’une cherche la conciliation
L’autre veut la rendre nue
Mais rien ne vient, le vide
Le bavardage conduit-il à quelque chose ?
Je ne sais
Et peu à peu tout s’éteint
Les cerveaux ne parlent plus
Seule la sensation reste
Plane dans l’air, flotte
En un instant nous partons
Et nous retombons, inertes
Le brouhaha des commentaires
Une dernière lecture…
Un silence… C’est la fin…
La fin d’un rêve simple
celui d’une vie décrite…

© Loup Francart 

26/04/2015

Soi

Au fond de toi, il y a le Soi
Mais celui-ci n’est pas toi
Tu crois au Moi qui le cache
Et ne vas au-delà que je sache
Ce Moi n’est pas un, mais cent
C’est un choix angoissant
Dont tu n’es pas maître
Il entretient ton mal-être
Laisse partir ces brisures
Qui ne sont que poussière de sciure
Le vent les pousse au large
Envoie tout à la décharge
Alors dans cet immense désert
Apparaîtra l’unique et le sincère
Ce Soi qui n’est plus toi
Qui ne court plus aux abois
Celui que tu cherchas longtemps
Offert à toi en tout temps
La paix de l’âme enfin
Dont tu perçois le parfum

© Loup Francart

22/04/2015

Soir

Le jour entame sa dernière heure
Illumination…

Sur un ciel de mer, bleu pâle et rayonnant
Comme une fiancée pudique et frêle
Se détache la ramure d'or d’un peuplier
Ses lignes imprévues se déploient
Ouvrent leurs ailes à l’azur
S’évadent en dentelles et bigoudis
Avant de se mettre au lit dans le noir
Cette montée orchestrée des rameaux
Parfumés de liberté, d’évasion et de rêve
Accompagne ma nuit : jaune sur fond bleu
Une forêt vue par Maurice Denis
Un cri paisible vers le noir tombant
Tel un tableau du groupe des nabis

Le jaune étincelant de tous ces doigts
Reposant sur le tissu bleu du ciel
Devient la porte de l’illumination…

© Loup Francart

18/04/2015

Attitude

Vois l'or fascinant des navettes
Regarde le soleil dans les yeux
Lave-toi la face devant la lune
Plonge dans ces verts ombragés
Suffoque dans le bleu des mers
Souris à l’enfant qui te regarde
Pleure de joie devant ta belle
Ferme les yeux sur ces présents
Et marche environné de beauté
Jusqu’au vide infini et attirant
Qui t’engloutira de tendresse...
Tu n’auras plus besoin de rien !

© Loup Francart

14/04/2015

Ombre (poème pour rire)

Tout se trame dans l’ombre
Et sombres sont les nombres
S’échappant de la pénombre

Sorti de l’ombre, tu luis
A l’ombre, tu palis
Dans l’ombre, tu survis

Pourquoi faire de l’ombre aux rieurs ?
De ton ombre as-tu peur ?
Supprime l’ombre, dit le hâbleur

Sans une ombre de requiem
Tu es l’ombre de toi-même
L’ombre portée d’un zérotième

Si différent, tu nous encombres
Serais-tu en surnombre
Sorti, pâle, des décombres ?

Hombre, quel drôle de concombre !

© Loup Francart

10/04/2015

Pourquoi j'écris ?

Pourquoi j’écris ?
Pour éclairer le monde !

Comme les vers luisants
Un seul n’est pas éclairant
Mais si les écrivains
Se donnaient la main
Quelle magnificence
Dans la luminescence

Certains aiment s’éclairer
Le monde peut en profiter

D’autres éclairent en faisceau
Pointant un lieu falot

La plupart luisent pour eux
Et se regardent comme des dieux

Seuls quelques-uns, enfin
Distillent un lumineux parfum
 
Ils ne sont que les mots
Qui deviennent brûlot
Ils embrasent nos cœurs
Et enflamment nos ardeurs
Alors, dans notre émerveillement
S’ouvre les vannes de l’amant
Un filet d’air frais
Dans la fange des marais

L’écriture, un animal de compagnie
Qui engendre l’harmonie

06/04/2015

Miroir

Pourquoi me regardes-tu ainsi ?
Ai-je heurté ta conscience au point de la briser ?
T’ai-je vidé de l’écume de tes pensées ?

Tu ne peux me voir
Car moi-même, ineffable et serein
Erre dans les plis de mon aventure terrestre
Sans en connaître la sortie

Je vois bien cet œil jaune
Au bout du couloir de l’inconnaissance
Mais que vient-il faire ici
Dans ce fatras encombré

J’ai beau remuer le passé
Envisager l’avenir
Etreindre le présent
Je ne sais rien
Que la légèreté d’une caresse
Que la douceur de sa peau
Que l’ombre de son sourire

Alors je ne suis que le rêve
Qu’on ne contemple qu’une fois

La dernière…

© Loup Francart

01/04/2015

Premier avril

Lorsqu’enfant vous vous amusiez de ce poisson scotché dans le dos de votre mère et que celle-ci, par amour, faisait semblant de ne pas voir…
Lorsque, plus tard, glacé de terreur, vous figiez votre vie en attente de reproches…
Lorsqu’enfin vous découvriez la pâle tiédeur d’un amour malheureux…
C’était hier…

Aujourd’hui, c’est fini... Le poisson a quitté sa ficelle…
Vous n’avez plus peur de rien... Vous n’avez plus d’attente…
Vos amours sont partis... Seule reste l'aimée…
De quoi demain sera-t-il fait ?

Il vous reste le rire, plus que le sourire
Il n’y a plus de crainte, qu’un peu d’angoisse
Et toujours la présence caressante…
La vie n’est-elle qu’une impression ?

27/03/2015

Avatar

Qu’est-il cet avatar ?
Un homme ou un assemblage de 1 et 0 ?
Vient-il du fond des âges
Incarnant les dieux d’une Inde exubérante
Ou est-il un objet dans un univers virtuel ?
Une métamorphose de la fonction
Ou une mésaventure fonctionnelle ?

Tu as toujours rêvé devenir autre
Plus puissant, plus beau, moins timoré
Elle s’est toujours vue plus charmante
Et pourtant ce ne sont que des vivants
Qui peinent sous le poids de l’existence

Et qu’en est-il des avatars d’avatar
Ces incarnations successives en politique ?
Tel le papillon volage, ils courent
Après la fortune des voix qui crient
Toutes contre un système désuet

L’avatar implique un changement de nature
Mais cette métamorphose peut être intérieure
Tu es autre et, pourtant, le même
Brume de l’ignorance dans un même paysage
Ton destin est scellé, tu ne peux te changer

Enfin te voici,
Femme de toujours
Unique et véridique
Un sourire aux lèvres
L’œil aiguisé
Il se penche sur elle
Et ne trouve que le vide
Car il n’est rien lui-même
Qu’un morceau de chair
Dans le désert imaginaire

© Loup Francart

25/03/2015

Cosmos (pictoème musical)

Cliquez sur media et laissez-vous aller !

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21/03/2015

Conversion

Retourne-toi, retourne-toi !
Dans l’herbe tendre des jeunes années
J’ai longtemps cherché derrière
Ce qui pouvait guider les pas devant
Peine perdue…

Pourtant, parfois, je me suis fait tirer par la manche
Mais ce n’était que le temps pour ralentir mes ardeurs
Devant, toujours la même plaine
Rutilante de mirages,
Attirante comme le ventre d’un ogre
Où l’on coure et s’enfonce dans la lie
D’un bonheur à petits pas

Un soir, las d’un tennis de mots
Revenu solitaire dans l’antre de l’éveil
Je vomis le poids du cadrage moral
Quel soulagement ! Je ne suis plus tenu !
Cette peau principale et raide
Qui sert de frontière avec l’autre
S’est retournée et offre sa tendresse
Aux caresses des passants

Le vent frais y glisse
Et enivre le vieil homme
Redressé, il rage d’impuissance
Moitié dehors, moitié dedans
Il est crucifié par son initiative
Du ciel touché du doigt
Il garde la cloque de la connaissance
Du sol, empêtré, il ne peut s’extraire

Es-tu transformé ?
Ce retournement te satisfait-il ?
Un pas vers l’inconnu cette conversion
Je ne suis plus au centre
L’autre devient mon préféré
Je me cache derrière son ombre
Et poursuis ma quête le cœur dilaté

Un trou dans la poitrine
J’avance dans la troupe des vivants
Et attend l’extinction des feux

© Loup Francart

17/03/2015

La chute du mystique

Tourné vers le mystère de la vie et de la mort
Le mystique se regarde vivre sans participer
Au ballet de ceux qui goûtent à la pomme
Acidulée, elle laisse un arrière-goût dans la bouche
Qu’il avait tristement ressenti un jour
Lorsqu’il se laissa aller à contempler
A travers le trou d’une serrure, l’œil écarquillé
La blancheur diaphane des filles dénudées

De toutes les fibres de son bas-ventre
Il avait senti monter le désir et la fièvre des corps
Quelle amertume ! Aucun contrôle. L’élan même
D’une animalité qui sourit de sa victoire
L’esprit chéri, choyé et caressé, refuge
Eloigné de l’agitation démesurée du quotidien
S’évada d’un coup d’aile, laissant place
A la lourdeur de la pesanteur et des viscères
Il pleura des nuits entières, sans bouger
Perclus sur son lit de douleur et de remord
Il s’enferma dans la caverne de l’inexpérience
Mais toujours et sans cesse, la concupiscence
Le taraudait, le laissant désespéré et exsangue  
« Je ne peux cependant me défaire consciemment
De ce que Dieu m’a donné en toute volonté
Qu’en faire ? »

Il abandonna ses rêves de blancheur
Il se roula dans sa chair et sa flamme
Il embrassa tous les recoins des corps
Ronds, polis, adoucis de talc, fermes
Des femmes, des demoiselles, vertueuses
Ou débauchées, nubiles ou fatiguées
Il se repue de sensualité exacerbée
De parfums capiteux, de caresses tentantes
Il connut l’ivresse des jours couchés
Et des nuits dénudées sans sommeil
Jusqu’à ne plus pouvoir distinguer
La vie des corps de la mort de l’esprit
Alors il appela son âme à son secours

Elle vint sous la forme de l’innocence

Une femme, encore jeune, débordante de vie
Plantée naturellement sur le fil du juste milieu
Qui lui tendit la main d’un sourire débordant
Mais le retint de toute manifestation
Il ne put que se laisse traiter ainsi
Entre charme et refus, flot et assèchement
Jusqu’à ce que la séduction l’achève
Et lui fasse rendre son orgueil de mâle
Elle le prit dans ses bras, le caressa longuement
Lui dit toutes les douceurs du monde
Et ils s’envolèrent légers et décoiffés
Dans la fraicheur d’un hymen inespéré

Désormais ils vont main dans la main
Lui, délivré de ses cauchemars
Elle, enfiévrée de vies à venir

16/03/2015

Sommeil

Enfin, le premier pictoème musical qui allie musique, dessin et poésie en un harmonieux ensemble qui vous permet de rêver en toute quiétude, avec les délices d'un assemblage conçu par le même artiste : composition musicale (une improvisation), dessin (au pied levé) et poème (pour la jouvencelle).

Avant de lire, mettre le son en cliquant sur : Sommeil.wma

 

Tu dors de ton sommeil écrasant de bonheur
Le drap frais rejeté d’un geste théâtral
Dévoilant cette débauche de blancheur
Dans une fuite jusqu’au triangle central

L’ombre de la nuit tamise ton image
Légers et fragiles sont les plis de ton corps
Je découvre en moi une envie d’abordage
Mais ton indolence devient un mirador

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Tu es belle de ton harmonie profonde
Je te contemple, enfant, comme les ondes
Sous les vibrations du chant du violoncelle

Ensemble nous sommes depuis la nuit des temps
Moitié rêvée, moitié réelle, jamais à contretemps
Tu demeures l’ineffable jouvencelle

© Loup Francart

 

Certes, le son n'est pas bon, mais les moyens sont limités. La seule fonction magnétophone de l'ordinateur ne permet pas de couper ou modifier le son. Nous améliorerons cela dans l'avenir.

12/03/2015

Accomplissement

Ils partirent séparés. Ils joignirent leurs efforts. Ils s'accomplirent, bien que prisonniers.

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11/03/2015

L’inconnue d'avant-hier

Elle réfléchit, mais elle sait se moquer d’elle-même.
Elle n’a pas la beauté grecque, mais elle a un charme fou.
Lorsqu’elle sourit, son cœur s’entrouvre.
Elle ne se livre pas, mais se fait connaître.
Elle a fait mille choses et très sérieusement.
Elle est si naturelle qu’elle vous rend libre.
Elle voyage géographiquement et combien mieux en pensée.
Elle mêle la vraie vie et l’existence imaginaire
Et l’on ne sait si elle se trouve au recto ou au verso.
Elle s’évadera un jour des pages de son livre
Pour flotter dans l’azur, imperturbable et passionnée.
Elle attend tout de la destinée, mais elle a déjà tout,
Sauf, sans doute, ce double d’elle-même
Dans lequel elle pourra se mouler.

Elle est française, bien sûr, et…
Parisienne évidemment !

 

© Loup Francart

09/03/2015

Elle franchit l'enceinte

 Elle la franchit le cœur battant, mais la tête haute, fière de son audace :

Elle franchit l'enceinte3(pol 16).jpg

07/03/2015

Tuyau

Un tuyau c’est ce nœud dans la gorge
Qui s’ouvre béat en un instant
Sur le mystère de la vie
Et t’assied là, seul
Face à face avec toi-même
Devant l’immensité du désert

L’air s’y engouffre, d’abord en filet
Puis en flots continus
Et te vide de tout sens
Jusqu’à l’innocence

Tu n’es plus qu’une frontière
Entre le monde palpable
Et ce rêve étrange et laiteux
D’un devenir sans objet

Dans ce passage étroit
Résonnent les harmoniques
Qui transforme toute couleur
En blanche lumière
Eclairant ta lanterne

Tu es seul et le Tout
Devenu parcelle du vivant
Parce que tu as accepté
De n’être plus rien

Pars, nu à la conquête de ce monde
Que tes yeux ne peuvent voir
Deviens cosmos et atteins
Les portes de l’immortalité

© Loup Francart