19/01/2013
Blanc
Blanc comme le plein ou le vide ?
Ebloui, je ne sais
Le blanc est le regard de l’aveugle
Un puits clair d’absence
Vêtu de lait, j’erre
Dans la prison des rois
Enfoui dans les nuages
Pourtant ils voient la mort en noir
Ceux à qui la foi échappe
Le trou et rien, la coupure
Carte blanche dans ces divagations
Mais encore faut-il distinguer
Ombres et méfaits plus sombres
Noir ou blanc
Bonnet blanc et blanc bonnet
C’est cousu de fil blanc
Que d’expressions à tâtons
Tout ceci est connu comme le loup blanc
Les yeux ouverts dans l’eau
Je cherche mon corps disparu
Qu’ai-je encore à moi
Je n’ai plus de poids
Je crie sans bruit dans ma tête
Et rien ne bouge, rien ne tressaute
N’ouvre pas la bouche
L’étouffement du silence
Te prend à la gorge
Quel bel accomplissement
Que cette vie en blanc
Rien ne m’affecte
Seuls les mots glissent
Sur tes cheveux de rêve
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15/01/2013
Marchant sur la plage blanche des jours
Marchant sur la plage blanche des jours,
Nous laissons sur notre chemin incertain
Quelques galets entassés chaque année.
Amas de souvenirs, dans le sable des moments
Que le reflux des eaux éparpille peu à peu.
Mais chaque année à nouveau, inlassablement,
Après avoir échafaudé une pyramide de cailloux,
Nous nous penchons encore, la main ouverte,
Pour emplir nos poches d’espérances vieillissantes.
Dans la fontaine des sabliers,
Les grains de sable de nos instants s’accumulent
Jusqu’à former une figure parfaite, mais friable,
De souvenirs imperceptibles du sommet.
Parfois se forme une vague idée du cône supérieur,
Une vue en perspective de son opacité,
Mais nous ne pouvons évaluer la hauteur
Du volume des grains qui y reposent.
L’annonce d’une nouvelle année
Renoue l’espoir de leur multitude,
Comme si la source était intarissable.
07:02 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, écriture, littérature, poésie | Imprimer
10/01/2013
Le souffle
Il lui dit, dans un souffle
Laisse l’air t’envahir
Comme un gaz libéré
Perce ton opercule
Et ouvre ton espace
Au chant profond des sirènes
La mer a ses lubies
L’air n’est plus
Tu as les mains liées
Et les pieds empanachés
La pirouette du lapin
N’est pas celle des oiseaux
Avez-vous vu un oiseau
Voler sur le dos
Seules les machines humaines
Peuvent le faire
Mais à quel prix ?
Elles aspirent l’azur
Et recrachent la poussière
Encombrée de soucis
Le souffle passe, chaud
Il enserre le cou
Il caresse les cils
Et berce les oreilles
De son chant aigu
Puis, plus rien,
Que le silence des poètes
Qui résonne encore dans la tête
Le souffle est passé,
Il a marqué de son doigt le texte
Rien, plus rien
Ne doit être écrit
Alors laissons ce papier vide
Et partons ensemble vers le rêve
Celui de jours meilleurs
Et de soleil luisant
07:58 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, écriture, poésie, littérature | Imprimer
05/01/2013
Innondation 2
Pendant longtemps j’ai cru
Que la rivière débordait
Parce que trop d’eau, trop d’eau
Mais peut-être n’est-ce pas vrai ?
Trop contrainte, elle s’étale
Elle se laisse aller, bienheureuse
Et va caresser ce qu’elle ne voit jamais
Ces rives enchantées et fleuries
Elle va chatouiller les pieds nus
D’arbres évaporés naviguant sur la terre
Elle soulève leurs bottes
Et dépose un baiser en silence
Elle poursuit sa quête vaine
De terres à découvrir, à recouvrir
Ces gouttes laissées sur le feuillage
Elle prend ses vacances, hilare
Et se donne à cœur joie
Et s’approche des maisons
Pour y jeter un œil malicieux
Qu’y-a-il dans la cave ?
La cuisine est-elle propre ?
Le salon mérite-t-il le détour ?
Les jardins sont visités
Et revêtus de la douceur boueuse
Des alluvions descendant des collines
Elle poursuit sa route, guillerette
Vagabonde dans des lieux insolites
Cimetière aux portails rouillés
Guinguettes aux tendres échanges
En ville, elle se lâche dans les rues
Et enserre la prison d’une langue froide
Elle repart dans d’autres platitudes
Champs dorés, prés verdoyants
Puis, bientôt, sables accumulés
Aux méandres paresseux et frivoles
Avant de plonger dans l’inconnue
La grande sœur délirante et pudique
Qui accueille toutes les orphelines
En mal d’évasion et d’indélicatesse
07:14 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, littérature, écriture, poème | Imprimer
01/01/2013
Premier de l'an
Premier de l’an,
Premier jour de l’année 2013
Rien de l’extérieur ne semble le rappeler
La rivière coule comme à l’accoutumée
Les voitures passent lentement sur la route
Le chien d’Emile vaque à ses besoins
Non, rien n’est différent des autres jours
Et pourtant…
Les nuages se chargent de couleurs
Les arbres frissonnent d’air ambiant
Les oiseaux pépient derrière la vitre
Le héron dans le pré se couvre de blanc
Rien n’est changé, mais tout respire
Tout aspire à une autre vie,
Mais en sommes-nous conscients ?
Certes, nous avons fêté ce passage
Le verre à la main, les yeux dans les yeux
Mais quel passage ?
La fumée qui sort des cheminées
Reste à trainasser sur le sol
Elle ne monte pas droite vers le ciel
Mais emprunte des voies détournées
Elle s’effondre sur elle-même
Et semble dire, à quoi bon !
La journée s’éternise, bleutée, mélancolique
Tout s’entasse en ce jour béni
Sans vouloir sortir du décor fabriqué
L’on tente de s’y confondre...
Abandon...
Est-ce vraiment un jour spécifique
Où rien n’est comme avant
Et rien ne sera comme après ?
Je découpe aussitôt une heure du jour
Et tente de la recoller ailleurs
Mais elle ne tient pas sur la page du temps
Seul ce jour l’accueille, en surplus
Qu’y a-t-il dessus ?
On ne sait pas que l’on vieillit
Ce jour nous le rappelle
Amusons-nous du temps qui passe
Et pleurons ce que nous n’avons pas fait
Alors que nous en avions le temps
Réjouissons-nous de ce que nous avons vécu et fait
Et nos rêves deviendront réalité dans cette nouvelle année
Tournons-nous vers l’avenir
Admirons ce champ immense
De toutes les possibilités
Et laissons errer notre fantôme
Sur cette patinoire reluisante
Une nouvelle année,
Quelle glissade !
10:18 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, littérature, écriture, poésie | Imprimer
30/12/2012
Réminiscence
Réminiscence, perdue dans les plis
D’un cerveau encombré de souvenirs
La lueur d’une inquiétude nerveuse
Comme une puce maligne et agitée
L’image ressurgie de jugements
Abruptes et sans fondement
Comme un aigle volant au-dessus
Du nid douillet des habitudes
Pourquoi t’es-tu donné ainsi ?
Nous avons tous de ces instants
De doute et d’artifices
Qu’en faire, sinon les revivre
Avec le recul de l’âge et du temps
Et reconstituer les heures sombres
De moments oubliés, enfouis, anéantis
Cette armure, construite patiemment
Te protège du passé noire
Fendillée, elle laisse s’échapper
L’odeur pestilentielle des cuisines
D’une vie sombre et inconnue
Nettoyage intempestif des recoins
D’une mémoire défaillante
L’écouvillon fonctionne, agité
Et ouvre des réseaux inconnus
Entre ces vies différentes
Rapprochant ainsi des détails
De liens jusqu’alors inusité
Un son, un goût, une odeur
Et valse la sécurité d’un passé
Bien ancré dans ces certitudes
En volutes de fumée s’échappent
Ces instants honnis et oubliés
Et on s’allège, on se dégage
On se laisse fumer, plumer
Jusqu’à l’absence et le renouvellement
Oui, on est prêt à tout,
Le cœur léger et ferme
C’est ainsi que nous sommes
Pauvres humains
Comme des oiseaux volant
Dans un ciel dégagé
07:24 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, littérature, écriture, poésie | Imprimer
26/12/2012
Train de nuit
Défilent les boutons blancs ou jaunes
Derrière la chevelure de Madame
Elle baille discrètement, souriante
Elle semble s’excuser du regard
Et la voiture file dans le noir
Partie dans l’ouate du voyage
Elle échappe à la raison pure
Pour errer avec sollicitude et patience
Sur les vapeurs de rêve entrecroisées
Des nantis d’un billet désiré
Dehors les autres, ceux qui nient
La nécessité de disposer d’un papier
Pour s’enfuir dans l’éther dilué
Et le maître des lieux, casqué
Demande à chacun son obole
Le sésame érodé tel un talisman
Le crayon sur l’oreille grasse
Il pérore avec la voyageuse
Qui ignore sa langue vivante
Et pépie des caquètements
Pour signifier sa colère montante
Je tends mon autographe signé
D’un quelconque bureaucrate
Il me sourit, patient et distrait
Le poinçonne avec application
Puis poursuit sa course dévoreuse
D’autres trous à perforer, toujours plus
Je me love dans un angle
Fermant les yeux sur le lac
Noir et morne de la vitre
Jusqu’à ce qu’enfin
Le sommeil vienne
Etouffé et boutonneux
Pour revigorer ce corps sans vie
07:11 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, écriture, littérature, poésie | Imprimer
22/12/2012
Inondation
Les eaux dans la nuit noire
Avancent à grandes enjambées
Elles fuient, par peur ou découragement
Elles s’évadent vers les lointains paysages
Où plus rien ne limitera l’horizon
Et si vous tentez de les retenir
Vous êtes emmenés avec elles
Fondus en elles, tourbillonnant paisiblement
Les eaux dans la nuit noire
Que vous préférez regarder
Sur la rive droite et fière
Ce passage furieux d’écume
Jaune, stupide de bonne volonté
S’engouffrant sans vergogne
Entre les piliers des ouvrages
Aspirant avec plus de netteté
A une course sans fin ni souvenirs
Les eaux dans la nuit noire
Dévalent dans mon cœur
Y laissant la marque profonde
D’un coup de couteau
Saigne petit ! Dégaine tes indolences
Ouvre tes yeux à l’aspiration
Et laisse-toi aller vers le sans fond
Là où plus rien ne peut t’atteindre
Les eaux dans la nuit noire…
Comme un commencement d’éternité
07:11 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, littérature, écriture, poésie | Imprimer
18/12/2012
Le cercle
Sa ligne est frontière
Fermé sur lui-même
Il s’impose sur les angles
Et même sur le vide
Il est plein, vertueux
Il sourit à sa plénitude
Dans son encombrante forme
Ce n’est pourtant qu’un trait
Sur l’espace ouvert
Mais il se ferme rondement
Pressé de se retrouver
S’avalant lui-même
Jusqu’à satiété
Qu’enferme-t-il ainsi
Dans ce corps épais ?
Le rêve d’un monde clos
Où l’on s’endort finement
Dans le sommeil du juste
Pour ne plus ouvrir les yeux
A l’immensité du ciel
Toi, perdu dans sa magie
Que deviens-tu, aveugle ?
Il faut deux yeux pour voir la magnificence
D’un cercle parfait
Si bien tourné qu’il donne le vertige
Comment descendre de cette lune
Enfermé dans l’espace
Et retrouver la feuille
Blanche et nette
Où l’imagination conduit la main ?
Le cercle, c’est la promesse
D’un avenir plein, sans surprise
Un monde fini
Le palpable derrière le trait
06:39 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, écriture, poésie, littérature | Imprimer
13/12/2012
Le mouvement
Synthèse de l’espace et du temps,
Ainsi naît le mouvement
Les deux concepts sont inséparables
Sans eux le mouvement est mort-né
La pensée est elle-même mouvement
Méditer : apprivoiser la pensée
Elle avait vingt ans et le geste sûr
Elle parlait avec ses mains
Et celles-ci étaient sa nature même
Une courbe dans l’espace
Tracée avec la lenteur qui convient
Reconstituait sa pensée et lui donnait vie
Le premier mouvement est le bon mouvement
De la pensée au geste, sans intermédiaire
Jusqu’où cela peut conduire ?
Ainsi naissent les révolutions
Dans la griserie d’un avenir bouleversé
Ça bouge, ça bouge… Quelle opportunité !
Mais qu’est-ce qu’un mouvement ?
Le repos n’est qu’un mouvement déguisé
Il cache son agitation derrière le visible
Mais le cœur bat dans la poitrine
Et l’esprit rêve à l’infini
Même la mort est lente décomposition
Et entretient le mouvement universel
Dieu est-il sans mouvement ?
Son royaume est mouvement du cœur
Elan vital vers… Irradiation…
Et ce tremblement léger de l’amour
Atteint chaque être de l’intérieur
Pour le transformer en mouvement
Le mouvement s’arrête et tout s’écroule
Ce n’est pas une page noire
Il n’y a plus de page, ni de noir
Rien ! Inimaginable
Et avant le big-bang, qu’y avait-il ?
Quelque chose, quelqu’un ou le néant ?
Mais déjà imaginer le néant
C’est faire le grand saut
Et le saut est lui-même mouvement
Alors le néant n’existe pas
Quelle fiction ! Et pourtant
Comment l’imaginer, le nommer ?
Non, le néant n’est pas
Tout est mouvement
Alors, dansons la vie
A pleines jambes !
07:35 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, écriture, poème, littérature | Imprimer
09/12/2012
La vie, c’est le mouvement
Flottements de mouvements perpétuels
Quel étrange monde que la ville
Bruits en collision permanente
Sursaut et atonie vous frôle les sens
Seul le geste reste placide
Et flotte dans l’air froid de l’automne
Le piétinement des passants
Immense charge journalière
Vers la dévoration bureautique
Dans les rires dépersonnalisés des uns
Et les grognements d’autres délaissés
Ces inconnus vous passent à travers le corps
Sans même vous toucher, insistants
Légers, parfois cependant caressants
Fin du jour, entrée dans la nuit
Nausée de paroles et d’ignorance
Chercher refuge dans sa boîte
Havre de paix…
Ouf, j’y suis
Cerclé de ces révolutions fugaces
Vous laissez tomber votre masque
Le noir, l’absence, le non-être
Vite,
remettre sa peau civilisée
Ouvrir son monde à l'univers médiatique
Pouvoir à nouveau respirer
L’odeur de cette agitation
De ces rumeurs, de ces affrontements
Et se dire : « Aujourd’hui encore,
Je vis ! »
07:04 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : écriture, poème, littérature, poésie | Imprimer
05/12/2012
Maison de campagne en hiver
Entrée dans l’eau glacée du vestibule
Pépiement lumineux du noir charbon
Avant que la lumière ne soit faite
Sur la montée d’escalier vertigineuse
Rien ne vient…
la congélation verte
Du billard immobilisé sur ses quatre pieds
Le salon rouge comme un poisson
Au-delà le gouffre des casseroles
Qui tintent d’aigreur pétrifiée
Enfin, la porte du néant, jardin olivâtre
Sans poignée…
Retournement de l’être
Les yeux vers le cerveau opaque
Je contemple cette image absconse
Enroulé sur moi-même
Bras et mains en extase
Jambes et pieds cramponnés
Dispersé, le sang se meut en serpent câlin
Qui relie les grains d’être
En étranges colliers d’alignements
Je passe de l’un à l’autre, sans sauter
Guidé par le fil des pensées noires
Plongeon dans l’absence
Saut dans l’irréalité caressante
Qui frissonne dangereusement
Entre les cils entrouverts
Qui ne veulent voir au-delà
De la froidure impalpable
Du crabe aux yeux fixes et glauques
Dieu, pourquoi la vie se pare-t-elle
D’autant de sens pour l’inconnu ?
07:18 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, écriture, poème, littérature | Imprimer
01/12/2012
Octosyllabique en ver…(s,t,rre…)
Ces vers qui ont huit pieds !
Avez-vous vu des vers à pied
Au banquet du cimetière
S’entrechoquant les jambières ?
D’autres verres translucides
Sont remplis de mots fluides
Qui coulent en sérénité
Sur la page d’ubiquité
Les mille-pattes s’emmêlent
Croque en jambe, sans semelle
Ils rampent tels des vermisseaux
Sur les poèmes horizontaux
Ambiguïté du sous-verre
Emprisonnant le poème
Qui vit son dernier calvaire
Dans cet encadré bohème
Jamais en fibres de verre
Ils deviennent parfois libres
D’une main forte, en revers
Ils sont remis au calibre
Le vers se mire dans son mètre
Quelle élégance vaine !
Y a-t-il toujours mal-être
Face à cette déveine ?
Le vers se rime dans ses sons
En prudents octosyllabes
L’oreille en contrefaçon
Mesuré par l’astrolabe
Le vert se consacre couleur
Lorsqu’enfin au petit matin
Découvrant du jour la lueur
Il renvoie la nuit aux lutins
Les vers blancs sont mangés sans faim
Comment les offrir aux passants ?
Bataille de crève-la-faim
Où trouver l’enrichissement ?
Mais le vers est parti, vers quoi ?
Passant si vivant, insoumis
N’arrivant pas à rester coi
Si tu confirmais l’infamie !
Découragés s’en vont les vers
Comme des artistes bafoués
Arriveront-ils sous terre
Ou devront-ils se méjuger ?
07:19 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, écriture, poésie, littérature | Imprimer
27/11/2012
Fil (pour couper les cheveux en quatre)
Coup de fil… A l’eau
Tiens-tu le fil de ton discours
Dans le droit fil de tes convictions ?
Au fil des pensées, au fil du temps
Qu’y a-t-il de commun, si ce n’est
L’absence de fil à la patte ?
Coiffé sur le fil par son rival
Il devint marionnette à fil
Et celui qui tient ses fils
N’est-il pas fil de feriste ?
As-tu le fil, coupant et rusé
Comme la lame du mensonge
Sur la candeur du spectateur
Ou tires-tu les fils des affaires
Avec la même ténacité ?
Engranges-tu au fil des jours
Les nouvelles de la télégraphie sans fil
Pourtant le fil à plomb préserve
L’intrus d’une horizontalité subite
Recouds-tu à chaque heure
L’étoffe de la toile virtuelle ?
Quelle histoire cousue de fils blancs
Qui va cahin-caha, de fil en aiguille
Nourrir nos mémoires desséchées
D’un fil d’Ariane émouvant
Et s’effilochent encore les fils de la vierge
Dans l’air et le vent du Nord
Pour le bonheur des fils de l’homme
07:24 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, écriture, litérature, poème | Imprimer
23/11/2012
La leçon de piano
Comme ils sont malhabiles ces doigts
Qui tentent, raides, de danser quelques pas
Sur le clavier blanc zébré de noir
Que d’application ils exigent
La main raidie d’effort, doigt vengeur
Tendu vers la note… Laquelle ?
Ce doigt appuie, en vain, sur la touche
Trop tard, il ne peut plus frapper
Il s’abaisse sans force
Plein du désir d’un son, quel paradoxe !
Compte les notes, c’est bien le mi
Miracle, il l’a trouvé, juste après le ré
Chaud comme une boule de réglisse
Et maintenant le si, préféré du triton
Comme il est difficile d’y mettre le pouce
La main retournée s’abaisse, découragée
Quelle tension sur le visage d’ange
Quelle pression dans ce petit corps
Recroquevillé sur lui-même
Penché sur le clavier
Hésitation, contraction, détente brève
Puis de nouveau, en cycle
Mais l’épuisement gagne
Encouragement…
Et vous vous essayez à les faire chanter
Mais là aussi rien ne sort
Un rauque essoufflement
Comme une pompe de vélo
Quel rapport entre la frappe d’une note
Et le souffle entre les dents serrées !
L’accord, comme un éclair vivant
Est-il beau ou résonne-t-il bizarrement ?
Cela ils l’entendent, ronds harmonieux
Ou carrés dans l’eau noire
Comme un ploc mal tombé
La chute d’un caillou creux
Ils grimacent de laideur
Devant ces sons diaboliques
Et un jour, pourtant, elles couleront
Ces notes sortant des mains
Et égraineront l’enchantement
Caresse et chant du paradis
La danse deviendra souple
Les doigtés s’enchaînant
La tête couverte de vrilles
Les bras chantant à l’unisson
La leçon de piano, quelle magie !
07:22 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, poème, littérature, écriture, musique | Imprimer
19/11/2012
Sommeil
Vous fermez les yeux, et…
Elle arrive cette fente d’air frais
Qui se glisse entre deux pensées
Et provoque ces ondulations
Sur la surface glacée des nuits
Vous partez dans l’autre monde
Celui des elfes et des trous noirs
Sans parachute pour vous rattraper
Une bouffée de chloroforme
Chatouillant la scissure interhémisphérique
Il arrive que vous remontiez à la surface
Reviennent les images de désordre
Comme un caléidoscope fou
Qui tourne autour des papillons
Et détricote la patiente immersion
Et… Plongeon dans le néant
Vous perdez pied... et pensées
Vous tombez bien... Rien ne va plus
A quelle porte frappez-vous ?
C’est bon… chaud… et doux…
Mais… Comment le savez-vous ?
07:20 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, écriture, poème, littérature | Imprimer
15/11/2012
Eternité
Un coup de tonnerre
Un grattement d’ongle de la main de Dieu
Qui retire toute démangeaison
Dans cette cloche de verre opaque
Où j’erre dans la solitude
Quel choc !
Cela n’a ni commencement, ni fin
Mais une énergie infinie
Qui se renouvelle sans cesse
Sortez donc la boussole
Elle n’indique rien
Tout est en tout
Ou encore
Rien n’est en rien
0 + 0 = 0
Ou encore
∞ + ∞= ∞
Ce n’est pas que rien ne bouge
Au contraire… Tout s’évapore
Emporté sans retour
Vous filez en éclair
A la pointe du progrès
Le cycle est accompli
La cuisine est finie
Plus de pâtés
De la consistance vide
Du son sans ouïe
Des images sans lumière
Le vide au bout des doigts
Vous flottez dans l’éther
Vous vous diluez dans l’espace
Chaque instant est tous les instants
L’éternelle éternité
Mon Dieu, quel ennui !
Eh bien non…
Revêtu de pourpre et d’or
Vous marchez la tête haute
Comme un roi en balade
Ou un gueux dans la fange
Plus rien ne vous touche
Même votre propre présence
Vous paraît absence
Qui suis-je, moi
Pour vous dire
Ce que personne ne sait ?
L’éternité devenue présente
06:44 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, poème, écriture, littérature | Imprimer
11/11/2012
Apparition
Vêtu de noir, il possédait tout
Si jeune et déjà propriétaire dans le ciel
Il sonna à la porte, doucement
Entra sur la pointe des pieds
Et son sourire chaleureux
Fit passer de la rue obscure
Au seuil encaustiqué
La lueur violette et transparente
Son regard perçant noircissait
La matière des objets entassés
Plus loin… Il cherchait l’inconsistance
L’atome derrière le toucher
La tranche pénétrable
Du vide au-delà de la rugosité
Parfois il s’enflammait
Les mains fermées sur sa vision
Tenant la pomme imaginaire
D’un Adam révolu, mais présent
Le divin insaisissable
Ouvrait ses portes aux gueux
Et caressait avec tendresse
Leurs pensées sauvages
A d’autres moments,
Il apparaissait souverain
Dans sa robe noire
Comme une mariée
Il allait à l’aventure de la vie
Tenant sa citrouille haute
Illuminant son chemin
De la clarté de la vérité
Il repartit tôt, encouragé
Auréolé de pièces bigarrées
Paysan, intendant, apôtre
Sachant tout faire
Ignorant le savoir
En connaissance d’instinct
Avec la lumière divine
07:31 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, écriture, poésie, littérature | Imprimer
07/11/2012
La turpitude
La turpitude est-elle devenue morale ?
Ignominie et indignité, criaient nos grands-pères
Mais nous qui la côtoyons chaque jour
En avons-nous tellement horreur ?
L’âne nu se délecte de son attitude
Devant ces dames en sous-vêtements
Pourtant rien ne le distingue
Du personnage à trogne rougie
Qui joue du saxo devant notre porte
Et qui tend la main fourchue
Aux passants qui s’écartent, désorientés
La honte soit sur eux, ces avatars
D’une dissolution indélébile !
Ils avancent main dans la main
Comme deux gendarmes poursuivant
La folie du genre humain
Et regardent de tout côté
Si l’œil du cyclone n’est pas perdu
Ou seulement égaré
Oui la turpitude n’est plus ce qu’elle était
Elle s’est apprivoisée
Et ne court plus dans la campagne
Mais dans les chambres maudites
De ces hôtels où se concentrent
La caresse de l’interdit et du stupre
Et le noir désir qui chatouille la pensée
Tourne autour de chacun, vertigineux
Comme un ouragan tourbillonnant
Et pénètre par l’œil et l’oreille
Dans la loge cachée et rouge
De l’adolescent qui sommeille en vous
Au fond du désir indécent
07:31 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, écriture, littérature, poésie | Imprimer
03/11/2012
Brillent les larmes
Brillent les larmes dans les feuillages
Jour endeuillé de coton
Le son étouffé des corbeaux
S’entend d’un champ lointain
A nu, regarde-toi
Tes mains de glace
Comme la caresse de la mort
Autour du cou
Vienne la source chaude
Des réminiscences d’été
Quand tu courrais dans le sable
Après l’élan du cœur
Aujourd’hui seuls les crépitements
Sur le toit encombré de mousse
Jouent le rythme endiablé
Des veilles d’hiver
La vacuité te déleste
Va, contemple d’en-haut
L’horizon courbé
Envole-toi vers l’inconnu
07:33 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, poésie, écriture, littérature | Imprimer
30/10/2012
Renouvellement
Avance, avance encore
Jusqu’au bord de l’abîme
Là où la terre quitte le ciel
Pour s’enfoncer dans le rien
Nuit d’or et de pierres précieuses
Constellée de cris sauvages
De souvenirs et de regrets
Attachant de couleurs humides
Coupant dans l’histoire d’une vie
Et chaque aube lève son voile
Sur le désastre des pensées
Aujourd’hui encore, avance
Quelques pas de plus
Lève la tête, respire la pluie
Prends ta douche d’aventures
Engrange ces petites victoires
Comme le pain des pauvres
Et le soir, dans ce lit dévasté
Mange la croute râpeuse
Et la mie indigeste
Des échappées de l’oubli
Dans ce brouillard interminable,
Surtout, n’oublie pas
Ce qui t’anime chaque jour
Ce creux dans l’estomac
Qui te conduit aux portes
De la béatitude inavouable
L’élan vital, la passion fulgurante
Qui prend l’être en un instant
Et fait de lui l’ombre des dieux
Création, déjection, vomis ton désir
D’être autre et toi-même
Et délaisse les rivages
De précaution et d’ennui
Lentement bâtis cet être nouveau
Sans regard en arrière
Et contemple la marche naturelle
De ce qui devient toi
Même si tu ne le connais pas
Que chaque acte te soit propre
Renouvelle ta vue et tes pensées
Ouvre le devenir à l’inconnu
Jusqu’à l’extinction
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27/10/2012
Le bruit de l'eau, nouvelle de Jacqueline de Romilly
J’écoute le bruit de l’eau qui coule patiemment dans la vasque et de la vasque dans le bassin ; et je me souviens.
Elle, celle qui se souvient, n’est pas l’auteur. C’est une certaine Anne qui évoque sa maison du Lubéron. Elle est n’importe qui, nous dit Jacqueline de Romilly, comme l’indéfini en anglais, an, any. Et comme savait si bien l’évoquer Marcel Proust, cette eau qui coule éveille milles souvenirs : l’achat de cette maison, les premiers instants seule dans le jardin, le jour où ce refuge commence à prendre une âme. Au-delà, c’est la vie elle-même qui est évoquée, une vie qui prend du poids, qui devient adulte à presque cinquante ans. Adulte, c’est-à-dire sereine, au moins pour un court moment, qui laisserait sa marque, en dépit des oublis et des transgressions.
J’ai eu l’impression que mon cœur gonflait, sans que je sache si c’était bien de gratitude ou de mélancolie, de plénitude ou bien de vide. Le bruit de l’eau était comme une chanson, toujours la même, présente, fidèle, secrète, interminable…
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26/10/2012
Le masque
Tous portent un masque, toi comme l’autre
L’ignores-tu, l’oublies-tu ou le sais-tu ?
Peu importe, te voilà pourvu d’un refuge
Et d’un mensonge permanent
Il y a le masque de la dignité outragée
Le masque de la camaraderie sociale
Celui de la pudeur du timide
Et celui du voyou belliqueux
Le poids du masque est variable
Il peut être léger comme l’air
Découvert, il s’évapore
Et révèle l’autre moitié de Janus
Il peut être utile dans l’ampleur du soleil
Il est indispensable au souffleur de verre
Comme au sidérurgiste face au feu
Il protège le délicat des déchirures
Il est parfois le fait de dames en-maquillées
La peinture leur va bien, tache rouge
Sur fond blanc des geishas immortelles
Qui jouent leur rôle, immuables
Le plus beau masque vient de celui
Qui ne sait qu’il en possède un
Il va de par le monde sans pudeur
Et cette absence est celle de l’innocent
Bas les masques ! Qu’enfin règne
La beauté sans partage, nette
Des visages rajeunis et radieux
D’hommes et de femmes sans mensonge
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22/10/2012
Elle est revenue
Elle est revenue cette hantise
Elle vous tient le cœur et la main
Je la laisse parler, féconde
Comme il est difficile d’obéir
A cette voix interne et incertaine
Qui joue à cache-cache
Un mot en éveille d’autres
Un autre en voile certains
Une distraction rompt l’enchaînement
Revenir sur ses pas, doucement
Et reprendre le fil des mots
Cette liqueur qui coule abondamment
Sans jamais se répandre intégralement
Elle babille, splendide d’hésitation
Elle sort sa tête parfois,
Elle peut se taire, muette et absente
Pour revenir ensuite à petits pas
Et encourager la caisse de résonance
D’un son maigre, mais ferme
Elle a un goût amer et reconnaissable
Le sablier se déclenche et fuit
Le désert envahissant me submerge
A gauche
Les eaux débordent
A droite
Les berges sont à sec
Au milieu, rien, le néant
Où donc avais-je donc la tête ?
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18/10/2012
Dehors
Pour qu’il y ait un dehors, il faut un dedans
De deux choses l’une, je choisis l’extérieur
Ce lieu d’espace, sans portes ni fenêtres
Où se perd le regard et s’usent les pieds
Dehors n’est pas qu’un mot, même bref
C’est une philosophie sans développement
Partir sur son nuage, la tête vide
Et revenir chargé de souvenirs prolixes
A conter aux enfants des autres, ébahis
Au fond d’un lit bien chaud, en hiver
Oui, on raconte bien le dehors extravagant
Lorsqu’on est dedans, lié par la somnolence
Ce sont des histoires à coucher dehors
Ecoutées avec la gravité d’un magistrat
Toute voile dehors, ils filaient sans vergogne
Le cœur léger, vers l’aventure cinglante
La faim au ventre, la soif toujours
Jusqu’au retour vers les ports inconnus
Sauver les dehors, entendons-nous crier
Et la façade bien nette, proprement nettoyée
Impose au passant son apparence offensive
Quel voile de vertus s’agite sous nos yeux ?
Extraverti, il raisonne en tambour
Il s’ignore, incompétent, sans moi intérieur
Où donc se cache la fumée de l’être ?
Quel brouillard, on n’y voit goutte !
Cette cloison qui sépare toute chose
Fait-elle l’exclusion du dehors agissant
Au profit du dedans chaud de réflexion
L’œil blanc, l’homme se regarde vivre
Et enfle ses propos de reflets brillants
Mais inutiles aux oreilles fanées
Quel juste équilibre permet de s’engager
Dans une conviction sans partage ?
Le funambule avance sur sa corde raide
Le dehors devient vertige insoluble
Seul le balancier rattrape la peur
Equilibré par la concentration
Oui, plus rien ne nous retient encore
Saute, te dis-je, et vogue l’âme !
07:28 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, écriture, littérature, poème | Imprimer
14/10/2012
Histoire
Histoire,
Histoire de tes vingt ans,
Histoire de nos années passées
Et de celles à venir
Cette histoire que tu racontes
Toujours semblable, jamais la même
Entre deux sourires
Pour notre émerveillement
Vous découvrirez aussi les histoires
Celles de quelques milliers d’hommes
Qui vécurent ensemble et s’aimèrent parfois
Et nous sommes parmi eux
Vivant notre amour
Pour partir un jour
Géographie
Géographie de nos vingt ans
Celle de notre paysage
Et de nos attitudes diverses
Comme une carte du monde
Comme un monde sans fin
Que je découvre au fil des ans
Jusqu’à celui de notre achèvement
Où nous irons ensemble nous aimer
Éternellement
07:35 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, écriture, poème, littérature | Imprimer
10/10/2012
Egarement
Perdu, même en lui-même
Il se cherche
Il regarde sous ses vêtements
Où se trouve son corps ?
Il ne voit que du blanc
Pure colombe sans duvet
Caresse. Ses mains secouent
La peur du lendemain
Les heures sonnent au clocher
Et sortent lentement du rêve
Quel lieu insolite
Que celui des nuits
Noir, calme, vide
Prison ouverte sur le monde
L’esprit dénote et s’embrouille
Les yeux se ferment
Sur le mensonge des pensées
D’autres folies peuvent surprendre
Elles incitent, elles bousculent
Elles vous prennent le cœur
Et vous voilent la lumière
Projeté hors de vous
Vous errez sur le fil de soie
Sans jamais tomber
Ni vous arrêter
Où donc ai-je la tête ?
Je la porte lourdement
Elle me regarde et rit
Les yeux fermés
Sur les rêves enfiévrés
Je me suis égaré
Sur la route de la vie
Et poursuis mon chemin
Sans canne ni soutien
Allons, remets ta tête
Sur les épaules larges
De l’avenir sans horizon
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06/10/2012
La résonance
Sonne la campanule dans l’église
Résonne son timbre dans la mémoire
Qui diffuse la fraicheur d’un dimanche
Et l’éclat d’un rayon sur les vitraux
Terre et lune sont elles-mêmes en résonance
Comme deux vieilles sur le pas de leur porte
Devenues jumelles par mimétisme
Elles errent dans leur vie trop large
Chaleur et mirage, effet de la réverbération
L’œil se lasse de se vouloir ouvrir
Alors que l’obscurité étincelante
Réduit la pensée au battant qui vibre
L’écho intérieur est plus puissant
C’est une vague qui submerge l’être
Et qui tintinnabule dans la poitrine
Eclatante de verdeur juvénile
Cette résonance profonde fait chavirer
Vos plus intimes convictions
Et vous entraîne dans des paysages
Aux couleurs chimériques. Flash !
Le coloriste émet ses signaux
En tonalités multiples et souples
Et le regard se noie dans le nuage duveteux
Emportant la magie en écho
Nostalgique est la résonnance
Qui tinte, inflexible, la même mélodie
Elle chuchote dans l’oreille qui l’attend
Et d’un baiser vous emplit l’âme
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02/10/2012
Terre
La terre entassée, lourde, dure, et pourtant belle
D’un pouvoir d’arrachement de soi égale
A sa collante attraction de pesanteur
Oui, mes membres ne sont plus à moi, mais à elle
Elle peut être pomme, velouté et rondeur
Que l’on tient dans sa main, charnue
Avant de la cuire à sa convenance
Et de s’emplir de son goût si varié
D’autres sont terre à terre, face contre face
S’observant en combat, les yeux exorbités
Et bouillonnants d’impatience d’en venir aux mains
Les pieds encrés dans la chair de la glèbe
Parfois elle se sent battue, piétinée par l’humain
Et, humblement, silencieusement,
Elle se couche à ses pieds, en attente
Comme une femme enceinte, à son terme
Cuite, elle devient bronzée, comme l’olive
D’un soleil chaleureux et odorant
Admire la pâte devenue autre
Objet de convoitise et rêve de beauté
Quand le cavalier met pied à terre
Il descend de son nuage, blanc d’écume
Et semble un fantôme évadée
Des rêves d’enfants devenus grands
Elle fut promise à beaucoup, mais peu
Poursuivirent jusqu’au bout
Aussi semble-t-elle un mirage, incandescent
A qui la regarde de loin, en rêve inconnaissable
De Sienne, elle se colore d’ocre, de brun et de rouge
Son bonnet s’enflamme parfois, la faisant brûlée
Mais naturelle elle est femme dans son huile
Et revêt son chaste abandon au désir
Jean s’est trouvé sans terre, orphelin
Des îles de propriété, rien, sans pain
Ni même un souffle de désir
Esclave du temps et de l’espace
Adélie, elle s’appelle vierge et animale
Pourtant les glaces survivent, raidies
Transparentes d’un long séjour
Au royaume de la mort coupante
Malgré tous ces défauts les vers
Se régalent de leur pâtée quotidienne
Creusant inconsciemment dans la nuit
Des routes tracées et significatives
De la vivante résurgence de tant de naissances
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27/09/2012
La plaine
L’espace ouvert à perte de vue, sans obstacle
Le temps s’arrête dans cet horrible désert
Pourtant c’est là que se tient la richesse
Là où poussent les plantes nourricières
Parfois s’incrustent un fil d’argent
Dans ses profondeurs veloutées
Il courre en lacets au gré de l’invisible
Comme un couteau ouvrant la peau
Et ses flots sont la respiration
De ces terres, poussière ou limon
Parfois noyée, la plaine est abyssale
Et s’enfonce dans les mers
Lorsque les eaux sont au plain
Les vaisseaux les labourent
Visibles au seul plain de la poupe
De plain-pied dans ce malentendu
La plaine s’oppose à la montagne
Sur les bancs de la Convention
Et vote à l’opposé les lois de la république
Morne est la plaine de la défaite
Wellington serait-il vainqueur ?
Pourquoi tous ces coups échangés
Pour finir en exil, sans un regard d’envie
Dans l’espace du plain-chant
Rien n’émerge de cette monotonie
L’unisson y est la règle stricte
Les autres chants seraient-ils vides ?
Le plain est sans obstacle
Lisse de laine tissée
Quelle contradiction avec le plein
Qui suggère la hauteur et la profondeur
Empli d’une multitude de tout
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