31/08/2020
Concert de gala de l'Ensemble de danse Igor Moiseev 2012
https://www.youtube.com/watch?v=4dCmfZID_SM
De quoi vous réjouir le coeur
un spectacle magnifique
qui vous fait oublier vos soucis
03:56 Publié dans 12. Trouvailles diverses | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : musique et danse russe | Imprimer
30/08/2020
L'étrange bataille de San Pedro de Atacama (39)
– Mon Capitaine, je crains que les Chiliens ne soient trop forts pour nous. Ils possèdent de nombreux engins de siège, le détachement est important et le commandant des troupes m’a dit que d’ici moins de huit jours le village serait à eux. J’ai appris qu’il ne comptait pas combattre et que notre homme, qui s’appelle Don Rodrigo, était probablement l’innovateur de cette tactique qui devrait leur donner une victoire facile. Ce Don Rodrigo semble un peu hurluberlu, mais sympathique et aimé vraisemblablement des soldats et des officiers, probablement en raison de ses largesses. J’ai pu discuter avec lui et mon impression est bonne. C’est un homme raisonnable et sérieux sous des dehors folkloriques et baroques. Il aime les femmes, vu les colifichets qu’il a acheté pour vraisemblablement leur donner.
Le Capitaine, au travers des paroles de Juan, comprit qu’il était de son côté et qu’il pouvait compter sur lui. Il parlait en effet des Chiliens comme en parlent les Boliviens, sans jamais faire allusion à des points communs qu’ils pourraient avoir avec lui. Mais les renseignements rapportés étaient insuffisants et ne lui permettaient pas de concevoir ne serait-ce que l’ombre d’une solution. Que savait-il ? Que les Chiliens comptaient prendre le village sans combattre ? Il s’en doutait bien sûr. Que s’ils y étaient contraints, ils n’auraient aucun mal à le prendre et passerait ses habitants au fil de l’épée ? Il le savait aussi. Il avait appris le nom de l’homme : Don Rodrigo ? Il savait qu’il était fantasque, qu’il aimait les femmes, mais qu’il avait un cœur juste, lui semblait-il. C’était au fond les seuls renseignements intéressants. Mais comment les utiliser ? Il avait toute la nuit réfléchi à ce marchandage. Une de ses filles contre la reddition du village et l’échange de la vie sauve pour le village. Pourquoi une d’entre elles et non telle ou telle ? Deux possibilités : soit il ne les connaissait pas et se demandait laquelle accepterait, soit c’était un piège et il savait laquelle il voulait. Mais qui et pourquoi ? De plus il ne comprenait pas comment, du fait qu’il venait d’arriver dans cette garnison, il avait pu manigancer tout cela sans réellement les connaître. Peut-être l’idée lui était-elle venue de les voir sur le parapet de la porte d’entrée du village lorsqu’il venait faire son numéro. Mais pourquoi ce numéro ? Pour s’amuser, faire une bonne farce ? Etait-ce réellement pensé ou cela a-t-il jailli d’un coup de sa pensée ? A quel moment a-t-il cru pouvoir faire état de ses filles alors qu’il ne les connaissait pas quelques jours auparavant ?
07:44 Publié dans 44. Livres | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : chili, guerre, bolivie | Imprimer
29/08/2020
Que ma prière s'élève devant toi comme l'encens
https://www.youtube.com/watch?v=nG5gEzymh5c
La vie est dans l'autre et le monde
non en soi
mais il faut entrer en soi pour la trouver
02:49 Publié dans 51. Impressions musicales, 61. Considérations spirituelles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : psaume, chant orthodoxe | Imprimer
28/08/2020
La déité
La déité ne se montre pas
Elle se cache derrière les apparences
La déité n’est qu’un fumet
Que seuls les innocents perçoivent
La déité est le silence
Que l’oreille n’entend pas
La déité est douceur
Elle râpe la gorge des bavards
La déité met le vent en mouvement
Et le rend plus caressant
La déité s’endort dans ton terrier
Et s’y tient au chaud
La déité habite le monde
Mais y reste sur son quant-à-soi
Rien ne trouble l’homme
Si ce n’est l’être intérieur
© Loup Francart
07:10 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, littérature, écriture | Imprimer
27/08/2020
Rupture
Tourne autour du pot
Ouvre ta gueule de géant
Le monde est à toi
© Loup Francart
03:14 Publié dans 22. Créations numériques | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : haïku, poésie, pictoème | Imprimer
25/08/2020
L'étrange bataille de San Pedro de Atacama (38)
Le lendemain matin, avant de quitter les lieux, il décida de faire un tour dans le campement pour voir les préparatifs du siège. Il vit de nombreuses machines bien construites, résistantes et puissantes, tels deux ou trois béliers protégés par un bâti, deux catapultes et plusieurs onagres. Tout cela était bien rangé dans un enclos spécial gardé par une sentinelle. Assurément, le nombre de soldats et d’engins de siège devrait permettre une victoire aisée. La garnison de San Pedro n’avait aucune chance de s’en sortir. Alors, pourquoi cette manœuvre indirecte qui tenait plus d’un stratagème que d’une réelle stratégie ?
Il remarqua un officier qui le suivait de loin et qui semblait s’intéresser à cette promenade dans le camp. Il décida de partir sur le champ plutôt que de continuer à éveiller des soupçons. Après avoir offert à chaque officier un petit présent, Juan s’apprêtait à partir dans son rôle de colporteur aisé. Il comptait bien encore glaner quelques autres informations concernant le siège auprès du commandement. Mais rien ne filtrait. Il passa faire ses adieux au commandant de la garnison qui le reçut aimablement en lui communiquant l’adresse de leur garnison habituelle pour qu’il vienne lui présenter quelques autres marchandises.
– Nous n’en avons plus pour très longtemps. Le bourg sera à nous d’ici moins de huit jours, lui dit-il d’un air assuré.
– je vous souhaite cette victoire facile. Mais ne risque-t-elle pas malgré tout de faire de nombreux morts ?
– Nous avons trouvé une échappatoire à cette hypothèse et prendront le village sans combattre.
Juan n’osa demander comment il comptait s’y prendre et partit fort des renseignements recueillis. Il ne put revoir Don Rodrigo qui avait quitté le campement tôt le matin pour prendre de l’exercice dans la campagne.
A la fin de la journée, après avoir fait le long crochet entre l’est et l’ouest, il était de retour dans la vallée jouxtant San Pedro. Il attendit la nuit pour se glisser par un passage qu’il s’était préparé. Il fut accueilli en héros par les soldats et les officiers de la petite garnison et fut conduit devant le Capitaine Alexandro Barruez qui le reçut aussitôt dans son bureau, hors des oreilles et commentaires de tous.
05:20 Publié dans 44. Livres | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : chil, guerre, bolivie | Imprimer
24/08/2020
Variations Goldberg
Le meilleur de Bach : Les variations Goldberg
par le meilleur pianiste !
07:36 Publié dans 51. Impressions musicales | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : glenn gould, interprète | Imprimer
23/08/2020
De l'infini
De l'infiniment grand à l"infiniment petit en quelques secondes...
Mais l'homme (ou la femme) au centre !
02:39 Publié dans 12. Trouvailles diverses | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : infini, mesure du temps et de l'espace | Imprimer
22/08/2020
L'humain
Lève-toi chaque nuit,
l'enfance est là.
Tu es l'humain,
l'enfant, l'adulte et le vieillard,
vis chacun pleinement !
03:18 Publié dans 11. Considérations diverses | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : sentence, aphorisme | Imprimer
21/08/2020
L'étrange bataille de San Pedro de Atacama (37)
Juan demanda à un des soldats s’il pouvait avoir besoin de ses produits. L’autre lui répondit :
– Mais certainement. Don Rodrigo Alcantera a toujours besoin de ce qui peut contenter une femme. Il leur fait de nombreux cadeaux en échange de pratiques plus gratifiantes.
En faisant un cadeau commercial au soldat, le colporteur obtint sa confiance et lui demanda de le présenter à cet homme si riche et intéressant en échange d’un billet. Sitôt que les soldats eurent fini leur emplette, ils partirent vers sa tente. Juan n’avait pas compris le rôle de Don Rodrigo dans ce siège, mais il était important de le connaître et, si possible, de le sonder. En chemin, il se dit qu’il n’avait pas perdu son temps. Il connaissait le nom de l’homme, savait qu’il était probablement un homme à femmes, mais qu’il était plein d’humour et de gentillesse, prêt à donner de sa personne et à faire des aumônes conséquentes. Il sut lui présenter des présents qui lui feraient honneur et celui-ci se montra d’excellente humeur. Il questionna Juan de manière un peu trop insistante. Ce dernier faisait très attention à ce qu’il répondait, car il se doutait que l’homme le testait. L’examen fut bientôt fini et sembla concluant pour don Rodrigo qui le retint encore quelque temps dans sa tente et lui fit promettre de revenir le voir le lendemain. Il voulait en effet choisir d’autres produits en prenant son temps.
Juan n’en resta pas là. Il installa son campement à l’autre bout du camp et se mêla aux soldats qui buvaient de l’alcool devant un feu. Il se laissa faire pour payer une tournée et devisa gaiement jusqu’à ce que les uns et les autres se mettent à parler. Ils évoquaient l’assaut qui avait été différé de quelques jours sous prétexte qu’un stratagème avait été mis au point. Ils ne savaient pas exactement de quoi il s’agissait, mais cela devait leur permettre de prendre San Pedro sans combattre, ce qui n’était pas pour leur déplaire. Un autre soldat confirma que Don Rodrigo s’était présenté avec une stratégie permettant de prendre le village en douceur et que cela avait été accepté après bien des discussions. Mais il ne dit mot de la stratégie annoncée, sans doute par ignorance. Les soldats semblaient apprécier Don Rodrigo bien qu’il ne fréquentait que les officiers.
03:51 Publié dans 44. Livres | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : chili, guerre, bolivie | Imprimer
20/08/2020
Voir l'invisible
Marie et Léo, en côtoyant Munier, des Vosges au Champsaur, avaient progressé dans l’identification de l’indiscernable. Sur le plateau désert, ils détectaient parfois l’antilope dans les roches blondes ou le chien de prairie regagnant l’ombre. Voir l’invisible : principe du Tao chinois et vœu d’artiste.
(Sylvain Tesson, La panthère des neiges, Gallimard, 2019, p.47)
Voir l’invisible inclut deux points de vue contradictoire : voir, c’est-à-dire percevoir les images des objets par le sens de la vue et l’invisible, c’est-à-dire voir une image que l’on ne peut pas voir parce qu’elle est invisible. Ne nous arrêtons pas à cette contradiction, allons au-delà ou plutôt tentons d’en faire le tour. Disons dans un premier temps qu’il importe de prendre conscience que l’invisible n’est pas forcément invisible pour tout le monde. Certains ont un don de perception plus développé et perçoivent ce que les autres ne voient pas. La contradiction s’efface d’elle-même. De plus, sachons que nous ne voyons que ce que nous avons envie de voir. La vision dépend de nos centres d’intérêt. Nous ne voyons pas ce que nous ne voulons pas voir, nous discernons ce que d’autres ne voient pas parce que nous sommes intéressés par l’image qui s’impose à nous.
Mais, au-delà de tout cela, sachons qu’il y a deux types d’images à discerner : les images visibles et les images invisibles. Les images visibles correspondent à la définition donnée plus haut. On voit par le sens de la vue physique. Les images invisibles ne deviennent visibles que par un entraînement et une qualité qui ne dépendent pas de la vue physique, mais d’un état d’être que l’on doit acquérir. Alors seulement l’invisible devient visible. Mieux même, on construit dans sa tête l’invisible à voir que l’on discerne peu à peu, selon l’état d’être que l’on se donne. Alors apparaît une troisième manière de voir qui ne dépend plus de nous. Il nous est donné de voir de manière inspirée, indépendante de notre volonté. Cette alchimie se produit indépendamment de notre volonté. Elle s’impose à ceux qui sont prêts à la percevoir. C’est la vision des sages et des saints.
04:09 Publié dans 11. Considérations diverses | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : vue, vision, discernement, perception | Imprimer
18/08/2020
Humanité
Un soir, une chambre d’hôtel. Le vide devant ce monde qui va et vient. Pourquoi tout ce mouvement ? Qu’y trouve-t-on ?
Seul l’amour sauve du désespoir.
Avec l’amour, le monde devient humain.
Ne te laisse pas submerger par le monde.
04:09 Publié dans 61. Considérations spirituelles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : vide, monde, social, amour, désespoir | Imprimer
17/08/2020
Il est vivant.
« Le Christ est vivant ».
Deux voies conduisent à sa rencontre : une voie externe, une voie interne.
La voie externe est la contemplation du monde et des hommes (de tout ce qui est hors de son corps) en s’oubliant soi-même (et c’est là le plus important. Le Christ se manifeste alors à travers la création, à travers la vie puisqu’il est la vie.
La voie interne est la contemplation du Christ en soi, en oubliant le monde et en s’oubliant soi-même pour n’être que son tabernacle. Instant divin où l’on sait que le Christ est vivant puisqu’on le sent vivre en soi, agir en soi. Ce n’est qu’alors qu’on peut se dire témoin du Christ, en ayant celui-ci en soi et en étant en Lui.
07:01 Publié dans 61. Considérations spirituelles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : vie, soi, lui, témoin | Imprimer
16/08/2020
L'étrange bataille de San Pedro de Atacama (36)
Effectivement, de nombreux soldats chiliens se précipitèrent pour regarder, puis acheter toutes sortes d’objets inutiles pour eux, typiquement féminins, qui plairaient à leurs compagnes d’un jour. En attendant leur tour, ils parlaient entre eux ouvertement, sans se méfier du colporteur. C’est ainsi qu’il apprit très vite la présence d’un étranger qui fréquentait le commandement de l’armée chilienne. C’était un personnage bizarre, sûr de lui, attirant la sympathie de tous, apparemment sans arrière-pensée. Les hommes se racontaient des histoires à son propos. Comme il possède de l’argent, il eut l’audace un jour de mettre au défi un des généraux de l’armée chilienne lors d’un cocktail officiel :
– Je vous mets au défi de me tirer dessus à 50 mètres au pistolet et de m’atteindre en une seule fois, lui dit-il. Et il prit à témoin les personnes présentes.
Bien que le général n’avait aucune envie d’affronter l’homme, il dut se plier à la proposition : refuser serait perdre définitivement la confiance de son armée. Il accepta donc et, vers neuf heures du soir, l’homme se mit à cinquante mètres, immobile, le regardant droit dans les yeux attendant la balle qui pouvait le frapper. Il prit son temps pour viser, sachant que, soit il le ratait et il deviendrait la risée de l’armée, soit il le touchait et il allait en prison ou devait fuir à l’étranger. Il préférait la seconde hypothèse et s’appliquait. Le coup parti, la balle frôla l’homme, arrachant un morceau de sa veste à hauteur de la manche. Celui-ci dût quitter ses fonctions quelque peu après, étant devenu la risée de l’ensemble des officiers de l’armée. Et pourtant seul son honneur était en cause, alors que dans l’autre cas, sa vie en dépendait.
« Tiens, se dit Juan, il pourrait bien s’agir de notre bonhomme. » Il apprit également que cet homme assez extravagant était au fond un homme qui aimait plaisanter, mais qui avait de plus un cœur. Un des soldats raconta qu’il avait donné une véritable fortune à un enfant qui s’était présenté sans autre vêtement qu’une chemise déchiré. Il s’était déshabillé devant tout le monde et lui avait donné sa chemise, qui couvrit entièrement l’enfant. Puis il lui avait demandé où il habitait. L’enfant qui vivait dans la rue ne sut que dire. Alors il lui parla à l’oreille et, le lendemain, il l’emmena à la banque et lui remit un petit sac plein de pièces d’or.
06:13 Publié dans 44. Livres | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : chili, guerre, bolivie | Imprimer
15/08/2020
Où va-t-on ?
Où va-t-on ?
© Loup Francart
03:39 Publié dans 22. Créations numériques | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : dessin, équilibre, suspension | Imprimer
14/08/2020
Chercher
Presque chaque jour, il faut refaire le chemin, redécouvrir la porte de l’autre monde, s’en pénétrer et chercher, toujours chercher. On ne peut croire et vivre qu’en étant conscient de cet autre monde que l’on découvre en nous et qui nous submerge jusqu’à nous faire disparaître. La clé du royaume est en nous et sa serrure en est le cœur.
Quelle difficile montée que cette descente en nous. L’illusion sans cesse nous rattache au monde. Aller au-delà des contraires et passer de la perception habituelle du moi où l’on se perçoit face au monde à la perception d’un nouveau monde qui grandit en soi et où nous ne devenons qu’une enveloppe donnant sur l’extérieur qui grandit à l’infini jusqu’à abstraire le monde matériel. Le moi alors n’existe plus.
La porte de ce nouveau monde est le cœur. Lui seul, par la vie qui est en lui, nous ouvre les sens intérieurs et permet une vue pure. La lutte consiste à vivre avec la claire vision du monde spirituel en nous. La grâce est cette pulsion interne ressentie dans le cœur qui nous porte vers le monde spirituel et entretient la lumière et la paix intérieure. Mais cette paix n’est pas la paix divine. Il faut toujours s’efforcer de la chercher au-delà et nous surpasser pour entretenir sa présence.
07:20 Publié dans 61. Considérations spirituelles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : le royaume, le moi, le soi, le coeur | Imprimer
13/08/2020
L'auteur
Une histoire, une histoire…
Rassemblés dans le salon,
Assis sur des tabourets bancals
Nous attendions tous la chaleur
Du discours d’Amédée
Quand va-t-il parler ?
Celui, arrivé peu auparavant
Parlait avec l’hôte réservé
Ne voulant pas interférer
Dans le déroulement prodigue
D’une soirée littéraire renommée
Enfin l’hôte sourit et annonça :
« Chers amis, voici l’instant attendu
Par vous tous. Le docteur Siestat
Va nous parler et nous enchanter. »
Chacun de se redresser et d’observer
L’auteur des Trois Mondes
Ronronnant de satisfaction
Celui-ci s’avança, salua, s’assit
Déplia un bout de papier froissé
Se racla la gorge, discrètement
Ouvrit la bouche et ne dit mot
Il recommença, toussant légèrement
Rien ne vint. L’homme restait muet
Tous tendaient le cou pour voir la célébrité
Qui ne pouvait s’exprimer
Y a-t-il un docteur dans la salle ?
Interrogea l’hôte, inquiet et gêné
Un homme se présenta, petit
Le crâne chauve, les lunettes sur le nez
Il observa le docteur en littérature
Lui tapa dans le dos d’un coup sec
De la bouche du conférencier
Sortit un petit magnétophone
Qui se mit à parler tout seul
Pendant que la célébrité
Restait assise, ne sachant que faire
Une femme, belle et affectueuse
Se leva et dit d’une voix faible
« Laissez donc cet homme déblatérer
Il n’a rien à nous dire sinon sa suffisance
Partez aux quatre coins du vent
Et recueillez les désirs des participants ! »
On éteignit l’engin parleur
Chacun exprima son souhait
Le silence se fit, le rêve s’installa
Un nuage se mit à flotter dans l’air
Obstruant la vue, libérant la parole
Le brouhaha prit de l’ampleur
En sortant tous se dire :
Quelle belle soirée nous avons passé
Rentrant chez eux ils s’extasiaient
Puis se couchèrent, heureux
D’avoir écoutés un auteur
Qui ne sait dire sa littérature
07:08 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, poème, littérature, écriture | Imprimer
12/08/2020
L'étrange bataille de San Pedro de Atacama (35)
– Mon Capitaine, ce que vous me demandez là est fort risqué. Vous savez ce que font mes compatriotes des déserteurs. Je risque une fin déshonorante, et cela, je n’y tiens pas pour ma famille.
– Mon cher, je suis désolé, mais ce sont les contraintes de la vie militaire. A vous de ne pas vous faire prendre. Inventez-vous un personnage et jouez-le du mieux possible. Je ne peux rien vous dire d’autre. En échange, si vous réussissez, je vous ferai dégager de toute obligation militaire. Vous serez rendu à la vie civile avec un passeport bolivien. Libre à vous, par la suite, de rejoindre le Chili et votre famille pour vous expliquer. Cela vous convient-il ?
– Tout à fait, mon Capitaine. Je vais faire le maximum.
– Il me faut ces renseignements dans trois jours au plus tard, car il faudra ensuite que je prépare un plan qui dépend des renseignements que vous obtiendrez.
– Vous aurez les renseignements que j’aurai pu acquérir dans trois jours.
Le Capitaine, sachant qu’il envoyait Juan Baltazar à une mort possible, lui serra la main avec chaleur, en le remerciant. Il savait que l’avenir de la garnison et de ses filles était entre ses mains.
– Je vous fais entièrement confiance. J’espère ne pas me tromper.
Baltazar partit après un dernier regard en direction du Capitaine. La première manche était en route, mais qu’en feraient-ils, lui, le prisonnier, et lui, le Capitaine ?
Le soir même, après un long détour, Juan Baltazar arriva en vue du campement chilien. Il était sorti seul, habillé en paysan, comme s’il partait aux champs. Dans son sac, il avait caché une tenue de colporteur et l’argent nécessaire pour acheter un âne, une carriole et des bibelots à vendre. Ce qu’il fit sans même avoir besoin de se rendre au village voisin, assez éloigné. Il rencontra en effet un marchand de produits féminins, crème, lessive et autres matières liquides, pâteuses ou solides. Certes, ce n’était sans doute pas ce que souhaitaient les soldats chiliens, mais il pensait que ceux-ci seraient contents de disposer d’objets typiquement féminins pour négocier avec les filles qui leur tournaient autour. Ayant fait un long détour dans la journée, il se présenta par le côté opposé au village et fit étalage de ses frivolités.
07:11 Publié dans 44. Livres | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : chili, guerre, bolivie | Imprimer
11/08/2020
exhibition
Un ciel clair comme un voile de mariée
Découvert un matin comme les autres
Rien ne traversait l’extatique corridor
Qui conduit aux prémices du bonheur
Elle va et vient comme une princesse
Ses atours aux formes impalpables
Crème glacée aux chatoiements brefs
Qui monte vers le cœur et le fend
D’un sourire espiègle et désertique
Jusqu’au plus profond des entrailles
Là où rien ne bouge, mais tout émeut
C’est ainsi qu’il a découvert l’amour
Une plaque de métal qui résonne
Des astuces de l’autre pour exister
Et se montrer en toute puissance
Dans son plus simple appareil
La vie jaillit d’elle-même du vide
Comme une folie enchanteresse
Qui court à tout instant, en tout lieu
Et décore le cosmos de bulles roses
De rapprochements et d’éloignements
Que la soupe quantique ne peut prévoir
Cours aux bords de l’univers, cours
Et salue la foule qui t’acclame
© Loup Francart
05:09 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, poésie, écriture, littérature | Imprimer
10/08/2020
Ile de Ré: puissance du souvenir
Souvenir retrouvé de l'ile de Ré
un instant d'éternité au bord de l'eau
dans la chaleur de l'émotion
et la langueur d'un après-midi
Passe le vent dans le désert de la mémoire
Seule reste cette trace du passé
uns des rares aquarelles faites à l'époque
© Loup Francart
07:19 Publié dans 23. Créations peintures | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer
08/08/2020
Etapes
La méditation est double. Il y a une première méditation, méditation inférieure, dirigée par le mental, destiné à augmenter la concentration sur un point, puis une méditation supérieure où le mental est transcendé, moment où l’Esprit divin s’empare du moi et nous guide. Il y a alors une rupture perçue physiquement et consciemment dans un mouvement de double spirale, ascendante de l’âme vers le spirituel, descendante du corps vers le matériel (corps : mental, sentiment et physique)].
Là, il n’y a plus de pensées conscientes, mais des intuitions plus ou moins fortes selon la grâce de l’Esprit en nous. L’âme est orientée alors soit vers l’intelligence divine, soit vers l’amour divin.
Au-delà de la méditation est la contemplation du monde divin, grâce immense qui n’est pas toujours accordée malgré les efforts. Celle contemplation est au-delà de toute pensée, dans une tension entière de l’âme vers Dieu, amour sans imagination, mais très réelle, même plus réelle que l’amour avec imagination.
07:32 Publié dans 61. Considérations spirituelles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : méditation, contemplation, intuition | Imprimer
07/08/2020
L'étrange bataille de San Pedro de Atacama (34)
Pour lui, la première des choses était de se renseigner sur l’homme qui prétendait vouloir se marier avec une de ses filles. Il se souvint alors du soldat qui l’avait entretenu lors de la première rencontre avec l’homme. Il avait l’air intelligent et il connaissait bien son sujet. Arrivé au poste de commandement de la compagnie, il fit appeler l’adjudant major avant de faire venir le soldat.
– Major, puis-je compter sur l’officier chilien qui sert maintenant dans vos rangs et qui a décrit le premier l’homme qui a bouleversé le village hier ? Est-il fiable ?
– Je le pense, mon Capitaine, il a tout à perdre de repasser dans le camp chilien qui exécute systématiquement les déserteurs. De plus, il a l’air de vous apprécier.
– Pensez-vous que je puisse lui confier une mission de renseignement sur l’homme ?
– Oui, mais saura-t-il la mener ? S’il se fait prendre, c’est la mort pour lui.
– Nous n’avons pas le choix. Il faut savoir ce que les Chiliens manigancent. Et il connaît bien les habitudes de ses pairs. Trouvez-lui une identité chilienne et un déguisement. Faites-le venir, que je lui explique ce que j’attends de lui.
Quels minutes plus tard, le soldat, qui se prénommait Juan Baltazar, entra dans la pièce, salua et attendit. Le Capitaine lui demanda s’il était prêt à faire une mission de renseignement au profit de la garnison.
– Si c’est cela ou la mort, oui, bien sûr. Je vous ai dit que je tiens à la vie. Mais si vous me le demandez comme un geste personnel, je vous répondrais que non. Je tiens trop à l’existence pour la risquer sans raison très précise.
– Merci de votre franchise. Comme cette mission peut sauver la garnison, c’est effectivement cela ou la mort. Vous connaissez la règle.
– Oui, je suis à votre disposition.
– Je veux que vous m’appreniez le maximum de choses sur cet homme qui nous nargue sans cesse. Sa prestation d’hier fut un comble qui m’atteint personnellement. Ce marché est infamant et je veux trouver le moyen de le déjouer. J’ai pour cela besoin de renseignements que vous seul pouvez m’obtenir. Qui est-il ? Que veut-il réellement ? Quelle est sa part de liberté dans le jeu qui nous est imposé ? A-t-il inventé seul ce stratagème ou lui fut-il prescrit ? Ce qui m’intéresse particulièrement, c’est sa part d’initiative dans le manège qu’il mène. Lui dicte-t-on son attitude ou agit-il sans contrainte hormis celle de jouer le rôle d’un ardent patriote ?
07:10 Publié dans 44. Livres | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : chili, guerre, bolivie | Imprimer
06/08/2020
Flamboiement
Le flamboiement d’un être le distingue du mortel
Auréolé sans fin sa vue le déprécie
Effondré sur lui-même, il conserve son autel
De pâles admirateurs de nouvelles facéties
Ainsi s’ouvre l’horreur d’une manipulation
Environné de flammes, attirant les regards
L’homme n’ose avancer sans réconciliation
Errant sans relâche, avançant l’œil hagard
Le poil roux et vêtu d’un voile suffisant
Il étale son savoir et va euphorisant
Le poitrail découvert à l’assaut du monde
Plus rien ne paraîtra, pourvu de cheveux roux
Aussi trouve-t-on en vente le produit peu ou prou
Apportant la couleur aux douces têtes blondes
© Loup Francart
07:08 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, poésie, littérature | Imprimer
05/08/2020
Sentence
Que d'hommes perdent leur vie
à vouloir imiter d'autres hommes
07:21 Publié dans 45. Maximes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : sentence, apophtegme, maxime | Imprimer
04/08/2020
Tournant
Me voici de nouveau seul face à la page blanche
Elle oscille sans vergogne dans le brouillard
Ne laissant que l’odeur de l’insuffisance
La souffrance du manque et la pauvreté de l’absence
Rien ne m’oblige pourtant à croire au but
Je marche les yeux fermés, sans gestes brusques
Courant de-ci de-là, les yeux ouverts
Sur la nuit profonde et le rêve intérieur
Le temps s’écoule cependant, vert comme le bois
Pris d’envies, de maladresses et d’encouragements
J’erre dans le vide de ma mémoire perdue
Enfin, j’approche de la lumière finale
Celle qui court seule sur l’asphalte
Et qui sera bientôt coupée net
Panne et résurrection
Ou flash et extinction
Tu ne peux que choisir
…
© Loup Francart
07:46 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, écriture, poésie littérature | Imprimer
02/08/2020
L'étrange bataille de San Pedro de Atacama (33)
A la surprise d’Alexandro et d’Emma, les trois, en levant la main en même temps, annoncèrent aussitôt qu’elles étaient prêtes à se marier avec lui.
– Mais, qu’est-ce que cela veut dire ?
– Mais Maman, il est beau ! dit Ernestina d’une voix extasiée.
– Oui, il nous regarde avec un tel air de certitude et de douceur ! dit la dernière Libertad, pourtant encore très jeune pour penser à de telle chose.
– Et il est drôle. Il n’est pas comme tous les jeunes hommes qui se cherchent. Il sait ce qu'il veut ! dit enfin l’ainée qui donnait ainsi la clé de leur engouement.
Les deux époux se regardèrent avec un sourire :
– Au moins vous nous simplifiez la tâche. Et le père serra contre lui la plus jeune, ému à la fois par la spontanéité de ses filles, leurs impulsions et leur méconnaissance de la vie.
– Toi aussi Libertad, tu te vois au Chili, dans un pays inconnu, avec un homme que tu ne connais pas, et, qui plus est, est soldat, peut-être même pas officier ?
– Il n’est surement pas officier de carrière. Il doit plutôt être artiste pour mettre en scène une telle histoire si bien tournée et qui vous laisse pantelante et sans réponse.
– Tu as raison, mais vois-tu, le problème n’est pas si simple. Je ne peux faillir à la mission que j’ai reçue, défendre le village et ses habitants et faire en sorte qu’il reste bolivien. Même si nous acceptions ce mariage avec l’une d’entre vous, je ne serai plus digne de me montrer devant vous et votre mère. La mission est sacrée pour un soldat et plus encore pour le chef d’un détachement comme le nôtre. Je ne peux accepter que mes hommes soient faits prisonniers sans combattre et eux-mêmes ne l’accepteront pas. Mais, je l’avoue, je ne peux non plus admettre que je vais laisser les habitants de ce village, qui n’ont rien à voir avec la politique d’accès à la mer, mourir sous les coups des Chiliens. Mes hommes sont prêts à se battre et à mourir s’il le faut, mais les villageois sont piégés de manière odieuse par cette histoire. Je ne peux l’admettre. Et pourtant, je ne vois pas d’autre alternative pour l’instant. Votre mère non plus.
– Sans même savoir qui d’entre nous sera la femme de cet homme désirable, nous sommes prêtes à vous aider à trouver une solution qui satisfasse tout le monde, dit l’ainée Abigail. Nous avons huit jours pour cela.
– Oui, et ce n’est pas de trop, dit Alexandro. Ce qu’il ne dit pas, c’est qu’il fera son possible pour qu’aucune de ses filles ne se marie avec l’individu. Ce n’était pas une manière de demander, sans même savoir laquelle il voulait, la main d’une demoiselle sans même la connaître.
07:08 Publié dans 44. Livres | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : chili, guerre, bolivie | Imprimer
01/08/2020
Construire un livre
Construire un livre est une histoire sans fin qui germe tranquillement dans l’esprit jusqu’à prendre le pouvoir sur les autres pensées. On écrit quelques lignes sans penser à mal, pour le plaisir de phrases bien ordonnées et leurs enchaînements. Ce ne sont que des bribes de mots attachés les uns aux autres, liés par un fil invisible qui s’appelle le thème, même si on ne le connaît pas encore. Il se façonne de lui-même imperceptiblement, secrètement, en douce diraient les garçons devant un parterre de filles, un peu comme une pluie qui ne dit pas son fait. Progressivement, avec douceur, ces bribes se rassemblent, puis dansent leur barbarie dans vos oreilles sourdes, jusqu’au moment où l’on entend sa vibration dans la tête, par intermittence, comme une mélodie mal jouée, mais devenue indispensable à certaines heures. Vous n’êtes pas encore le chef d’orchestre, tout juste un petit violoniste parmi les autres, mais déjà là à occuper son siège sans encore disposer de la partition. Puis, dans le silence de la nuit se construit l’idée : un livre, pourquoi pas ?
L’idée grignote votre cerveau comme un rat empoisonné, maladroitement, mais sans cesse, et vous vous soupçonnez à y penser par inadvertance, jusqu’à ce qu’elle recouvre vos dernières résistances d’un liant doucereux, envahissant et persuasif. Mais ceci ne fait bien sûr pas un livre. Ce n’est qu’une injonction prenante et obsédante qui doit murir jusqu’à éclater dans la tête sans cependant savoir en quoi elle consistera réellement. J’ai bien un thème, mais celui-ci ne suffit pas. Encore faut-il le remplir de consistance comme un panier au marché. Alors vous en cherchez les ingrédients selon le thème enfoui dans votre mémoire. C’est un vide à remplir progressivement, par petites touches fluettes qui contient de nombreuses coquilles à trier ou à éliminer, d’autres à développer, d’autres encore à accueillir sans raison, parce qu’elles vous plaisent. Un plan se dessine, doucement, comme un miel collant aux parois du cerveau. Ça y est, vous êtes atteint, la machine commence à tourner à plein régime sans que vous vous en soyez rendu compte. Mais attention, rien n’est joué.
Commence alors la rédaction. Elle vient toute seule, les phrases sortent d’elles-mêmes, s’alignent gentiment à partir du toucher des lettres de votre ordinateur, les doigts tricotent, la pensée siffle comme un train pressé, puis soudain s’arrête. Le trou. Ah, quelle misère ! Qu’est-ce que je cherche : un mot, une expression, ou, plus grave une suite aux idées qui pourtant s’enchaînaient tranquillement et sans difficultés. Suspendu au-dessus du trou, je fouille de mes yeux ce vide immense à mes pieds, encombré encore de notions mal taillées ou de néant sans attaches.
– Attend demain, me dit une partie de moi-même. L’autre s’acharne encore, mais roule les quatre roues dans le vide, malgré les coups d’accélérateur que je tente de donner. Je m’embourbe, impuissant, malheureux. Alors je ferme le couvercle de l’engin, laisse ces pensées reposer et vais me coucher sereinement. Bientôt un ronflement régulier flotte au-dessus du lit. L’esprit n’est plus là.
07:25 Publié dans 11. Considérations diverses | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : ecrirure, idées, trou, vie littéraire | Imprimer