L'étrange bataille de San Pedro de Atacama (35) (12/08/2020)
– Mon Capitaine, ce que vous me demandez là est fort risqué. Vous savez ce que font mes compatriotes des déserteurs. Je risque une fin déshonorante, et cela, je n’y tiens pas pour ma famille.
– Mon cher, je suis désolé, mais ce sont les contraintes de la vie militaire. A vous de ne pas vous faire prendre. Inventez-vous un personnage et jouez-le du mieux possible. Je ne peux rien vous dire d’autre. En échange, si vous réussissez, je vous ferai dégager de toute obligation militaire. Vous serez rendu à la vie civile avec un passeport bolivien. Libre à vous, par la suite, de rejoindre le Chili et votre famille pour vous expliquer. Cela vous convient-il ?
– Tout à fait, mon Capitaine. Je vais faire le maximum.
– Il me faut ces renseignements dans trois jours au plus tard, car il faudra ensuite que je prépare un plan qui dépend des renseignements que vous obtiendrez.
– Vous aurez les renseignements que j’aurai pu acquérir dans trois jours.
Le Capitaine, sachant qu’il envoyait Juan Baltazar à une mort possible, lui serra la main avec chaleur, en le remerciant. Il savait que l’avenir de la garnison et de ses filles était entre ses mains.
– Je vous fais entièrement confiance. J’espère ne pas me tromper.
Baltazar partit après un dernier regard en direction du Capitaine. La première manche était en route, mais qu’en feraient-ils, lui, le prisonnier, et lui, le Capitaine ?
Le soir même, après un long détour, Juan Baltazar arriva en vue du campement chilien. Il était sorti seul, habillé en paysan, comme s’il partait aux champs. Dans son sac, il avait caché une tenue de colporteur et l’argent nécessaire pour acheter un âne, une carriole et des bibelots à vendre. Ce qu’il fit sans même avoir besoin de se rendre au village voisin, assez éloigné. Il rencontra en effet un marchand de produits féminins, crème, lessive et autres matières liquides, pâteuses ou solides. Certes, ce n’était sans doute pas ce que souhaitaient les soldats chiliens, mais il pensait que ceux-ci seraient contents de disposer d’objets typiquement féminins pour négocier avec les filles qui leur tournaient autour. Ayant fait un long détour dans la journée, il se présenta par le côté opposé au village et fit étalage de ses frivolités.
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