L'étrange bataille de San Pedro de Atacama (36) (16/08/2020)
Effectivement, de nombreux soldats chiliens se précipitèrent pour regarder, puis acheter toutes sortes d’objets inutiles pour eux, typiquement féminins, qui plairaient à leurs compagnes d’un jour. En attendant leur tour, ils parlaient entre eux ouvertement, sans se méfier du colporteur. C’est ainsi qu’il apprit très vite la présence d’un étranger qui fréquentait le commandement de l’armée chilienne. C’était un personnage bizarre, sûr de lui, attirant la sympathie de tous, apparemment sans arrière-pensée. Les hommes se racontaient des histoires à son propos. Comme il possède de l’argent, il eut l’audace un jour de mettre au défi un des généraux de l’armée chilienne lors d’un cocktail officiel :
– Je vous mets au défi de me tirer dessus à 50 mètres au pistolet et de m’atteindre en une seule fois, lui dit-il. Et il prit à témoin les personnes présentes.
Bien que le général n’avait aucune envie d’affronter l’homme, il dut se plier à la proposition : refuser serait perdre définitivement la confiance de son armée. Il accepta donc et, vers neuf heures du soir, l’homme se mit à cinquante mètres, immobile, le regardant droit dans les yeux attendant la balle qui pouvait le frapper. Il prit son temps pour viser, sachant que, soit il le ratait et il deviendrait la risée de l’armée, soit il le touchait et il allait en prison ou devait fuir à l’étranger. Il préférait la seconde hypothèse et s’appliquait. Le coup parti, la balle frôla l’homme, arrachant un morceau de sa veste à hauteur de la manche. Celui-ci dût quitter ses fonctions quelque peu après, étant devenu la risée de l’ensemble des officiers de l’armée. Et pourtant seul son honneur était en cause, alors que dans l’autre cas, sa vie en dépendait.
« Tiens, se dit Juan, il pourrait bien s’agir de notre bonhomme. » Il apprit également que cet homme assez extravagant était au fond un homme qui aimait plaisanter, mais qui avait de plus un cœur. Un des soldats raconta qu’il avait donné une véritable fortune à un enfant qui s’était présenté sans autre vêtement qu’une chemise déchiré. Il s’était déshabillé devant tout le monde et lui avait donné sa chemise, qui couvrit entièrement l’enfant. Puis il lui avait demandé où il habitait. L’enfant qui vivait dans la rue ne sut que dire. Alors il lui parla à l’oreille et, le lendemain, il l’emmena à la banque et lui remit un petit sac plein de pièces d’or.
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