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21/06/2019

Renoncer à soi-même

Renoncer à soi-même, c'est renoncer au néant.

Seul celui qui a su pleinement renoncer à lui-même connaît la vraie joie. Si notre but n'est que de tendre vers Dieu, de voir Dieu en toute chose, l'âme brille alors d'une lumière qui l'envahit de joie. C'est la joie divine, c'est-à-dire une joie intarissable qu'aucune ombre n'atteint.

 

19/06/2019

La complétude

Plus l’homme aspire à la perfection, plus il a conscience de ce qui lui manque et plus grande sera sa capacité d’amour, car ce sera dans l’être aimé qu’il projettera ce qui lui manque pour se compléter.

« Aimer l’autre comme soi-même », c’est l’amour le plus riche puisqu’on aime et qu’on trouve en l’autre toutes les perfections que l’on pressent en nous, mais qu’on ne peut développer seul. Se perdre dans l’autre pour trouver son achèvement et son unité. Cela semble logique puisque les qualités de l’homme et de la femme se complètent et qu’il est pratiquement impossible à l’un seul des deux de posséder toutes les qualités de l’autre, à moins de ressentir pleinement et de réaliser l’amour de Dieu.

 

16/06/2019

Renoncement

Seul le désir trouve son accomplissement dans la possession. L’amour ne peut s'accomplir que dans le renoncement à soi-même et non dans la possession. L’être qui a su renoncer à lui-même se trouve alors réellement. Le vide en soi lui donne la possession totale, car ce vide se comble des autres.

Être capable d’amour, c’est pouvoir et savoir faire le vide de soi en soi. Le mouvement est le même que celui exigé par la musique : un vide où résonnent les notes devenues sensibles.

02/06/2019

Enrichissement par l'amour

L’amour exige du mystère pour naître et se développer.

Le mystère n'est pas ce que l’on tenterait de cacher volontairement (car l’amour exige que l’on ne cache rien), ce sont toutes les forces insoupçonnées que nous possédons sans le savoir et que l’autre entrevoit intuitivement en nous. Il peut alors nous guider dans cette recherche de notre perfection qui est ou qui devrait être le but de chacun.

Ainsi l’amour devient réellement le principe d’enrichissement, le moyen de s’élever vers la perfection de l’être.

 

29/05/2019

Les contraires

Dieu : contraires assimilés. Il est à la fois ce que la femme aime en l'homme (la force, la volonté, la gloire) et ce que l'homme aime dans la femme (l'amour, la tendresse, la douceur, la maternité).

L'homme et la femme aime Dieu chacun à leur manière, souvent dans leur contraire.

Mais Dieu est au-delà de ces contradictions apparents et même de ces assimilations réconfortantes.

 

25/05/2019

Morale et amour

La morale chrétienne est une morale sans fin parce qu’elle est fondée sur l’amour. Est-ce d’ailleurs à proprement parler une morale, la morale étant une méthode de  préservation de la société, une foi en vue de la survivance de l’humanité ?

L’amour et plus particulièrement la conception chrétienne de l'amour agapè, va au-delà de toute morale, il requiert l’être tout entier et non pas seulement l’être dans son aspect social ou même purement humain.

On ne peut observer et vivre l’amour une fois pour toutes, car l’amour exige toujours plus.

 

 

17/05/2019

Vertu

La vertu imposée par la volonté d’autrui, qu’elle soit consciente ou inconsciente, n’est pas la véritable vertu ; elle n’est qu’un vernis plaqué sur l’être, mais celui-ci reste en lui-même semblable et un jour ou l’autre sa véritable nature ressortira.

La véritable vertu est une prise de conscience permanente de l’être lui-même qui se transforme lentement. C’est une ascension et non un saut. La vertu imposée endort et diminue l’esprit et entraîne au fanatisme ou à l’exclusion.

 

15/05/2019

Les hommes (et les femmes)

Il y a trois sortes d’hommes :

    1. Ceux qui sont dans l’ignorance totale et naturelle. Ceux-là sont les simples et ne troublent pas le monde.
    2. Ceux qui savent quelques bribes de sciences sans les connaître véritablement. Ceux-là parlent et croient savoir. Ils sont les plus nombreux et prétendent diriger le monde. C’est pourquoi celui-ci ne va pas bien.
    3. Ceux qui savent, ont fait le tour de la connaissance et voient qu’ils ignorent tout. Ceux-là sont simples et ne troublent pas le monde, car ils se savent ignorants malgré leur connaissance. Telle est la véritable simplicité à attendre. Mais s’il n’est pas possible d’atteindre le troisième stade, mieux vaut en rester au premier que prétendre au second.

"Heureux les humbles", c’est-à-dire heureux ceux qui disent ne pas savoir.

13/05/2019

Faire le vide

Faire le vide en soi, ce n’est pas seulement faire le vide de sa pensée, mais aussi le vide du corps : faire disparaître toutes les envies, tous les désirs qui nous emprisonnent.

Alors l’esprit divin et avec lui l’univers dans les choses et les hommes nous pénètrera.

S’efforcer de se contenter de ce qu’il faut pour vivre et non pas chercher ce qu’il faut pour avoir du plaisir.

Prendre garde de ne pas confondre l’amour du plaisir avec la joie de l’amour.

 

08/05/2019

La vigilance

« La vigilance est une attention soutenue à veiller, sans défaillance, sur quelqu'un ou quelque chose » (CNRTL).

Quelle belle définition. Mais elle oublie le plus important : veiller sur soi-même. Veille sur ton être tout entier et non sur ce à quoi tu t’attaches. A chaque instant de la vie, je m’attache à ce que je pense, je fais, j’aime, j’évite, etc. Je m’attache à l’instant sans l’inclure dans le tout.

Ce tout c’est le rien ressentit lorsque je ressens ce trou dans la poitrine. Je suis parce que je ne vis plus au sens habituel du monde. Je pèse ce qui n’a plus de poids, cette légèreté qui ouvre mon personnage et lui rend sa liberté. Et cette lumière en moi est ce que j’ai de plus précieux. Je ne sais ce qu’elle est. Mais lorsque je l’approche, j’atteins le fond de l’être et deviens transparent. Et si je prends garde de me maintenir dans cet état d’être, je sens monter en moi une lumière inconnue qui me prend à la gorge et me sort de moi-même.

La vigilance est avant tout un contrat moral passé avec soi-même :

Le royaume est en toi-même.

08/04/2019

Votre double

Accoutumée à se défier tout autant des sentiments qu’elle ressentait que de ceux qu’elle suscitait chez les autres, la jeune fille marqua devant moi un temps d’hésitation. (…)

Je ne dispose pourtant pas des mêmes qualités qu’elle. De vingt ans son aimée, sans prétention de beauté, vêtu comme un valet de ferme qui rentre les foins, aucun signe ne lui permettait de savoir qui j’étais ; je ne pouvais faire impression sur elle par aucun pouvoir ni artifice. Et pourtant, je le sais, elle a dans cet instant éprouvé un profond sentiment pour moi.  (…)  L’explication qu’elle m’a donnée n’a guère éclairci le mystère. Elle m’a, d’après ses dires, reconnu immédiatement  « comme son double ». C’est un mot bien étrange, je vous l’accorde, et jamais double ne fut plus dissemblable. Mais elle vivait dans un monde qui lui appartenait en propre et auquel le monde réel ne participait que peu. Sans doute était-ce le refuge qu’elle s’était créé pour se protéger des agressions de la vie. En tout cas, seuls entraient dans ce monde ceux qu’elle élisait en secret et j’eus le privilège douloureux d’y prendre une place éminente dès notre première rencontre.

Jean-Christophe Rufin, Le grand cœur, Gallimard, 2012, Folio p.322

 

C’est un sentiment violent que celui éprouvé en un instant pour quelqu’un que l’on n’a jamais vu et qui se révèle comme son double. Peut-être n’est-ce pas le mot juste. Mais existe-t-il un mot qui vous donne ce sentiment inconnu jusque là de connivence et d’aisance envers une personne de sexe opposé qui vous fait penser que vous la connaissez depuis toujours et qui vous attire avec autant de force et de mystère. Ce contact vous submerge de transparence. Vous changez d’être physiquement et moralement tout en ressentant l’impression de déjà vu, déjà entendu, déjà vécu avec cette personne, même si rien ne vous permet de dire quand et où vous pourriez l’avoir rencontré et aimé.

Elle avait quarante ans de moins, peut-être même un peu plus. Adolescente, elle n’était pas encore femme au plein sens du terme. Elle était vive comme l’éclair, discrète comme un poisson, indépendante comme un sauvage. Au premier coup d’œil, nous nous comprîmes, une étincelle au fond de l’être nous anima sans cependant qu’aucun n’ait un mouvement vers l’autre. Pas besoin de rapprochement, nous savions que l’autre était notre double intérieur : même sentiments, même réactions, même vision de son avenir, même respiration venant du cœur et de la pensée, même si notre vie extérieure est si profondément différente.

De telles intuitions sont rares. Elles n’arrivent qu’une ou deux fois dans la vie. Vous découvrez votre double qui vit une autre vie dans un autre contexte. Mais vous savez qu’il est vous-même. Quel choc ! Des années après vous vous en souvenez et ressentez un trou dans votre poitrine, un ouragan qui vous impressionne, vous dévaste et vous fait du bien malgré tout. Vous avez entrebâillé une porte inconnue et regardez ce que vous n’êtes pas normalement autorisé à connaître : le mystère de l’être avant la naissance et après la mort. Oui, vous n’êtes pas seul au monde. Des liens indéfinissables vous relient à d’autres dimensions dépassant vos capacités d’appréhension du mystère de la vie au-delà de la simple existence individuelle.

 

29/03/2019

Morale

– Le véritable devoir de justice, c’est de considérer chaque individu comme une fin. (Kant).

– Aime ton prochain comme toi-même.

Deux formules identiques au sens moral, mais bien éloignées l’une de l’autre, la première étant fondée sur la raison, la seconde sur l’amour.

La première n’est que règle (assimilable à la loi de l’ancien testament). La seconde est un axiome de bonheur.

10/03/2019

Croyance

 

La croyance en Dieu ne doit pas consoler de ses malheurs,

mais permettre de penser qu’il y en a de pire.

 

25/02/2019

Contemplation

 

Contemplation :

état suprême d'être qui, pour celui qui le vit,

abolit l'espace et le temps, le bien et le mal.

Vivre au-delà.

 

21/02/2019

Mouton

 

L’homme est un mouton dans la violence comme dans la lâcheté.

 

15/02/2019

Raison

 

Il faut déjà beaucoup de raison pour prendre conscience de l’insuffisance de la raison en certaines matières, en particulier dans les domaines du divin et de l'art.

 

11/01/2019

Le monde divin

Au niveau divin, il n'y a plus de logique. Tout devient inintelligible, car les affirmations sont en même temps des négations. Pour accéder dans la limites de ses possibilités à ce niveau, l'homme doit se nier lui-même (renoncement) pour s'affirmer en tant que personne. C'est pourquoi l'amour de Dieu commence par l'amour des autres.

De même, les actes de dieu nous paraissent incompréhensibles, car ils procèdent à la fois de l'affirmation de sa puissance et de sa gloire et de son renoncement à lui-même (la création atteste de la puissance divine, mais c'est un acte de renoncement à cette puissance). Ainsi s'explique aussi l'affirmation que Dieu est à la fois unité et pluralité. Cela ressemble aux alephs de Cantor où le nombre est plus grand que l'infini est pourtant égal à toutes ses parties. Il n'y a qu'un moyen de passer au-delà de l'aleph, c'est de l'élever à une puissance aleph. C'est sans doute ce qu'entend Teilhard de Chardin par l'aboutissement du point Oméga.

Le monde divin est peut-être régi selon une loi des contraires assimilés, où le positif est égal au négatif, la richesse à la pauvreté, la faiblesse à la puissance, l'unité à la pluralité.

09/01/2019

Considération

La difficulté chez Teilhard de Chardin est de concilier le point Oméga avec Dieu. Il situe son analyse d’un point de vue strictement scientifique, c’est-à-dire du côté de l’homme en tant qu’associé à l’univers matériel en évolution.

Le point Oméga, ce n’est pas la déification de l’homme, mais son accession à l’esprit divin grâce à l’amour de Dieu.

03/01/2019

Mystère de l'incarnation

 

L'incarnation est l'association des extrêmes,

l'infini et le fini confondus,

l'éternel et le mortel,

comme une preuve de la non-ambiguïté de l'esprit et du corps

dans la notion de personne.

Tendre à l'union des incompatibilités apparentes.

 

25/12/2018

Noël : la vie


Quand enfants, nous vivions ce jour
Qui n’en était pas un
Parce que la nuit n’était pas une nuit

On se couchait, transis
Dans l’attente du réveil douloureux
Ouvrant sur l’église froide
Et les chants de magnificence

On se coulait, endormis
Sous le manteau d’un proche
Et attendions, vainement
Le vacarme des cloches

On adjurait l’enfant, si petit !
Quelle gageure de rester éveillés
Lorsque du sommeil tirés
S’échappait les larmes de froid

Enfin du clocher venait l’orage
D'un carillon époumoné...
Plongée dans la nuit noire
Dessinant des sourires ébahis...

Le rêve se précisait, pressant
Vainqueur des inclinaisons de tête
Et de l’absence de conscience
Les yeux ouverts sur l’espoir

Les enfants que nous étions,
Désormais éveillés et vivants
Ayant vécu l’enchantement de l’esprit
Attendaient courageusement à l’entrée
La libération de l’impatience
Et l’envol vers l’affairement
Du déballage des mystères empaquetés

Et bien que couchés tard
Et levés tôt d’excitation fervente
La journée s’écoulait
Portée par une ardeur sans fin

Aujourd’hui, dans le vide du souvenir
Renaît en nous l’enfant si nu
Qui s'étreint le cœur et l’élève
Dans le cri de l’humanité :
« Viens, toi qui es plus que moi-même
Emplis-moi de ta présence
Transparente et unique »

 ( ©  Loup Francart)


Il nous faut maintenant célébrer cette vie perpétuelle d'où procède toute vie, et par qui tout vivant, à la mesure de sa capacité, reçoit la vie...
Que tu parles de vie spirituelle, rationnelle ou sensible, de celle qui nourrit et fait croître, ou de quelque vie que ce puisse être, c'est grâce à la vie qui transcende toute vie qu'elle vit et qu'elle vivifie...
Car c'est trop peu de dire que cette vie est vivante.
Elle est principe de vie, source unique de vie.
C'est elle qui parfait et qui différencie toute vie, et c'est à partir de toute vie qu'il convient de célébrer sa louange...
Donatrice de vie et plus que vie, elle mérite d'être célébrée par tous les noms que les hommes peuvent appliquer à cette vie indicible.

Denys l'Aéropagite

 

 

 

24/12/2018

Pensée et action

C’est le faible qui parle de la force. C’est l’’homme mou qui parle de la volonté. L’homme fort ne parle pas, il vit. D’où cette éternelle contradiction entre la pensée et l’action, car ceux qui, par la pensée, prône l’action, n’agissent pas et ceux qui, par l’action, recherche la pensée, n’en parle pas.

C’est dans l’action que tu trouveras la joie, mais tu ne trouveras cette dernière que grâce à la pensée.

19/12/2018

Contemplation

Être libre. Ne pas se laisser enfermer dans un système. J’ai failli succomber et perdre ma liberté. Je ne savais plus voir l’oiseau sur l’arbre ni la fleur dans la prairie. J’ai failli devenir adulte.

Rester un enfant, pouvoir m’émerveiller de tout. Être libre, c’est sans doute l’innocence et je veux rester naïf.

Il est si simple d’intégrer un système, quel qu’il soit. Comme il est facile d’abandonner sa liberté. Il est également facile de la perdre en la cherchant. Esclave de l’imprévu. Esclave de l’instant.

N’être esclave ni du passé, ni du présent, ni du futur. Se réaliser au-delà des faits, dans la contemplation de l'infini.

 

15/12/2018

Amour et connaissance

L’amour ne peut qu’enrichir la connaissance, car il est une co-naissance intuitive de l’homme dans son essence, de l’homme subordonné au tout et non de l’individualité. C’est pourquoi l’amour ne doit pas être l’exclusivité d’une personne ou même de plusieurs, mais il doit s’attacher à l’ensemble des individus, même à l’ensemble des choses à connaître, c’est-à-dire à l’univers en tant qu’image de lui-même.

Seul cet amour peut nous enrichir et nous apporter à la fois la connaissance de l’univers et du moi en tant que personne consciente (du tout) et non en tant qu’individu unique.

De même la connaissance ne peut qu’accroître et approfondir l’amour, car en apprenant à connaître chaque partie de l’ensemble, on ne peut que concevoir un sentiment d’amour envers le tout, synthèse de cet ensemble.

Ainsi de même que la connaissance de soi et la connaissance de l’univers ne peut que croître simultanément faute de quoi elle butera, de même l’amour et la connaissance ne peuvent que se nourrir l’un de l’autre ou mourir par insuffisance de l’un.

12/12/2018

Paradoxe

 

Paradoxe de la sainteté :

elle apporte une insatisfaction de soi de plus en plus grande

et elle comble l'homme de la présence de Dieu

parce que cet amour est indifférent aux fautes.

 

21/11/2018

Contact avec l'autre

 

L’amour est le seul contact véritable avec les autres :
osmose des âmes
et non superposition temporaire.

 

16/11/2018

Le parfum de Dieu

Chercher Dieu dans les bois, la mer, les montagnes ou les plaines est un jeu aussi vain que de le chercher dans les églises et les livres, y compris ceux écrits par Dieu lui-même comme le prétendent leurs adeptes. Vous n'y trouvez que ce que l'on dit de lui, alors que l'important est d'en faire l'expérience.

Plusieurs fois, il vous est arrivé de humer l’air et de sentir ce parfum subtil, inconnu jusqu’à maintenant, qui ouvre en un instant votre être au ravissement. Vous vous contemplez suspendu au parachute, poussé par les vents contraires de la grâce, petit grain d’homme dans le tourbillon de la vie et du monde. C’est un parfum prenant qui vous décoiffe comme un ouragan : Dieu passe ses doigts dans vos cheveux et vous allège du poids du monde. Ce parfum, vous ne pouvez ni le saisir ni le voir. Mais si vous fermez les yeux, il peut vous envahir en une seconde, disparaître en un clin d’œil et vous laisser au cœur la douceur des amandes, la caresse du chat, le chatouillement de l’écoulement de la rivière, le murmure de l’être aimé(e). Vous voulez garder en vous ce parfum décisif et marcher droit devant en humant la beauté du monde, mais peu à peu s’impose l’autre réalité.

Vous redescendez vers les odeurs journalières, vers la morne quotidienneté du chou et du cambouis. Le nuage s’est envolé. Il ne vous reste plus que cet élan vers lequel vous tendez les bras. Oui, courrez derrière lui. Mais ne vous rompez pas les os en larguant vos suspentes.

 

08/11/2018

Recherche philosophique de Dieu

Ambiguïté de la recherche philosophique de Dieu : atteindre le principe premier qui est à la fois la cause, l’exemplaire et la fin de tout ce qui est. Le principe s’appelle Dieu.

Elle y parvient par une exigence d’intelligibilité. Mais elle veut alors appliquer à Dieu la méthode qui l’a conduite à lui, elle le veut aussi intelligible. C’est alors qu’elle le perd.

Dieu est l’intelligible par lequel tout le reste est intelligible. Mais lui-même n’est pas intelligible par la raison. Seul le soi, hors du moi, ouvre l’homme à la compréhension de Dieu. Mais il reste toujours un brouillard à explorer et à perdre à chaque instant.

 

30/10/2018

La foi

"Agenouillez-vous et priez. Alors viendra la foi",  disait Pascal. C’est ainsi que furent fabriquées des générations de croyants qui n’avaient pas la foi.

On peut passer des années à prier gentiment le dimanche ou même tous les jours sans que vienne la foi. Et la prière ne sera qu’une contrainte qu’on s’impose à soi-même alors qu’elle doit être don total de soi et création.

On peut aussi, avec beaucoup de patience et un peu d’imagination exaltée, croire qu’on croit. La foi vient avec la prière, mais disparait après elle, s’éteignant, comme si le monde tous les jours n’avait rien à voir avec elle. Cette foi est une pure invention psychologique que l’imagination fabrique elle-même, par échauffement pourrait-on dire.

La foi ne peut venir de l’habitude. L’habitude de prier ne peut donner la foi, elle ne peut que l’empêcher de venir, car la prière n’est alors qu’une machine bien remontée qui fonctionne mécaniquement. La foi vient quand toute habitude est abandonnée.

Cependant, n’oublions pas, à chaque jour suffit sa peine. Il est des jours où rien ne vient, où la présence est absence, où la sécheresse vous dessèche. Alors, oui, agenouillez-vous et priez. Mais ce n’est plus la foi que vous cherchez. C’est vous-même que vous avez perdu.

 

23/10/2018

La recherche du bonheur

 

Notre époque a le bonheur de s’apercevoir de l’insuffisance de la satisfaction du corps et de l’esprit. Elle redécouvre l’ascèse. Elle cherche la plénitude de l’être au-delà de la possession, dans l’accès à la beauté du monde.

Son malheur est de croire que cette plénitude est un état second, une sorte de rêve éveillé que l’homme peut atteindre par des moyens artificiels.

 

18/10/2018

Aimer sans imaginer

“Essayer d’aimer sans imaginer”, susurre Simone Weil. Cherchant la vérité dans les actes et non dans la parole, elle a fait de la philosophie une manière de vivre non pour acquérir des connaissances, mais pour être dans la vérité.

L’amour est en effet toujours un peu imagination intérieure. On crée l’être aimé à son amour, car l’amour naît de la différence entre l’être aimé et celui ou celle qu’on aime réellement dans son imagination. Trop d’imagination nuit à l’amour durable, mais sans imagination l’amour n’existe pas.

Pourtant Simone Weil nous dit bien « sans imaginer ». Ne parlerait-elle de l’amour divin qui seul permet d’aller au-delà de l’imagination, dans la transparence d’une réalité palpable et divine ?

L’homme a besoin d’imaginer. Mais au-delà, l’imagination n’a plus lieu d’être !