10/08/2011
Attente
Attente…
Du bout des doigts, ce tremblement léger
Une fièvre parcourt les veines
Le creux adouci des bras se teinte de crépuscule
Chaque bruit à la mesure d’une symphonie
Chaque regard d’un oiseau dans la nuit
L’oublie d’un pétale au fond des mains
La chaleur de nos pieds sur la terre mouillée
Ses doigts entrelacés de fleurs
Comme un feu d’artifice
Sont le soir le parfum de notre remord
Les diamants mouillés de la pluie
Ensevelissent de bijoux sa parure de cheveux
Les pieds écartelés dans la mousse de l’abandon
Nous écoutons ensemble la naissance de l’herbe
05:38 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, poésie, poème | Imprimer
05/08/2011
A nouveau, le silence de la nuit
A nouveau, le silence de la nuit
Comme une auréole sur le tissu
Des souvenirs et de l’avenir
Où donc m’entraîne cette indolence
Avant le lever du jour, pâle et désorienté
J’erre dans ma solitude bénite
Comme un amant se noie
Dans les bras échevelés et caressant
D’une belle au visage de marbre
C’est le temps de la création
Des virages sublimes de l’imagination
Emportée par les courants improvisés
De l’air et du palpable imperceptible
Qui chemine dans la peau transparente
Qui me sépare de la vie réelle
Et je me noie, englué dans l’ignorance
De jours meilleurs, de plaisirs subtils
En contact avec le vrai et le beau
Et j’erre inlassablement, détourné
De cette connaissance chaleureuse
D’une intimité de pensée conduisant les héros
Vers les cieux blancs et vides
De la présence souhaitable
De cette évanescence indescriptible
Seule, sensible, brûlante et mystérieuse
Au fond de soi, de toi,
Oui, de nous… Probablement.
05:04 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, poésie, poème | Imprimer
01/08/2011
Bulle de savon translucide
Bulle de savon translucide,
Tu es l’espace et le temps
L’infini et le fini
Mon système solaire
Au-delà du globe transparent de ton regard
Se cachent ta propre image
Et l’image de ton univers
Tu es l’aleph de ma contemplation
Le commencement et la fin du temps
Ta présence est mon éternel présent
Et je mourrai de ton achèvement
Au-delà du goût de tes lèvres
Je prends conscience de ta densité
Et ne peux plus me définir
Qu’en relativité à ton existence
Le jeu de la lumière dans ta chevelure
Est la courbure de mon atmosphère
Où je découvre implacablement
Le champ de gravitation de mon espérance
Je suis d’apesanteur, exempt d’inertie
Inexorablement, éternellement
Attiré vers le centre de ton être
Concentré de ma pleine conscience
Vers le point de chute que tu es
05:12 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, poésie, poème | Imprimer
27/07/2011
Pourquoi courir après les actes
Pourquoi courir après les actes ?
Pourquoi vouloir faire et défaire ?
S’arrêter, prendre le temps de se regarder !
Contempler le monde comme le hibou,
Les yeux ouverts, sans bouger
Et voir passer les incidents
Comme de petites blessures
A la perfidie de la vie
Calme serein des fontaines
Qui coulent au pied des jardins
Comme immobiles et vivantes
D’une vie statique et immortelle
Tel le scaphandre en eaux douces
Nous attendons la remontée
Pour sortir nos trésors :
Un doigt de poupée rose
Une couronne de fleurs artificielles
Trois lapins de porcelaine
Un chapeau défraichi
Par son séjour dans l’eau noire
Au-delà de ces assemblages
Nous retrouvons, cachée,
La sensation de froideur vitale
Des escargots idéologues
Qui courent aux murs de la honte
Petits délires matinaux
Comme un soulagement
Offert gratuitement
A l’errant qu’est
Chacun (ou chacune) de nous !
03:46 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, poésie, poème | Imprimer
23/07/2011
Voici revenus le gris et le mouillé
Oui, voici revenus le gris et le mouillé.
Gris du ciel d’abord, mais aussi
Griserie des rues sans âme,
Rues grisâtres des jours verts
Vers des horizons sans fin,
Là où rien ne dit à personne,
Là où se promène, nostalgique,
Le poète dénudé des haricots blancs
Qui pleure lorsque rien ne l’enchante
Et qui rit au plaisir de savoir
Si, un jour, il sera bègue.
Alors combien sera rude sa tâche
De récitant de vers prolongés
Dans l’aube inconnue de la ville.
Mouillé aussi, comme la fourrure
Des rats un jour d’inondation
Ruisselant de brillants
Et prostrés dans un coin obscure,
Avant de ressortir au soleil du soir
Pour réchauffer leur vieille carcasse.
Enfermé dans un halo de condensation,
L’homme mouillé de larmes
Se prête au faux semblant
D’un attendrissant retour
D’une certaine innocence.
Mais au fond de lui,
Il sait bien, malgré ses dires,
La puissance de l’instant,
L’évocation irrésistible et instantanée
De souvenirs inconnus
Et d’un présent irrévocable,
Malgré le rêve, l’intention,
La paresse ou la vision.
Oui, voici revenus le gris et le mouillé.
Quand t’abstiendras-tu d’apercevoir,
Au-delà du temps et de l’espace,
L’espoir des jours blancs
Et des nuits de pleine lune ?
Couché dans ton lit trop grand,
Réveillé par la clarté diurne,
Tu rêves, tu deviens autre,
Tu te laisses empoigner
Par le miracle de la passion,
Une passion indéfinissable,
Celle de la création
Et de la démolition,
Pour que les lendemains
Soient autres, rosés
D’attente et de désirs,
Verts d’optimisme,
Jaune de bonheur.
05:34 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, poésie, poème, nature | Imprimer
15/07/2011
Abandonne tout désir
Abandonne tout désir.
Que rien ne vienne empêcher
Ton appréhension de la vie.
Que la nuit soit le jour
Et qu’inversement,
Les jours restent vierges.
Alors, du fond de ton être,
Surgissant de nulle part,
Un feu brûlant te prendra
Et te conduira plus loin,
Là où rien de sensible
Ne peux t’atteindre.
Dans ce halo de lumière,
Emprisonné d’indifférence,
Tu règneras en roi,
Tu officieras en prêtre,
Tu parleras en prophète.
Et parce que tu sauras
Conserver ton innocence
Sans te laisser griser
Par ce vide immense,
Déroutant et fragile,
Tu deviendras ce que tu n’es pas,
Tu te découvriras autre.
Et libéré de toute contingence,
Tu ouvriras ton corps,
Ton cœur, ton intelligence,
Ton esprit enfin, à la beauté
De l’absence de personnage,
A la nudité absolue,
A l’étrange pâleur
De ta renaissance.
04:17 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, poésie, poème | Imprimer
12/07/2011
L’île nue, film de Kaneto Shindo (1960)
Voir la présentation du film :
http://www.dailymotion.com/video/x7fvo9_l-ile-nue-kaneto-...
Voir des extraits du film
L’île nue 1 :
http://www.dailymotion.com/video/x9e067_l-ile-nue-1_music
L’île nue 2 :
http://www.dailymotion.com/video/x9e8py_l-ile-nue-2_music
L’île nue 3 :
http://www.dailymotion.com/video/x9e9pe_l-ile-nue-3_music
L’île nue 4 :
http://www.dailymotion.com/video/x9ej0z_l-ile-nue-4_music
L’île nue 5 :
http://www.dailymotion.com/video/x9ek3h_l-ile-nue-5-fin_m...
Synopsis (From Wikipedia) :
Au Japon, sur une minuscule île de l'archipel de Setonaikai, un couple vit avec ses deux jeunes enfants. La terre est aride et l'île ne possède pas de ressource en eau douce. Pour cultiver cette terre ingrate et survivre, le couple est donc obligé de faire de continuels voyages en barque entre la terre ferme et l'île : ramener l'eau précieuse et en arroser avec attention et parcimonie chacun des plants cultivés. Ces gestes, renouvelés sans cesse, rythment le quotidien. Les jours passent, puis les saisons. Un jour, alors que les parents sont partis chercher l'eau, un des enfants tombe malade, sans raison. Il meurt rapidement sans que personne n'ait pu faire quoi que ce soit pour le sauver. Ses camarades de classe arrivent en bateau pour lui rendre un dernier hommage, puis repartent. Malgré un bref moment de révolte de la mère contre cette vie, le rituel reprend.
Un film majestueux :
Histoire simple, banale, pourrait-on dire. Mais quelle beauté dévoile ce film qui, pourtant, répète inlassablement les mêmes images, les mêmes gestes et la même mélodie, sans qu'une seule parole soit prononcée. C’est un véritable poème qui donne une nouvelle version du mythe de Sisyphe, dénudée comme l’île, presque froide dans son réalisme, mais si prenante dans la contemplation d’une nature aride et de la famille qui vit là, rudement, d’un travail incessant sur une terre ingrate. Il met en lumière, sans jamais le dire, l’impuissance de l’homme face à la nature, la souffrance humaine, le temps et finalement la mort.
"L'Île nue", sortie en 1960, est l'une des œuvres les plus remarquables du réalisateur japonais Kaneto Shindo. La musique lancinante de Hikaru Hayashi, de part sa modalité occidentale, peut choquer au début, mais très vite elle prend le spectateur qui l’associe ensuite aux successions d’images sobres, mais combien belles. Musique et images permettent de donner au film une ambiance que des paroles et des explications n’auraient pu expliciter.
Un film à voir, à revoir, comme on relie un roman de Marcel Proust, pour le savourer, même si l’on en connaît toutes les péripéties.
05:17 Publié dans 13. Cinéma et théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, film, nature, poésie | Imprimer
06/07/2011
Ils sont ronds, dorés comme un rôti
Ils sont ronds, dorés comme un rôti,
Ils enjolivent les champs de leur masse répartie.
Ce sont les rouleaux d’été,
De paille ou de foin enrobés.
Comme des guirlandes sur un arbre de Noël
Ils font une parure de fête au regard des vivants.
Appuyé sur l’un d’eux, je respire l’odeur de moelle,
De terre, mêlée d’herbes et de grains. Purifiant !
Seul le mugissement d’un bovidé esseulé
Trouble la torpeur de l’instant présent,
Accompagné des soupirs d’une brise affolée
Qui ondule sur le blé en chantant.
Enfin, cueillir l’origan, d’un sécateur pataud,
Pour les laisser sécher sur un plateau
Jusqu’à la fin de cet été.
Et les utiliser en les écrasant de la main,
Comme on le fait pour le cumin,
Afin de doter chaque met d’odeur de sainteté.
07:13 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, poésie, poème | Imprimer
03/07/2011
Un instant d’éternité
Il existe de ces instants magiques où le temps suspend sa course immuable. C’est encore plus perceptible lorsque se mêle au présent un souvenir de jeunesse et qu’il surgit, très prégnant, au travers de ce que chaque sens nous dit.
La chaleur d’abord, de celle des étés de Pagnol, quand l’ombre d’une branche vous semble une caresse furtive et apaisante, alors que la pure lumière vous est un poids qui épuise le corps.
Le silence lourd de la campagne ajoute à cette torpeur. Seul le chant de quelques oiseaux, parfois, le trouble pour vous rappeler que tout cela est vivant, mais que la vie est suspendue. Sous chaque noyer, l’ombre bienfaisante sert de repère à la méditation, troué de taches de lumière qui suivent le frémissement des feuilles. L’herbe de la prairie se balance au gré de la brise indolente, survolée de moucherons qui dansent l’éternelle fête de la brume de chaleur qui les enrobe.
Ce chemin, vous l’avez parcouru des milliers de fois, mais ce retour aujourd’hui vous conduit à constater l’apaisante vérité de la succession du temps et des espèces. Dans la rangée des noyers qui descend vers la rivière, seul manque l’un d’eux, déjà remplacé par un petit, très petit noyer qui a poussé seul contre la volonté de tous. Le chemin de pierre laisse une bande d’herbes entre les roues des voitures. Quelle étrange sensation que celle des pas sur cette bande de terre qui vous aide à descendre vers le passé, lorsqu’enfant, vous dévaliez à un rythme effréné, en bicyclette, le chemin pour vous laisser ensuite freiner dans les hautes herbes aux abords du ruisseau. Parfois, entraîné par l’élan, vous vous arrêtiez à quelques centimètres de la berge, en vous jetant par terre. Plus tard, votre propre enfant s’est cassé une dent en se laissant tomber sur le gravier plutôt que de percuter la porte cochère.
Mais aujourd’hui le temps s’est arrêté. La chaleur, probablement, qui engourdit vos perceptions et endort votre attention. Alors vous longez la haie à gauche du chemin, là où l’ombre maintient encore une certaine fraicheur. Vous regardez chaque espèce d’arbres, la rugosité de leurs troncs, le dessin de leur développement jusqu’aux derniers rameaux, leurs feuillages, pleins, aux larges feuilles, ou encore clairsemés de petits opuscules, et chacun d’eux évoque en vous des moments différents, des lieux et des temps éloignés, mais qui redeviennent si présents qu’ils semblent revivre sous votre regard attentif.
Et vous descendez toujours, écrasé de soleil, vous laissant bercé par ces instants remémorés jusqu’à l’approche de la maison que vous connaissez bien et qui vous fait sortir de votre rêve éveillé.
Au loin, très loin dans le ciel, un avion vole sans bruit et seule sa trajectoire vous rappelle que la vie continue, inexorable, dans cette nature immobile, anéantie de chaleur sourde troublée par l’aboiement d’un chien aux confins du village qui vous signifie que le frémissement des feuilles fait aussi partie du tableau vivant.
Je me souviens être venu, adolescent, quelques jours après un concours, pour me reposer, seul dans l’immensité de la maison et de la campagne et avoir passé huit jours au rythme de la terre et de l’inspiration. Je me couchais tard, me relevais deux fois, trois fois, dans la nuit pour reprendre un tableau, transcrire une idée, écouter une symphonie. Et les jours passaient dans l’indolence et la création, avec pour seul plaisir la contemplation d’une nature riche, parfaite parce qu’imparfaite, dans laquelle je pouvais me rouler jusqu’à pleurer de joie.
04:48 Publié dans 11. Considérations diverses | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, poésie | Imprimer
02/07/2011
Ensemble, nous irons au paradis
Ensemble, nous irons au paradis
Des amants d’antan
Je te regarderai, tu me verras,
Nous nous contemplerons
Et verrons le chemin écoulé
Comme une mélodie achevée
Toi, rien que toi, blanche
De vérité et d’innocence
Que j’apprends toujours à connaître
Qui m’apprend la vie et l’amour
Et qui court au plus large
Des rues encombrées de passants
Pour montrer la beauté de chacun
Je te regarde en odeur, en couleurs,
Tu me prends la main,
Tu me tends ta bouche,
Je ne suis plus, je deviens toi,
Et tu es la reine de ma nuit
Et la femme des jours sans fin
Où l’amour coule comme une source
Belle, tu me fais un clin d’œil
Serein, coquin, malin,
Et tu m’encourages dans ma folie
De ne penser qu’à toi, aimée
Perdue dans ce monde
Que nous sommes appelés
A quitter un jour, ou une nuit,
Après nous être aimés encore
Dans le secret de nos corps
Et la tendresse de nos rêves
10:24 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, poésie, poème | Imprimer
29/06/2011
Chacun d’entre nous a un visage unique
Chacun d’entre nous a un visage unique
Et c’est sa dissymétrie qui le rend ainsi
S’il était parfaitement symétrique
Il n’aurait plus cette qualité inexprimable
Qui le rend attirant ou au moins regardable
Mais dans ces visages distincts
Il y a les yeux, un monde en soi
Qui nous disent la soif de vivre
Ou encore le découragement et la vacuité
Comme des pierres précieuses
Leur brillance dévoile la valeur
Du visage qui se trouve devant vous
Certains y mettent quelques gouttes
De citron avant de partir danser
Pour raviver leur regard séduisant
Ils peuvent être verts émeraude
Des étendues forestières d’Amazonie
Bleus azur des mers des Caraïbes
Parfois jaunes paille des moissons d’antan
Mais aussi châtaignes tels les cigares
De la Havane ou de Porto Rico
Ou même noir comme l’ébène
Des tropiques de l’Ancien Monde
Très rares sont ceux d’entre les hommes
Qui disposent de prunelles rouges
On les prend pour les diables
C’est-à-dire des anges déchus
La bouche est aussi l’objet d’attentions
Propres à différencier chaque être
Elle peut être charnue comme un fruit
Avide comme un gouffre sans fin
Flottante comme un bateau sur l’eau
Rougie au bâton de couleurs
Peinte à grands traits malhabiles
Souriante au passant dans la rue
Close à tout signe de bonheur
Sans lèvres pour les vieillards
Trop éclose pour les enfants
Je ne parlerai pas du nez
Celui-ci a déjà fait l’objet
Des rimes et délires de Cyrano
Qui laissent un trou dans la tête
A la place d’inspiration
Certes les oreilles pourraient aussi
Mériter quelques phrases agréables
Mais ne sont-elles pas faites pour écouter
Plutôt que pour parler
Alors n’en parlons pas
Et pourtant le tour des attributs d’un visage
Ne suffit pas à le décrire
Il ya aussi la fossette qui l’enjolive
Le grain de beauté qui peut enlaidir
Le poil sur le nez et la tache sur la joue
La dent cassée qui empêche de sourire
L’œil pleureur et la joue tombante
Tout ce qui par le hasard ou l’usure
Déforme la nature unique de chaque homme
Et de chaque femme, qui, elle, s’en préoccupe
Pour le plaisir du premier
Et l’éclat de ses yeux amoureux
Est-ce le hasard ou la nécessité
Qui a construit cette merveille
Ou un dieu qui donne à chacun
Une façade, une apparence, un attrait
Qui le rend unique lui-même
Qu’il est beau ton visage
Toi l’aimée de toujours
Il est le point ultime de mes rêves
L’émouvant trouble de mon cœur
L’image présente à mon esprit
Qui m’accompagne dans la vie
Et fait briller mon œil de ravissement
03:44 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, poésie, poème | Imprimer
24/06/2011
Les taches sur le mur
Les taches sur le mur
Sont l’ombre de mes pensées
Une fenêtre reflète le turban
Que porte un homme dans la rue
La glace enregistre l’envers des murs
Et les ombres transformées sont sans doute la vérité
Elle se cache parmi les mots
Et c’est une longue énigme
Que je cherche encore
Assis, à genoux ou encore debout
Ils attendent comme les lapins à leur terrier
Le dernier rayon de soleil de cette journée
Ignorants et béats, ou bien proches d’être fous
Les hommes, comme d’éternels esclaves
Entrainent chaque jour la roue du passé
Ne connaissant d’elle que ce point de tangence
Qui imprègne dan le sol l’instant de sa présence.
Derrière ne restent que les traces du regret du passé
Et au devant l’espoir du futur dans un jardin sauvage
07:31 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, poésie, poème | Imprimer
22/06/2011
Silence, on pense...
Il se relevait la nuit pour réfléchir
C’était un désir pressant, incontrôlable
Qui l’aiguillonnait à se lever
Et à s’installer devant sa table de travail
Il partait loin, très loin, de la ville
Dans les recoins de son imagination
Ce n’était plus qu’un centre
Une fusion de la pensée profonde
Comme un amas de matière nucléaire
Qui fond sur elle-même sans refroidissement
Contenu et contenant ne font plus qu’un
La pensée coule sur la table
Et celle-ci devient le corps de l’homme
Dans cette confusion des genres
Seule une radiographie du centre
Donne une cohérence indissoluble
Au corps et à la pensée de l’homme
Avec la matière et la lumière ténue
D’une veille qui égraine les heures
Avec régularité et quiétude
Silence, on pense…
Fait à l’encre de chine une nuit où l’imagination se concentrait sur elle-même.
06:38 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, poésie, art, peinture, crise | Imprimer
19/06/2011
Retour
Retour à l’homme frais
Celui qui ne porte pas son bagage
Qui ne courre pas derrière les autres
Qui n’entend pas les clameurs
D’une foule dévoreuse d’informations
Retour à la femme vierge
De tout ce qui préoccupe les autres
Femme de parfum de fleurs
De rires éclatants et pourtant frêles
De tendresse odorante et
D’entière délicatesse des sentiments
Retour à l’enfant ignorant
Qui ne compte que des deux mains
Qui chante des comptines lentes
Qui n’accepte pas les baisers
Mais qui aime en donner gratuitement
Au moment où l’on ne s’y attend pas
Retour aussi au passant inconnu
Qui vous salue gaiement de la tête
Pour vous dire le bonheur
D’une journée sans les tracas du monde
Et qui devient l’errant
Qui donne la solution de l’énigme
Retour à celle-ci dont on ne sait rien
Qui courre le long des murs
Qui envahit les maisons ce jour d’été
Qui embrase la campagne en chaume
Qui rosit le village au soir
Pour lui donner l’aspect
Des idées sans importance
Et des sens découverts et palpitants
Oui, l’énigme est là
Accessible à chacun, visible de tous
Elle s’appelle la vie
Elle appelle à son retour
Parmi les simples et les fidèles
D’un regard non apprêté
De sons purs et cristallins
D’odeurs vertes et rouges
Dans le jardin secret de la réalité
07:10 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, poésie, poème | Imprimer
15/06/2011
Vide-grenier
Hétéroclite, quel drôle d’adjectif.
On nous dit : Qui s’écarte des règles habituelles,
Encore faut-il connaître ces règles !
Il semble plutôt que l’on peut en parler
Lorsqu’il n’y a pas de règles.
D’autres vous diront : De bric et de broc.
Avez-vous déjà été à un vide-grenier ?
On pourrait plutôt parler de bric à brac.
Parcourant les rues au fil des objets,
Vous découvrez l’envers des apparences.
Sont étalés ce qui alluma un jour,
Dans le cœur ou l’esprit ou l’émotion
D’anonymes, l’étincelle nécessaire à l’achat.
Bien vite rejetés, ces articles nous parviennent,
Parfois dans leur emballage cartonné,
Comme un trésor enfoui et ignoré
Pour tenter de séduire un autre anonyme.
Ils arrivent également empoussiérés,
Comme un vieux chewing gum
Que certains jettent sur la chaussée
Et qui se collent sous la chaussure
Pour vous dire ne m’oublie pas.
Pourtant ils ne paient pas de mine.
Au-delà des objets, les gens :
Ceux qui vendent distraits, un demi-euro,
Ceux qui marchandent de trente à quinze,
Ceux qui n’ont qu’un prix et n’en démordent pas,
Ceux qui acceptent de donner ce qu’ils ont rejeté.
Voilà pour les vendeurs affichés.
Mais les acheteurs ont aussi leurs caractéristiques :
Ceux qui passent sans parler et sans voir,
Tournant en rond dans les allées d’objets,
Qui ne veulent rien sauf un moment de distraction,
Ceux qui parlent beaucoup et n’achètent rien,
Ceux qui ne parlent que pour donner un chiffre,
Ceux qui ont besoin de l’histoire de l’objet
Pour raconter pourquoi ils l’ont acheté,
Ceux qui vérifient, éprouvent la solidité,
Testent longuement tout ce qui peut casser,
Avant de laisser l’objet, exsangue et épuisé.
Il y a aussi d’autres gens, distraits,
Qui passent parce qu’ils habitent là,
Ou encore vont chez le dentiste ou l’orthopédiste.
On rencontre parfois celui qui sort sa voiture
Parce qu’il a oublié ce jour de festivité,
Contraignant le vendeur malheureux
A déménager son bric à brac
Qu’il ne considère pas comme hétéroclite
Parce qu’il pense être seul sur le marché
Des objets esseulés et inattendus.
Il y a ceux qui profitent de la fête
Pour vendre toutes sortes de biens,
A manger, à boire, ou même à fumer,
Pas celle des saucisses qui grillent
Stoïques sur une plaque de tôle,
Pour la magie des enfants du quartier
Et le plaisir des affamés prudents.
Pêle-mêle sont les articles disparates :
Pelles sans manche, manche sans bras,
Bras de fer, fer de lance, balance.
On trouve de tout dans le bric à brac
De personnes et d’objets hétéroclites
Qui vont de bric et de broc jusqu’à la fin du jour.
04:01 Publié dans 12. Trouvailles diverses | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : société, poésie, culture, écologie | Imprimer
13/06/2011
Forme et couleur
La forme précède la couleur
Avant la forme, il y a le trait
Qui part dans toutes les directions
Qui barre, qui marque un territoire
Qui, par le fait d’être là,
Fait de la page un dessin
Ou, au moins, un commencement
Avant le trait, il y a le point
Le point n’a pas de consistance
S’il devient important
C’est par sa multiplication
A l’infini sur une page
Et c’est le rapprochement ou l’éloignement
Qui fait des points un dessin
Au-delà du trait, la surface
Elle éblouit comme un miroir
Miroir du vide entre les traits qui la délimitent
Il convient de la remplir
Pour lui donner l’apparence
D’une plénitude emplie de rêve
Enfin naît le volume
Le volume construit la forme
La forme produit l’image
Et l’image est déjà une création
Elle construit un monde
Qui n’existait pas auparavant
Mais pour que l’image devienne
Tableau, il lui faut la couleur
Elle peut être grise ou noir et blanc
Elle peut n’être que nuance d’une seule
Elle peut être un mélange savant
Ou encore laisser libre cours
Au pétrisseur de couleurs
Certains cependant utilisent la couleur
Sans user leur temps à la forme
Ils travaillent par taches et projection
Auxquelles ils finissent par donner du sens
Mais trop souvent après coup
Forme et couleur, deux jumelles :
Les séparer, c'est bien souvent les briser !
03:44 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, poésie, art, peinture | Imprimer
09/06/2011
Il est des gens pour qui rien ne va
Il est des gens pour qui rien ne va
Il est des gens qui ne vont nulle part
Il est des gens qui ne s’arrêtent jamais
Toujours en mouvement, toujours tourmentés
Comment leur dire la mouche qui vole,
L’oiseau qui pleure en gazouillant,
Le chat qui miaule dans la chambre
L’enfant qui dort les bras ouverts
La femme au chapeau de plumes
Et l’homme en penseur solitaire
Il est des gens qui ignorent les saisons
Ne voient pas dans le froid du matin
La magie enracinée de la vie
Ne comprennent pas non plus
L’espérance d’un cœur vide
Ou même la vacuité de la faim
Il est des gens qui n’ont que la parole
Pour proclamer leur désaccord
Et qui toujours s’enferment
Dans un bocal de rancœur
Pour finir seul un jour d’orage
Dans la poubelle de l’imprécation
07:47 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, poème, littérature | Imprimer
08/06/2011
Quartier latin
Sortir du cinéma, se noyer dans la foule qui s’écoule entre les écueils de la rue, se bousculer dans l’indifférence, avaler par les yeux les mots que l’on vous jette au visage pour imprégner en vous un réflexe consolateur, ainsi éprouvais-je la liberté geôlière de ces gens qui défilent à pas comptés , le regard vide ou avide, les bras enchevêtrés et les cœurs séparés, revêtus de parures et d’ennui. Quelques mots saisis au passage, quelques mots sans vie de phrases que l’on dit parce qu’il faut parler, quelques paroles tombées sans lassitude comme la pluie, indifférentes et journalières.
Parlez, car la parole est votre drogue. Ici est le lieu de la parole, dépensée en pure perte, érigée en monument sonore au dôme éclatant, écoulée en flots le long des pierres usées du caniveau, affichée sur les murs, les vitres et les vêtements même. Lieu que j’aime encore, car les mots n’ont plus de sens, les phrases pas de suite. Lieu que j’exècre aussi, car les mots ont d’autres pouvoirs que cette ivresse prodigue. Silence des regards que l’on croise, de ces regards sans nom où passe la ville bariolée. Je les ai regardés, tous, les uns après les autres, sur ce voile de bienfaisante tiédeur qui envahit leur corps, je les ai vus aussi se lécher les doigts, comme des enfants, après avoir englouti des sucreries mièvres achetées dans un réduit graisseux.
Et pourtant combien est vraie et émouvante cette vieille ville qui dure immémoriale au pied de la foule qui passe sans lever les yeux. Elle porte les stigmates de son indifférence à son égard, mais elle cache aussi au-delà de ses façades grises, sous un porche humide, des prodiges d’architecture, où tournoient de charmants escaliers en colimaçon et des fenêtres étroites. Elle cache aussi des artistes qui s’évertuent à créer ce que d’autres jugent sans comprendre. Elle cache enfin des amours, des deuils, des naissances, bref la vie qui va et part, qui vient et repart, qui sans cesse se noue et se dénoue au fil des jours dans les pierres qui restent, immobiles, jusqu’au jour de la déchéance.
03:24 Publié dans 11. Considérations diverses | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : société, poésie, paris | Imprimer
04/06/2011
Imagination, image inhalation…
Imagination, image inhalation…
Quel flot de mots et de sons,
Quel débordement de couleurs,
Quelles odeurs absurdes, mais délicieuses.
Je suis baignée de tentacules
Qui me chatouillent à l’envers
Et m’encourage dans mon innocence.
Je cherche d’autres procédés
Pour dire mon incompétence.
Amis, rien ne me vient à l’esprit,
Hormis cette poêle à frire verte.
Alors je prépare une omelette
Aux œufs frais encombrés d’herbes
Pour régaler les invités rares
Au festin de la comédie humaine.
Merci à vous qui êtes venus,
Revêtus de chemises molles
Et de pantalons de cuir souple,
Pour admirer le funambule
Dans son numéro imprévisible
Et sa médiocre réplique.
Oui, rien ne vous y obligeait.
Vous courriez dans vos intentions,
Vous pêchiez les mots au rebus
Et recomposiez les lettres
De mille envolées non lyriques.
C’est un grand jour,
Celui du retour de l’imagination.
Il apporte un peu de délire
Aux nuits somnolentes et tristes
Des artistes défraichis et somnambules
Qui pour se soutenir
Boivent plus que de raison
Un vin lourd et capiteux
Qui signe la défaite de leur art.
Merci à vous qui m’avez soutenu
Au cours de cette veille nocturne
Pour repartir au matin
Dans les brumes colorées
D’un nouveau jour sans surprise.
03:07 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, poème, littérature | Imprimer
30/05/2011
Se souvenir d’un instant
Se souvenir d’un instant
Se souvenir de cet instant
Où plus rien n’existait
Quand nos regards se croisaient
Ne pas oublier la pesanteur de tes doigts
Et leur caresse furtive, comme ébauchée
Ne pas oublier non plus le fil de soie
Tissé de nos mains enlacées
Se rappeler ces quelques heures
Cet éternel déroulement de la destinée
Rencontre et dispersion sans heurt
Se rappeler ton visage illuminé
Enfouir aussi dans quelques pages
La valse lente de tes multiples images
Et parfois donner un tour de manivelle
Pour l’évoquer sur une musique rituelle.
06:07 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, poème, littérature | Imprimer
24/05/2011
Dilatation d’espérances gothiques
Dilatation d’espérances gothiques
Je fume en fakir les lianes incurvées
De nœuds arboricoles. Allongé
Agrandi
J’agrandis encore le filet de fumée
Çà navigue lentement sur la peau
Jusqu’au sortir de l’immobilité
Silence
Le silence de la brume, le silence de la chaleur
Ou seulement celui de l’âme vide
Loi : la fumée pénètre le vide
Le vide s’échappe
Échappatoire
Confessionnal du désir, pleurs de la possession
Fermés sur la paupière
Lourdement, plus lourd chaque jour
Plus frêle aussi jusqu’à la transparence
Cloître d’hexagones
Je m’enferme au cœur des couleurs
La fumée pénètre l’âme
Je guette l’escalier indistinct
06:42 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, poème | Imprimer
20/05/2011
Chaque jour te voir
Chaque jour te voir
Voir ce visage transparent
Aux yeux ouverts sur le monde
Voir ces lèvres qui me parlent
Et me disent leur amour
Te voir entière et séparée
Et voir chaque chose par toi
Comme le reflet de ta lumière
Tu as des bras de cygne
Qui sont les pôles de l’horizon
Où je m’épanouis sans cesse
Tu es l’horloge de l’éternité
Le ressort brisé des jours
La vague chaude des nuits
L’ombre de mes rêves
Le retour de ma jeunesse
Chaque jour te voir
Et redevenir l’aveugle
Que tu conduis à ta lumière
Pour son émerveillement
04:39 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, poème, littérature | Imprimer
17/05/2011
Ne plus connaître qu’une étoile
Ne plus connaître qu’une étoile
A la forme des planètes
A l’éclat du soleil
Et pouvoir y contempler la nuit et y apprendre le jour
J’y ai vu l’ellipse pure des astres
Le lent cheminement de la sève
Le déferlement assourdi de l’écume
Sans pouvoir en détacher mon regard
Si par hasard l’étoile s’éteignait
Pourrai-je encore voir et entendre ?
Penché longtemps sur l’astéroïde
J’ai voulu en connaître chaque contour
Et pouvoir à tout moment
Réinventer la couleur de son paysage
Et les reflets de la joie qui l’habite
Mais le souvenir de son éclat est fragile
Sauras-tu encore garder les yeux ouverts ?
Hiver, triste, l’étoile s’atténue
Printemps, j’y redécouvre la joie
Soumise aux saisons de sa temporalité
Elle a parfois la mélancolie des automnes
Ou l’insouciance des ciels d’été
Mon astre lumineux
Retrouver dans mon regard sur toutes choses
Le reflet de tes yeux et ne plus rien en perdre
Pas même lorsque la nuit s’attriste
06:41 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, poésie | Imprimer
16/05/2011
Illumination
Illumination. Que se passe-t-il aujourd’hui ? Tout revit, tout redevient : consistance, perplexité, immesurable. Je viens de percer un mur et m’enfonce lentement, émerveillé, dans un monde indéfinissable, comme si ma chambre était partie à la dérive au-delà de la ville, au-delà de la terre, vers un univers d’apesanteur et de compréhension. Comme une momie, ressuscitée par son transport vers une atmosphère régénératrice, je me débarrasse de mes bandelettes où s’accrochent quelques lambeaux de chair desséchée. Tout s’allège et perd peu à peu de cette consistance qui fait la réalité. Je regarde les objets de ma vie quotidienne, ils me paraissent si lointains. Encore quelques bandelettes à dérouler et il ne restera plus rien, qu’une chambre nue, vide d’objets, vide de ma présence, mais que je verrai encore comme si j’étais attaché, alors que déjà j’aurai amorcé le voyage incohérent au-delà de l’atmosphère oppressante qui nous entoure.
Peu à peu, au cours de la journée, subtilement, s’est établie une intense lucidité mêlée d’un détachement des sens, jusqu’à cet instant, jusqu’à tout à l’heure, où j’étouffais, où je criais d’angoisse et de joie. Effet de l’imagination ou possibilité d’une autre réalité, insoupçonnée, découverte par hasard, indéfinissable, que je ne peux définir, mais qui m’étreint et me transporte dans la joie de l’absolu et l’angoisse du néant. Une autre voix me parlait… Qui es-tu ? … Je ne sais pas… Que fais-tu ? Je ne sais pas… Que deviens-tu ? Rien encore, peut-être, un jour… Le jour est là, il se lève, regarde-le au dessus des toits luisants, regarde le soleil ouaté monter dans le brouillard vert de la nuit… Je ne vois rien… Mais si, regarde bien, ouvre les yeux, éveille-toi…
Et je m’éveille. Je vois la ville mauve prenant parfois des teintes d’un rouge insoutenable, alors qu’ailleurs certaines maisons s’estompent dans un gris diffus. Je vois ce soleil, presqu’invisible, mais perceptible cependant, qui s’élève lentement dans la nuit verte, la parant d’une lueur translucide… Aimer, me dit-on dans l’oreille, voilà ce que tu dois aimer. Regarde, regarde bien ces gens qui courent nus, habillés de bijoux et d’étoffes luxueuses, dans le jardin qui borde la ville où vient se baigner le fleuve. Regarde-les parler, faire des gestes, se voir dans les glaces, rire brutalement et pleurer en cachette derrière un arbre au feuillage bleui par la nuit. Il faut les aimer, car ils sont malheureux, comme tu l’étais toi-même, comme tu le seras à nouveau sans pouvoir rien faire d’autre que jouer dans le jardin baigné par le fleuve, jouer avec les bijoux suspendus au cou des femmes et avec les cerceaux des enfants qui effleurent les adultes. Tu devines cent histoires qu’ils racontent, mille vies qu’ils égrainent, ces destins par centaine de milliers qui s’entassent dans le jardin et tournent sur leur orbite, se projetant de plus en plus dans ce mouvement infini semblable à la course folle de notre planète dans le vide de l’espace. Tu t’éveilles lentement de ce cauchemar du jardin, tu franchis les portes bétonnées et menues, et tu t’enfonces dans la glaise glissante jusqu’à la plage de sable fin, où chaque grain contient une histoire que tu pourras voir de tes yeux ouverts en le tenant au creux de ta main.
Je me souviens d’Almostasim[1], de cette progression ascendante vers Almostasim, l’homme qui possède la clarté et la transparence, que personne n’a pu voir, que personne ne verra, parce que personne ne veut s’en donner la peine ou ne peut parvenir au bout du voyage, ou encore, meurt à l’instant de le voir. Je me souviens aussi de la bibliothèque de Babel[2], cette bibliothèque qui est une sphère dont le centre véritable est un hexagone quelconque et dont la circonférence est inaccessible, dans laquelle il y a des centaines de millions de livres dont un seul d’entre eux contient le volume qui rassemble tous les volumes, le volume qui seul signifie quelque chose dans le fatras de lettres, de points, de virgules, de marges, d’espaces vides des autres livres. Des centaines de bibliothécaires passent leur vie à chercher le livre, mais aucun jusqu’à présent ne l’a peut-être trouvé.
Est-ce possible, est-ce seulement possible une telle difficulté d’être, une telle impossibilité de respiration dans l’atmosphère où baignent ces objets ? Vouloir être, plus je creuse cette volonté, plus l’espace s’ouvre, comme par un phénomène de perspective, vers de nouveaux horizons, de plus en plus coupés, tortueux, délabrés, où chaque sommet fait apparaître d’autres montagnes encore plus belles, plus légères, plus aériennes, recouvertes de fleurs transparentes, de personnes sans corps ou de corps imperceptibles, froids, translucides, impalpables. Et plus j’avance, plus les corps perdent de leur consistance jusqu’à ne plus être que des émanations gazeuses du sol, comme forgés dans de petites boursouflures qui crèvent de temps à autre.
Poursuis ta route, sans autre préoccupation, sans regarder en arrière, jusqu’à ce qu’elle prenne fin !
05:28 Publié dans 11. Considérations diverses | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : littérature, poésie, culture, écriture, voyage | Imprimer
12/05/2011
Je te ressens, au plus profond de moi
Je te ressens, au plus profond de moi,
Comme un vol de libellules
Ou la vague tiède de mers lointaines
Et je vais dans la vie
Comme un miroir sans tain
Regarder passer les idées fixes
Ou les étoiles de mer
---
Merci à toi qui m’a donné
Et la joie et l’amour et la peine
Car en cette terre et sur ce jardin
Rien ne se cueille mollement
Je vais loin et longuement
Me recueillir en extase
Devant les fous et les bergers
Pour ensuite, pris de remord,
Conduire le troupeau au zénith
---
Reviens, me dit-on,
Mais où revenir :
Dans notre folie quotidienne ?
Devant les marches du perron ?
Dans ses pensées obscures ?
Dans les siècles qui viennent
Ou dans ceux écoulés et perdus ?
---
Plus rien ne sera comme avant
Lorsque tu te déchaussais
Au devant de l’armoire
Et que ton cou luisait d’attente
Lorsque tu criais toi
Et que tu pensais moi
Lorsque ta chaleur amoureuse
Revêtait de rosée tes pieds épars
Lorsque toute entière
Tu plongeais dans l’eau trouble
Des soirs et des matins sauvages
Et pendant le jour courrait
Partout et toujours
A la recherche d’un hypothétique plaisir
Que tu trouvais tapi au lit
De notre amour insensé
---
Oui, la vie m’a donné ta vie
J’en ai fait ce que tu voulais
Et, ensemble, nous marchons
En pleine liberté et délire
Vers les cieux dégagés
Et les prairies infinies
Nous tenant par la main
Sans perdre un seul jour
De ce qui fut le chant
D’un pauvre innocent
Et d’une tendre adolescente
Qui parcoururent les rues encombrées
D’une ville immense et délirante
En recherche d’un double
Unique et semblable
Que construit sans le savoir
Notre rencontre d’une nuit
---
Et, comme rien n’a une fin
Même pas les histoires
Qui restent dans les têtes
Et fondent lentement
Dans les pensées du jour
Je te renouvelle ma joie
Mon amour et le bonheur
Que j’ai trouvé en toi
Que j’ai exploré de mes lèvres
Que j’ai touché en doigts
Agiles et que j’ai regardé
Emerveillé, éperdu de conscience
Comme un souffle d’infini
Dans un monde arrêté
Sur ta beauté et ta tendresse
Sur tes lèvres entrouvertes
Et le don de ton amour
---
Je te ressens, au plus profond de moi,
Comme le papillon qui d’un battement d’ailes
Bouleverse le monde ignorant
A des milliers de kilomètres
06:08 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : poésie, poème, littérature, amour | Imprimer
03/05/2011
A l’ombre d’un grenadier
A l’ombre d’un grenadier, je regarde pleurer la nuit qui s’ouvre au large, verte et sombre comme un gouffre marin.
Les paraphes des cygnes allongeaient leurs cous boiteux vers le bord verdoyant. Il n’y avait rien d’autre que la brume qui flottait, indescriptible et lente, à la lueur de torches tenues par des mains sans visage. Le parfum perdu des pas sans fond s’écoulait doucement dans l’atmosphère des canaux irradiés. Je contemplais cette douce chaleur qui montait des eaux bleutées à l’assaut des murs froids de notre citadelle. Elle dominait le vide de ses mille pieds de haut et se complaisait tristement dans sa béatitude arrogante. De petites fenêtres sans profondeur se glissaient subrepticement entre les pierres noircies pour agrandir leur trou de chaleur et je me réchauffais le visage de cette brume incandescente, clignant des yeux au jour nautique. Mes pieds reposaient sur le vide des murs aigus et digéraient le silence moite. C’était au dessous le trou noir et profond de la terre éperdue d’ivresse sanglante. Les murs s’allongeaient rectilignes sur deux rangs de visages incolores aux yeux indifférents. Ils suivaient mon vol vers le noir obscur des montagnes, insouciants du passé et de l’avenir.
Je ne suis libre qu’à l’instant, derrière s’étend une longue prison de feux et devant la profondeur de l’obscurité. Je crois être libre et je descends sans conscience vers l’avenir. Les paliers de mes arrêts ne sont que des turbulences qui me rendent immobile contre ma volonté.
03:05 Publié dans 11. Considérations diverses | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, mystère, rêve marin | Imprimer
30/04/2011
La terre chaude, accueillante
La terre chaude, accueillante et maternelle
Refuge de nos regards étonnés d’indécision
Accomplissant lentement son cycle quotidien
Et nous-mêmes, sensibles imperceptiblement
Inscrivant nos caresses au livre de notre histoire
Jusqu’au temps où sur chacune de ses pages
Devenues à la fois semblables et différentes
Se lise la volonté d’aimer
L’air aussi, incandescent, sans pudeur
Élément de rencontre de nos diversités
Plus étroitement proche de nos visages
Sous le feu du soleil diffusant notre amour
A tout ce qui existe et respire
Nous unissant dans la distance de notre séparation
Jusqu’à recueillir sur nos lèvres
Le même désir de durer
07:00 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : poésie, poème, littérature | Imprimer
25/04/2011
Pourquoi te dire tout ce que je ressens
Pourquoi te dire tout ce que je ressens
Confusion des sentiments et des désirs
Pourquoi divulguer le plus profond de moi-même
Alors que seul compte notre entente ?
Je ne sais, je ne sais plus
Ce qui compte pour toi, ce qui est vécu pour moi
Je suis celui qui n’est pas
Je ne suis pas celui qui te suit
Je suis le double d’une ombre
Comme un désert sans façade
Comme un fantôme exacerbé
Et rien ne me rend grâce
Des citadelles de rêve
Des châteaux en Espagne
Des cataractes de la vie
Oui, rien…de rien
Pourquoi te dire tout cela
Toi qui un jour m’a tout donné
Toi qui es l’ombre de moi-même
Toi qui restes la vie, la joie et le quotidien
Je t’entends encore me dire
Je serai toi, tu seras moi
Ensemble nous construirons
La vie à deux pour n’en faire qu’une
De nos doigts enlacés
Nous construirons notre maison
Perchée sur la colline
Au sommet inaccessible
Et de nos corps nous ferons un rempart
A la malédiction des évènements
Et à l’écoulement du temps
Rien ne nous fera sortir de notre rêve
Ni la distance, ni la durée
Ni même l’absence de l’un de nous
Nous serons un
Par le pouvoir d’être deux
Nous serons deux
Parce que nous sommes un
08:00 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, poème, littérature | Imprimer
19/04/2011
Dans le désert vert de la terre
Dans le désert vert de la terre
Se dresse une silhouette macabre,
Croix aux os décharnés,
D’une ligne à haute tension.
Ses bras étendus
Laissent sur le sol
L’ombre de ses doigts
Qui tiennent, ô fragile poids,
Les rênes de la civilisation.
08:07 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, poésie, littérature | Imprimer
18/04/2011
Noire et blanche
Noire et blanche, peut-être verte,
Une main caresse le ciel
Et les étoiles et Mars et Pluton,
Soleil aux cinq rayons
Qui réchauffe la neige de longs bras
Courbés sur l’espérance de la vie.
Elle perd parfois ses doigts un à un
Au fil des paroles
Qu’elle lance solitaire aux nuages
Qui s’enfuient à ses provocations.
Seuls, quatre petits monts
Témoignent du bon plaisir de la nature
Et se penchent vers le lac de leurs reflets.
Une main, toute une vie
Racontée sur une ombre.
06:20 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, poésie, littérature | Imprimer