Vide-grenier (15/06/2011)
Hétéroclite, quel drôle d’adjectif.
On nous dit : Qui s’écarte des règles habituelles,
Encore faut-il connaître ces règles !
Il semble plutôt que l’on peut en parler
Lorsqu’il n’y a pas de règles.
D’autres vous diront : De bric et de broc.
Avez-vous déjà été à un vide-grenier ?
On pourrait plutôt parler de bric à brac.
Parcourant les rues au fil des objets,
Vous découvrez l’envers des apparences.
Sont étalés ce qui alluma un jour,
Dans le cœur ou l’esprit ou l’émotion
D’anonymes, l’étincelle nécessaire à l’achat.
Bien vite rejetés, ces articles nous parviennent,
Parfois dans leur emballage cartonné,
Comme un trésor enfoui et ignoré
Pour tenter de séduire un autre anonyme.
Ils arrivent également empoussiérés,
Comme un vieux chewing gum
Que certains jettent sur la chaussée
Et qui se collent sous la chaussure
Pour vous dire ne m’oublie pas.
Pourtant ils ne paient pas de mine.
Au-delà des objets, les gens :
Ceux qui vendent distraits, un demi-euro,
Ceux qui marchandent de trente à quinze,
Ceux qui n’ont qu’un prix et n’en démordent pas,
Ceux qui acceptent de donner ce qu’ils ont rejeté.
Voilà pour les vendeurs affichés.
Mais les acheteurs ont aussi leurs caractéristiques :
Ceux qui passent sans parler et sans voir,
Tournant en rond dans les allées d’objets,
Qui ne veulent rien sauf un moment de distraction,
Ceux qui parlent beaucoup et n’achètent rien,
Ceux qui ne parlent que pour donner un chiffre,
Ceux qui ont besoin de l’histoire de l’objet
Pour raconter pourquoi ils l’ont acheté,
Ceux qui vérifient, éprouvent la solidité,
Testent longuement tout ce qui peut casser,
Avant de laisser l’objet, exsangue et épuisé.
Il y a aussi d’autres gens, distraits,
Qui passent parce qu’ils habitent là,
Ou encore vont chez le dentiste ou l’orthopédiste.
On rencontre parfois celui qui sort sa voiture
Parce qu’il a oublié ce jour de festivité,
Contraignant le vendeur malheureux
A déménager son bric à brac
Qu’il ne considère pas comme hétéroclite
Parce qu’il pense être seul sur le marché
Des objets esseulés et inattendus.
Il y a ceux qui profitent de la fête
Pour vendre toutes sortes de biens,
A manger, à boire, ou même à fumer,
Pas celle des saucisses qui grillent
Stoïques sur une plaque de tôle,
Pour la magie des enfants du quartier
Et le plaisir des affamés prudents.
Pêle-mêle sont les articles disparates :
Pelles sans manche, manche sans bras,
Bras de fer, fer de lance, balance.
On trouve de tout dans le bric à brac
De personnes et d’objets hétéroclites
Qui vont de bric et de broc jusqu’à la fin du jour.
04:01 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : société, poésie, culture, écologie | Imprimer