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18/09/2017

âme

Je n’ai que mon âme à te donner
Elle n’est qu’un filet d’eau
Qui coule goutte à goutte
Suintant un amour discret

Certains jours elle se veut libre
Et refuse tout jaillissement
Asséchée, elle dénie ta présence
Et erre dans un indescriptible désert
Fait de désirs et de rêves
Non assouvis et enchanteurs
Qui disparaît dans la confrontation
Avec la vie dure et trompeuse

Il lui faut la tendresse de l’agneau
L’odeur du foin montant des prés
Les cris aigus des hirondelles
Lorsque le ciel s’assombrit
Pour ouvrir à nouveau sa blessure
Et aspirer au bonheur de donner

Alors, émerveillée de fraîcheur
Elle s’envole librement
Et vient un instant se réchauffer
Au creux de ton épaule
Écouter l’histoire de celui
Qui est toi au-delà de ce moi
Dans la plénitude du soi

©  Loup Francart

14/09/2017

Symphonie sylvestre

Mille bras tendus vers le ciel
Non pour implorer sa clémence
Mais pour célébrer l’infini
Quoi de plus majestueux que l’arbre
Entremêlant ses branches à ceux des autres
Leur disputant la lumière et l’ouverture
Avec sagesse et mesure, sans arrogance
Certes, il y a des vainqueurs et des vaincus
Certains s’étiolent avant d’atteindre l’épanouissement
D’autres buttent sur plus gros qu’eux-mêmes
Et se glissent avec souplesse entre deux grands
Qui ne peuvent se partager le ciel et l’honneur
De devenir le roi de ce morceau de terre
J’entends les sons de l’orgue et de ses jeux
Puissants à la pédale et tendres au bout des rejets
Le grincement subtil du bois contre les troncs
Le cri de l’oiseau qui se perche hors de vue
Un vent discret fait régner l’harmonie
Assis, je contemple la forêt et me sens transporté
Au sein de cette symphonie sans désir de retour

©  Loup Francart

07/09/2017

Eau

Tu es eau, pure, à soixante pour cent
Tu n’es cependant pas transparent
Ton œil, mouillé, ne voit pas la larme
Et ainsi l’eau, qui huile son charme

Pourtant tu aimes le soleil asséchant
Qui t’enlace tendrement dans le couchant
Et le feu que l’eau vainc facilement
Ou qui l’épuise subtilement

L’eau t’entraîne vers les rivages
Où tu contemples l’horizon sauvage
Frontière du liquide et du rêve

Là, tu erres en mal d’existence
Ne sachant où choisir ton inconstance
Là, la solitude t’épouse sur la grève

 

31/08/2017

Echappée

Ce n’est pas moi, te dis-je, qui est maladroit,
C’est elle ; regarde-la, innocente, immobile,
Reposer chaque doigt sur la pointe d’une étoile
Et se mouvoir dans la souplesse de l’eau.
Attendrie et fidèle, parfois elle vient caresser
Un sourire ou une paupière inquiète,
A cet endroit où la peau est usée
Et se fait plus douce au bout des doigts.
Mais d’autres jours, fatiguée,
Elle échappe à la pesanteur
Avec la même conscience qu’une lune interdite.

©  Loup Francart

27/08/2017

Insomnie

Ne plus voir dans l’œil que l’on croise
Ignorer les doigts fragiles qui se tendent
Ne plus même entendre les pas derrière soi
Ou la plainte silencieuse arrêtée sur les lèvres
Partir sur l’asphalte les yeux clos
L’oreille sourde, la main sur le bâton
Souvenirs encore de ce rêve ébauché
Un matin où le soleil rouge sur la ville
Ensanglantait les visages fermés et muets
Puis le vide silencieux du dernier sommeil
Jusqu’au réveil étonné, dans la froideur du lit

©  Loup Francart

21/08/2017

Entre en toi !
Entre en toi !
Ouvre ton esprit, ton cœur et ton corps
A ce qui est plus que toi-même
Cherche encore ce trésor
Que tu ne peux nommer
Ouvre tes mains à son évocation
Et crie au moment de le toucher
Bien souvent, cependant
Tu hésites, pantelant
Tu restes en périphérie de toi-même
Comme endormi, confit dans le sel
Tu te réfugies dans la zone
Là où rien ne s’harmonise
C’est dur, il faut l’avouer
Rien ne va plus, dis-tu
Tu enfiles ta veste à l’envers
Tu cours dehors, dans le froid
Tu rentres, tu reprends ta respiration
Tu calmes ton esprit, reprenant vie
Puis tu plonges en toi
Jusqu’au fond du gouffre
Où tu sens sa main qui te presse
Et son cœur qui bat la chamade
Un peu de chaleur humaine
Dans l’obscurité du monde
Une lueur que tu tiens
Un espoir devenu réalité
Ensemble, au fond de soi
Enlacés fiévreusement
Caressant son visage
Modelant son corps
Tu te rends à toi-même
Et contemple ce moi
Qui malgré tout
Vaut bien un détour...

©  Loup Francart

17/08/2017

Soi

L’infini n’a pas de fin ;
Mais… A-t-il un commencement ?
Et s’il n’a ni début ni fin,
Existe-t-il réellement ?
S’il s’effiloche lui-même,
Comment se situer dans cette absence ?
L’infini n’est pas le vide,
Il est toujours appréhendable.
Mais un seul grain de fini
Suffit-il à faire de l’infini ?
L’homme, curieux par nature,
Cherche à atteindre la dernière page.
Mais si le livre est infini,
Il perd également la première page
Et lit le livre de la vie
Sans pouvoir en sortir.
Alors il erre entre les pages,
Dans cette épaisseur inexistante
Qui s’épanouit dans la finitude.
Perdu dans cette bibliothèque
Sans pouvoir se situer,
Il invente sa vie sans même exister.
Après tout, l’important est-il
De se connaître soi-même
Ou de connaître son environnement ?
Si l’espace et le temps sont infinis
Suis-je inclus dans ceux-ci ou les crée-je ?
Si je suis infini, alors seulement,
Je n’ai besoin ni de jour, ni de lieu
Pour être pleinement réalisé.
Je flotte entre les grains de matière
Et découvre mon ubiquité :
Je suis ici et maintenant,
Mais sans histoire ni personnalité.
Seul le soi demeure et est.

©  Loup Francart

13/08/2017

Transparence

Je n’ai ni regrets ni désirs
La béatitude m’a pris
Et élevé hors de tout
Je flotte dans le bonheur
Et aspire au silence
Il vient sans crier gare
En toute transparence
Il m’attire à lui
Mais n’est rien lui-même
Et moi-même qui suis-je
Sinon celui qui se regarde
Et ne voit que l’éclat
De ses propres yeux
Dans le miroir de l’âme ?

©  Loup Francart

 

08/08/2017

Une demeure

Au cœur de la nuit et au plus profond du cœur
S’élève l’espérance de renouer le passé
Avec un présent inconnu et sans rival
Un abri où l’ombre cède à la lumière

Fermez fenêtres et portes pleinement !
Au dehors règne l’étouffoir asthmatique
Détendez vos méninges et laissez le rêve
S’emparer de vous en vents qui dénudent

Alors tel un fantôme vous errez sans fin
Dans le vide de l’imagination cubique
Et le plein d’une beauté transfigurée
Quels secrets vous enseigne la tanière ?

Quel que soit le lieu où votre corps repose
Trouvez en vous l’étincelle délicate
Qui la fait vibrer au rythme des murs
Et réveille le son pur du violoncelle
Quand l’archet s’unit à la corde, vibrant
De ferveurs nouvelles et appréciées

Une demeure, c’est le lieu de rencontre
Du rêve et de la réalité, un apaisement
Des caprices humains toujours en quête
De nouveauté et de connu, emmêlés
D’exaltation de l’histoire du temps
Passé, présent et avenir confondus
Dans la danse de l’existence

©  Loup Francart

04/08/2017

Attente

Au crépuscule de la vie
Qu’ai-je encore à attendre ?
Ni la célébrité, ni l’opprobre
Un peu d’amour, certes
Mais aussi un peu de plaisir
Ceux-ci deviennent autres
Contempler le vol des chauves-souris
Le soir quand l’ombre s’en prend à la lumière
Relire un livre déjà lu
Et ne s’en apercevoir qu’à la fin
Courir sans fin le matin
Pendant que les autres dorment sereinement
Se raréfient les attachements aux objets
L’envie de partir loin de ce qui est connu
L‘attrait d’un dîner entre amis
S’estompe la frontière entre le monde et mon être propre
La ligne de démarcation n’est plus nette
Je ressens l’impatience des jeunes
L’émerveillement des enfants
La sensualité des jeunes mariés
L’épuisement des travailleurs
La panique du jeune retraité
L’indifférence du vieillard
Mais je les ressens sans passion ni identification
Je survole ces vies engagées
Et contemple sans attachement
Ces désordres et erreurs
Mais j’aime changer mon regard en un clin d’œil
Caresser le monde d’une lumière intérieure
Ne plus prendre parti
Mais errer amoureusement au long des vies
Pour y reconnaître la couleur de l’éternité
Et sentir monter en moi cette chaleur particulière
Celle de l’amour pour le monde et les êtres
Qui s’empare du cœur et le rend transparent
Mon ombre s’amenuise, élargissant l’horizon
Je flotte en béatitude
Je ne suis plus : Il Est

©  Loup Francart

30/07/2017

Le vide

Un vide si attirant
Et si plein de tendresse

Un vide que rien n’habite
Et si plein d’éternité

Un vide qui te gaze tendrement
Et te dénude avec bonheur

Un vide qui emplit tout
Et que rien ne peut combler

Un vide qui serre le cœur
Et l’oblige à s’ouvrir

Un vide qui fait du plein
Un désert d’intelligence

Un vide qui te secoue les tripes
Et t’engage au-delà du réel

Un vide que seul un plongeon
De ton personnage peut abreuver

Un vide qui envahit ton être
Et te promène dans l’univers

Un vide qui devient toi
Et un autre toi-même

Un vide que je bénis
Parce qu’il m’oublie

Un vide entrevu un jour
Et jamais oublié

Aurais-je trouvé, au-delà de l’espace et du temps
Le mystère des origines et, peut-être, de la fin ?

©  Loup Francart

25/07/2017

Voyage imaginaire

Revenu de rêves inconsidérés, j’erre
Dans les champs étoilés d’un univers moqueur
Où donc trouverai-je une telle terre
Qui va tracer ma vie comme une planète sœur ?

Certes, l’ombre lunaire te sied à point
Y a-t-il plus belle tromperie que ceci
Le cri de la chouette me laisse sans soin
Je suis et ne suis pas, seul sans forfanterie

Quand suis-je revenu de ces palais glacés :
Ni hier, ni demain, peut-être aujourd’hui ?
Et je n’erre plus, je suis, dans l’obscurité

Tapis au fond de mon découragement
Je m’efforce d’imaginer que je suis
Alors que la chair se détache de mes flancs

©  Loup Francart

21/07/2017

Symphonie

Une branche frisonne. La nuit
Trois pieds m’observent fixement
Pendant que j’écoute le fruit
Des silences du firmament

La lune rouge s’évade vers le bleu
Un homme assis me fixe des deux yeux
Derrière une canne nouée

La terre respire mes pas
Trois maigres cheveux se balancent
Sur une main riant lentement
L’éclat pervers des étoiles
Pique ma joue enflammée

Une grande symphonie
M’entoure de rouge et de bleu

Trois gouttes de brume sur les cils
Trois larmes dans ma main

©  Loup Francart

17/07/2017

Vent

Le vent se lève. Il va où il veut
Il entre par la fenêtre et caresse la joue
Il vagabonde sur ton nombril
Et repart solitaire, sans souvenir
C’est le vent folâtre des jours d’été
Entre deux orages qui louchent
Et font perdre le fil de la raison

La branche est secouée à l’envie
Rien n’est trop beau pour celui
Qui coure dans les champs, vierge
De toute envie ou même de volonté

Souffle, souffle, l’aigre turpitude
Des nuits sans fond ni même forme
Tes rêves ne sont plus de mise
Ils exaltent trop ton personnage
Oublie cet être malfaisant et belliqueux
Rien n’est plus beau que l’absence

Fouille, fouille dans ta mémoire
Et extrait des jours heureux et maigres
L’essentiel d’une vision bienfaisante
La pointe magique de l’espérance
La foi qui tourne à la folie
La folie qui devient la norme
La norme devenue réalité
Est-ce ainsi que tu envisages l’avenir ?

Je ne sais, mon ami… Repose…
Range-toi dans ta boîte de verre
Et contemple sans état d’âme
La comédie humaine dérouler
 La sagesse du pervers ou du fou

Oui, c’est vrai, c’est froid
Comme la main de la mort
D’une mort glaciale et colorée
Qui s’envole avec le souffle de l’air
Et te secoue  jusqu’à ne plus pouvoir
Humer les charmes parfumés
De la vie trépidante et fugace

Il s’endormit dans le souffle du vent
Balaya devant son antre asséché
Et monta tout droit dans le bleu
Celui des mers profondes
Ou des cieux transparents

©  Loup Francart

13/07/2017

Encore

C’est la parole de chaque enfant
Devant les satisfactions de la vie
Et tout ce qui agit sur les sens

Encore le fruit qui pétille dans la bouche
Encore l’eau qui coule entre les pieds
Encore la course folle dans les herbes coupantes
Encore la main tendue d’un adulte
Qui partage le secret de polichinelle
Encore le baiser tendre sur la joue
Encore le lit douillet encombré de sommeil

Mais viendra le jour où l’exaltation
N’aura plus le dernier mot
Il faudra la trouver en soi
Dans les plis de la connaissance intime
Ou dans celle de livres obscures
Il faudra faire tourner la machine
Et déclamer à l’envie le jus
D’une mémoire grelottante

Quelles étaient belles ces quelques années
Où rien ne venait freiner la liberté
Des jeunes enfants du monde
Sans l’ombre d’un adulte
Pour engager la danse communautaire
Et céder devant la déesse raison

La liberté est bien cet étendard vertueux
D’une petite enfance, quand encore
Signifie toujours, sans horizon…

©  Loup Francart

09/07/2017

Opéra: Carmen

Le 21 juillet, sera donné l'opéra Carmen en pleine nature, dans une environnement étonnant, le château de Linières, un logis du XVII° en rénovation longue. Toute la région y participe pour loger, nourrir, distraire les musiciens et chanteurs, dans une communion de bonne humeur et d'exaltation.

La représentation a lieu le vendredi 21 juillet à 20h00, à Ballée, 53340 en Mayenne. Si vous le pouvez, venez voir ce morceau de choix.

 

Un opéra dans la naturepoème,écriture,poésie,musique,opéra,chant,nature
Tel un moustique dans la chambre
Quelle incongruité !
Ce matin, arrivent les musiciens
Ils tirent derrière eux les chanteurs
L’un derrière l’autre, un contre deux
Une dernière côte et c’est là
La place est ensoleillée et verte
Enrobée des paillettes dorées du couchant
Sortant du carrosse, ils se déplient
Et crient de surprise, enchantés
C’est donc ici que nous allons vivre
Entourés de ronces et d’araignées
Nous pousserons nos voix au plus haut
Et courrons derrière les instruments
Quel tintamarre ébouillanté !
Le dernier soir, ils s’assemblent
Et marchent d’un seul pas traînant
Vers les derniers rayons d’un soleil épuisé
Oui, l’opéra est bien tel que nous l’imaginions
Suspendu au ciel par les bras de l’espoir
Comme une musique éternelle
Et les paroles de l’amour
Oiseau rebelle pour Carmen l’incorrigible
Qui meurt pour la liberté retrouvée

©  Loup Francart

04/07/2017

Rien

Chaque jour te chercher sans jamais te trouver...

Le monde consistant en dessine les bords...
Franchir cette frontière n’est pas si simple
C’est plonger en un saut dans le vide éternel
Et faire humblement de l’intérieur l’extérieur
Cela peut arriver à quiconque le veut
Mais seuls le fou ou le mystique le cherchent
Le fou par construction, le mystique par amour
Aucun ne connaît l’heure du franchissement
Passer de la chose à l’infini des choses
Ou partir du néant pour l’infini de rien
Qui contient l’infini de l’inexistence

Imagine ce monde, un rien plus un rien
Ne donne-t-il qu’un plein de rien ou un néant ?
L’infini de rien contient-il tous les riens ?
Là, le brouillard envahit l’imagination :
Se compte-t-elle dans cet infini ou non ?
Cet infini n’est-il que l’envers du rien
Ou possède-t-il, par naissance, un peu plus ?
Sorti du chapeau, il construit les bords du rien
L’enferme et l’isole dans l’inexistence
Le monde de la pensée est-il différent
De celui des atomes que je peux saisir ?
Franchir la ligne du réel vers l’irréel
Ne veut pas dire folie, mais humilité

Laisse-toi gagner par ce vide devenu plein
Pour faire en sorte que toujours et encore
Chaque grain de sable subsiste dans le tout
Des plages mêlées aux gouttes des océans
Et s’enivre au passage du rien vers le tout...

 

©  Loup Francart

30/06/2017

L'allégement

Le poète n’en a pas plein la tête…
Au contraire, il est voué à l’allégement…
Faire le vide, c’est s’enrichir
Se dépouiller de ses artifices
C’est revêtir la toge du sage…
Alors, il partit le nez au vent
Rien ne pouvait le retenir
Ni l’or des balcons fermés
Ni le vernis des joutes de salon
Nu même la tiédeur des amours…
Il partit et s’en fut
Vert de peur et rouge de fureur
Jaune des échecs successifs
Bleu des oppressions d’antan…
Peu à peu il perdit toute couleur
Et acquit la transparence du pauvre
Le soleil le traversait sans peine
Aucune ombre ne s’attachait à lui
Il n’était plus miroir, non !
Il devenait vitre sans tache
Eau translucide roulant
Sur la roche des souvenirs
Poussant parfois un caillou
Jusqu’à ce qu’il résonne
Dans la clairière dénudée
De l’absence d’amour propre…
Chaque jour il marchait son soul
Usant ses chaussures sur l’asphalte
Avançant toujours plus loin
Jusqu’à cet abîme révolté
Qui s’ouvre dans la faille du temps…
Là, au bord de l’absence
Le souffle coupé par l’inspiration
Il hurlait à l’absolu son rejet
Jusqu’à ce que, sans voix
Il se mette à genoux
Et pleure l’assèchement aigre
De son personnage inexistant…
Il pouvait alors repartir
Secouant sa crinière rousse
Et heurtant les arbres effeuillés
Il avait vomi l’emprise du monde
Sur son être affaibli et douteux…
Plus rien ne lui dira sans cesse
"Edifie ton destin de roi
Et tourne ton regard vers l’avenir…"
Non, il privilégie le présent
L’herbe bleue des mers sans fin
Le chant des matins acidulés
Le goût chocolaté des soirs d’été
La rondeur des amours d’un jour
La splendeur de la fidélité
Le caprice ailé de la déraison
La baignade des commémorations
Et le plein éblouissement
De la révélation…
Puissions-nous, nous aussi
Conquérir cette étrange foi
Envers l’imaginaire débridé
En courant vers l’abîme
Qui engloutit le personnage
Et donne naissance à l’être
Celui qui est, qui était et qui vient
Dans toute la brillance
De sa chair nacré d’ignorance…

©  Loup Francart

24/06/2017

Réjouis-toi !

Réjouis-toi, être unique
Et contemple le monde
Avec les lunettes du bonheur !

Réjouis-toi, être revivifié
Et tourne ta face
Vers l’autre toi si vivant !

Réjouis-toi, être singulier
Et trouve en toi
Le trésor de ton intimité !

Réjouis-toi, être humain
Et ne cherche plus
Tu as réalisé l’unité !

©  Loup Francart

20/06/2017

L’espérance

L’espoir est un coup de poing dans le ventre
L’espérance est un débordement de confiture

L’espoir est rude et incertain
Il est terre à terre et provisoire
L’espérance est ronde
Féminine, miel pour l’humanité
C’est un trou dans la poitrine
Qui vous habite à tout instant
Et qui protège des coups de la vie

Certains pensent qu’elle est opium
Et que le peuple doit s’en libérer
Est-ce si sûr ?
Faut-il errer sans but ni intention ?
Faut-il ne voir que l’immédiat ?
Doit-on ne se fier qu’à la société
Et ne plus chercher en soi-même ?

Pour d’autres, c’est une vertu
Elle donne force d’âme
Et faire tendre l’homme vers le bien
Par le seul fait d’un idéal
Mais bien souvent la vertu
Reste un attribut difficile à acquérir
On la prêche, mais la pratique-t-on ?

Pourtant, peut-on vivre sans espérance ?
Son absence est cause de dépression
Voire de mise à mort volontaire
Son absence est un poids sur les épaules
Poids du néant, poids de l’inexistence
Ecrasé d’utilité, enfermé dans les organisations
L’homme a-t-il encore une liberté ?


L’espérance est-elle mystification ?
On la sort du chapeau en un clin d’œil
Et on la fait briller bien visible
Mais ce n’est qu’un morceau de verre
Dont l’éclat n’est qu’un reflet
Des incertitudes du destin
Et de l’ignorance inhérente à l’humanité

Et pourtant, envers et contre tout et tous
L’espérance vous porte, vous allège
Vous délivre, vous enchante
Elle vous accompagne à chaque instant
Elle est compagne de route
Et tient compagnie au fou
Qui n’a rien pour se protéger
Elle tire la pensée vers le haut
Et empêche la noyade dans le quotidien
Elle est le propergol de l’existence

Et jusqu’au dernier souffle
Elle vous conduit à l’amour
Pour soi-même et les autres
Pour le rêve et la réalité
Pour le matériel et le spirituel
Pour ce qui nous enfièvre
Elle fait de nous un chant
Qui clame la lumière
Que tout être porte en lui
Même s’il a du mal
A lui donner sa transparence

 ©  Loup Francart

16/06/2017

Fin

C’est la fin…
Qu’a-t-il ?
Rien, plus d’envie, plus de désir
Il est atone
Et son regard est vide
Il a bien tenté quelques jours
De faire semblant
En marquant un intérêt sordide
Aux vendeurs de mirage
Dans les rues de la casbah
Mais submergé de bagouts
Il s’est laissé aller
A la magie des mots
Et, soulé de paroles
Les a vomis sur le palier
Avant de se coucher
Environné de poètes
Pourtant la poésie n’est pas son fait
Il n’a jamais pu résister
A la pesanteur du silence
Et à la douceur négligée
Des draps de la volupté
Il enchaîne son vocabulaire stérile
L’enroule autour du cou
Et chauffe ainsi ses cordes
Pour proclamer sa vertu
Hélas bien petite
Depuis il se vautre dans la solitude
Et chante seul sa haine des autres
Et son espoir d’en finir au plus tôt

Mais de qui parlez-vous donc ?
Ne serait-ce pas de celui
Qui vous colle à la peau
Et qui vous ressemble
Comme deux gouttes d’eau ?
Oui, c’est bien mon double
Celui qui a pris ma place
Dans une vie fade et nauséeuse
Je l’ai longtemps regardé
Comme un compagnon intime
Aimable et guignolesque
Qui déchirait le commun des jours
Et l’ignorance des nuits
Mais il a pris trop de place
Et je le vois maintenant
Avide d’être et d’avoir
Plongeant en l’autre
Pour le déposséder
Et jouir de ses biens
Sans souci, avec condescendance

Que faire, l’assassiner ?
Le laisser s’épanouir en soi ?
Faire comme s’il n’était pas ?

Comment êtes-vous si sûr
Que cet être malveillant
N’a rien à voir avec vous ?
Il vous ressemble pourtant
En plus solide et avenant !

Qu’a-t-il de plus que moi-même ?

Il parle pour ne rien dire
Il dit sans rien penser
Il pense mais n’est rien
Qu’un oiseau chantant
Ses vers de mirliton
Qui font frémir le peuple
C’est la fin, la fin d’une vie
Qui ne pèse pas plus qu’une plume au vent
Et qui s’envole dans l’univers

Adieu, cher camarade
N’oublie pas ton double
Lui ne te laissera pas !

©  Loup Francart

11/06/2017

Deux vies

Nous avons vécu tant de jours brûlants
Tant d’heures intrépides et de secondes essoufflées
Que nous ne savons plus vivre simplement
 Main dans la main sur les couronnes de laurier

J’aimais courir dans les herbes hautes et mêlées
Te cueillir dans les bras de la victoire méritée
Surmonter dans tes yeux les défaites amères
Et toujours me recueillir dans la tiédeur de ton corps

Nous vivions en esprit, le cœur haletant
Légers comme l’air à l’automne de la vie
Sans attache à la pratique quotidienne de l’inquiétude
Nous laissions voler nos âmes et s’évanouir nos certitudes

Sur le dos de l’histoire, nous cavalcadions activement
Sans prévision ni soucis, sûrs de l’indulgence des nôtres
L’amour simple et nu nous tenait lieu de mémoire
Et courrait devant nous dans cette fuite hors du présent

Maintenant vient le temps des regards croisés
Tu me rêves toujours, enfant de tes désirs
Je te contemple, jeune fille sincère et enivrante
Nous partirons mêlés comme au moment du premier baiser

©  Loup Francart

10/06/2017

Pause

Prenez une pause insolite
Gardez-la au-delà du naturel

Surtout ne vous laissez pas submerger
Par la tension de l’attitude

Au contraire, laissez-vous étirer
Disjoignez vos extrémités
Explosez ce corps ramassé sur lui-même

Que vos mains s'échappent vers l’autre
Et que vos pieds s’éloignent l’un de l’autre
Que votre regard fixe le point unique
Où l’œil devient main et la main caresse

Déployez vos membranes ailées
Et, écartelé, devenez le vagabond
A minuit, de l’immense clair de lune
Qui berce vos souvenirs d’enfant
Et éparpille les trésors d’une nuit
Dans laquelle chaque nuage va vers l’inconnu

Alors, et seulement à ce moment
Rassemblez vos membres éparpillés
Regroupez vos pensées dans le cœur
Enfermez vos émotions au creux du ventre

Et, lentement, pleurez sur vous-même
Sur votre innocence perdue
Et votre transparence compromise

Le souffle de l’esprit vous prendra en douceur
Et vous conduira aux portes de l’infini
Là où le rien est plus que tout
Et le tout rien d’autre que l’abîme

Miel que cette tension rompue
Et ce lent passage sur l’ineffable

©  Loup Francart

06/06/2017

Echec

L’échec n’est le plus souvent qu’un mal passager…
Il arrive, repart sans qu’on y prenne garde
Mais il peut sans relâche vous accompagner
Et vouloir assurer votre arrière-garde...

Méfiez-vous ! Il vous envahit en copain…
Bientôt vous rend démembré à la pesanteur…
Plus de lumière intérieure, comme pour Aladin…
Rasé de près, vous sombrez en incubateur…

Plus rien en vous ne s’intéresse et n’est charmé
La morne plaine de vos passions démontées
Un désert barbare parce que nu et sans espoir…

Alors vous vous laissez aller et préférez
Vous tourner en vous-même et le vide contempler…
Ressaisissez-vous, ne vous laissez pas échoir !

©  Loup Francart

 

05/06/2017

Te souviens-tu

Te souviens-tu du clocher où fleurissaient les mousses de l’été ? Tu y allais souvent pour entendre les bourdons chanter.

Te souviens-tu encore du grincement des roues de bois sur le chemin du hameau ? Nous y allions ensemble voir passer les chevaux.

Je me souviens aussi de la rivière aux eaux rares qui se coulait entre les peupliers. Tu aimais le rire frais de ses rives embourbées.

Je me souviens de plus du bois vers qui sifflait dans la grande cheminée aux dalles odorantes. Nous y pressions nos dos courbées vers la chaleur des flammes dévorantes.

Les feuilles d’or des peupliers nous ont oubliés le jour où elles tombèrent. L4hiver et le temps ont enfouis leur mémoire au creux des terres amères.

Seul peut-être, le hibou aux grands yeux ronds se souvient des rires dans la nuit qui nous jetions au long des feuillées enneigées.

31/05/2017

Je veux vivre

Je veux vivre, disaient-ils
Ils se gorgeaient de mots
Ils s’emparaient de choses
 Et ces choses, ces mots
Ils en faisaient la vie

C’était des appareils de fer et de plastique moulé
Des moteurs tournant bien carrés dans leur caisse
Des chaises et des fauteuils pour ne pas s’assoir
Des tables à musée dans les salles à manger
Un musée limité à leur surface et paré de bibelots
Bibelots étranges et quotidiens possédés par caprice
C’étaient des mots savants, bien formés
Achevés par un isme et vêtus d’une majuscule
Les mots étaient tristes et leurs paraissaient faux
Ces mots sortis de la bouche des enfants
Qui ignorent encore l’ivresse des belles phrases


Ils vivaient, disaient-ils
Ils croyaient tout avoir
Ils avaient le savoir
Ils connaissaient la possession

Un jour, ils moururent
Et ils perdirent tout
Y compris leur âme…

©  Loup Francart

28/05/2017

Silence

Silence, voilà la nuit sur la ville
Un passant cherche la chaleur de l’obscurité
Autour du halo glacial des réverbères
Il va d’un pas rapide et étriqué
On ne voit déjà plus son chapeau
Mais on l’entendra longtemps
Si la fenêtre reste entrebâillée

Silence sonore des résonances
D’une ville prête à vous échapper
Où l’on n’a plus sa part de vie
Parce qu’elle est au monde de la nuit

Mais si cette ville n’est plus la nôtre
Que ne découvre-t-on pas en elle
Chaque bruit prend la consistance
Du rêve étrange de la connaissance

©  Loup Francart

22/05/2017

Inspiration

La nuit a fermé son poing sur la chambre
Tu ne paraîtras plus revêtue de blancheur
Entrouvrant l’huis de ton maigre membre
Avec le regard avide des chercheurs

T’aurais-je perdu au détour d’un couloir
Ou peut-être as-tu franchi le Rubicon
Et nous dis d’un mouchoir agité "au revoir"
Comme à des fantômes vivants au balcon

La nuit a perdu son obscure froideur
Et s’est parée d’intense poudre d’or
Repoussant au loin le spectre de la mort

Voici que surgissent les ambassadeurs
De l’étrange défilé de bulles enlacées
Montant vers la main au stylo accrochée

©  Loup Francart

17/05/2017

Jaillissement

Ne cherche rien…
Tout est donné…
Fixe-toi sur l’inconnaissable
Et laisse ta pensée sans amer…
Qu’elle divague sans but
Sur l’aplat des souvenirs
Et les vagues du présent

Rien ne doit t’atteindre
Ni l’obscur regard des morts
Ni l’éclat étincelant des vivants…
Navigue entre les deux
Dans cet état d’insuffisance
Où se love le vide…
Tu es en absence d’être
Dans l’apparence inhumaine
Des spectres entre deux eaux…

Vient la transparence insolite…
Déjà une lueur t’envahit
Sourde aux appels du monde…
Sens-tu ce tourbillon glacé
Qui poignarde ta gorge ?
Vishuddha est son nom
Un feu sans braises
Le puits de l’inconsistance
Une descente dans la dissidence…

Attirant et impalpable est
Ce lieu de rencontre des influences
Où aucune ne prend le pas sur l’autre…
Elles se mêlent les unes aux autres
Images éparses, sons différenciés…
Une tour de Babel qui tient
En un point unique se dévoilant
Et d’où jaillit la créativité
Telle une fontaine de vie…

 ©  Loup Francart

13/05/2017

Evasion

L’air monte et descend dans la colonne…
Doucement… Prends le temps de la distance
Et… contemple ta machine qui fonctionne
Ne t’identifie pas… Sois sans croyance…

Rien d’autre que ce piston qui va et vient
Et qui, peu à peu, t’entraîne à sa suite…
Laisse le rythme t’envahir pour ton bien
Et te convaincre de prendre la fuite

Ressens le souffle passer dans ta gorge
Dans sa montée, il efface ton être…
Puis… la descente avec un bruit de forge

Là, naît en toi la clarté bienfaisante
Qui fait fuir les soucis par la fenêtre
Et… rend ta virginité ignorante…

 ©  Loup Francart