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14/02/2020

Folie ?

 

Fou, l’était-il, cet homme vert de rage ?
Un point rouge au front, il se mit à l’abri
N’avait-il pas osé plonger dans le bleu des eaux
Et déambuler dans le jaune des moissons
Seul le blanc lui sied, mais sur fond noir
Alors il peut partir vers l’absence de couleurs
Là où rien ne se voit, mais où tout se sent
Il se laissa couler dans l’onde incolore
Et s’évanouit à leurs yeux de verre
Sans pouvoir prédire leur avenir incertain

©  Loup Francart

09/02/2020

vent ou fuite ?

C’est le bourdonnement inlassable du vent
Qui arrache les pensées et fait fuir la conscience
Il prétend connaître le monde des vivants
Mais la solitude efface la croyance

L’aridité est là, la poésie s’enfuit
Seuls demeurent les cœurs et la fuite en avant
Appuie, appuie, appuie sur le coupe-circuit
Ou ton corps passera, qu'il soit ou non savant

©  Loup Francart

06/02/2020

Peur

J’ai peur, peur de quoi ? De rien…
Mais j’ai peur d’avoir peur… De quoi ?
Je frisonne de peur, glacé de crainte
Sans savoir pourquoi !
Cette peur n’est pas crédible,
Elle s’enfonce en moi
M’environne de brouillard
Me donne des ailes vertes
Et une moustache bleue
Je plane au-dessus du nid
Sans savoir où me poser
Mais rien ne me décide
A garer mes pattes fragiles
Sur la surface étoilée…
J’y laisserais ma peau
Ou au moins mon calme
Je garde mes paroles pour moi
Regardant au loin les monts
Et marche sans vergogne
Jusqu’au bout de la route
Dans l’épaisseur de mon ennui
Va et ne dis rien, rien ne va plus
Plus lucide que la peur
L’absence me fait froid dans le dos
Car on ne sait où elle se tient
Je ferme les mains sur le rien
Et pourtant tu m’accompagne
De ton sourire moqueur
Et je vois dans tes yeux
L’ombre de ta satisfaction…
Allez, va et ne pense plus
La pensée est la peur des faibles
Et l’escalier des rêves…

©  Loup Francart

05/02/2020

Je suis couché

Je suis couché, ver de terre

Du creux des ténèbres montait une voix
La nuit fermait sa main étoilée
Sur les pierres sales et les fous

Tu riais. J’écoutais le chant de la terre

Cœur, un rond de douceur chaude
La flamme du désir
S’élève dans la houle de nos corps

Centaure aux bras d’étau
Vaste plaine

L’œil des juges prend les paupières baissées
Sur l’eau noire aux cercles rouges
Ta bouche s’ouvrait sur ton corps mobile
Le lac des caresses se mêlait aux torrents

L’ambre de ton cou se noyait au fond de nos mains avides

©  Loup Francart (1967)

02/02/2020

Temps présent

Demain sera toujours un autre jour…
Comment voir encore les jeunes filles
Deviser et rire dans les rues de Paris
Alors que la vie déroule son tapis
Sur les bosses du désaccord
Fuyez, mes amis, entre les pavés
Que vous avez longuement foulés
Perdez-vous dans les montagnes obscures
Ou noyez-vous dans la froideur de l’océan
Mais surtout ne restez pas sur le passage
Des révoltés haineux sans conscience
Seuls les innocents marchent sans espoir
Ni même crainte d’un avenir imprévisible

©  Loup Francart

29/01/2020

Sommeil

 

Est-il cru et nu
étendu sur sa planche ?
fleur écartelée

 

©  Loup Francart

28/01/2020

Eolien

 

IMG_7908.JPG

 

Une éternité

mais le mouvement est là

et nargue l'instant

©  Loup Francart

27/01/2020

Délire

 

Entrée dans le coton
Brouillard sans visage
Ombre de lui-même
Devenu autre et semblable
Il ne peut résister
Le mirage devient vrai
Plus rien n’existe que l’évocation
Il enfle sous les sollicitations
L’imagination le relance
L’irrépressible l’envahit
Et l’entraîne vers la chute
S’ouvre un délire bref
Le comble du bonheur

Dans quelques heures, de nouveau
Il fermera les yeux, s’ouvrira à l’inconnu
Et plongera dans l’existence noire…

©  Loup Francart

25/01/2020

Esclavage

 

Les hommes, comme d’éternels esclaves
Entraînent chaque jour la roue du passé
Ne connaissant d’elle que ce point de tangence
Qui imprègne dans le sol l’instant de sa présence
Derrière ne restent que les traces du regret du passé
Et au-devant l’espoir du futur dans un jardin sauvage

 

©  Loup Francart ( (écrit en janvier 1968)

23/01/2020

Ici et maintenant

Ils pendent aux murs comme des drapeaux
Délaissés, ils s’affaissent de tristesse
Qui donc viendrait voir ces oripeaux
Entourés de baguettes luisantes ?
Pourtant au cœur saignent leur volonté
De devenir les plaignants du grand jour
Quand l’homme se terrera de honte
Et couvrira ses épaules d’opprobre
Chaque tableau devient l’oriflamme
D’un monde converti à l’insolite
L’enfant est à leurs pieds, nu et vertueux
La faim le tient éveillé, les yeux las
La rage au ventre, bleu de froid
Tordu comme un vieil arbre craquant
Et les murs s’affaissent en silence
Sans un regard vers la débâcle
Oui, le monde est vaste, mais l’homme petit
Comme un moineau sur sa branche
A bientôt, le remord aux lèvres
Seul luit le bonheur d’être, ici et maintenant…

©  Loup Francart

21/01/2020

La vie

La vie… Rage d’exister…
Elle se diffuse, envahissante
Elle monte vers la liberté
Sans désir d’égalité
Au-delà de l’espace
Le temps s'échappe
La pulsion s’empare de l’être
Pour un moment seulement
Mais quelle promesse d’éternité

 

Arbre Moune.JPG

©  Loup Francart

20/01/2020

Ire

Vivre ou mourir :
Que choisir ?

Mieux vaut sortir
Et sourire
Sans renchérir
ou obéir

Séduire
Ne pas s’enfuir
Et chérir
Sans défaillir

Concourir ?
Quel rond-de-cuir !

©  Loup Francart

16/01/2020

Déchirure

Déchiré…
Les fils du papier flottent au vent
La rectitude des bords écarte la maladresse
Comment attaquer le parfait ?
Et pourtant combien il est tentant
De se réduire au simple fil du rasoir
Elle attaque des dents le tranchant
Explose d’un hochement de tête
Enrage de ne pouvoir déchirer sa minceur
Jusqu’au moment où il faiblit
Quelle victoire cette déchirure !
Alors elle poursuit son œuvre destructrice
Sans guide, sans règle de droiture
Se laissant aller par instinct et jeu
Les fibres se séparent indistinctement
Pouces et mains maintenant l’ouverture
L’œil égaré, impuissant et inquiet
Du plein naît le vide entraperçu
Une brèche ouverte sur l’inconnu
Comme un déchirement de l’être
Et un fer rouge dans le corps
Cette fois-ci elle sait que le cœur
A une autre consistance que le corps
Qu’il peut saigner sans déchirure visible
Rien que parce qu’il a cru, un moment
A la musique des anges, à l’attendrissement
Du couteau sur la gorge offerte
Adieu la consistance et la fidélité
C’est un monde sans valeurs
Qui te convoque au tribunal
Et rien ne t’a préparé à cette mascarade
De l’être englué dans la société

Va…
Ne te retourne pas
Garde ta virginité de prêtresse
Et pleure les larmes de ton cœur
En admirant l’incision sur ton flanc
Qui verse sa liqueur odorante
Pour protester de son innocence…

©  Loup Francart

13/01/2020

Sur le sable

 

Architecture
Rectitude de la pensée
Et pourtant le vent !

 

12-10-31 Cubre Pemrose horizontaux 1x1m.jpg

©  Loup Francart

12/01/2020

La cité perdue

Les tours d’acier se penchent sur le nid de la cité
Regard de leurs hublots sur le jardin des plantes
L’écureuil tressaille et le serpent avance en catimini
Comme les bras de velours sur la plage des plaisirs
Sans un bruit ni même un clin d’œil coquin
Paris te tient et l’air s’évade vers d’autres cieux
Ceux du rêve adouci de peaux de pêche
Enrobé des éclats de verre des amants séparés
Hommes debout sur leurs certitudes et envies
Femmes retournées aux seins vigoureux
Mêlés par inadvertance dans la sauce onctueuse
Des frottements insolites et des caresses osseuses
Le cri acerbe du veilleur engendre le trouble
Et tait les rires sous l’oreiller de la jeunesse
Sous le soleil couchant se lève les ombres
Qui auscultent les caves où danse l’avenir
Rien ne va plus dans la cité extasiée et frivole
La poésie prend son envol et s’exile dans sa maigreur
Laissant à l’abandon les cancrelats charognards

©  Loup Francart

08/01/2020

Chien

Il est revenu le tout-fou
Il n’a pas les yeux dans sa poche
Il sait tout de suite où se trouve le meilleur

Alors il tire la laisse du bonheur
Jappe de petits sons aigus par intermittence
Agite son museau partout où il peut

L’extase le prend, il en rit d’aise
Et met son menton sur vos cuisses
Fermant les yeux avec soupir
Esquissant un animal sourire serein

La fidélité est un bonheur
Qui oserait l’abandonner
Et pourtant que de contradictions
D’atermoiements et de non-dits

Il est là, simple. Il te regarde
Et tu vois dans son attitude
La naissance d’un bonheur parfait
Au-delà de la raison et du naturel

©  Loup Francart

02/01/2020

Lever de soleil

 

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Ce matin, le soleil a fait un looping dans le ciel.
Tout s’est trouvé sens dessus-dessous.
Les arbres pourtant si forts s’en sont mêlés,
Ils se sont mis à danser malgré leurs chaînes aux pieds
Ce fut un vrai miracle que tout retrouve sa place.
Le résultat fut beau, plus même, enchanteur et délirant.
La terre fut transformée et s’éleva dans les cieux,
Les cieux descendirent chez les humains et s’y trouvèrent bien.
Seul mot d’ordre : la beauté simple et gratuit
Pour ceux qui se lèvent de bon matin avec frère soleil
Et laissent se dilater leur cœur, s’exorbiter leurs yeux,
Tendre leurs mains au miracle de ces rougeoyants
Et prier à travers leurs doigts le créateur inconnu,
Si lointain et pourtant si proche qui réchauffe le cœur
Et fait mentir arrogants, septiques et aveugles
A ce spectacle unique qui fait monter les larmes aux yeux.

©  Loup Francart

24/12/2019

Veillée

 

Aujourd’hui, je suis la femme, la mère et l’enfant

J’attends… Il viendra cette nuit
Il ne frappera qu’à son heure
Et je passerai du plein au vide
Du corps à l’âme

Ne fais rien, ouvre-toi
Sors de ta chrysalide
Et deviens l’être intemporel
Qui survole le monde
Sans jugement ni préjugés

Tu es par la grâce de Celui qui Est

 

©  Loup Francart

17/12/2019

Mort ou vif

Vide… Consciencieusement, il fit le ménage
Mais pas un gramme de poussière
Plus rien ne reste de son passé

D’ailleurs a-t-il réellement un passé ?
Le passé n’existe que s’il détient un avenir
Sinon ce n’est qu’un décor sans motifs

Quant au présent, a-t-il une utilité ?
Oui, sûrement, cela justifie l’existence
Bien roulée sur elle-même
Confite dans sa justification

« Je suis, donc je pense », songea-t-il soudain
A l’instant même il mourût
Fort de n’avoir pu vivre !

©  Loup Francart

13/12/2019

Ecran

Un écran est avant tout protecteur
Ainsi tu mets des gants pour ne pas te brûler
Des lunettes pour regarder le soleil
Tu revêts un vêtement pour ne pas être nu

Parfois avec une épingle tu perces l’apparence
Et contemple l’abîme dans le tunnel
Tu vis une vie double derrière ta parure
Caché au regard de l’autre par feinte
Es-tu, toi ou celui qui se cache derrière ?

Tu glisses un doigt dans l’ouverture
Et tentes de divertir ta conscience innocemment
Mais tu ne peux toucher l’objet de tes convoitises
Tel le Graal nourricier, mais inaccessible
D’abord ignoré, tu sentis sa présence
Le jour où fut visible en toi l’amour

Désormais tu le portes en sautoir
Et ton cœur n’en rougit pas malgré l’obscurité
L’écran s’ouvre, écarte ses lèvres chéries
Et donne à voir ce qui semble inexpugnable

Le désespoir t’abandonne, la joie t’envahit
L’air entre dans tes poumons
Désormais plus rien ne te dérange
Tu es là, droit, le regard au loin
Et accomplit ton destin inconnu
Sans te poser la question du sens
Ni celle de l’absence

L’écran se dévoile et prend sa part
Que caches-t-il ? L’homme…

©  Loup Francart

09/12/2019

Je ne sais pourquoi

Je ne sais pourquoi
D’un si divin espoir
Occuper tous les soirs
Puis tomber en désarroi.

Je ne sais pourquoi
D’un si fol désespoir
Nourrir le morne couloir
Des pensées de mon choix.

Je ne sais pourquoi
D’un si ardent vouloir
Tirailler mon devoir
Pour mourir de bon aloi.

©  LF (écrit le 30 08 63)

06/12/2019

Naïf

Naïf ou trop habile
Qui donc le saurait mieux que toi ?

Le naïf est confiant
Il te prête ses pensées
Elles défilent sous ton nez
Parfois tu attrapes le bonheur
Un bon mot qui part tout seul
Et te comble sans savoir pourquoi
Un malheur est toujours possible
Lorsque tu dédaignes l’avertissement
Ainsi sont morts l’oiseau sans ailes
Et le chanteur sans voix

Le naïf est-il dupe ou niais ?
L’un d’eux me dit un jour
Pourquoi sortir puisqu’il faudra entrer
Un autre me susurra
Pourquoi entrer puisqu’il faudra sortir
Ils restèrent entre deux
Un pied sur chaque partie
Sans même pouvoir se séparer
Va voir, ils y sont encore !

Le naïf ou le rusé
Prendre l’un pour l’autre
C’est courir à sa perte
Ou recevoir la fortune
Sur un damier noir et blanc
Sans laisser d’alternatives

Le naïf serait-il un simple
Telle la fleur verte
Qui trompe son monde et meurt
De sa plaisanterie colorée
Mieux même, il peint les visages
De ses trois doigts triangulés
Et vend ses tableaux aux pauvres

Le naïf te croît, toi l’insaisissable
Tu apparais distant et nu
Tu cours à l’ombre des oliviers
Embrassant les belles femmes
Riant des enfants bavards
Pleurant avec les vieillards
Certes, tu es naïf, mais si simple
Qu’on repart le cœur nettoyé

©  Loup Francart

04/12/2019

Beauté

La beauté est le parfum de l’univers
Si subtile est son pouvoir
Qu’on ne peut la saisir directement
Pourtant elle tranche au sabre
Au-delà du désir de l’intelligence

Infime part du réel
Elle te plonge dans l’infini du monde
Une goutte de senteur
Qui te fait exsuder le meilleur de toi-même
Ombre des sens
Caresse de l’ineffable qui agite la chevelure
Mâle silence
Frémissant des signes du printemps
Tendre douceur
De l’émotion des corps rapprochés
Bref aperçu
De l’innocence de l’enfance dévoilée

La beauté seule
Donne le goût de la naissance du cosmos
Tu ne sais ce qu’elle est
Mais tu sais sa présence
Recueillie dans le calice de tes mains jointes

Tu t’incline sans bruit
Et rend grâce, environné de l’inexprimable

©  Loup Francart

02/12/2019

Reine d'un jour

Tu es morte et éprise de vie
Tout bouillonne en toi
Mais tu n’es pas servi
Par ton petit doigt

Qui compte le plus pour toi
Serait-ce ta peau de requin
Ou la sortie des bois
En te tenant par la main

J’ai pris ta plainte
Et ta lampe s’allume
T’exclames-tu, en conjointe
Fidèle dans la brume

Avance au large
Plonge dans l’arène
Mais sans surcharge
Ô toi, ma reine

©  Loup Francart

30/11/2019

Séduction

L’adolescente se pare de brouillard.
Quel est son lot dans cette cohue ?
Cachée par le maquillage, elle reluque
Les autres femmes dans leur transparence.

Que font ces filles au long bec acide ?
Ont-elles la vertu hasardeuse des pickpockets ?
Elles se couvrent de voiles épais
Pour cacher leur beauté translucide.

Dieu, quelle engeance et quel fardeau
Que ces mirages environnés de soleil !
Elles rient en groupes serrés,
Ricanant de leurs lèvres peintes,
Tournant leurs yeux de biche
Ouverts comme des soucoupes solitaires
Et filent sous la nappe de lin frais
Des coups de genoux aux plus offrants.

Plus rien ne viendra à vous, mes belles,
Sans un engagement de votre part.
Oubliez-vous et vous resplendirez
De bonheur fluidifiant sans préavis !

Mais déjà le disque d’or ferme la marche,
Envahissant de noirceur subtile
Le front des hommes égarés
Qui contemplent étonnés la manœuvre
De ces filles encore jeunes
Mais déjà rouées, dindes volatiles
Dans la basse-cour de la séduction.

©  Loup Francart

28/11/2019

Pourboire

Vêtu d’un filet d’eau, elle glisse entre toi
Et l’ombre de l’effort, offert aux plus vaillants
Son dos courbé de gloire te laissera pantois
Qui donc pourrait te dire qu’il te voit mécréant

Son doigt fin aspire tes larmes d’innocent
La douche est ambiguë et tu trembles d’horreur
A l’idée de la pluie sur le corps pâlissant
Et, douceur, pénétrant au fond de ton aigreur

Dans son ambiguïté, elle va plus loin encore
Elle ouvre ses jambes et déploie ses charmes
L’eau devient limon, requiert ton accord

Elle dérive et coule dans l’extase d’un soir
Riante de ses dents et mêlant ses larmes
Avec pour seul espoir obtenir un pourboire

©  Loup Francart

24/11/2019

Une seule vie

Douce comme toi jusqu’où iras-tu
Pour être aiguë comme lui ?
Le cœur tendre ou la peau dure
Tu ne sais que choisir
Où se trouve celui que j’aimais
Et qui me chérissait plus que tout ?
Je n’ai en face de moi
Qu’un modèle de bienfaisance
Qui n’est autre que la souffrance
Et l’aiguillon du paraître
Où se trouve le vrai ?
Où se trouve la vie
Lorsque la nuit monte
Et les bruits croissent ?
Cherches-tu toujours l’universel ?
Vois-tu toujours la bonté
Qui court le long des rues
Et grimpe dans les jambes
Des passants, même des assassins ?
Oui, l’homme est ainsi fait
Rien ne vient conforter l’espoir
Tous meurent de ne plus pouvoir vivre !

©  Loup Francart

16/11/2019

Nuit câline

Doucement, avec tendresse, il lape son café
Le chat ne lui arrive pas aux chevilles
Les ombres de la rue pleurent en écoutant la danse
Des rats dans la cave et des souris dans l’appartement
Les éclairs se succèdent, la tension monte
Le verre se déforme et le mercure explose
Dans la tête de qui vous précède, hautain
Il ouvre sa fenêtre et libère les odeurs
Qui partent vers la lune en chantant
Rien n’existe que le silence terrible
Qui assaille l’intercostal jusqu’au noir
Les souvenirs broyés en minces tranches
Ensevelis sous cellophane et ficelés
Sont prisonniers du maelstrom des caprices

Rien ne va plus, fiston, l’ordre règne
Vite, au lit et fait de beaux rêves

12/11/2019

Hiver

Ici, la terre s’endort bordée des dernières fleurs
L’obscur moineau sautille et plonge son bec en terre
L’eau s’évade sans bruit, s’écoulant sans douleur
Les pas marquent le sol d’un œil protestataire

La douceur rougit seule sous le froid égrainé
La femme se couvre et l’homme fait le dos rond
L’écureuil réjoui crée son garde-manger
Seul le poisson file et échappe au héron

S’instaurent le non-être et l’absence de bruit
L’ombre ne profile plus la présence d’autrui
L’herbe devient fouillis et va sans "verdoyance"

Peu à peu vient la mort, la nature s’effeuille
Afin de survivre ouvre ton portefeuille
Et laisse aller ta peine jusqu’à la bienveillance

©  Loup Francart

09/11/2019

Silence des nuits sans sommeil

Silence des nuits sans sommeil
Où le cœur marque inexorablement
L’écoulement des heures figées
Dans la pose de l’enfant endormi
Et que dehors, dans l’obscurité mouvante
La lune accomplit son périple immuable

Chaleur fade du poids de la veille
Dans la moite activité imaginaire
Des rêves du premier sommeil

Se lever et marcher sans l’obscurité
Sentir le carrelage froid sous le pied
Et l’odeur persistante du jour
Qui imprègne encore les pièces vides
Jusqu’à ce que la paupière lourde
Les membres las et la tête vide
Le corps replonge dans l’élément de son absence

©  Loup Francart (18 mai 70)