20/12/2010
Je veux vivre
Je veux vivre, disaient-ils
Ils se gorgeaient de mots Ils s’emparaient de choses Et ces choses, ces mots Ils en faisaient la vie C’étaient des appareils de fer et de plastique moulé Des moteurs tournant bien carrés dans leur caisse Des chaises et des fauteuils pour ne pas s’asseoir Des tables de musée dans les salles à manger Des bibelots étranges et quotidiens possédés par caprice C’étaient des mots savants, bien formés Achevé par un isme et vêtus d’une majuscule Les mots nus étaient tristes et leur paraissaient faux Ces mots sortis de la bouche des enfants Qui ignorent encore l’ivresse des belles phrases Ils vivaient, disaient-ils Ils croyaient tout avoir Ils avaient le savoir Ils connaissaient la possession Un jour, ils sont morts Et ils ont tout perdu
18:57 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : poésie, littérature, vie, chose | Imprimer
18/12/2010
Prêtresse
Tu es, par ta nature, vivante en toutes choses
Inscrite dans le rythme des saisons et des jours
Vibrante au regard de la vie et de la mort
Image de l’univers, attachée à son souffle
Tu es des éléments la terre et l’eau
Prêtresse du feu que tu entretiens
Nécessaire à la vie comme l’air
Centre de l’humain, indissociable du divin
Tu es l’essence des réalités ambigües
Plus élevée et, de toi-même, t'abaissant
Sainte et pécheresse, ange et démon
Vouée à l’état de ta féminité
Tu es l’inspiratrice et la compassion
Étrangère à l’histoire qui ne serait pas sans toi
Héroïque dans la peine de tous les jours
Modèle du repos et de l’immobilité
Tu es l’ordonnatrice des mystères familiaux
Régnant sur les enfants et les vieillards
Occupée sans cesse de ce lieu de l’être
Où tu est chez toi, où je ne suis que par toi
Tu es l’attente et la réponse
L’habitante des profondeurs
Celle qui est et qui n’apparaît pas
La souffrance, le silence et la joie
Tu es la plante fragile, mais éternelle
Calme et fraiche, enracinée et mortelle
Présence de l’éternité dans le temps
Immobile dans l’inévitable mouvement cosmique
Je suis ce que tu n’es pas, l’histoire
Attentif à l’existence dynamique des objets
Utilisateur du temps sans pouvoir en jouir
Je suis l’acte, tu es la nature
10:49 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : poésie, femme, cosmos, littérature, amour, famille | Imprimer
16/12/2010
Inconnaissance décalée
Lueur mauve de la nuit sur la ville
Par delà les toits luisants endeuillés de feuillages
Quand tu me dis regarde. Je te contemple
Statue de bronze et d’opale tiède
J’erre encore sous cet aspect de verre
Dans un désert barré de gestes
Le froid tombe et glace les membres
En d’étranges pauses où je te retrouve
Quand tu ouvrais les yeux
À l’ovale de ton regard arrêté
Sur l’immobile image d’amas de fer
Et de géométriques embrasements.
Allongé, détendu, j’ai plongé dans la nuit
Pour joindre à deux étoiles les lueurs de ton regard
Je me suis ensuite assis aux rivages de certaines vagues
Pour puiser une poignée d’écume et désaltérer
Un petit garçon qui avait vu leurs lueurs insolites
J’aurai pu franchir les cols les plus hauts
Et veiller de leurs contreforts sur le lac de ton souvenir
Pourtant je chemine encore dans l’amère étendue
D’une connaissance incertaine et mouvante
06:48 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, littérature, écriture, poème, décalage, imaginaire, aventure | Imprimer
03/12/2010
Flottants, les fils de mon être
Flottants, les fils de mon être
Se distendent sous le vent
Engagés dans la rue déserte
Ravalant les façades mornes
Arrachant quelques grains de pierre
Ils s’amassent au pied des portes
J’en ai pris une poignée
Et attendu patiemment que s’infiltre
Entre mes doigts disjoints
La poussière blanche et liquide.
Toi aussi, j’avais vainement tenté
D’assembler sur l’écheveau de mes souvenirs
Les fils ténus et fragiles de ton être
Mais tu as rejeté cet encouragement
Pour fuir sur le trottoir nu
Jusqu’à cette porte ouverte sur l’oubli
Parcourant la rue, remontant le courant
Projeté contre la muraille par les rafales
Je me soumets au déchaînement naturel
Courbé sur les pavés au goût de tes pas
Vert tendre, quand tu courais sur l’asphalte
Quand nous courrions ensemble les mains jointes
Élevés vers le ciel en guise d’offrande
Nous cheminions entre les colonnes détruites
Qui ombrageaient la place pavée d’herbes
Je recherche aussi, loin derrière toi,
Le chemin où nos pas se chevauchèrent.
Peut-être le hasard, ou déjà l’amour ?
07:09 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : littérature, poésie, femme, écriture, poème, culture | Imprimer
02/12/2010
La vie
La question de la vie pose celle du sens de la vie, celle-ci pose également la question de la mort et de son sens et, au delà, de ce qu'il peut y avoir derrière la mort.
Rien ne nous le dira, même si les "Near Death Experience" ou expérience de mort imminente semblent apporter quelques éléments de connaissance d'un au delà derrière la fin de la vie. Peut-être est-ce à rapprocher de l'antimatière découverte en 1931 par Paul Dirac, prix Nobel, l'un des créateurs de la physique quantique.
07:02 Publié dans 61. Considérations spirituelles | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : société, religion, christianisme, philosophie, littérature, vie, mort | Imprimer
27/11/2010
Naissance
Cette nuit, j’ai rompu ma coquille
A quoi servent les œufs à la coque ?
La mie est douce, mais elle gratte,
Quant à la croute, elle écorche.
Je suis couverte de cicatrices.
Elle était solide. On dit qu’il est impossible
De la casser par ses deux pôles.
C’est aussi vrai de l’intérieur que de l’extérieur.
Elle s’est tournée cette nuit.
Elle a même fait un bruit épouvantable.
J’avais l’impression de rouler sur du gravier,
Mais ce n’était que le rebord de l’évier.
J’ai reposé ainsi sur le côté, inquiète,
Il a fallu que je me retourne.
Demandez donc au caniche de se retourner,
Si c’est un tuyau de poêle, il aura du mal.
Je n’ai pas eu de mal. J’en eus quelques maux,
Non pas de tête, mais d’estomac (il était comprimé).
Bref, arc-boutée, j’ai poussé de la patte.
J’ai aussi le bec aplati, de naissance, prétend-on.
Je ne sais, car il a rompu la coquille.
Il fait froid, il fait noir,
Quels bruits bizarres.
C’est ainsi le monde.
Rendez-moi ma coquille.
07:52 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : littérature, poésie, poème, histoire, enfants, humour | Imprimer