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31/01/2011

Divination

 

Mystère de la simplicité. Quelques carrés dispersés créent le mystère. Est-ce la symétrie, l'équilibre, l'enchevêtrement des formes ? Le saurons-nous ? Mais sous l'oeil impassible, peu de pensées, un peu d'émotion.

La divination est l'art de deviner, de découvrir ce qui est ignoré ou caché en sortant des voies ordinaires de la connaissance.

Divination.JPG

30/01/2011

Ce matin, par inadvertance

 

Ce matin, par inadvertance, j’ai pris le métro,

Ce serpent souterrain qui court dans la moiteur

Des dessous de la ville et transporte mille fantômes

Somnambuliques, vers des destinations multiples

 

Je sortais de mon lit, encore engourdi

Mais l’œil clair des attentes d’un jour nouveau

Et entrais dans la chenille lumineuse

Pour prolonger mon rêve exotique

 

Quelle étrange morbidité enserre ces passagers

De noir vêtu et d’ennui revendiqué

Sur la pelouse de leur mortuaire dessein

Ils allaient en silence, dans leurs pensées amères

 

Tous de noire désespérance, écrasés d’allégeance

Au dieu de la mode ou de l’inconscient collectif

Ils se laissaient porter, indifférents

Jusqu’au terminus de leur indolence

 

Chacun d’eux dormait les yeux ouverts

 Sur la pâleur des publicités

Qui lui donnent la consigne

De se vêtir de noir, exclusivement

 

Les yeux baissés sur leur tiédeur communautaire

Ils se concentrent sans éclat sur leur aphasie

Ignorant la belle délicatesse des couleurs assemblées

Pour faire revivre et danser espoir et liberté

 

 

29/01/2011

La lecture, de Fernand Léger (1924)

Au premier abord le tableau ne m’a rien inspiré. Il était pour moi comme ces tableaux que l’on trouve dans beaucoup de maisons de province et qu’on a souvent envie de retourner tellement leur absurdité nous choque. Puis, en l’observant plus longuement, j’ai perçu une certaine harmonie d’ensemble, une certaine quiétude dans la forme du dessin comme si chacune des particules de l’air avait arrêté son mouvement pour laisser à la parole toute sa pénétration dans l’esprit et le corps.

 

La lecture, F. Léger.jpg

 

Les deux personnages, une femme assise dans un fauteuil soutenant sa tête d’un coussin et tenant un livre, l’homme, un bouquet de trois fleurs à la main qui tient maintenu un livre contre sa poitrine, ne sont pas plongé dans leur lecture, mais dans l’extase du rêve comme après avoir parcouru des yeux quelques lignes particulièrement belles. Leur attitude, figée dans une immobilité inquiétante, respire la rêverie qui est plus exactement matérialisée par la fixité de leur regard, un regard irréel, chargée de pensées intérieures, alors qu’en fait la forme même de l’œil n’est représentée que par une ellipse augmentée d’un trait supérieur pour formuler la paupière dans laquelle baigne un cercle noir, et cet œil, d’un dessin si simple et presqu’enfantin, respire toute la rêverie que peut contenir l’imagination d’un homme.

La tête de la femme, penchée sur le côté, le menton reposant sur la rondeur de l’épaule est l’idéal de la beauté féminine vers les années 1900, par le cercle presque parfait du visage que les cheveux épousent en larges plaques ondulées, par le dessin du sourcil qui continue en un même trait la forme du nez et de l’autre sourcil et dont les lèvres formées d’ombre semblent la base de cette colonne évasée. Les fleurs que l’homme tient délicatement entre ses doigts dont l’un, recourbé de manière anormale par rapport aux autres, donne justement l’impression du volume des fleurs, ressemblent à des nénuphars dont la fleur elle-même fait penser à des coupes de fruits qui contiendraient des prunes jaunes et dont on s’attend presqu’à voir quelques gouttes d’eau s’écouler à la base de leurs tiges.

Le volume et l’espace qu’occupent les corps dans le tableau est rendu avec puissance et vigueur par une simplicité enfantine du dessin des corps qui font penser à ces bonhommes de caoutchouc gonflé que l’on voit dans les vitrines des magasins. Mais combien leur attitude est pénétrée de l’extase et de la paix que donne la rêverie de la lecture et comme au fond sont humains leur gestes, la manière qu’a la femme de tenir son livre avec le plat de la main à demi refermée sur l’arête du centre du livre dont la base repose sur les plis de sa robe. Et ce geste de l’homme qui, pour tenir les fleurs dans sa main, appuie le livre du pli de son coude à son avant-bras contre sa poitrine.

L’ambiance du tableau reste volontairement tournée vers la contemplation par la forme des objets qui entourent les personnages. En fait, on ne distingue pas d’objets, mais des cadres constitués de traits verticaux et horizontaux où toutefois les traits horizontaux dominent, pénétrant par là l’esprit de tranquillité et de rêverie. Le temps s’arrête, l’intimité du couple est un filigrane invisible que l’on ne perçoit que par cette suspension du cheminement de la pensée entre le repos du corps et celui de l’esprit.

 

28/01/2011

La mort avait mis son scaphandre

 

La mort avait mis son scaphandre. C'était une grenouille de caoutchouc dont l'enfer était les gouffres marins.

Je la suivis une nuit. Et je rendis visite aux entrailles de la terre. Les eaux étaient vert sombre, les roches jaune clair. Un hublot me protégeait de ce monde difforme. L'architecture marine a la bizarrerie d'un jardin d'hiver : pâle, lent, secoué d'irrésistibles tressaillements. Les herbes folles défient le regard des absents et gonflent leurs pédoncules de lourds cheminements. Miroir de la réversibilité, quand l'onde reflue et imprime un mouvement contraire à la prolongation de l’élan antérieur. Alors une longue déchirure surprend le promeneur solitaire et lui rend la consistance des vivants.

Dans mon enfance, à la maison, se trouvaient des vitres jaunes qui déformaient d'un côté, mais restaient transparentes de l'autre. Je montais sur la fenêtre pour regarder la pièce, un débarras moisi où s'entassaient de prodigieux trésors. Depuis, l’irrésistible penchant à rechercher ce qui se cache derrière la porte. Je n’ai pas encore trouvé, mais le simple fait de chercher me procure un indicible plaisir que je ne saurais abolir.

 

 

 

27/01/2011

La tête rouge d'Amedeo Modigliani

Dans la nuit de l'esprit, surgi des profondeurs de la mémoire, apparaît le souvenir d'une inconnue.

Comment préciser cette tête rouge tuile dont on ne connaît que la forme allongée sur la surface gris-bleu des réminiscences informelles ? Peut-être ces lèvres au dessin précis qui semblent l'origine même du souvenir, le point de départ du travail de la mémoire qui s'efforce de préciser tant bien que mal les contours de ce visage autour de la courbe veloutée de la lèvre. Aussi l'ombre gagne-t-elle le contour du crâne nu. Il n'y a qu'un œil dans cette tête rouge, sans doute parce qu'on ne se souvient jamais du regard complet des gens, mais d'un soudain éclat entrevu brièvement.

Qui est-ce ? Une femme, mais qui ? Péripatéticienne ou élégante ? Elle se laisse deviner ou plutôt on imagine sa consistance sans percer le mystère.

La tête rouge-Modigliani.JPGLa tête rouge, d'Amedeo Modigliani

 

" D'un œil, observer le monde extérieur, de l'autre, regarder au fond de soi-même" (Amedeo Modigliani) 

26/01/2011

Ce que je voudrais être

 

Ce que je voudrais être pour toi

Ce n’est ni la force, ni le savoir

Ni l’orage, ni le torrent, ni la tempête

Mais le refuge de tes regards

Le lac, la vallée et le logis

Je serai aussi pour toi

Les piliers de ton temple de vie

Celui qui sera toi et rien d’autre

L’ombre de ta démarche joyeuse

Le soleil du repos de ton âme

Et si parfois un vent léger se lève

Et t’éloigne quelque temps du lac

Ton regard suffira à me dire les saisons

Et la raison de nos émerveillements :

Un amour comme une fleur éclose

Aux premières heures du jour

Aux premiers temps de notre jeunesse

Que la lumière épanouit

Que les baisers reposent

Un amour qui ne dure qu’un jour

Parce que chaque jour le voit différent

Un amour qui n’en est plus un

Parce qu’il sera à la fois l’amour

L’amitié, l’estime et respect

Un amour qui est plus que l’amour

Parce qu’il sera bien d’autres choses encore

 

 

25/01/2011

Inversion

Une inversion est le renversement de l'ordre habituel des choses. Cela peut concerner la localisation d'un objet par rapport au plan habituel de symétrie ou encore les effets 3D d'un dessin. L'inversion concerne aussi le creux derrière le plein, l'invisible derrière le visible, la rencontre des opposés.

L'inversion, c'est l'étrangeté de la vie lorsqu'un coup d'oeil modifie notre perception habituelle des choses.

 

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24/01/2011

Divergence

Dans la calme sobriété des cellules se cachent quelques anomalies qui conduisent à des divergences plus en plus aigües. La beauté de l'harmonie tient au fait de son instabilité et des efforts à accomplir pour l'obtenir et la conserver.

 

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23/01/2011

Les flambeaux étaient des mains

 

Les flambeaux étaient des mains

Et leurs bras étaient ma mort

De longues rides sillonnaient leur bronze

 

Les quais étirent paresseusement leur pierre

Et la statue jette sa main en l’air

Tandis que le jaune égraine ses écailles de feuilles

Sur le gravier qui frôle ses pieds nus

 

Les deux fêtards se tournent le dos

Alors que brûlent leur veston

Et que les notes s’envolent dans le froid

Gémissantes sur ce doigt alangui

 

Blonde est ma chambre que cachent ses ombres

 Et les têtes des candélabres me surveillent

De leurs yeux de feu dans la glace piquée

 

Au plafond courre un cheval de plâtre

Autour de la lampe noircie par le soleil

 

Le marbre de la cheminée est nu

Je vois ses veines et son teint de cadavre

Qui jaunit déjà par endroits

 

Derrière une forêt de grands tuyaux

Des pattes d’échassier aux ailes ployées

Écrasent de leur ombre la paresse du tapis

Et la lyre du piano allonge ses pieds

Sous ma chaise aux grands cheveux de paille

 

Sur les riantes parois de la bibliothèque

Les cloques de l’acajou ont crevé ça et là

 Laissant la chair claire pénétrée de lumière

 

Dors donc me dis la rose qui repose…

 

 

22/01/2011

Les objectifs de l’équitation française

(suite de la note du 10 janvier sur l'harmonie en équitation) 

 

Cette recherche de l’harmonie s’exprime à travers deux objectifs propres à l’école française :

 

v     la légèreté :

 

Ø      du cheval

Cet objectif proprement français se retrouve aussi bien dans l’équitation sportive que dans l’équitation de dressage et constitue plus qu’une simple technique.

Il ne s’agit pas bien sûr d’une simple recherche de la légèreté de la bouche, propre à la plupart des débutants. Pour reprendre l’expression du Général L’Hotte, le caractère de la légèreté réside dans la flexibilité élastique et moelleuse de tous les ressorts et ne pourra être acquis qu’après la disparition complète des résistances, c’est à dire de toutes les contradictions inopportunes. Cette légèreté est autant nécessaire au cheval d’obstacle qu’au cheval de dressage.

L’objectif de légèreté est étroitement lié à la mise en application de trois principes:

. l’impulsion,

. la rectitude.

. l’équilibre,

L’impulsion est première et indispensable. Mais elle doit être dirigée, c’est le rôle de la rectitude. L’équilibre vient ensuite et conduit à la légèreté dans le travail des allures.

Ces trois principes sont suffisamment connus pour ne pas être développés ici. Il serait cependant intéressant de montrer en quoi ils concourent à la légèreté et quels sont les techniques qui permettent de les obtenir.

 

Ø      du cavalier

Au delà de la légèreté dans l’emploi des aides et la légèreté de l’assiette, tant dans l’équitation de dressage que dans l’équitation d’obstacles, la véritable légèreté se manifeste à travers ce que le Général L’Hotte appelle le tact équestre.

 

« Enfin, vient un sentiment tout spécial, dénommé tact équestre, et qui a dans son domaine de faire discerner la nature, bonne ou mauvaise, des contradictions du cheval, de guider le cavalier dans l’à-propos et la mesure de ses actions? Ce sentiment, que le travail développe mais ne saurait faire naître, est aussi nécessaire à l’écuyer, c’est à dire au cavalier artiste, qu’est indispensable au peintre le sentiment du coloris, au musicien le sentiment de l’harmonie des sons.

Général L’Hotte, Questions équestres

 

 Ici aussi, certains principes sont propres à l’équitation française :

. l’indépendance des aides ;

. le liant de l’assiette et surtout des aides avec le mouvement du cheval ;

. la correction de l’équilibre par le poids du corps plus que par l’emploi des aides.

 

v     la libre expression de la personnalité

 

Ø      du cheval

L’harmonie ne peut être atteinte par la contrainte. Elle apparaît par le développement et l’amplification des mouvements naturels qui ont toujours été recherchés par l’équitation française. C’est la définition du Général L’Hotte : le cheval allant et se maniant comme de lui-même.

 

Ø      du cavalier

La formation du cavalier ne peut constituer un moule dans lequel celui-ci doit trouver sa place. Elle doit permettre d’acquérir un cadre, des limites, des références qui lui permettront d’exprimer les qualités propres à l’école française sans contraindre ses propres aptitudes naturelles et sa personnalité.

C’est sans doute pour cette raison que jusqu’à présent n’a pas été formulée nettement une doctrine de l’équitation française. L’enseignement de techniques et de savoir conduisent généralement vers la constitution d’un bon corps d’exécutants, mais empêche bien souvent le développement de l’imagination créative et la recherche d’un style propre. Or il semble bien que le génie réel de la France aille à l’encontre de ce qui se pratique dans nos écoles et universités. Il ne s’exprime que lorsqu’il dépasse le bagage acquis pour s’enfoncer vers les eaux claires de la découverte et de l’expression de sa propre personnalité.

 

 « L’art n’est pas une science que fait avancer pas à pas l’effort impersonnel des chercheurs. Au contraire, l’art relève au monde la différence : chaque personnalité, une fois ses moyens d’expression en mains, a voix au chapitre. »

Paul Klee, Théorie de l’art moderne

 

            Cependant cette formation ne doit pas non plus se concentrer sur la recherche exclusive de l’expression de la personnalité. Elle doit permettre au cavalier de découvrir et d’assimiler les principes communs de l’art équestre et de le faire progresser.

 

« Le même guide infaillible conduira l’artiste dans son ascension : le principe de la Nécessité intérieure.

Cette Nécessité intérieure, trois nécessités mystiques la constituent :

×   Chaque artiste, comme créateur, doit exprimer ce qui est propre à sa personne. (Élément de la personnalité.)

×   Chaque artiste, comme enfant de son époque, doit exprimer ce qui est propre à son époque. (Élément de style dans sa valeur intérieure, composée du langage de l’époque et du langage du peuple, aussi longtemps qu’il existera en tant que nation.)

×   Chaque artiste, comme serviteur de l’art, doit exprimer ce qui, en général, est propre à l’art. (Élément d’art pur et général qu’on retrouve chez tous les êtres humains, chez tous les peuples et dans tous les temps, qui paraît dans l’œuvre de tous les artistes, de toutes les nations et de toues les époques et n’obéit, en tant qu’élément essentiel de l’art, à aucune loi d’espace et de temps. »

Kandinsky, Du spirituel dans l’art

   

 

*   *   *

  

            Il est évident que ces quelques éléments ne constituent que des pistes de réflexion sur une possible expression de ce qui constitue la particularité de l’équitation française. Il faudrait maintenant s’attacher à développer l’ébauche des objectifs et à les relier aux techniques propres à chaque discipline. Sans doute est-ce un des rôles de l’École Nationale d’Équitation.

Cependant, il importe de comprendre le tissu culturel qui conditionne la particularité de notre équitation et de réaliser que l’équitation, en tant qu’art et discipline sportive, ne peut se limiter aux techniques :

 

« Il importerait de reconnaître, à la fois pour le passé et pour le présent, que tout art qui satisfait pleinement est une création dans laquelle se manifestent aussi bien les pouvoirs de la main que ceux de l’âme et ceux de l’esprit. »

Joseph-Emile Muller, L’art moderne

 

21/01/2011

Enfermement

Un monde à l'espace fermé, ville dans la ville, dont la symétrie laisse le regard perdu.

 

LOSANCHENG 4.JPG

20/01/2011

Silence des nuits sans sommeil

 

Silence des nuits sans sommeil

Où le cœur marque inexorablement

L’écoulement des heures figées

Dans la pose de l’enfant endormi

Et que dehors dans l’obscurité mouvante

La lune accomplit son périple immuable

 

Chaleur du poids de la veille

Dans la moite activité imaginaire

Des rêves du premier sommeil

 

Se lever et marcher dans l’obscurité

Sentir le carrelage froid sous le pied

Et l’odeur persistante du jour

Qui imprègne encore les pièces vides

Jusqu’à ce que la paupière lourde

Les membres las et la tête vide

Le corps replonge dans l’élément de son absence

 

 

19/01/2011

Les débuts du chant liturgique chrétien

Suite des réflexions sur la musique sacrée (catégorie musique) :

 Le chant liturgique est avant tout proclamation de la parole de Dieu et expression de la foi des hommes. Il est certes lié à la culture du moment, mais est également intemporel. Les premiers chants liturgiques chrétiens sont donc issus de la tradition synagogale, puis ont évolué différemment selon les lieux et leur culture. Quelques éclaircies sur ces débuts :

 

Les débuts du chant liturgique chrétien.pdf

18/01/2011

Eclatement

Un éclatement est l'action de se briser violemment et de diviser un ensemble en de nombreuses parties. Mais il peut aussi être synonyme de naissance d'un nouveau système qu'il soit physique ou conceptuel. L'éclatement, c'est le mystère de l'inconnu, l'ouverture au tout autre, le rêve qui finit ou devient réalité.

 

Eclatement 1.JPG

 

 

 

 

 

17/01/2011

L'eau morte

 

L’eau morte coule le long des tuyaux

Et j’entends son gargouillis dans le creux de ma main

 

Goutte à goutte le temps s’écoule

 

Les gens dans leur bêtise hautaine

Glissent sur les trottoirs embués

Tandis que l’œil morne des fenêtres les observe

 

Une main fine a essuyé la larme qui creuse l’œil

D’un geste mouillé et gémissant

 

Les rues fuient les rues sans se séparer

Labyrinthe de bruits et de regards

 

Et la nuit abat sa longue cape de deuil

 

L’eau ruisselle et éponge le son des pas

Et les passants cachent leur misère

Derrière un col ou sous un parapluie

 

Marche continuelle et pressée

Qui ne finira jamais en danse effrénée

 

Le fer de mon balcon a perdu sa beauté

Comme les volets ont fermé leurs bras

 

Les ombres regagnent la clarté enfermée

Dans le sein des flancs de ces rues

Pendant que s’étend la grande bête noire

 

Goutte à goutte le temps s’écoule

 

 

16/01/2011

La musique grecque antique

Suite des réflexions sur la musique sacrée (catégorie musique) :

La musique ne commence pas avec la Grèce, mais les Grecs furent les premiers à s'intéresser aux éléments de théorie qui permirent le développement d'une vision philosophique et physique de la musique et des premières notations facilitant la mémorisation de la forme musicale chantée ou jouée. Musique sacrée certes, mais pas au même sens que nous l'entendons de nos jours. La musique était le ciment de la société grecque au même titre que le théâtre. Aussi importante que la philosophie dans l'éducation grecque, la musique était considérée comme la "mère de tous les arts".

Plongeons nous donc dans les origines de la musique !

Musique grecque antique.pdf

A écouter :

 

15/01/2011

Mante religieuse

On l'appelle « religieuse » en raison de ses pattes antérieures qu’elle replie comme pour prier. C’est une apparence trompeuse. Elle est en réalité à l’affût. Ces « pattes ravisseuses » peuvent se déplier en une fraction de seconde pour s’abattre sur la malheureuse victime. Le crochet qui les prolonge se plante comme un harpon dans le corps de la proie.

Cet insecte incarne la terreur des victimes face aux bourreaux, d'autant plus que la femelle a parfois la mauvaise habitude de dévorer le mâle après ou pendant l’accouplement.

Mante de fer ou manque de père, que choisir ?

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14/01/2011

Les pieds à l'horizon

 

Les pieds à l’horizon, le corps au zénith

Tes genoux formaient le globe de ma terre

Où je reposais naufragé d’un océan indifférent

Je levais le regard à l’ombre de tes étoiles bleues

Deux étoiles qui dansaient à l’innocence du feu

Recréant d’elles-mêmes la chaleur d’autres planètes

Une terre à l’envers du creux de mon cou

Ma joue abritait parfois l’ombre de ta main

Bien qu’elle soit petite. Mais l’ombre s’agrandit

À l’angle du souvenir. Je ne peux plus chercher

Dans l’arrondi de ma paume la mémoire

Des formes de la tienne. Aurait-elle déjà oublié

De quelle étrange sensation elle se revêtait.

Tu fermes les yeux comme un rideau de théâtre

Entracte ou fin ? J’attends les acclamations pour savoir

Un rideau noir, avec des franges recourbées

Noir comme le vent ou de la fumée

Un rideau noir, l’auteur s’y cache

A quoi sert sa ligne bleue

Doublée pour les ivrognes ou le borgne ?

Après l’entracte, la pièce commence

Elle est toujours différente, pourtant les entractes se succèdent

L’acteur n’a pas fini de signer les autographes

 Alors tu biographes jusqu’au jour du mot fin

 

 

13/01/2011

La pileuse

Que faire de tous les morceaux de fer inutilisés dans une maison ? Faites-en des sculptures. Selon votre imagination elles prendront forme, puis deviendront des objets familiers apportant un peu de poésie dans le quotidien.

La pileuse regarde au loin, rêvant vers le fleuve, tout en travaillant nonchalamment.

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12/01/2011

Yantra

Un yantra  (mot sanskrit qui veut dire « instrument de maîtrise ») est une figure géométrique tracée matériellement ou mentalement pour dompter le mental et maîtriser les forces cosmiques. De tradition indienne, tant hindoue que bouddhique, c'est un support de méditation qui révèle les concepts et aspects du monde et permet d'accéder à l'unité.

Au delà du dessin immédiat se cache de multiples formes ou aspects géométriques différents qui donnent des visions particulières de l'image générale. L'esprit contemple et laisse surgir en lui un monde déconcertant, mais ordonné.

 

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11/01/2011

Silence, voilà la nuit sur la ville

 

Silence, voilà la nuit sur la ville

Un passant cherche la chaleur de l’obscurité

Autour du halo glacial des réverbères

Il va d’un pas rapide et étriqué

On ne voit déjà plus son chapeau

Mais on l’entendra longtemps

Si la fenêtre reste entrebâillée

 

Silence sonore des résonnances

D’une ville prête à nous échapper

Où l’on n’a plus sa part de vie

Parce qu’elle est au monde de la nuit

 

Mais si cette ville n’est plus la nôtre

Que ne découvre-t-on pas en elle

Chaque bruit prend la consistance

Du rêve étrange de la connaissance

 

 

10/01/2011

Le but à atteindre : l'harmonie

(suite de la note du 9 janvier)

 

 L’esprit de l’équitation française s’exprime à travers ce qui n’est d’abord qu’un sentiment fugitif, qui peu à peu devient une expérience renouvelée et que l’on pourrait nommer l’harmonie. Celle-ci constitue le but à atteindre.

 

            Cette harmonie est une sensation, une émotion, un sentiment privilégié et fugitif qui donne au cavalier l’état de grâce qui transforme sa pratique de l’équitation en art. Elle conduit le cavalier à sans cesse se dépasser pour la retrouver. Elle n’est pas réservée aux seuls grands maîtres du dressage et constitue ce qui permet aux champions de l’équitation sportive de remporter la victoire malgré les pressions qui s’exercent sur eux pendant l’épreuve.

            Elle est palpable non seulement pour le cavalier, mais pour ceux qui partagent et communient à ces moments : connaisseurs, mais aussi spectateurs, même non initiés.

 

            Pour le spectateur, l’harmonie n’est pas directement perceptible. Celui-ci n’éprouve qu’un sentiment de perfection et de facilité face au couple accompli du cheval et du cavalier évoluant sous ses yeux. Ce sentiment l’amène ensuite trop souvent à critiquer ceux qui n’arrivent pas à cet état de grâce, sans qu’il comprenne la longue quête du cavalier pour arriver à cet accomplissement. Ainsi l’harmonie s’exprime d’abord par l’impression d’aisance et de communion, donc de rapports naturels et faciles à obtenir.

 

            Pour le cavalier, l’harmonie est le but à atteindre. Cette harmonie est l’aboutissement d’une ascèse, la réalisation dans l’instant d’années de travail et de pratique. Elle est au delà de la technique ; elle l’utilise, mais la dépasse.

 

« Le sens de toute pratique n’est pas la performance parfaite en elle-même, mais ce qui advient à l’homme qui l’exécute. Naturellement cette performance reste le but, mais elle prend sa signification dans l’homme qui l’accomplit. La purification et la transformation de l’homme se réalise par un effort juste vers la technique parfaite. Le sens de celle-ci est cependant tout autre que si l’importance se concentrait uniquement sur l’exécution elle-même. Pratiqué dans l’attitude juste, comme un moyen de progresser sur la voie, l’exercice modifie l’homme. Réciproquement, sa transformation intérieure devient la condition, non seulement nécessaire mais suffisante, de la plus haute perfection technique. Un talent est toujours la marque d’un entraînement. Mais dans l’art supérieur, la technique est devenue le fruit d’un exercice par lequel le talent lui-même exprime la métamorphose par l’Être. »

Graf Dürkheim, Le zen et nous

 

            C’est l’atteinte de cette harmonie qui transforme la science des techniques équestres en art. Au delà de la technique acquise et pratiquée va se révéler à un moment donné un état de grâce entre le cavalier et son cheval qui, en toute lucidité de la part de l’un et de l’autre, va permettre au couple d’exister, de se révéler, d’être dans sa pleine existence. Cet instant d’harmonie totale non seulement permet la victoire en compétition, mais enrichit le cavalier et le spectateur parce qu’il dévoile la grandeur et la beauté de la vie. C’est un accomplissement intérieur qui fait prendre conscience des liens et des énergies existant entre l’homme et le cheval, entre le couple et le monde dans lequel il évolue. La technique devient art parce qu’elle fait naître la transparence à la transcendance et parce que celle-ci se manifeste visiblement.

 

« L’harmonie des formes doit reposer sur le principe du contact efficace de l’âme humaine. Ce principe a reçu le nom de principe de la nécessité intérieure.

Est beau ce qui procède d’une nécessité intérieure de l’âme. Est beau ce qui est beau intérieurement.

Kandinsky, Du spirituel dans l’art

 

 

            L’harmonie se manifeste par la beauté, beauté au delà des normes académiques, faite de la perception du mystère du monde et de la vie et de la part de l’homme dans le dévoilement de cette beauté. Elle donne un sens profondément humain à ce qui peut ne sembler qu’un loisir, qu’un sport, qu’un moyen de jouir de sa vie ou de la mettre en valeur.

 

« Un jour un saint s’arrêta chez nous. Ma mère l’aperçut dans la cour, faisant des culbutes pour amuser les enfants.

- Oh! me dit-elle, c’est vraiment un saint : tu peux, mon fils, aller vers lui.

Il mit la main sur mon épaule et me dit:

- Mon petit, qu’est-ce que tu comptes faire?

- Je ne sais pas. Que voulez-vous que je fasse?

- Non, dis ce que tu veux faire.

- Oh, j’aime jouer.

- Alors, veux-tu jouer avec le Seigneur?

Je ne sus que répondre. Il ajouta:

- Vois-tu, si tu pouvais jouer avec le Seigneur, ce serait la chose la plus énorme qu’on n’eut jamais faite. Tout le monde le prend tellement au sérieux qu’on le rend mortellement ennuyeux... Joue avec Dieu, mon fils. Il est le suprême compagnon de jeu. »

Gopal Mukerji

 

 

« La beauté est une chose difficile qui ne se laisse point atteindre ainsi. Il faut attendre ses heures, l’épier, la presser et l’enlacer étroitement pour la forcer à se rendre. La Forme est un Protée bien plus insaisissable et plus fertile en replis que le Protée de la fable. Ce n’est qu’après de longs combats qu’on peut la contraindre à se montrer sous son véritable aspect. Vous autres, vous vous contentez de la première apparence qu’elle vous livre, ou tout au plus de la seconde ou de la troisième; ce n’est pas ainsi qu’agissent les victorieux.

Balzac, Le chef d’oeuvre inconnu

09/01/2011

L'esprit de l'équitation française

(suite de la note 08/01/2011)         

  

             En appliquant à l’équitation française ce processus, il faut avant tout se poser la question de l’esprit de cette équitation. Est-elle réellement différente des autres, constitue-t-elle réellement une école distincte, même si celle-ci n’a jamais été caractérisée et exprimée clairement par ceux qui s’en réclament?

 

            A cette question, il semble bien que l’on puisse répondre oui. L’équitation française se caractérise avant tout par la recherche du développement des qualités et aptitudes naturelles du cheval. Alors, à travers l’accomplissement le plus parfait de sa monture, le cavalier s’accomplit lui-même. 

 

            L’équitation française est donc l’expression d’une philosophie de la vie et non uniquement une pratique différente de celle des autres pays. Fort heureusement et sans doute parce que les grands cavaliers n’étaient pas tous des hommes de pensée, l’art équestre français n’est pas tombé dans l’abus de rationalité propre à notre système de pensée. Il a conservé la pureté de l’union des sens, des sentiments et de l’intellect et n’érige pas en système des techniques, même s’il en privilégie certaines.

 

            Cette philosophie découle de la tradition proprement française résultant d’une fusion harmonieuse entre l’héritage du christianisme du premier millénaire et la découverte ou redécouverte de l’humanisme. Elle représente une certaine idée de l’homme, de son accomplissement à travers les rapports qu’il peut avoir avec les autres et le monde. Elle précède la tendance occidentale apparue au siècle des lumières où l’homme cherche à s’imposer au monde. Elle consacre une vision plus large de l’accomplissement comme une harmonie entre l’homme, le monde et Dieu. Elle est souffle, mouvement et vie et s’exprime à travers la beauté naturelle. Un bon exemple de cette philosophie peut être donné par la pureté, la spontanéité et la profondeur des alléluias grégoriens de l’école gallicane.

 

            Contrairement à ce que pense La Guérinière, il est compréhensible qu’en dehors des écrits techniques des grands maîtres, il n’y ait pas une théorie plus générale sur l’équitation française. Cette discipline n’admet pas la notion de système apparue en parallèle avec le développement des sciences et techniques. Elle est le fruit d’un savoir être que l’on ne théorise pas et qui se transmet par apprentissage plus que par savoir. Mais cette transmission n’est possible que par ceux qui en ont réalisé l’esprit dans la pratique.

 

« Je regrette que les grands maîtres, tels que les Duplessis et les de La Vallée, qui firent tant de bruit dans les temps heureux de la chevalerie, ne nous aient point laissé de règles pour nous conduire dans ce qu’ils avaient acquis par une application sans relâche et d’heureuses dispositions. Je déplore cette disette de principes qui fait que les élèves ne sont point en état de discerner les défauts d’avec les perfections et n’ont point d’autres ressources que l’imitation »

La Guérinière

 

« Aucune méthode, quelque logique et bien ordonnée qu’elle puisse être, ne saurait donner des résultats infaillibles. Toute action équestre exige, pour obtenir l’effet qu’on en attend, ce qu’aucun écrit ne saurait donner: l’à-propos et la mesure, autrement dit le tact équestre.

Général L’Hotte

08/01/2011

L'équitation française

Je vais consacrer quelques notes à la recherche d'une vision ou d'une doctrine de l'équitation française. M'étant investi dans ce domaine pendant plus de dix années de manière quasiment professionnelle, je souhaite apporter ma pierre à des réflexions trop souvent techniques. Or l'art équestre n'est pas seulement technique, c'est aussi un état d'esprit, voire un accomplissement personnel grâce à la médiation du cheval.

 

Une doctrine est l’expression de l’esprit qui anime la pratique d’une discipline. Elle ne saurait se définir par des techniques à enseigner qui n’en constituent que la lettre. La doctrine répond à la question « pourquoi? », alors que bien souvent on se contente de réduire l’enseignement au « comment ?». Elle est donc l’expression d’une philosophie sur la discipline enseignée et doit être reliée à une certaine approche de la vie et aux grandes questions qui préoccupe l’homme : sa place et son rôle dans le monde, ses rapports intimes avec celui-ci.

 

            L’esprit d’une discipline rejoint le mystère de l’esprit humain. Il se situe à la frontière de l’exprimable et de l’inexprimable, dans ce « nuage d’inconnaissance » au delà de la connaissance du maître acquise par des années de pratique. Et pourtant il existe et se perçoit, sans quoi il ne serait qu’un vain mot inventé par le désir de briller. Il se perçoit à travers les sens (c’est un fait vécu), les émotions (il émeut et étreint), les sentiments (il libère), l’intellect (il donne un sens). Il est l’expression, dans la discipline considérée, de l’amour de la beauté que chacun détient en lui-même, et révèle la beauté de l’amour au delà de la passion envers cette discipline.

 

            Cependant une doctrine ne peut se contenter d’exprimer l’esprit dans lequel se pratique une discipline. Elle définit un but à atteindre, ce vers quoi doit tendre le pratiquant de la discipline, que l’on pourrait encore appeler style, et qui est la forme donnée à l’expression de l’esprit. Ainsi, en équitation, comme pour la plupart des disciplines sportives et artistiques, le style pratiqué dévoile donc non seulement les qualités physiques, intellectuelles et morales du cavalier, mais également, et plus largement, son degré d’accomplissement personnel. Chacun monte comme il se comporte dans la vie et ce comportement est intimement lié à sa compréhension du monde et aux rapports qu’il entretient avec lui.

 

            Enfin, pour atteindre le but défini, une bonne doctrine fixe des objectifs plus concrets qui relient la technique à la philosophie. Prenons un exemple : le style gothique de nos cathédrales traduit la recherche d’espace et de lumière qui constituait le but à atteindre de leurs bâtisseurs. Un des objectifs nécessaires pour l’atteindre était l’équilibre des poussées et une des techniques utilisées fut celle des arcs boutants.

 

            Ainsi, l’expression d’une doctrine, pour être complète, doit définir l’esprit de la discipline, le but à atteindre qui en découle et les objectifs pour y parvenir. La technique représente le moyen utilisé pour atteindre chacun des objectifs.

07/01/2011

Un train, la nuit

 

Un train, la nuit, comme un serpent

Dans la géographie de son désert de sable

Lent balancement des boggies qui cogne la joue

Sur la vitre humide et froide

 

Parfois les pleurs d’un enfant agacent le sommeil

Ou plutôt la rêverie installée comme un brouillard subtile

Qui conduit le voyageur au-delà de ses espérances

Jusqu’au terminus de ses phantasmes et de son ignorance

 

D’autres fois, la femme en face rencontre le regard

Chargé d’interrogation d’un voyageur égaré

Qui cherche vainement un interlocuteur malhabile

A effacer toute curiosité sur son grain de beauté

 

Bercement des sons et des mouvements jusqu’à l’oubli

Hypnotisme et résurgence de fatigues ignorées

Contraignant leurs victimes au repos de la chair

Alors que l’esprit vagabonde sous l’œil clos

 

Au dehors, dans l’espace imprécis des paysages

S’imaginent les vies fragmentées de personnages

Qui regardent un instant la machine de fer

Défilant bruyamment dans leur intimité

 

Jusqu’où ira-t-on dans l’espace noir guidé par le rail ?

La distance s’épaissit, se contracte et engendre

Des regards vagues sur des visages blafards

Alors chacun meurt un instant sous le jugement de l’autre

 

 

06/01/2011

Le geste plein d'espoir

 

Le geste plein d’espoir,

Nous avancions sur la grève rocailleuse,

 Entre l’air et l’eau, vers le ciel et la mer,

Accompagnés des cris hostiles des oiseaux.

Nous trébuchions sur le sol visqueux

Et tes pieds nus s’enfonçaient dans le granit.

Nous devions ensemble tirer dessus

Pour les ressortir gris et poisseux,

Et je les essuyais avant de repartir.

Le ciel était descendu sur l’horizon,

Jusqu’à toucher nos fronts de sa voûte poussiéreuse,

Et nous nous courbions un peu plus sur la pierre

Escaladant avec peine de rondes roches gluantes

Qui gémissaient à l’atteinte de nos ongles crispés.

Ta main parfois m’enserrait la taille.

Je goûtais la morsure de tes doigts sur ma chair

Qui faisait tressaillir les muscles.

Nous marchions depuis le matin, sans nourriture,

La langue sèche, l’œil fiévreux,

Et le soir ne voulait pas tomber.

Où d’ailleurs aurions-nous pu nous étendre ?

 

 

05/01/2011

Porte sur l'invisible

Revenir aux formes simples,

Y créer des perturbations

et découvrir une porte sur l'invisible.

 

Caronde N&B.jpg

01/01/2011

Quelques grains de sable

 

Quelques grains de sable dans une encoignure

Où s’attarde un filet de lumière

Parvenu par des voies détournées

A soulager leur solitude honteuse

 

Quelques cris d’enfants étonnés

Qui font gémir le balcon rouillé

D’où suintent des larmes de vieillesse

 

Également, et c’est nécessaire

L’ombre rafraichissante des ormes

Où se perd le savoir des couleurs

La plainte languissante d’un volet

Qui se ferme sur les yeux d’une femme

Encore frissonnante des caresses de l’air

 

Suffisent au voyageur attardé

Qui n’a pas encore trouvé de gite

 

Il errera durant la nuit claire

Attentif aux frémissements des sons

Jusqu’à ce que l’aube dévoile avec prudence

Ses longs filaments à l’horizon

Et que de nouveau crissent les graviers

Sous les pas fatigués de l’absent