18/10/2015
Destinée
La vie, c’est cette tête d’épingle
Que l’on a du mal à domestiquer
Ce n’est ni le mont Everest
Ni les collines de la satiété
C’est un pic qui vous fait frissonner
C’est un creux où l’on enfonce le doigt
Il ne dure qu’un instant, immense
Et s’en va aussi vite qu’il est venu
Vous laissant hagard et délirant
Secoué de tremblements de bonheur
La vie se révèle alors, intense
Embrasant l’univers, vous et lui
D’une même flamme aspirante
Qui vous fait repartir, ragaillardi
Vers un autre sommet, différent
Et c’est cette succession de haut et de bas
Qui fait la magnificence d’une destinée
Différente pour chacun, inégalée
En intensité et en circonstances
Mais qui conduit, pour tous
A cette extase d’un jour qui vous fait dire
Si c’est à refaire ? Oui, tout de suite !
Peut-être cela sera différent
On ne peut vivre deux fois la même chose
Mais les péripéties n’ont pas d’importance
Seul compte le frisson d’un instant
Cette envolée inénarrable de quelques secondes
Qui transforme l’homme ou la femme
Et le ou la fait devenir Dieu
Dieu a fait l’homme pour que l’homme devienne Dieu
© Loup Francart
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14/10/2015
Marine
Il partit loin de tout, au-delà de sa volonté
Il enjamba de nombreux barrages
Il se contorsionna et s’enveloppa de courage
Il arriva au port du fond des mers
Et coucha dans le premier lit venu
Le lendemain il embarqua sur le voilier
Et partit sur l'océan, assoiffé…
Il parcourut la moitié de la terre
Et la moitié des cieux bleus
Toujours enfoui à mi-torse
Dans les huniers au sommet des mâts
Il voyait les animaux volants autour de lui
Il sentait la fin arriver, un air de musique
Tendu entre deux cordes raides
Crac. Elle cède sous la pression inusitée
Des vers de carabin enfilés sur une aiguille
Et l’homme dénudé s’engloutit dans les eaux
En fumant sa pipe vénérée. Ah, la marine !
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10/10/2015
L'arbre
De ses doigts feuillus, il grattait le ciel
Il se hissa sur la pointe de ses racines
Poussa une exhalaison parfumée
En se couvrant de rose et de blanc
Rien ne le différenciait d’un thuriféraire
Portant haut et fort ses amours
Mais tous ces atours le dissuadaient
De s’élever encore en laissant ses chausses
La sève ne peut monter que gorgée
De la magie souterraine du jardin
Il passa l’été à s’extasier vertement
Attendant le matin et la chaleur ruisselante
Tendant les mains vers la piqure
Des dards brulants assiégeant son écorce
Venue l’automne, celle-ci se rida
Il courut alors se mettre à l’abri
Derrière les nuits rafraichissantes
Où naissent les champignons
Puis vint la fin, la chute, le dénuement
Il vit s’enfuir ses pellicules
Tomber les cheveux décolorés
Et il resta nu devant l’éternité
Avant de sombrer dans l’hiver
Enfilant sa robe de mariée
Ce fut alors un nouvel envol
La sève monta entre ses jambes
Il esquissa quelques pas de danse
Qui firent monter les bourgeons
Et le para de mille scintillements
Les pointes vertes de son désir s’épanouirent
Voyez comme est belle cette saison
L’amour vient et vous saute à la gorge
Et à nouveau de ses bras tendus
Il chatouilla les cieux
Et les fit rire aux éclats
© Loup Francart
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04/10/2015
Roselyne
Un prénom informel, ligne et pétales
Cela fait une enfant, délicate et chantant
Presqu’un courant d’air, au comportement royal
Quelle rose tiendrait devant ce trait béant
Le nez grec comme il se doit pour un tel prénom
Elle courait partout, virevoltant, secrète
Apparaissant seule comme un caméléon
Parée de mille couleurs et si gentillette
Oui, c’est l’enfant trouble, au regard perturbé
Elle secoue ses talents et fait trembler l’abbé
Qu’a-t-elle de plus que son caractère enjoué ?
Non, répond-elle radieuse. Je suis la bise
Qui sous la porte glisse ses vocalises.
Cours derrière moi et laisse-toi enchanter !
© Loup Francart
07:49 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, scriture, poème, littérature | Imprimer
24/09/2015
Perdue
Son but à portée de main, elle plongea,
Nue et vierge du passage des eaux.
Elle sourit aux crêtes blanches des vagues.
Elle n’en ressortit pas…
Parvenue au centre de la sphère,
Elle se tourna vers le ciel.
Mais il était loin, voilé et discret
Comme le vol de l’oiseau.
Elle avait découvert le pli
Dans l’espace intérieur
Et s’y installa sournoisement
En attente d’un occupant.
Plus rien ne lui permettait
De courir derrière les ondes
Et d’en tirer profit.
Quelle écervelée !
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21/09/2015
Odeur
Le paradis… ce lilas qui touche l’âme
Entre deux souffles de brise discrète
Coin de ciel entre les nuages gris
Qui dit : « Respire et va sans but ! »
Le nez au vent tu vas…
Cours aux senteurs du matin
Grise-toi des nuées du raisin
Rampant en pourritures nobles
En passant au pied du ruisseau
Jette ton appendice entre les herbes
Que le barbeau opère son demi-tour
Vers le marais putride
En odeur de sainteté il est parti…
C’est tout ce qu’on en retient
Un brouillard de sentiments
Et la tristesse d’un flacon vide
Combien de fioles as-tu usées
De la senteur des champignons
A celle des bouses animales
Jusqu’à l’acidité des rencontres
Et de toutes ces émanations
Ne manque que celle du paradis
Un bouquet léger mais grisant
Qui emporte l’âme dans l’au-delà
05:33 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, écriture, poème, littérature | Imprimer
17/09/2015
Hôpital
Un hôpital a de grands yeux
Qui s’ouvrent sur la folie des infirmes,
De ceux pour qui le monde n’a pas d’odeur,
De ceux pour qui le monde est un trou noir,
De ceux pour qui les bruits restent secrets.
C’est une plaie béante sur la pauvreté,
Non de l’argent mais des humains déprimés.
Des flacons, des odeurs, des couleurs
Y vivent en harmonie
Pour complaire au malheur.
Du haut des plafonds
Arrive l’écho des plaintes
De douleur ou d’orgueil.
Il s’y imbibe en cercles ronds
Qui s’élargissent en ondes
Et se contredisent en préséance.
Seul le muet ne peut rien dire,
Mais ses convulsions montrent bien
Qu’il veut défendre son droit.
La douleur reste indifférente
A qui la côtoie chaque jour.
J’ai vu des hommes
Rire de la forme d’une blessure,
D’autres pincer pour entendre crier.
Seul reste, avec sa tristesse,
Le pinson suspendu dans sa cage,
A l’entrée de l’hôpital.
© Loup Francart
07:47 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, écriture, poésie, littérature | Imprimer
12/09/2015
Trou noir
Il enserre dans ses griffes l’espace
Il le chiffonne de ses soubresauts
Et crée des perturbations incontrôlées
Le puits s’ouvre dans la courbure
Il tombe selon sa densité
Et se referme sur lui-même
Plus rien n’en sort
Même pas une parole divine
Le mystère reste entier
Où donc est passé le temps ?
Ce trou dans l’espace est-il
Creusé par le doigt de Dieu
Dans une motte de beurre ?
Même la matière a disparu
Plus rien n’est apparent
Et cet invisible est pourtant
Aussi surement que je suis
Immatériel, dans un corps matériel
© Loup Francart
07:45 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, écriture, poésie, littérature | Imprimer
09/09/2015
Haïku
Matin, bleu divin
Voler entre les poubelles
Arriver, béat
haïku est une forme japonaise de poésie permettant de noter les émotions, le moment qui passe et qui émerveille ou qui étonne.
C'est une forme très concise, dix-sept syllabes en trois vers (5-7-5).
(http://www.tempslibres.org/tl/fr/theo/mode01.html)
08:21 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poési, écritur, poèm, littérature | Imprimer
05/09/2015
Attente
Ne rien chercher ! Ne pas penser !
C’est ainsi que viennent les idées
Quelle drôle de façon de trouver.
Y a-t-il des possibilités d’avancer ?
Laisse travailler en roue libre.
Ne te perd pas en recherche fébrile.
Retrouve un propice équilibre
Et soupèse arme et calibre.
L’idée vient lorsqu’elle est prête.
Elle dévoile sa fumée joliette
Et signale sa venue dans l’oreillette.
De pique-assiette, elle devient rondouillette.
Alors détend-toi, le regard à l’horizon.
Peux-tu te croire ainsi en prison ?
Rien. Ne pense à rien. Pas de trahison.
Juste : attend la prochaine lunaison.
Tout viendra sans peine ni reproche.
Nul besoin d’engeance ou de taloches,
Tout se passe dans la caboche.
Et quel bonheur que cette approche !
© Loup Francart
07:57 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, écriture, poésie, littérature | Imprimer
01/09/2015
Pleine lune
Le rayon m’atteint l’œil…
Réveil et illumination !
Les astres sont bouleversés
Ou mon horloge interne
Fait preuve d’ivresse…
Regard au bras : deux heures…
Jour comme dans un four,
Je brûle d’un coup de lune…
L’esprit bouleversé, je m’étonne.
Est-ce le don de voir sans soleil ?
Comme l’ange, je courre
Dans l’herbe mouillée des prés
Et m’étonne de cette glisse
Dans les nuages de la nuit…
Ainsi le blanc de l’œil
Est seule partie visible
Des corps en perdition
Dans cette "ouateur" incertaine…
Avance aux yeux de l’éternité…
Et, envole-toi plus loin
Dans la chaleur du rien…
© Loup Francart
07:09 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, écriture, poème, littérature | Imprimer
29/08/2015
Haïku
Le haïku pourrait être un texte développé, mais il ne l'est pas et c'est là toute sa toute force évocatrice. (…) D'une sensation qui peut être une expérience unique et, éventuellement, donner naissance à un texte élaboré recréant un certain univers, le haïkiste, dans son poème à la fois bref et ouvert, ne garde que le flash initial. C'est là son défi, c'est là son art.
(André Duhaime, from http://clicnet.swarthmore.edu/litterature/moderne/poesie/duhaime.html)
Glace de l’été
Dans l’eau, au petit matin, gelé
Vous courrez. Chauffe-moi
© Loup Francart
07:49 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, écrfiture, poème, haïku, japon | Imprimer
25/08/2015
Zéro
Est-ce un chiffre ?
Est-ce un concept ou un mirage ?
Il est attirant, comme l’hypnose.
On se concentre dessus et on flotte.
Rien ne peut vous occuper autant l’esprit
Que ce Zéro qui est sans exister.
Indiquer qu’il n’est rien, est-ce une solution ?
Cela peut, mais Zéro, virgule, quelque chose
Qu’est-ce ? Un souffle d’inepties.
S’il y a quelque chose, c’est forcément Un.
Peut-il y avoir moins que Un ?
S’il n’y a pas Un, il y a Zéro, c’est-à-dire rien.
Il y a soit une chose, soit son contraire,
Mais pas les deux qui feraient trois.
Supposons qu’entre le Un et le Zéro,
Il y ait la moitié d’un Un.
C’est bien une chose en soi cette moitié !
C’est donc bien un Un appartenant à un Deux.
Toute chose divisible fabrique une autre chose
Qui est pleine et entière, donc Un
Et ce Un appartient bien à un autre Un
Pour former un Deux plein et entier
Le Un devient alors Trois et ce nouveau chiffre
Est un ensemble qui forme un autre Un
Différent de tous les Uns existant.
Ah, quelle migraine !
On peut additionner le Zéro à un Un
Voire Deux ou mille
Cela donne un, deux ou mille.
Mais Un plus Zéro égale Un,
Et Un plus Un plus Zéro égale deux,
Alors que Un multiplié par Zéro égale Zéro.
Quant à Un divisé par Zéro, n’en parlons pas,
C’est un néant inimaginable !
Mais revenons à 0,5 ?
Est-ce quelque chose que cette moitié de chose ?
Soit cela n’existe pas, et c’est bien Zéro ;
Soit cela est, et c’est Un, puisqu’il existe.
Compter, c’est commencer par Un,
Puis deux, puis trois, puis mille,
Jusqu’à un Infini inimaginable
Qui ne forme qu’un Un pour le Créateur.
Lui-même est un autre Un,
Et ces deux Un ne font pas deux,
Ils font même plus que l’Infini.
Ils sont Tout, comprenant le Rien qui n’existe
Que parce qu’il y a au moins un Un.
Dieu, quelle migraine multipliée !
Et que dire lorsqu’on pense aux contraires
Moins Un est-il le pendant de Un ?
Peut-il y avoir moins quelque chose
Qui fasse un quelque chose inversé ?
Le Zéro n’est alors qu’un col ou un canyon
Qui permet à la nature
D’assouvir sa soif d’exister.
Si je ne suis pas, je suis malgré tout.
Si l’infini est là, y a-t-il un autre infini
Qu’on ne peut saisir ou imaginer ?
Quand je pense qu’il y a un moi-même
Qui me regarde et me juge et rit
Et s’amuse de ces incompréhensions.
Qu’est-il pour se moquer ainsi ?
Oui, c’est faux. De vrais maux de tête !
Il est trois heures.
Tient, là aussi, quelle bizarrerie !
Trois heures, c’est une heure dans la nuit,
Une seule. Il n’y a pas deux trois heures.
Et pourtant on n’écrit pas trois heure.
On ajoute un s à heure parce qu’il y en a plusieurs.
Mais plusieurs quoi ? Plusieurs heures
Ou une seule trois heures ?
Trois heure (s) est bien seule,
Mais elle est trois.
Ce n’est plus la migraine,
Mais l’anéantissement…
Dormons !
© Loup Francart
07:30 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, écriture, poésie, littérature, mathématique, infini | Imprimer
21/08/2015
Une vie
Une vie : faire le tour de la scène
A trois cent soixante degrés
Tout contempler, tout tâter
Rien ne doit être oublié
La vie est là pour nous ouvrir
Nous façonner, nous propulser
Vers une autre connaissance
Après l’épuisement de celle du monde
Votre motivation ?
Non, pas le succès auprès des hommes
Mais cet éclair sur le tout
Qui vous ouvre au rien
Et ce rien devient l’infini
Un fini multiple et fuyant
Qui s’écarte et donne à voir
L'abîme d’inconnaissance
Le cosmos lui-même ne peut
Expliciter ce vide immense
Qui envahit le cerveau
Et donne la chair de poule
Suspendu dans l’éther
Vous naviguez au gré des courants
Joie, crainte, bonheur même parfois…
Mais peu importe ces ressentis
Au fond de vous se cache
Ce Soi qui vous n’arrivez pas à saisir
Mais que vous entrevoyez là
A portée de main
Minuscule
Grandiose
Soi et Lui
Ensemble
Un…
© Loup Francart
07:14 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, écriture, poésie, littérature | Imprimer
17/08/2015
Vieillard
C’est un tas de chair, ramassé sur lui-même,
Aux jambes jadis allègres, mais fatiguées,
Qui regarde vivre, germer les baptêmes,
Les yeux las, la main tremblante, l’espoir volé.
Il croît encore en lui, cet être rhumatisant.
La rosée le réveille, il précède la nuit,
Et pendant l’ivresse du repos bienfaisant,
Il danse, offert aux douze coups de minuit.
Le futur se rapetisse et s’envole.
L’ombre des amours perdus devient frivole.
Où donc as-tu la tête, toi, l’émasculé ?
Crédule, tu confonds infini et néant…
La seconde s’étire en se déjugeant.
Le grand Tout ouvre son manteau immaculé.
© Loup Francart
05:42 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, écriture, poème, littérature | Imprimer
11/08/2015
Néant
As-tu considéré les pleins qui t’entourent ?
Entiers, ils se multiplient par identité.
Il existe aussi son contraire, l’absence
D’une multiplication incontrôlée.
L’unique reste l’unique, sans partage.
Et ces uniques sont cependant milliards.
Dans ce cas, l’existence n’est que mort et déclin
Puisque l’unique meurt aussi parce qu'humain.
Est-ce possible ?
Peut-il exister cette tension vers le néant
Qui se traduit par le vide spatial,
Mais dans lequel le temps et l’espace
Restent présents, immuables.
Mieux encore, peut-on imaginer,
Au-delà du vide impensable,
Ce néant mythique qu’aucun être,
Plein de lui-même et de chair,
Ne peut concevoir sans dissolution ?
Plus que le vide, le néant envahissant
Peut-il détruire toute velléité
D’engendrement par identité
Ou de remplacement par son contraire ?
Imaginer le néant c’est mourir à soi-même
Et franchir la ligne d’un autre monde
Où rien n’est semblable au tout.
Qui gagne à ce jeu stupide ?
Nul ne le sait. Tout contre rien,
La lutte du Un contre le Zéro,
Du désirable contre l’indésiré,
De la vie face à la mort,
Ou un simple changement d’état
Comme un éternel recommencement.
© Loup Francart
07:49 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, écriture, poésie, littérature | Imprimer
06/08/2015
Pellicule
Il y a longtemps que je n’ai exploré et franchi
Ce qui sépare la vie extérieure de la vie intérieure
Ce no man’s land où la pensée n’est plus
Où seuls comptent les sensations et sentiments
Qui courent comme un courant électrique
A la surface interne de sa paroi transparente
Frissons et sérénité, que choisir ?
Pour les uns, seul l’extérieur est tangible
Pour les autres la vie est en dedans, unique
Dans ce désert inqualifiable de vide
Brille un feu follet servant de guide
Suis-le… Va tranquille et meurt au monde
Pour renaître solitaire à toi-même
Et sacrifier le vieil homme. A mort,
Celui qui se pare de mille propriétés
Et de brillance d’allure et de paroles
Plus rien ne doit désormais flotter
Dans l’espace où l’homme se dénude
Et laisse voir sa condition humaine
Offerte à tous sans distinction
Cette pellicule de verre incassable
Laissant passer la lumière de part et d’autre
Seule une fausse pudeur et la crainte
Empêche le mouvement de l’extérieur
Vers l’intérieur, secret et ouvert à tous
Mais n’oubliez pas votre parachute
Car la chute est libre et l’atterrissage violent
Votre amour propre en prend un coup
Alors… Bon voyage !
© Loup Francart
07:16 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, écriture, poème, littérature | Imprimer
02/08/2015
Retour
Elle est de retour, celle qui partit
Un jour d’avril au fil de l’indifférence.
A-t-elle dit pourquoi elle a fui,
Pourquoi elle s’écarta de la bienveillance ?
Nul ne le sait si ce n’est elle.
Elle est rentrée la tête haute,
Vêtue comme une demoiselle,
Propre et vierge de toute faute.
Le mystère reste entier.
Où donc est-elle allée,
A qui s’est-elle offerte ?
Nul ne connaît son destin.
Ne l'a-t-elle pas pris en main?
Debout et grandit, elle est ouverte.
© Loup Francart
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28/07/2015
Festival International du Livre Militaire
Errance entre les piles
L’œil attiré par la couleur
Plutôt que par un titre.
Ça parle, ça parle
Et ça regarde, compulse…
Acheter que nenni.
Discrètement refermé
Le livre retourne à la pile
Qui monte, descend, remonte.
Certains cependant ont les bras chargés
D’un échafaudage inconsidéré
Qui tombe inutilement entre leurs pieds.
Temps mort…
On parle entre nous, de nos efforts, de nos peurs,
Rarement de nos joies.
On ne retient que les difficultés.
Et pourtant… Qu’il est bon d’écrire
Au petit matin quand tout dort,
De dire le monde et les autres
Et sans doute un peu de soi-même
Ecrire : oui…
Ecrivain… Non…
Quel ennui cette foule
Qui passe et repasse sans voir,
Jette un œil miséreux sur vos piles,
N’entrouvre même pas un livre.
Vous êtes devenu transparent,
Un objet derrière les livres
Que l’on contemple sans le voir.
Y a-t-il un auteur dans la salle ?
Coëtquidan, le samedi 25 juillet 2015.
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25/07/2015
L'été
Le lent écoulement des jours d’été
S’étire entre mouvement et mémoire
Le soleil n’arrête pas de tourner
Au-dessus des têtes chargées de rire
Les gestes soupirent de lenteur
L’œil clair regarde l’éclat tendre
D’un enfant courant sur le pré
Les mères sourient d’indulgence
Les pères regardent l’avenir immobile
Tout est figé, blanc et moite
Seuls quelques oiseaux s’étirent
Dans la douce glissade du souffle
D’un jour comme les autres
Et ce ralenti dure… dure… pur
D’absence de vie et de paroles
Chacun se regarde vivre
Clos dans son enveloppe corporelle
Comme un cocon résonant
Des sons perdus d’autrefois
Suis-je encore ? Et elle, est-elle ?
On se confond d’un air familial
Le cœur en un azur unique
Vide de toute prétention
Combien est-on ? On ne sait
Le nombre importe peu
Seul compte la présence multiple
D’un amour tranquille
Dans le tremblement perceptible
De l’air d'un jour d’été
© Loup Francart
07:19 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, écriture, poésie, littérature | Imprimer
21/07/2015
Opprobre
Ici, rien n’est semblable
Le poil devient plume
La tonne est légère comme l’air
Le papier transparent
Est carreau aux fenêtres
Toi-même as-tu encore un visage ?
Oui, toujours je resterai
Semblable à la vigie
De marbre blanc, tendue comme un arc
Le doigt pointé sur toi
Accusant nos passions communes
Et la froideur de nos rencontres
Sommes-nous condamnés
A vivre en un monde déjanté
Où le blanc devient noir
Le chaud aux pôles
La glacière sous les pieds
La gorge emplie de fiel
Elle est là, à portée de mains
Environnée de vertus
Elle court en toute liberté
Et chante d’une voix claire
« Délivrance, délivrance
Partons en d’autres lieux ! »
Il est mort l’enfant sauvage !
Le policé a revêtu sa robe
Il encourt mille peines
Mais n’a pas peur de l’opprobre
Applaudi, il court vers l’horizon
Pour s’évanouir sur sa ligne
Le monde s’en est allé
L’amertume gagne nos lèvres
Pourquoi mêler nos doigts
Pourquoi baiser nos lèvres
Si déjà finit cette page d’histoire
Dans la marche du temps
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17/07/2015
Envol
Entre en toi !
Quitte le nuage de tes opinions
Et plonge entier et nu
Dans le vide céleste
Plus rien ne te retient
Ni l’oiseau au réveil
Ni le bâton de feu à midi
Ni la crème rosée du soir
Entre en toi !
Franchis la grille de ton apparence
Laisse le nombril de ton personnage
Et choit jusqu’à la délivrance
Dépasse ce cercle de chair
Aspire à la chute vertigineuse
Au fond de ton être un brasier
Suspendu à ton abandon
Entre en toi !
Fais-toi fugace, entre ta clé
Dans l’œilleton de ta suffisance
Et plane sur les eaux primordiales
L’air frais du renouvellement
Réveille tes sens endoloris
Le parfum iodé du large
Te prend à la gorge
Entre en toi !
Saute dans l’azur imprécis
Et, d’une ivresse sans fin
Noie ton être dans la lumière
© Loup Francart
07:25 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, écriture, poésie, littérature | Imprimer
13/07/2015
Pourquoi ?
Dis Maman, pourquoi les canards ont des plumes ?
Dis Maman, pourquoi n’ai-je pas des écailles ?
Dis Maman, pourquoi les singes sont poilus ?
Dis Papa, pourquoi les étoiles sont brillantes ?
Dis Papa, pourquoi le jour se lève ?
Dis Papa, pourquoi la nuit est noire ?
Que de questions se bousculent dans sa bouche
Que d’interrogations devant le monde
Que d’étonnement dans ce qui est naturel
Combien les adultes sont heureux et fiers
De ne plus se poser ces questions
Ils en rient entre eux, moqueurs
Ils ont perdu leur innocence
Ils n’ont plus l’esprit curieux
Mais... Pourquoi ne s'émerveillent-ils plus ?
© Loup Francart
07:15 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, écriture, poème, littérature | Imprimer
09/07/2015
Sommeil
L’air reste lourd, chargé de poussières.
Une à une, les voitures passent.
Puis un silence... A nouveau...
Un bourdonnement imperceptible
Qui grandit jusqu’au hoquet ombrageux
De son passage au bout de la rue.
Là... Elle est passée... Plus rien…
Et, encore, le bourdonnement,
Comme une étrange horloge
Pénétrant sournoisement dans notre univers.
Un bruit de vagues sur la plage
Rythmé par le feu rouge passant au vert
Situé plus en arrière, maître de ces intermittences.
Et maintenant, j’attends…
J’attends que revienne l’entendement
D’une situation si quotidienne
Qu’elle procure un engourdissement naturel.
Les pensées se brouillent dans la voûte
Elles deviennent confuses.
Seul le bourdonnement les réveille.
Broo… â…âm. Je n’ai plus la force
De les écarter. Elles emplissent le noir
Et retombent à plat, sans préavis.
Tous marchent dessus.
Le trottoir est couvert de feuilles de papier
Emplies d’une écriture fine
Qui ne va jamais au bout d’une phrase.
Cela porte un poème, parait-il.
Des kilomètres qui ne s’arrêtent
Que lorsque les paupières closes
Immobilisent leur tremblement.
Plus d’image, plus de sons.
Quel étrange monde que celui du sommeil…
© Loup Francart
04:00 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, écriture, poésie, littérature | Imprimer
04/07/2015
Fièvre
Jour et nuit…
L’étouffoir…
Vous respirez...
Mais sous une bâche
Les bruits vous parviennent
Ralentis par la moiteur
Vous n’avez pas la force
De tendre le bras...
Vous le laissez retomber
Entre les draps brûlants
Votre front ruisselle…
Nu, souhaitez-vous aller…
Mais est-ce possible ?
Vous enviez les filles…
Petite robe, très petite
Qui flotte au vent
Elles vont partout
Où se presse l’ombre
Et étirent leurs jambes
Sur la terrasse d’un café
Les enfants jouent toujours
Mais ils se sont amollis
Ils ne crient plus pointu
Une somnolence les imprègne
Ils ne peuvent se serrer
Contre le cou de leur mère…
Trop collant…
L’homme, digne de lui-même
Se réfugie dans le glaçon
D’un verre au bar bruyant
A l’odeur aigre de promiscuité
Le garçon n’en peut mais…
Il ploie sous le fardeau tintant
De ses verres enchevêtrés
Qu’il jette distraitement
Dans l’eau fraîche du bar
Ah, vous glisser dans cet évier
Et vous laisser couler dans la bonde
En mille perles d’eau fraîche
Jusqu’à complète dissolution !
Blup… Blup…
Puis…
Le savez-vous ?
© Loup Francart
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30/06/2015
Transe
Il courut longuement dans la plaine
Sans savoir où aller et se réfugier
Il fuyait ses cauchemars et ses rêves
Et ne savait comment les effacer
Autrefois, il avait appris l’égarement
Et pratiquait l’oubli et la désinvolture
Mais toujours on lui dit : « Souviens-toi ! »
Alors aujourd’hui sa mémoire est pleine
Et déborde de présupposés gris
Sa course s’alourdit et colle
Au palais qui ne peut que bégayer
Devant les mots qui veulent sortir
Aucun ne veut céder sa place
Et tous se bousculent et grincent
Si bien que rien ne vient d’intelligible
D’une bouche si bien faite
Il la vit sur le pont, venant vers lui
Sa chevelure au vent, l’œil ouvert
La joue rosie d’une course récente
Elle poursuivait mots et images
Mais sa jeunesse était un poids
Elle le vit, oublia sa poursuite
Son seul regard enfiévré tourné
Vers cet homme qui venait vers elle
Elle ouvrit les bras, tremblante
D’un désir imperceptible et nouveau
Il se réfugia dans cette immensité
Et ils partirent à deux, légers
Sans autre bagage que leurs corps
La tête vide de désirs
L’âme en transe
Elève-moi…
© Loup Francart
07:49 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poème, écriture, poésie, littérature | Imprimer
28/06/2015
Le temps
Le temps te presse… Rien ne va plus
Le cerveau dévide sa faiblesse...
En jaillissent des pourritures nobles
Mais rien de sérieux ne vient
A peine couché, tu te lèves, hagard…
Qu’ai-je dormi dans ce brouhaha
D’odeurs délavés et rugueuses…
Le temps te presse… tout va bien
Le corps étire sa force, en extase
Plus de sommeil, ni de repos
Tout entre en jeu, à fleur de peau
Devant l’inique débordement
Et la langueur des nuits d’été
A la poursuite du temps qui passe…
Le temps te presse…. Rien ne reste
Ni le souvenir des culbutes enfantines
Ni l’épais éclair des chutes de l’ange
Ni le chaud enveloppement de bras
Des femmes aux baisers profonds
Ni même cet étrange songe lisse
D’un trou noir s’emparant de tes rêves
Le temps te presse… Et tu résistes
A l’appel de la fin des temps
Oublie tout, ne crois en rien
Que l’absence s’installe au centre
De ton être et t’aide à descendre
Vers le puit sans fond et lumineux
Seule colonne qui doit rester debout…
Le temps te presse… Ne te presse pas...
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25/06/2015
Haïku
Un haïkiste a le désir de retenir ce qui fuit, de ne pas laisser échapper ce qui passe. Désir surtout de manifester son assentiment à tout ce qui survient : à tout ce qui bonnement est. Un haïku, c’est simplement ce qui arrive en tel lieu, à tel moment. (Fourmis sans ombre, le livre du haïku, Anthologie-promenade par Maurice Coyaud, Libretto,1978)
Lever de soleil, il est cinq heures. J’émerge de la houle des draps. Je me lève, ferme la porte de la chambre et regarde au dehors.
Le haïku surgit :
Regard rosé de l’aurore
L’ombre se noie entre les immeubles
Comment les empêcher de tomber ?
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21/06/2015
Vert
Les matins de cinq heures sont les plus beaux…
La brume encore noie les couleurs :
Le pastel domine, mêlant les verts.
Sortir à cette heure, c’est se baigner
Dans l’eau vive de la résurrection.
Les senteurs se font plus ardentes
Et les bruits plus discrets,
Vos caresses dans l’air frais plus vibrantes.
Vous marchez sur la soie
En toute discrétion, humblement,
Attentif à ne pas dépareiller l’ordonnancement
De ce jardin délicatement posé
Qui s’impose désormais à vos yeux.
Verts tendres des dernières feuilles,
Verts rouillés des premières,
Verts profonds de l’intérieur,
Verts assoiffés des jeunes pousses,
Verts bleutés sous la haie,
Verts jaunissants de la prairie,
Verts orangés du marronnier malade,
Verts transparents du verre
Que vous tenez en main
Pour célébrer ce jour et fêter
La fin d’une nuit si petite
Qu’elle est passée en catimini
Ouverte à tous les vents.
Et baissant le regard sur le vert gazon,
Vous remarquez ce vers qui coule
Entre les brins d’herbe sa vie paisible.
Vers quoi allez-vous donc aujourd’hui ?
Je m’applique à versifier la montée du jour
Pour réjouir l’esprit de l’abondance
Et que ces vers bercent ceux qui ne voient
Que maisons, trottoirs et autobus.
© Loup Francart
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13/06/2015
Trou noir
Dieu, quel trou !
Mais en est-ce bien un ?
Il t’enveloppe et te prend
Sans autre forme de procès
Tu dérives dans ce tourbillon
Tu confonds le haut et le bas
Y a-t-il même une dimension
Dans cet espace illimité
Tu ne sais, car tu tombes
De Charybde en Scylla
Et tu ne t’écrases pas
Y a-t-il même une pesanteur ?
As-tu d’ailleurs un corps
Un vrai, que tu ressens
Et que tu aimes encore ?
Tu ne sais où il se trouve
Seule ta pensée est là
Bien seule dans cet entourage
Où rien ne te raccroche
A ce que tu connaissais
Flotte tel un drapeau au vent
Joue la fusée et fuis l’horreur
De cette absence de présence
Reviens en arrière, va le chercher
Ce corps si mignon
Que tu ne peux t’en passer
Regagne ta carapace et protège-toi
Des malveillances de l’univers
Ces trous sont des passages
Mais où mènent-ils ?
Quel labyrinthe Dieu a-t-il inventé ?
Je suis las de ces échappées
Qui me donne le tournis
Garde-moi mon corps
Mais efface mes pensées
Pour plonger purifié
Dans le trou sans fin
De la miséricorde
© Loup Francart
07:18 Publié dans 42. Créations poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie, écriture, poème, littérature | Imprimer